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Bayrou - Page 70

  • Capitalisme, Socialisme et Démocratie (3) : le capitalisme, fondement de la sociale-économie

    J'en suis arrivé aux chapitre V, VI, VII et VIII de Capitalisme, Socialisme et Démocratie qui figurent dans la seconde partie de l'ouvrage.

    Tout d'abord, Schumpeter se livre à quelques fines observations : il note que le capitalisme, en poursuivant la perfomrance qu'il a réalisée au cours de la 1ère moitié du XXème siècle sur sa seconde moitié, éliminerait tous les symptômes de la pauvreté telle qu'elle est définie à son époque.

    Sur ce point, il ne s'est pas trompé si l'on considère les pays développés. Cela vaut, évidemment, dès lors que l'on ne déclare pas la couverture de besoins primaires relative au niveau de développement de la société.

    Et cela ne vaut pas pour nombre de pays pauvres, mais, on pourrait rétorquer que ces pays n'ont justement pas connu de systèmes politiques leur permettant de faire fonctionner leur économie selon des règles capitalistiques. On ne peut également incriminer des évènements politiques extérieurs tels que les guerres et les fléaux naturels, même s'il se trouvera toujours des marxistes tendance alter-mondialiste et/ou tiers-mondiste pour expliquer que c'est la nature du capitalisme d'exploiter les peuples et donc de provoquer les troubles politiques ad hoc. Dans sa première partie, Schumpeter a clairement montré comment la théorie de l'exploitation d'une classe par l'autre ne tenait pas, ce que j'ai résumé lors de mes deux premiers billets sur ce blog. Je n'y reviens donc pas.

    Il observe ainsi que contrairement à une idée reçue, en système capitalisme, les riches ne deviennent pas plus riches tandis que les pauvres deviennent plus pauvres. Certes, dans notre France du XXIème siècle, les écarts se sont accrus, mais, non parce que les pauvres sont devenus plus pauvres, mais parce que les riches le sont devenus en proportion plus vite que les pauvres. Les Marxistes, n'osant plus s'exprimer en valeur absolue, désormais, choissent des parts relatives pour tenter de démontrer l'immoralité des affreux capitalistes. La méthode a fait long feu, et les faits sont obstinés. Schumpeter avait raison,  et il n'est pas possible de se soustraire à l'implacable réalité ni de la tordre pour essayer de lui faire dire ce qu'elle ne peut dire.

    Schumpeter observe également que les reflux réguliers de l'économie capitaliste correspondent simplement au renouvellement des structures industrielles et sont généralement suivis d'une avalanche de biens de consommation à bon  marché. Pour qui douterait de la pertinence actuelle de cette analyse, il suffit de considérer l'apparition de l'informatique au début des années 70 et ce qu'il s'est ensuivi. 

    « en d'autres termes» écrit Schumpeter, «nous constatons que l'évolution capitaliste améliore progressivement le niveau d'existence des masses, non pas en vertu d'une coïncidence, mais de par le fonctionnement même de son mécanisme. L'évolution capitaliste accomplit ce résultat à travers une série de vicissitudes dont la sévérité est proportionnelle à la rapidité du progrès réalisé - mais elle l'accomplit effectivement. Les problèmes relatifs à l'approvisionnement des masses en marchandises ont été, l'un après l'autre, résolus avec succès  , au fur et à mesure qu'ils ont été placés à la portée des méthodes de production capitaliste.»  

    Bien vu. 

    Mieux encore : le capitalisme rend possible des avancées sociales spectaculaires. 

