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L'Hérétique (Démocratie et hérésie économique) - Page 99

  • Vanneste est un abruti, mais il a historiquement raison.

    Je n'ai nulle intention de défendre Vanneste dont les déclarations ne tiennent qu'à des objectifs malveillants envers la communauté homosexuelle. Mais attention : il ne s'agit pas non plus de réécrire l'histoire. Ce qu'il a fait valoir est historiquement parfaitement vrai.

    Il y a eu 100 000 homosexuels fichés par le IIIème Reich environ. Mais en déportés proprement dits, aux alentours d'une trentaine de milliers environ (les chiffres font l'objet de variations assez importantes). Dans les camps de concentration,  ils ne représentaient que 0.2% des internés. En revanche, ils y étaient traités avec une dureté implacable, affectés aux tâches les plus dures et très mal considérés par les autres détenus d'autant que les Kapos et SS se laissaient eux-mêmes aller à leurs propres penchants en plaçant sous leur protection de jeunes détenus pour bénéficier de leurs faveurs.

    Toutefois, comparés au 1.5 à 2 millions d'homosexuels en Allemagne à l'époque, cette minorité peut assez peu inquiétée, au regard des autres.

    En France, Vichy n'organisa jamais la déportation des homosexuels. A vrai dire, les Nazis ne le demandaient pas et considéraient l'homosexualité comme une déviation dangereuse au regard de leurs objectifs raciaux mais absolument pas dérangeante chez les autres.

    Très peu de femmes furent inquiétées pour leur homosexualité y compris dans le IIIème Reich.

    Au final, Vanneste ne ment pas, je cite ses propos :

    Il y a la fameuse légende de la déportation des homosexuels. Il faut être très clair là aussi. Manifestement Himmler avait un compte personnel à régler avec les homosexuels. En Allemagne, il y a eu la répression des homosexuels et la déportation qui a conduit à à peu près 30 000 déportés. Et il n'y en a pas eu ailleurs. Et notamment en dehors des trois départements annexés, il n'y a pas eu de déportation des homosexuels en France.

    C'est bien en effet Himmler qui s'est focalisé sur l'homosexualité. Ce qui ne va pas, c'est le contexte : on comprend très bien où veut en venir Vanneste. Il n'est absolument pas à la recherche d'une vérité historique, il essaie par tous les moyens de discréditer l'homosexualité. Ce n'est pas pour ces propos-ci que l'UMP devrait le virer mais pour l'ensemble de ce qu'il balance sur la communauté homosexuelle.

    Pour ceux qui veulent disposer d'une information claire, je conseille l'excellent article de Florence Tamagne, historienne et enseignante à l'Université de Lille. Elle connaît son sujet. Cela sera l'occasion pour Cécile Duflot de compléter le vide abyssal qui lui sert de culture puisqu'elle s'est empressée de huler au négationnisme.

  • Décentralisation ou baronnies?

    Démocratix a attiré mon attention, il y a quelques jours, en analysant à son tour la validité des propositions de Hollande. Il a pointé un aspect d'une politique initiée par la gauche complètement ratée. Je le cite : 

    Je suis assez atterré de voir que Hollande prône un développement accru de la décentralisation au profit des collectivités territoriales. Car c'est donner autant de pouvoir à ces baronnies qui ne pensent qu'à une chose, leur réélection future. Des baronnies qui forcément, une fois que l'impôt local sera trop impopulaire, vont se tourner vers l'Etat.

    A vrai dire, c'est bien mon inquiétude aussi. En France, mutualisation et décentralisation n'ont fait qu'amener des dépenses supplémentaires et surtout, on stratifié en effet d'authentiques baronnies au sens que ce terme pouvait avoir en régime féodal. 

    Conseillers Généraux et maires sont désormais à la tête de petits fiefs où ils n'ont de compte à rendre à personne ou presque. Une fois en place, ils mettent toute la puissance de la collectivité où ils sont installés à leur service et traitent l'ennemi de manière discrétionnaire. Ce syndrôme est aggravé par le scrutin majoritaire à deux tours car il empêche des expressions contestataires de se manifester.

    François Bayrou ne s'y est pas trompé en envisageant non seulement une pause dans la décentralisation mais même une remise à plat du processus. Pour l'instant, en effet, chaque loi a amené son lot de dépenses nouvelles. Le leader centriste demeure acquis au principe de conseillers territoriaux plutôt que l'actuel doublon aux moeurs bien peu démocratiques que représente le duo département-région.

  • Le Panthéon de Bayrou est une école...

