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  • Vaccin contre l'hépatite B et sclérose en plaques

    Mon sentiment dans bien des choses de la vie, c'est de penser qu'il n'y a pas de fumée sans feu, même s'il convient d'analyser et d'interpréter correctement la prévalence du feu en question.

    GSK (un laboratoire pharmaceutique) vient d'être condamné à la suite d'un long procès de 10 années. Une adolescente qui avait reçu une injection d'Engerix B en 1997 (il s'agissait d'un rappel) avait alors développé une sclérose en plaques quelques mois après.

    Quand je pense au nombre de fois où les divers pédiatres et les médecins m'ont incité à faire vacciner mes enfants avec ce vaccin et à mes refus réitérés...J'ai bien eu raison. Sauf qu'une vraie connasse, et je pèse mes mots, a fait acheter à ma compagne un vaccin qui contenait la dose contre l'hépatite B pour ma petite dernière sans nous en informer. Je l'ai appris par la pédiatre suivante (dès le départ, je n'avais pas du tout aimé cette sale bonne femme). Vaccinée contre notre gré avec un vaccin controversé. J'ai vraiment eu la haine. Mais j'ai ses coordonnées à celle-là, et mieux vaut pour elle que jamais je n'aie de souci avec ma petite dernière.

    Ah, ça, pour nous dire des "mais non mais non mais non, intoxication, consultez les statistiques, pas de lien entre le vaccin et la sclérose en plaques", ils ont été forts les professionnels de santé.

    Ok, bon, je sais relativiser : le cas est peut-être rare. Il n'empêche qu'il est non-nul, et d'ailleurs, une étude de l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris a conclu en septembre 2008 à un risque faible.

    La sclérose en plaques est une horreur. Pas envie de faire prendre ce risque à mes enfants, moi, et pourtant, je ne rechigne pas à la vaccination en règle générale.

  • Et si, Sarkozy est mon président...

    Je viens de lire la dernière note d'Unhuman qui juge que la démocratie recule en France. Il conclut, tout comme Sarkofrance, que Nicolas Sarkozy n'est pas son président.

    Je m'étonne d'un tel déni de démocratie. Je ne me reconnais en quasiment rien dans l'action de Nicolas Sarkozy, mais pour moi, il va de soi qu'il représente la France et qu'il est bien le Président de la République française, mon président.

    Je ne comprends pas cette entreprise de diabolisation que je juge parfaitement idiote (désolé les gars, si je vous fonce dans le lard et je ne mâche pas mes mots, mais je ne suis vraiment pas d'accord avec vous). Sarkofrance a amorcé un mouvement de recul pour ne pas lui serrer la main. Ah. Ce ne serait pas un tantinet exagéré ? Si j'avais à rencontrer Nicolas Sarkozy, cela ne me poserait pas de problème de lui serrer la main. Rien là que de poli et républicain, à mon sens.

    Je ne comprends pas comment Sarkofrance qui admet que Nicolas Sarkozy a été démocratiquement élu et de manière incontestable lui dénie ce titre.

    J'ai du mal à comprendre certains reproches adressés à Nicolas Sarkozy : le Parlement agit comme une chambre d'enregistrement ? Ah ? Et c'est nouveau ? C'est tout de même un comble d'attaquer Sarkozy là-dessus. Vous auriez vu la tête des votes de députés sous Chirac et Jospin...!

    Sarkozy, c'est un style agaçant, inefficace, certes, mais c'est un démocrate, cela ne me paraît pas contestable. La presse, on ne peut pas dire qu'elle ne soit pas libre vu tout ce qu'il se prend dans les dents chaque jour, a fortiori sur la Toile où la liberté de ton est totale pour critiquer son action.

    Je l'ai déjà dit, il y a une hystérie autour de la personne de Nicolas Sarkozy tout à fait dommageable à un travail d'opposition responsable. Quand j'y songe, et que je considère la manière dont Miterrand a géré ses relations avec la presse, avec l'opposition sans compter les coups tordus et divers (Rainbow Warrior, écoutes téléphoniques...), il a fait mille fois pire dans un grand silence médiatique.

