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école - Page 5

  • Ces abrutis vont réussir à assécher le professorat...

    Tiens tiens...ce que je prédisais il y a un an, je crois, prend forme, à l'évidence. Les candidats désertent les concours de l'Éducation Nationale.

    Ils sont drôles les comiques du Ministère qui reconnaissent «moins de deux candidats présents pour un poste en lettres classiques ou en maths». En lettres classiques, il y avait 135 candidats pour 185 postes ! Le ratio est comparable en mathématiques : il n'y avait que 1300 à 1500 candidats présents pour 945 postes et encore ... un oeil attentif sur l'édito de Didier Missenard du Café Pédagogique lève le voile qui recouvre pudiquement le pot aux roses : en somme, les futurs lauréats seront en grande partie des recalés des années précédentes.

    Et pendant que les jeunes Français désertent le professorat, ces cons continuent à tirer à boulets rouges sur les enseignants. Il faut dire que le rapport des sieurs Xavier Breton et Yves Durand est une anthologie à soi seul. Jugez donc de la tonalité de la prose.

    Après avoir flingué la formation des jeunes enseignants, ce gouvernement s'apprête à les faire travailler plus, et tente de redéfinir leur temps de travail sous des prétextes fallacieux : les sieurs Durant et Breton écrivent ainsi outre qu’elle ne contribue pas à l’objectif de la réussite de tous les élèves, la définition du service des enseignants du second degré dessert ces personnels auprès de l’opinion publique.

    Ah, l'opinion publique...Quel tas d'abrutis. J'ai démontré, il y a peu, que les enseignants n'étaient même plus dans les classes moyennes, désormais. Dans leurs premières années, ils font partie des classes populaires, des milieux modestes. Tous les projets de réforme en cours n'ont qu'un seul objet : dégrader les conditions d'exercice de leur métier. Mais rassurez-vous, les gars, ça marche : les candidats commencent à déserter les concours, comme je l'avais anticipé, et je peux même faire encore mieux que la Pythie de Delphes dans les prédictions. Écoutez l'Oracle de l'Hérétique : ça va s'aggraver !

    Bientôt, l'enseignement ne sera plus assuré que par des personnels faiblement qualifiés, ayant échoué aux concours, parfois pas même titulaires d'une licence, recrutés à l'étranger en sciences. Et pour ceux qui auraient la naïveté incroyable d'imaginer que cela fera ainsi le lit de l'enseignement privé, qu'ils soient détrompés ! C'est souvent ignoré, mais, en moyenne, la qualification des enseignants du public est nettement supérieure à celles de ceux du privé. Le privé l'emporte grâce à son encadrement, et parce qu'il peut sélectionner ses élèves, ce que ne peut en aucun cas faire le public.

    Quand les Français se réveilleront (s'ils se réveillent, parce que c'est tendance de faire de l'enseignant l'alpha et l'oméga de la fainéantise ou encore un vil privilégié qui profite du système), il sera trop tard pour éviter le désastre.

    Ce n'est pas pour casser l'ambiance, jeunes gens et jeunes filles qui vous portez candidats aux concours des métiers de l'enseignement, mais, si j'étais vous, j'obliquerais pendant qu'il est encore temps. Lisez donc les rapports qui s'accumulent, et pour compléter votre édification, les programmes des partis politiques : vous n'avez pas le vent en poupe. Vous ne gagnerez pas un kopeck de plus, mais on vous retirera, en revanche, les maigres avantages dont vous bénéficiez encore jusque là.

    Enfin, si portés par la foi, vous décidez de rester, battez-vous, les petits et les petites, parce que là, vous êtes dans la nasse, et jusqu'au cou...

  • Pan, dans la gueule des profs et de leurs élèves...

    Pas trop mal le dernier éditorial de François Jarraud au Café Pédagogique... Il a eu la bonne idée d'éplucher le rapport de la Commission des affaires culturelles de l'Assemblée Nationale sur les rythmes scolaires. En fait, cela va bien au-delà des seuls rythmes scolaires. François Jarraud n'est pas content. On le comprend. Nous non plus.

    Entre autres âneries monumentales, on trouve l'idée "géniale" d'alléger les contenus disciplinaires jusqu'à leur évaporation, pour reprendre la juste formule de François Jarraud.

