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Modem - Page 30

  • le parti-croupion t'emm....

    Il y a des blogueurs que leur famille politique déçoit. Ce n'est pas une raison pour taper sur la formation politique voisine. Selon Marc Vasseur, le MoDem serait un parti croupion. Ah ? Ah bon. De qui le croupion, au fait ? Et les blogueurs qui en sont réduits à faire circuler les rumeurs les plus folles, ils sont les croupions de qui ?

    Il y a des commentateurs, surtout chez les "déçus" du MoDem (un quarteron de militants en retraite, comme dirait un Général bien connu) qui prêtent à rire : outre qu'ils font circuler des informations sans vérification, dès qu'un nom est cité, on hurle, qui que ce soit, systématiquement au déni de démocratie. Rien n'est dit, rien n'est fait, aucune décision n'a été prise, mais ce n'est pas grave, le siège se paie forcément ses adhérents. Le problème de certains de ses déçus, c'est qu'ils sont persuadés que leur avis est majoritaire et que tout le monde au MoDem le partage parce qu'ils ont discuté avec trois autres déçus (ce qui fait quatre au total...). Il y a des dizaines de milliers d'adhérents au MoDem : admettons qu'ils soient 200, voire 300, qu'est-ce que cela représente ? Activisme trotskiste classique. On substitue au nombre une débauche de commentaires et de billets pour mieux donner l'illusion de la masse.

    Tenez, considérons mon blog : ce n'est un secret pour personne, je me réclame du libéralisme et du centre-droit. Je suis à peu près le seul blog MoDem avec ce positionnement à l'exception du Crapaud et de Vincent. Trois blogs politiques, donc,  prônant plutôt l'indépendance du Modem, sur son aile droite, et d'obédience libérale (surtout le Crapaud et moi, à vrai dire). Trois sur plusieurs centaines de blogs MoDem. Et pourtant,  quand on observe les sondages et le comportement de l'électorat MoDem, nous sommes symptomatiques, par les avis que nous exprimons (pas tous, évidemment) de bien 50% de cet élecorat. Peut-on se fier au nombre de blogs et de commentaires, sur la Toile, dans ces conditions, pour avoir un aperçu de ce qu'est le MoDem, son élecorat ou ses adhérents ? Eh bien nullement. Il suffit d'être cent ou deux cents à faire de l'agit-prop, et, pour qui ne connaît pas la Toile, on peut alors faire passer une représentation complètement tronquée de la réalité. Ajoutez à cela quelques blogueurs externes (voir le début de mon billet) qui font du beurre là-dessus et publient n'importe quoi sans vérification, et le tour est joué...

  • Perception du MoDem et de Bayrou

    Yess : le sondage que j'espérais voir surgir un jour : la perception du MoDem par les Français (disposant d'une connexion internet...).

    Il me paraît instructif : je suis content de voir que l'on nous attend pour défendre l'économie de marché, mais, de manière à ce qu'elle soit plus juste, notamment dans le domaine social. Bien d'accord, je n'aurais pas répondu autre chose. Lutter contre la personnalisation du pouvoir, c'est exactement mon avis : revenons aux fondamentaux de Montesquieu, je l'ai toujours dit, les corps intermédiaires. Je crois aussi que nous n'avons pas intérêt à pencher à gauche : les Français invitent le MoDem à dépasser les clivages droite-gauche, mais, dans l'ensemble, ils sont deux tiers à ne pas souhaiter que nous nous allions avec la gauche ou avec les Verts. Mieux, chez nos sympathisants, ce sont même les 3/4 qui nous recommandent l'indépendance ou une alliance avec le Nouveau Centre.

    A droite, ils sont plus de 50% à souhaiter que le MoDem recrée un parti de centre-droit. Moi, évidemment, je ne suis pas contre, cela correspond très exactement à mon positionnement politique. Mais une condition préalable, c'est qu'il serait hors de question pour moi de cautionner la conduite de l'État telle qu'elle se fait par Nicolas Sarkozy parce qu'elle nous envoie droit dans le mur.

    A droite, ils n'aiment pas Bayrou : je m'en inquiète depuis un moment, alors qu'il était au départ populaire au sein du peuple de droite. Il faut notamment en finir avec l'opposition frontale à Nicolas Sarkozy et proposer nos solutions originales aux problèmes des Français.

    Toutes tendances confondues, les Français jugent le leader du MoDem orgueilleux. Bon. Il est comme ça, c'est sa marque de fabrique. Cela a des côtés fâcheux, mais c'est aussi la garantie de son indépendance, il faut le savoir. Je regrette que les sondeurs n'aient pas proposé dans les choix possibles pour définir François Bayrou "indépendant". On peut juger probable que cela eût modifié quelque peu une partie de la physionomie du sondage.

  • Le MoDem, le maire et le chat

    Je doute que cela suffise à consoler Mirabelle après la perte de l'un de ces chats, mais voil, à défaut, une étrange histoire qui lui plaira certainement : elle implique un maire MoDem (une rareté, par les temps qui courent) et un chat.

    Cela se passe à Talence, dont Alain Cazabonne est le maire : le personnel municipal (et surtout le maire) a pris en affection une petite bête à griffes cendrée. Le sympathique animal déambule dans les étages de la mairie, cherchant ici ou là une caresse, voire un peu de nourriture, et décampant quand elle constate qu'elle est personna non grata. Rosalie, chartreuse gris cendré, a ainsi élu domicile à la mairie de Talence depuis une dizaine d'années. Elle y prend ses quartiers de jour, et n'hésite pas, quand il est libre, à piquer un somme dans le fauteuil du maire. Le quotidien Sud-Ouest rapporte ainsi les propos de l'élu centriste :

    « C'est la mascotte pour le personnel et je la protège, reconnaît Alain Cazabonne. Tous les matins depuis dix ans, elle se fait ouvrir et s'installe. » [...] « Des études très sérieuses montrent que la fréquence du ronronnement a un effet déstressant. Et puis, elle est tellement aimable ! »

    Tiens donc, ce n'est pas sans m'évoquer l'un des poèmes fameux de Charles Baudelaire sur les chats :

    [...]
    Quand il miaule, on l'entend à peine,

    Tant son timbre est tendre et discret;
    Mais que sa voix s'apaise ou gronde,
    Elle est toujours riche et profonde.
    C'est là son charme et son secret.