    Il y a souvent, dans la haine de Sarkozy, sur les forums, dans les commentaires de quelques gros sites, un arrière-goût populiste d'une saveur douteuse et inavouable : occasion d'exprimer sa haine de l'argent, de la bourgeoisie, parfois du juif (enfin, du demi-juif, plutôt, voire du quart de juif...).

    Sarkozy a un style napoléonesque de second empire, mais il n'a pas grand chose d'un autocrate. D'un hyper-actif un tantinet narcissique et égocentrique, je l'admets sans conteste. Autocrate, non. La presse l'agace, mais sa fibre libérale lui laisse certainement plus de mou sur la bride que dans les années Mitterrand ou même Chirac.

    Il y a une espèce de comédie permanente, du côté des journalistes, essayant de jouer le rôle de martyrs de la liberté de la presse. C'est d'un ridicule consommé. Envoyons-les donc en Irak, en Afghanistan, au Soudan, au Mali, en Mauritanie, en Iran ou encore en Arabie Saoudite. Là-bas, au moins, ils commenceront à avoir un aperçu bien plus concret de ce qu'est l'absence de liberté de presse.

    Bref, il fait beau reprocher à Nicolas Sarkozy son agitation récurrente tout en pratiquant soi-même un battage parfaitement inutile et improductif...

  • La loi du marché

    J'ai trouvé très intéressante une réflexion récente de Jean Lassalle, député MoDem, rappelant qu'à l'origine du marché, il y a le contrat :

    La très ancienne notion de contrat pourrait être de nature à transformer le destin de nos paysans et de nos agriculteurs en leur donnant des débouchés sur la durée.
    Aujourd’hui, les marchés de proximité ont tous disparu. Même si l’on fait des efforts pour remettre au goût du jour le lien direct entre le producteur et le consommateur, nous en sommes encore bien loin. Seulement, comme vient de le souligner Mme Langlade, encore faut-il que chacun des contractants ait les moyens de se faire respecter. Un vieux dicton de chez nous dit : « Il faut renforcer l’identité de l’autre pour passer de bons contrats avec lui. » De nos jours, on fait plutôt le contraire : on essaie de pilonner et d’affaiblir l’autre afin qu’il soit le plus faible possible au moment de la signature du contrat.
    Je crois que celui qui signe un contrat à l’intention de le respecter. Le problème est que le plus puissant des deux signataires à tendance à trop en demander à l’autre et à aller au-delà des limites de son partenaire. De contrats en contrats, nous sommes malheureusement en train de dévoyer cette pratique. Monsieur le ministre, je ne dis pas que c’est ce que vous voulez. Au contraire, en inscrivant les contrats dans la loi vous souhaitez protéger cette pratique. Aujourd’hui, la plupart d’entre eux sont signés entre partenaires de forces inégales. Ainsi celui qui est le plus fort fait disparaître la concurrence et, à terme, il se retrouve seul dans une situation encore plus favorable
    .

    Quand le marché au sens économique du terme est apparu, ce devait être un lieu d'échange. Il s'agissait pour ses usagers de conclure des accords mutuellement avantageux. Le contrat venait les sceller. Or, ce que décrit Jean Lassalle, ce n'est pas une situation de marché mais une situation de guerre.

    Le contexte de la discussion est le suivant : la loi de modernisation de l'agriculture prévoit que les échanges entre producteurs et distributeurs doivent être contractuels pour les productions agricoles. Seulement, si l'État légifère ainsi, il n'est pas prévu qu'il intervienne pour garantir, par exemple, que les agriculteurs recouvrent au moins leurs coûts de production.

    En théorie, j'aurais une préférence pour que le marché s'organise de lui-même, et que l'État n'intervienne pas. Le problème, c'est la distribution : son mode d'organisation vient occulter les échanges. Certes, la distribution prend en charge des coûts d'organisation et de stockage importants, mais, en contrepartie, elle se substitue au marché.

