Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

L'Hérétique (Démocratie et hérésie économique) - Page 101

  • Loyers : Delanoë est le phénix de nos hôtes !

    Ce n'est pas inutile de traîner chez le premier tovaritch de la pravdasphère : outre les billets plaisants et amusants, on y trouve aussi des pépites en commentaires ! J'avais la flemme de rédiger un billet aujourd'hui. Merci grandpas !

    C’est un fait acquis : Delanoë est le phénix de la gestion publique et, s’il a dû augmenter de 52% les impôts des propriétaires de logements parisiens et de 9% ceux des locataires, ce n’est pas de sa faute : c’est celle du méchant Etat qui lui doit des sous et celle de la crise immobilière qui lui prend des recettes. 

    Le problème, c’est que, contrairement à cette vision de cour de récré où rien n’est jamais de sa faute, le maire de Paris porte une lourde responsabilité dans la situation financière de la ville et dans les multiples hausses d’impôts que subiront les Parisiens. Les récents comptes administratifs 2008 – qui retracent l’exécution du budget écoulé – et les budgets supplémentaires qui seront votés par la majorité municipale lundi prochain sont en réalité très révélateurs. 

    La dégradation accélérée des finances parisiennes est le résultat de la gestion calamiteuse depuis 2001 avant d’être le résultat de l’effondrement des droits de mutation. En effet, toutes les dépenses de fonctionnement ont fortement augmenté depuis 2001. 

    Exemple : les charges de personnel de la ville étaient de 1,34 Md€ en 2001 et de 1,76Md€ en 2008, soit +31%. Si la mairie avait simplement maintenu le pouvoir d’achat des fonctionnaires et n’avait pas recruté quelque 7000 agents supplémentaires, il n’aurait fallu que 1,54 Md€ pour les payer en 2008 : ce sont donc 220 millions d’euros supplémentaires que les contribuables doivent verser chaque année pour financer les recrutements et les augmentations salariales décidées depuis 2001 par Delanoë. 

    Autre exemple : les dépenses de fonctionnement des services qui étaient de 793 M€ en 2001 sont passées à 907 M€ en 2008 alors que chaque année, depuis 7 ans, le roi de la gestion explique sérieusement qu’il fait 30 M€ d’économies sur ce poste, qui aurait donc dû diminuer de 210 M€ et non augmenter de 114 M€ !!!


    Dernier exemple du délabrement : l’évolution de "l’excédent cumulé", une vieille notion budgétaire qui oblige les collectivités locales à constituer une sorte de réserve de prudence. Quand Delanoë est arrivé à la mairie, il a commandé un audit et les cabinets qu’il avait lui-même missionnés ont conclu qu’il héritait d’une situation financière « exceptionnelle ». L’excédent cumulé de recettes de fonctionnement au 31 décembre 2001 était de 598,2 M€ (pour un total de dépenses annuel de 3,53 Mds € ; le « matelas » de réserve représentait donc 16% des dépenses annuelles, ce qui était prudent). 

    Au 31 décembre 2008, cet excédent a fondu : il n’est plus que de 310 M€, pour un total de dépenses annuel de 4,75 Mds€ : la fameuse réserve de prudence ne représente donc plus que 6% des dépenses annuelles, autant dire que l’année prochaine, on aura simultanément la flambée des impôts, l’explosion de l’endettement et la poursuite de la dégradation des finances municipales. 

    Pour tenir jusqu’en 2008 et les élections, outre le flot des impôts immobiliers dont la crue était la conséquence de la flambée des prix, le maire a recouru à une bonne vieille méthode : endetter la ville. L’encours de dette était de 0,95 Md€ en 2001, de 1,85 Md€ en 2007, de 2,13 Mds€ en 2008 et il devrait atteindre 2,33 Mds€ en 2009. La dette a donc été augmentée de deux et demi depuis que le bon gestionnaire autoproclamé est aux commandes. 

    Après que toutes les ficelles aient été utilisées, il lui restait donc à augmenter les impôts, ce qu’il a commencé à faire il y a six mois et qui va se poursuivre évidemment les prochaines années. 

