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  • Le langage de la démocratie

    Poursuivant ma lecture de "De la Démocratie en Amérique", j'en suis arrivé au chapitre XVI de la première partie dans le Tome II. Et je suis tombé sur une très intéressante réflexion de Tocqueville sur les rapports entre langage et démocratie.

    Tocquville essaie d'analyser le rapport de la démocratie aux lettres et aux arts. Il voit dans l'égalité entre les individus la source d'un traitement spécifique des lettres et des arts par la démocratie ; le langage est également touché par la nature de la démocratie.

    Il écrit ainsi :

    Les nations démocratiques aiment d'ailleurs le mouvement pour lui-même. Cela se voit dans la langue aussi bien que dans la politique. Alors qu'elles n'ont pas le besoin de changer les mots, elles en sentent quelquefois le désir. Le génie des peuples démocratiques ne se manifeste pas seulement dans le grand nombre de nouveaux mots qu'ils mettent en usage, mais encore dans la nature des idées que ces mots nouveaux représentent.

    Comme l'avait noté Tocqueville, la Démocratie est un régime propice à l'innovation, ce qui ne peut qu'atteindre la langue elle-même.

    Chez ces peuples, c'est la majorité qui fait la loi en matière de langue, ainsi qu'en tout le reste. Son esprit se révèle là comme ailleurs. Or, la majorité est plus occupée d'affaires que d'études, d'intérêts politiques et commerciaux que de spéculations phi­lo­­so­phiques ou de belles-lettres. La plupart des mots créés ou admis par elle porteront l'empreinte de ces habitudes; ils serviront principalement à exprimer les besoins de l'industrie, les passions des partis ou les détails de l'administration publique. C'est de ce côté-là que la langue s'étendra sans cesse, tandis qu'au contraire elle abandonnera peu à peu le terrain de la métaphysique et de la théologie.

    Cet aspect peut se discuter, parce que la métaphysique concernera aussi un plus grand nombre d'individus dans une démocratie, mais, le fait est que dans les démocraties marchandes comme les nôtres, le langage porte en effet l'empreinte de nos intérêts. De fait, les créations récentes concernent en effet des biens de consommation pour l'essentiel.

    Mais c'est principalement dans leur propre langue que les peuples démocratiques cherchent les moyens d'innover. Ils reprennent de temps en temps, dans leur voca­bulaire, des expressions oubliées qu'ils remettent en lumière, ou bien ils retirent à une classe particulière de citoyens un terme qui lui est propre, pour le faire entrer avec un sens figuré dans le langage habituel; une multitude d'expressions qui n'avaient d'abord appartenu qu'à la langue spéciale d'un parti ou d'une profession, se trouvent ainsi entraînées dans la circulation générale.

    L'expédient le plus ordinaire qu'emploient les peuples démocratiques pour innover en fait de langage consiste à donner à une expression déjà en usage un sens inusité. Cette méthode-là est très simple, très prompte et très commode. Il ne faut pas de scien­ce pour s'en bien servir, et l'ignorance même en facilite l'emploi. Mais elle fait courir de grands périls à la langue. Les peuples démocratiques, en doublant ainsi le sens d'un mot, rendent quelquefois douteux celui qu'ils lui laissent et celui qu'ils lui donnent.

    C'est vrai. Et il y a un danger, à mon sens, parce que la confusion des mots finit par entraîner celle des genres, et, à terme, la distorsion du sens avec tout ce que cela peut engendrer comme faux-semblants. Quand les mots ne disent plus ce qu'ils sont sensés dire, on entre alors dans l'ère de la méfiance. Je suis, sur ce travers de la démocratie, bien plus pessimiste que Tocqueville. En revanche, il n'est pas suffisant de dire que c'est là le travers du seul peuple démocratique. Vaclav Havel, dans un discours célèbre devant le Bundestag de la RFA avait dénoncé cette propension à détourner les mots dans les régimes communistes, qui se voulaient justement démocratiques et populaires.