    Citons encore Schumpeter :

    « La technique et l'ambiance de la lutte pour la législation sociale obscurcissent deux faits, évidents en soi, à savoir que, en premier lieu, une partie de cette législation est conditionnée par une réussite capitaliste préalable (en d'autres termes par une création antérieure de richesses due à l'initiative capitaliste) et que, en second lieu, beaucoup de mesures développées et généralisées par la législation sociale ont été auparavant amorcées par l'action de la classe capitaliste elle-même  . Ces deux faits doivent, bien entendu, être ajoutés au total des achèvements capitalistes. Or, si le système pouvait poursuivre sa course comme il l'a fait au cours des soixante années ayant précédé 1928 et si un revenu de $ 1.300 par tête d'habitant venait ainsi à être effectivement réalisé, il est facile de voir que tous les vœux formulés jusqu'à nos jours par n'importe quels réformateurs sociaux - pratiquement sans exception, y compris même la majeure partie des utopistes - ou bien recevraient automatiquement satisfaction, ou bien pourraient être accomplis sans que le fonctionnement du système capitaliste en soit appréciablement troublé. En pareil cas, notamment, de larges allocations versées aux chômeurs représenteraient une charge parfaitement supportable, voire même légère. Certes, un laisser-aller excessif en matière de politique d'emploi ou de financement des secours de chômage pourrait, en tous temps, donner naissance à des problèmes insolubles ».  

    Chapeau Schumpeter : il avait même mis en garde contre les dérives d'un système de protection sociale qui ne serait pas financé. Une demi-siècle plus tard, on retrouve la même observation, sur ce dernier point, tout du moins, dans le livre de Christian Blanc,  la Croissance ou le Chaos, et dans le programme politique et économique de François Bayrou.

     

  • Et si un candidat MoDem remplaçait DSK ?

    Dominique Strauss-Kahn a du démissioner de son poste de député en raison de sa nomination à la tête du FMI. Une législative partielle va donc avoir lieu dans la 8ème  circonscription du Val d'Oise. Jean-Michel Cadiot , qui postule à la députation sous l'égide de l'UDF-MoDem, dresse un bilan en demi-teinte de l'action de DSK, saluant ses réussites, mais soulignant aussi ses insuffisances.

    Il faut dire que ce candidat est assez atypique, en raison de son parcours qui l'a mené sur plusieurs continents, mais aussi de ses origines : son grand-père fut un proche de Marc Sangnier, inspirateur idéologique de la Démocratie Chrétienne, et travailla également avec Geroge Bidault, l'un des résistants les plus fameux de la France Libre ; sa grand-mère était, quant à elle, la fille d'une Alasacienne juive convertie au catholicisme et ayant opté pour la France en 1870.

    Six années journaliste parlementaire, pendant lesquelles il a suivi nombre de séances nocturnes, Jean-Michel Cadiot connaît particulièrement bien les rouages du Parlement pour les avoir observés de très près. On peut donc tabler sur son efficacité s'il est élu, il est très loin d'être tombé de la dernière pluie.

    Il a pris des engagements forts en cas d'élection à la députation :

    - Agir pour l'augmentation du pouvoir d'achat, la baisse des prix alimentaires de première importance, l'accession des salariés à une part importante des bénéfices, la revalorisation des petites retraites.

    - Obtenir la garantie des moyens de l'Education nationale, amplifier l'accompagnement scolaire, permettre la scolarité des enfants handicapés.

    - Combattre pour que les rénovations urbaines se fassent sans expulsions ou départ des familles de petits revenus. Contrôler l'application des lois sur le logement opposable et le logement social. Réorienter la politique de la Ville dans une direction plus sociale que territoriale.

    - Lutter pour le maintien des services publics de qualité et de proximité, dans les domaines sociaux, de la police et de la justice. La sécurité ne doit pas être réservée à certains quartiers.

    - Agir pour maintenir la sécurité sociale, la modernisation des hôpitaux. Proposer une loi permettant l'hospitalisation de tous ceux dont l'état de santé le nécessite.

    - Encourager les PME et l'artisanat.

    - Se faire le porte-parole de tous les habitants de la circonscription, rester à l'écoute de la population et de ses besoins.

    - Défendre à l'Assemblée Nationale le pluralisme démocratique, le rôle du Parlement ; éviter un régime présidentiel.

    - Veiller à l'application du "Grenelle de l’Environnement".

    - Faire avancer la construction européenne et oeuvrer pour une politique étrangère d'équilibre, favorable au multilatéralisme, agir pour des relations économiques mondiales équitables.