    Vous allez halluciner, chers lecteurs, quand vous allez prendre connaissance des recommandations des deux imbéciles députés qui ont pondu le fameux rapport. Accrochez-vous bien et tenez-vous à votre siège : 

    Il serait souhaitable de réduire le temps de cours magistral, de développer les enseignements pluridisciplinaires et de repenser les temps pédagogiques et les séquences d’enseignement... Tout ceci impliquerait de faire varier les formes de regroupement des élèves. Il faudrait davantage recourir aux groupes de compétence, aux ateliers d’accompagnement, aux « cours dialogués », etc. Des cours magistraux de soixante à quatre-vingts élèves pourraient être dispensés ... 

    Génial, non ? Il fallait y penser. Putain, j'aurais mieux fait de fermer ma gueule le 28 juin dernier. Châtel prévoyait des classes à trente, mais il y a eu des zélés pour imaginer mieux. J'avais alors emprunté à Orange Démocratique sa salle d'école du futur, mais on va y arriver sans rire, avec des zozos de ce genre. Allez, encore un effort : elle pouvait accueillir 332 enfants. 60 à 80 par classe, ils sont petits joueurs les compères Breton et Durand...

    En autres joyeusetés, nos deux tristes sires envisagent d'en finir avec les disciplines actuelles pour se contenter de bloc disciplinaires, et, pour faire bonne mesure, de cesser de fixer des horaires plancher. Seuls des maxima seraient établis dans la loi, gravés dans le marbre et tout ça et tout ça. On aurait le droit de faire 0 heures de français par semaine, par exemple. Ingénieux, non ?

    Les profs vont apprécier le sort qui leur est dévolu : révision des services, considérés désormais selon la présence dans l'établissement. Je traduis : 35 heures de présence. Ségolène Royal va être contente, tiens. Ensuite, réduction drastique du temps de vacances (-3 semaines en été). Compensations salariales ? Aucune. A vrai dire, comme notre État impécunieux n'a absolument pas les moyens d'augmenter quelque salaire de la fonction publique que ce soit, à l'heure actuelle, soit ces deux idiots députés sont déterminés à faire une déclaration de guerre en bonne et due forme au corps enseignant, soit leur niveau de réflexion est inférieur à celui de cloportes atteints de la maladie d'Alzeimher.

    Je me suis dit qu'une telle "Somme" valait le détour. Du coup, j'ai été voir de mes propres yeux sur le site de l'Assemblée Nationale. Profond soupir. On nous bassine avec les réussites supposées du collège Clisthène de Bordeaux. Encore une supercherie. Le tout bien-pensant médiatique salive et bave d'admiration, mais la réalité est que les résultats de Clisthène sont conformes à ceux d'un collège de composition similaire (les résultats s'améliorent simplement parce que les classes aisées viennent s'y inscrire !). Il y a en revanche un autre son de cloche : celui des proviseurs du secteur. Ils observent que les élèves qui viennent de Clisthène ont quelques "difficultés" à s'adapter au lycée... Ainsi, la brillante expérimentation pédagogique des disciples des Meirieu et consorts (oui, oui, celui qui a été élu euro-député des Verts en Rhône-Alpes et qui prend du galon à Europe-écologie) repose en fait sur une imposture.

     

  • Bien sûr que si, il faut garder l'excellence !

    Je vous le donne en mille : après PISA 2009, il nous restait encore l'excellence, mais le choeur des pédagogols s'est récrié. Puisque l'école favorise les meilleurs, il faut bannir les meilleurs et l'excellence. Et de crier haro sur les enfants des profs, ah, les salauds, qui réussissent mieux que les autres.

    Un fils, une fille de profs, aujourd'hui, qu'on se le dise bien, c'est un enfant de milieu pauvre ou modeste, comme je l'ai établi il y a peu. Au mieux, c'est la classe moyenne.

    Alors il faudrait leur ôter le droit d'être studieux ? Vous avez entendu cette cohorte de connards démagogues qui ne savent plus quoi inventer pour couler notre école républicaine ?

    J'avoue que mon exaspération grandit au fur et à mesure que je lis les réactions à l'enquête PISA. C'est la fuite en avant. 

    Sans dénier que les rythmes scolaires soient probablement fatigants, le rôle de bouc-émissaires qu'on veut leur faire jouer est ridicule. Ils étaient les mêmes  il y a 40 ans et notre système éducatif dans un bien meilleur état. Les vacances d'été duraient plus longtemps, et celle de l'année moins longtemps. A rebours, donc, de ce que clament nos experts ès chronobiologie aujourd'hui. Je ne me prononce pas sur la fatigue engendrée, mais en ce qui concerne les résultats scolaires, c'était apparemment mieux avec des vacances plus longues l'été. 