    J'ai montré précédemment que les peuples démocratiques avaient le goût et souvent la passion des idées générales ; cela tient à des qualités et à des défauts qui leur sont propres. Cet amour des idées générales se manifeste, dans les langues démocratiques, par le continuel usage des termes génériques et des mots abs­traits, et par la manière dont on les emploie. C'est là le grand mérite et la grande faiblesse de ces langues. Les peuples démocratiques aiment passionnément les termes génériques et les mots abstraits, parce que ces expressions agrandissent la pensée et, permettant de renfermer en peu d'espace beaucoup d'objets, aident le travail de l'intelligence.

    C'est là, à mon avis, le passage le plus intéressant de ce chapitre. C'est intéressant, parce que je me suis demandé s'il ne fallait pas relier cet avis exprimé par Tocqueville avec l'évolution de l'art et de la littérature dans les sociétés démocratiques, qui ont pris de plus en plus des formes abstraites. Par ailleurs, si l'on a pu retrouver des phénomènes identiques dans les régimes communistes, c'est que Tocqueville relie ces phénomènes à l'égalité dans la démocratie, qui lui semble la substance même de la démocratie. Or, on retrouvait cette caractéristique dans les régimes communistes qui se voulaient des démocraties populaires, bien qu'elles n'eussent pas grand chose de populaire à vrai dire... Il faudrait une étude lexicographique certainement très précise pour voir si la prégnance de mots de ces catégories se vérifie ou non dans les langues française et anglaise depuis 150 ans, par exemple, et, mieux encore, comparer leurs évolutions avec les langues de pays demeurés en régime despotique.

    Les hommes qui habitent les pays démocratiques ont donc souvent des pensées vacillantes; il leur faut des expressions très larges pour les renfermer. Comme ils ne savent jamais si l'idée qu'ils expriment aujourd'hui conviendra à la situation nouvelle demain, ils conçoivent naturellement le goût des termes abstraits. Un mot abstrait est comme une boîte à double fond : on y met les idées que l'on désire, et on les en retire sans que personne le voie.

    J'aime beaucoup cette définition du mot abstrait :-) heureusement qu'Aristote a précédé Tocqueville pour concevoir les catégories et la logique sans lesquelles nous serions bien en peine. L'inconvénient, dans nos sociétés démocratiques, c'est qu'il y a bien usage à volonté de ces abstractions, mais, parallèlement, méconnaissance crasse de leurs catégories. C'est à mon avis sur cette ignorance que se fondent les discours les plus démagogiques...

    Chez tous les peuples, les termes génériques et abstraits forment le fond du langage; je ne prétends donc point qu'on ne rencontre ces mots que dans les langues démocratiques; je dis seulement que la tendance des hommes, dans les temps d'égalité , est d'augmenter particulièrement le nombre des mots de cette espèce; de les prendre toujours isolément dans leur acception la plus abstraite, et d'en faire usage à tout propos, lors même que le besoin du discours ne le requiert point.

    Oui, et comme le disait Tocqueville, la pensée des habitants des pays démocratiques est en effet facilement vacillante. On se demande par quel miracle la démocratie tient quand on la voit si facilement abusée. Le discours démagogique et réducteur use et abuse des mots génériques et de déterminants de la même classe. Plutôt que de citer un homme politique par sa fonction, on dit "les politiques" voire "les politiciens" par exemple. "politique", voilà un mot qui a changé de catégorie grammaticale pour mieux se disperser. Tout comme lorsque l'on oppose "la France d'en haut" et la "France d'en bas". Bref, on pourrait multiplier les exemples. Quelle pertinence, ce Tocqueville ! Comment a-t-il fait pour pressentir tout cela si tôt ?!

  • Certification européenne environnementale et sociale

    C'est au tour de Thierry de me gratifier d'un excellent commentaire à la suite de celui de Florent, publié hier.  Je rappelle que la problématique porte sur la pertinence et la difficulté d'établir des normes susceptibles d'être codifiées dans le domaine environnemental et social ; ces normes auraient vocation à être utilisées sous forme d'étiquettes de couleur sur les produits que l'on nous vend dans la grande distribution ou ailleurs. Pour ma part, j'ai pensé à une action sur la Toile afin d'interpeler nos élus nationaux à ce sujet. Thierry, lui, pense qu'il vaut mieux d'abord passer par l'Europe, voici ses arguments :