    Voilà un programme que ne renierait sans doute pas DSK, par ailleurs, et qui est , au final, tout à fait en phase avec les propositions de François Bayrou lors de l'élection présidentielle. 

    Il ne nous reste donc plus qu'à souhaiter la meilleure réussite possible à Jean-Michel Cadiot, et inviter les électeurs de la 8ème circonscription du Val d'Oise à voter massivement pour lui. 

     

  • La Dalle d'Epidaure

    Là, j'ai adoré ! adoré cette comparaison. François Bayrou, dans un entretien aussi enrichissant que surprenant, évoque par une métaphore saisissante la destin du Mouvement Démocrate.

    François Bayrou analyse le parcours de sa famille politique et le chemin vers l'indépendance tracé depuis longtemps : "les mentalités sont beaucoup plus difficiles à changer que les appareils".

     
    Pour plus d'informations sur les aspects techniques on peut aussi se rendre à l'article François Bayrou évoque l'acoustique d'Epidaure sur le site du Portique .
  • Bayrou : le témoignage de Charles de Courson

    Situons tout de même cette vidéo : elle a été tourné le 21 mars 2007. Mais j'aime beeaucoup ce qui est dit dedans et la manière dont Charles de Courson parle. Ce qu'il dit de Bayrou, c'est exactement ce qui m'a plu chez cet homme. J'apprécie aussi beaucoup Charles de Courson, qui est un homme de valeur, intègre et compétent. Comment peut-il croire un instant que quoi que ce soit du programme de Nicolas Sarkozy ressemble de près ou de loin aux propositions de François Bayrou et de l'UDF pendant la campagne présidentielle ?

     Que ne rejoint-il pas l'UDF-MoDem ! Ses prises de position sur le paquet fiscal, par exemple, ont montré qu'il est demeuré l'honnête homme qu'il a toujours été.

     

  • Pour François Bayrou, aimer l'Amérique, ce n'est pas la copier

    A l'occasion de son déplacement à Lyon  jeudi 8 novembre pour rencontrer les candidats à la candidature du Mouvement Démocrate pour les municipales, ainsi que les adhérents locaux auxquels il a proposé de participer à une "consultation" pour choisir eux-même leur candidat à la mairie de Lyon, François Bayrou a réprouvé jeudi le "ralliement en bonne et due forme" de Nicolas Sarkozy au "rêve américain", qualifiant le "sarkozysme" de "projet inégalitaire assumé", qui rappelle selon lui des Etats-Unis basés sur "un modèle d'inégalité croissante".

    "Il ne faut pas confondre l'amitié avec le peuple américain avec l'adhésion au modèle de société américain, et encore moins avec l'adhésion à la politique de l'administration Bush. Pour la France, le rapprochement avec l'administration Bush, c'est perdre une part importante de la force et de l'originalité de la diplomatie française. Ce qui est frappant, c'est que le sarkozysme est en rupture avec les fondamentaux du projet républicain français, c'est-à-dire un modèle égalitaire".
    Il a défini le "sarkozysme" par "un projet inégalitaire assumé, l'alignement sur les Etats-Unis en politique étrangère, et la concentration des pouvoirs. Un jour, ce projet se trouvera en contradiction avec le pays".

  • Méphistotélès répond à Jean-Louis Bourlanges

    J'ai cru entendre que Jean-Louis Bourlanges avait récemment comparé François Bayrou à Méphistotélès. Pauvre Bayrou ! Alors il m'est revenu en mémoire une petite chanson du dit Méphistotélès dans le Faust de Goethe, que celui-ci chantonne dans la cave d'Auerbach à Leipzig...

    Tableaux et paroles magiques, 

    Par vos puissants enchantements,

    Troublez leurs esprits et leurs sens !

    Méphistotélès venait de montrer l'envers du décor à Siebel, Frosch, Altmayer et Brandel en transformant le vin qu'ils boivent à volonté en feu du purgatoire, brûlant ainsi Siebel et Altmeyer , aussi s'empresse-t-il de leur faire oublier cet épisode. Mais, il n'en reste pas là, et il continue sa chansonnette...