    Il suffit de lire les rapports bidons des comités Théodule, qu'ils soient installés à l'Assemblée Nationale, au Sénat ou à l'Institut Montaigne, pour comprendre l'ampleur de l'inertie : ils passent tous à côté de la plaque.

    Sérier les problèmes, ce n'est pourtant pas sorcier : Hashtable lève une partie du couvercle sur son blogue, et Paul Vilach l'autre sur AgoraVox.

    Hashtable évoque l'alourdissement des disciplines : voyons, qui a ajouté la découverte professionnelle, la vie scolaire, l'histoire de l'art, le carnet de compétences, les plans Théodule à chaque fois qu'un incident se produisait quelque part depuis plusieurs années ?

    En vérité, il existe un plan simple pour remettre l'Éducation Nationale sur les rails, même si cela doit prendre du temps :

    a) réaffecter tous les moyens alloués à ce qui ne sert à rien : formation continue des enseignants, ni diplômante ni efficace, fausses disciplines surnuméraires telles que la découverte professionnelle, l'éducation civique ou encore l'EJCS au lycée, dépenses de fonctionnement idiotes en raison de la rigidité de la comptabilité publique (quasi-impossibilité de ré-allouer des postes budgétaires, minorité budgétaire des établissements auxquels on interdit de choisir eux-mêmes leurs prestataires) pour citer quelques exemples. En ce qui concerne la découverte professionnelle, il existe des troisièmes techniques et professionnelles de bon niveau, voire de très bon niveau, jusqu'à peu. Il suffit d'utiliser l'existant.

    b) garantir à chaque établissement scolaire les moyens de mettre en place la remédiation pour les plus faibles (RASED et aide individualisée massive dans les écoles primaires), l'excellence pour les plus à l'aise (enseignement de l'allemand offert dès l'école primaire en alternative à l'anglais et garantie de sa poursuite au collège, langues anciennes partout, de l'établissement de centre-ville parisien à celui de la cité de Seine Saint-Denis). 

    c) Laisser une liberté totale d'utilisation de ses fonds et de sa dotation horaire à chaque établissement, en fixant toutefois quelques horaires plancher pour les disciplines fondamentales (français, mathématiques, histoire hors éducation civique, anglais). Faire de même pour l'organisation de ses enseignements et de ses classes, y compris en générant des groupes de niveau verticaux (ne tenant donc pas compte de la classe), par exemple en langues vivantes. Ces choix pourraient figurer dans un projet d'établissement pluri-annuel. 

    d) en finir avec les évaluations bidons. Il ne doit plus s'agir de déterminer la compétence d'un élève, mais son niveau d'entrée dans un établissement, et son niveau de sortie. On peut le faire avec des exercices simples : la dictée, l'expression écrite (la rédaction), le calcul mental, les repérages et la capacité à formaliser mathématiquement des problèmes, la connaissance de la géographie du monde, de notre histoire et de notre civilisation ainsi que les grandes dates de la France. Des choses simples. On pourrait même économiser le coût du brevet. C'est évidemment la progression des élèves entre l'entrée et la sortie qui pourrait permettre de décerner un vrai label de qualité à l'établissement.

    Il y a quelques enseignants dans ma blogroll (le privilégié, Démocratix, Princesse Soso, Natacha Polony), j'aimerais savoir ce qu'ils pensent de ces propositions, de même que ceux qui s'intéressent particulièrement à l'éducation comme Mirabelle, Isabelle ou encore SOS-éducation. Tous les blogues de l'Échiquier sont évidemment appelés à contribuer aussi, et plus généralement tous ceux que la question intéresse.

  • Numérique à l'école ? Laissez faire l'intelligence collective, Luc Châtel !

    La nouvelle marotte de Châtel, c'est le numérique à l'école. Ce qui me frappe, quand je considère l'état du développement numérique dans les établissements scolaires, c'est d'abord l'indigence du matériel, et ensuite le gaspillage effréné auquel se livrent les collectivités. Dans de nombreux départements on voit les services pédagogiques des Conseils Généraux imposer des organisations informatiques, des prestataires de service, parfois même le choix du matériel.

    Oh, parfois, il y a bien un questionnaire qui descend jusque vers l'équipe pédagogique, mais il remonte rarement, et même en supposant qu'il aboutisse quelque part, sa destination la plus sûre est la poubelle ou un fond de placard où il finira par jaunir.

    Et pourtant, quand on considère le coût des prestataires auxquels les départements font appel, cela coûterait tellement moins cher de s'adresser à un enseignant qui dispose des compétences ad hoc et de lui attribuer une indemnité, au pire une décharge horaire !...

