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L'Hérétique (Démocratie et hérésie économique) - Page 305

  • Rachida Dati

    Dati.jpgRachida Dati étonne souvent la sphère politique par ses "écarts" réguliers. On la voit dans des magazine people dans des robes conçues par des couturiers prestigieux, avec une bague précieuse au doigt et, souvent, elle défraie la chronique par des déclarations à l'emporte-pièce, pas toujours dans le champ politique, au demeurant.

    La dernière en date, qui circule pour l'instant à l'état de rumeur, c'est qu'elle envisagerait de partir vivre à l'étranger avec le père de son enfant. Au sujet de ce dernier, elle a expliqué, par le passé, qu'elle avait une vie sentimentale compliquée. Je ne sais pas qui est le père, mais je comprends de ce commentaire que révéler son nom se serait certainement avéré gênant pour une Garde des Sceaux. Peut-être est-ce un homme marié, ou quelque chose de ce genre.

    Quoi qu'il en soit, je vois souvent des commentaires sarcastiques sur Rachida Dati, tant dans la presse que sur la Toile, et ce, d'autant plus qu'elle n'est plus en odeur de sainteté auprès de Nicolas Sarkozy, ces derniers temps.

    Je ne trouve pas incohérente Rachida Dati, au contraire, il y a une certaine cohérence dans sa trajectoire. Mais, on ne peut pas en comprendre le sens si l'on ne se rappelle pas d'où elle vient, et ce que sont des rêves de petite fille. D'origine très modeste, elle a du batailler très dur pour poursuivre ses études parmi, sans doute, des camarades de classe venus de milieux plus riches. Certes, ses parents ont souhaité à l'évidence qu'elle aille loin, et se sont certainement sacrifiés pour leurs enfants, en tout cas, au moins pour elle. Onze enfants et parvenir à envoyer sans doute plusieurs de leurs enfants dans un établissement privé, avec des revenus modestes, cela relève de l'exploit.

    Il n'en reste pas moins que sa famille a exercé une forte pression pour la faire malgré tout revenir à l'idée qu'elle se faisait d'une femme. C'est ce qui explique le premier mariage (presqu'aussitôt annulé) de Rachida Dati. C'est aussi, sans doute, ce qui explique ses difficultés dans les études supérieures (échec à l'entrée de l'école de médecine, maîtrise obtenue avec un mention passable, abandon de son MBA).

    De là, sans doute, aussi, la nécessité pour elle de travailler pour faire ses études. Elle a ainsi pu éprouver à quel point il est mission impossible, pour un étudiant-travailleur, de poursuivre ses études dans des conditions correctes.

    In fine, ce n'est pas ses études mais la politique qui a façonné son réseau et qui lui a permis son ascension.

    Le pouvoir, la richesse, le luxe, la reconnaissance sociale, un prince charmant, voilà autant de rêves qu'a pu faire Rachida Dati quand elle était enfant, et c'est sans doute à l'aune de ces rêves-là qu'il faut comprendre son parcours.

    Ainsi, annoncer vouloir partir vivre à l'étranger n'a rien d'insensé si on jauge cette déclaration non au regard d'une carrière politique, mais de ses propres rêves. En outre, si elle s'estime sur la sellette lors du prochain remaniement ministériel, elle n'a finalement rien à perdre.

    En somme, tous les atours et les ornements du luxe ne correspondent pas exactement à un tempérament frivole, comme on a pu le lire,  çà et là, mais, plus vraisemblablement, à la réalisation de ses rêves d'enfant et à sa représentation du luxe.

    Tout comme Nicolas Sarkozy, Rachida Dati fait partie des êtres qui ont eu une revanche à prendre sur la vie, sur leur passé, et, d'ailleurs, c'est sans doute pour cela qu'ils se se sont reconnus mutuellement et qu'ils accordent dans le fond aussi peu de place à la tradition, tout en s'y montrant fort attachés sur la forme (car cela leur donne des repères, et souvent l'apparence du fond, fond qui leur manque, précisément).

  • Gilles Artigues, un Européen en campagne !

    artigues.jpgAaaah ! Enfin un homme politique d'envergure présente un programme globalement complet avec des propositions concrètes pour l'Europe, en vue des prochaines élections européennes ! Pas trop tôt, étant donné que jusqu'ici, c'était plutôt le désert inter-sidéral. Cet homme politique, c'est Gilles Artigues, candidat à la candidature à l'euro-députation pour le MoDem.

    J'ai visité son site et trouvé son programme pour l'Europe. J'aime beaucoup son introduction, car je peux me dire, enfin un homme politique qui va défendre sincèrement et courageusement les acquis de l'Europe sans démagogie aucune. Enfin quelqu'un qui proclame les extraordinaires acquis de notre Europe.