    La difficulté, c'est que je ne perçois pas, pour l'instant, de système capable de concurrencer le pouvoir logistique de la grande distribution. Pourtant, en termes de prix, si on compare par exemple les prix pratiqués par paysan.fr, la différence ne saute pas aux yeux, et, sur certains produits, la coopérative est plus performante.

    L'argument du prix n'est pas suffisant pour expliquer l'avantage pris par la Grande distribution : elle offre aussi un service précieux pour le consommateur : le tout en un. On ne se rend pas dans un super-marché pour obtenir des produits alimentaires. On y trouve aussi toute une série de biens de consommation d'une autre nature.

    Les coopératives ne peuvent pas faire face, en l'état, si elles n'adoptent pas le même mode d'organisation, ce qui revient, sur le fond, à changer de métier...

     

  • La F1, c'est un sport d'équipe ou un sport individuel ?

    Lors du dernier grand prix d'Allemagne, Massa qui menait la course a laissé passer Alonso sur injonction de son écurie, Ferrari. Ce faisant, la Scuderia a commis deux infractions : primo, il est désormais interdit aux écuries de communiquer avec ses pilotes pendant une course, secondo, on peut subodorer que c'est un tantinet anti-sportif de favoriser un de ses pilotes (Alonso se trouvait juste derrière Massa) parce qu'il est mieux placé au classement général.

    En fait, c'est ce dernier point qui est à discuter : le fond de la question, c'est de déterminer le statut du pilote de formule 1. Une équipe est-elle un collectif qui élabore une stratégie et à laquelle tous les procédés sont autorisés dans ces conditions, ou bien est-elle juste constituée d'individualités dont les résultats sont purement sommatifs ?

    S'il y a un débat sportif à lancer, au sein de la F1, c'est à mon avis celui-là. En attendant, Ferrari s'est déjà vue infliger 100 000 dollars d'amende et elle est convoquée devant le conseil de la FIA qui pourrait lui infliger une sanction bien plus lourde.

    Ironie du sort, le patron de la FIA est Jean Todt, or, en son temps, et avant que le règlement ne l'interdise (en 2002), il avait donné des consignes à Rubens Barichello, en grand prix, pour que ce dernier s'efface devant Michael Schumacher...

  • Internet, un bistro ?

    Dans son dernier billet, Bruno Roger-Petit s'émeut de la fermeture annoncée du blog de Jean-François Kahn et déplore la fin des bistrots que l'Internet moderne n'a jamais remplacé. Comparant l'ancienne et la nouvelle institution, il conspue les tombereaux de haine que charrie la seconde, toute de noir et de blanc. Bruno Roger-Petit fait à mon avis une première erreur : c'est le public spécifique des commentateurs de blogues politiques, littéraires ou encore économiques qu'il vise en priorité. Or, ce public-là n'est pas représentatif de la population des bistrots, ni de ceux d'aujourd'hui, ni de ceux d'hier. Il y a un expert des bistros sur la blogosphère, mais c'est un OVNI.

    La population qui peuple les fils de commentaires de la Toile, sur les blogues, la presse officielle ou ailleurs est avant tout symptomatique des intellectuels que Schumpeter décrit dans son atmosphère sociale et intellectuelle du capitalisme.

    « Les intellectuels sont effectivement des gens qui manient le verbe écrit ou parlé et qui se différencient des autres écrivains ou orateurs par le fait qu'ils n'assu ment aucune responsabilité directe en ce qui concerne les affaires pratiques. Cette dernière caractéristique en explique une autre : l'intellectuel, en général, ne possède aucune des connaissances de première main que fournit seule l'expérience. Une troisiè me caractéristique consiste dans l'attitude critique de l'intellectuel, déterminée à la fois par sa position d'observateur - et même, dans la plupart des cas, de profane (outsider) - et par le fait que sa meilleure chance de s'imposer tient aux embarras qu'il suscite ou pourrait susciter. Profession de l'individu sans profession? Dilettantisme professionnel? Gens qui parlent de tout parce qu'ils ne comprennent rien?  »

    Mais alors ? Si nombreux sur la Toile ces intellectuels ( généralement de second plan, au demeurant) ?

