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Europe - Page 21

  • Europe et identités nationales

    Flaminia Bussacchini, adhérente démocrate, membre d'un groupe de travail du MoDem sur l'Europe, nous fait l'honneur de publier sur notre blog cette réflexion sur la construction de l'Europe.

    L'Europe s'est construit et a trouvé sa principale raison d'être sur les ruines laissées par les Etats européens nationalistes. Elle s'est principalement construit contre les nationalismes des Etats coupables des pires horreurs et tragédies humaines. L'Europe s'est donc fondée sur le principe selon lequel il fallait transcender nos propres identités au bénéfice d'une plus fédératrice, civilisatrice, moins partisane parce-que portée par l'intérêt commun, l'identité européenne.
    Le principe unitaire était que plutôt de se faire la guerre, il fallait travailler ensemble et faire la paix. Le projet commun était l'Union sans cesse croissante entre tous les peuples. En fait, l'identité européenne émergerait quelque part d'un principe utilitariste: les hommes étant devenus raisonnables et rationnels, cette identité européenne se forgerait au fil des ans et serait la résultante d'un constat, ayant travaillé ensemble, les ressortissants européens comprendraient ce qui les lie et se forgeraient une nouvelle identité basée sur l'intérêt commun. L'identité européenne se basait sur le principe de la raison contre celui de la déraison portée par les nations.

    Or, la globalisation et ses transformations économiques et sociales sans précédent, l'uniformisation des modes de vie ont accentué la crainte chez de plus en plus de citoyens de la perte de repères, de la dilution de la souveraineté nationale au profit d'entités perçus comme étant technocratiques et anti-démocratiques. Qui plus est, l'élargissement à douze nouveaux Etats européens a considérablement changé la donne. Font désormais partie de l'Europe des Etats qui ont fait le choix d'autres modèles économiques, sociaux et sociétaux, accentuant l'hétérogénité des situations et des spécificités nationales. La base de ce socle commun devient de moins en moins homogène, stable et appelle à différentes interprétations.

    Le principe utilisariste qui a fondé l'identité européenne trouve quelque part ses limites dans la mesure où toute société requiert un affectio societatis -quelque part un élément qui ne relève pas de la raison mais de la volonté de vivre en commun. Et cette volonté de vivre en commun se fonde sur une communauté de partage et de destin. Quelque part, si les ressortissants européens se déclarent européens, se sentent-ils pour autant partie d'un même destin, commun à l'ensemble des peuples d'Europe?

    De manière remarquable, l'identité européenne a quelque chose d'un négatif. Elle se forge contre quelque chose et elle se ressent quand elle est opposée à d'autres choix, d'autres modèles de société. Je ne me suis jamais sentie aussi européenne -et surtout fière d'être européenne - que quand j'étais aux Etats-Unis. Là je me suis rendue compte que nous défendions un autre modèle de société et de civilisation, qui nous est propre et fait notre richesse. mais c'est aussi ce modèle qui force l'admiration d'autres régions du monde, qui nous l'envie et qui souhaitent s'en inspirer. L'ironie dans l'histoire est qu'au sein de nos frontières, nous avons du mal à trouver cet affectio societatis mais qu'en dehors de nos frontières nous comprenons réellement sa valeur et spécificité et combien ce modèle exerce un force d'attrait incroyable sur d'autres peuples et nations.

    Comment sortir de ce dilemne? L'Europe de demain c'est une Europe qui accepte les sentiments nationaux, qui ne se fonde plus sur leur négation ou condamnation sous prétexte que ces sentiments exacerbent la part de toute homme, celle de la folie, de l'irrationnel. C'est une Europe qui reconnait ses diversités nationales, qui fait une place à tous dans l'idée que notre richesse vient de notre diversité. Et que l'un n'exclut pas l'autre, au contraire. Le ciment de l'Europe de demain viendra à mon sens de sa capacité de projection sur la scène internationale. En défendant sur la scène internationale les valeurs en lesquelles elle croit, elle donnera un sens, une raison d'être "positive" cette fois à son action. Nous vivons un moment historique, une formidable fenêtre d'opportunité de faire entendre la voix de l'Europe, cette Europe qui depuis si longtemps a toujours défendu et promu un modèle de société où l'homme est au centre. Elle a cette chance extraordinaire d'influer sur le cours du monde et en même temps de rendre de la fierté à ses peuples et de leur donner à croire en un destin commun.