    Premier extrait

    L’ennui est que peu de citoyens européens connaissent non seulement le fonctionnement de l’Union européenne, mais aussi et surtout ses implications concrètes, qui plus est positives, dans le quotidien de tout un chacun sur son territoire. La faute en incombe à la fois à quelques femmes et hommes politiques bien heureux de pouvoir se décharger de leurs responsabilités sur une autorité pour l’instant incapable de se défendre (les dirigeants ont notamment pris l’habitude de dire blanc à Bruxelles pour prétendre chez eux l’exact contraire sans que personne ne puisse les contredire ouvertement et efficacement) et à certains médias focalisés sur les aspects négatifs de l’action communautaire, forcément plus spectaculaires, c’est à dire attractifs, à l’endroit de leur auditorat potentiel. Au final, une immonde hypocrisie donne à croire aux électeurs, entre autres, que l’Union européenne n’est pas démocratique, qu’elle avantage les riches sur les pauvres en pressurant les seconds au profit des premiers, qu’elle ignore les difficultés et aspirations des petites gens pour en être particulièrement éloignée, qu’elle perd son temps dans des réglementations secondaires et arbitraires, qu’elle ne permet pas le progrès humain, voire le freine, etc. Toutes ces idées reçues sont naturellement erronées.

    Quel hommage magnifique. Pour moi, voilà présenté exactement ce que je pense de la manière dont le landernau politique traite généralement l'Europe, à l'excception de quelques fortes personnalités aux convictions européennes trempées dans l'acier. Gilles Artigues fait partie de celles-là.

    Je me suis intéressé au chapitre liberté, la valeur qui est la plus précieuse à mes yeux, et voilà ce que j'ai trouvé :

    L’Europe de la Liberté
    A l’origine, le libéralisme ne désigne pas un dogme économique mais une idéologie politique. Les libéraux du XIXème siècle aspiraient en effet à une véritable démocratie sur la base d’une association des Droits de l’Homme à des élections libres et pluralistes. Leur optique était de donner la possibilité à tout individu de maîtriser enfin tout ou partie de sa destinée pour lui permettre de s’épanouir dans un monde plus juste et dynamique au profit de tous. Malgré leur force intrinsèque, leurs idées généreuses ont souvent été battues en brèche ou dévoyées. Seule l’Union européenne leur a permis de triompher sur l’obscurantisme de la réaction. Les opportunités offertes à ses résidents pour réussir leur vie, en profiter pleinement et accroître le progrès collectif n’ont jamais été aussi nombreuses et intéressantes

    Il faut du courage, aujourd'hui, au milieu de toutes les démagogies, pour se déclarer libéral, surtout en pleine crise financière. J'espère que le réseau LHC, dont la valeur primordiale est la liberté, appréciera à sa juste mesure cette profession de foi ;-)

    Je me retrouve dans tout ce qu'écrit Gilles Artigues sur la liberté. J'ai adoré particulièrement ce qui concerne la liberté de choix. J'en copie un extrait :

    REFLEXION / PROPOSITION

    Contrairement à ce que peuvent clamer les parangons du marxisme-léninisme d’outre-tombe, le principe de la concurrence libre et non faussée ne vise pas le seul intérêt des grandes sociétés et de leurs actionnaires. Bien au contraire dans la mesure où il les empêche de s’emparer du contrôle d’un secteur, directement (achats et fusions) ou non (ententes et filiales), pour y imposer leur loi, c’est à dire leurs prix, leurs conditions de vente et leurs gammes de produits. Ainsi bénéficie-t-il avant tout aux petites et moyennes entreprises, principale source d’emplois, dans la mesure où il leur réserve une place sur leur marché de prédilection et les y protège des prédateurs les plus féroces. Il profite aussi au consommateur puisque la gamme étendue de l’offre lui garantit une véritable liberté de choix et lui permet par la même occasion d’orienter les prix à la baisse. L’exemple de Microsoft, multinationale américaine, est à ce titre édifiante : la Commission européenne lui a non seulement infligé une amende conséquente pour violation du droit communautaire mais l’a aussi obligé à modifier ses pratiques de vente (elle refusait le droit à ses clients de se doter de logiciels concurrents, notamment européens, en leur imposant ses propres produits dans le cadre d’un paquet indivisible).