    Mais voilà : il faut pro-fes-sion-na-li-ser ! Oui, professionnaliser, on vous dit. Alors mieux vaut faire appel à une société extérieure, qui n'y entend goutte aux besoins du terrain parce qu'elle travaille généralement avec des entreprises, pas des communautés éducatives.

    J'ai eu l'occasion d'ouïr un témoignage des plus édifiants quant à la propension bien française à contrôler tout par le haut. Un ami, enseignant de son état, évoquait la politique menée par le département dans lequel il exerce pour informatiser à marche forcée les établissements scolaires.

    On retrouve là quelques recettes bien connues de l'administration française et plus généralement de la société française.

    Mais bon sang, camarades conseillers généraux, inspecteurs et conseillers techniques des ministres, laissez un peu faire l'intelligence collective, que Diable (tiens, voilà qui ferait plaisir à Crouzet et à son Noâm, parce que de la tune dans le caniveau, on en déverse méchamment, dans la numérisation de l'école) ; l'intelligence collective élimine d'elle-même ce qui ne marche pas, elle est donc efficiente, et elle coûte moins cher que les solutions privées. Tiens, prenons en exemple les mathématiques : depuis de nombreuses années, les enseignants de France et de Navarre se sont organisés pour produire moult ressources dans leur discipline. Ils ont même fabriqué un manuel numérique parfaitement exploitable. Leur nom est connu, au moins dans la sphère éducative : Sesamaths. Que croyez-vous que fassent les inspecteurs de mathématiques de l'Education Nationale ? Eh bien ils freinent des quatre fers cette expérience en l'empêchant de s'imposer dans les collèges. Et pendant ce temps-là, le Ministère veut allouer de 500 à 2500 euros par établissement pour acheter des logiciels. Il ferait mieux de financer le logiciel libre, plus performant, plus adaptable, plus évolutif et mieux suivi que toutes les solutions professionnelles. Le libre, d'accord ? Pas le professionnel, pas l'administratif qui a ciré les pompes du bon administrateur, mais le libre qui s'organise tout seul, comme un grand. 

    Autre exemple : depuis Xavier Darcos, on ne parle plus que des fameux ENT (Environnement numérique de travail). Je ne suis pas sûr d'avoir clairement compris de quoi il s'agit, mais en gros, ce serait une sorte de serveur où les enseignants rentrent des notes, des appréciations, utilisent des logiciels, communiquent entre eux, et cetera...Bref, l'enjeu principal, c'est d'organiser le réseau de l'établissement. Il existe un groupe d'enseignants qui a mis en place un système de ce type depuis près de 10 ans (il répond au doux et poétique nom de Gepi). Ils ont monté une liste de diffusion d'utilisateurs de plusieurs centaines de membres et développent leur outil sur un mode coopératif. Le projet a survécu à tous les avatars et se montre toujours plus performant. De nombreux lycées et collèges l'ont adopté. Il est de surcroît gratuit, ce qui n'empêche pas qu'une petite contribution financière est la bienvenue quand c'est possible. Bref, ça marche ! et ça marche bien, même. Cela marche bien et ce n'est pas cher. Eh bien non, partout, les départements prévoient des projets mastodontesques et coûteux, se chiffrant parfois en dizaine de milliers d'euros. Réinvente la roue, mais surtout, professionnalise et paie cent fois ce qu'elle t'a coûté la première fois. 

    C'est marrant, ça : il y a une fascination des administrations et de la fonction publique, du moins parmi ses cadres, pour le privé. On se dit que le privé est forcément mieux. C'est bien possible dans certains domaines, mais dans l'éducatif, pour l'instant, je suis très loin d'être convaincu de la chose...Et puis, tiens, comme libéral, je mets mon grain de sel : être libéral, ce n'est pas faire appel au privé par conditionnement. Être libéral, c'est faire confiance à l'individu, à sa capacité à s'organiser avec d'autres individus (on appelle ça une association), et c'est aussi faire le choix de l'efficacité et de la performance. Ja, Gross Kapital, c'est bien, mais schön bedide (petite) coöperativen, ça marche bien aussi.

    Nom de Zeus, faites confiance au coopératif (ça, ça va faire plaisir à Antonin), à l'intelligence collective. Elle sait mieux que vous, Tovaritchi administratifs ce qui lui convient et ce qu'il lui faut.