  • Le MoDem à 8% aux Européennes ?

    Je ne sais pas d'où Christophe Barbier, journaliste à l'Express tient exactement son information, mais le fait est qu'il la tient : d'après des sondages que Nicolas Sarkozy aurait montré à Hervé Morin pour le dissuader de créer des listes Nouveau Centre aux Européennes, le MoDem serait aux alentours de 8% dans les intentions de vote, et le Nouveau Centre à 2-3% environ. En fait, en additionnant les deux, on retrouve la base électorale de l'UDF aux européennes précédentes, soit environ 12%.

    8%, c'est le score auquel nous semblons désespérément scotchés, au MoDem. Il nous faudra donc faire un gros effort pour convaincre plus largement, au-delà de notre base électorale.

    L'addition de ces deux scores me fait à nouveau regretter la funeste scission de l'UDF. Si ce parti n'avait pas éclaté en blocs distincts, et était parvenu à conserver son autonomie, de quel poids ne jouirait-il pas aujourd'hui !

    Le défi des démocrates, désormais, sera de populariser les problématiques qu'ils veulent amener dans la campagne et convaincre le grand public du bien-fondé des réponses qu'il leur apporte.

    A vrai dire, de source très bien informée, je sais que d'imminents évènement se préparent au MoDem sur le thème de l'Europe, et que la réflexion y est déjà bien avancé, mais...chhhhttt : je laisse le secret en suspens jusqu'à très bientôt...

  • Des fonds souverains nationaux pour l'Europe ?

    Nicolas Sarkozy vient de proposer la création de fonds souverains nationaux  en Europe, afin de se prémunir contre les crises graves telles que celle que nous venons de connaître, entres autres, mais aussi de l'acquisition nde nos fleurons industriels par des puissances étrangères profitant de cours indus. Je trouve l'idée intéressante : en effet, cela donnerait à l'Europe une force de réaction économique rapide en cas d'emballement des marchés et permettrait à chaque pays de se protéger plus efficacement.

    « Ces fonds permettraient de profiter d'un argent qui n'est pas cher pour acquérir des actifs stratégiques dépréciés, le temps que la crise passe, avant de les remettre sur le marché ». Oui, pour ma part, je trouve que c'est plutôt bien pensé.

    Il y a cependant un certain nombre d'écueils auxquels il faut prendre garde : tout d'abord, ne pas fausser la concurrence excessivement. Par exemple, lorsque le Gouvernement a annoncé la mise à disposition d'un très importante fonds de garantie pour sauver des banques éventuellement en danger, il a aussi créé un déséquilibre sur le marché. La preuve en a été que les cours des banques susceptibles d'être aidés ont flambé, alors que les banques autonomes ont au contraire perdu (la BNP par exemple). Temporairement, toutefois.

    Ensuite, créer un fond souverain, je veux bien, mais avec quel argent ?  Beaucoup d'Etats Européens sont largement endettés, à commencer par la France. Peut-être faudrait-il commencer par cela...Cela dit, sur les aspects stratégiques, Nicolas Sarkozy a parfaitement raison. Il ne faut pas oublier qu'actuellement, de gros pays producteurs de pétrole en disposent, et pas un d'entre eux ne fonctionne avec une démocratie digne de ce nom. Nous sommes à leur merci. Se donner la possibilité de se protéger est un impératif catégorique. Il doit en revanche être entendu qu'un tel fond ne doit pas être une cagnotte ou un fond de secours pour combler un déficit. Avec la France, je me méfie...

    Notons que l'Italie a choisi une autre option : elle souhaite plafonner la présence des fonds souverains dans son économie à 5% du capital des entreprises. Choix risqué qui pourrait à mon avis conduire l'Italie devant un tribunal de l'OMC.

