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Le libéralisme, c'est le bien.

Pas moyen de parcourir un billet politique, voire économique, sans entendre pis que pendre du libéralisme.

Il est frappant de voir à quel point les diatribes enflammées des uns et des autres contre le libéralisme ne parviennent pas à masquer l'inanité de leurs propositions (et encore, quand il y en a !).

Il n'y a pas moyen, dans notre société intellectuelle, de mener une réflexion contre les abus sans finir par un "gros mot" en -isme.

Le libéralisme est ainsi devenu le bouc-émissaire commode de tous nos maux. Les abus ne sont nullement une conséquence du libéralisme mais de l'absence de transparence, de concurrence et du mépris des divers réseaux de pouvoir pour les individus.

S'il y a bien une pensée toute empreinte de pragmatisme et de modération, c'est justement cette pensée-là. Partout où il y a de la misère dans le monde, ce n'est pas le fait du libéralisme, mais au contraire de la corruption des élites et de la collusion entre les cercles du pouvoir politique et ceux du pouvoir économique. Le libéralisme qui se plaît à favoriser les corps intermédiaires en contrepoids à l'État, qui défend les libertés et le droit d'association, est donc aux premières loges pour lutter contre les tyrannies et les dictatures de toute sorte.

Comme le libéralisme fait de l'individu le coeur de l'action politique, il défend d'autant plus le droit des minorités et ne prospère que dans un état de droit, condition sine qua non de l'exercice des libertés individuelles.

Il existe bien sûr plusieurs traditions au sein du libéralisme, et très souvent, le vulgus pecum electronicum assimile à tort libéralisme classique et école autrichienne (qui inspire entre autres les libertariens). Il est d'ailleurs fort amusant de considérer que Frédéric Bastiat, égérie de nos libertariens français, siégea sur les bancs de la gauche. Pétri d'individualisme, on lui doit quelques saillies fortes :

« Il y a trop de grands hommes dans le monde; il y a trop de législateurs, organisateurs, instituteurs de sociétés, conducteurs de peuples, pères des nations, etc. Trop de gens se placent au-dessus de l'humanité pour la régenter, trop de gens font métier de s'occuper d'elle »

J'aime beaucoup. Mais j'apprécie encore plus sa pétition des fabricants de chandelles réclamant d'être protégé contre un concurrent étranger bien moins onéreux qu'eux : le soleil ! Et nos fabricants d'exiger de l'État un décret pour faire clore toutes les lucarnes et fenêtres...

Farouchement individualiste, l'homme s'opposait à toute forme de mutualisation sous contrôle de l'État (par exemple, il aurait conchié notre sécurité sociale...). Mais dans le même temps il a combattu la peine de mort, l'esclavage et farouchement défendu le droit syndical.

Je ne me retrouve pas dans les thèses de Bastiat, trop radicales à mon goût, mais j'aime bien l'homme. Il incarne, à mon sens, dans les différentes écoles libérales, le travers que Tocqueville dénonce dans l'exercice de la démocratie : dès lors que les individus ne s'occupent plus que d'eux, de leur bien-être domestique et de leurs intérêts privés, le sentiment démocratique se dissout car il est consanguin de la solidité du tissu social. Un individualisme forcené mène donc tôt ou tard à la dissolution du corps social.

J'ajouterai pour conclure que le début de la pensée libérale, c'est le refus de toute forme d'assujettissement de l'individu quelle que soit son origine. Une politique libérale digne de ce nom aura pour objet d'émanciper les individus, non de substituer une dépendance à une autre. Cela demande beaucoup de finesse et de sens de l'anticipation. Deux qualités rares dans notre classe politique aujourd'hui...

Commentaires

  • Ca me rappelle la fameuse phrase de LOmig qui m'a lancé dans le blogage avec son billet:
    "L'Islam c'est le mal, le libéralisme c'est le bien."
    Pour répondre à ton billet, je dirais qu'en dehors par Rubin et Aurélien Véron, je n'ai pas réellement eu vent d'un libéralisme réalisable et intéressant.
    En général, c'est simplement une manière à la mode de se protéger des pauvres et des étrangers.