    Schumpeter a l'explication une fois de plus :

    La surproduction des intellectuels peut créer des incapacités de travail d'un type particulièrement déconcertant.L'homme qui a fréquenté un lycée ou une université devient facilement psychiquement inemployable dans des occupations manuelles sans être devenu pour autant employable, par exemple, dans les professions
    libérales
    . [...].
    Par ailleurs,
    tous ces bacheliers et licenciés, en chômage ou mal employés ou inemployables, sont refoulés vers les métiers dont les exigences sont moins précises ou dans lesquels comptent surtout des aptitudes et des talents d'un ordre différent. Ils gonflent les rangs des intellectuels, au strict sens du terme, c'est-à-dire ceux sans attaches professionnelles, dont le nombre, par suite, s’accroît démesurément. Ils entrent dans cette armée avec une mentalité foncièrement insatisfaite.

    Parierons-nous que ce sont eux que nous retrouvons sur la Toile ? Il faut terminer de lire le billet d'origine, et, idéalement, consulter Capitalisme, Socialisme et Démocratie (chapitre XIII, 2) pour achever le raisonnement et bien comprendre quelles relations ces individus entretiennent avec le capitalisme, au demeurant.

    Pour revenir à Bruno Roger-Petit, ne ratons toutefois pas une occasion de l'égratigner : pour quelqu'un qui se plaint de cet univers électronique bicolore, j'ai souvenir d'avoir lu une association de la ligne éditoriale de Marianne au Vichysme simplement parce que le magazine s'interrogeait sur la manière dont la France pouvait gérer son immigration et avait repris entre autres l'un de mes billets sur le permis à points et l'immigration.

    Je l'ai dit quand j'ai évoqué Jessi, Internet est une formidable caisse de résonance. Après, les échos qui se démultiplient n'ont pas forcément l'heur ni l'amabilité de le faire de manière cohérente. On ne peut pas bloguer si l'on n'est pas capable de supporter le vacarme, corrélat immédiat du succès d'estime. Le vacarme est d'autant plus fort que personne ne peut vraiment dire chut à quelqu'un qui éructe dans un commentaire ou un billet (je ne me prive d'ailleurs pas moi-même d'éructer de temps à autre...).

    Évidemment, un bistro, c'est bien pratique : on peut jouer à l'anthropologue et quitter les lieux très content de soi, avec le sentiment de plénitude que donne la certitude d'être christiquement descendu parmi le populo. Sur Internet, il en va autrement : on est aux prises avec son semblable, et il n'existe rien tant de plus insupportable pour un intellectuel qu'un autre intellectuel...

    In fine, ce n'est pas la France que révèle Internet, contrairement à ce que titre Bruno Roger-Petit, mais son lumpen-intellectuariat ! En outre, je ne crois pas que «finissent par s'imposer, comme dans la vie publique, les «dynamiteurs, pollueurs, obsédés et allumés».

    Regardons les divers classements de blogues çà et là, si je veux bien admettre qu'il y a quelques excités, mais dans l'ensemble, ce sont surtout des gens raisonnables et pondérés qui battent le haut du pavé.

  • Paradis fiscaux : les îles Caymans battues par la France ?

    Passionnant l'entretien qu'Éric Desmorieux, avocat fiscaliste du cabinet Aurélia, a donné au magazine l'Expansion.

    Quand le grand public a pris connaissance du montant réel des impôts payés par Lilianne Bettencourt, au regard de sa fortune, on a entendu un haro généralisé contre le Bouclier fiscal. Tu parles Charles...ça vaut tripette ce bouclier, en fait.