    [...]

    Elle endort les plus cruels maux
    Et contient toutes les extases;
    Pour dire les plus longues phrases,
    Elle n'a plus besoin de mots.

    Il y a apparemment un consensus, au sein de l'équipe municipale, pour estimer que l'animal inspire le calme et la tranquilité. C'est un personnage intéressant, Alain Cazabonne. Il va un peu à contre-courant de la doxa, notamment à propos des métropoles. Il estime, par exemple, que la condition première de la solidarité, c'est d'abord la proximité ; or, le regroupement de nombreuses communes autour d'une très grande commune va à rebours de cette dernière. Il préfère donc de petites unités institutionnelles à de gros ensembles qui broient tout. Point de vue intéressant, et pas si fréquent, par les temps qui courent, y compris au MoDem. Si, un jour, il faut repenser l'organisation des territoires, administratif, social, économique et industriel, je me demande en effet, si l'avenir, ce ne sont pas de petites villes reliées entre elles par des transports en commun à grande vitesse, disposant chacune de petites unités de production industrielle (électricité, automobile sur le modèle de ce que propose Guy Nègre) ou pour le commerce, des SCOP, par exemple. Il y a là, à mon avis, une réflexion à mener sur l'organisation du territoire que le MoDem pourrait faire valoir par la suite lors des Régionales.

    En tout cas, à Talence, pour l'instant, c'est le chat qui assure le lien social à la mairie. Ce n'est pas si mal pour un début :-)

     

  • Le MoDem ne doit pas se mettre à dos les enseignants

    J'ai évoqué le discours de Marielle de Sarnez et les propositions d'Espoir à gauche, tout récemment, à la suite des rencontres de Dijon. Il y a un point sur lequel j'ai tiqué, c'est celui du temps scolaire, pour lequel MoDem et Espoir à gauche se retrouvent sur la même ligne. Voici ce que dit Marielle de Sarnez :

    Ceci doit conduire à modifier l’organisation de l’année scolaire. Elle n’est en France que de 144 jours par an (4 jours pendant 36 semaines) alors qu’elle est en Europe, en moyenne, de 185 jours. La journée des écoliers français est la plus longue du monde, mais nos écoles sont fermées la moitié de l’année. L’objectif que nous devons nous fixer est de parvenir en quelques années à rejoindre la moyenne européenne. Alors, je sais bien que nombreux seront les acteurs économiques qui interviendront pour que rien ne change, des stations de sports d’hiver aux gîtes ruraux. Mais cette réforme doit être conduite. La journée de travail scolaire doit être allégée pour l’enfant, et pour les professeurs afin qu’ils puissent enseigner, à un meilleur rythme.

    Et voici ce que propose Espoir à Gauche :

    Elèves stressés, ayant perdu le goût d'apprendre et de découvrir, temps scolaire mal réparti avec des journées trop longues et trop peu de jours et de semaines d’enseignement sur l’année... Voilà des problèmes que nous connaissons tous et que nous ne pouvons plus ignorer, sauf à renoncer à notre idéal commun d'une école qui "élève" ses "élèves". Il est temps de prendre à bras-le-corps ces défis en défendant une refonte de l'organisation du temps scolaire. Nous proposons donc :

    • des semaines mieux aménagées avec une réduction de 20% des horaires d'enseignements hebdomadaires pour les élèves...
    • ...ainsi que des journées de cours réduites et réorganisées pour ouvrir l'école à d'autres activités...
    • ... permises par 3 semaines d'allongement de l'année scolaire.

     

    Et moi, je mets très sévèrement en garde le MoDem : François Bayrou a réalisé une percée au sein de l'électorat enseignant, parce qu'il a été le seul candidat à ne pas lui faire porter le chapeau des difficultés de l'école. Ce qui est patent et commun, dans les propositions de Marielle de Sarnez et d'Espoir à gauche, c'est que les deux veulent augmenter le temps de travail des enseignants, tout comme Royal en 2007 avec ses 35 heures, manifestement sans aucune contrepartie.  Si le nombre d'heures de cours diminuent pendant la semaine, qui s'occupera alors des enfants laissés à eux-mêmes ? Soit des animateurs, et cela coûtera très cher, soit les enseignants eux-mêmes, instrumentalisés une fois de plus. De plus, cette organisation du temps scolaire ne correspond pas à notre organisation économique. Quant à l'argument de Marielle qui consiste à dire que la moyenne des pays européens est organisée ainsi, donc qu'il faut que nous fassions pareil, il n'est pas recevable. Ce n'est pas une garantie de qualité.

    J'ai entendu les premières réactions de quelques amis enseignants, et je puis d'ores et déjà dire qu'elles sont très mauvaises. Ils sont furieux. A vrai dire, pour ma part, j'estime que tout travail mérite salaire. S'il y a trois semaines de cours en plus, elles doivent être payées. Les 20% d'heures en moins, c'est un peu se moquer du monde : cela fera un argument supplémentaire pour ceux qui disent que les enseignants ne travaillent pas beaucoup d'heures, et ce sera un prétexte pour réaugmenter tôt ou tard la semaine de travail des enseignants.

    J'ai le souvenir d'avoir entendu Bayrou dire qu'il fallait cesser de réformer sans cesse l'Éducation nationale. Je crois que le MoDem serait bien inspiré de tenir compte de ce sage avertissement.

    Le MoDem, sur ce point, a raté une occasion de se démarquer de la doxa socialiste (reprise désormais avec astuce par la droite). La population enseignante, est, depuis des années, quelque peu "écorchée vive". Par les temps qui courent, c'est une erreur que de lui jeter de l'huile sur le feu.

  • Non Bayrou ne jette pas le trouble !

    Je commence à en avoir plein le dos des déclarations à l'emporte-pièce contre Bayrou de la part de militants (ou non) déçus de ne pas avoir vu leur point de vue l'emporter.

