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Sarkozy - Page 12

  • Humeur sombre

    Les sondages se suivent et se ressemblent depuis notre échec aux élections européennes. Et du coup, je me prends à envisager les hypothèses les plus détestables pour les temps à venir. Par exemple, je me suis résolu à envisager que Bayrou soit hors-circuit pour 2012. Le cauchemar. Hors de question de soutenir ne serait-ce qu'une fois de plus Sarkozy. Mais l'idée de voter pour les Socialistes en 2012 me provoque une méchante poussée d'urticaire.

    Imaginons les possibles candidats de second tour. D'ores et déjà, hors de question de soutenir un quelconque individu issu du courant jospiniste ou plus généralement du gouvernement Jospin de 1997. J'avais pu faire un écart (à grand peine) pour Ségolène Royal, mais les autres, avec leur auto-satisfaction dégoûlinante...

    Delanoë ? Hors de question. Plutôt blanc, même contre Sarko. Martine Aubry, la mère emptoire ? Niet. Je préfère peut-être encore Sarko.  Pas question non plus. Blanc aussi. Hollande, à la rigueur, pour un second tour. Faut voir. Je n'ai pas trop aimé ses déclarations à la c... sur les riches pendant la campagne de 2007. Ségolène Royal ? Bah, si j'ai pu voter une fois pour elle, pas à exclure la seconde fois. Cela dépendra des alliances du PS. Il faudrait qu'on sache où elle est une bonne fois pour toutes.  Un pour lequel je pourrais voter, c'est Manuel Valls. En voilà un qui ne fait pas dans la langue de bois et n'a pas peur de dire ce qu'il pense. J'aime bien les franc-tireurs. DSK ? Je préfère encore voter Sarko. Ses frasques plus que limites avec les femmes l'ont définitivement mis hors-jeu à mes yeux.

    A droite, il n'existe aucune autre alternative. Villepin ? pas confiance. Un candidat Nouveau Centre ? Il n'y en a aucun d'envergure et ils sont beaucoup trop trouillards pour être crédibles. Juppé ? Il ne se présentera pas (dommage). Un Vert ? Ce sont des socialistes en pire. Borloo ? Sympa, mais trop compromis avec Sarko. Pas assez courageux.

    Conclusion, il faut vraiment espérer que Bayrou sera là. A défaut, Corine Lepage pour laquelle je pourrais aussi voter.

  • L'histoire rendra raison à Bayrou

    Chaque fois qu'il y a un haro général dans les médias sur Bayrou, et cela se produit après chaque élection, j'ai remarqué, je ne puis m'empêcher de songer aux paroles de l'évêque Saint-Rémi baptisant Clovis à Reims, un soir de noël : brûle ce que tu as adoré et adore ce que tu as brûlé... Alors, certes, il a dérapé, je l'ai suffisamment dit ici. Mais ce dérapage ne doit pas effacer tout ce qu'est l'homme. Il n'en reste pas moins un homme d'honneur (il a reconnu ses torts après les élections, ce n'est pas si fréquent). Le seul aussi à s'opposer frontalement à un projet de société qui liquéfie complètement le lien social. Nicolas Sarkozy peut pavoiser, il a gagné une manche, il n'a pas gagné la guerre. Face à la constance d'un Bayrou, c'est incroyable la faculté de cet homme-là à endosser les habits les plus divers au jour le jour selon les circonstances de l'actualité. L'année passée, partisan de l'introduction des sub-primes en France, puis il y a quelques temps féroce anti-capitaliste dénonçant le libéralisme, le voilà aujourd'hui converti à l'écologie.

