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  • Transports à Paris : un enjeu fort pour l'UDF !

    Intervention de Didier Bariani lors des débats des 12 et 13 février 2007 au Conseil Municipal de Paris

    Quant à nous, nous avons des priorités que nous estimons prioritaires par rapport aux vôtres. Et je vais vous les dire. Marielle de SARNEZ, les élus U.D.F. et moi-même nous allons les défendre avec force, l’année prochaine, devant les Parisiens. Il faut ménager des déplacements et des stationnements nécessaires aux activités économiques et sociales. C’est notamment le sens de l’application de la “Charte de bonnes pratiques des transports et des livraisons à Paris”. Vous la jugez globalement satisfaisante, mais le compte n’y est pourtant pas et je crains le pire pour l’emploi de proximité.

    Nous défendons aussi depuis longtemps l’idée d’un “grand Paris”. La banlieue parisienne ne relève pas des affaires étrangères. Nous demandons que cette Conférence métropolitaine que vous avez voulue devienne un organisme permanent, doté d’un secrétariat général et d’une présidence alternée entre les maires de banlieue qui choisiront l’un d’entre eux et le Maire de Paris.

    Cela nous semble participer d’une meilleure logique que de décomposer le S.T.I.F. et de doter Paris d’une agence de transport qui lui serait propre. Le S.T.I.F. vient d’être rendu aux élus après des années de combat. Pourquoi favoriser son éclatement. Nous ne voyons pas l’utilité d’une structure de plus, d’une nouvelle inflation administrative.

    Nous nous sommes prononcés, Marielle de SARNEZ s’est prononcée et nous nous prononcerons naturellement en faveur de la couverture du périphérique partout où cela sera possible. Nous le demandons aujourd’hui.

    Enfin et surtout - vous voyez que j’évoque des choses précises -, avant toutes les priorités, nous voulons le projet ESOPE*. S’il y avait une chose à faire pendant le P.D.P., c’était de commencer par ce projet. Ce n’est pas parce que ce projet émane de l’U.D.F. qu’il a moins de pertinence.

    ESOPE permettrait de désenclaver deux gares parisiennes qui constituent encore des culs-de-sac pour les usagers : la gare Montparnasse, grande oubliée du réseau ; le terminus souterrain “Haussmann” de la ligne E du R.E.R. à la gare Saint-Lazare.

    Il s’agit de relier ces deux points avec une station intermédiaire en bas des Champs-Élysées ; alors Versailles et Saint-Quentin seraient à quinze ou vingt minutes du centre de Paris ; alors 13 villes de la Seine-Saint-Denis et de la Seine-et-Marne disposeraient d’un accès au Centre de la Capitale et à la rive gauche. Finalement, deux millions de Franciliens verraient leurs liaisons avec Paris améliorées et cela permettrait en outre de mettre en relation le Centre de Paris et l’aéroport Charles-de-Gaulle.

    Enfin, nous demandons la mise en place d’un “busway”. Vous connaissez bien cela puisque c’est M. AYRAULT, à Nantes, qui le fait. C’est un tramway sur roues guidé par laser qui préserve l’environnement et dont les coûts sont moins importants que ceux d’un tramway classique pour pallier le déficit de moyens de transport. Entre la gare d’Austerlitz et la gare de Lyon, l’installation d’un “busway” serait intéressante.

    Voilà, Monsieur le Maire, j’en termine. Ce sont mes trois dernières lignes d’une longue méditation sur ce point qui a duré plusieurs semaines.

    Nous partageons les objectifs. Il faut rééquilibrer l’espace public en faveur des transports en commun et des circulations “douces”. Votre manière de faire n’est pas la meilleure, loin de là. Il faut une vraie offre de transport alternative. Il ne faut pas menacer le développement économique et social de la Ville. Même quand les mécanismes de décision sont complexes, et surtout à ce moment-là, il faut une présentation sincère et honnête des choses. Cela ne nous paraît pas être le cas et je crois que ce que vous nous présentez est un projet de projet qui s’égare dans les méthodes et qui se trompe dans l’état d’esprit.