    Sur la constitution des listes en île de France, je crois avoir entendu à peu près toutes les conneries possibles et imaginables de la part de ceux qui se réclament de l'esprit de la démocratie : on a dit que nous allions nous allier avec Huchon au premier tour, puis que Marielle de Sarnez allait se présenter, puis ensuite Bernard Lehideux (démenti à chaque fois des intéressés) ; certains se sont même imaginés que ce pouvait être le Sénateur Nicolas About qui soit la tête de liste (il a au demeurant parfaitement le droit de faire acte de candidature, je rappelle qu'il est adhérent du MoDem et s'en réclame officiellement). On hurle, çà et là au déni de démocratie, tout en accusant régulièrement la vieille UDF d'être sur le pont, et puis surtout, quand des résultats de votes internes ne cadrent pas avec les espoirs et les projections de toutes sortes, on invente les prétextes les plus farfelus pour expliquer les déroutes.

    Au passage, Corinne Lepage a le droit de créer son cercle de réflexion, mais je juge minable, et je pèse mes mots, d'avoir expliqué à la presse que les rencontres de Dijon, c'était de l'esbrouffe. Tout ça, sans doute, parce qu'elles coïncidaient, au niveau de la date, avec le lancement de son club. L'Éducation est un sujet sérieux, et franchement, il me branche autrement plus que les bla-bla délirants et/ou extravagants sur la démocratie interne et tutti quanti. Corinne Lepage dit des choses très intéressantes quand elle parle d'écologie et d'industrie, mais elle a un sérieux problème avec la solidarité politique. Et ce n'est pas la première fois depuis la création du MoDem...

    Antoine Dupin a parfois de bonnes idées (la preuve ici), mais il aurait mieux fait de s'abstenir avec sa lettre ouverte. Au lieu de déclarer que Bayrou fait l'impasse sur le travail des commissions, il ferait bien de le lire, de lire le document de synthèse que nous avons tous reçu pour le Congrès d'Arras et de le répéter une deuxième fois, histoire de voir s'il maintient ses déclarations.

    Je ne crois pas que le Président du MoDem méprise ses commissions, sinon, il faudra m'expliquer ce que le coordinateur de la commission Éducation, Sylvain Canet, faisait à Dijon avec Marielle de Sarnez, et pourquoi on retrouve dans la déclaration finale de Marielle, une large part des thèmes brassés par la dite commission.

    Ensuite, concernant Christophe Grébert, Bayrou a dit qu'il appréciait ses initiatives .C'est tout. Jamais il n'a dit que ce serait le candidat du MoDem en île de France. Les adhérents trancheront entre les différentes candidatures. Christophe Grébert a d'ailleurs apporté un sérieux démenti sur le sujet chez le blogueur Vogue Haleine.

    Ça, évidemment, nos thuriféraires de la démocratie se sont bien gardés de le dire et de le relayer. C'est tellement plus facile d'entendre ce que l'on veut entendre...

     

  • Paradis fiscaux, le bouc-émissaire pratique

    Je vais encore pousser un coup de gueule à rebours de la doxa ambiante, mais il y a des facilités qui m'exaspèrent vraiment trop ; la classe politique mondiale a trouvé le moyen idéal de détourner des regards les véritables causes de la crise financière : les paradis fiscaux sont des bouc-émissaires idéaux. On les accuse de tous les maux. Dans le même temps, on se préoccupe des bonus des uns et des autres, alors que les véritables questions de fond, ce sont les normes comptables et la régulation des fonds propres des banques. Mais évidemment, comme c'est abscons et que cela ne parle pas à l'électeur, nul n'en dit mot à part quelques esprits lucides.

    Or, dans ce domaine, le G20 n'a strictement rien apporté : aucune avancée, et d'ailleurs, les USA n'en veulent pas. Pointer les petits pays que sont le Luxembourg ou les îles Caymans, c'est très pratique ; cela évite d'avoir à faire le ménage chez soi.

    La volonté de faire payer une taxe aux banques est idiote et montre bien l'inanité et la bêtise (l'ignorance ?) crasse de la classe politique. Le terme même de "taxe" est démagogique et renvoie à la vulgate socialiste. Il eût été bien plus censé de réclamer aux banques françaises de payer des assurances en fonction du niveau de risque pris : la prime de l'assurance augmenterait alors selon le niveau du risque. Évidemment, cela suppose un organisme de contrôle indépendant (pourquoi pas la Banque Centrale Européenne ?) et que les États acceptent de lui déléguer certaines prérogatives (ça, c'est pas demain la veille).

    A vrai dire, pendant qu'on jase sur les vilains banquiers, on en oublie les effets kisscool du Grand Emprunt, en France. Mais il se trouve (attention, je vais prononcer un très très gros mot) que quelques libéraux veillent au grain, et au bon : il n'a pas échappé à l'ami hashtable ce qui pend au nez de nos finances. On le sait, Sarkozy a voulu donner un caractère "populaire" à son grand emprunt : ce caractère à un coût, les taux d'intérêt vont en être nettement plus élevés, contribuant à dégrader significativement notre endettement et notre capacité à faire face à la charge de la dette. Or, cela commence à inquiéter sérieusement les agences qui nous attribuent notre note de confiance. Jusqu'ici, la France était l'un des quatre seuls pays à disposer d'une note AAA, assurant ainsi de bénéficier de liquidités sur les marchés aux taux les plus intéressants. Or, compte-tenu de la dérive vertigineuse de nos finances publiques, il est fortement question, chez quelques unes des agences de notation, de dégrader notre note de solvabilité. Dans un tel cas de figure, nos emprunts deviendraient bien plus coûteux, car les taux demandés seraient bien plus élevés. Pour emprunter la même somme, il faudrait alors payer plus sur le budget de l'État, donc, par suite, réduire les autres postes budgétaires.

    Voilà où nous en sommes, et c'est très grave. En fait, on n'aborde aucune question de fond, préférant l'écume de l'actualité nous bercer de rêves rédempteurs.