    Une gouvernance au jour le jour qui a le don de l'insupporter. Un traitement à chaud des émotions qui n'aboutit qu'à de grandes déclarations. Va-t-on s'aviser un jour que quelques mois après, il n'en reste généralement rien ? Abus de pouvoir est un excellent ouvrage, parce que c'est le seul à avoir compris que le projet que Sarkozy porte va bien au-delà des projets politiques auxquels nous sommes habitués. La discrimination (peu importe qu'elle soit positive), l'inégalité y sont théorisées. Et le comble (Bayrou aurait du insister sur ce point), c'est que Sarkozy et ses sbires se drapent des oripeaux de la gauche pour faire passer les réformes les plus injustes. Notre société, comme l'a très justement vu François Bayrou (et si ce ne sont les électeurs, l'Histoire lui donnera au moins raison), est une société d'inégalités croissantes. La méthode Descoings illustre parfaitement cette société qui s'avance masquée. Le lycée pour tous, c'est le lycée pour la masse, mais certainement pas pour les élites qui parviendront aisément à s'en extraire grâce à leurs réseaux.

    Les réseaux, parlons-en : c'est un aspect d'Abus de pouvoir qui a été peu traité et pourtant, c'est le danger le plus mortel parmi ceux qui menacent notre démocratie. Oh, ce ne sont pas les réseaux qui se constituent sur la Toile qui sont dangereux. Au contraire, ceux-là, Bayrou a observé avec beaucoup de finesse que c'était au contraire la réaction de défense du système immunitaire du corps social lorsqu'on voulait lui appliquer un projet qui lui était fondamentalement étranger.

    Non, les réseaux dangereux, ce sont tous ces individus qui se connaissent entre eux, se font des cadeaux, passent des accords, et dominent simultanément la finance, les médias et la politique. Voilà pourquoi Bayrou souhaitait que l'indépendance des médias soit inscrite dans la Constitution de notre République. Ces réseaux sont dangereux, parce qu'au bout d'un moment, si vous n'en êtes pas, vous ne pouvez accéder à aucun poste de pouvoir. Ils menacent insidieusement notre démocratie, le plus souvent à notre insu. Eh, ils sont bien sûr la quintescence d'une société inégalitaire, d'une société dans laquelle il a été théorisée que seules les inégalités permettaient le progrès, étaient nécessaires.

    Tous les projets politiques avaient eu jusqu'ici pour objet le bonheur de l'homme et visaient l'intérêt commun. Aucun n'avait subordonné l'intérêt commun aux intérêts individuels. Pour ma part, je fais partie des libéraux et je pense que la liberté d'association, les échanges, le commerce et le marché, lieu d'échanges par excellence sont les plus à mêmes d'apporter paix et progrès à l'humanité. Les sociaux-démocrates s'imaginent que c'est l'État qui doit amener tout cela.

    On a souvent comparé les choix de Sarkozy au projet social américain. En réalité, il n'en est rien. Pour ma part, la démocratie américaine n'est pas mon modèle favori, mais, je lui connais un immense mérite, c'est qu'elle lutte activement contre toutes les collusions, les trafics d'influence et plus généralement les réseaux cachés. Là-bas, on s'associe à volonté, avec tous les travers d'une telle liberté puisque le lobbying y est intense, mais il est admis par tous et cette liberté d'association-là est accessible à chacun.

    En France, on combine l'aspect le plus dur de la démocratie américaine, l'acceptation de fortes inégalités, et l'impossibilité sociale de les réduire puisque toute ascension sociale est conditionnée à l'appartenance à un réseau. Les dés sont donc pipés, et les libéraux qui votent en toute bonne foi pour Sarkozy et son UMP se font avoir.

    Il y a là, malheureusement, un trait qui est propre à la société française. Sarkozy n'en est pas comptable en tant que tel. Mais il aggrave ce travers par ses mesures et le rend indépassable.

  • Le MoDem n'a pas de prix

    charlotte-aux-fraises.jpgC'est une obsession, de la part de Nicolas Sarkozy, que de vouloir acheter ses adversaires. J'évoquais Marielle hier, mais j'en sais un peu plus grâce à un témoignage de Jacqueline Gourault dans la Nouvelle République.

