Puisqu'au MoDem on ne dépasse pas le niveau de la déclaration d'intention, je me suis remémoré ce vieil adage de Benjamin Franklin «aide-toi toi-même, le ciel t'aidera», et je me suis lancé.
Voici donc quelques propositions simples et CONCRÈTES, elles, au moins pour mon propre parti.
Quand on parle d'éducation en France, on évoque toujours les moyens, comme s'ils étaient l'alpha et l'oméga de toute politique éducative. Bien sûr, les conditions d'enseignement sont l'une des clefs de la réussite scolaire, mais certainement pas la seule.
Les choix pédagogiques et didactiques, l'atmosphère dans les écoles, collèges et lycées, l'offre éducative, la part laissée aux initiatives individuelles et aux expérimentations (pas forcément innovantes) constituent à mon avis autant de facettes de la réussite.
Dans les mesures les plus simples, il me semble qu'il faudrait avant toutes choses rétablir dans l'éducation la confiance dans la capacité des individus à prendre en mains leur destin.
Liberté pédagogique pour les enseignants, avec quelques grandes lignes générales pour fixer les programmes, et un engagement à se fixer des objectifs cohérents (savoir lire un texte, maîtriser la numération et les opérations simples, pouvoir écrire un texte sous la dictée, rédiger un texte simple, disposer de tels ou tels éléments de culture et cetera...).
Individualisation des parcours : un collège plus proche du lycée que de l'école primaire. Temps d'enseignement à peu près équivalent pour tout le monde, hors options (classes européennes, classes bilangues, latin et grec, langues régionales), mais avec des répartitions à la carte. Un élève en difficulté dans les matières fondamentales pourrait par exemple sur 27 heures de cours, en concentrer près de 20 en français et mathématiques. Les classes pourraient alors être constituées selon ces besoins et permettre des remises à niveau efficaces. De tels choix supposent de faire voler en éclats l'actuel collège unique et toute son organisation.
Autonomie des établissements scolaires. Autonomie, pas étranglement. S'il agit d'asphyxier financièrement chaque établissement scolaire en expliquant à son personnal qu'il a la choix d'organiser sa pénurie, évidemment, c'est se moquer foncièrement du monde.
Garantir l'atmosphère de travail : Bayrou avait estimé en 2007 qu'il y avait une quarantaine d'individus par établissements scolaires qui en pourrissaient l'atmosphère. Il faut rétablir une vraie discipline, c'est à dire autoriser autant de conseils de discipline que nécessaires et ouvrir des établissements spécialisés pour corriger la trajectoire des élèves qui posent de vrais problèmes. De tels établissements doivent mettre en place de vrais dispositifs de fermeté, avec personnels à l'appui, et avoir les moyens médicaux de pouvoir suivre de jeunes personnes dans un état psychique parfois inquiétant (cela va de suicidaire au pervers...). Les doter d'un psychiatre et d'un psychologue au moins, grassement payés, serait évidemment un préalable.
Accueillir la différence, à commencer par les enfants handicapés, en leur assurant bienveillance, assistance et protection. Une blogueuse centriste a écrit à ce sujet un projet aussi incisif que complet qu'elle a intitulé le projet Wolfgang. Le principe de base en est assez simple : il consiste à inclure dans une classe ordinaire des profils atypiques en dotant la classe d'un second enseignant spécialisé, présent en même temps que l'enseignant principal. Les écoles concernées se verraient en outre dotées d'un personnel médico-éducatif spécifique (orthophoniste, psychomotricien, psychologue). Isabelle qui n'oublie rien a aussi fait les comptes : une telle école coûte bien moins cher que les lourdes prises en charge en hôpital de jour comme cela se produit à maintes reprises actuellement en France.
Le lycée de Bayrou marchait plutôt assez bien, en dépit de quelques travers. Sarkozy, Châtel, Descoings le foutent en l'air.
Rétablir les filières actuelles dans leurs droits, prévoir la possibilité d'ouvrir toutes les options et spécialités à chaque tronc, développer les lycées professionnels en les associant aux entreprises autant que faire se peut. Créer de véritables liens entre lycées professionnels et licences professionnelles en université en organisant des échanges, et, pourquoi pas, en offrant la possibilité de valider des certificats professionnels valables pour l'université dès le lycée, particulièrement quand ils sanctionnent un savoir-faire acquis en alternance. Bref, associer étroitement lycées professionnels, universités et entreprises.
Repenser l'orientation et le lien entre filières générales au lycée et licences techniques et professionnelles en université ; l'Université souffre d'un trop plein d'étudiants généralistes. On pourrait allonger d'un an BTS et IUT pour les conformer au standard LMD et leur donner équivalence d'une licence pro ad hoc. Il faut prévoir de diriger bien plus de bacheliers issus des bacs généraux vers ces formations techniques, tout en prenant garde de ne pas marcher sur les pieds des lycées professionnels. On pourrait rétablir un distinguo subtil qui a existé longtemps dans l'enseignement français en différenciant des licences techniques et des licences professionnelles.
Pour ce premier billet, j'ai fait dans la catégorie "mange pas de pain", mais j'ai quelques autres idées à faire valoir.