    L’aspect le plus controversé de la concurrence libre et non faussée réside dans la restriction drastique des aides publiques aux entreprises de toute nature (pêche, agriculture, industrie et services). En effet, dans le cadre du Marché unique, il serait injuste et dangereux de permettre à un Etat, qui plus est puissant, de subventionner une structure pour finalement lui donner un avantage certain sur ses concurrentes nationales et européennes au risque de précipiter leur perte pour finalement détruire plus d’emplois que n’en maintiendrait ladite subvention. Ainsi la France a-t-elle eu du mal, l’été dernier, à venir au secours de ses pêcheurs assommés par la hausse du carburant. Premièrement, elle est en partie responsable de la situation car ses taxes sont parmi les plus élevées de l’Union européenne. Deuxièmement, quelle serait la réaction des Français si l’Allemagne ou le Royaume uni, entre autres, agissait de même avec plus de moyens pour finalement défavoriser la pêche hexagonale et provoquer la faillite de plusieurs petites entreprises familiales ? Troisièmement, la pêche appartenant aux politiques communes de l’Union européenne, ses difficultés doivent être débattues au plus haut niveau pour trouver les solutions les plus adaptées. L’ennui est que l’unanimité ne permet pas la réactivité nécessaire aux situations urgentes. Toutefois, le Fonds Européen pour la Pêche intervient régulièrement pour aider les professionnels à s’adapter à la conjoncture pour pérenniser leur activité. Troisièmement, la réponse aux difficultés du secteur sur le plan énergétique n’est certainement pas dans l’injection ponctuelle d’argent pour diminuer artificiellement les coûts de transport mais dans l’encouragement financier à la mise au point et à l’achat de navires moins gourmands en énergie fossile. La pisciculture comme l’aquaculture sont aussi des pistes à développer.

    Hélas, le Parlement européen ne dispose pas de pouvoir de décision dans ce domaine, à l’image de l’agriculture. Il peut néanmoins donner son avis et encourager les Etats membres à progresser sur la voie la plus adéquate et judicieuse
    .

    C'est très pédagogique, et nous avons là quelqu'un qui défend l'Europe et a l'honnêteté d'annoncer la couleur. En fait, je n'ai absolument rien à redire. Ce que dit Gilles Artigues correspond très exactement à ce que je pense sur l'Europe. Moi, je vote Gilles Artigues. Et vous ?

  • Une lumière sur les évènements de Grèce

    C'est dans l'Antre de KaG que cela se passe, et le billet s'intitule Hélas Hellas. Il a été écrit par Fotini (dont le nom signifie la lumière en grec, d'où le titre de mon billet), une militante démocrate grecque; elle y explique les véritables causes des évènements qui secouent la Grèce depuis 10 jours. Je le reprends intégralement.

    Quelques explications sur les émeutes urbaines en Grèce cette semaine, causées par la mort samedi dernier d'un jeune de 15 ans, Alexis Grigoropoulos tué par un policier des forces spéciales :

    Présentées à tort par certains medias, partis et syndicats d'autres pays occidentaux comme une réaction directe de la jeunesse à la crise économique actuelle, les émeutes en Grèce ont des causes beaucoup plus complexes et profondes, qui tiennent à certaines particularités du pays, malgré des points communs avec le malaise de la jeunesse dans les principaux pays européens.

    - Défiance envers une élite politique caractérisée par la main-mise d'un certain nombre de dynasties familiales (les Papandreou, Karamanlis, Venizelos...) sur les deux principaux partis, le PASOK (parti socialiste) et la Nouvelle démocratie (parti conservateur, au pouvoir actuellement) et surtout d'un gouvernement de droite qui s'est beaucoup discrédité ces dernières années dans des scandales de corruption qu'il s'est efforcé d'étouffer.
    L'alternance de ces deux partis au pouvoir se fait moins sur la base des programmes politiques que sur la déception des citoyens face à des gouvernements successifs qui peinent à imposer ou expliquer les réformes nécessaires au pays. Sans parler de l'utilisation à des fins démagoqiques du mécontentement de la population par les partis d'opposition, qui prônent souvent des solutions archaïques ou populistes.

    - Défiance envers un Etat impotent, non moderne, inefficace, où règne le clientélisme (recrutement de fonctionnaires sur des critères politiques et familiaux) et la corruption.
    On a ainsi pu entendre hier le ministre de la santé se plaindre du fait que le gouvernement ne peut s'appuyer sur un appareil d'Etat efficace (mettant cela sur le compte de l'incurie des gouvernements précédents, incapables de le réformer) !
    Cette incurie s'était manifestée de manière éclatante pendant les grands incendies de l'été 2007 où ce sont les citoyens, aidés des télévisions, qui souvent dirigeaient les pompiers dans leurs opérations.

    - Défiance envers les forces de l'ordre, qui se sont illustrées notamment ces dernières années par des actes de violence restés largement impunis (sur la période 2003-2007, 1 seul des 238 cas de violences enregistrés par l'Observatoire grec des accords d'Helsinki a donné lieu à des sanctions judiciaires). La police a aussi été largement éclaboussée par des scandales de corruption, de collusion avec le monde de la nuit, de la traite des blanches et des trafiquants de drogue.
    Cette police jouit d'ailleurs toujours d'une mauvaise image dans l'imaginaire collectif à cause de la junte de 1967-1974 et de son incapacité à réformer ses structures, considérées comme opaques.