    Voilà qui vaut le détour : Bruce Toussaint sur Europe 1, ce matin, demande à Bayrou : 

     Si vous devenez Président quelle sera votre 1er geste symbolique, votre Panthéon comme Mitterand en 1981?

    Réponse de l'intéressé : 

    Mon Panthéon est modeste et beaucoup plus ambitieux , j'irai dans une école , parce que c'est là que ça se joue.

    Joli. J'aime bien. Un Panthéon, dans l'Antiquité, c'était un endroit dans lequel on honorait les dieux. Heureux d'entendre que Bayrou a consacré le sien à la déesse École.

    Je crois qu'à Rome,  on ouvrait l'année au mois de mars après une fête en l'honneur de Minerve, déesse du savoir et des écoliers. Cette divinité d'origine Étrusque fut introduite à Rome par Numa Pompilius Bayrus le plus sages des rois romains. Nul doute qu'elle ne dépareillerait pas dans le panthéon démocrate :-)

  • Vous enseigneriez avec des consoles de jeux, vous ?

    C'est toujours distrayant de lire Brighelli dans ses oeuvres : bien qu'il fasse souvent des observations de bon sens, il a une allergie à la modernité qui ne laisse pas de bien me faire rire. Analysant le programme pour l'école de François Bayrou, il attribue globalement un satisfecit au candidat centriste mais bute sur le numérique. Manifestement, l'e-learning (mais si ça existe en français, mon cher Jean-Paul, cela s'appelle l'enseignement à distance et le CNED - Centre national d'enseignement à distance -  le pratique de longue date !) lui génère une grosse éruption de boutons.

    Sur le fond, que dit Brighelli : qu'il est fâcheux de donner à de jeunes élèves des ordinateurs parce qu'ils passent leur temps à jouer plutôt que d'étudier. C'est ce que j'appelle l'effet console de jeu. Sur ce point, c'est aussi mon avis. Si vraiment on décide que des collégiens utilisent des ordinateurs, il faut brider les machines et les accès à la mode de Dracon : pas de jeux, accès internet restreints à une sélection de sites jugés fréquentables et intstructifs.

    Mais pour le reste, Brighelli s'en prend aux copié-collé made in Wikipedia. Parce que c'était mieux les copié-gratté made in Universalis ou Petit Robert d'antan ? Très mauvais procès fait à l'encyclopédie en ligne. Le problème, c'est la demande. Quand un enseignant veut qu'un élève fasse une recherche, il doit lui faire savoir qu'il compte l'interroger sur ce qu'il aura retenu de la recherche en question. Nul doute qu'une telle exigence poussera à la rationnalisation du dit copié-collé.

    Le grand plan du numérique que veut Bayrou ne me paraît donc pas insensé. En soi, je pourrais en penser autant de celui d'Hollande si je ne connaissais pas par trop bien les Socialistes et la gauche en général. Ils confondent l'outil (donc le moyen) et son but. A gauche, le numérique est un objectif en soi (tout comme dans les diverses officines de l'UMP au demeurant) : c'est bien là où le bât blesse, et c'est, au fond, la nature même d'un tel projet qui provoque des réactions épidermiques chez des individus comme Brighelli.

    Le pédagogisme a tué l'informatique comme il a flingué la pédagogie. De même qu'il a fait de la pédagogie une idéologie il fait de l'informatique le Graal universel de la très sainte pédagogie.

    Mais en soi, ni la pédagogie ni l'informatique ne sont à condamner. La première est une passionnante science humaine, la seconde une technologie aux ressorts et aux apports prodigieux.

    Les pédagogistes ont sans nul doute entâché ce qu'ils voulaient défendre par des comportements sectaires et malhonnêtes, mais leurs adversaires pourraient bien se tirer une balle dans le pied en s'obstinant à jeter le bébé avec l'eau du bain...

  • Et voilà, moi aussi je suis sur tablette :-)

    Hé hé, l'ami Hervé et moi avons rejoint la cohorte des blogueurs qui figurent désormais sur une application pour tablettes et i-phone qui répond au doux nom de News Republic. A la base, sur l'heureuse suggestion de PMA, j'ai moi aussi franchi un pas. Merci à lui. Un manitou de l'application m'a contacté : le malheureux cherchait quelques blogues centristes dans la marée gauchiste qui a envahi nos écrans. Je me suis bien sûr empressé de lui donner quelques références, et, tant qu'à faire, puisque j'ai toujours le titre de consultant pour ebuzzing, je lui ai refilé quelques adresses de blogues de droite, de blogues libéraux et pour finir, quelques morceaux de choix de la réacosphère/fachosphère.