    Je me serais attendu à ce que le MoDem, François Bayrou, habitués pourtant à dévoiler la vérité derrière les apparences, tirent la sonette d'alarme. Au lieu de cela, je n'ai entendu que les platitudes et les billevisées qui sont le plat de résistance de toute la classe politique. J'avoue que cela m'agace assez fortement, parce que j'attends le courage de dire la vérité aux Français de la part du MoDem et de ses responsables politiques. Sur la dette, je leur donne quitus, mais sur les banques, ils ne gagnent à mon avis strictement rien à vouloir glapir et bêler plus fort que la gauche.

  • Le PS pourrait passer une râclée à tous les autres partis

    C'est marrant : régulièrement, çà et là, on s'imagine que le PS est foutu, qu'il lasse les Français, qu'il est divisé, et cetera...La réalité électorale est en fait tout autre. Les sondages discrets indiquent que la notoriété des présidents de région socialistes va jouer en leur faveur. Ils ont de bonnes chances d'être réélus. La droite pourrait même pleurer très fort, au soir du second tour des régionales, s'il s'avérait que les Socialistes, non contents de récupérer leurs 22 régions, fassent un gain supplémentaire.

    Les Verts s'imaginent gagnants d'une grande recomposition politique, mais les choses ne sont pas jouées. Moi, je pense qu'elles vont se décanter petit à petit et qu'ils pourraient être déçus. Il pourrait y avoir des pleurs à gauche, mais pas là où on le pense, d'autant que le sectarisme des Verts pourrait au fil du temps commencer à faire son effet sur l'électorat. Côté MoDem, je ne m'attends pas à ce que nous fassions un très grand score, mais je pense qu'il faut tenter notre chance jusqu'au bout en posant notamment les questions qui dérangent : et dans ces questions, il y a la fiscalité. Que vont faire les futurs présidents de région, alors que l'on sait que la disparition de la taxe professionnelle va creuser les recettes des exécutifs régionaux ?

    Il faut, je le crois, jeter cette question sur le tapis et en débattre au plus vite : j'imagine que l'UMP va devoir faire face à ses contradictions, sauf à ce que certains députés se rebellent. Mais les Socialistes aussi ont augmenté leurs budgets, et pas seulement à cause des transferts de charges. Un débat sur que ce que les régions doivent ou non financer ne serait pas inutile ; gardons-nous, au MoDem, de faire assaut de démagogie, en promettant tout et n'importe quoi. Il faut dire aux citoyens la vérité et leur proposer des choix cartes sur table.

  • Éducation : le discours de Marielle de Sarnez à Dijon

    581821186.6.jpgMarielle de Sarnez, députée européenne et première vice-présidente du Mouvement Démocrate, est intervenu samedi 14 novembre aux rencontres politiques qui avaient lieu à Dijon.

    (Seul le prononcé fait foi)

    "Chers amis,

    Au mois d'août, nous avons eu une première rencontre à Marseille, qui a fait quelque bruit, parce qu'elle bousculait. Elle bousculait des habitudes, des routines, des a priori, des conservatismes. Nous en étions conscients lorsque nous avons accepté de parler ensemble, de dire : si nous voulons que ça change, si nous trouvons que notre pays ne va pas dans le bon sens, alors quelque chose nous rassemble. Et si nous sommes républicains et démocrates, épris de justice, alors ce qui nous rassemble doit être plus fort que ce qui nous sépare. Et ce rassemblement ne s'arrêtera pas.

    Nous avons une vérité à l’esprit, de plus en plus évidente : aucun d’entre nous ne gagnera tout seul. Nous avons pu croire le contraire par le passé. Certains d’entre nous ont même pu réaliser ce rêve. Certains n’en ont pas été loin. Mais désormais, cela est derrière nous. L’étude publiée par Libération cette semaine le dit de la manière la plus criante : le clivage droite/gauche, même si, évidemment, je ne confonds pas les deux, n’est plus pertinent pour les deux tiers des Français ! Et à l’intérieur même de ceux qui croient toujours à ce clivage, les préférences partisanes sont elles-mêmes complètement éclatées.

    En tout cas, pour moi, ceci est une certitude : personne ne gagnera tout seul.

    J’ai une deuxième certitude : pour gagner, il faudra mobiliser toutes les forces disponibles. Tous les républicains, tous les démocrates, quelle que soit leur préférence de parti, leur histoire, doivent peu à peu être rendus compatibles les uns avec les autres.

    Ce ne sera pas difficile : en fait, ce ne sont pas les idées qui séparent, ce sont les préjugés. Ce ne sera pas difficile, à une condition : c’est qu’on apprenne à se respecter et à se parler. Autrement, les forces d’alternance apparaîtront comme éclatées, explosées, incapables de tracer un chemin convaincant pour le pays.

    Et c’est pourquoi nous sommes là.

    J’ajoute une dernière condition. Il faut accepter la différence. Il faut accepter que tout le monde ne pense pas la même chose. Il faut accepter de parler, de réfléchir, y compris avec des gens qui pensent tout à fait différemment. Pourvu qu’ils acceptent le but commun. La différence n’est pas à craindre, si elle conduit au dialogue, à l’échange des idées ! Ce qui est à craindre, ce qui est à redouter, c’est le sectarisme, le préjugé qui fait proclamer : « je ne vais tout de même pas discuter avec celui-là, ou avec celle-là ! »

    Notre conviction à nous, c’est qu’il y a beaucoup à apprendre dans le dialogue des différences et même des divergences. Car nous avons la charge de reconstruire ensemble un pays qui ne va pas bien et de ce pays nous sommes tous citoyens, coresponsables de l’alternance.

    C’est particulièrement vrai en matière d’école.

    Pouvons-nous accepter que la situation de l’École continue sans changement ? Pour moi la réponse est certainement non.

    Je laisse à d’autres le procès en responsabilité. Les ministres de l’éducation des deux dernières décennies s’appellent Lionel Jospin, Jack Lang, François Bayrou, Claude Allègre, Luc Ferry, François Fillon, Gilles de Robien, Xavier Darcos, aujourd’hui Luc Chatel. J’étais moi-même la directrice de cabinet de François Bayrou rue de Grenelle. Si c’était facile de changer les choses dans le bon sens à l’Éducation nationale, ça se saurait.