    - Défiance envers le système judiciaire, aussi éclaboussé par des scandales de corruption ou de collusion, accusé de ne pas défendre le citoyen.

    A cela il faut ajouter :

    - un fort taux de chômage des jeunes (23 %) cumulé à un nombre important d'emplois précaires (la fameuse "génération à 700 €") pour des jeunes qui survivent grâce l'aide inter-générationnelle et doivent souvent, comme nombre de leurs concitoyens plus âgés, cumuler plusieurs boulots dans l'économie formelle ou informelle pour joindre les deux bouts. Nombre de ces jeunes vivent, trentenaires, toujours chez leurs parents.
    Cette génération a été élevée dans une société de consommation de masse qui a émergé au cours des années 80 (adhésion de la Grèce à la Communauté européenne en 1981) et a contribué à bouleverser en deux décennies les repères sociétaux d'un pays aux valeurs jusque-là traditionnelles.

    - un coût de la vie élevé avec des prix du niveau de la France alors que le pouvoir d'achat et les salaires sont deux fois moindres (heureusement d'ailleurs que 70 % des grecs sont propriétaires de leurs logements), et un recours croissant des ménages au crédit à la consommation depuis la levée des restrictions à ce dernier en 2003

    - un système éducatif en déliquescence avec des établissements universitaires au fonctionnement archaïque, peu performants (taux de diplômés faibles, études qui durent trop longtemps, taux de sortie sans diplômes élevés) et un marché du travail peu fluide ( notamment importance excessive des réseaux familiaux et relationnels dans les recrutements), qui ne favorise pas l'insertion des jeunes dans la vie active.
    Nombre de jeunes diplômés doivent ainsi s'expatrier pour trouver un emploi correspondant à leurs qualifications.

    Il faut noter le scandale d'un système éducatif parallèle très lucratif avec des officines privées où enseignent souvent des professeurs du public. Les familles vont même jusqu'à faire des sacrifices pour pouvoir envoyer leurs enfants étudier à l'étranger.

    - une jeunesse en quête de repères : ce qui a frappé les observateurs c'est la participation mimétique de jeunes adolescents de 14, 15, 16 ans aux émeutes, que le gouvernement s'efforçait jusqu'ici d'attribuer aux seuls "cagoulés" anarchistes (Cf ci-dessous)

    20 commissariats de police de la région d'Athènes ont ainsi été attaqués hier par des collégiens et lycéens à coups de pierres et d'oranges amères (qu'on trouve dans les rues) suite à la publication de la déposition, jugé contradictoire et arrogante, du policier auteur des faits. La population s'est souvent interposée entre les forces de l'ordre et les jeunes au prétexte qu'il s'agissait d'"enfants", voulait empêcher tout dérapage de la part des forces de l'ordre.

    - une culture syndicale très à gauche, qui instrumentalise souvent les élèves et étudiants en s'opposant à toute tentative de réforme du système éducatif. Cela a donné lieu lors de la dernière réforme passée par le gouvernement actuel la paralysie pendant des mois de nombreuses écoles et établissements universitaires "occupés" par les élèves et étudiants.
    Cette culture très à gauche puise ses sources dans l'histoire du pays, qui a connu une guerre civile de 1945 à 1949 puis la dictature des colonels en 1967-1974. Le mythe de la lutte contre l'Etat oppresseur est par conséquent tenace en Grèce dans certains milieux de gauche, mythe auquel il faut ajouter l'opposition à la politique jugée néo-libérale du gouvernement de droite.

    L'un des partis de gauche grecs, SYRIZA est ainsi actuellement accusé même par le parti socialiste et le parti communiste d'instrumentaliser ces jeunes pour amplifier le mouvement de révolte.

    - l'existence d'une mouvance anarchiste (1000 à 2000 personnes bien organisées, appelées "les cagoulés") qui instrumentalise le mythe de l'école du polytechnique (révolte des étudiants contre la junte au pouvoir réprimée par les forces de l'ordre en novembre 1974) et a fait du quartier attenant d'Exarhia une zone de non-droit au centre d'Athènes.
    C'est dans ce même quartier que la jeune victime de 15 ans, Alexis Grigoropoulos a été abattue par un policier des forces spéciales samedi dernier. Dans ce quartier les policiers ont l'habitude d'être injuriés ("flics, cochons, meurtriers" est un slogan classique) et pris à partie par des jeunes, le commissariat ayant lui-même été déjà incendié par le passé.
    Cette mouvance anarchiste serait elle-même infiltrée par des agents spéciaux qui l'instrumentalisent, ce qui expliquerait la tolérance exercée depuis des années par les forces de l'ordre envers ces "cagoulés" et l'irruption de violences urbaines qui visent à détourner l'attention de l'opinion publique des vrais problèmes du pays.