    Liliane Bettencourt paie peu d'impôts non en raison du bouclier fiscal mais parce qu'elle a placé ses sous dans une holding. Très pratique, la holding : détenez 51% d'une holding qui détient 51% d'une société et vous la contrôlez avec 26% de son capital au total. Fort, non ? Bien évidemment, je ne rentre pas dans les calculs astucieux qui mèneraient à détenir 51% d'une holding qui contrôle 51% d'une autre holding qui contrôle elle-même 51% d'une autre holding...la mise en abyme, vous connaissez ?

    Ce n'est pas tout : ces petites bêtes-là ont une écologie fiscale des plus frugales ! En France, c'est l'argent qu'on retire de la holding qui est considéré comme un revenu imposable. De manière générale, en Europe, les holdings bénéficient depuis fort longtemps d'une fiscalité spécifique et avantageuse (depuis 1924, par exemple, en France). Tenez, par exemple, le taux d'impôt sur les sociétés de 33.3% ne s'applique qu'à 5% des dividendes seulement. Taux final d'après Éric Desmorieux, 1.66%. Qui dit mieux ?

    Gauchistes qui lisez ce billet (libéraux, ne vous étranglez pas non plus, vous qui croyez que la France est le pays de la taxe par excellence), munissez-vous d'un défibrillateur pour éviter l'infarctus mortel, car voici ce que conclut Éric Desmorieux à propos de la fiscalité de la France :

    Quand on gagne énormément d'argent, et quand on a les moyens de s'offrir un spécialiste de l'optimisation, la France peut avoir des allures de paradis fiscal.

    Et Nicolas qui s'interroge sur la destination préférée des entreprises étrangères...

    Bon, nuançons tout de même le propos : l'argent de la holding n'est pas (ou peu) imposé...tant qu'il demeure dans la holding ! Le problème, c'est trouver quoi faire de la holding par la suite. Parce que le jour où il faudra liquider les droits de succession, là, en revanche, ça va faire mal. A moins d'avoir trouvé une solution entre temps. En terme d'impôts, on est donc plutôt dans le cadre d'un impôt différé que d'une authentique optimisation.

    Rassurez-vous, Gauchistes qui allez pouvoir hurler au loup, et Libéraux qui reprendrez votre souffle, l'optimisation fiscale n'a pas dit son dernier mot :

    La holding patrimoniale est votre totem ! Créez une holding pour vos enfants en répartissant astucieusement ses parts. Vendez les titres de votre société à la holding qui pourra au passage emprunter pour les acheter et paiera les échéances avec les dividendes des titres achetés. Vous avez compris ? Si vous n'avez pas compris le raisonnement, vous êtes des lumpen-gauchistes ou des libéraux ratés, tas d'andouilles : rien ne se transmet directement entre vous et vos héritiers, donc pas de droit de mutation. Hurlez, gauchistes qui allez pouvoir promettre la corde au Gross Kapital, réjouissez-vous, libéraux, le tour est joué ! Eh oui, tout cela se passe en France...

    En revanche, en ce qui concerne l'impôt sur les sociétés, il ne faut pas oublier que les sociétés dont la holding détient des parts l'ont payé, elles ! Je n'évoque pas non plus l'ISF qui vient s'ajouter à tout cela. S'il faut calculer in fine le taux vraiment acquitté, je pense qu'on est à largement plus de 1.66...

    Ce n'est pas grave : il doit y avoir d'autres astuces, mais je ne suis pas fiscaliste, alors je me contente de choses simples...

    Cela dit, si Liliane veut déshériter sa fille (elle a brandi l'arme atomique), je suis certain qu'il y a des techniques. Personnellement, je penche pour la création d'une Fondation (radical pour régler ses comptes avec sa famille), mais je crois qu'une militante MoDem a quelques suggestions à faire de son côté...

  • Jessi, dun goofed up, Jessi, tu t'es fait griller...