    « Il est très ennuyé. Il vient de découvrir que j'étais invitée en regardant le plan de table où j'étais prévue en face de lui… alors qu'il s'agit d'un dîner avec les élus du Nouveau Centre pour préparer les Européennes. Il me dit que… si je veux venir, je peux toujours. Évidemment, je refuse ! Et je lui lance alors une boutade : qu'il m'invite avec Marielle de Sarnez quand il veut ! »

    En fait, Jacqueline Gourault a été relancée trois fois. A la troisième fois, intriguée, elle a accepté l'invitation. Mais lorsque Hortefeux réalise sa bévue, il décide de trouver une issue en invitant Jacqueline Gourault en même temps que Marielle de Sarnez.

    Prévu le 16 juin, le dîner tombe à pic. Flairant le piège, Marielle de Sarnez et Jacqueline Gourault ont finalement décidé d'annuler le rendez-vous. La Nouvelle République doit disposer d'un autre scoop : je titrais hier sur les carottes râpées, mais apparemment, il y aurait eu au dessert une charlotte aux fraises. Carottes râpées, romaine, charlotte aux fraises, on sait recevoir chez les Hortefeux :-)

    J'ai trouvé la recette de la charlotte aux fraises sur la Toile. Le croiriez-vous ? Il y a des oranges dedans :-)

    Ingrédient pour 4 personnes :

    500 g de fraises (parfumés genre gariguette)

    2 oranges

    1 citron fleche 30 biscuits à la cuillère

    30 cl de crème fleurette ou creme fraîche liquide

    100 g de sucre glace fleche extrait de vanille

  • God save the Queen !

    Quel impair ! J'ai été frappé de stupeur d'apprendre que la Reine d'Angleterre n'avait pas été invitée aux célébrations du débarquement du 06 juin. Sarkozy l'a oubliée ou bien ce n'est pas rentable électoralement ? Je m'associe évidemment à l'ami Toréador pour inviter nos amis Anglais à venir nous rendre visite ce jour-là afin que nous puissions leur témoigner notre reconnaissance. Cela me sidère, tout de même : la France libre n'a tenu pendant la seconde guerre mondiale que par le seul soutien des Anglais ; quand les Américains rêvaient de mettre de Gaulle sur la touche, ils se sont avérés des appuis sans faille. C'est grâce à eux, également, que la France a obtenu une place au Conseil de Sécurité de l'ONU, place pour laquelle aucun de ses faits et gestes pendant la guerre ne méritaient qu'elle l'eût. Et les Canadiens ? Par deux fois ils sont venus mourir sur le sol français pour sauver notre pays qui leur était lointain dans une guerre qui ne les concernait ni de loin ni de près.

    Luc Châtel a déclaré que le 06 juin était d'abord une cérémonie franco-américaine et qu'il était de tradition que le Président des USA s'y rende la première année de son mandat. Et alors ? Cela justifie de se comporter en goujats ? L'Angleterre avait-elle moins supporté l'effort de guerre, et toute seule de surcroît, pendant un temps, pendant le conflit, elle qui en sortit définitivement exsangue à son issue ? N'était-elle pas aux côtés des Américains pour nous défendre, ce 06 juin 1944 ?

    De ceux qui moururent ce jour-là sur les plages du débarquement, un quart était britannique, et leurs corps reposent désormais sous le sol normand.

    God save the Queen, Queen Elizabeth ! Thank you for all and welcome in France !

  • De gauche et UMP ?

    S'il y a un truc qui me fait franchement rigoler, c'est quand j'entends d'ex-socialistes, récents cireurs de pompe, passer la brosse à reluire au gouvernement et à Sarkozy. Ah, il faut les entendre s'évertuer à clamer qu'ils sont toujours de gauche et qu'ils n'ont rien renié ! Je sais que l'étiquette gauche/droite n'est plus clivante ni pertinente, du moins sur les grands sujets, en France, mais franchement...Écoutez-le, le gros mammouth laineux (l'haineux) expliquer qu'il est toujours à gauche mais qu'il votera sans états d'âme pour l'UMP. A la limite, je m'en fous, moi, je suis de centre-droit. Mais j'ai mal pour la gauche,  quand je l'entends déblatérer sa loghorrée. Avec lui, Sarkozy et consorts ont l'assurance d'avoir recruté une carpette de première catégorie. Étonnant qu'il ne soit pas allé à la soupe plus tôt, d'ailleurs. Il vait bien tenté de contacter l'entourage de Bayrou, pendant les présidentielles, mais, à l'UDF, pas fous, on n'en avait pas voulu.