    Au-delà de cette litanie de chiffres un peu aride, le bons sens résume la situation des Parisiens : leur édile a dépensé sans compter, recruté à tout va, multiplié les travaux de voirie aussi utiles que les aménagements successifs du boulevard Saint Marcel ou de l'avenue Jean Jaurès, réussi à éviter de les faire passer à la caisse en mangeant les excédents cumulés et en engrangeant la fiscalité liée à la spéculation immobilière…

    encore il investissait pour l’avenir et économisait pour remédier aux pertes de recettes. 

    Mais pas du tout : au budget supplémentaire, il compense les pertes de droits de mutation d’abord par une manne inespérée : 98 M€ en provenance des caisses de l’Etat et du plan de relance (tiens, tiens, l’Etat n’est pas si méchant après tout…), une plus value de 10 M€ des concours « classiques » de l’Etat (décidément, ce méchant Etat est bien généreux) et une plus value sur les impôts directs des Parisiens de 70 M€ (décidément toujours bons pour passer à la caisse). Au fait, cet amoureux de la transparence aurait peut-être pu informer les élus en mars dernier de cette manne et limiter la hausse des impôts, n'est-ce pas ? Mais il sait que le pire est à venir et veut habituer progressivement les Parisiens à la saignée. 

    Et, pour faire bonne mesure, non seulement il ne fait pas d’économies, mais il augmente les dépenses de fonctionnement pour des charges de confort comme les loyers (comme si la ville avait besoin de louer alors qu'elle est le principal propriétaire foncier de Paris !), qui continuent leur vertigineuse ascension : +1,6M€. Ce seul poste est passé de 20,9 M€ en 2001 à 45,8 M€ en 2009 pour la ville-département ! Mais les augmentations de dépenses sont aussi liées à des décisions hasardeuses : + 4M€ pour payer les frais contentieux (y a-t-il le fameux contentieux sur les marchés de propreté dans ces 4M€ ?) et, cerise sur le gâteau : +6 M€ pour les fameux nouveaux marchés de collecte des ordures ménagères dont les conditions d’attribution ont tant fait parler (voir les articles du Delanopolis et de Bakchich info) ! 

    Parallèlement, en toute discrétion (aucun commentaire dans l’étique rapport de présentation officiel), les subventions à l’enseignement supérieur sont massacrées : -0,46M€ sur 4,2M€ pour les associations et – 0,45M€ sur 20,2 M€ pour les organismes publics d’enseignement supérieur, soit une diminution de près de 1 M€. Pourtant, le candidat du PS aux municipales nous avait rebattu les oreilles avec sa priorité absolue donnée à ce domaine, non ? Tout comme baissent les aides aux nouvelles technologies et aux interventions économiques (-0,15M€ sur un budget déjà rachitique de 2,17M€). 

    Mais, rassurez-vous, l’effort est bien réparti et va permettre de faire de la com' : la « provision pour subvention de fonctionnement du Conseil de Paris, qui était de 1,819 million d’euros est sévèrement toisée : elle baisse de ...... 2000€ ! 

    C’est ce qui s’appelle préparer l’avenir. Au secours ! 

  • Du rififi au top politique d'e-buzzing

    L'un de mes jeux favoris, à chaque début de mois, c'est de faire mon quarté-quinté plus du top e-buzzing des blogues politiques. Généralement, je suis bon dans les pronostics.

    Par exemple, ce mois-ci, il va y avoir une révolution. PMA va descendre à la 4ème place du classement, tandis que le blogue d'Éva Joly et celui du tovaritch Gauche de Combat prendront respectivement les 2ème et 1ère places. Pensez donc : l'un et l'autre dépassent 300 points, avec un pic à près de 350 pour le Comrad Gauche de Combat. La pravdasphère n'en tient pas moins la corde avec  quelques blogues qui franchissent le cap des 200 points.

    J'aurais pu titrer splendeur et misère des blogues : je tendais à penser récemment que leur temps était fini, et d'ailleurs, l'un des plus emblématiques de la grande époque ferme. C'en est fini de Diner's room. Cela ne nous rajeunit pas.

    Mais dans le même temps, la presse courtise les blogueurs les plus influents. Europe 1 avec son lab,  Taddeï avec son ring, Anne Sainclair avec son Huffington, L'express, le Nouvel Obs avec son plus, Marianne de longue date, et, tout récemment, un agrégateur de news pour mobile et smartphone courtisent les blogueurs, leur proposent parfois des contrats et les glissent en une de leur webzine.