    On ne devrait pas laisser de jeunes enfants faire les malins sur internet. Une gamine américaine de 11 ans, Jessi Slaughter, et sa famille l'apprennent actuellement à leurs dépens. Elle a pris l'habitude de se présenter avec sa webcam à n'importe qui, tout en déclarant n'importe quoi à n'importe quel interlocuteur.

    Et puis quand ça a mal tourné, et qu'elle est devenue objet de la risée générale, elle a voulu se rebiffer et faire sa grande en insultant ses correspondants, leur proposant de les flinguer d'une balle dans la tête et leur souhaitant le sida.

    Cela a bien fait rigoler les internautes américains du forum 4Chan.org qui s'en sont donnés à coeur joie avec des fake et des simili-video. Mais le meilleur était à venir : le père (la famille avait été jusque là remarquablement absente) s'en est mêlé et a enregistré une vidéo menaçant les auteurs des fake de représailles policières.

    Explosion générale de rire et franche rigolade sur la Toile. Je ne compte pas les versions pirates et délirantes et remaniées de la vidéo qui ont circulé.

    Voilà, l'histoire pourrait s'arrêter là. Sauf qu'elle n'est pas drôle du tout...Pas drôle parce que la gamine a 11 ans et ne se rend pas compte de ce qu'elle fait, qu'elle a reçu des menaces de mort, qu'elle a du être mise sous protection policière et que l'assistance sociale américaine s'intéresse à la famille, se demandant si l'enfant bénéficie d'une éducation sans carences graves, puisqu'elle a pu ainsi se mettre en danger.

    Pas drôle parce qu'il y a là une famille complètement dépassée, assez symptomatique des rapports que les parents des jeunes générations entretiennent avec l'Internet, et prise pour cible par des railleurs à la moquerie facile.

    Le phénomène buzze sur la Toile américaine et commence à toucher les autres pays. Notre rapport à Internet ne laisse de nous interroger, en ce début de 21ème siècle.

    la Toile est un gigantesque théâtre grec dans lequel tout le monde, y compris à son insu et contre son gré, peut devenir acteur d'un drame en trois actes. Les erreurs s'y propagent plus vite que les analyses éclairées et sont répliquées jusqu'à l'écoeurement par nombre de sites dont la vérification des sources est le cadet des soucis.

    Une fois qu'un site est considéré comme un site de référence, il peut raconter n'importe quelle connerie, tout le monde reprend son information et le cite.

    Dans les écoles françaises on entonne à grand renfort de trompettes et de chartes républicaines la complainte du béni-oui-oui pour "éduquer" les jeunes âmes à l'utilisation d'Internet. On ferait mieux d'y multiplier l'étude de cas concrets au point de devenir des cas d'école.

    Chez les Grecs, on éduquait les enfants encore jeunes avec des légendes et des mythes. L'âge et le maturité venant, on passait aux exercices rhétoriques. Cette habitude sensée demeure relativement vivace en Europe puisque fables et contes tiennent encore une relativement bonne place dans les programmes de l'école primaire et du début du collège, même si l'on n'en tire guère la substantifique moëlle désormais.

    L'histoire de Jessi mérite d'entrer dans la légende et de figurer au nombre des contes modernes. Une sorte de Chaperon rouge de Perrault pour usagers électroniques : l'héroïne, la plus jolie petite fille du village, commet l'erreur fatale de donner au grand méchant loup les coordonnées complètes de sa grand-mère. Le loup file chez la vieille et la dévore. Quand la petite arrive chez son aïeule, c'est le loup qu'elle trouve. Déguisé en grand-mère, il l'invite à prendre place dans son lit : personne, dans le conte de Perrault ne retrouvera l'enfant vivante...

    Cette histoire bien ancienne, puisqu'elle appartient à la tradition orale médiévale résonne d'un bruissement particulier sur nos fils électroniques, et il n'y a pas, cette fois, de frères Grimm qui traîneraient sur la Toile pour inventer une fin heureuse. A méditer...