    Et puis toute la difficulté, évidemment, cela va être de convaincre nos partenaires en bonne santé de la pertinence d'un tel projet. Or cela commence déjà mal puisque l'Allemagne vient de faire savoir qu'elle n'était pas du tout favorable à cette initiative.

  • L'Europe ignore sa culture

    Je reviens à nouveau sur la problématique de la culture européenne : ce qui me frappe, c'est l'absence de projet en Europe sur ce sujet. La culture ne représente que 0.03% du budget européen. Et ces 0.03% ne financent que des programmes de découverte réciproque des cultures européennes. Je ne crois pas qu'il y ait une volonté sciente de laisser la culture de côté au sein des commissions et du Parlement européens, mais je crois plutôt qu'ils ne savent pas comment faire.

    Dire ce qu'est la culture européenne, c'est un enjeu fondamental, car cela permet d'établir pas uniquement sur des bases mercantilistes les raisons pour lesquelles l'Europe va accepter une nation plutôt qu'une autre en son sein. Cela contribue à permettre de dire si la Russie, la Turquie, par exemple, sont européennes ou non. Cela permet également de contingenter le raisonnement géostratégique réduit à lui-même. Je ne dirais pas que cette question apporte LA réponse à toutes les autres, mais elle est fondatrice à plusieurs titres.

    C'est un sac de noeud qu'il n'est pas aisé de démêler. Est-il pertinent ou non, par exemple, de chercher le plus petit dénominateur commun aux cultures européennes ? Comment définir une culture européenne, et j'emploie bien ici "une" dans sa catégorie grammaticale d'article indéfini.

    Un article de wikipedia tente de sérier sans prétention, mais avec rigueur ce qui contribue à définir une culture européenne. Il n'y a pas de réponse mais des élements avec leurs limites : prégnance de l'indo-européen (mais pas seulement) dans les langues, culture politique et juridique commune issues du droit romain et de la philosophie grecque, fonds mythologique gréco-latin dans l'art européen, par exemple.

    Il appartient au Mouvement Démocrate, et, je l'espère au Parti Démocratique Européen ainsi qu'à l'ADLE de s'emparer de cette problématique tout à fait centrale, et abondamment négligée par les autres partis européens, ou, tout du moins, réduite aux poncifs qu'un Charles Courtel dénonce à juste titre.

     

     

  • Culture de l'Europe ou Europe des cultures ?

    Je viens de lire une analyse passionnante et très puissante de Charles Coutel, doyen de la faculté de droit Alexis de Tocqueville de Douai : l'objet de son écrit, intitulé "Y-a-t-il une culture européenne" est d'interroger le rapport de l'Europe à sa culture. Outre de nombreuses réflexions très intéressantes sur l'intégration d'autres cultures au sein d'une culture européenne, Charles Coutel pose une hypothèse très forte : il n'y a pas de culture européenne, mais il y a une européanisation des cultures.

    J'aime beaucoup sa démarche : il observe que l'appauvrissement de l'idée de culture génère une occultation de la complexité que recouvre l'idée d'Europe. Ainsi, il remarque que l'on parle plus volontiers d'environnement socio-culturel que de nécessité de se cultiver, par exemple.

    Il dénonce le règne du bon sentiment et des poncifs de toutes sortes, à commencer par le fameux droit à la différence dont l'effet pervers le plus notable est de margninaliser une approche universaliste et humaniste de la culture : dans cette dernière optique, la culture permet une expérience très riche de proximité avec la culture de l'autre qui est pourtant différente.

    En somme, le lieu commun de la diversité des cultures empêche les cultures diverses de ses définir un lieu commun pour parler de leur altérité et leur identité...

    Or, la construction de chaque langue montre justement qu'un culture, dont elle est le reflet, peut accueillir en son sein l'altérité : l'anglais, le français, par exemple, sont emplis de mots issus de cultures et de langues étrangères. Cet accueil de l'autre n'est pas une négation de soi, mais plutôt une forme d'hospitalité (j'aime beaucoup ce terme, employé par Charles Coutel).