    Maintenant, partons : c'est assez !

    Source de vin, riche de vendange,

    Illusions, disparaissez !...

    C'est ainsi que l'enfer se venge. 

    J'ai tout de même l'impression que Jean-Louis Bourlanges (pour lequel j'ai par ailleurs beaucoup d'affection) a la mémoire courte : Méphistotélès, c'est surtout et avant tout un illusionniste, et en matière d'illusionnisme, il y a un professionnel de la politique que je ne nommerai pas dont Jean-Louis Bourlanges semble avoir oublié l'existence. Vous confondez, cher Jean-Louis Bourlanges, nihilisme et réalisme : François Bayrou a le mérite non de nier tout mais plutôt de lever le voile d'apparences qui recouvre les réalités, et la victime de Méphistotélès, c'est vous, pas lui.

    Je finirai en vous citant cette petite fable que la Sorcière déclame dans sa cuisine :

     Ami, crois à mon système,

    Avec un, dix tu feras ;

    Avec deux et trois de mêm,

    Ainsi tu t'enrichiras.

    Passe le quatrième,

    Le cinquième et le sixième,

    La sorcière l'a dit :

    Le septième et le huitième

    Réussiront de même...

    C'est là que finit

    L'oeuvre de la sorcière :

    Si neuf est un,

    Dix n'est aucun.

    Voilà tout le mystère ! 

    Alors que pensez-vous de ce mystère, cher Jean-Louis Bourlanges ? Et croyez-vous au système de la Sorcière? Moi, j'ai mon idée là-dessus, mais je pense que vous aurez sans doute aussi la vôtre...

  • Ouverture, l'exemple de Quitterie Delmas

    Je réfléchissais tout récemment au rôle que la blogosphère MoDem pouvait jouer sur la Toile politique. Bien sûr, il ne faut pas s'illusionner : dans le domaine politique, la Toile permet au mieux de tenir des positions, pas d'en conquérir de nouvelles.

    Ces derniers temps, je tends à penser que la blogosphère MoDem se ramasse trop sur elle-même, se préoccupant essentiellement de ses problèmes internes.

    De même, trop de discussions se déroulent entre nous, or, je crois au contraire que nous devrions aller vers les autres, et pas seulement sur les blogs politiques, d'ailleurs.

    A cet égard, le blog de Quitterie Delmas et sa démarche dans ce domaine me semblent des exemples à suivre. Sans renier aucune de ses convictions (et j'ai eu souvent l'occasion d'être pourtant en désaccord avec certaines d'entre elles) voilà quelqu'un qui a su nouer des contacts sur un large éventail politique et sociétal, puisqu'elle est connue (et appréciée !) sur un grand nombre d'espaces politiques en dehors du MoDem.

    Voilà, me semble-t-il le véritable sens de l'ouverture au sens où l'entendait François Bayrou, et non de simples cooptations comme peut le pratiquer Nicolas Sarkozy au grand dam de ses propres amis politiques parfois, par ailleurs. 

    Je pense qu'au MoDem, nous devons aller désormais discuter sur d'autres blogs que les blogs MoDem, ou alors, faire venir d'autres personnes que les seuls sympathisants ou adhérents du MoDem, afin d'échanger des vues et de faire valoir nos propositions. 

    Entre trois lectures (celle d'Althusser, celle de Spinoza, et celle de Schumpeter anéantissant la doctrine de Marx) je me suis fait ces réflexions.

    Aussi, outre les visiteurs UDF-MoDem qui viennent ici, c'est par exemple pour moi un plaisir d'échanger avec Gérard du Nouveau Centre, ou encore Laurent du MRG quand il prennent le temps de venir commenter l'actualité de mon propre blog.

    J'espère donc que nous autres Démocrates, nous tournerons de plus en plus vers d'autres voix politiques, ce qui ne nous empêche pas, bien entendu, d'avoir nos propres débats, d'autant plus s'ils sont nécessaires à la qualité de notre expression démocratique. 