    Pourtant, je ressens, pour ma part, un tassement significatif de l'audience des blogueurs. J'oscille pour ma part entre 15 000 et 20 000 visiteurs uniques mensuels (données hautetfort) depuis trois quatre mois. C'est mon audience "naturelle" dès lors que j'écris un à deux billets par jour. Mais ce que je constate, c'est qu'en dépit des liens d'autres blogueurs qui peuvent affluer vers mon blog, leur apport en audience est devenu complètement marginal à l'exception de PMA et de Hashtable qui m'apportent aux alentours de 1%  de mes visites chacun.

    Marianne2, en revanche, tient désormais une place considérable puisque 15% de mes visites proviennent de cette revue en ligne. J'ai un peu moins de 30% d'accès direct, un peu plus de 30% pour google (mais 1.5% seulement pour google actualités !) et je vois en revanche monter en puissance facebook et twitter qui m'amènent à eux deux près de 7-8% de trafic. A une ou deux exceptions près, la plupart des autres blogueurs ne m'amènent pas plus de 0.2% de visites.

    Il n'en a pas toujours été ainsi. Autrefois, on cherchait le lien du blogue influent tant il faisait croître le trafic. Aujourd'hui, il n'a d'impact que sur les classements de blogues. 

    Ce sont ces trajectoires divergentes qui ont trompé, à mon avis, ceux qui voyaient dans les blogues un nouvel eldorado, et au premier chef Pierre Chappaz (mais Vendredi est tombé dans le même panneau). L'échec de wikio, c'est précisément de s'être laissé prendre à l'illusion de blogues qui se liaient entre eux sans jamais confirmer par l'audience ce qu'ils étaient censés porter en termes d'influence. Associer twitter à l'évaluation de leur poids s'est avéré bien trop tardif et insuffisant (et Facebook ?). 

    Il a été une politique de wikio d'abandonner la comptabilité des blogrolls puis  de refuser de prendre en compte les liens d'une partie des pure-players. Moi, je crois qu'il faut tout considérer si l'on veut être exhaustif, et, pour ce qui concerne les blogrolls, particulièrement celles qui sont dynamiques. Prenez Didier Goux (que Le monde vient de classer à ma grande hilarité comme blogue de gauche) : figurer dans sa blogroll, c'est l'assurance de recevoir au moins 250 à 300 visites supplémentaires chaque semaine.

    Considérons fdesouche (tiens, il est en panne ce soir), le site emblématique de la fachosphère, c'est à l'évidence le seul blogue véritablement influent que je connaisse : un lien chez eux, c'est 2000 à 3000 visiteurs dans la journée au minimum. Pourtant, ni Didier Goux ni fdesouche ne figurent dans la base de liens d'e-buzzing. Ce serait pourtant nécessaire.

    Bref, à trop vouloir distinguer influence et audience sous prétexte que la seconde était trop complexe à appréhender, on a noyé le bébé avec l'eau du bain.

    S'il fallait vraiment établir le classement des blogues politiques les plus influents de France, il ne serait pas celui qui figure actuellement au top d'e-buzzing, et, sans doute bien moins mono-colore. Le FN et ses soutiens y feraient certainement une entrée en force. Nicolas Dupont Saint-Aignan figurerait sans doute au côté de Mélenchon dans le top10, et des icônes comme Koz et peut-être Authueil pourraient réintégrer le top 20.

    Il reste, à la fin, et pour se consoler, le plaisir de bloguer. Parce que bloguer, c'est aussi beaucoup et avant tout un jeu. Je le prends, en tout cas, comme tel, pour ma part, même si je suis conscient des incidences de ce que j'écris dans le monde réel.

    Si les blogueurs étaient des financiers, nul doute qu'ils nous auraient mis au point la troisième génération de subprimes, tant ils excellent à s'introduire dans les failles de tout système de classification pour mieux le travestir et le falsifier. Mais...c'est sans doute aussi la règle du jeu :-)

  • Tilt ! J'ai compris comment Bayrou efface le déficit de l'État !

    C'est marrant. Les solutions les plus évidentes, on ne sait pas pourquoi, la plupart du temps, elles sont sous votre nez et on ne les voit pas quand même. Il y avait un truc que je ne comprenais pas clairement dans le programme de Bayrou, c'est comment il s'y prenait pour faire les 100 milliards d'économies nécessaires à l'effacement de notre déficit.