    * ESOPE signifie Est-Sud-Ouest-Paris-Express . A l'issue des débats, la majorité municipale a repris cette proposition de l'UDf et l'a intégrée au Plan de Déplacement de Paris.
  • Réorganisation de la Poste

    Yves Détraigne, sénateur UDF, vient d'interpeller Hervé Novelli, secrétaire d'Etat chargé des Entreprises, sur le projet de réorganisation des activités de la Poste actuellement à l'étude. Celui-ci prévoirait la création d'une direction commerciale regroupant tout le personnel du même type, direction qui serait elle-même subordonnée à la Banque Postale. A terme, un tel projet pourrait aboutir à ce que les activités de la Banque Postale se substituent aux activités classiques des bureaux de poste… Connaissant les difficultés actuelles des activités postales en zones rurales, le sénateur s'inquiète donc du risque de transformation desdites agences en agences bancaires ordinaires et a demandé au ministre de préserver la mission première de la Poste…

  • Finance et mauvaise conscience

    Je pensais récemment aux municipales, et je me faisais intérieurement, le bilan du passage de Delanoë à la Mairie de Paris, tout en envisageant les perspectives d'avenir.

    Si incontestablement Delanoë a apporté une réelle transparence et enclenché un mouvement pour les transports, il n'en a pas moins congestionné le trafic et a été incpable de s'entendre avec son compère Huchon, président de la région IDF pour lancer un projet de grande ampleur.

    Notamment, Delanoë et les socialistes et verts parisiens se targuent d'avoir fait de Paris une ville festive, mais ils oublient qu'il n'y a pas que des fêtards à Paris.

    Parce que les Socialistes demeurent honteux dès que l'on parle d'argent, vieux réflexe marxiste oblige, ils ne se sont jamais intéressés au développement financier  et économique de Paris, ou alors de très loin.

    C'est dans ce domaine que j'attends l'UDf - MoDem, car je crois que nous ratons ainsi à Paris des dizaines de milliers d'emplois faute de proposer et d'informer entreprises et investisseurs. A la place, Paris subventionne quelques vagues projets et ne se tient surtout pas informée de ce que font ses concurrentes.

    En fait, Delanoë n'imagine pas gérer sa ville autrement que comme une grosse capitale de province.

    J'omets volontairement l'UMP, parce que eux, c'est encore plus simple : ils n'ont pas de projet tout court, et ils en sont restés encore à la vision de Tibéri pour Paris, autant dire le néant. Si j'étais de droite et moderne aujourd'hui à Paris, je me dirais que le seul vote possible, c'est un vote UDF.

    Je les juge donc totalement disqualifiés pour présenter une opposition crédible à Delanoë. En réalité, la seule alternative aux socialistes et aux verts, c'est l'UDF, Cap21 et le MoDem.

    L'UDF propose depuis longtemps de faire émerger un grand Paris susceptible de générer de nouveaux investissements, développements et emplois. Nicolas Sarkozy a fini par rempomper cette idée à l'UDF d'ailleurs, tout récemment. Mais dans l'action, nous sommes les seuls à avoir une position claire sur le sujet.

    Dans les prochaines semaines, j'exposerai quelques lignes des projets Démocrates pour Paris. 

     

  • L'amendement de Serge Dassault

    Serge Dassault a proposé un amendement fort intéressant au paquet fiscal... 

    « La participation au bénéfice des entreprises pour les salariés est la meilleure méthode de partage de l'augmentation de richesses entre les salariés et les actionnaires. Comme elle n'alourdit pas le coût de production, elle augmente le pouvoir d'achat sans accroître les prix de vente.

    Elle démystifie le profit en démontrant à tous les salariés qu'ils peuvent en bénéficier et elle leur prouve que celui-ci n'est pas uniquement réservé aux actionnaires. Mais, pour cela, encore faut-il que la part des bénéfices réservés aux salariés soit suffisamment importante, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, car elle fonctionne toujours selon des règles définies en 1967 et inchangées depuis lors.

    Selon cette formule, seuls 10 % des bénéfices sont dévolus aux salariés, ce qui n'est pas motivant. Voilà pourquoi je propose, par cet amendement, de porter ce montant au tiers du bénéfice après impôt, ce qui sera nettement plus alléchant.

    À cet effet, la formule actuelle, obligatoire pour les entreprises de plus de cinquante personnes, devra être remplacée par une disposition très simple à comprendre et à appliquer, aux termes de laquelle le bénéfice après impôt de toutes ces entreprises sera divisé en trois parties égales : un tiers pour les salariés, avec un plafond de deux mois de salaire, un tiers pour les actionnaires, un tiers pour l'autofinancement de l'entreprise.

    Cette formule permettra d'accorder une part non négligeable du bénéfice aux salariés et, surtout, mettra sur un pied d'égalité les salariés et les actionnaires, ce qui est fondamental.

    Avec cette nouvelle réserve spéciale de participation, le partage de l'augmentation de richesses des entreprises deviendra équitable pour les salariés.