    Il faut noter qu'il y a une polémique sur la levée du droit d'asile des universités grecques : ce droit d'asile, auquel il est difficile de toucher symboliquement à cause des évènements de 1974, permet à ces groupes de faire de certains établissements universitaires leurs bases, certains des cocktails molotoff utilisés lors des émeutes étant confectionnés dans les laboratoires mêmes de ces établissements !

    - des medias télévisuels qui, face à la défiance généralisée des citoyens envers la justice et l'Etat et la dictature de l'audimat, deviennent des sortes de tribunaux populaires, faisant leurs propres investigations auprès des témoins oculaires sans attendre le résultat de l'enquête officielle, jugeant en direct et avec virulence la réaction des acteurs concernés (auteur des faits, son avocat, ministres, opposition...). Ces medias vilipendent actuellement l'avocat célèbre du policier auteur du meurtre pour ses déclarations (il a cherché à nuire à la réputation de la jeune victime pour dédouaner son client) qu'ils ont eux-même contribué par le passé à élever au rang de "people" en relayant ses déclarations fracassantes envers d'autres personnalités et les informations sur sa vie privée.

    A noter aussi :

    - une population étrangère qui représente 10 % de la population (11 millions de Grecs) : la participation d'étrangers aux actes de pillage qui ont accompagné les émeutes fait craindre à certains analystes une poussée de racisme dans le pays

    - des citoyens qui, face à l'incurie des forces de l'ordre défendent leurs biens eux-mêmes (400 magasins brûlés à Athènes, sans compter ceux brûlés dans les villes de province)

    - des groupuscules d'extrême-droite (comme "L'aube dorée") qui s'ajoutent aux forces de l'ordre et cherchent à instrumentaliser les émeutes qu'elles présentent comme une danger gauchiste

    Si on attend aujourd'hui les résultats de l'étude balistique et de l'autopsie pour déterminer si le policier a sciemment visé le jeune qu'il a tué, il est évident que l'opinion publique grecque semble dores et déjà attendre une condamnation de l'auteur des faits, choquée par l'impunité dont ont jouit les forces de l'ordre dans des cas précédents. Cela risque de mettre la pression sur le système judiciaire et nuire à la gestion calme de cette affaire.

    Alors que le gouvernement craint une propagation plus large du mouvement dans les écoles, collèges et lycées avec des occupations (100 établissements à ce jour selon le gouvernement, 300 à 400 selon les syndicats enseignants), les Grecs attendent que le gouvernement prenne ses responsabilités. Au sein même du gouvernement, plusieurs voix mettent d'ores et déjà en cause le ministre de l'intérieur (qui avait demandé aux forces de l'ordre de rester passives lors des premières heures des émeutes) et même le premier ministre.

    Plus largement, les Grecs considèrent cette poussée de révolte de la jeunesse comme une catharsis et espèrent qu'elle poussera à la fois les gouvernants et les gouvernés de faire enfin face aux maux de la société grecque.

  • Je soutiens Gilles Artigues

    Ce très court message pour dire que je soutiens officiellement la candidature de Gilles Artigues comme candidat à l'euro-députation dans les Bouches du Rhône. Il a d'ailleurs ouvert un site : http://gillesartigues.free.fr/spip/ . J'avais déjà évoqué l'idée ici il y a peu.

    J'ai eu de nombreuses fois l'occasion de dire à quel point j'appréciais l'homme ici, particulièrement dans ce billet.

  • Image du MoDem (II)

    J'ai la chance d'avoir des commentateurs de qualité ici, je l'ai souvent dit. A mon billet précédent sur l'image du MoDem, j'ai eu une réponse magistrale de Nicolas007bis dans laquelle je me reconnais à 100%. En voici la teneur :

    Difficile en effet !
    Pour plusieurs raisons à mon sens.
    Tout d’abord, parce que cette manière de ne pas vouloir s’inféoder à un camp ou à un autre est considérée, par beaucoup, comme de l’indécision ou pire encore de l’opportunisme. On ne sort pas aussi facilement d’une ancestrale dichotomie Droite – Gauche qui t’oblige à choisir ton camp. A cela se rajoute le fait que malgré ce souci d’ouverture vers ce qu’il y a de mieux d’un coté comme de l’autre qui a été le fondement du discours de François Bayrou, celui-ci et le Modem en général ont paru être plus souvent sur la même ligne que les Socialistes que de l’UMP ce qui rajoute à la confusion.
    Je crois que sur ce point, l‘aversion de François Bayrou pour Sarkozy, dessert plutôt l’image du Modem. Il serait souhaitable qu’il en prenne conscience.