    Cela dit, Sarkozy n'est pas non plus un âne, et pour avoir suffisamment donné de deniers aux Judas de toute sorte, il connaît d'autant plus la valeur de la fidélité et de la parole donnée. Or, le mamouth laineux en fait un peu trop, et ça commence à l'agacer sérieusement, Sarko. Bon, en même temps, il en joue pas mal, le Sarko. Il commence à faire son Miterrand (en moins subtil, mais avec des carpettes et des cire-pompes, ça marche à tous les coups), notre Sarko. Rassurez-vous, chers lecteurs, je n'ai aucunement l'admiration béate d'un certain nombre de nos politiques pour Miterrand. Il est simplement venu en un temps où en face, c'était pire. Le seul (j'ai cru en Barre, mais ce que j'ai appris de lui ces dernières années me le fait regretter) qui aurait valu le coup, c'était Rocard, mais bon, on ne va pas refaire l'histoire...

    J'aurais pu comprendre, sous Chirac, qui était sur le fond un honnête racidal-socialiste, qu'on se déclarât de gauche tout en étant proche de chichi. Mais s'affirmer de gauche aux côtés de Nicolas Sarkozy et de ses inégalités croissantes, comme le dit justement Bayrou, il y a de quoi huler de rire. Trop drôle ! Dans une telle atmosphère délétère de confusion idéologique, de racollage gouvernemental généralisé et d'aplatventrisme sans honte ni pudeur, comme aurait dit feu l'illustre Leroy-Morin aujourd'hui disparu, il ne faut plus s'étonner si de plus en plus d'hommes et de femmes de gauche désormais déboussolées, se rallient à la seule voix forte (ou en tout cas l'écoutent) encore un tant soit peu audible dans le paysage politique.

  • Sarkozy devrait se présenter à l'ENS...

    Trop fort ! Tout le monde se souvient des démêlés de l'omni-président avec la Princesse de Clèves ? Sarko avait estimé qu'il fallait être sadique pour proposer comme oeuvre au programme la Princesse de Clèves, de la Marquise de Lafayette, pour des concours administratifs qu'il estimait de seconde zone (guichetier à la Poste, par exemple). Eh bien la prestigieuse école de Normale Sup propose l'étude de l'oeuvre pour la session 2010 à son concours d'entrée en lettres ! Le document précise toutefois «SOUS RESERVE DE SON APPROBATION PAR LE MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE». Les majuscules, ce n'est pas de moi, c'est sur le document. Je me demande ce que va faire Darcos ou Pécresse (s'il est encore à ce poste) lorsqu'il va falloir donner un imprimatur...

    Mais comme on trouve aussi dans ce programme, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, de Jean-Jacques Rousseau, on finit par se demander s'ils l'ont fait exprès. Mais ce n'est pas tout : il y aussi les Regrets, de Joachim du Bellay : le sait-on ? ce recueil ne comporte pas que des soupirs sur la terre natale de notre bon Joachim mais un certain nombre de satires sur la cour de France. On parie qu'il leur sera réservée une place de choix dans les sélections de poèmes opérées par les enseignants de lettres ?

    L'Éducation sentimentale de Flaubert se déroule en pleine révolution de 1848, sur les barricades. Et pour les Mains Sales, de Sartre...Perso, bien que je n'aime pas Sartre, c'est un de mes bouquins favoris : on y voit les ravages de l'idéalisme révolutionnaire qui n'aime ni le sang ni la merde, comme dit Hoederer, c'est à dire, en somme, qui n'aime pas les gens. Je ne suis pas certain, d'ailleurs, que je tire les mêmes conclusions que Sartre de son propre livre, mais ça, c'est une autre histoire. C'est la marque des grandes oeuvres que d'échapper à leur créateur.

    Bon, on peut me trouver tordu, mais je ne suis pas le seul à me demande s'il n'y a pas un message caché...