    Comme souvent Florent apporte de bonnes remarques.
    Je compléterai son propos en revenant sur les points suivants :
    Contrairement à toi L'Hérétique, je pense qu'il faut dès le début raisonner en européen. En voici quelques raisons ?
    - l'Europe est un grand marché sans barrières douanières
    - Une certification uniforme serait plus facile à mettre en œuvre (sans occulter l'aspect d'instauration de normes a minima que Florent redoute),
    - Une agence européenne de certification offrirait une surface suffisante pour résister aux pressions des lobbies. Par ailleurs, les coûts de certification seraient de facto mutualisés
    - Le niveau européen offre en outre l'avantage d'écarter toute suspicion de protectionnisme étatique puisqu'il s'agit de sensibiliser les citoyens européens à consommer de manière éclairée et reponsable.
    - Une harmonisation sur la base de critères commun à tous met toutes les entreprises sur un même pied d'égalité.

    A quoi pourrait ressembler ces visuels ?
    La notation doit, à mon avis, être limitée à 5 classes (A, B, C, D, E) pour ne pas noyer les consommateurs. Elle offre l'avantage de reprendre l'esprit de la classification qui existe déjà par exemple pour les appareils électroménagers que les consommateurs ont intégré.
    Idéalement j'imagine assez bien des cercles (rouge ou vert) au centre cernés par un liseré bleu parsemé par les douze étoiles. La lettre en blanc serait apparente dans le cercle central. Les étoiles européennes offriraient en outre aux citoyens un remarquable exemple de ce que peut leur apporter concrètement l'Union.

    Ceci dit, je reviens sur la juste remarque d'Aurélien sur le fil précédent :
    "Une question cependant: sur quels critères les pastilles ou les notes seraient elles accordées? Le simple respect de la loi ?"
    Comment déterminer en effet les critères à faire entrer en ligne de compte ?
    Comme Florent l'a parfaitement démontré, il y a une réelle difficulté pour définir des critères pertinents et qui soient reconnus par tous.
    Voici l'état de quelques questions que ce point peut soulèver.
    Le Grenelle avait avancé l'idée de prendre en compte le "bilan carbone" des produits qui arrivent sur nos marchés.
    Mais comment noter par exemple une tomate produite sous serre dans la province d'Almeria qui est vendue en bout de chaine dans un magasin de Paris. Cette tomate pourrait avoir été débarquée sur le port de Rotterdam et avoir été transportée par camion réfrigéré ? Si on ajoute que le bateau navigue sous pavillon de complaisance avec des personnels philippins, cela risque d'être vraiment difficile de s'y retrouver !!!

    Si nous raisonnons à l'échelle de l'Union européenne, il serait difficile d'affecter un coefficient transport infra communautaire. Car notre tomate espagnole peut être vendue aussi bien à Paris qu'à Dublin. Un produit extra communautaire, une tomate chilienne serait plus facilement affectée d'un "malus".
    Mais se pose alors le problème des produits provenant des territoires européens qui sont des confettis d'Europe répartis dans le monde. Une banane antillaise doit-elle être "notée" comme une banane produite dans une république d'Amérique centrale ? OUI bien évidemment, si on on s'en tient à la pastille verte. La différence en l'occurrence serait visible dans la pastille sociale rouge.

    Pour la pastille verte, j'estime qu'un critère devrait absolument être pris en compte. Il s'agit de tout ce qui concerne le conditionnement.
    Cet aspect, en théorie, est facile à déterminer et à quantifier :
    - Quels sont les coûts de production de l'emballage ?
    - Quels en sont les composants et d'où viennent-ils ?
    - Quels sont les coûts de recyclage théorique des matériaux composant l'emballage ?
    => S'il s'agit d'un produit non consommable, on pourrait dès sa fabrication en estimer le coût de recyclage (dans l'idéal à 100%).
    Cette échelle de coût de production et de recyclage des emballages peut être très facilement transposée par la suite dans la Grille A, B, C, D, E.

