Le Faucon répond à ce qui ressemble bien à une chaîne initiée par Yan Savidan : que ferais-tu si tu n'avais plus de blogue. Et à l'issue de son billet, il me transmet le bébé...
A vrai dire, comme le Faucon, je viens des forums et newsgroups, et donc, peut-être y retournerais-je. Toutefois, j'ai créé ce blogue avec un objectif précis, celui de promouvoir Bayrou et l'UDF puis le MoDem. Il me serait difficile de renoncer à un tel objectif après tant d'efforts. Si je n'avais plus de blogue, sans doute me tournerais-je vers une plate-forme participative du type AgoraVox.
Il me semble toutefois que la question initiale est plus large : Yann envisageait de renoncer à passer 5 heures par jour le nez penché sur son Macbook, et très précisément, de demeurer connecté en permanence à un réseau par voie électronique...
C'est là en fait le véritable enjeu : ce n'est pas pour nous-mêmes que nous demeurons sur les réseaux et nos blogues, mais parce que les autres y sont et que nous avons besoin d'eux. Nous ne sommes pas accrocs à nos billets mais à nos visiteurs et à leurs éventuelles réactions, aux échanges que nous avons, avec nos semblables, in fine. Et peu importe que ces liens soient des liens d'amitié ou d'inimitié.
En Grèce antique on distinguait πολεμός, la guerre, et ἄγῶν le combat qui renvoie à des règles admises par tous. L'ἄγῶν était donc une compétition aussi bien sportive qu'artistique ou littéraire. Dans la tragédie on appelle ἄγῶν ces moments de la pièce ou deux individus opposés (antagonistes, en somme), deux protagonistes, donc, soutiennent des thèses opposées. L'un des plus fameux est celui qui oppose Antigone à Créon dans l'Antigone de Sophocle, alors que la fille d'Oedipe défend son droit à donner une sépulture à son frère, fût-ce contre les lois de la cité.
L'ἄγῶν est une dimension importante (bien que pas la seule) des rapports entre blogueurs, entre blogueurs et commentateurs ou encore entre usagers des forums et newsgroups.
Je ne suis pas certain que les règles soient toujours respectées sur la Toile, mais enfin, c'est, pour ma part, l'une de mes motivations principales. Je cherche la confrontation, et, comme je le dis souvent, le choc des idées, particulièrement des idées antagonistes.
Si je n'avais plus de blog et n'étais plus en mesure de participer à un réseau, j'essaierais sans doute de retrouver cet aspect dans ma pratique politique. Le problème, c'est que ne plus bénéficier des effets démultiplicateurs du réseau et d'Internet serait une régression conséquente pour moi.
Internet est l'univers de la débrouille, et chacun gère comme il l'entend son expression et son tissu de relations, mais le fait est que c'est avant toutes choses une formidable tribune pour des individus qui n'avaient jusque là jamais eu l'occasion de s'exprimer et faire valoir leur point de vue.
Maintenant, si je traite l'aspect purement addictif de la chose (soyons honnête et ne le nions pas), nul doute que je ne tente de trouver un palliatif (en fait, que je remplace une addiction par une autre addiction...). Pour procéder à de telles substitutions, l'esprit humain est particulièrement inventif...
Le Crapaud a quasi-répondu à ce qu'il compte faire sans blogue puisqu'il veut le fermer (le vil lâcheur !). De toutes façons, c'est à des "addicts" qu'il faut que je pose la question...
Bref, taguons, taguons : par exemple, l'Abeille Démocrate, Dany de Fanal Safran, Disp (il m'aurait pas piqué mon bûcher, au fait, des fois ?), Corto qui trouvait difficile d'écrire dans son billet du 15 juillet, Rubin qui ne peut pas ne pas répondre à une question de ce type et puis à Vlad que j'aime bien taguer par principe...