    Pour en revenir à la Princesse de Clèves, c'est un texte extraordinairement lisse. Mais, il y a tout de même quelques thèmes exploitables politiquement : la vacuité de la cour, par exemple, où tout n'est qu'intrigues, jeux de pouvoirs et amour irrépressible de la gloire et de l'ambition. D'ailleurs, Madame de Chartres met en garde la Princesse de Clèves en l'avertissant qu'à la Cour, tout n'est qu'apparences. Une cour sans pitié, au demeurant : quand le roi va crever, tout le monde s'en fout :

    « Une cour aussi partagée et aussi remplie d’intérêts opposés n’était pas dans une médiocre agitation à la veille d’un si grand événement ; néanmoins, tous les mouvements étaient cachés et l’on ne paraissait occupé que de l’unique inquiétude de la santé du roi. »

    Ça rappelle de choses, non pour ceux qui auraient vécu la fin de règne de Chichi...? Sinon, pour ceux que cela intéresse, je rappelle qu'un manuscrit secret de la Princesse a été découvert précisément au mois de mai 2008, comportant des passages qui ne figuraaient dans aucune édition jusqu'alors. Je l'avais signalé sur mon blog et donné copie de quelques extraits...

     

  • Le PS a peut-être perdu l'élection présidentielle de 2012

    Je ne sais pas si Bayrou et le MoDem remporteront l'élection présidentielle de 2012, ni même si Bayrou sera seulement au second tour. Mais en revanche, si ce que dit Gérard Collomb dans Le Point est exact, le PS l'a vraisemblablement perdue.

    «Aujourd’hui, on va dans le mur. S’il n’y a pas de primaires, Ségolène Royal se présentera quoi qu’il advienne à la présidentielle, en concurrence avec le candidat du PS. Je milite donc pour des primaires ouvertes à tous les sympathisants de gauche. Ce système évitera que le candidat soit désigné par un petit cénacle, lors de petits arrangements fédéraux, et il lui conférera une grande légitimité.»

    Soit Ségolène Royal sort complètement de l'espace politique, et je suis sûr que les Socialistes en rêvent, et le PS peut encore espérer trouver une figure charismatique. Cela n'a rien d'évident : DSK sera plombé par son statut de directeur du FMI. Aucune figure charismarique n'émerge pour l'instant au PS. Cela peut changer : voyez comment Ségolène Royal s'est subitement révélée. Mais, pour l'instant, rien de convaincant.

    Soit Ségolène Royal conserve une niche électorale assez importante. Et alors là, ce sera la guerre. Parce qu'ils devront se ranger tous du même côté, comme au congrès de Reims, pour en venir à bout. Et comme cela se passera juste avant les présidentielles, cela créera des haines inextricables qui ne seront pas sans conséquences très lourdes pendant la campagne présidentielle.

    Si, d'ici là, Bayrou poursuit sur sa lignée, il pourrait devenir complètement incontournable, surtout quand les sociaux-démocrates du PS auront compris qu'il est le seul à pouvoir battre Sarkozy. Si Bayrou passer au premier tour et que les sondages lui donnent des chances raisonnables, une partie de la droite modérée qui se tait actuellement se rangera à ses côtés.

    En revanche, si Bayrou gagne la présidentielle, je ne crois pas que Bayrou parviendra à lui seul à constituer une majorité législative à l'Assemblée, même avec l'étiquette majorité présidentielle. Il lui faudra passer des alliances avec les éléments modérés du PS, et ils sont finalement assez nombreux.

    Comme le dit Gérard Collomb, tant que le PS n’aura pas tranché entre une ligne sociale-démocrate et une ligne marxisante, il sera à côté de la plaque. En effet, le PS ne pourra pas continuer à tenir deux discours sur le fond antagonistes...Et le débat fait d'ores et déjà rage, comme on peut le voir dans les réactions qui suivent l'article qu'a écrit le blogueur Marc Vasseur à ce sujet sur le Post.