    Mais nous ne pouvons accepter d’en rester là. Nous ne pouvons accepter d’en rester à la situation d’aujourd’hui ! C’est, à juste titre, le premier budget de la nation. Mais les résultats sont purement et simplement impossibles à accepter pour des Républicains, pour le peuple français.

    Il est impossible d’accepter que nous ayons chaque année 40 % des enfants, c’est à dire près de 300.000 élèves, qui ne maîtrisent pas la lecture à l’issue de l’école primaire !  25 % qui déchiffrent, mais ne comprennent pas la substance d’un texte et 15 % qui n’arrivent même pas à déchiffrer. Et si vous projetez ces 40 % cinq ou six ans après, vous les retrouvez tous ou presque dans la galère : 15 % en échec total qui sortent du système éducatif, à la fin de la 3 ème, sans diplôme ; 25 % à la peine, sans qualification réelle… Comme si le destin scolaire était fixé dès le plus jeune âge.

    Ce n’est pas cela l’école de la République !

    Et regardons à quel point la situation des enseignants s’est dégradée. En quelques années, on est passé de 15 % seulement  des enseignants qui souhaitaient changer de métier,  à 65 % aujourd’hui. Et un concours - le CAPES de Lettres, pour ne prendre qu’un exemple -  qui attirait, il y a 10 ans, 12.000 candidats, en compte moins du tiers aujourd’hui.

    Ce n’est pas cela non plus, l’école de la République !

    J’ai pris ces deux exemples, mais nous pourrions tous les multiplier.

    Or je crois, même si je suis condamnée pour optimisme outrancier, que cette situation n’est en rien irréversible, à condition de faire des choix nécessaires et simples.

    Choix nécessaires et simples. Il faut arrêter de triturer constamment l’organisation scolaire, d’empiler réformes sur réformes, dont tout le monde sait qu’elles ne seront pas mises en place et, le seraient-elles, qu’elles ne changeraient rien.

    Il faut partir des fondations. La question la plus importante est la réussite de l’école maternelle et primaire. Je ne sépare pas l’école maternelle de l’école primaire. Je ne suis pas de ceux qui voient dans l’école maternelle une garderie, et dans les maîtres des puériculteurs ou puéricultrices dont l’essentiel du travail est de changer les couches. C’est vrai que l’école maternelle est une originalité française et je la trouve juste. La vocation de l’école maternelle, qui est une école, et maternelle au sens de la compréhension, de la protection de l’enfant, c’est de répondre aux inégalités culturelles et sociales. C’est d’amener les enfants, par une maîtrise précoce de la langue, à vivre ensemble, tout en éveillant leurs capacités.

    Je suis désolée de le dire : il ne peut pas y avoir de débat sur l’objectif de l’école primaire. Il ne doit pas y en avoir. L’objectif de l’école primaire, en-dehors des très rares enfants en situation de grande difficulté, ce doit être de donner les bagages nécessaires à tous, 100 %, pour la vie et la suite des études. L’objectif, c’est 100 % de lecture, plus que jamais. Car contrairement à ce que l’on pouvait penser il y a quelques années, on en aura toujours besoin : pensez au monde internet. 100 % d’écriture. 100 % de connaissance des nombres. Et je veux ajouter 100 % de sport et 100 % d’une activité artistique, en mettant l’accent en particulier sur la musique, trop absente de la France.

    Ceci doit conduire à modifier l’organisation de l’année scolaire. Elle n’est en France que de 144 jours par an (4 jours pendant 36 semaines) alors qu’elle est en Europe, en moyenne, de 185 jours. La journée des écoliers français est la plus longue du monde, mais nos écoles sont fermées la moitié de l’année. L’objectif que nous devons nous fixer est de parvenir en quelques années à rejoindre la moyenne européenne. Alors, je sais bien que nombreux seront les acteurs économiques qui interviendront pour que rien ne change, des stations de sports d’hiver aux gîtes ruraux. Mais cette réforme doit être conduite. La journée de travail scolaire doit être allégée pour l’enfant, et pour les professeurs afin qu’ils puissent enseigner, à un meilleur rythme.

    Voyez-vous, j’observe les débats éducatifs depuis quinze ans. Et je vois qu’il y a de larges débats, passionnés, brûlants entre, pour simplifier, ceux qui disent "l’enseignement valide repose sur des contenus solides et maîtrisés", et ceux qui disent "l’enseignement valide c’est celui qui épanouit la personnalité".

    Je ne suis pas du sérail. Et voir ce débat qui n’en finit jamais m’a toujours laissée rêveuse. Mais j’ai une opinion sur ce sujet : l’enseignement valide c’est celui qui unit les deux ! " Connaissance solide et compréhension" chaleureuse.

    Il faut des connaissances solides pour construire un jugement, une compétence, une conscience (et pour moi c’est le dernier mot qui est le plus important : je devrais même dire une conscience civique). Et il faut que s’épanouisse, cela manque trop en France, la créativité de chaque fille, de chaque femme, de chaque garçon, de chaque homme. La créativité artistique, la créativité de recherche, la créativité économique, la créativité du savoir, tout cela en réalité est lié. C’est dans la création, l’inventivité, que l’être humain trouve son plein épanouissement, et le pays qui les rassemble aussi.

    Dans ce que la République doit à ses jeunes enfants pour qu’ils accèdent à l’autonomie, je veux insister devant vous sur la langue. La langue, c’est le pouvoir et c’est la vie. L’expression des émotions, la présentation de soi-même, l’empathie, l’autorité, la reconnaissance, le rire, l’analyse, tout cela, c’est la langue. La langue, c’est le nécessaire et presque le suffisant. Elle doit donc être au sens propre la priorité, puisqu’elle concentre en une seule démarche connaissance et création.

    Et il me semble que ceux qui exercent le pouvoir ne l’ont pas vraiment compris puisqu’ils nous expliquent que pour redorer la filière littéraire, on va en faire une filière internationale ! C’est-à-dire une filière qui vaudra non pas par la maîtrise de notre langue mais par la maîtrise des langues étrangères… Or le droit, la psychologie, la réflexion, la philosophie, tout cela est langue et devrait servir de facteur commun à toutes les formations.