  • Le libéralisme, c'est le bien.

    Pas moyen de parcourir un billet politique, voire économique, sans entendre pis que pendre du libéralisme.

    Il est frappant de voir à quel point les diatribes enflammées des uns et des autres contre le libéralisme ne parviennent pas à masquer l'inanité de leurs propositions (et encore, quand il y en a !).

    Il n'y a pas moyen, dans notre société intellectuelle, de mener une réflexion contre les abus sans finir par un "gros mot" en -isme.

    Le libéralisme est ainsi devenu le bouc-émissaire commode de tous nos maux. Les abus ne sont nullement une conséquence du libéralisme mais de l'absence de transparence, de concurrence et du mépris des divers réseaux de pouvoir pour les individus.

    S'il y a bien une pensée toute empreinte de pragmatisme et de modération, c'est justement cette pensée-là. Partout où il y a de la misère dans le monde, ce n'est pas le fait du libéralisme, mais au contraire de la corruption des élites et de la collusion entre les cercles du pouvoir politique et ceux du pouvoir économique. Le libéralisme qui se plaît à favoriser les corps intermédiaires en contrepoids à l'État, qui défend les libertés et le droit d'association, est donc aux premières loges pour lutter contre les tyrannies et les dictatures de toute sorte.

    Comme le libéralisme fait de l'individu le coeur de l'action politique, il défend d'autant plus le droit des minorités et ne prospère que dans un état de droit, condition sine qua non de l'exercice des libertés individuelles.

    Il existe bien sûr plusieurs traditions au sein du libéralisme, et très souvent, le vulgus pecum electronicum assimile à tort libéralisme classique et école autrichienne (qui inspire entre autres les libertariens). Il est d'ailleurs fort amusant de considérer que Frédéric Bastiat, égérie de nos libertariens français, siégea sur les bancs de la gauche. Pétri d'individualisme, on lui doit quelques saillies fortes :

    « Il y a trop de grands hommes dans le monde; il y a trop de législateurs, organisateurs, instituteurs de sociétés, conducteurs de peuples, pères des nations, etc. Trop de gens se placent au-dessus de l'humanité pour la régenter, trop de gens font métier de s'occuper d'elle »

    J'aime beaucoup. Mais j'apprécie encore plus sa pétition des fabricants de chandelles réclamant d'être protégé contre un concurrent étranger bien moins onéreux qu'eux : le soleil ! Et nos fabricants d'exiger de l'État un décret pour faire clore toutes les lucarnes et fenêtres...

    Farouchement individualiste, l'homme s'opposait à toute forme de mutualisation sous contrôle de l'État (par exemple, il aurait conchié notre sécurité sociale...). Mais dans le même temps il a combattu la peine de mort, l'esclavage et farouchement défendu le droit syndical.

    Je ne me retrouve pas dans les thèses de Bastiat, trop radicales à mon goût, mais j'aime bien l'homme. Il incarne, à mon sens, dans les différentes écoles libérales, le travers que Tocqueville dénonce dans l'exercice de la démocratie : dès lors que les individus ne s'occupent plus que d'eux, de leur bien-être domestique et de leurs intérêts privés, le sentiment démocratique se dissout car il est consanguin de la solidité du tissu social. Un individualisme forcené mène donc tôt ou tard à la dissolution du corps social.

    J'ajouterai pour conclure que le début de la pensée libérale, c'est le refus de toute forme d'assujettissement de l'individu quelle que soit son origine. Une politique libérale digne de ce nom aura pour objet d'émanciper les individus, non de substituer une dépendance à une autre. Cela demande beaucoup de finesse et de sens de l'anticipation. Deux qualités rares dans notre classe politique aujourd'hui...

  • Frédéric Lefebvre, taisez-vous !!!