    J'ai compris !

    Suivez bien le raisonnement

    Notre budget annuel est d'à peu près 1100 milliards d'euros. L'inflation en France tourne autour de 2.5% environ. 2.5% de 1100 milliards, cela donne 27.5 milliards. 

    Donc, si on laisse en euros courants le budget de l'État à valeur constante, mécaniquement, par le jeu de l'inflation, nous économisons aux alentours de 25 milliards d'euros à chaque année qui passe. Au bout de 4 ans, les 100 milliards de déficit sont effacés. On peut alors élaborer un budget en équilibre pur, inflation comprise. Mais ensuite, on gagne tout de même de l'argent chaque année, pour une raison très simple : comme le budget comprend une part importante consacrée au remboursement de la dette, dès lors qu'on commence à la rembourser, mécaniquement, au fil du temps, la part consacrée au reste du budget augmente.

    Et voilà comment on rentre dans un cercle vertueux.

    Bayrou a de surcroît fait des hypothèses de croissance très basses, en fait, celles que donnent les organismes internationaux. Pour peu que son réarmement industriel opère, la France pourrait avoir assez rapidement de bonnes surprises.

    Dernier point sur la TVA : Bayrou l'affecte au budget de l'État. C'est un impôt. La protection sociale, c'est financé par les cotisations sociales. Principe qui me paraît très sain.

  • 16 rafales en France seulement ???!!!!

    J'ai entendu que Dassault était bien positionné pour livrer 126 rafales à l'Inde. Mais ce qui m'a fait halluciner, c'est d'apprendre que 16 de ces 126 rafales seront produits et assemblés en France. Le reste, ce sera des sous-traitants français qui fourniront des pièces détachées et l'aéronautique indienne assemblera.

    Je n'en reviens pas. C'est tout ? Je me suis d'abord demandé si notre aéronautique militaire délocalisait (une criminelle issue si tel avait été le cas) mais non : d'une certaine manière, c'est pire que cela ! La France n'est tout simplement pas capable de produire plus d'un coup !

    Sachant que la France a prévu de s'équiper de 11 appareils par an de son côté pour un total de 180 avions de combat, on voit les limites de notre appareil productif. 

    Ouf, Bayrou va pouvoir ajouter une ligne supplémentaire dans son programme de réarmement industriel. Y'a du boulot.

    La consolation, c'est que cette commande consacre les qualités d'un avion victime de sa réputation de looser (sur carnets de commande) et de son prix, mais qui dispose en réalité d'un large éventail de possibilités. Polyvalent, il est capable de missions de reconnaissance, d'interception et de frappes au sol.

    Il ne fait pas de doute que l'intervention en Libye aura été une occasion de faire état de ses performances. Après, j'imagine qu'il y a aussi une dimension stratégique dans le choix indien. Avec la France en fournisseur unique, il y a peu à craindre d'un éventuel embargo en cas de conflit avec le Pakistan comme l'observait fort judicieusement Pierre Conesa chez Marianne2.

    Dassault a des travers, mais il a aussi ses bons côtés, et notamment en ce qui concerne ses règles d'intéressement, il a comme principe immuable de reverser toujours un tiers de ses bénéfices à ses salariés. Si le contrat se concrétise, on va pouvoir sabler le champagne dans les usines du groupe...

  • Bayrou entre emploi et réarmement industriel

    J'avais déjà évoqué le 20 janvier dernier des éléments de la stratégie industrielle de François Bayrou. Le dévoilement et le chiffrage de son projet, ce matin, me permettent d'ajouter quelques éléments.

    Jean Peyrelevade, l'un de ses proches conseillers, s'exprimait ce matin sur France Info et faisait valoir que c'est à tort qu'on faisait porter au coût du travail la baisse de notre compétitivité. En fait, remarque Peyrelevade, nous avons des champions industriels, mais nous avons abandonné une quantité assez invraisemblable de créneaux. Chaque créneau est petit, mais leur somme est mastodontesque. Nous avons un problème de gamme, en somme. Il citait quelques exemples, mais j'ai tout de même retenu que nous importions nos lunettes de plongée du Japon parce que nous n'en produisons pas en France !