  • L'Esprit des Lois (10) : Défense de l'Esprit des Lois

    J'ai achevé la lecture des deux tomes de l'Esprit des Lois, et je dois le dire : quelle Somme impressionnante ! l'édition Garnier Flammarion se conclut par la Défense de l'Esprit des Lois, de toute beauté aussi.

    Manifestement, Montesquieu a eu comme premiers critiques surtout des théologiens ou se disant tels : leur souci essentiel est donc de vérifier si l'ouvrage n'attaque pas le dogme d'une manière ou d'une autre.

    Là-dessus, l'argument principal de Montesquieu est de faire valoir que son ouvrage n'est pas un traité de théologie, et, également, que dire qu'un état des choses est supérieur à un autre ne signifie pas pour autant que l'on approuve le premier. Car l'essentiel des quiproquos se font là. 

    Il semble que le crime suprême, à cette époque, c'est d'être "spinosiste". Spinoza est manifestement l'hérétique du coin, et plus que tout, les théologiens locaux craignent l'apologie de la "religion naturelle". 

    De fait, l'accusation de spinosisme est le premier souci de Montesquieu, puisque c'est ce qu'il cite en premier dans sa Défense, et à considérer son indignation anaphorique, il n'est pas du tout content de l'accusation :

    Jugez donc sur pièces, je cite le début :

     

    Cependant, dans deux feuilles périodiques qui ont paru coup sur coup  , on lui a fait les plus affreuses imputations. Il ne s'agit pas moins que de savoir s'il est spinosiste et déiste; et, quoique ces deux accusations soient par elles-mêmes contradictoires, on le mène sans cesse de l'une à l'autre. Toutes les deux étant incompatibles ne peuvent pas le rendre plus coupable qu'une seule; mais toutes les deux peuvent le rendre plus odieux.

    Il est donc spinosiste, lui qui, dès le premier article de son livre, a distingué le monde matériel d'avec les intelligences spirituelles.

    Il est donc spinosiste, lui qui, dans le second article, a attaqué l'athéisme: « Ceux qui ont dit qu'une fatalité aveugle a produit tous les effets que nous voyons dans le monde, ont dit une grande absurdité: car, quelle plus grande absurdité qu'une fatalité aveugle qui a produit des êtres intelligents ? »

    Il est donc spinosiste, lui qui a continué par ces paroles: « Dieu a du rapport à l'univers comme créateur et comme conservateur   ; les lois selon lesquelles il a créé, sont celles selon lesquelles il conserve; il agit selon ces règles, parce qu'il les connaît; il les connaît, parce qu'il les a faites; il les a faites, parce qu'elles ont du rapport avec sa sagesse et sa puissance. »

    Il est donc spinosiste, lui qui a ajouté: « Comme nous voyons que le monde formé par le mouvement de la matière et privé d'intelligence subsiste toujours, etc. »

    Il est donc spinosiste, lui qui a démontré contre Hobbes et Spinosa, « que les rapports de justice et d'équité étaient antérieurs à toutes les lois positives   ».

    Il est donc spinosiste, lui qui a dit au commencement du chapitre second: « Cette loi qui en imprimant dans nous-mêmes l'idée d'un créateur nous porte vers lui, est la première des lois naturelles par son importance. »

    Il est donc spinosiste, lui qui a combattu de toutes ses forces le paradoxe de Bayle, qu'il vaut mieux être athée qu'idolâtre? paradoxe dont les athées tireraient les plus dangereuses conséquences
    .

    Je ne sais pas encore ce qu'a bien pu faire et dire de mal Spinoza, mais j'escompte bien lire prochainement son Traité politique et dire ici à mes lecteurs ce que j'en pense. En fait, je l'ai même déjà commencé, et il faut reconnaître que c'est une philosophie bien plus pessimiste.

    Sa réponse à la neuvième objection est un morceau d'anthologie et illustre tout à fait mon propos : je la cite intégralement.