    S'agissant des critères qui seraient pris en compte pour attribuer une note sociale. C'est très difficile à imaginer.
    Au niveau de l'Union, il n'y a pas d'harmonisation des règles sociales qui sont donc différentes d'un état à un autre.
    Quels critères objectifs retenir ?
    Ci-après, je propose une liste indicative :
    - Pour une entreprise donnée, établir un salaire moyen des employés, hors encadrement. Ce salaire serait comparé à un salaire moyen européen des employés de cette branche d'activité. Se poserait alors la question de définir ou pas les bases d'un SMIC européen.
    - A l'intérieur de chaque entreprise établir l'échelle de rémunération. Quel est le rapport de salaires entre l'ouvrier en production et le dirigeant de l'entreprise ? Quel ratio est socialement juste (1 à 5, 1 à 10) ?
    - Quelle est la structure du capital de l'entreprise, il y a-t-il une part d'actionnariat-salarié ?
    - Quel est le taux de formation appliqué aux employés ?
    - Il y aurait-il une différence des salaires entre hommes et femmes à travail et niveau de responsabilités identiques ?
    - Quel est le taux d'emploi réel de travailleur handicapés ?
    - L'entreprise contribue-t-elle à financer une partie des complémentaires santé de ses employés ?
    - Il y a-t-il des formes d'intéressement aux résultats de l'entreprise (Stock options, primes...) ?
    - Quel est le taux d'arrêts de travail (conflits sociaux, arrêts maladie)
    - Quel est le taux d'accidents de travail ?
    Pour les entreprises hors Union européenne, je le reconnais, c'est réellement la jungle et terra incognita !!!

    Après réflexion, je pense qu'il serait bon dans un premier temps de proposer cette forme de labellisation à des entreprises européennes sur la base du volontariat (démarche de type IGP). Cet effort de transparence devrait donc en toute logique être soutenu par des campagnes d'information des consommateurs les incitant à privilégier dans leurs actes d'achat les entreprises s'étant engagées dans cette démarche.

  • Jean-François Kahn écrirait-il sur les Chroniques Vénitiennes ?

    L'information est à prendre avec des pincettes, mais, si je n'ai pas la berlue, et que la signature que j'ai vu sous le dernier article de l'excellent blog Chroniques Vénitiennes est exacte, Jean-François Kahn, ex directeur de rédaction de Marianne écrit dessus. Trop fort !!!

    Je n'ai tout de même pas rêvé, regardez, chers lecteurs ce que j'ai lu en signature :

    Gianfranco Canio, Gazette Marianni Di Venice du 26 Novembre 1608

    khan

    C'est bien lui, non ? ça va faire le tour de la blogosphère à la vitesse de l'éclair, à mon avis...

  • Statut de l'embryon

    Je reviens du blog de Florent, Ataraxosphère, car je viens d'y lire un billet très intéressant sur l'embryon : en deux notes récentes, Florent traite le rapport des sociétés à l'euthanasie, et, sur l'embryon, il a mis les pieds avec un grand courage dans le plat.

    Il admet ouvertement dans sa note que l'embryon est un être humain, et ce, dès sa conception. Les pro-life vont être contents...Mais, sur ce point, je suis d'accord avec lui, c'est aussi mon sentiment, et, en réalité, Florent a bien raison d'écarter d'un revers de la main les controverses sur l'humanité ou non d'un être humain.

    Je suis d'accord, l'embryon est un être humain. Dès lors, les tergiversations écartées, il pose la seule question désormais valable, qui est de savoir si nos sociétés modernes ont le droit ou non d'euthanasier un être humain, ou, de réaliser des expériences sur un être humain. En effet, en admettant que l'embryon est un être humain, il accepte fatalement que toute expérience sur l'embryon soit une expérience sur un être humain...

    La question du statut de l'embryon m'a toujours mis mal à l'aise. Contrairement aux pro-life, je ne suis pas croyant, mais, cela ne m'empêche pas de tendre à penser que l'embryon est bien un être, et j'avoue que l'idée de tuer, car c'est bien de mort dont on parle, un embryon, me met très mal à l'aise. En réalité, tout en saluant la lucidité et le courage de Florent, qui aborde la question en prenant le taureau par les cornes, je ne peux pas accepter ses conclusions.

    Je ne suis bien sûr pas opposé à l'avortement, tout du moins, quand les motivations sont sérieuses, et, sur ce point, je rejoins tout à fait ce que dit Florent : si un avortement est un homicide, il ne faut pas tolérer des homicides de confort (par exemple, que l'avortement serve de substitut pratique à la contraception). Mais même si je n'y suis pas opposé, rien n'empêchera ma sensation de malaise de persister.

