Je rebondis sur une note de Rubin Sfadj à propos du syndicalisme français. Voilà l'occasion de produire un billet que je méditais depuis quelques temps déjà.
Rubin Sfadj y écrit notamment «les syndicats de salariés représentent de moins en moins de travailleurs». J'ai bien envie d'opérer un petit rectificatif : «les syndicats de salariés représentent de moins en moins le travailleur». Et je pense que mon «le» est bien à l'origine des maux de nos syndicats et de leur faible représentativité. Les syndicats français sont incapables d'un accompagnement individuel. Ils ne rêvent que de grandes luttes et de mouvements collectifs dans lesquels ne se reconnaissent que peu ou pas les salariés. Or, notre société a évolué : c'est une donnée qu'elle se morcelle et s'individualise. C'est d'ailleurs l'essence de la démocratie libérale dans laquelle nous vivons. Or, quand il s'agit de gérer les intérêts d'UN travailleur, un seul, les syndicats sont au mieux incompétents, au pire inconsistants. Les individus et les histoires personnelles ne les intéressent pas. Or, dans notre société où la solidarité se fait toujours plus défaillante, c'est l'accompagnement individuel qui fait le plus cruellement défaut, et c'est cela que veulent les gens en général. Que l'on pense à eux non en tant que classe sociale, mais en tant qu'individus. Tant que les syndicats français n'auront pas compris et reconnu cette évolution irréversible, ils continueront leur lente mais inexorable déchéance.