    D'une certaine manière, Bayrou tente de prendre en tenailles le problème : il est convaincu qu'il ne faut pas toucher aux salaires car ils sont la garantie de la consommation. Ainsi, s'il escompte bien faire des économies dans les dépenses de l'État, il ne veut absolument pas qu'elles se fassent au détriment des revenus des salariés de la fonction publique. Pas de blocage de points d'indice ni de grilles de salaires avec lui.

    C'est pour cette raison aussi qu'il récuse la facilité (en apparence) qui consisterait à lutter contre les coûts du travail avec d'autres pays. C'est pour cette même raison qu'il estime que la TVA sociale ne saurait en aucun cas apporter un surcroît de compétitivité. Si TVA il doit y avoir (il prévoit une hausse de 1%) c'est exclusivement pour faire partie d'un pack destiné à désendetter l'État.

    La PME demeure pour lui la clef du réarmement industriel. Toutefois, il est difficile d'en favoriser la création ex nihilo, et, s'il approuve l'existence de stratagèmes public, il pense aussi qu'ils ne suffiront pas. Oui à Oseo, bien sûr, mais il faut aller plus loin : il faut que l'investissement puisse s'associer directement à l'industrie. Pour cela, il escompte actionner deux leviers :

    a) l'investissement des particuliers avec un livret épargne industrie qui pourrait proposer d'assez fort rendements et drainer ainsi l'épargne des particuliers.

    b) celui des plus gros acteurs à commencer par les grandes entreprises : l' avantage fiscal lorsqu’une grande entreprise aura créé une structure d'investissement en direction des PME ou pris une participation dans une telle structure me paraît particulièrement astucieux.

    Il y a là une mesure propre à favoriser la constitution de clusters, ces grappes d'entreprises qui ont fait et font encore le bonheur et le dynamisme de la Silicon Valley.

    Bayrou n'a jamais été un admirateur des conflits dans le travail : plutôt que des grèves dures, il préfère la co-gestion. Mais pour lui donner une substance bien plus consistante que la traditionnelle négociation à flux tendus, il suggère d'acter par une loi la participation en dur des représentants des salariés, les syndicats, en somme, aux Conseils d'Administration de toutes les entreprises.

    Voilà qui ferait un bien fou à la démocratie sociale dans le travail. J'imagine la tête des gros actionnaires face aux représentants syndicaux quand il va s'agir de proposer d'éventuelles délocalisations. Nul doute qu'il ne sera plus possible d'agir dans le dos des salariés. Mais ce sera aussi l'occasion de proposer cartes sur table des stratégies. La méfiance se nourrit du secret.

    Le capital-risque doit pouvoir trouver son compte et des compensations dans les risques qu'il prend : l'idée de proposer aux Business Angels la possibilité de déduire leurs pertes de leurs impôts sur le revenu est très forte et très bien pensée. Très bonne incitation fiscale ciblée.

    Les PME auront besoin de pouvoir employer : un emploi sans charge pour les entreprises de moins de 50 salariés pendant deux ans, c'est une sécurité pour les TPE qui grossisssent. Quel est le problème ? Votre entreprise grossit, il y a trop de travail pour vous, mais peut-être pas assez pour votre premier salarié. L'exemption des charges pendant deux ans est un sacré coup de pouce pour voir venir...

    J'ai suffisamment parlé du Made in France et notamment du label que Bayrou entend développer pour y revenir. Je signale toutefois un sondage qui fera taire tous ceux qui affirment que l'ambition de Bayrou relève d'une douce rêverie : 83% des Français sont prêts à payer plus cher pour acheter un produit français. Il n'y a plus que les dirigeants socialistes pour affirmer le contraire. L'idée de Bayrou, qui épousait une aspiration profonde du peuple français continue de faire son chemin.

    Je n'ai pas présenté ici la totalité des mesures de François Bayrou, mais si avec cela, si jamais Bayrou est élu, nous ne retrouvons pas le chemin de la croissance et de l'emploi, je veux bien manger mon ordinateur portable sans aucun assaisonnement...

  • Hollande tentera de coller les enseignants aux «35 heures»

    Qui ne connaît les deux bons vieux proverbes : «qui ne dit mot consent» et «les promesses n'engagent que ceux qui y croient».