    Je rappelle que cette mesure est appliquée depuis plus de dix ans aux salariés de Dassault-Aviation.»

    Eh bien moi je dis chapeau, d'autant qu'il l'a défendu, Dassault, son amendement. Hélas en vain, et le paquet fiscal est resté tel quel. J'ai apprécié que le sénateur UDF Jean-Jacques Jégou le soutienne. Arthuis lui, a eu une position plus que discutable. Il a jugé l'idée si sérieuse qu'il a estimé qu'il ne fallait pas prendre le risque de la faire rejter par le Sénat et qu'il fallait poser la question sérieusement au gouvernement. Comme Dassault a pensé qu'il n'obtiendrait aps assez de soutiens, il a suivi les conseils d'Arthuis et a retiré son amendement. Dommage ! Décidément, il n'y a pas grand chose à attendre de l'UMP. Les Socialistes auraient plutôt voté pour, je ne sais pas exactement ce qu'escomptaient faire les sénateurs UDF. Je pense qu'une bonne partie d'entre eux auraient voté pour. Lagarde s'est un peu moqué du monde en proposant que ce soit facultatif : Dassault lui a justement répliqué que tout ce qui est facultatif n'est pas appliqué...

    Compte-rendu de la séance sur le site du Sénat. 

  • Montesquieu était un centriste !

    Montesquieu était un centriste. Une bonne preuve dans le chapitre VI (Sur la constitution d'Angleterre) du Livre XI :

     

    « Je ne prétends point par là ravaler les autres gouvernements, ni dire que cette liberté politique extrême doive mortifier ceux qui n'en ont qu'une modérée. Comment dirais-je cela, moi qui crois que l'excès même de la raison n'est pas toujours désirable, et que les hommes s'accommodent presque toujours mieux des milieux que des extré­mités

     

     Voilà une remarque qui me comble d'aise et dans laquelle François Bayrou, l'UDF et le MoDem se retrouvent certainement très aisément. Il faut dire que ce chapitre, est ce passage fameux où Montesquieu définit les trois pouvoirs et invite à ne surtout pas les mélanger.

    « Il y a dans chaque État trois sortes de pouvoirs: la puissance législative, la puis­san­ce exécutrice des choses qui dépendent du droit des gens, et la puissance exécu­trice de celles qui dépendent du droit civil. »

     J'adore tout particulièrement cette mise en garde : 

     

    Lorsque, dans la même personne ou dans le même corps de magistrature, la puis­sance législative est réunie à la puissance exécutrice, il n'y a point de liberté; parce qu'on peut craindre que le même monarque ou le même sénat ne fasse des lois tyran­niques pour les exécuter tyranniquement.

     Voilà quelque chose qui me paraît particulièrement bien énoncé. C'est ce que François Bayrou dénonçait, je crois, à propos des présidents d'Université dans l'actuelle réforme, mais aussi, je pense que c'est ce qu'il tend à reprocher à Nicolas Sarkozy.

    J'aime enfin beaucoup sa justification du système démocratique par représentation :

    « Comme, dans un État libre, tout homme qui est censé avoir une âme libre doit être gouverné par lui-même, il faudrait que le peuple en corps eût la puissance législative. Mais comme cela est impossible dans les grands États, et est sujet à beaucoup d'inconvénients dans les petits, il faut que le peuple fasse par ses représentants tout ce qu'il ne peut faire par lui-même.

    L'on connaît beaucoup mieux les besoins de sa ville que ceux des autres villes; et on juge mieux de la capacité de ses voisins que de celle de ses autres compatriotes. Il ne faut donc pas que les membres du corps législatif soient tirés en général du corps de la nation; mais il convient que, dans chaque lieu principal, les habitants se choisissent un représentant.

    Le grand avantage des représentants, c'est qu'ils sont capables de discuter les affaires. Le peuple n'y est point du tout propre; ce qui forme un des grands inconvé­nients de la démocratie.»

     Le second paragraphe serait à relire aux parachutés, je pense, car le parachutage est une tradition tenace, tant aux législatives que surtout aux municipales. Quant au dernier, point, on peut en discuter, mais je crois en effet que la direction des affaires de l'état requiert une spécialisation. Cela ne signifie pas que le peuple n'a pas vocation à y prendre part, mais simplement que les grandes décisions ne peuvent être prises sous le coup des émotions immédiates. Peu après ce passage, MMontesquieu note d'ailleurs que cela a été le travers des anciennes républiques, et quand on voit le destin d'Athènes, on ne peut lui donner tort.