    Évoquer un viol collectif pour qualifier le travail de la presse sur l'affaire Woerth, il fallait l'imaginer. Je me suis demandé quel abruti pouvait avoir balancé une telle idiotie. Je vous le donne en mille, l'un des porte-flingues de l'UMP, le sinistre individu dénommé Frédéric Lefbvre. Ce même individu, comme le relevait récemment Olympe, contestait la qualification de viol pour les faits commis à l'encontre d'une mineure par Roman Polanski dans l'affaire qui a défrayé la chronique.

    Ce type me débecte. La jeune fille violée par Polanski lui a dit dix-sept fois non. Les viols collectifs sont l'un des pires crimes qui puissent être commis. L'un de deux qui pourraient me faire douter de mon engagement contre la peine de mort.

    Ce sinistre individu parle et pense à tort et à travers. L'inversion des valeurs est le signe d'une société déliquescente. J'ai déjà observé par le passé que nos médias glorifiaient les truands et les pires criminels, mais que dire quand un homme politique verse dans une telle confusion du langage.

    Le Macbeth de Shakespeare s'ouvre sur cette inversion : "fair is foul and foul is fair". Le chant des sorcières annonce la descente aux Abysses de Macbeth, traître et impitoyable assassin à venir de tous ses anciens amis.

    Vaclav Havel, devant le Bundestag allemand, a expliqué un jour pourquoi il convenait de lutter pour redonner aux mots leur sens : la marque de fabrique du régime communiste, c'était justement d'en détourner la valeur exacte et de promouvoir une confusion générale des termes propice aux dérives politiques de toute sorte. Le Faucon s'inquiète pour la droite. J'espère bien que la droite n'est pas comptable (ni solidaire !) de ces déclarations scandaleuses.

    En tout cas, je m'inquiète quant à l'éthique et au sens moral d'un individu qui entretient de telles confusions.

  • L'horreur de Nankin

    Je n'irai pas voir City of Life and Death le film de Lu Chuan. Non que j'ai un a priori défavorable, bien au contraire, mais plutôt que de tels films me remuent trop, quand bien même le film demeurerait sobre en dépit de la tache que le réalisateur s'est assigné.

    Le massacre de Nankin vaut bien la Shoah à de nombreux égards. C'est un crime sans nom. Un crime sadique et collectif, mais un crime toujours pas reconnu au Japon. Il faut bien comprendre qu'on en dit plus sur l'horreur de Nankin dans les manuels d'histoire français que dans leurs homologues nippons !

    Quand on considère le mal que le Japon a fait à la Chine pendant plus d'un demi-siècle, les crimes que cette nation a commis au sein de l'Empire du Milieu, on comprend mieux la méfiance instinctive des Chinois vis à vis des Japonais désormais.

    L'invraisemblable, c'est que Yasuhiko Asaka, le commanditaire du massacre de Nankin n'a jamais été puni, simplement parce qu'il était membre de la famille impériale.

    Il eût fallu pourtant le pendre haut et court sous les yeux de la population japonaise pour l'exemple. Non moins invraisemblable, il y a encore des politiciens japonais de premier rang pour nier les atroces exactions qui furent commises à Nankin.

    Il ne peut y avoir aucune réconciliation sino-japonaise solide sans reconnaissance de l'horreur absolue que fut le sac de cette cité. Il eût fallu liquider physiquement et publiquement toute la chaîne de commandement qui avait permis une telle barbarie. Mais pour contenir le communisme, les Américains et au premier chef Mac Arthur, ont préféré fermer les yeux.

    Kotohito Kan'in, autre prince compromis dans ces meurtres horribles reçut des funérailles nationales après sa mort survenue le 21 mai 1945. Le Japon avait pourtant capitulé...

    Un homme aurait le pouvoir de rouvrir le dossier et de rendre enfin justice aux victimes : l'empereur Akihito. Il a fait quelques efforts en ce sens, mais c'est dans sa propre famille qu'ont germé les fruits les plus pourris et empoisonnés du Japon militarisé et fanatisé.

    Les tabloïds, c'est une chose, la responsabilité politique et humaine, c'en est une autre : aura-t-il ce courage ?