    Il faut décrypter les silences de Hollande et ses demi-propos. Son programme annonce vouloir ouvrir un grand débat sur l'attractivité du métier d'enseignant ainsi que sur le statut de cette profession, tout en discutant de la revalorisation des salaires.

    Soyons honnête : on ne crée pas 60 000 postes dans une branche tout en augmentant les salaires. Plus généralement, je dirais simplement : dis-moi quel est ton conseiller je te dirai ce que tu feras.

    Le conseiller éducation de François Hollande est Vincent Peillon. Vincent Peillon rêve de coller les enseignants 35 heures dans les établissements et d'allonger leur année scolaire. Il l'a dit à plusieurs reprises. 

    Jamais je n'ai entendu qui que ce soit dans l'entourage socialiste revenir sur ces objectifs. Verba volant, scripta manent, seuls les écrits font foi à mes yeux. A ma connaissance, seul François Bayrou a explicitement fait savoir qu'il s'opposait à tout allongement du temps de service des enseignants. Il l'écrit noir sur blanc dans son État d'urgence, faisant observer que nul ne sait ce qu'est le butinage de l'enseignant (et le temps qui va avec) quand il prépare ses cours.

    Demain, c’est leur temps de travail qui sera attaqué, à la suite, "naturellement", d’une large concertation. Dont on connait le résultat à l’avance puisqu’il a été décidé à l’avance (…). Personne pour expliquer qu’une heure de cours, ce sont des heures de préparation, de corrections, de lectures, de butinage intellectuel, pour essayer tous les jours un peu mieux, de comprendre ce qu’on enseigne, et de mieux l’enseigner.

    De la même manière, Bayrou s'oppose à ce que les enseignants ne soient évalués que par les chefs d'établissement, ne serait-ce que parce qu'une administration qui se prive de ses corps d'inspection signe sa déliquescence.

    Le grand silence de Hollande et des Socialistes en général (pas un n'a soutenu les syndicats enseignants dans leur révollte) est éloquent.

    Il ya évidemment parmi les enseignants des adeptes de ces 35 heures-là. En partie par conviction (Ségolène Royal s'en faisait déjà l'apôtre en 2007), en partie par militantisme. Tiendront-ils puisqu'ils doivent craindre le froid, désormais ?

    C'est très intelligent, 35 heures dans les établissements à l'heure où 1 agent sur 4 de l'Éducation Nationale est en état d'épuisement.

    J'avoue que je ne comprends pas les enseignants : ils sont actuellement 35% à accorder leurs suffrages à Hollande et aux Socialistes contre 10 seulement pour Bayrou.

    Pourtant, ils doivent le comprendre : s'il y a une majorité socialiste qui accède au pouvoir, ils sont morts. De même si l'UMP survit à son déclin et parvient à conserver une majorité.

    Seul Bayrou défend explicitement le statut des enseignants. On n'entend aucune autre protestation à gauche, preuve que les Mélenchon, Joly et compagnie sont exactement sur la même longueur d'ondes que François Hollande...

    Mieux, vous allez voir : surveillez bien les commentaires de ce billet ! Si la pravdasphère débarque ici, vous pouvez vous attendre à ce qu'elle justifie son champion et en aucun cas à ce qu'elle ne critique les orientations de son poulain.

    Mieux vaut faire confiance à un homme dont les axes directeurs sont à la fois clairs et sains. Pas de fioritures, des mesures simples et justes.

  • Péril jaune !

    C'était à la mode, au début du XXème siècle, de clamer au péril jaune, surtout quand les Japonais ont infligé leur première rouste aux Russes. Après la Seconde Guerre Mondiale, le développement économique, il y a eu un léger glissement sémantique : on est passé du terrain militaire au terrain économique. Avec les années 90 et un sérieux coup de mou dans l'économie Japonaise, le Péril Jaune s'est déplacé de quelques centaines de kilomètres vers l'Ouest.

    Alors, nom d'un béret basque, non seulement ils nous exportent à tire-larigot leur textile, mais en sus ils nous envoient aussi des frelons ! Tiens, ça nous apprendra à importer aussi de la poterie chinoise. Comme si on n'avait pas assez de terre glaise et d'argile chez nous !

    Le député centriste Philippe Folliot s'en est ému et a proposé le classement du frelon asiatique dans la catégorie des nuisibles. Cette sale bestiole ravage nos ruches. En principe, un nid de frelons européens, c'est environ une centaine d'individus, mais le frelon asiatique, c'est par grappe de 2000 à 5000 qu'ils s'installent !