    Au Municipales, les alliances ici avec listes de Gauche et là avec des listes de Droite ont été qualifiées par les autres partis et plus grave encore par les medias comme étant à « géométrie variable ». Or, c’était pourtant en parfaite cohérence avec le positionnement du Modem !
    Le travail d’explication déjà délicat a été rendu d’autant plus difficile que les Municipales ont laissé l’impression que le Modem n’était qu’un ensemble hétérogène d’individus aux motivations plus ou moins claires. Il aurait été préférable que le Modem en tant que tel, de manière « officielle », définisse plus précisément les conditions d’alliances avec une autre liste au lieu de laisser les candidats locaux faire leurs propres choix au prix de ce qui a pu apparaitre comme des petits arrangements au service d'ambitions personnelles.

    L’autre raison pour laquelle il est difficile d’améliorer l’image du Modem, est que le Modem manque de têtes d’affiche. Elles ont toutes fuies vers des cieux plus prometteurs. Certaines par opportunisme pour garder leur siège qui de député, qui de sénateur mais d’autres probablement par réelle et sincère déception. Il serait certainement utile de s’interroger sereinement sur les causes de cette hémorragie.

    Autre point étroitement lié avec le précédent, le Modem étant perçu comme le parti au service des ambitions d’un seul homme, il n’est guère entendu en tant que tel. Seul François Bayrou est écouté, le reste du Modem étant considéré comme l’intendance. Or tout le monde se fout de ce dit l’intendance d’autant plus que sa parole n’est portée que par des « anonymes » (ce qui n’a rien de péjoratif évidemment).
    Si le Modem veut se doter d’une vraie personnalité, il lui faut une ligne directrice. Il manque un vrai cadre idéologique à partir duquel il pourrait structurer un discours et une attitude politique homogène et visible. Aussi populaire soit-il, un programme se limitant au slogan « Bayrou président » ne peut suffire.
    Bon, j’ai conscience que tout cela ne répond pas vraiment à ta question mais il me semble que pour faire avancer le Modem, ou améliorer son image, il est nécessaire en préalable d'être d'accord sur ce que sont ses faiblesses.

    J'ajoute que Benoît, dans le même fil de commentaires, fait observer que le MoDem ne dispose toujours pas de plate-forme programmatique. Après plus d'un an d'existence, il serait grand temps de s'en doter, en effet...

  • Ted Crunch nous prend vraiment pour des c...

    Bon apparemment, l'arrogance américaine, cela existe encore. Tech Crunch, le blogueur américain  le plus connu (moi, j'ai longtemps cru qu'il s'agissait d'une marque de chocolat) fait le malin et vient nous donner, à nous autres Européens, des leçons de morale. Il paraîtrait que l'on ne bosse pas assez. Ben oui, on prend le temps de manger, quoi...

    Faut dire qu'il ne manque pas d'air Arrington : il a été reçu comme un prince, dans un restaurant trois étoiles, et il se plaint, cet abruti. Il faut dire que cela ne vole pas haut. Il aurait pu évoquer des pistes de coopération, proposer des données chiffrées, mais non, il préfère ouvrir la gueule la plus grande possible pour aboyer. A ce que j'ai cru comprendre, l'individu est de toutes façons plus préoccupé de show-biz que de technologie...Bref, les chiens aboient, la caravane passe comme le dit un proverbe arabe fameux...

  • Comment améliorer l'image du MoDem ?

    S'il y a une question lancinante qui me trotte dans la tête, c'est bien celle-là : comment améliorer l'image du MoDem. Le Mouvement Démocrate a en effet, sur ce point, raté son entrée sur la scène politique. Parti le plus populaire des partis, il s'est peu à peu désagrégé dans l'opinion au point de figurer désormais derrière le PS et les Verts. Les derniers résultats aux législatives partielles, globalement très décevants (voir l'analyse de Bob à ce sujet), sont certainement une manifestation de cette dégradation.

    La seule consolation, c'est que le MoDem demeure solide sur sa base électorale et que de toutes façons, le Nouveau Centre est purement et simplement inexistant.

    Le MoDem souffre de deux gros handicaps par ailleurs : en dehors de François Bayrou et de quelques élus localement implantés, il ne dispose d'aucun représentant de grande notoriété. Ensuite, il est perçu davantage comme le parti d'un homme (François Bayrou) que comme un parti à part entière.

    Malheureusement, l'épisode des municipales a été très mal compris et très mal perçu, jusque dans son sein. Nous ne parvenons pas à remonter la pente depuis. Une forte côte de popularité n'est pas pour autant une garantie électorale : les Verts sont le parti le plus populaire de France, et cela ne les empêche pas d'encaisser de régulières baffes électorales. Leur problème n'est de toutes façons pas le même que le nôtre.