    Reste le cas délicat des embryons surnuméraires en cas de procréation médicalement assistée : Florent est favorable à l'usage de ces embryons pour la recherche. Il fait notamment valoir, que de toutes façons, ils seraient autrement détruits et qu'il s'agirait tout de même d'un homicide légal. J'ai noté un concept intéressant dans l'argumentation de Florent, qui est la notion de projet de vie. Il semble, pour Florent, que cela soit un élément déterminant pour prendre une décision sur les embryons.

    Et là, j'ai à nouveau un problème, et je ne peux suivre Florent. La relation des parents aux enfants est avant toutes choses, de mon point de vue, une relation de responsabilité, et non une relation de possession. Bien sûr, un embryon n'est pas un enfant, mais l'absence de projet de vie de sa part justifie-t-il que l'on décide du sort de l'embryon ? Je considère déjà avec horreur l'idée de leur mort, alors la simple pensée d'une expérience me rebute totalement.

    J'ai le sentiment, au final, que Florent ouvre le bon chemin, en acceptant de placer le débat sur le terrain qui est le véritable terrain : celui de la mort et de la vie, celui de l'euthanasie et de l'humanité. En revanche, je ne suis pas certain d'accepter toutes ses conclusions. Je crois que ce débat commence, et qu'en effet, nos sociétés modernes vont devoir l'affronter. Il y a là une problématique éthique tout à fait fondamentale.

  • pastilles de couleurs et problématique d'une notation environnementale

    Merci à Florent, qui tient le très bon blog Ataraxosphère au passage, pour son éclairage à propos de ma note d'hier sur le commerce solidaire. Voici ce qu'il a écrit dans un commentaire de cette note :

    La notation environnementale existe déjà pour certains produits (cf. électroménager, même si je vous accorde que c'est encore à perfectionner) et est - théoriquement - en cours de réalisation pour d'autres (cf. Grenelle de l'Environnement). Il faut savoir que cela prend du temps (et des moyens ! or l'ADEME est sous-dotée ; et cela dépasse largement le prix des petits autocollants, d'autant plus qu'il faudra un suivi...) et qu'on ne peut pas évaluer et classer les produits d'un simple claquement de doigts. Exemple : un gâteau qui contient des ingrédients qui viennent de différents pays, où ils ont été produits selon différents modes d'agriculture, et qui sont réunis pour être cuisinés dans un pays tiers avant d'arriver sur nos étalages. On fait quoi ? On somme les émissions de CO2 pour chaque ingrédient ? On fait une moyenne au prorata des constituants ? A partir de quel lieu ? etc... N'oublions pas non plus qu'il y a controverse sur certains aspects écologiques (par ex. une forêt mature n'est pas forcément un puits de carbone, donc l'impact d'une action sur cette forêt n'est pas forcément celui que l'on imaginerait au premier abord).

    Evidemment, il faudrait mettre ça en place au niveau européen. Mais là encore, difficile de trouver l'harmonie ! Les critères ne sont pas appréciés de la même manière selon les pays... (ce qui nous paraît acceptable environnementalement peut être perçu comme très insuffisant dans les pays nordiques, et réciproquement pour des aspects sociaux...). Sans parler des lobbies divers et variés. Alors ? On va encore niveler par le bas ?

    Je me demande si je ne suis pas allé un peu vite sur certains points ; mais les lecteurs rectifieront...

    Je voudrais rajouter encore un élément : s'il faut rajouter les aspects chimiques et sanitaires en plus des aspects énergétiques (CO2 & co) dans la note environnementale, on se heurte à de  nombreux écueils. Outre la longueur et la complexité exacerbées des listes obtenues (même si un système de code comme les fameux "E" pourrait être intéressant), il y a notamment le problème du secret industriel (de nombreuses "recettes" ne sont pas divulguées, qu'il s'agisse de produits alimentaires ou non) et là encore de l'évaluation (on ignore tout des effets sanitaires des milliers de composés que nous utilisons et dispersons joyeusement chaque jour, et il n'est même pas sûr qu'on en sache suffisamment un jour...).