    Jusqu'ici, le code rural ne considère comme nuisible que ce qui s'attaque à des végétaux, or, l'abeille est un insecte. Il faut donc une modification substantielle, comme l'a proposé Philippe Folliot.

    C'est un peu la panique chez les apiculteurs. Il ne faut pas oublier que les abeilles ne se contentent pas de produire du miel : ce sont aussi les principales pollinisatrices des plantes. En Chine, où on a fait un peu trop joujou avec les produits chimiques, des régions entières se sont retrouvées sans abeilles et il a fallu polliniser à la main. A ceux qui ne seraient pas convaincus, je leur suggère de faire une tentative en se contenant d'un mètre carré de fleurs ou simplement d'un pommier. Vous verrez, après, ils béniront les abeilles, ces sympathiques petites bestioles qui travaillent gratis pour nous.

    Pas étonnant, dans ces conditions, que François Bayrou en ait fait l'emblème de son projet écologique.

    En 2010, le Centre d'études poétiques et littéraires de la Lozère a eu la riche idée de faire de l'abeille le thème principal de son concours de poésie.

    Ayons dans nos esprits la prière de Victor Hugo : 

     

    Seigneur, préservez-moi, préservez ceux que j’aime,

    Frères, parents, amis, et mes ennemis même

    Dans le mal triomphant,

    De jamais voir, Seigneur, l’été sans fleurs vermeilles,

    La cage sans oiseaux, la ruche sans abeilles,

    La maison sans enfants!…

    O vous dont le travail est joie,

    Vous qui n’avez pas d’autre proie

    Que les parfums, souffles du ciel;

    Vous qui fuyez quand vient décembre,

    Vous qui dérobez aux fleurs l’ambre

    Pour donner aux hommes le miel…

     

  • Quoi lire à ma petite fille ?

    Olympe m'a récemment interpellée à propos d'une campagne de sensibilisation aux inégalités entre hommes et femmes.

    Le coeur de la campagne, c'est de montrer (souvent de manière caricaturale, toutefois) que par plein de manifestations inconscientes, l'inégalité est incrustée au coeur de nos habitudes sociales. Je suis pour ma part sceptique sur l'efficacité de cette campagne, mais j'en partage, en revanche, les préoccupations.

    Comme je suis très attaché à la culture classique (mais pas seulement) je m'efforce de faire découvrir à mes enfants les facettes des différents contes et légendes du monde entier. Bien sûr, je donne dans cette optique une place de choix à la mythologie gréco-latine. Or, j'ai remarqué un fâcheu détail : dès que l'on cherche des ouvrages de régularisation mythologique pour les enfants, on n'en trouve aucun prévu pour les petites filles. C'est toujours l'histoire du point de vue des héros et non des héroïnes qui est considérée par les auteurs de la littérature de jeunesse. Voilà qui est fort : la mythologie ne manque pourtant pas d'héroïnes. Sophocle a bien été capable d'écrire une Antigone, pourquoi nos auteurs modernes ne sont pas fichus de créer une petite princesse royale à Thèbes à laquelle une petite fille pourrait s'identifier ? Ovide fait bien parler les héroïnes fameuses de la mythologie grecque dans ses Héroïdes : qu'est-ce qui empêcherait de raconter l'histoire de Thésée du point de vue d'Ariane ?

    S'il y a quelques efforts de faits pour des enfants plus âgés et pour les adultes, pour les très jeunes enfants, c'est un peu la cata : nada pour les petites filles. Qu'est-ce que je vais lui raconter, moi, à ma petite dernière ?

    Voilà, la transparence des femmes, hélas, cela commence ici...

  • Ça sentait le facho à plein nez à Vienne...

    Je me suis déjà exprimé ici sur l'Autriche (faudrait que je retrouve le billet). Ce pays n'a pas été dénazifié en 1945 parce qu'il était sur une ligne de fracture Est/Ouest. Du coup, tous les nazis ont pu s'y planquer, et, aujourd'hui, ils paradent dans les palais impériaux, cachant à peine leur idéologie.