    Nous voulons une École où plus un seul enfant ne soit en situation de fragilité ou d’échec en face de la langue. Nous voulons une École où plus un seul élève ne sorte du CE1 sans savoir lire. Pour parvenir à cet objectif, il faudra concentrer les efforts sur le cycle des apprentissages fondamentaux (Grande section de maternelle, CP et CE1). Mettre le paquet sur le repérage et la remédiation dès le pré-élémentaire. Pratiquer le dédoublement de la classe et la gestion par petits groupes en cours préparatoire. Expérimenter des formes nouvelles d’organisation : par exemple, un enseignant pourrait garder la même classe pendant deux ou trois ans. Fixer clairement des obligations de résultats à atteindre à la fin du CE1. Généraliser les évaluations comparatives. Les mettre au service des enseignants. Publier et répandre les bonnes pratiques.

    Bref, il faudra une mobilisation de tous contre l’échec scolaire pour éviter à l’avenir que ne rentrent chaque année au collège des milliers de jeunes qu’on envoie dans le mur, dont on sait par avance que la scolarité sera plombée, et qui se retrouveront quelques années plus tard durablement au chômage. S’il y a un défi que nous devons relever ensemble, c’est bien celui-là. Et c’est pour moi de loin le plus essentiel. Si nous parvenons à inverser cette tendance, alors nous aurons fait œuvre utile pour le pays.

    Cette mobilisation, il nous faudra la poursuivre au collège : un collège où l’on refuse la sélection précoce, que nous avons connu en France jusqu’aux années 70, et cependant où l’on reconnaisse la diversité des élèves face à l’enseignement scolaire.

    Je pense toujours que la proposition que nous avions faite au milieu des années 90 d’un "collège hors les murs", qui proposerait tout autre type de formation que le cours qu’on subit pour ceux des élèves qui subissent, est toujours d’actualité. Je rappelle la règle que nous avions proposée : que cet "enseignement actif", par la passion et les vraies aptitudes de l’élève, par le geste, par l’art, par la mécanique, par le sport, par le théâtre, puisse à des carrefours clairement balisés permettre à ces élèves de retrouver la scolarisation classique.

    On me dira : mais pourquoi ne pas proposer ce type de scolarisation à tous. Pour deux raisons : parce que je sais que, dans un pays en grave difficulté financière, et où l’enseignement secondaire est déjà un des plus chers du monde, nous n’aurons pas les moyens, et parce que je ne trouve pas stupide de donner plus à ceux qui ont le plus besoin.

    Le collège doit donc être différencié au profit de ceux qui s’y trouvent actuellement en situation de blocage et donc des enseignants qui eux aussi sont à cours de réponses.

    De même l’enseignement professionnel doit être revalorisé pour que l’orientation vers cette filière ne soit plus vécue comme une forme de déclassement pour l’élève et sa famille. Ce qui est pour le moins paradoxal quand on sait que des qualifications de plus en plus élevées sont exigées aujourd’hui pour exercer nombre de métiers. Désormais, il faut maîtriser  l’informatique, la technologie, avoir en même temps de solides acquis en matière de culture générale. Ces nouvelles exigences sont autant d’opportunités nouvelles pour la voie professionnelle, dont il faut tout faire pour qu’elle devienne la filière du plein emploi, notamment en adaptant mieux l’offre de formation aux débouchés professionnels.

    J’en viens au lycée qui a seulement moi deux fonctions : construire une architecture de connaissances et de capacités, dans ses voies générales, techniques, professionnelles qui soit déjà consistante et reconnue. Donc armer pour la vie. Et préparer aux enseignements supérieurs, universités, recherche, écoles, mais aussi BTS ou IUT dont il faut augmenter le nombre de places pour que davantage de jeunes en bénéficient, en particulier ceux de l’enseignement  professionnel et technologique. Il est en effet inacceptable que les places en IUT soient trustées par les bacheliers de la série S,  contraignant les bacheliers professionnels ou technologiques à faire un choix par défaut en s’inscrivant en universités où ils se retrouvent le plus souvent en situation d’échec.

    Le lycée, ce n’est pas seulement un lieu de passage. C’est un niveau de formation qui doit trouver sa reconnaissance en tant que tel. Je crois même que ce niveau devrait être plus exigeant.

    La double finalité du baccalauréat mérite d’être ainsi repensée, même si je m’avancerai avec beaucoup de prudence sur ce terrain, symboliquement dangereux. Mais permettez moi de dire simplement que 86 % de reçus à l’examen, cela ne me paraît pas très cohérent avec plus de 50 % d’échec par la suite… Et une épreuve aussi lourde sanctionnée par 15 % de candidats ajournés, cela me paraît assez peu raisonnable.

    Ce débat nous le reprendrons quand nous aborderons la question de l’enseignement supérieur et de la recherche. Question pour moi essentielle, tant je crois que la recherche doit être centrale dans tout parcours universitaire, et que tout le monde gagnerait à ce que soient pris en compte les parcours de recherche dans le recrutement des cadres de la nation ou de l’entreprise.

    En parcourant le système éducatif de la maternelle à la terminale, je ne vois que des défis accessibles.

    On me dira que je n’ai qu’effleuré la question des moyens.

    Je la traite devant vous. L’état des finances publiques est tel que quiconque vous promettra pléthore de moyens supplémentaires vous racontera des histoires. Et cependant je crois que le meilleur investissement pour la nation, c’est la sécurité morale et matérielle d’une école, d’un collège, d’un lycée général, technique ou professionnel. Je crois à l’amélioration, quand on le pourra de la situation des enseignants, à la création de parcours qui leur permettent de bouger, professionnellement, s’ils le souhaitent. Je crois qu’il faut leur faire confiance, les aider en leur fixant des objectifs clairs,en  mutualisant les bonnes pratiques, en donnant plus de liberté au terrain, en favorisant la créativité. Je crois à la place de musiciens, de plasticiens, de sportifs qui se joindront à eux. Je crois que ce fonctionnement, c’est le meilleur investissement. Il faut le protéger et résister à Bercy qui veut, toujours, couper dans l’éducation pour équilibrer ses comptes, comme on le voit depuis des années. Notre école a besoin de sérénité, de stabilité, et de la garantie qu’elle aura les moyens de sa mission. C’est  l’engagement que nous prenons aujourd’hui devant vous.