    Si ces étiquettes n'existent pas encore, c'est certes en raison de l'incurie du personnel politique et de sa soumission aux lobbies, mais c'est aussi, plus profondément, en raison de la complexité et même de la faisabilité de cette évaluation... Des gens y pensent déjà depuis un certain temps, mais si ce n'est pas encore au point ce n'est pas anodin...

  • France 3, Dionis, l'audiovisuel et l'impôt

    La réforme de l'audiovisuel est une tartufferie dont on a atteint le point d'orgue aujourd'hui. D'un côté, le gouvernement envisage de supprimer le journal régional de France 3 pour faire des économies. De l'autre, deux députés UMP sont favorables à la suppression du journal national de France 3 en prétextant qu'il faut mettre le "paquet" sur le journal régional. Bilan ? Supprimer France 3 , non ?

    La parisianisme m'insupporte par essence, mais la disparition des éditions régionales, c'est le retour à la centralisation la plus pernicieuse qui soit et un coup terrible porté aux Régions. Il ne faut pas l'accepter. France 3 est une chaîne qui fait encore des choses de qualité, et dont le journal national, globalement objectif, est de grande qualité. Il ne fait pas double emploi avec celui de France 2 et s'adresse à un autre public. J'ajoute que France 2 a largement montré son absence à peu près totale d'indépendance en matière d'informations, ce qui fait que je ne pleurerai pas sur cette chaîne.

    Peu importe, in fine, avec de surcroît l'interdiction de la moindre forme d'auto-financement, on en vient à un véritable retour à l'âge de pierre de l'information télévisée.

    François Bayrou a bien raison de demander le dépôt d'une motion de censure. Je constate que le Nouveau Centre se réveille enfin : François Sauvadet et Jean Dionis du Séjour ont fait savoir qu'ils voulaient un report de la suppression de la publicité à 2012 et que si cet amendement n'était pas accepté, ils ne voteraient pas la loi. Copé, le patron de l'UMP a refusé tout net toute forme de concession. Le Nouveau Centre aura-t-il le cran d'aller jusqu'au bout ? Comme l'a noté très justement Dionis du Séjour, enlever la pub en pleine crise économique est  « une gigantesque erreur de calendrier ». Tu m'étonnes, mon  Jean. Pas gigantesque : monumentale, même ! Alors assume, et va jusqu'au bout : ne t'abstiens pas, vote contre !

    Cela dit, mon Jean, il faudrait savoir ce que tu veux ; tu déclares il y a deux jours : «Il n'y a aucune justification pour remplacer 800 millions d'euros de recettes privées gagnées par la régie de France Télévisions par de l'impôt, que cela soit la redevance ou les deux taxes imaginées».

    Or, que vois-je sur un amendement que tu as proposé, tu suggères ni plus ni moins de racketter tous les internautes !!! C'est ça ne pas remplacer des recettes privées par de l'impôt ? Tu te prends pour un gauchiste ou quoi ? Ce n'est pas parce que tu nous a fait un coming out socialo sur ton blog qu'il faut en rajouter une couche à l'assemblée... Ou alors, ce ne serait pas plutôt que tu as finalement décidé de te rendre à la voix de ton maître ? Prémonitoire le lapsus d'Arrêt sur Images qui te qualifie de député UMP dans un article sur ce sujet ?...

  • Coeur de boeuf, sur les marchés ? A d'autres !

    cdb.jpgC'est marrant, je fais partie de ces gens assez communs au demeurant qui détestent être pris pour des c...Notamment, s'il y a un truc qui m'énerve, c'est les espèces de poches à eau avec une couleur rouge que l'on essaie de me vendre sur les marchés, chez les primeurs et a fortiori dans les grandes surfaces sous le doux vocable de "Coeur-de-boeuf". Il se trouve que je suis un amateur de tomates invétéré, visiteur occasionnel de la fête de la tomate, et que je sais très bien quel goût (doux, onctueux, presque crémeux et légèrement relevé) a la VRAIE coeur de boeuf. En fait, les poches à eau rouges que l'on voit sur les marchés, ce sont des hybrides appelées Verona cultivées hors sol de surcroît. Rien à voir avec les bonnes vieilles Coeur-de-Boeuf, qui ne poussent tout de même pas n'importe quand ni n'importe où et ne se conservent pas longtemps. Pour la petite histoire, à l'origine de ce sachet à eau rouge insipide, on trouve le semencier Savéol.