    Cette réflexion est essentielle pour se représenter le ferment d'une culture européenne commune : cette communauté intègre un subtil processus d'imitation, de même que les Romains se définissaient comme les héritiers des Grecs et intégraient chaque nouvelle culture des peuples conquis.

    Il convient donc de définir une hospitalité réciproque entre les cultures européennes afin de semer le germe non d'une culture européenne, mais bien d'une européanisation des cultures. Cette hospitalité a vocation à intégrer l'aspiration à l'universalité de chaque culture européenne, parce que cette aspiration est la maison commune de toutes ces cultures.

    Je n'ai pas exactement repris l'analyse de Charles Coutel, mais m'en suis librement et largement inspiré pour construire ma propre réflexion sur le sujet. Je voudrais ajouter, toutefois, que la culture gréco-latine est un exemple d'européanisation (et même plus largement) de plusieurs cultures avant la lettre. Elle a donc vocation à nous servir de référence, et à constituer, à cet égard, la fondation de notre maison commune européenne.

     

  • Plan européen : prudence de Marielle de Sarnez

    Sarnez.jpgMarielle de Sarnez, vice-présidente du MoDem a apprécié ainsi, lundi, le plan européen : « Quand l'Europe agit de façon coordonnée et concrète, c'est évidemment une bonne chose. On verra dans les jours prochains si cette mobilisation européenne sera de nature à mettre un terme aux désordres financiers».

    «Ensuite, il faut voir si ce plan est de nature à faire face aux problèmes de l'économie réelle: les prévisions de croissance sont extrêmement faibles pour 2009, les carnets de commandes des PME sont vides, on va avoir une augmentation du chômage, on aura la question des déficits à combler».

    «L'Europe a enfin commencé d'agir, sous la contrainte de la crise. Il va falloir que demain on continue de le faire et qu'on ne retombe pas dans le chacun pour soi».

    Marielle fait bien d'être prudente. Mais je crois tout de même que cette réaction est très salutaire. Il reste maintenant à gérer notre propre situation franco-française. Il y a tout de même une question qui me taraude, dans ce plan : d'où va sortir exactement l'argent, en France, qui va garantir le crédit inter-bancaire ?

  • Jean-Marie Beaupuy écrit à Nicolas Sarkozy

    Voilà la lettre de l'euro-député MoDem Jean-Marie Beaupuy à propos du maintien de Strasbourg comme siège du parlement européen :

    Monsieur le Président de la République,

    En septembre, notre Parlement européen vient de tenir deux sessions plénières exceptionnelles à Bruxelles en raison de l’effondrement du plafond du Parlement de Strasbourg.

    Vous n’ignorez pas qu’il y aurait 80% des députés européens favorables au maintien de cette situation et qu’en outre une pétition en ce sens a déjà recueilli plus d’un million de signatures.

    Bien sûr les Traités en vigueur obligent au maintien du siège à Strasbourg, mais cette disposition légale va être de plus en plus difficile à tenir face aux pressions générales.

    Par ailleurs, le Traité de Lisbonne, dont nous souhaitons la mise en application dès 2009, doit pouvoir naturellement être complété par une nouvelle organisation des institutions européennes.

    Comme je l’indique dans mon article publié le 23 septembre 2008 dans les Dernières Nouvelles d’Alsace, doit-on regrouper l’ensemble des institutions à Bruxelles, avec la quasi certitude d’accentuer le réflexe anti-Bruxelles de l’ensemble des Européens et de leurs représentants, ou doit-on imaginer et mettre en place une nouvelle organisation pour l’ensemble des institutions (dont la Banque Centrale Européenne, la Cour de Justice des Communautés européennes, les agences exécutives de la Commission européenne ...) actuellement réparties dans une vingtaine d’Etats membres ?

    Il parait bien évident que l’éclatement actuel de ces multiples organisations ne peut en aucune manière apporter une réponse satisfaisante à la nécessaire efficacité de notre Europe face aux enjeux actuels et à venir.