    Pardonnez-moi d’avoir livré devant vous une vision personnelle. C’est celle d’une femme que la vie a conduite rue de Grenelle, où elle a été très heureuse, en même temps qu’elle était parente d’élèves, et qui est fascinée par l’attente justifiée que la société investit dans son école.

    J’ai conscience que cette vision n’est pas unanimement partagée. C’est très bien. Je plaide pour la diversité. Je plaide pour le pluralisme de la pensée. C’est ainsi qu’on progresse, par le débat et le respect mutuels. Je disais en commençant que ce qui nous rassemble existe, aussi différents que nous soyons. J’ai une autre certitude : ce que nous avons à faire est plus grand que nous, que nos intérêts, d’idéologie ou de parti ou de carrière. C’est peut-être la dernière chance de retrouver la vocation et la reconnaissance de l’école de la République, qui est pour moi, formatrice de liberté, vrai moyen de l’égalité, vrai lieu de fraternité.

    Autrement dit, l’École c’est le visage de l’identité républicaine, qui est pour moi, et je crois pour nous, le vrai nom, non déformable, non instrumentalisable de l’identité nationale."

    Marielle de Sarnez

  • Sarkozy and Cie déterminés à flinguer le lycée !

    Je viens de lire une analyse édifiante d'Agnès Joste, une des têtes de file de l'association Sauver les lettres. Derrière les propos lénifiants des Sarkozy, Descoings, Châtel et compagnie, il n'y a qu'un et unique objectif : économiser le plus d'argent possible sur le dos du lycée. La réforme de Sarkozy va se traduire par un apauvrissement culturel et une raréfaction  de la diversité disciplinaire sans précédent. Toutes les options vont disparaître tandis que les horaires des matières principales seront réduits.

    Le privilégié s'étonnait, il y a peu, du silence assourdissant de le classe politique sur l'école. Le pauvre : il est professeur de lycée, il va en prendre plein la gueule. Voilà pourquoi je l'avais critiqué d'être allé discuter avec Descoings. Cela ne sert à rien de discuter avec quelqu'un dont les idées sont arrêtées, et qui n'a absolument aucune bienveillance à votre égard. Descoings est de la même veine que Sarkozy, et plus généralement, ceux que Natacha Polony, journaliste du Figaro, appelle les libéraux modernistes. Je ne sais pas s'ils sont vraiment libéraux ; en revanche, c'est une engeance pire encore que les pédagogols, bien qu'ils en soit l'aboutissement gestionnaire. A force d'évoquer la pédagogie par objectifs, le modèle managerial des compétences, les projets et compagnie, on a fini par attirer l'attention des plus crétins d'entre eux. Pour moi, je trouve que leurs discours lénifiants entâchés de pédagogolâtrie bêlante sont à rapprocher franchement du blairisme britannique. C'est peut-être du libéralisme, mais pas le mien, en tout cas.

    A vrai dire, lors de ces deux dernières années, j'ai eu le sentiment que seul le MoDem et Bayrou se préoccupaient encore de ce qu'il se passe dans les écoles, les collèges et les lycées. Il y avait bien une saillie à gauche de temps à autre, mais dont l'objectif était exclusivement politique afin de mettre la droite en difficulté. Quant à cette même droite, elle a confié les rênes de l'éducation à la technostructure, et, in fine, rien ne change si ce n'est qu'il faut faire avaler à l'opinion et surtout aux enseignants la cure d'austérité qu'elle compte administrer à l'Éducation Nationale.

    Vincent Peillon organisait une convention sur l'école, aujourd'hui : la presse qui est toujours prête à s'intéresser aux conneries plutôt qu'aux choses intéressantes a préféré titrer sur la venue de Ségolène Royal à Dijon plutôt que sur ce qui s'est dit pendant cette convention. Sur le site de France 3, on trouve bien trois vidéos, mais celle qui pourrait être intéressante, les réactions des représentants des autres partis est complètement faisandée et inaudible (problème de traitement de la bande son, apparemment).

    Coup de pot, au MoDem, au moins, on bosse et le boulot a été fait : toute l'intervention de Marielle de Sarnez est disponible en ligne ce soir-même !

    Du coup, pas moyen de savoir si Brighelli était là ou non, et surtout, ce qu'il s'est dit pendant cette convention. Nada sur le blog de Vincent Peillon. Il y a quelqu'un qui a lu son livre d'entretiens avec Darcos. Je suis d'accord pour juger que tout n'est pas à jeter dans ce qu'a fait Darcos, mais que la logique qui a commandé les réformes en a anéanti la substance.

    Pour revenir à Marielle, il y a des choses que j'ai aimées, par exemple, celle-ci, qui porte clairement la marque du MoDem :

    Dans ce que la République doit à ses jeunes enfants pour qu’ils accèdent à l’autonomie, je veux insister devant vous sur la langue. La langue, c’est le pouvoir et c’est la vie. L’expression des émotions, la présentation de soi-même, l’empathie, l’autorité, la reconnaissance, le rire, l’analyse, tout cela, c’est la langue. La langue, c’est le nécessaire et presque le suffisant. Elle doit donc être au sens propre la priorité, puisqu’elle concentre en une seule démarche connaissance et création.

    Et il me semble que ceux qui exercent le pouvoir ne l’ont pas vraiment compris puisqu’ils nous expliquent que pour redorer la filière littéraire, on va en faire une filière internationale ! C’est-à-dire une filière qui vaudra non pas par la maîtrise de notre langue mais par la maîtrise des langues étrangères… Or le droit, la psychologie, la réflexion, la philosophie, tout cela est langue et devrait servir de facteur commun à toutes les formations.