     

    Autre point qui me convient tout à fait, toujours dans ce même précieux chapitre :

     

     « Mais si, dans un État libre, la puissance législative ne doit pas avoir le droit d'arrê­ter la puissance exécutrice, elle a droit, et doit avoir la faculté d'examiner de quelle manière les lois qu'elle a faites ont été exécutées

     Très justement dit. C'est le contrôle du parlement, et justement, je trouve que notre parlement tend pour le compte à être essentiellement une chambre d'enregistrement. Là encore, je retrouve les positions développées par François Bayrou et l'UDF puis le MoDem ces derniers mois. C'est dans cet esprit que me semble agir nos députés, et j'espère qu'ils poursuivront dans cette voie.

  • François Bayrou invite les démocrates au Forum des Démocrates

    Il était temps que je le signale tout de même...Voici l'invitation officielle de François Bayrou.

    Chers amis, Je suis très heureux de vous convier au Forum des Démocrates, qui aura lieu du 13 au 16 septembre 2007 à Seignosse, dans les Landes. Cette manifestation constitue une étape importante avant le congrès constitutif du Mouvement Démocrate. Au cours des ces quatre journées de travail, nous allons réfléchir, ensemble, aux grands sujets qui constitueront les prémices de notre projet, aux règles d’organisation interne de notre mouvement et à la préparation des élections municipales.

    ous trouverez sur le site du forum des démocrates le pré-programme de ces journées, qui comprendront des séances plénières thématiques, des ateliers de réflexion et de formation, deux débats de politique générale en soirée, ainsi que les animations traditionnelles.

    Je vous invite à profiter des congés estivaux pour réfléchir à ces différents sujets, en nous adressant, si vous le souhaitez, vos contributions
    - par mail : contributions@forumdesdemocrates.fr
    - ou par courrier : Forum des démocrates, 133 bis rue de l’Université 75007 Paris

    Je compte sur votre présence effective à Seignosse et vous assure, chers amis, de ma fidèle amitié.

    Au passage, je me faisais une petite réflexion : MoDem = Mouvement Démocrate. Et UDF = Union pour la Démocratie Française. C'est bien pour cela que ce forum est celui des démocrates en général, parce que les Démocrates sont présents aussi bien à l'UDF qu'au MoDem, les sigles en attestent.
     

  • Récidive, l'analyse d'Yves Detraigne

    Puisque je lis actuellement l'Esprit des Lois, et que nous avons eu l'occasion, sur ce blog, de débattre de la justice et de la récidive, c'est avec intérêt que j'ai trouvé l'intervention du sénateur UDF Yves Detraigne, au sénat, le 05 juillet dernier, à propos de la récidive. J'y retrouve un certain nombre de principes auxquels j'adhère et qu'il m'a bien semblé lire dans l'Esprit des Lois.

    Voici un extrait tout à fait significatif de son intervention (disponible en version intégrale sur le site de l'UDF) : 

     