    Il nous faudra du temps pour nous faire connaître, et le volontarisme et la foi des militants ne seront pas nécessairement suffisants pour ce faire. La force de nos propositions est une incantation, mais elle ne suffit pas. Encore faut-il les faire connaître ! A cet égard, il n'est pas moins fâcheux pour nous de constater l'échec partiel d'Internet comme média alternatif pour l'information. Seuls 10% des Français vont y chercher de l'information, et, on peut supposer que ce sont les plus impliqués donc les plus marqués politiquement, et donc, in fine, les plus difficiles à convaincre...Or, l'Internet est au coeur de la stratégie de communication du MoDem.

    Je dois avouer que je n'ai pas de baguette magique. Je pense, en revanche, que pour nous qui prônons la solidarité comme valeur, nous avons tout intérêt à commencer par être solidaires entre nous, solidaires avec nos élus et nos candidats, et, enfin, solidaires avec notre mouvement. Ils en ont bien besoin.

  • A l'aube de la république romaine, la dette, déjà...

    J'ai retrouvé sur le journal Le Post, grâce à un diligent auditeur de l'émission A vous de juger, le script de l'entretien d'Arlette Chabot avec Bayrou, Copé et Montebourg. Il y a une petite phrase de François Bayrou qui a attiré mon attention : il répond à Copé sur ce qu'il estime être le rôle du Président en France. Pour lui, un président doit défendre avant tout les plus faibles, et il ajoute, à Rome, il y avait un tribun de la plèbe. Cela me fait fortement penser à ce que j'ai écrit au mois d'août sur les tribuns et le centrisme tribunicien (ce qui m'avait valu tout de même, en plein mois d'août, 241 commentaires pour le second billet, et ce en deux à trois jours !!!).

    Du coup, j'ai repensé à la naissance de cette fonction politique à Rome, et notamment à ce qu'en avait dit Tite-Live, et je me suis souvenu des circonstances : on était en pleine crise du crédit ! Mais oui, tout à fait ! A cause des guerres, pas mal de citoyens romains s'étaient retrouvés endettés parce qu'ils avaient du laisser leurs champs, et que parfois, leurs domaines avaient été pillés par les troupes adverses. Du coup, ils avaient du emprunter et chemin-faisant, l'usure les avait réduits à un quasi-esclavage. Tite-Live évoque cela avec une technique très forte : il fait parler un ancien centurion romain. L'homme est couvert de plaies et se jette aux pieds des citoyens assemblés sur le forum. Le récit de ses mésaventures enflamme littéralement le peuple, et, comme le dit Tite-Live, «non iam foro se tumultus continet, sed passim totam urbem peruadit» (le tumulte ne se limite plus au forum, mais se répand de toutes parts dans toute la ville). C'est intéressant, comme formulation, et l'on n'en saisit pas toute la portée si l'on ignore ce que représente le forum pour les Romains. Le forum, c'est l'endroit où l'on traite des affaires économiques et politiques. Que Tite-Live dise texto que le tumulte ne se contient plus dans le forum, c'est qu'il y a un embrasement généralisé. Dans nos sociétés modernes, si les conflits débordent le champ politique, ils envahissent toute la société. On peut voir là une image ancienne applicable à notre monde moderne : forum pour le champ politique, urbs pour la société dans son ensemble. Or, Tite-Live insiste en précisant passim (çà et là) et totam (toute) : c'est un véritable quadrillage ! la colère qui enfle déborde et envahit les moindres recoins de la cité. C'est exactement ce qu'il pourrait se produire pour notre société mondiale si la crise tourne mal. Mais, revenons aux dettes.

    Ces pauvres gens qui sont endettés jusqu'au cou, Tite-Live les appelle des nexi. Nexus, en latin, cela veut dire lié, enchaîné. Liés, parce qu'ils ne sont pas encore esclaves, mais, sur le bon vouloir de leur prêteur, ils peuvent le devenir du jour au lendemain. Tout comme les États endettés aujourd'hui, tout comme les individus à la merci d'une créance.

    Et je trouve que Bayrou est bien dans le rôle d'un tribun, parce que justement, cette fonction-là n'est pas (plus ?) représentée en France. Ce sont des corps, et pas intermédiaires pour le compte, contrairement aux propositions de Marielle de Sarnez (elle en a encore reparlé dans le Talk du Figaro de cette semaine) qui dominent les strates du pouvoir en France, et, nulle part, le Tiers-État, pour reprendre le titre de l'ouvrage fameux de François Bayrou, ne peut s'y exprimer.