    Ça m'a l'air d'une sympathique petite entreprise bordelaise qui a fait son chemin : ils sont presque deux millions à avoir téléchargé son application phare.

    Le Grand seigneur que je suis leur a fait cadeau des retombées de la pub (faut aider les bébés start-up) : j'ai entre 15 000 et 20 000 visiteurs uniques par mois (et encore, à condition d'écrire tous les jours au moins un billet). En termes de retombées financières, heureux si cela rapporte deux à trois euros chaque mois. A ce tarif-là, j'ai la flemme de remplir le contrat. Mais bon, pour des blogues ou sites nettement plus fréquentés (faut taper dans les 100 000 uniques mensuels, je pense) ça peut commencer à devenir intéressant, le partage des gains :-)

  • Un déni de démocratie ?

    L'appel de François Bayrou afin que Marine Le pen puisse se présenter a fait couler de l'encre. Je n'ai pour ce qui me concerne aucune forme de sympathie pour la lider maximo du FN, mais force est de constater qu'elle représente un fort courant d'opinion au sein de la société française.

    Dès lors, c'est tout de même gênant que quelqu'un qui représente entre 15 et 20% de l'opinion ne puisse s'exprimer. Cette règle des 500 signatures d'élus est aussi archaïque que le scrutin majoritaire à deux tours. Elle amène de facto à exclure de la sphère politique tous ceux qui ne rentrent pas dans les clous, quelle qu'en soit la raison. 

    Il est donc grand temps de songer à mettre en place une procédure de substitution. Une pétition de 500 000 citoyens, par exemple.

    Au passage, si les élections se faisaient au scrutin proportionnel, le problème ne se poserait sans doute pas.

  • Intouchables ? Bof, un conte de fée pour bobo.

    J'ai mis du temps à comprendre ce qu'avait de particulier le film Intouchable. Et puis, j'ai repensé aux contes de mon enfance et j'ai souri. Ils se terminaient souvent par un mariage entre un prince et une princesse ou alors on y voyait des chevaliers porter secours à des damoiselles en détresse.

    En fait de chevaliers au grand coeur, on sait aujourd'hui qu'une grande part d'entre eux se comportaient en pillards quand ils n'étaient pas en guerre, et qu'une demoiselle avait tout à craindre à en croiser un : au mieux, elle survivait à son viol, au pire, elle était ensuite tuée dans des conditions atroces. Voilà pour les chevaliers des contes de fée. Quant aux princesses, leur mariage était un mariage forcé dont seuls les intérêts monarchiques guidaient la marche.

    Bon, et alors, me direz-vous ? Quid d'Intouchables ? Dans la réalité, confier un handicapé paraplégique à un mec qui sort de prison, c'est largement courir le risque de retrouver l'individu en question au mieux abandonné et dépouillé, au pire, battu et inconscient. 

    J'imagine qu'un auxiliaire issu de la diversité, comme on dit pudiquement chez les bobos, pauvre, et ayant fait de la prison, c'était le pied pour un conte de fée moderne. Quant au très improbable mariage entre un tétraplégique et une jeune femme jolie et en bonne santé, dans la réalité, il tiendrait très vraisemblablement au montant du compte en banque du premier. 

    Dans bobo, il y a tout de même bourgeois, et là, on ne se refait pas : on aime bien la diversité, mais on n'imagine pas qu'un black de banlieue écoute autre chose que du rap, et, quand on est un bourgeois riche et bobo, qu'on s'intéresse à autre chose qu'à l'art moderne et à la musique classique. Bonjour les clichés. C'est pas grave, c'est le principe du conte de fées.

    Il y a, il est vrai, une histoire rélle, derrière ce conte moderne. Que l'on ne se leurre pas : elle est plus rugueuse que les stéréotypes lisses qui peuplent le film, et surtout, elle est bien improbable, à 1000 lieues des situations ordinaires.

  • Une politique sociale made in Bayrou

    François Bayrou tenait aujourd'hui le troisième forum de son agenda 2012-2020. Il s'agissait cette fois de définir de quelle manière l'économique et le social pouvaient se marier harmonieusement (ou non...).

    Travail et droit du travail

    François Bayrou a fait sensation en proposant de liquider toutes les formes de contrats autres que le CDI. Quid de la flexibilité pour les entreprises dont les commandes ne sont pas assurées, alors ? Bayrou suggère que des indemnités importantes et fixées à l'avance, d'un montant équivalent à ce qu'accordent les prudhommes en règle générale, figurent dans le contrat, rendant possible son interruption.