    En effet, si la fonction de la peine est notamment d'être efficace et dissuasive, je ne suis pas certain que l'aggravation et la systématisation des peines d'emprisonnement soient la meilleure manière de lutter efficacement contre la récidive.
    À en croire les articles et les études qui fleurissent dans la presse ces derniers jours, il n'est pas démontré que la menace d'une sanction plus lourde soit un frein à la récidive : aucune corrélation n'a jamais pu être établie de manière certaine en ce sens.
    Ce en quoi les membres de l'Union centriste croient plus volontiers, c'est en un mécanisme qui fonctionnerait à différents niveaux, notamment plus en amont. En effet, pour être efficace et éviter les récidives, notre système judiciaire dans sa globalité doit être plus volontaire quand il a affaire à un primo-délinquant, que ce soit pour la condamnation, pour l'application de la peine, pour le suivi en prison ou pour la sortie.
    La trop grande bienveillance - je n'ose dire le laxisme - dont il est parfois fait preuve à l'égard des primo-délinquants mineurs ou jeunes majeurs peut donner le sentiment aux auteurs d'infractions qu'ils ne risquent pas grand-chose et, finalement, pour certains d'entre eux, être vécu comme un facteur d'encouragement à poursuivre dans la voie de la délinquance.
    Il ne faut pas être naïf : le mineur ou le jeune majeur qui comparaît pour la première fois devant une formation de jugement n'en est pas à sa première infraction, mais à sa quatrième, cinquième, voire sixième. Et s'il avait senti, dès la première fois, passer le vent du boulet, on aurait sans doute dans bien des cas évité cette dérive vers une délinquance plus grave.
    Malheureusement, la réalité est telle que, lorsqu'il reçoit sa première sanction pénale, l'auteur de l'infraction est souvent d'ores et déjà entré dans la spirale de la délinquance et aura donc d'autant plus de mal à en sortir.
    Il faut donc offrir une meilleure réponse à ces mineurs afin que la sanction n'arrive pas trop tardivement et qu'elle ait encore un sens. Je m'interroge sur l'exclusion systématique de l'excuse de minorité dans certains cas : pourquoi pas, mais n'est-ce pas déjà trop tard ?
    Ne faudrait-il pas améliorer en amont notre système préventif, en recentrant par exemple les missions de la protection judiciaire de la jeunesse, la PJJ, sur les auteurs d'infractions pénales et en laissant les services sociaux des collectivités territoriales - je pense évidemment aux conseils généraux - s'occuper des jeunes qui connaissent des problèmes sociaux ? Il faut que nous nous donnions les moyens de nous concentrer sur les auteurs d'infractions pénales dès leur première infraction.
    À ce stade, on peut légitimement se poser la question du rôle de cette sanction qui intervient tardivement et de l'efficacité du parcours judiciaire du délinquant.
    C'est pourquoi, s'il peut être intéressant de fixer des peines minimales, encore faut-il laisser la justice adapter la peine à l'importance des faits et à la personnalité de l'auteur qui les a commis, comme l'exige, d'ailleurs, le principe constitutionnel.
    Certes, le projet de loi garantit que l'individualisation de la peine n'est pas remise cause, mais à partir du moment où l'individualisation devient, en quelque sorte, l'exception, il est légitime de s'interroger. En effet, comme je l'ai indiqué précédemment, la certitude de la peine ne garantit pas que l'infraction ne sera pas commise. Derrière un même fait se trouvent des hommes et des femmes différents, avec un passé propre, une histoire personnelle, un profil psychologique différent.
    Force est donc de constater que l'individualisation de la peine est essentielle pour tenter de sortir la personne condamnée de la spirale de la délinquance. On ne peut pas adhérer au principe de systématisation de la sanction.
    La peine doit servir à quelque chose. La volonté de la société est non seulement que le délinquant paie les conséquences de son acte, mais aussi qu'il ne recommence pas.
    J'aborde donc maintenant la question de l'effectivité de la peine et de son caractère dissuasif. Ne serait-il pas plus utile d'appliquer réellement les sanctions dès la première infraction, d'avoir une politique de l'application des peines plus sévère, mieux adaptée, disposant de plus de moyens, et d'assurer, en tant que de besoin, un véritable suivi socio-judiciaire à la sortie de prison, alors qu'actuellement la personne qui sort d'un établissement pénitentiaire n'est bien souvent pas mieux préparée, voire encore moins bien, à affronter la réalité du monde ?
    Il est aujourd'hui indispensable d'améliorer les conditions d'exécution de la peine, qui sont aussi importantes - voire plus - que le niveau de la peine lui-même.

     Je crois que cette dernière remarque de l'extrait résume bien à elle seule le véritable fond du problème. C'est la certitude de la sanction qui compte, non son niveau, et Montesquieu ne dit pas autre chose. Je reprends le début du chapitre XII du Livre VI sur la puissance des peines, que j'avais déjà commenté sur ce blog  :

    « Il ne faut point mener les hommes par les voies extrêmes; on doit être ménager des moyens que la nature nous donne pour les conduire. Qu'on examine la cause de tous les relâchements, on verra qu'elle vient de l'impunité des crimes, et non pas de la modération des peines.

    Suivons la nature, qui a donné aux hommes la honte comme leur fléau; et que la plus grande partie de la peine soit l'infamie de la souffrir. »

    Voilà : simple, et pourtant, c'est le problème n°1 de la justice en France... Alors les roulements de tambours et les déclarations sur la récidive, c'est assez pathétique au final, tant cela ne touche pas le coeur du problème, qui n'est pas d'être condamné, mais bien d'être condamné en temps et d'exécuter sa peine...

     

  • Christian Gaudin : le financement des PME sans manichéisme

    Christian Gaudin, sénateur UDF, fait un certain nombre d'observations intéressantes sur le nécessaire financement des PME en France, et notamment les prises majoritaires dans leur capital par des fonds privés. Il relève, à cet égard, que le fond d'investissement peut être animé de bien meilleures intentions que le repreneur industriel. A méditer...