    Il n'y a pas de société qui défende plus son pré carré que la société française, tout en se défiant plus que tout de l'initiative des individus.  En France, on part toujours du principe que l'individu n'est pas responsable, qu'il vaut mieux une grosse structure que deux ou trois personnes et qu'on est mieux servi de loin que de près.

    Pourtant, les individus sont capables de s'organiser en réseau et de produire des choses qui fonctionnent : wikipedia en est la démonstration la plus éclatante, mais elle n'en est pas la seule. Internet est une force de résistance, d'une certaine manière, au lieu commun, à la doxa ambiante car là, plus que nulle part ailleurs, il s'y constitue une organisation lâche mais spontanée qui échappe aux tentatives de catégorisation traditionnelles.

  • Pagny, tu te fous de nous...

    Il est trop drôle ce Florent Pagny. Bien sûr, il ne s'agit pas de faire une affaire d'état pour les propos qu'il a tenu. Ce gars-là n'est pas raciste, il faut cesser de dire n'importe quoi. En revanche, lui, il pourrait déjà commencer par apprendre à utiliser des termes exacts avant de tomber sur son fiston.

    Bon, qu'il arrête de nous prendre pour des cons :

    a) pas besoin de s'exiler à Miami pour éviter au fiston de parler le langage "racaille". Même dans les zones difficiles les Catholiques ont mis en place des écoles privées qui permettent d'y échapper et les familles d'origine immigrée qui accordent de l'importance à l'école ne se privent pas d'y inscrire leurs enfants.

    b) le "rebeu", comme dit Pagny, c'est du français transformé. Ridicule de parler de "re-beu" dans ces conditions.

    c) Pour finir, mon gars, assume un peu ton rôle de parent : les enfants qui reviennent avec des vilains mots de l'école, c'est dans toutes les écoles. Quand on n'en veut pas à la maison, il suffit de le leur dire et d'être clair. Utiliser le langage qui convient quand il faut et avec qui il faut, cela s'appelle s'adapter à la situation de communication. Une compétence sociale apprise en principe grâce à la famille...

    J'aurais pu comprendre qu'une famille modeste coincée dans le 93 dérapât ainsi, mais Pagny qui est pété de tunes, c'est trop drôle. Arrête de te payer notre tête, mon gars : si tu te barres à Miami, c'est pas pour ton fiston, c'est pour ne pas payer tes impôts, point à la ligne.

  • Apprendre aux enfants à lire...

    L'avantage, quand Bayrou prononce un long discours, c'est que je n'ai plus besoin de me casser la tête à écrire des billets. Tout ce qu'il dit est tellement frappé du coin du bon sens qu'il n'y a plus qu'à le reprendre par thèmes et parties et à faire un copier-coller...

    Je propose que l'on fasse deux choses. 

    La première : nous aurons à éduquer les enfants et, la deuxième, nous aurons à reconquérir la production et, chaque fois qu'elle est partie, aussi difficile que cela soit, la re-localiser en France. 
    Et je n’entrerai pas dans les grands discours sur l’éducation. Je peux le faire. J’aime ça. Passionnément. La Corée du Sud. Comment un pays qui est, il y a trente ans, parmi les plus pauvres de la planète réussit – en trois décennies !- sans aucune matière première, avec un coût du travail non pas comme en Chine dix ou vingt fois moins cher que le nôtre, avec une population moyenne et un territoire cinq fois moins grand que le nôtre, à s’installer au premier rang de toutes les productions industrielles que nous avons désertées, des chantiers navals aux composants électroniques, et même là où nous sommes forts, des trains à grande vitesse aux centrales nucléaires… Il y a sans doute beaucoup de raisons. Je vous en donne une : meilleur enseignement primaire du monde ; meilleur taux de scolarisation à l’université du monde. Et du coup, dépôt de brevets. Et je sais quelles inflexions nous avons à penser pour l’université, pour l’articulation entre l’université et le lycée, pour la généralisation de la formation professionnelle, y compris au sortir de l’université, de la préparation à l’autonomie non pas tant de l’université que des étudiants. Nous aurons ces débats. Mais je sais une chose, une : si nous n’apprenons pas à lire aux enfants, tout cela est vain ! Or 30 pour cen des enfants, au moins, sortent de l’école primaire sans savoir vraiment lire, facilement, en comprenant. Et s’ils ne lisent pas tout le reste ne sert à rien. Et ils traîneront, et ils seront ces « publics » comme on dit sans formation, dans un monde où chaque jour davantage, informatique aidant, l’écrit domine tout. 