    Le critique a déjà reproché à l'auteur de n'avoir point parlé du péché originel; il le prend encore sur le fait: il n'a point parlé de la grâce. C'est une chose triste d'avoir affaire à un homme qui censure tous les articles d'un livre, et n'a qu'une idée dominante. C'est le conte de ce curé de village, à qui des astronomes montraient la lune dans un télescope, et qui n'y voyait que son clocher.

    L'auteur de l'Esprit des Lois a cru qu'il devait commencer par donner quelque idée des lois générales, et du droit de la nature et des gens. Ce sujet était immense, et il l'a traité dans deux chapitres; il a été obligé d'omettre quantité de choses qui appartenaient à son sujet: à plus forte raison a-t-il omis celles qui n'y avaient point de rapport.

    Enfin, j'ai adoré toutes les remarques suivantes, dont je fais une compilation qui pourraient valoir pour les critiques à l'esprit chagrin :

    Lorsqu’un auteur s’explique par ses paroles ou par ses écrits, qui en sont l’image, il est contre la raison de quitter les signes extérieurs de ses pensées, pour chercher ses pensées ; parce qu’il n’y a que lui qui sache ses pensées. C’est bien pis, lorsque ses pensées sont bonnes, et qu’on lui en attribue de mauvaises.

    [...] 

    Quand on écrit contre un auteur et qu’on s’irrite contre lui, il faut prouver les qualifications par les choses, et non pas les choses par les qualifications.

    [...] 

    Cet art de trouver dans une chose qui naturellement a un bon sens, tous les mauvais sens qu’un esprit qui ne raisonne pas juste peut lui donner, n’est point utile aux hommes : ceux qui le pratiquent ressemblent aux corbeaux, qui fuient les corps vivants et volent de tous côtés pour chercher des cadavres

    [...] 

    On peut avoir remarqué, dans les disputes et les conversations, ce qui arrive aux gens dont l’esprit est dur et difficile : comme ils ne combattent pas pour s’aider les uns les autres, mais pour se jeter à terre, ils s’éloignent de la vérité, non pas à proportion de la grandeur ou de la petitesse de leur esprit, mais de la bizarrerie ou de l’inflexibilité plus ou moins grande de leur caractère. Le contraire arrive à ceux à qui la nature ou l’éducation ont donné de la douceur : comme leurs disputes sont des secours mutuels, qu’ils concourent au même objet, qu’ils ne pensent différemment que pour parvenir à penser de même, ils trouvent la vérité à proportion de leurs lumières : c’est la récompense d’un bon naturel.

    J'aime chez Montesquieu, cette douceur, cette humanité, cette tempérance et cette modération, qui en font, à mon avis, l'un des philosophes humanistes les plus accomplis. J'ai commencé à m'intéresser à l'étude d'Althusser Montesquieu, politique et histoire, et j'en rendrai compte prochainement sur ce blog.

    Je n'en resterai sans doute pas là, à propos de l'Esprit des Lois, et commenterai au fil du temps les chapitres dont j'ai moins ou pas parlé jusqu'ici, mais qui ont leur intérêt, notamment l'histoire du commerce, ainsi que le sort des différents droits et coutumes à l'époque des Francs. 

    Je forme aussi le voeu, et j'essaierai d'en être parti prenante, que les écrits de Montesquieu soient fondateurs dans le corpus idéologique du MoDem, parce que, ce que j'ai aimé chez Montesquieu, c'est souvent ce que j'ai l'impression de trouver au sein du MoDem et parmi nombre de ses cadres, à commencer par François Bayrou lui-même. Bien sûr, Montesquieu n'appartient à personne, et s'il peut inspirer d'autres mouvements politiques, j'en serai le premier réjoui. 

  • François Bayrou s'oppose à un déni de démocratie

    François Bayrou a jugé jeudi 25 octobre sur Europe 1 que certaines propositions du comité Balladur sur la réforme des institutions, telles qu'elles ont été rapportées par la presse ne paraissent "pas acceptables" par les Français.