  • Le jour où je comprendrai comment le libéralisme (ou le communisme) peut arrêter le réchauffement climatique, je suis prêt à étudier sérieusement la possibilité de devenir libéral (ou communiste).

    Idem le jour où les libéraux feront passer (à l'image des LibDems britanniques) la lutte contre le risque de faillite publique, en priorité sur les revendications de baisses d'impôts.

    En termes plus généraux : une pensée qui refuse de considérer le bien commun, ou qui le considère comme un minimum à minimiser autant que possible (typiquement, le réduire à la paix civile), ne me semble avoir aucun intérêt pratique.

    Si ce n'est pour quelques personnes proches de fortunes héritées, mal acquises ou conservées par divers biais, corruption, oligopoles, abus de positions dominante et évasion fiscale. Aux amis politiques de ces fortunes-là, le libéralisme fournit en France, vieille tradition, un asile idéologique commode.

    Bien sûr, il y a bien pire que le libéralisme : il y a son opposé, le totalitarisme (intégrisme religieux, communisme d'Etat, etc.). Le libéralisme respecte la personne humaine, c'est déjà la moitié de la démocratie. Mais je ne vois aucune raison de se contenter de cette moitié et de laisser l'intérêt général à la loi du marché.

  • Le jour où je comprendrai comment le libéralisme (ou le communisme) peut arrêter le réchauffement climatique, je suis prêt à étudier sérieusement la possibilité de devenir libéral (ou communiste).

    Idem le jour où les libéraux feront passer (à l'image des LibDems britanniques) la lutte contre le risque de faillite publique, en priorité sur les revendications de baisses d'impôts.

    En termes plus généraux : une pensée qui refuse de considérer le bien commun, ou qui le considère comme un minimum à minimiser autant que possible (typiquement, le réduire à la paix civile), ne me semble avoir aucun intérêt pratique.

    Si ce n'est pour quelques personnes proches de fortunes héritées, mal acquises ou conservées par divers biais, corruption, oligopoles, abus de positions dominante et évasion fiscale. Aux amis politiques de ces fortunes-là, le libéralisme fournit en France, vieille tradition, un asile idéologique commode.

    Bien sûr, il y a bien pire que le libéralisme : il y a son opposé, le totalitarisme (intégrisme religieux, communisme d'Etat, etc.). Le libéralisme respecte la personne humaine, c'est déjà la moitié de la démocratie. Mais je ne vois aucune raison de se contenter de cette moitié et de laisser l'intérêt général à la loi du marché.

  • Le jour où je comprendrai comment le libéralisme (ou le communisme) peut arrêter le réchauffement climatique, je suis prêt à étudier sérieusement la possibilité de devenir libéral (ou communiste).

    Idem le jour où les libéraux feront passer (à l'image des LibDems britanniques) la lutte contre le risque de faillite publique, en priorité sur les revendications de baisses d'impôts.

    En termes plus généraux : une pensée qui refuse de considérer le bien commun, ou qui le considère comme un minimum à minimiser autant que possible (typiquement, le réduire à la paix civile), ne me semble avoir aucun intérêt pratique.

    Si ce n'est pour quelques personnes proches de fortunes héritées, mal acquises ou conservées par divers biais, corruption, oligopoles, abus de positions dominante et évasion fiscale. Aux amis politiques de ces fortunes-là, le libéralisme fournit en France, vieille tradition, un asile idéologique commode.

    Bien sûr, il y a bien pire que le libéralisme : il y a son opposé, le totalitarisme (intégrisme religieux, communisme d'Etat, etc.). Le libéralisme respecte la personne humaine, c'est déjà la moitié de la démocratie. Mais je ne vois aucune raison de se contenter de cette moitié et de laisser l'intérêt général à la loi du marché.