    Et donc, c’est un impératif, moral, humain, économique, culturel, émancipateur, conservateur, tout ce que vous voudrez, mais c’est un impératif sur lequel nous ne cèderons rien. Les moyens nécessaires seront mobilisés, la réflexion nécessaire sera conduite, mais la France apprendra à lire à 100 pour cent des enfants qu’elle confie à l’école primaire ! Et je concède que ce n’est pas simple, d’accord, que cela exige soutien et remise en cause, et recherche pédagogique, tout ce que vous voudrez, (je crois d’ailleurs que c’est moins compliqué qu’on ne le croit et que ce que faisait la troisième république le XXIe siècle, après tout, avec tout notre génie technique peut peut-être y prétendre), mais nous allons apprendre à lire aux enfants ! 

  • insécurité : le double-jeu de Luc Châtel

    S'il y en a bien un qui exsude l'hypocrisie, c'est bien Luc Châtel. On l'entend fanfaronner comme porte-parole du gouvernement à propos de la lutte contre l'insécurité, mais à porter deux casquettes, super-menteur oublie que comme Ministre de l'Éducation Nationale, il a donné consigne aux recteurs et aux chefs d'établissement de rendre les exclusions quasiment impossibles.

    En somme, les délinquants qui polluent les établissements scolaires vont pouvoir prendre pension à demeure et faire tache d'huile sans plus avoir à craindre la moindre sanction.

    Il est toujours davantage interdit d'interdire dans l'école sarkozyste de Luc Châtel. Trop drôle la scène de la levée d'élèves à l'entrée de l'enseignant rejouée pourtant tant de fois sous les ministères successifs.

    S'il y a bien quelque chose qui m'horripile, c'est quand j'ai l'impression qu'un ministre prend le citoyen ordinaire que je suis pour un débile. Je ne vous raconte pas comment je suis horripilé depuis trois ans...

    Comme d'habitude, du bla-bla, des moulinets de bras et rien derrière.

    Moi, j'en reviens encore et toujours à l'excellent programme de Bayrou en 2007. Pourquoi y renoncerais-je alors que tout y demeure plus que jamais valable ? Sur l'éducation, il a tout compris.

    J'ai déjà montré comment Châtel & cie détricotent l'école de Bayrou avec leurs réformes successives.

    Bref, on le sait : par collège et/ou lycée , il y a entre 20 et 40 individus qui créent de vrais problèmes et concentrent à eux seuls entre 50 et 75% de tous les problèmes de discipline, d'incivilités et de délinquance. Il suffirait de les placer dans des centres adaptés pour que les établissements scolaires retrouvent la sérénité nécessaire à leur bonne marche. C'est ce que proposait entre autres Bayrou et que gauche et droite se gardent bien de reprendre alors que c'est l'évidence même.

    Châtel & co nous bourrent le mou avec leurs réformes à la noix. En réglant les dysfonctionnements générés par les perturbateurs récidivistes, souvent violents, on résoudrait une bonne part des insolubles équations dont les pontes tentent de trouver l'inconnue depuis un moment.

    Un exemple simple : comment un enseignant pourrait-il s'occuper en particulier d'un élève en difficulté s'il doit conserver un angle de vue lui garantissant de pouvoir se mettre à l'abri d'un jet de projectile ? S'il doit garder un oeil de lynx rivé sur deux ou trois pré-délinquants déterminés à lui pourrir l'existence (ainsi que celle' de leurs camarades) ?

    On commencerait par cette simple mesure de bon sens que l'on aurait franchi déjà un pas important voire déterminant...

  • Descoings nul en arithmétique ?

    Je le tiens d'une source en principe bien informée, il semble que le sieur Descoings, l'égérie de tous les ânes qui se prennent pour de grands réformateurs de notre école s'apprête à déclarer la chose suivante :

    «Les lycéens qui réussissent, ceux qui, par exemple, sont en S et ont choisi allemand et grec ancien, se battent pour conserver ce qu’ils ont. C’est légitime. Mais du point de vue de l’intérêt général, et alors que les moyens ne sont pas illimités, il est temps de se demander s’il est plus utile que, dans un lycée donné, cinq élèves puissent faire du grec ou que des centaines puissent bénéficier d’une aide pour faire leurs devoirs

    La méthode Descoings est assez symptomatique du sarkozisme triomphant, et on comprend que ces deux-là s'entendent bien, elle consiste à opposer les gens entre eux.

    Il n'y a rien de pire qu'un système éducatif, du moins dans un régime de type républicain comme le nôtre, qui détruit ses voies d'excellence et s'attaque à la culture.