    En tout cas, ce qu'il dévoile laisse augurer des lendemains sanglants, chez les Socialistes. C'est éminemment paradoxal quand on songe qu'il n'a jamais été aussi puissant au niveau local (régions et municipalités, bientôt cantons et Sénat).

  • Hé, hé, Sarko, je te vois, Sarko !

    balance.jpgBon,  il y a un nouveau délit en France : beugler Sarkozy je te vois quand des policiers procèdent à des contrôles d'identité. Ben oui, c'est ce qui est arrivé à un gros malin qui trouvait les dits contrôles un peu trop virils. Un procès-verbal suivi d'une convocation au tribunal...un an après ! Moi, je ne comprends pas un truc : la justice est débordée. Les juges ploient sous la quantité de dossiers, à raison, parfois, de plus de 1000 dossiers par an. Mais mis à part ça, des policiers trouvent très amusant d'envoyer un gars devant le tribunal pour avoir râlé trop fort. Au pire, la raison eût exigé qu'ils lui demandent de se calmer s'il en faisait vraiment trop, et point barre. Mais non, il faut qu'ils fassent du zèle. Et il y a un juge pour accepter de juger des conneries pareilles...C'est de l'authentique foutage de gueule. La criminalité galope, des zones entières de nos banlieues ne sont plus sûres, et ils ne trouvent que cela à faire. Des procès durent des années, parfois jusqu'à dix ans, et la justice trouve le temps de gérer ce genre de balivernes à deux balles.

    S'il y a deux endroits où il faudrait commencer par remettre de l'ordre, en France, c'est bien dans la police et la justice. Ah oui, parce que le prétexte, c'est le tapage diurne. Et au fait, c'était en gare Saint-Charles à Marseille, en pleine heure de pointe. Il avait un mégaphone, le mec ? Y'a pas comme un problème, avec la balance ? Elle ne pencherait pas plus d'un côté que de l'autre ?

  • Kouchner le Faust derche ?

    Décidément, Bernard Kouchner n'arrive pas à se faire à l'idée qu'il est désormais un ministre de Sarkozy et dans un gouvernement clairement UMP. Kouchner a des pudeurs de Faust qui désire coucher avec Gretchen quand cette dernière lui demande s'il croit en Dieu : « Nun sag was hast du mit der Socialitzen Religion ? » Bernard Faust répond à Gretchen par un silence gêné.

    C'est que notre bon docteur Faust Kouchner ne veut pas assumer clairement son pacte avec Méphistotélès Nicolas Sarkozy. Dès lors qu'il s'est engagé avec l'UMP, il lui faut boire le calice jusqu'à la lie, et pas d'états d'âme. Quand venu de la gauche, on pactise avec l'UMP, c'est un aller simple que l'on prend, pas un aller-retour. Je trouve à cet égard très justifié de la part de plusieurs personnalités de l'UMP de s'étonner de l'absence de solidarité du bon docteur. Pour qui voudrait-il voter lors des élections européennes, de toutes façons ? Tout de même pas pour les Socialistes qui le honnissent, désormais ? Goethe disait de Faust que c'était un homme troublé par la passion qui peut obscurcir l'esprit. La soif de pouvoir ? de reconnaissance ? l'ambition ?

    Ce qu'on te promet, tu peux en jouir entièrement; il ne t'en sera rien retenu. Ce n'est pas cependant si peu de chose que tu crois; mais une autre fois nous en reparlerons. Cependant je te prie et te reprie de me laisser partir cette fois-ci.

    Méphistotélès dans le Cabinet d'Étude, Faust, Goethe

  • Abus de pouvoir, le sens de l'histoire

    J'ai entamé la lecture du livre de François Bayrou, Abus de pouvoir. Une première remarque, tout d'abord : je le trouve bien mieux écrit que tous ses livres précédents, et de loin. Contrairement à Projet d'espoir qui avait été écrit dans l'urgence et en 2 mois (le style s'en était fortement ressenti) ce livre-là, François Bayrou le mûrit depuis des mois.

