On parfois le sentiment que notre génération s'interroge plus que les précédentes sur les finalités du bac, mais, à la fin du XIXème siècle, les débats ne sont pas tristes non plus...
C'est dans les années 1890 que la vague de contestation du baccalauréat atteint son sommet.
Devant la commission d'enquête parlementaire présidée par Alexandre Ribot, Gaston Boissier déclare en effet en janvier 1899 : « je vais finir ma déposition en vous parlant du baccalauréat ; c'est un sujet dont on parle beaucoup en ce moment et qui a une grande importance. Il est à la mode de dire du mal de cet examen ; pour des raisons différentes, il a contre lui tout le monde. Les élèves le trouvent trop fort, les professeurs le trouvent trop faible ; il inquiète ceux qui le passent, il ennuie ceux qui le font passer. C'est un ensemble de colères contre lesquelles on a grand peine à lutter ».
Les reproches sont en effet multiples : ils portent sur les sujets, qui peuvent déclencher à l'époque des réactions aussi violentes qu'elles le sont aujourd'hui. Le choix comme sujet d'examen de la déclaration d'amour de Phèdre à Hippolyte par la faculté des lettres de Toulouse en 1895 conduit ainsi à la mise en cause d'un baccalauréat « pornographe » au motif qu'il cultive là le spectacle d'une passion incestueuse sans y joindre les vertueuses protestations par lesquelles Hippolyte accueille cette déclaration.
L'aléa de l'épreuve est également souligné : on s'interroge beaucoup sur la possibilité de mettre en place un contrôle continu ou de tenir compte, à tout le moins, du passé scolaire de l'élève, afin de réparer d'éventuels accidents. De même, la question de l'organisation d'un examen interne à chaque établissement se pose.
Enfin, et de manière plus générale encore, nombreux sont ceux qui s'interrogent sur le sens d'un baccalauréat délivré par un enseignement supérieur dont les exigences apparaissent de plus en plus déconnectées de celles du secondaire. La difficulté excessive du baccalauréat est ainsi mise en cause.
Celle-ci apparaît de plus en plus illégitime pour deux raisons principales :
- elle est liée au choix des humanités classiques comme mode de sélection, choix dont la légitimité est à présent largement mise en doute ;
- l'accès au baccalauréat étant le vecteur principal de toute élévation sociale, sa difficulté excessive apparaît pour certains comme le signe d'une volonté d'empêcher de plus fréquentes progressions.
Les années 1890 sont donc celles où le baccalauréat se voit reprocher de n'être plus qu'un signe de distinction et où la figure des malheureux « recalés » devient l'incarnation vivante de ce reproche.
Commentaires
La plupart de ces problèmes me semblent corrigés aujourd hui : le bac n'est pas difficile (100 % de reussite dans ma classe quand je l'ai passén plus de 90% dans le lycee)
Qu'il ne serve pas a grand chose c'est pas faux mais c'est l'examen mythique et malgré tout il valide assez bien les connaissances du lycee (qui est donc le seul a mettre en cause s'il y a un problème)
Le seul bemol que je pourrais citer, c'est les erreurs d'énoncé omni présentes pourtant immanquables ! A croire que ceux qui réfigent les sujets les baclent en 20 minutes...