    Ce qui m'inquiète davantage, c'est l'état de la fibre arithmétique du sieur Descoings, s'il confirme bien ces propos, cela va de soi.

    Cinq élèves qui étudient le grec ancien dans un lycée, cela doit donner approximativement entre 70 et 100 heures sur une année.

    Le sieur Descoings qui ne sait décidément pas compter a un problème avec le programme de primaire où l'on apprend la division. Ah, pardon : peut-être escompte-t-il offrir quelques minutes de soutien par an à ses centaines d'élèves...Inquiétant quand on songe que l'individu avait été chargé de mission auprès de Jack Lang, en 1992 et 1993, des questions budgétaires de l'Éducation Nationale. C'est resté, chez lui, une obsession.

    Il n'en est pas à son coup d'essai le sieur Descoings : j'ai un autre scoop relatant ses difficultés avec les divisions. Été 1992, les étudiants du prestigieux IEP sont partis en vacances l'esprit tranquille : la règle en vigueur pour décrocher le diplôme de l'IEP est alors d'obtenir la moyenne sur la deuxième et la troisième année d'études cumulées. Peu importent les résultats sur une année ou l'autre (enfin, pas tout à fait, n'exagérons pas, il y avait tout de même des notes éliminatoires), ce qu'il faut, c'est trouver le compte à l'issue des deux années.

    Mais voilà que notre directeur-adjoint de l'IEP de l'époque, un certain Richard Descoings, se pique de numération, de diviseurs et de dividendes, et décrète unilatéralement que désormais, il faudra la moyenne à chaque année. Le problème, c'est qu'il prend cette décision au beau milieu de l'été et l'applique rétro-activement à tous les étudiants qui ont obtenu ou non la moyenne à la deuxième ou la troisième année.

    Il y a eu comme un surplus de redoublements imprévus, cette année-là...Le sieur Descoings aime bien les divisions, mais les divisions ne l'aiment pas. J'ai compris, en fait, en cherchant sur son blogue des éléments puisqu'il reconnaît lui-même ses carences dans ce domaine :

    Un premier couac retentissant : j’ai été viré de Louis-le-Grand, ma professeure principale, en mathématiques, estimant que j’étais « totalement dépourvu d’esprit de synthèse et incapable de suivre la classe supérieure ». Ce fut un soulagement ; j’étais non seulement nul en math-physique-chimie, mais j’étais aussi malheureux comme les pierres.

    Bon, en physique, je n'ai pas d'éléments pour juger, mais en mathématiques, je confirme : il est vraiment mauvais.

    Reste à savoir pourquoi il professe une telle haine pour l'humanisme classique. Je crois que l'on trouve des éléments de réponse avec cette remarquable enquête réalisée par Mediapart à l'automne 2009 sur le système science-po. Le commenter dépasse l'objet de cet article, mais, à l'évidence, il y a chez Descoings, une véritable fascination  pour la modèle universitaire américain. Plus encore, c'est toute la logique en vigueur outre Atlantique qui séduit, comme tant d'autres intellectuels et hauts technocrates français, le directeur de l'IEP. Le vieil humanisme européen, n'a plus place dans le monde parfait et managerial de Descoings. America is beautiful and that's all folks...

  • Baccalauréat, l'heure de la contestation...

    On parfois le sentiment que notre génération s'interroge plus que les précédentes sur les finalités du bac, mais, à la fin du XIXème siècle, les débats ne sont pas tristes non plus...

    C'est dans les années 1890 que la vague de contestation du baccalauréat atteint son sommet.

    Devant la commission d'enquête parlementaire présidée par Alexandre Ribot, Gaston Boissier déclare en effet en janvier 1899 : « je vais finir ma déposition en vous parlant du baccalauréat ; c'est un sujet dont on parle beaucoup en ce moment et qui a une grande importance. Il est à la mode de dire du mal de cet examen ; pour des raisons différentes, il a contre lui tout le monde. Les élèves le trouvent trop fort, les professeurs le trouvent trop faible ; il inquiète ceux qui le passent, il ennuie ceux qui le font passer. C'est un ensemble de colères contre lesquelles on a grand peine à lutter ».

    Les reproches sont en effet multiples : ils portent sur les sujets, qui peuvent déclencher à l'époque des réactions aussi violentes qu'elles le sont aujourd'hui. Le choix comme sujet d'examen de la déclaration d'amour de Phèdre à Hippolyte par la faculté des lettres de Toulouse en 1895 conduit ainsi à la mise en cause d'un baccalauréat « pornographe » au motif qu'il cultive là le spectacle d'une passion incestueuse sans y joindre les vertueuses protestations par lesquelles Hippolyte accueille cette déclaration.

