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Sarkozy devrait se présenter à l'ENS...

Trop fort ! Tout le monde se souvient des démêlés de l'omni-président avec la Princesse de Clèves ? Sarko avait estimé qu'il fallait être sadique pour proposer comme oeuvre au programme la Princesse de Clèves, de la Marquise de Lafayette, pour des concours administratifs qu'il estimait de seconde zone (guichetier à la Poste, par exemple). Eh bien la prestigieuse école de Normale Sup propose l'étude de l'oeuvre pour la session 2010 à son concours d'entrée en lettres ! Le document précise toutefois «SOUS RESERVE DE SON APPROBATION PAR LE MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE». Les majuscules, ce n'est pas de moi, c'est sur le document. Je me demande ce que va faire Darcos ou Pécresse (s'il est encore à ce poste) lorsqu'il va falloir donner un imprimatur...

Mais comme on trouve aussi dans ce programme, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, de Jean-Jacques Rousseau, on finit par se demander s'ils l'ont fait exprès. Mais ce n'est pas tout : il y aussi les Regrets, de Joachim du Bellay : le sait-on ? ce recueil ne comporte pas que des soupirs sur la terre natale de notre bon Joachim mais un certain nombre de satires sur la cour de France. On parie qu'il leur sera réservée une place de choix dans les sélections de poèmes opérées par les enseignants de lettres ?

L'Éducation sentimentale de Flaubert se déroule en pleine révolution de 1848, sur les barricades. Et pour les Mains Sales, de Sartre...Perso, bien que je n'aime pas Sartre, c'est un de mes bouquins favoris : on y voit les ravages de l'idéalisme révolutionnaire qui n'aime ni le sang ni la merde, comme dit Hoederer, c'est à dire, en somme, qui n'aime pas les gens. Je ne suis pas certain, d'ailleurs, que je tire les mêmes conclusions que Sartre de son propre livre, mais ça, c'est une autre histoire. C'est la marque des grandes oeuvres que d'échapper à leur créateur.

Bon, on peut me trouver tordu, mais je ne suis pas le seul à me demande s'il n'y a pas un message caché...

Pour en revenir à la Princesse de Clèves, c'est un texte extraordinairement lisse. Mais, il y a tout de même quelques thèmes exploitables politiquement : la vacuité de la cour, par exemple, où tout n'est qu'intrigues, jeux de pouvoirs et amour irrépressible de la gloire et de l'ambition. D'ailleurs, Madame de Chartres met en garde la Princesse de Clèves en l'avertissant qu'à la Cour, tout n'est qu'apparences. Une cour sans pitié, au demeurant : quand le roi va crever, tout le monde s'en fout :

« Une cour aussi partagée et aussi remplie d’intérêts opposés n’était pas dans une médiocre agitation à la veille d’un si grand événement ; néanmoins, tous les mouvements étaient cachés et l’on ne paraissait occupé que de l’unique inquiétude de la santé du roi. »

Ça rappelle de choses, non pour ceux qui auraient vécu la fin de règne de Chichi...? Sinon, pour ceux que cela intéresse, je rappelle qu'un manuscrit secret de la Princesse a été découvert précisément au mois de mai 2008, comportant des passages qui ne figuraaient dans aucune édition jusqu'alors. Je l'avais signalé sur mon blog et donné copie de quelques extraits...

 

Commentaires

  • Affaire à suivre...
    La Princesse de Clèves est effectivement un excellent décryptage des usages de la Cour ou des Cours. La partie certainement la plus actuelle, car peut-etre de nos jours serait-elle restée Mlle de Chartres, ou aurait-elle pris époux loin de la Cour.
    :)

  • @ Martine

    Vous êtes bien optimiste, Martine. La raison emprunte simplement d'autres détours, aujourd'hui...

  • Vous m'avez donc parfaitement comprise. :)

  • La raison ne trouve son existence que de part la déraison!

    Etonnant rien sur Madame de Pompadour, pourtant elle a favorisé certains encyclopédistes! :D

  • A la cour du temps de la princesse de Clèves au moins y parlait-on un beau langage. Nul n'aurait eu idée de le remplacer par de l'anglais.

  • Non seulement la princesse de clèves au programme l'an prochain...
    Mais au concours cette année: "Pourquoi punir? " (en philosophie, les thèmes étant droit et politique...) et "L'autorité en france de 1848 à 1958"en histoire.
    Ni tordu ni paranoïaque, l'ens manifestement prend les armes à disposition.

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