    Dans le cadre de la Présidence Française de l’Union européenne, et avant que les campagnes électorales du premier semestre 2009 n’offrent aux détracteurs du Parlement européen de Strasbourg l’occasion de campagnes agressives, je me permets d’en appeler à votre intervention.

    Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’hommage de mon profond respect,

    Jean Marie BEAUPUY Député européen Conseiller Municipal de la Ville de Reims

  • Bayrou perplexe après le sommet européen

    François Bayrou est demeuré fort perplexe après le mini-sommet européen d'hier à l'Elysée :

    «Mes interrogations sont entières et je n'ai pas trouvé dans les annonces ou les décisions prises à la suite du sommet de l'Elysée, de choses extrêmement concrètes»

    S'il a jugé les «intentions, naturellement positives», il n'a toutefois rien observé «de nature à régler la crise ou, en tout cas, à faire repartir l'économie et la finance sur des bases saines».

    Il a estimé que le communiqué final du sommet était avant tout un «voeu pieux» et pas «une décision concrète opposable aux tiers»

    Le Président du MoDem a jugé que le pic de la crise n'était pas passé, déclarant que «que les points d'interrogation se multiplient» et observant « l'aggravation de la crise bancaire en Allemagne avec l'échec de la recapitalisation de la banque immobilière Hypo Real Estate».

    «Il y a des germes de fragilité dans tout le système bancaire et économique européen», a-t-il ajouté.

    Il a regretté que n'aient été présents autour de la table, lors du mini-sommet  «que les plus grands pays européens».

    «Pour bâtir une réponse européenne, on aurait dû élargir ce cercle à ceux des pays européens qui ont en partage la monnaie unique», a-t-il enfin conclu, déplorant l'absence de solidarité dans la zone euro.

     

  • Fortis, le syndrôme systémique

    Boudiou : ça chauffe sérieusement pour la finance européenne. Je viens d'apprendre que la Hollande, la Belgique et le Luxembourg s'apprêtait à nationaliser purement et simplement la banque Fortis (parmi les 10 plus gros assureurs et les 20 plus grosses banques en Europe) pour éviter son effondrement définitif : 11.2 milliards d'euros injectés. Pas fous à la BNP : ils ont proposé un prix pour Fortis, mais assez bas, et avec des garanties de l'Etat belge. J'ai toujours noté que cette banque était très prudente (c'est pour cela qu'elle est épargnée par les crises). Mais l'Etat Belge n'a pas voulu donner les garanties demandées. Sachant que les Britanniques ont nationalisé Northen Rock pour la sauver la faillite, j'imagine déjà les cris d'orfraie des néo-libéraux. Intervention massive des Etats dans les économies, ils doivent être en syncope, à l'heure actuelle. Pour ma part, je trouve que ces états ont réagi avec bon sens et en concertation. Quand il y a une urgence, comme dirait Deng Xiao Ping, peu importe que le chat soit noir ou gris pourvu qu'il attrape les souris. On en est là, je le crois vraiment.

    Cela dit, une fois la crise passée, et elle est tout de même largement systémique, il faudra faire les comptes, et les régler. DSK a proposé que le FMI mette en place de nouvelles règles de bonne gouvernance pour les banques et devienne le gendarme de cette bonne gouvernance (notamment sur le crédit). Je lui souhaite bien du plaisir pour réussir à mettre tout cela en place (va falloir convaincre pas mal de pays) mais c'est clairement nécessaire.

    Ah, dernier point : du coup, je me pose la même question que Carignano. Sarkozy a assuré dans son discours, vendredi, que l'Etat garantirait la continuité et la sécurité du système bancaire et financier français, en injectant de l'argent si nécessaire.

    Cela veut-il dire qu'une banque française va tomber et qu'il le sait déjà ?

    Si oui, laquelle ? Pas la BNP, à mon avis, impossible, probablement pas non plus la Société Générale, alors qui ?

  • L'Europe face à la mondialisation

    J'ai découvert un rapport très intéressant à parcourir sur le site Euromonde 2015. Il a été réalisée à la demande de Christine Lagarde et Xavier Bertrand. Son objet est d'interroger la pertinence de la Stratégie de Lisbonne au regard de l'évolution de la mondialisation, tout particulièrement économique.