    L'aléa de l'épreuve est également souligné : on s'interroge beaucoup sur la possibilité de mettre en place un contrôle continu ou de tenir compte, à tout le moins, du passé scolaire de l'élève, afin de réparer d'éventuels accidents. De même, la question de l'organisation d'un examen interne à chaque établissement se pose.

    Enfin, et de manière plus générale encore, nombreux sont ceux qui s'interrogent sur le sens d'un baccalauréat délivré par un enseignement supérieur dont les exigences apparaissent de plus en plus déconnectées de celles du secondaire. La difficulté excessive du baccalauréat est ainsi mise en cause.

    Celle-ci apparaît de plus en plus illégitime pour deux raisons principales :

    - elle est liée au choix des humanités classiques comme mode de sélection, choix dont la légitimité est à présent largement mise en doute ;

    - l'accès au baccalauréat étant le vecteur principal de toute élévation sociale, sa difficulté excessive apparaît pour certains comme le signe d'une volonté d'empêcher de plus fréquentes progressions.

    Les années 1890 sont donc celles où le baccalauréat se voit reprocher de n'être plus qu'un signe de distinction et où la figure des malheureux « recalés » devient l'incarnation vivante de ce reproche.

  • Enfants humiliés, cuisinier humilié ?

    Elle en fait couler de l'encre, l'affaire des enfants de Venansault "humiliés" par un personnel de la cantine de la commune. Beaucoup d'encre, mais toujours dans le même sens : l'indignation générale envers ce cuisinier auquel des parents menacent de faire un procès et dont ils réclament la démission.

    Sauf qu'entre les lignes, on comprend d'autres choses : ici et là, on évoque un permis à points mis en place pendant l'année, des élèves de plus en plus "turbulents"..."turbulents" ? Au point même que le personnel de restauration se soit senti humilié tout au long de l'année.

    Il faudrait pouvoir les claquer ces parents qui veulent coller un procès à ce cuisinier mais qui ont béni de leurs remontrances sans doute affectueuses (et encore : si remontrances il y a eu !)  l'attitude infecte de leurs chéris.

    Quand tout le monde braie dans le même sens, mon sentiment naturel est de penser qu'il y a anguille sous roche. Je pressens que l'année scolaire n'a pas été de tout repos pour ce cuisinier. Bien sûr, sa réaction est sans doute excessive, mais...combien d'humiliations répétées a-t-il subi pour en arriver là, avec l'imprimatur des familles de ces élèves ?

    Et puis on comprend aussi, toujours entre les lignes, que les faits tels qu'ils ont été rapportés ont été grossis. Les journaux se sont empressés de titrer sur l'humiliation des enfants, laissant entendre qu'ils devaient ramper , et cetera. Bref, à les entendre, on aurait cru à un bizutage dans l'armée de conscription d'il y a 40 ans. Excessif aussi, sans doute, cette manière toute orientée de répliquer jusqu'à l'écœurement une histoire dont on n'a pas contrôlé la véracité...

    Bon, heureusement, on peut avoir une idée de la vérité grâce au témoignage d'une mère d'un des enfants scolarisés dans cette école et fréquentant cette cantine, Florence Bonnamy. Elle l'a publié en commentaire chez le Figaro, je la copie ici :

    On ne parle pas du personnel qui durant toute l'année scolaire a subi des humiliations par certains élèves qui malgré des exclusions, des avertissements n'ont pratiquement pas changé de comportement. La punition n'est peut-être pas appropriée mais le personnel est à bout et tout çà ne serait pas arrivé si les parents prenaient leurs responsabilités et apprenaient à leurs enfants ce que veut dire le mot RESPECT. Mes enfants sont dans cette cantine et s'ils avaient fait subir le quart de ce qu'à subi le personnel cette année, j'aurais honte de porter plainte contre le personnel qui rappelons-le, est là pour gérer une cantine et non pas pour éduquer des enfants. Chacun son rôle. Nous avons une cantine géniale avec des repas que beaucoup nous envient et tout çà va porter préjudice aux autres enfants. Merci à tout le personnel de vous occuper de nos enfants chaque jour afin de leur apporter une alimentation saine et équilibrée.

    Merci à elle et chapeau pour son courage, celui d'avoir brisé la loi du silence, de la bonne conscience et du bêlement général !