    À l'issue de près d'un an de travaux, je viens de remettre, au nom de la mission commune d'information sénatoriale présidée par Philippe Marini, un rapport sur le développement des centres de décision économique. Il en ressort que la course à laquelle se livrent les grandes métropoles pour attirer sur leurs sols les quartiers généraux des multinationales ne saurait résumer à elle seule le débat sur le développement pérenne des centres de décision économique et de l'attractivité des territoires. Il est tout aussi essentiel de s'intéresser au développement des centres de décision économique à taille humaine que constituent nos petites et moyennes entreprises.

    Celles-ci entretiennent généralement un lien fort avec leur environnement économique immédiat, cet ancrage étant renforcé dans le cas d'entreprises dites " familiales " pour lesquelles l'impératif de rentabilité coexiste avec le souci d'assurer une continuité de l'entreprise au profit des générations suivantes. En revanche, si elles demeurent trop locales ou si elles n'atteignent pas la "taille critique", les PME risquent de ne pas être suffisamment performantes et de disparaître. Le maintien des centres de décision économique en France constitue donc, s'il en était besoin, une raison supplémentaire de favoriser la croissance de nos PME.

    Sur ce point, la mission d'information formule des propositions en faveur du développement de l'épargne longue. Il ne faut pas non plus exclure que nos PME doivent se développer au moyen de prises de participation majoritaire dans leur capital. Nos travaux démontrent qu'il est dangereux de considérer de façon manichéenne comme de " bons rachats " de nos PME ceux qui émaneraient de groupes industriels et comme de " mauvais rachats " ceux émanant de fonds d'investissement, a fortiori étrangers.

    Chacun connaît les risques représentés par certaines catégories de fonds dont l'horizon d'investissement conduit à une recherche de rentabilité à court terme. Ces pressions ne sont d'ailleurs pas le seul fait des fonds de court terme, ils peuvent aussi résulter de la succession dans le temps de plusieurs opérations " longues " de type LBO (leverage buy-out) puisque les troisième ou quatrième repreneurs de l'entreprise doivent rechercher des gains de rentabilité supplémentaires par rapport aux mesures d'amélioration des performances déjà engagées par leurs prédécesseurs.

    Si aucun de ces risques ne doit être oublié, il convient de rappeler que le parti pris anti-fonds d'investissement, animé par la volonté de maintien en France de capacités de décision et de production, aboutit à l'inverse du résultat recherché. En cette matière, le mieux est l'ennemi du bien. Par exemple, si les fonds Carlyle et Eurazeo n'avaient pas investi dans Terreal, une entreprise de tuiles sortie du giron de Saint-Gobain, cette société aurait été reprise par Wienerburger, un groupe autrichien. À moyen terme, le centre de décisions de Terreal aurait disparu, et les savoir-faire de cette entreprise auraient été transférés vers l'Autriche.

    Cet exemple n'a rien d'étonnant dès lors qu'un fonds, tel qu'un fonds de capital-investissement ayant des objectifs sur trois à cinq ans, vise à développer et à améliorer les performances de l'entreprise, ce qui passe souvent par son développement. En revanche, un repreneur industriel - surtout si c'est un concurrent - peut avoir pour intérêt principal la rationalisation de l'outil de production, voire l'utilisation de l'entreprise rachetée au profit de son propre groupe. Or nous sommes aujourd'hui confrontés à un moment historique où se conjuguent deux phénomènes. D'une part, certaines entreprises familiales qui n'ont pas une dimension européenne ont besoin de relais capitalistiques pour se maintenir sur les marchés français et européen. D'autre part, des grands groupes qui étaient à l'origine des conglomérats français sont amenés, dans le cadre de leur développement international, à céder des entreprises petites ou moyennes qui ne font pas partie de leur coeur de métier. Il faudra donc trouver des moyens de financement pour ces deux catégories d'entreprises. Il est essentiel, dans cette perspective, de sortir du manichéisme tant l'enjeu du développement de nos PME participe de l'objectif de souveraineté économique qui a animé les travaux de la mission d'information du Sénat.

  • François Bayrou à la rencontre des militants UDF et MoDem en Ile de France


    François Bayrou à la rencontre des militants UDF-MoDem : premier rendez-vous mardi 3 juillet à Paris
    François Bayrou 2007

    Après la séquence électorale chargée et avant la dispersion des vacances, François BAYROU a souhaité aller à la rencontre des militants UDF-MoDem pour échanger avec eux d’une manière libre et répondre ainsi aux nombreuses questions qui se posent. C’est à Paris, au siège national de la rue de l’Université, en présence de Marielle de SARNEZ, que s’est tenue cette première séance qui a connu une affluence record. La salle Jean Lecanuet était pleine à craquer et deux autres lieux diffusaient, dans la maison, les images de ces débats mis en place pour la région Ile de France.