    Une seconde remarque, ensuite : comme d'habitude, la presse se jette sur quelques passages qu'elle défigure et qu'elle se renvoie en échos sans prendre la peine d'effectuer une lecture complète de l'ouvrage. Par exemple, le terme fameux d'enfant barbare dont il affuble Sarkozy, il s'en explique, mais qui a pris la peine d'en lire les précisions ? Barbare, chez Bayrou, ne renvoie pas à une acception morale du terme, comme on pet l'entendre quand on parle du Gang de Barbares et de son taré de chef, Youssouf Fofana, mais à l'acception qu'en font les Gréco-Romains. Nicolas Sarkozy est barbare non parce qu'il serait inhumain ou cruel, mais en ce qu'il méprise et ignore les fondations culturelles et morales de la France. En tentant de lui imposer un modèle qui lui est fondamentalement étranger, il fait oeuvre de barbarie civilisationnelle. Voilà ce qu'entend par là François Bayrou. Et rien d'autre. Ce n'est pas une insulte ni une attaque personnelle, comme l'ont voulu une large part des commentateurs.

    Mais ce qui m'a particulièrement intéressé, au point où j'en suis, du moins, c'est le savant mélange de religiosité, de science historique et de psychologie qui caractérise la pensée de Bayrou dès qu'il évoque la France. Il observe ainsi que la blessure ignorée d'une génération atteint méchamment les générations suivantes. Que le père ou la mère soient blessés d'un grand secret, et les enfants ou même les descendants, ne pourront se délivrer du mal qui les empoisonnent qu'en le dévoilant par leur propre analyse.

    J'aime beaucoup cette idée, parce que je crois profondément qu'elle est la pierre angulaire qui permet de comprendre les peuples. Comme le dit Bayrou citant dans la foulée de sa pensée le prophète Ézéchiel, les parents mangeront des raisins verts et les dents des enfants en seront agacés.

    Paradoxalement, la Bible dit par la suite exactement le contraire avec Jérémie citant Ézéchiel : les parents mangeront des raisins verts et les dents des enfants en seront agacés. Mais chacun paiera pour ses fautes. Tout homme qui mangera des raisins verts, ses dents, à lui, seront agacées. Et c'est sans doute l'erreur de ceux qui imaginent que Sarkozy n'est et ne sera jamais qu'un épiphénomène. Tout comme l'esprit d'un individu, la conscience d'un peuple se souvient, et de même que chez l'individu, le souvenir inconscient prend des formes étranges, parfois terribles, les méandres de l'inconscient collectif d'un peuple peuvent être parfois inquiétants.

    Je ne suis pas étonné que Bayrou ait été si sensible à la question de la dette pendant la campagne présidentielle. Son inquiétude principale, c'était de ne pas laisser aux générations futures un fardeau impossible à porter. On retrouve Ézéchiel. Et les apports de la psychanalyse. Que l'on ne s'y trompe pas : il y a là une véritable conception de l'histoire. Même si l'on s'abstient de dire ce que l'on fait, et c'est bien ce que Bayrou reproche à Sarkozy, les choses se perpétuent malgré tout via l'inconscient collectif.

    Plus simplement, c'est la méthode historique de Thucydide qui transparaît aussi en filigrane, derrière le propos de Bayrou : « Si l'on veut voir clair dans les événements passés et dans ceux qui, à l'avenir, en vertu du caractère humain qui est le leur, présenteront des similitudes ou des analogies, qu'alors, on les juge utiles, et cela suffira : ils constituent un trésor pour toujours (κτῆμα ἐς αἰει), plutôt qu'une production d'apparat pour un auditoire du moment » (I, XXII, 4).

    On comprend mieux l'indignation de Bayrou quand il évoque le projet de Sarkozy de créer un musée de l'Histoire de France. Pour Bayrou, l'histoire de France, c'est la France ! pas une chose que l'on peut muséifier ! pas, comme le dit Thucydide, en somme, une production d'apparat pour un auditoire du moment...

    Je pourrais développer longuement encore mon propos, mais, ce que je vise à conclure, et que la critique ne comprend pas, c'est que ce livre n'est pas un brûlot politique : il va bien au-delà.