  • Je vous propose l'interview de André Orléan, directeur de recherche CNRS au sein de l’unité Paris-Jourdan

    "L’erreur a étéde transposer la loi de l’offre et de la demande aux marchés financiers."

    Page 16

    http://www.cnrs.fr/fr/pdf/jdc/246/flash.html#

  • @hérétique :

    merci.

  • Salut h16
    j'espérais attirer le gauchiste, mais c'est raté. En revanche, je vais répondre sur le fond à Fred...

  • @h16
    tiens, au fait, j'ai été contacté par e-blogs.wikio.fr : l'article va être traduit dans cinq langues :-)

  • @Fred
    le libéralisme n'est pas une baguette magique. Le réchauffement climatique est une conséquence naturelle, et, sans doute, jusqu'à un certain degré, de l'activité humaine.
    En ce qui concerne la corruption ou les biens mal acquis, je ne vois pas en quoi le libéralisme est en cause. Ta déclaration relève de l'incantation gratuite.
    Enfin, méfie-toi de ceux qui ne songent qu'au bien commun : plus tu y penseras fort, plus chaque individu pâtira de ta pensée.

  • @Teo
    Je vais l'écouter et vous en dire ce que j'en pense.

  • Félicitation pour e-blogs :)

  • @Teo
    J'ai lu. Il y a une chose qui me frappe dans toutes ces diatribes contre le libéralisme financier, c'est que jamais le phénomène "spéculatif" n'est analysé : pourquoi les acteurs des marchés cherchent-ils à acheter un titre X tous en même temps ? Est-ce pour maximiser un profit ou au contraire pour se protéger ?
    Je ne conteste pas l'autorité d'André Orléan, évidemment, mais j'ai souvent l'impression que les analystes réduisent à des mécanismes très simplistes la manière avec laquelle raisonnent les marchés.

  • ... Gratuite, c'est le cas de le dire :-)

    Si le libéralisme conduit à contester le consensus des climatologues, c'est un mal plus grave que je le croyais :-/

    Quant aux fortunes mal acquises, un libéralisme conséquent conduirait à les éviter, pourchasser et éradiquer ; malheureusement en France, les chroniques des affaires sont pleines à craquer de personnalités politiques de la tendance "libérale" étroitement liées à ce type d'intérêts. Bien sur, d'autres tendances (socialistes et RPR notamment) ont été touchées, mais tout de même, ce n'est pas une affirmation gratuite, c'est une corrélation statistiquement vérifiable ;-)

  • @Fred
    Il n'y a pas de libéraux véritables en France...

  • "Il existe bien sûr plusieurs traditions au sein du libéralisme, et très souvent, le vulgus pecum electronicum assimile à tort libéralisme classique et école autrichienne (qui inspire entre autres les libertariens)."


    L'école autrichienne ne renvoi pas forcement à un certain anarchisme libéral, enfin tout du moins, c'est ce que j'ai lu. "Le MODEM" devrait même se mettre à lire ce genre d'écrit, qui sont bien plus intéressant que les vulgaires torchons que l'on nous sers habituellement dans la pensée économique ou même dans ce parti. Avez vous déjà essayer de diffuser ce genre d'auteur ? C'est peut être une des choses que je regrette de ne pas avoir tentés à l'époque ou je trainais du côté du MODEM avant de me passer de parti politique.


    Cela pourrait peut être faire l'objet de quelques billet, la présentation de figure libéral comme ce Bastiat plus en détail, Tocqueville, Mises et j'en passe, bien loin du rabachage à coup d'Adam Smith par exemple.