    Si on avait pendu ce qu'il fallait de dignitaires nazis et traité l'Autriche comme un pays vaincu, et non annexé en 1946, Marine Le pen n'aurait pas trouvé de cavalier à Vienne.

    On peut toujours trouver évidemment des individus recommandables parmi ceux qui ont fait partie des corporations pangermanistes qui se réunissent lors de cet évènement annuel, il n'en reste pas moins que la majorité mérite son certificat de facho aussi authentique que patenté.

    Je connais l'Autriche. A moins d'1 kilomètre de Mathausen, personne ne sait où cela se trouve. Cela ne me fait pas rire, et c'est la vérité. Dans le musée de l'armée de Salzbourg, un soldat en tenue flambante du 3ème reich trône juste à côté de la salle de torture. 

    Quand j'étais bien plus jeune, j'avais avec un pote de circonstance dragué deux Autrichiennes à la sortie d'une discothèque : engageant la conversation, je leur avais demandé ce qu'elles pensaient de Kurt Waldheim qui faisait alors l'objet d'une polémique. Tout en se déclarant social-démocrates, elles n'avaient trouvé que des mots pour le défendre. On n'a pas fini la nuit ensemble, c'est clair. On a parfois l'impression que "facho" et Autrichien, c'est quasi-consubstantiel.

    A Saint-Wolfgang, quand on se promène dans les rues qui sentent leur petite Suisse bien propette, les regards fuyant derrière les rideaux à l'affût de la délation dévoilent le fond de l'esprit autrichien.

    Il reste, heureusement, des Autrichiens aussi aimables qu'admirables, mais là-bas, il faudrait un méga grand coup de torchon pour faire du nettoyage. Il y a de la saleté qui s'y est stratifiée depuis 1945, et, depuis que ça dégèle, ça commence à rentrer en putréfaction.

    Ce qui est drôle, ce sont les efforts de Marine Le pen pour dédiaboliser le FN tout en se rendant à naziland faire quelques pas de valse.

    Les mecs qui organisent ces bals, ils ont quand même proposé Rudolf Hess, dauphin de Hitler en 1939, comme candidat à titre posthume pour le prix Nobel de la paix.

    Je pense que Marine Le pen sera désormais dispensée de refaire une demande de visa pour Israël : pas la peine de chercher à dédiaboliser son parti, et puis...il doit y avoir trop de Kahn, là-bas, son père pourrait s'en trouver indisposé...

  • A gauche on a du mal avec la réalité...

    Julien Dray a quelques difficultés avec le principe de réalité. Je le lis expliquer sur son blogue que Bayrou a toujours fait partie de la majorité de droite et qu'il reviendra à son camp. Bayrou est indépendant depuis fort longtemps, désormais, et les échecs électoraux du MoDem s'expliquent justement par cette volonté de faire le chemin seul. Seul, et avec des têtes fondamentalement nouvelles en politique.

    Julien Dray accuse Bayrou de vouloir attenter à la puissance publique : il ne fait pourtant qu'énoncer une donnée de la réalité. La France est déficitaire, le budget doit revenir à l'équilibre. Il me semble bien que c'est aussi ce que veut (au moins en paroles) François Hollande. Alors ? Ce qui est bon chez Hollande est mauvais chez Bayrou ?

    Dire que Bayrou n'est pas le changement est assez amusant, venant d'un représentant d'un des deux parties de pouvoir.

    Quant au tournant social, on attend toujours de savoir quel va en être le financement. Je rappelle, une fois encore, que François Hollande parle de redéploiements pour la fonction publique et de rien d'autre. On sait donc qu'il va forcément supprimer des emplois quelque part. On aimerait savoir où...

    Mettre sur le même plan les 2% de TVA supplémentaires de Bayrou et les 1.6 de Sarkozy comme on le voit sur les réseaux sociaux de la part des Socialistes relève de la forfaiture. Les 2% de Bayrou font partie d'un paquet global destiné à venir à bout de nos déficits. Il n'en constitue qu'un nécessaire élément. A celui-ci s'ajoute une tranche supplémentaire d'impôt sur le revenu, un impôt universel sur le patrimoine sans niches et un taux de CSG révisé pour garantir le financement de la protection sociale.

    De toutes façons, les Socialistes finiront d'une manière ou d'une autre par faire payer les Français parce que c'est inévitable. Alors ce n'est pas très honnête de raconter des salades...