    François BAYROU a introduit la réunion en revenant sur les principaux événements de ces derniers mois, anticipant tout d’abord, sur le sujet qui ne manquera pas d’être souvent évoqué : pourquoi avoir dit « je ne voterai pas pour Nicolas SARKOZY ! », entre les deux tours de l’élection présidentielle ?
    Pour notre président national, « le vote est libre dans notre pays et il est sain d’exprimer publiquement une conviction profonde ». De plus, dès lors que la presque totalité des députés UDF appelaient à voter pour le futur Président de la République, il était indispensable de « rééquilibrer » afin qu’on ne puisse pas faire le reproche à notre famille politique d’être « revenue à droite », d’où on aurait dit qu’ « elle n’était jamais partie ! ». Le PS n’attendait que cela pour nous affaiblir. Cela aurait beaucoup déçu ceux qui avaient mis en François BAYROU l’espoir d’une voie réellement libre et indépendante.
     Ce dernier a d’ailleurs précisé également qu’il n’avait pas pour autant appelé à voter pour Ségolène ROYAL  ce qui, de même, aurait ruiné tous les efforts déployés pendant la campagne dont le succès est unanimement reconnu.

    Revenant ensuite sur les élections législatives, François BAYROU a salué les députés sortants  restés fidèles au MoDem et les quatre élus qui porteront,  haut et fort, dans l’hémicycle, la parole de notre parti. Il est clair que ce mode de scrutin qui ne nous a pas été favorable est injuste. D’après le journal « le Monde », si nous avions bénéficié d’ une dose de proportionnelle, à l’allemande, nous aurions eu, avec nos quelques 8% des voix, 61 sièges et  sur la base du score de l’élection présidentielle, près de 130 députés !

     « Notre situation actuelle est inconfortable mais elle est loyale et fidèle à ce que nous défendons et qui n’a de sens qu’en fixant l’avenir. La liberté acquise est précieuse pour les municipales. Nous ne nous laisserons pas enfermer dans des alliances obligatoires, ni avec l’UMP, ni avec le PS. La ligne est claire : chaque fois que nous le pourrons, nous présenterons des listes sous nos propres couleurs, spécialement dans les 1000 communes de plus de 10000 habitants, sans soumission, à l’égard de quiconque. N’oublions jamais que nous sommes porteurs d’une alternative vers laquelle les français se tourneront lorsque le rideau se déchirera sur les réalités… », a dit François BAYROU, en conclusion de son introduction avant de laisser la parole à la salle, impatiente de pouvoir s’exprimer.

    Plusieurs interventions ont tourné autour du défi de faire cohabiter, au sein d’une même formation politique, des anciens adhérents UDF et des nouveaux militants MoDem. François BAYROU ne nie pas cette difficulté. Il est humain que les premiers voient chez les seconds des « aventuriers » et que les seconds soupçonnent les premiers de vouloir « verrouiller » les instances. Il est cependant vital qu’ils puissent se découvrir et s’écouter.
     « Nous avons identifié que les règles du droite/gauche ne correspondaient plus à la réalité. Cela doit se traduire également, dans notre parti, où nous ont rejoints des femmes et des hommes qui étaient dans une profonde déception à l’égard de leur parcours politique ancien.  Ce qui doit nous réunir, c’est le projet pour l’avenir, pas le passé. Ne tombons pas dans le piège qui nous sera tendu, chaque fois qu’on nous demandera si on est « centre droit » ou « centre gauche ». Nous savons bien que les sujets de blocage du pays ne se résument pas à ces affrontements perpétuels ». D’ailleurs, la localisation géographique n’est pas le problème essentiel : il vaut mieux dire que nous portons un projet démocrate ; c’est là que se trouve notre identité ! « A quoi croyons nous ? pour quoi serions nous prêts à nous faire couper en morceaux ? », a interrogé François BAYROU qui a  donné comme exemple la séparation des pouvoirs. Ce dernier  a assuré, de plus, qu’il veillerait à ce que chacun, quelle que soit son histoire, puisse accéder aux responsabilités, dans les structures futures du MoDem.