    Mais pour revenir au crédit et aux dettes, je m'aperçois que l'histoire se répète, jamais sous la même forme, mais toujours avec la même trame. Rome s'en est finalement sortie, tout du moins, de cette crise-là, mais, les luttes sociales ont fini par l'abattre 450 ans plus tard. La différence, c'est qu'en 494 av J-C, Rome avait su innover en créant une nouvelle fonction politique et de nouvelles dispositions juridiques. Mais, à la veille de son effondrement politique sous les coups de boutoir assénés par des ambitieux de tout poil, à commencer par Jules César qui cherchait à cumuler tous les pouvoirs (tiens tiens...) c'est peut-être l'absence d'issue et d'innovations politiques qui ont finalement mis à bas la République.

    Sans être outre-mesure alarmiste, j'aperçois tout de même chez nous les prémisses inquiétants des ingréidents qui ont fait chuter la République romaine.

    Tite-Live n'a pas toujours donné des informations exactes (il faut imaginer qu'il décrit les premières révoltes à Rome presque 500 ans après les faits) mais ce qu'il rapporte, il le rapporte avec beaucoup de finesse. Et puis il un autre avantage conséquent : il a vécu l'effondrement de la République ! Il a vu donc jaucher le cycle de vie de la République Romaine et la répétition fatale des mêmes causes dans le temps. Ils pouvaient donc comparer les évènements. Certes, il s'en garde, et c'est tout à son honneur, on devine le souci d'objectivité qui est le sien, mais cela devait être certainement présent à son esprit, lui qui venait de vivre une très violente guerre civile...

  • Le mot Europe rassure les Français !

    Alors ça, c'est une bonne nouvelle. Je viens de le lire sur le blog de Jean-Pierre Jouyet, dans son message d'adieu (intitulé en fait Au revoir). Le mot Europe rassure les Français ! J'ai eu une confirmation grâce à un magazine luxembourgeois qui cite l'Institut Médiascopie. Europe, euro,eurogroupe,banque centrale européenne rassurent les Français. Dette, chômage, parachute doré sont anxiogènes. Je ne peux pas le dire, mais on est en plein dans le projet politique du Parti Démcorate Européen et du MoDem que j'expose ici depuis quelques temps. C'est une excellente nouvelle et un retournement de tendance inattendu. C'est le moment où jamais de renvoyer dans leurs cordes tous les nonistes de toujours. Si nous sommes protégés aujourd'hui, ce n'est pas grâce à eux. Je suis heureux que les Français se rendent compte du rôle de l'Europe pour eux.  Eurogroupe, cela résonne agréablement à leurs oreilles, et ce n'est pas sans évoquer le point d'orgue du projet démocrate : la solidarité. Devinez qui propose de renforcer l'eurogroupe ? Et voyez la place de l'idée de solidarité dans la déclaration de principe du Parti Démocrate Européen...

  • Les finances des États au bord du gouffre ?

    Je prie pour que le scénario catastrophe ne se produise pas, et je songe en mon for intérieur que jamais encore l'avertissement de François Bayrou sur notre dette n'avait pris tant de force qu'aujourd'hui. Bien sûr, Pébereau ou Christian Blanc avaient fait ce même constat dès 2005, mais seul Bayrou a osé en faire un thème de campagne, et quel thème !

    Je me demandais hier si la France allait trouver des prêteurs pour son plan de relance, constatant les difficultés des pays voisins. Or, je viens de lire dans Le Monde d'aujourd'hui que les USA ont peiné à trouver des acheteurs pour 28 milliards de dette à échéance de trois années. Jusqu'à il y a peu, les dettes des États étaient jugées par les marchés comme les investissements les plus sûrs. Mais ils commencent peut-être à les bouder. Or, si les acheteurs font la fine bouche devant les émissions américaines ou allemandes, que croyez-vous qu'ils vont faire avec les émissions françaises ? Accessoirement, s'il y a aujourd'hui une crise de liquidités, en croyant bien faire, les États pourraient assécher littéralement le marché des crédits, et faire grimper les taux sérieusement. Pour trouver preneurs les États vont devoir hausser leurs taux d'intérêt. Ce qui veut dire, pour la France, que nous allons payer encore plus cher et notre plan de relance, et nos déficits ordinaires. En fait, cela signifie tout simplement que nous ne pouvons plus nous permettre de déficits ordinaires.

    Je n'ose même pas imaginer ce qu'il va se produire dans un état comme la Grèce. Le laxisme budgétaire (mais pas seulement, on peut lire à cet effet l'excellent entretien du Figaro avec Takis Théodoropoulos) y a été tel que ce ne sera plus une explosion sociale, mais un basculement de grande ampleur que l'on peut craindre là-bas.

    Le mélange explosif du crédit facile et de l'endettement des États risque de mettre le feu pas seulement au système financier international mais à l'économie mondiale. Et personne ne devrait s'en réjouir ou le souhaiter : ils seront les premiers à payer cash une telle explosion.