    Parce que bon quoi que l'on en dise en France, on s'éloigne de plus en plus de la pensée libérale et ce chaque jour. Chaque jour la pensée unique nous bassine avec le soit disant libéralisme prédateur et omniprésent mais combien sont au courant de l'affaire des sociétés publique et de la corruption que cela entrainera ? Combien s'inquiète de la fiscalité qui augmente sans cesse ? De la rigueur en vérité inexistante (!) ? Combien de Français connaissent Bastiat ou ne serait ce que Tocqueville ? Combien les ont lues ?


    Ors en lisant tout ceci, les gens se rendrait compte que nous sommes à milles lieux d'une société libérale ou plus libérale, et prendraient sans nulle doute conscience de beaucoup de choses.

  • @ hérétique : très peu effectivement. Sans doute Alain Madelin ? Je ne le connais pas personnellement, mais son (bref) passage au Ministère de l'Industrie avait été marqué, je crois, par une baisse des financements publics aux industries.

    Mais il n'y en a guère plus ailleurs. En Belgique quelques-uns ... En grande-Bretagne ou en Allemagne, des libéraux-démocrates,, ce qui me va très bien. Mais le libéralisme "pur" me semble être plutôt, comme l'anarchisme ou comme la pensée de l'Arche de Lanza Del Vasto, une perspective critique sur toute politique réelle. Au fond, je suis volontiers libéral moi-même... au sens de : anti-oppression, anti-totalitarismes.

  • Pendant que j'y suis : l'analyse des comportements spéculaires (en miroir) a été faite, de façon très satisfaisante amha, depuis environ 25 ans. Les modèles mathématiques de la finance tentent de tenir compte de ces comportements. André Orléan est bien l'auteur francophone de référence mais je ne l'ai pas lu :-(

    Je pense avoir entendu et ou pas de choses de Jean-Pierre Dupuy à ces sujets àla lointaine époque de mes études ...

  • @Démocrate
    J'ai écrit une série de billets sur cette école, et expliqué les principales théories de Mises, ce qu'étaient praxéologie et cattalaxie, la formation du marché et cetera...
    Oui nous sommes à mille lieux d'une société libérale...
    @Fred
    des libéraux ne se réduisent pas à des anti-quelque chose. ça, c'est bon pour le NPA...

  • @l'Hérétique

    " la manière avec laquelle raisonnent les marchés"

    Je suis convaincu que les principes en questions ne sont, pour partie, pas doués de raison.

    Sur un des bloc Notes de JF Khan ( sur lequel je n'arrive pas à mettre la main dessus, un jour je serais organisé ...promis !)

    Il comparait les salles de traders dans les gros etablissemnts, comme une salle avec des tas de gamins à l'intérieur qui jouent ( car ils jouent !!) à l'ordinateur, les uns avec les autres, les uns contre les autres..en perdant peu à peu le contact avec les réalités ( les sommes en jeu, et les conséquences de leurs coups de "pokers)".

    J'ai trouvé cette image un peu caricaturale ( dans le sens on exagère LA VERITE)

    Des exemples comme Kerviel ou l'autre nigaud qui a acheté la moitié du pétrole sur le marché un soir de cuite me font aller dans le même sens

    L'inconscience est un des principes sur lesquels raisonnent les marchés.

  • Le problème du libéralisme, c'est le même que le problème de fond du communisme, voire de la démocratie : tout ça ne repose que sur sa mise en oeuvre.
    Mettre en oeuvre le libéralisme de façon efficace et efficiente (redondance qui n'est là que pour imiter le style de notre Président de la République) demanderait de nos hiommes politiques qu'ils abandonnent une partie de leur pouvoir - difficiel en France et même en Europe continentale. Plus simple au Royaume-Uni ou aux USA, encore que...

    Par ailleurs, le libéralisme conduit naturellement à de grosses différences entre le capital et le travail - même en admettant que les plus grosses entreprises (qui gagnent leur pain sur les commandes publiques) seront réduites.
    Ces différences ne me gênent pas tant que ça, tant que les moins aisées ont de quoi vivre (=dormir, manger, et un chouia pour les loisirs). Comment le libéralisme résout-il ça ?

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