    Comme on pouvait s’y attendre, il a été demandé des précisions sur la mise en place pratique et concrète du MoDem. François BAYROU a été très clair en annonçant que le congrès du mois de novembre tranchera la question de l’existence, au final, d’un seul et unique mouvement. Il faut faire vite car l’attente est grande mais nous ne devons pas, pour autant, céder à une forme de précipitation. Nous prendrons le temps d’écouter (c’est ce qui est fait actuellement avec ces huit rendez-vous régionaux qui précéderont le bureau politique du 12 juillet, élargi aux candidats aux législatives). Des assises de la démocratie se tiendront les 13,14, 15 et 16 Septembre, à Seignosse afin de poser ensemble les bases d’un parti moderne. Parallèlement à l’établissement classique pour un tel mouvement, des statuts et des principes de décision, sera écrite une charte éthique afin de formaliser ce que doit être notre comportement commun et spécialement celui de l’honnêteté  et de la transparence des élus, à l’égard des militants qui leur ont fait confiance et qui les ont portés, parfois depuis plusieurs décennies.
     D’un point de vue plus anecdotique, François BAYROU a raconté comment le nom MoDem s’était imposé à tous et des proportions et un temps jamais égalés, dans toute l’histoire de la Vème République. A ce jour, 45 000 personnes ont payé une adhésion au MoDem, ce chiffre étonnant n’inclue pas les membres de l’UDF. Il faut également rappelé que tout cela s’est fait spontanément, par internet : « Imaginez ce que ce sera lorsque nous nous en occuperons vraiment ! », a dit, avec humour, François BAYROU en promettant l’envoi rapide des cartes d’adhérents et en précisant que le montant moyen des cotisations est de 35 euros avec plus de la moitié à 50 euros…

    Des questions d’intérêt départemental ont ensuite été posées. Elles reprenaient des situations de difficultés, parfois très pénibles et destabilisantes, qu’il conviendra de surmonter par des réunions spécifiques dans les différentes fédérations concernées comme celles des Hauts de Seine, du Val d’Oise, de Seine Saint Denis, Val de Marne…Des référents départementaux seront également désignés.

    Marielle de SARNEZ est intervenue également pour remercier les organisateurs de cette rencontre qui en appellent d’autres. Dès jeudi, à 16h, dans cette même salle Jean Lecanuet, une nouvelle réunion de ce type aura lieu puis rapidement, à la rentrée, se mettra en place une organisation décentralisée du congrès avec des groupes de travail structurés.
     Pour la présidente de la fédération UDF d’Ile de France : « faire vivre ensemble près de 10 000 adhérents que nous serons bientôt dans cette région, nécessite de nouvelles pratiques, des règles d’interactivité innovantes pour que chacun apporte sa pierre à l’édifice collectif ».

    D’autres sujets qui ne figurent pas dans cette synthèse ont été évoqués au cours de cette première rencontre. A n’en point douter, ils seront aussi traités lors de l’un des prochains débats que François BAYROU animera, chaque soir, jusqu’au 11 juillet et nous nous en ferons alors l’écho.

    A plusieurs reprises, le nom de Marc SANGNIER a été cité au cours des échanges. Il reste pour notre famille politique un modèle et un aiguillon, un « sillon », toujours d’actualité. Cet homme de convictions ne disait-il pas : « faire de la politique, c’est porter  à son plus haut la conscience et la responsabilité des citoyens »…. ?

     

  • Les Sénateurs UDF demeurent unis

    "A l'unanimité"  les sénateurs UDF ont adopté un "positionnement, confiant, vigilant et constructif" vis-à-vis des choix politiques du gouvernement de François Fillon.

    Ils ont notamment déclaré dans un communiqué "leur autonomie et leur volonté d'oeuvrer au redressement de la France par la réforme de l'Etat, l'équilibre des finances publiques, la compétitivité de son économie, l'efficacité de son système éducatif, l'avènement de l'Europe politique".

    Quatre sénateurs UDF seulement n'ont pas voté la motion du groupe parce qu'ils n'ont pas participé au vote. Les sénateurs UDf relèvent que  les "6.800.000 suffrages obtenus par François Bayrou" au premier tour de la présidentielle témoignent d'une attente et de la vitalité de la famille politique centriste".

    Ils déplorent "que les mécanismes électoraux en vigueur aient mis en évidence les limites d'une démarche indépendante et n'aient pas permis de poursuivre cette affirmation, provoquant ainsi son éclatement aux élections législatives".

    Jean Arthuis a rappelé en insistant leur appartenance à l'UDF et a demandé que tous ceux qui se retrouvent "dans les valeurs de l'UDF" les rejoignent.

    Au Sénat, les sénateurs centristes ne se sont donc pas divisés et demeurent "UDF-UC" (Union centriste).