    « Je crois que Nicolas Sarkozy a renoncé à examiner ces réformes institutionnelles avant les élections municipales pour éviter les vagues. Je n'ai pas le texte de la commission Balladur, j'en sais ce que la presse a écrit. Et ce que j'ai lu dans la presse, sur plusieurs points, ne me parait pas acceptable par les Français. Par exemple, la commission Balladur suggère qu'on fasse un collège de 100.000 notables français, qui voteraient plusieurs mois avant l'élection présidentielle pour sélectionner les candidats. Je suis sûr que les Français n'accepteront pas qu'il y ait des citoyens à deux vitesses. L'idée qu'on pourrait faire 5% de proportionnelle ne me parait pas sérieuse. Le comité sur la réforme institutionnelle, présidé par l'ancien Premier ministre Edouard Balladur, doit remettre ses travaux au chef de l'Etat. Le gouvernement a quasiment confirmé jeudi le report après les municipales de cette réforme.»

    C'est effectivement fort du collier : pour qui nous prend-on ? Ce serait tout à fait honteux, et un très grave recul de la démocratie, que des citoyens ne puissent plus choisir leurs candidats, même s'il est vrai qu'actuellement, ce sont les maires qui valident ou non les candidatures. Mais je préfère encore un maire qu'un "grand électeur", par exemple un conseiller général  dont l'élection se fait souvent par exemple au suffrage indirect.

  • Un nourrisson en garde à vue !

    Il n'y a décidément plus de limites à l'indécence et à la brutalité en France : le préfet du Loiret n'a pas hésité à ordonner la garde à vue pour une journée d'un nourrisson de 3 semaines avec ses parents (sans papiers) pendant 9 heures. Si un tribunal n'était intervenu, cet homme-là s'apprêtait à demander la prolongation en centre de rétention de du nourrisson et de ses parents pendant 15 jours.

    Par ailleurs, Ian, Irina, et leur bébé, Kyrill, venus de Moldavie en 2006, et installés à Gien,ont  a été abandonnés au milieu d'une route, à 400 kilomètres de chez eux, après 19h00 (rappelons que les températures sont désormais froides la nuit...) en plein désarroi, par une unité de gendarmes.Précisons que ce couple demande l'asile politique à la France.

    Les exactions se multiplient. Ce préfet devrait être sanctionné, et même destitué de sa fonction.

    Seule consolation, prouvant qu'il existe encore une justice en France, la cour d'appel de Rennes a ordonné la remise en liberté de la famille, considérant "inhumain et dégradant" la garde à vue qui leur a été imposée.

    il y a de quoi !!! 

    Messieurs Hortefeux et Sarkozy, voilà les conséquences de votre politique du chiffre indigne. Pour moi, j'ai la rage au coeur, quand je vois dans quel pays nous vivons et comment nous traitons les étrangers.

    C'est ignoble. Je suis tout à fait convaincu que nombre d'éléments de notre administration actuelle se serait comportés exactement de la même manière sous Vichy, et, de plus en plus de comportements correspondent.

    On a beau ne pas vouloir faire d'amalgames, les ressemblances sont trop souvent troublantes... 

    François Bayrou a toujours été en faveur d'un traitement au cas par cas des régularisations ou non de sans papiers. On voit ce que produit la machine répressive et populiste du Président, dont le seul objectif est d'annoncer aux électeurs d'extrême-droite qu'il a réalisé son quota d'expulsions.

    Si les Français approuvent cette politique, c'est qu'ils sont trompés, mais aussi qu'ils tournent mal. Puissions-nous ne pas revivre des heures noires. J'espère que l'UDF-MoDem sera à la pointe du combat pour une éthique politique, quand le pouvoir malmène à ce point la dignité humaine.

    D'ailleurs, au lieu de passer leur temps à se regarder le nombril, j'inivte quelques uns de mes amis bloggueurs à s'intéresser un peu moins aux statuts et à leur positionnement dans notre mouvement, et un peu plus à la société civile et à ses souffrances, car pour ce malheureux nourrisson, c'est bien de souffrances  dont il s'agit