    Puisque le droit à la formation existe, Bayrou suggère qu'il soit activé pendant les périodes de chômage principalement. Compte-tenu du désordre général du financement de la formation continue, Bayrou propose qu'une agence nationale de la formation soit créée dont la mission soit de mettre en ordre ce secteur.

    Santé et retraites

    En ce qui concerne les retraites, Bayrou n'a pas changé d'avis et maintient le principe d'une retraite par répartition, mais avec un système à points. La pénibilité, l'action dans la sphère associative, l'éducation des enfants seront intégrées dans le calcul sous forme de bonus. A terme, chacun décidera de l'heure de son départ à la retraite.

    Pour la santé, il s'agit, tout comme pour les retraites, de parvenir à un équilibre. Pas seulement financier. Un équilibre géographique aussi. Sur ce dernier point, Bayrou propose d'élargir le numerus clausus en fléchant pour quelques années vers les déserts médicaux le parcours des entrants surnuméraires dans les professions médicales. Bayrou estime également que la rationnalisation des moyens ne doit pas mener à fermer des services médicaux de proximité majeurs tels que les maternités,  les urgences cardio-vasculaires et les soins ambulatoires. Bayrou propose l'ouverture de maisons médicales avec du personnel compétent plutôt que d'unités hospitalières pour mailler le territoire.

    L'équilibrage de la sécurité sociale est un vrai problème : sur ce point, Bayrou n'a pas proposé de solutions toutes faites, mais il observe que des complémentaires santé gérée par des syndicats et des organisations professionnelles de santé semblent donner de bons résultats en Alsace et en Moselle : il reste à voir comment cela fonctionne pour réfléchir à une généralisation à l'échelle nationale.

    Bayrou compte consacrer au handicap une réflexion particulière : il l'a donc abordé en spécifiant qu'il privilégierait l'accompagnement humain dans ce domaine, mais il a remis à un forum spécifique ce qu'il compte proposer dans ce domaine.

    Le reste de sa politique sociale fera l'objet d'un billet séparé.

  • Bayrou, le contrat social

    Il en va du contrat social comme de toutes choses : certains modèles sont positifs, d'autres négatifs. Nul doute que celui de Bayrou appartient à la première catégorie, et celui de Rousseau à la seconde.

    La liberté n’est pas un acquis. Elle se construit. Et elle se construit si l’on y réfléchit bien contre les tendances naturelles de l’humanité. Ce qui est naturel, si on laisse faire, ce n’est pas la liberté, c’est l’esclavage, la domination, l’aliénation. La liberté se gagne, par des conditions matérielles de dignité de logement, de santé, de revenus, mais elle se construit et se protège par la loi, se construit et se protège par la culture et par les droits.

    La solidarité n’a rien de naturel. Ce qui est naturel, c’est l’égoïsme. La solidarité exige le partage, l’élaboration de mécanismes de soutien et d’alerte. La liberté et la solidarité sont donc les fruits de politiques, décidées en commun, soutenues, encouragées et parfois conduites directement par la puissance publique.

    Pas de bon sauvage, clairement, chez Bayrou :-) J'imagine qu'il a fait un bond quand il a pris connaissance des propositions de Nicolas Sarkozy, notamment celle qui consiste à légiférer par référendum contre les chômeurs. Il fallait le faire. C'est une manie, chez Sarkozy, de toujours cibler les minorités en difficulté.

    Notre modèle social, c'est en effet, comme le dit fort justement Bayrou, dans sa lutte contre la précarité qu'il se juge. Il ne s'agit donc pas de s'en prendre aux plus faibles, mais de faire en sorte qu'il soit le plus efficient possible. 

  • Ben oui Sarkozy veut éliminer Le pen !

    Tiens, Philippe prolonge sur son blogue une petite discussion lancée mercredi soir après un forum sur l'industrie organisé par l'équipe de Bayrou. Il se demande si Sarkozy cherche à éliminer Marine Le pen.

    Ben oui. Cela me paraît même évident. Je pense qu'elle ne bluffe pas en affirmant ne disposer que de 400 signatures de maire. 

    Le calcul me paraît même limpide : Sarkozy va droitiser sa campagne toutes sirènes hurlantes et, ce-faisant, tenter de ramasser la mise quand Marine Le pen disparaîtra des écrans. En cas d'absence de la leader frontiste, il récupère d'ores et déjà la mise. Mais une fois qu'il aura mis en avant ses habituels bouc-émissaires, on peut raisonnablement penser qu'il double son pactole. Évidemment, il aura comme un souci au second tour, mais bon, c'est une autre problème évidemment...