    Ça, cela m'a beaucoup plu : cela correspond tout à fait à ce que je me dis. Les projets de Sarkozy vont très exactement à rebours. J'ai vu aussi que Marielle semblait en accord avec Peillon sur une réorganisation de l'année scolaire : des journées moins chargées, mais deux semaines de cours en plus. Personnellement, je ne suis pas contre, mais je demande à voir ce que donne une expérimentation avant d'en généraliser le principe. Marielle veut rejoindre la moyenne européenne : très bien, mais, à ce qu'il me semble, en Allemagne où l'on applique cette organisation dans le primaire et le secondaire, le niveau moyen est franchement faible... Cela peut néanmoins être intéressant de travailler avec des chronobiologistes (sérieux, pas militants) afin de savoir ce qu'ils en pensent.

    Sur les moyens, Marielle a exprimé sa position, qui est celle, traditionnelle, du MoDem : l'Éducation est le meilleur investissement.

    On me dira que je n’ai qu’effleuré la question des moyens.

    Je la traite devant vous. L’état des finances publiques est tel que quiconque vous promettra pléthore de moyens supplémentaires vous racontera des histoires. Et cependant je crois que le meilleur investissement pour la nation, c’est la sécurité morale et matérielle d’une école, d’un collège, d’un lycée général, technique ou professionnel. Je crois à l’amélioration, quand on le pourra de la situation des enseignants, à la création de parcours qui leur permettent de bouger, professionnellement, s’ils le souhaitent. Je crois qu’il faut leur faire confiance, les aider en leur fixant des objectifs clairs,en  mutualisant les bonnes pratiques, en donnant plus de liberté au terrain, en favorisant la créativité. Je crois à la place de musiciens, de plasticiens, de sportifs qui se joindront à eux. Je crois que ce fonctionnement, c’est le meilleur investissement. Il faut le protéger et résister à Bercy qui veut, toujours, couper dans l’éducation pour équilibrer ses comptes, comme on le voit depuis des années. Notre école a besoin de sérénité, de stabilité, et de la garantie qu’elle aura les moyens de sa mission. C’est  l’engagement que nous prenons aujourd’hui devant vous.

    J'ai trouvé forte sa conclusion, qui répond en écho aux Chatel & cie qui voudraient instrumentaliser l'école au profit de leur identité nationale :

    l’École c’est le visage de l’identité républicaine, qui est pour moi, et je crois pour nous, le vrai nom, non déformable, non instrumentalisable de l’identité nationale.

    Bien répliqué, Marielle.

     

  • Le MoDem soutient un second Versailles à Saint-Cloud

    800px-Maquette_chateausaint-cloud.jpgIndéniablement, le château le plus célèbre de France est celui de Versailles, et des millions de touristes viennent chaque année lui rendre visite.

    Il a existé un château d'ampleur comparable en France : le château de Saint-Cloud. Mais voilà, il a été détruit ! Or, une association a engagé un pari fou : reconstruire le château de Saint-Cloud. Et elle a des arguments : l'emplacement est demeuré vierge, les documents abondent pour reconstituer les murs et les salles, et le mobilier, bien que dispersé, a été conservé. L'association s'est bien sûr posée la question du financement de la reconstruction, et, s'inspirant d'autres projets, comme le château de Guédelon, propose que le chantier, durant la phase de la reconstruction, soit lui-même l'objet de visites touristiques et pédagogiques. Ainsi, dès la pose de la première pierre, le projet commencerait à s'auto-financer en partie. Et pour la pérennité économique du châteeau, l'association a d'autres idées :

    Quant aux solutions financières complémentaires que nous proposons, elles sont au nombre de cinq, et résultent directement du fait que, dans le château de Saint-Cloud, à côté de pièces somptueusement décorées, s’en trouvaient également de nombreuses qui ne l’étaient quasiment pas et, étant de ce fait impropres à un usage culturel et touristique, elles pourraient avoir des affectations autres, à savoir purement fonctionnelles et même commerciales. Premièrement, le cadre s’y prêtant idéalement, on pourrait parfaitement envisager des salles de séminaires avec un restaurant gastronomique et un hôtel de luxe, comme le "Trianon Palace" de Versailles. Rappelons que de nombreux hôtels se trouvent aujourd’hui dans des châteaux, comme en atteste, en France, la chaîne "Relais et Châteaux" ou, en Espagne, les paradores. Deuxièmement, des galeries marchandes pourraient trouver place dans les sous-sols, comme au Carrousel du Louvre. Troisièmement, l’installation de bureaux publics (pour une administration), ou privés (pour une entreprise) serait également concevable. Quatrièmement, une école professionnelle (par exemple hôtelière ou des métiers d’art) pourrait très bien y avoir sa place. Cinquièmement, pourraient y être créés des logements, d’une part, de fonction pour des fonctionnaires (municipaux, départementaux, hospitaliers, ou ceux travaillant dans le parc) et, d’autre part, de luxe, permettant ainsi une mixité sociale sereine. Parallèlement, Saint-Cloud ayant été intimement mêlé à plusieurs siècles d’Histoire de la France (et même de l’Europe), il serait envisageable de créer, probablement avec des comédiens rémunérés, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du château, un mini "Puy du Fou".

    En somme, l'association envisage une exploitation mixte, semi-publique, semi-privée de toute la zone. Ce n'est pas idiot. En outre, compte-tenu de la proximité de Saint-Cloud avec Paris, de sa position dans un noeud de réseaux ferrés, routiers et autoroutiers, à proximité également de la Seine, on peut concevoir sans peine que la reconstruction bénéficiera de centaines de milliers de visites au bas mot chaque année. Et d'ailleurs, votre serviteur sera le premier à y aller avec sa petite famille...

    Antoine Dupin, Président du MoDem dans les Hauts de Seine et Conseiller régional du groupe "Démocrates et Centristes" a été immédiatement enthousiasmé par le projet : le MoDem a donc été le premier parti à soutenir cette initiative.

    Cela tombe plutôt bien, puisque le projet a finalement été retenu par les autres partis politiques. Antoine Dupin propose d'intégrer cette initiative dans la perspective plus vaste de constituer une vallée de la culture en Val de Seine.

    Voilà, in fine, une initiative originale, astucieuse et auto-financée qu'il convient de relayer et soutenir.