    Je ne dirais pas que la poche à eau à couleur rouge est infecte, puisqu'elle n'a aucun goût. En revanche, elle a un coût, pour le compte, et pas du tout justifié...

    De manière générale, les marchands de légumes ne savent pas ce qu'ils vendent. On leur demande la variété d'un légume, ils vous répondent par un nom de légume. Tiens, je vais faire pousser une tomate en Arctique, comme ça, je pourrai vendre des "Arctiques", moi. Cela aurait de la gueule, non, sur un marché ? Pas grave si ça a l'aspect et la saveur (c'est à dire pas de saveur) d'une verona. Arctique, ça fait bien et bio...

  • Industrie : on recrute !

    En dépit de la crise, l'emploi résiste dans l'industrie, et même bien ! 100 000 emplois en attente dans ce secteur, particulièrement dans la métallurgie. L'UIMM (Union des Industries et des Métiers de la Métallurgie) a ouvert un portail de recrutement. Les emplois recherchés vont de l'ouvrier qualifié à l'ingénieur. On trouve, au passage, beaucoup d'offres d'emploi sur ce même portail. A lire, l'instructif article du Figaro sur ce sujet.

    Cela dit, je suis très inquiet tout de même pour l'industrie en France. J'ai le sentiment que c'est un secteur mal-aimé et victime de préjugés alors qu'il regorge d'opportunités.

    Dans le livre de Jean Peyrelevade, Sarkozy, l'erreur historique, il y a de nombreuses réflexions sur l'état de l'industrie en France, particulièrement à partir de la page 183 dans le chapitre les voies du redressement. Il y relève que l'industrie est le secteur décisif pour la compétitivité de la France et dénonce le discours "post-industriel" qui vante les mérites de l'économie immatérielle et des services au détriment de l'industrie, bien évidemment.

    On aurait pu s'attendre à ce que les pouvoirs publics accordent une attention particulière à l'industrie : absolument pas ! c'est le secteur le plus taxé, celui sur lequel les pélèvements fiscaux et sociaux sont les plus lourds ! Les prélèvements totaux sont de 35% sur l'industrie quand ils n'atteignent que 27% sur les services.

    François Bayrou a fait valoir, lors des présidentielles, combien il convenait de faciliter la vie des PME. Mais, je crois qu'il faut affiner ce discours, et viser spécifiquement les PMI. L'industrie ne représente plus que 20% de notre PIB (29% en Allemagne, et 22% en Grande-Bretagne, dont on dit pourtant qu'elle est en voie de désindustrialisation !!!).

    Il y a donc un véritable effort à faire en faveur de l'industrie, et, tant qu'à faire, en particulier pour le développement de l'industrie verte, quasi-inexistante en France.

    Savez-vous ce qui me frappe ? C'est que lorsqu'on visite le site du Ministère de l'Économie, de l'Industrie et de l'Emploi, on y trouve qu'une seule fois le mot "industrie" et très peu d'informations sur ce sujet. L'industrie est le parent pauvre des priorités politiques, et c'est pourtant un secteur-clef pour nous. Éspérons que les pouvoirs publics finiront par le comprendre et lui prêter l'attention qu'il mérite !

     

  • Une pastille rouge pour le social, verte pour l'environnement !

    Je reviens de chez Quitterie dont j'ai lu le billet sur l'économie sociale et solidaire. Ce qui m'a particulièrement intéressé, c'est cette remarque de Quitterie dans le sens de laquelle j'abonde :

    « Nous avons besoin de l'application de la loi NRE, des bilans RSE des entreprises, nous avons besoin d'indicateurs sociaux et environnementaux pour pourvoir différenciers les entreprises de chacun de nos actes d'achat. Sur chaque produit, j'ai besoin de 2 notes : une pastille rouge pour la note sociale, une verte pour l'environnementale. Chaque consommateur doit pourvoir choisir en conscience.»

    C'est exactement, à mon avis, ce que je souhaite voir s'établir, sachant qu'il faudra des organismes de certification indépendant. Je juge l'inertie des pouvoirs publics en la matière déplorable. Qu'est-ce que cela coûte de demander à la grande distribution d'acheter des pastilles auto-collantes et de les accoler sur ses paquets selon une liste par exemple établie par le Ministère du Développement durable ? Cela ne coûte rien ou presque au regard des enjeux.