    Laurent Cohen-Tanugi, l'auteur du rapport, rappelle que la Stratégie de Lisbonne avait été initiée en réponse au défi de la mondialisation de l'économie. Elle visait à faire de l'Europe l'économie de la connaissance la plus performante du monde. Les résultats sont de son point de vue en demi-teintes. Il  observe que si cette politique commune fait désormais consensus en Europe, ses résultats sont mitigés , particulièrement pour les grosses économies européennes (Italie, France, Allemagne, par exemple) et que même quand les résultats économiques sont bons, ils ne sont pas imputables directement à cette stratégie.

    Laurent Cohen-Tanugi voit comme cause de cette inefficience relative les modalités du processus de mise en oeuvre, très peu contraignantes.

    Il observe que les prescriptions de Lisbonne demeurent fondées, particulièrement pour la France, mais qu'elles ne sont plus suffisantes pour affronter les nouveaux défis de la globalisation, et qu'il faut, désormais, un "Lisbonne plus" face à la montée des puissances asiatiques et à la vitalité des entreprises américaines. De plus, « l’Union européenne est  confrontée à de nouveaux défis, dans son environnement extérieur tout comme en son sein même, dont l’existence ou du moins l’ampleur n’étaient pas perçues en 2000, ni même en 2005 : la concurrence du monde
    émergent, la problématique énergie/climat, les effets de l’élargissement à 27, la crise financière internationale, la géopolitisation de la mondialisation.»

    Laurent Cohen-Tanugi propose de recentrer la stratégie de Lisbonne sur ses axes prioritaires, afin d'éviter d'en faire un label pour tout et n'importe quoi en Europe : la compétitivité et l'innovation.

    « Lisbonne Plus articulera les dimensions économique, sociale et environnementale d’une économie et d’une société fondée sur le savoir et
    l’innovation, sans pour autant accaparer l’ensemble des problématiques économiques, sociales et environnementales nationales et européennes, qui doivent conserver leur autonomie.
    Sur le terrain social, l’éducation, la formation, la mobilité, les politiques d’ajustement à la mondialisation, les politiques d’intégration, la lutte contre le vieillissement, la relance du dialogue social doivent être au coeur de Lisbonne Plus.»

    L'auteur note au passage que l'Europe compte dans le monde essentiellement dans les domaines où elle applique une politique commune renforcée (agriculture, monnaie, par exemple).

    Les prochaines politiques externes qui doivent faire l'objet d'un projet et d'une application communs sont les suivants : diplomatie énergétique et environnementale, politique d’immigration et de co-développement, surveillance communautaire des prises de contrôleextra-européennes dans les secteurs sensibles.

    Ce que je trouve, pour ma part très inquiétant, c'est l'exposé des faits suivants, alors que la connaissance et l'innovation étaient au coeur de la Stratégie de Lisbonne :

    «La Stratégie de Lisbonne a consacré un objectif global de 3% du PIB pour l’investissement dans la R & D. Or les dépenses publiques européennes demeurent très loin de cet objectif, à 1.8% du PIB, et apparaissent même en régression depuis 2000.
    De manière plus fine, l’analyse de l’évolution des dépenses nationales de R & D permet de constater que :
    - seules la Finlande et la Suède dépassaient en 2006 l’objectif de 3 % du PIB, 4 pays (Danemark, Allemagne, Autriche et France) se situaient entre 2 et 2,5%, tandis que 11 autres pays affichaient un niveau de dépenses inférieur à 1% ;
    - sur la période 2000-2006, 17 pays ont affiché une progression de leur dépense intérieure de R & D, tandis que 10 autres (dont la France et le Royaume-Uni) ont vu baisser ou stagner leur niveau de dépenses

    Il y a là des pistes de réflexion nombreuses. Nul doute que le MoDem doit s'emparer de ces problématiques en vue de son programme européen. J'aurai l'occasion d'en reparler dans un prochain billet.