    Les citoyens sont très mal informés (parfois, c'est même pire, nous frisons la désinformation voire le mensonge) sur ce qu'ils achètent, et souvent ce n'est que grâce à l'action d'associations désintéressées ou encore d'une presse libre (Que choisir, le Canard Enchaîné, Marianne, de particulier à particulier) que nous parvenons à obtenir plus ou moins des bribes d'information.

    C'est, je crois, sur ce secteur éminemment stratégique, celui de l'information, que nous devons en effet faire pression. Nous avons vocation, le MoDem en tête, à interpeler nos élus, députés, sénateurs et euro-députés, afin de pouvoir accéder à ce droit le plus élémentaire. Les pastilles de couleur me paraissent claires. Faisons-en un slogan  pour les obtenir !

  • Widget Box L'Échiquier prêt

    Pour ceux qui préfèrent un widget, pour l'Échiquier, je viens d'en finaliser un. Voici le code, en principe adaptable à tous les blogs :

    <object classid="clsid:d27cdb6e-ae6d-11cf-96b8-444553540000" codebase="http://fpdownload.macromedia.com/pub/shockwave/cabs/flash/swflash.cab#version=9,0,0,0" type="application/x-shockwave-flash" width="170px" height="423px" id="InsertWidget_c9ff46fd-fc8d-4329-880a-0d163ee0e80b" align="middle"><param name="movie" value="http://widgetserver.com/syndication/flash/wrapper/InsertWidget.swf"/><param name="quality" value="high" /><param name="wmode" value="transparent" /><param name="menu" value="false" /><param name="flashvars" value="r=2&appId=c9ff46fd-fc8d-4329-880a-0d163ee0e80b" /> <embed src="http://widgetserver.com/syndication/flash/wrapper/InsertWidget.swf"  name="InsertWidget_c9ff46fd-fc8d-4329-880a-0d163ee0e80b"  width="170px" height="423px" quality="high" menu="false" pluginspage="http://www.macromedia.com/go/getflashplayer" type="application/x-shockwave-flash" wmode="transparent" align="middle" flashvars="r=2&appId=c9ff46fd-fc8d-4329-880a-0d163ee0e80b" /></object>

    EDIT du 24 novembre : voici le code pour wordpress !

    <object classid="clsid:d27cdb6e-ae6d-11cf-96b8-444553540000" codebase="http://fpdownload.macromedia.com/pub/shockwave/cabs/flash/swflash.cab#version=9,0,0,0" type="application/x-shockwave-flash" width="170px" height="423px" id="InsertWidget_c9ff46fd-fc8d-4329-880a-0d163ee0e80b" align="middle"><param name="movie" value="http://widgetserver.com/syndication/flash/wrapper/InsertWidget.swf"/><param name="quality" value="high" /><param name="wmode" value="transparent" /><param name="menu" value="false" /><param name="flashvars" value="r=2&appId=c9ff46fd-fc8d-4329-880a-0d163ee0e80b" /> <embed src="http://widgetserver.com/syndication/flash/wrapper/InsertWidget.swf"  name="InsertWidget_c9ff46fd-fc8d-4329-880a-0d163ee0e80b"  width="170px" height="423px" quality="high" menu="false" pluginspage="http://www.macromedia.com/go/getflashplayer" type="application/x-shockwave-flash" wmode="transparent" align="middle" flashvars="r=2&appId=c9ff46fd-fc8d-4329-880a-0d163ee0e80b" /></object>

     

    Il y a d'autres possibilités en javascript ou en flash pour ceux qui le préfèrent. Et puis il y a aussi des codes spécifiques à certains blogs. Contactez-moi ou spécifiez-moi ce dont vous avez besoin en commentaire.

    Je rappelle ce qu'est l'Échiquier :

    http://heresie.hautetfort.com/archive/2008/11/17/blogosphere-politique-l-echiquier.html

    En résumé, un flux où toutes les tendances politiques peuvent être présentes à condition de respecter la loi française, ainsi que l'anonymat des blogueurs qui le désirent.