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Europe - Page 3

  • Les abrutis béats de la mondialisation heureuse

    C'est toujours drôle d'écouter les faux béats vanter les mérites de la mondialisation avec des trémolos dans la voix. Leur slogan favori c'est d'assurer que la mondialisation est une chance.

    Entendons-nous : je ne fais pas partie des complotistes paranoïdes de toutes sortes qui font de la mondialisation le cheval de Troie pêle-mêle d'Israël, des USA, du libéralisme (néo ou non, d'ailleurs) et cetera. Mais je n'en pense pas pour autant que la mondialisation est un grand bonheur. C'est une compétition féroce et elle fera des dégâts sociaux au sein des peuples tant que les nations ne seront pas parvenues à des niveaux de vie à peu près comparables.

    Le chemin est long et il faudrait le baliser en préservant, me semble-t-il, quelques secteurs qui auraient vocation à être protégés : l'agriculture et la culture me semblent les plus importants pour les pays les plus faibles.

    Au lieu de cela, des nuisibles à la Lamy bien à l'abri dans leur bunker de privilèges poussent à la dérégulation pour placer en concurrence l'Éthiopien crève-la-faim et le Français heureux bénéficiaire d'une protection sociale longtemps performante.

    On peut s'accorder sur ce qui peut entrer en concurrence ou non, et je pense que l'OMC est exactement là pour cela. Mais le rôle que veulent lui faire jouer les Lamy et consorts n'est pas du tout celui d'un organisme d'échanges, de négociations et de coopération mais d'une officine au service d'intérêts particuliers.

    Face à des Lamy, il me semble que l'Europe, en dépit de ses travers, représente encore une autre conception des rapports entre pays. Tout du moins, c'est celle que l'ADLE et tout particulièrement le MoDem en France essaient de promouvoir.

    Marielle de Sarnez, parmi les centristes, a particulièrement bien vu tout l'enjeu que représente l'OMC puisque c'est le gendarme qui finit par dicter ses conditions aux États, au bout du compte, non sans que ces derniers aient toutefois avalisé toutes les décisions qui s'y prennent. Ne nous méprenons pas : comme le fait très régulièrement et très justement valoir Marielle, il n'est de choix qui soit effectué au sein de l'Union Européenne ou de l'OMC qui n'ait été préalablement validé par les pouvoirs nationaux.

    Voilà pourquoi il ne faut pas croire leurs mensonges quand ils se défaussent sur ces institutions des mesures qu'ils ont acceptées voire décidées.

    Mieux vaut, comme le font généralement les centristes, mais aussi quelques voix honnêtes de droite ou de gauche, porter sur la place publique les enjeux qui se nouent et se dénouent là-bas. 

    Pour cela, il convient aussi de ne pas verser dans les théories hallucinées des nationalistes (genre FN) ou néo-marxistes (façon Mélenchon) qui affirment très malhonnêtement qu'en mettant fin à nos accords internationaux, du jour au lendemain, la France deviendra un paradis.

    Bayrou le disait avec justesse dans son État d'urgence : la France est un pays exportateur. Si nous résilions unilatéralement nombre des conventions commerciales qui nous lient avec nos partenaires, il ne fait pas de doute qu'ils en feront autant et nous en paierons un prix que FN et Mélenchonistes se gardent bien d'évoquer.

    Je trouve que les centristes et notamment le MoDem ont cette vertu très unique en France et souvent en Europe : de dire la vérité sans verser dans la béatitude et d'établir clairement les règles du jeu. Ce n'est qu'une fois que l'on a fait ce chemin que l'on peut commencer à discuter.

    C'est ce que Bayrou a fait dans ses programmes, ses livres, c'est aussi ce à quoi s'essaient des eurodéputés comme Robert Rochefort ou Marielle de Sarnez (je pense à sa lettre mensuelle).

    Comme Marielle de Sarnez, je pense que l'Europe peut devenir un puissant point d'appui dans nos négociations au sein de l'OMC avec nos partenaires commerciaux ; à l'inverse, Lamy et ses amis, comptant sur le silence honteux mais consentant de ses amis de gauche, complice de ceux de droite, proposent de faire de l'Europe le cheval de Troie d'une compétition aussi féroce que mortifère.

    Deux représentations de l'Europe que tout oppose. J'ai choisi mon camp en préférant la première.

  • Et maintenant, l'Europe !

    Municipales terminées. Les Parisiens ont choisi de payer encore plus d'impôts, de vivre dans une ville toujours plus congestionnée, d'emprunter des transports en commun toujours aussi sales, peu efficaces, lents et en proie à l'insécurité sur plusieurs portions, c'est leur choix. Je pense qu'ils n'ont pas encore assez bavé. L'alliance des minorités et des bobos finira bien par éclater tôt ou tard parce qu'au fond, leurs valeurs et leurs aspirations sont antagonistes. Mais bon, passons à autre chose, désormais : l'Europe.

    Là, on va avoir du boulot : l'information est passé inaperçue mais sur France 2, en début de soirée, il y a eu une estimation et une première petite passe d'armes.  Nous sommes, MoDem et UDI réunis, à 8% d'intentions de vote dans un sondage Ipsos.

    Marielle de Sarnez était sur le plateau ce soir et elle a réagi au sondage et aux propos des journalistes et personnalités politiques présents : il n'y a pas une mesure à l'échelle européenne qui ne soit validée par l'autorité nationale. Ainsi, tous les politiques qui accusent l'Europe mentent comme des arracheurs de dents.

    Ce qui n'est pas satisfaisant, en revanche, c'est ce que les chefs d'État européens laissent négocier par la Commission Européenne avec d'autres institutions, telles que l'OMC, par exemple.

    De même, les accords et règles qui régissent les relations des pays européens entre eux sont à reconsidérer à plus d'un égard.

    Nous, Européens, devons en faire une liste claire et prendre des engagements transparents quant à ce que nous attendons de l'Europe.

    Ce serait une erreur de s'engager dans la campagne européenne en sautant comme des cabris au son du tocsin Europe ! Europe ! Une erreur monumentale qui nous vaudrait de prendre une claque du même acabit.

    Nous devons dire avec la plus grande clarté quelle Europe nous attendons et quelles réformes nous engagerons ou nous essaierons de promouvoir. Nous devons dire aussi ce que nous refuserons catégoriquement, au risque de briser l'accord qui lie tous les pays européens entre eux.

    Nous allons avoir les adversaires suivants :

    L'UMP et le PS qui mentent et font voter d'une main ce qu'ils dénigrent de l'autre. Leurs discours sont creux et ils portent des propositions dont ils savent qu'elles ne peuvent aboutir.

    Le Front de Gauche et les Verts qui sont encore pires car bien qu'ils soient  incapables de dire comment ils financeraient leurs projets, ils sont convaincus de leur pertinence et nous engageraient dans une voie sans retour. Un petit bémol, cependant, du côté des Verts, avec lesquels nous pouvons avoir des convergences sur la démocratie et sur l'écologie.

    Le Front National, plus redoutable encore que les autres car il va puiser sa matière dans leurs mensonges. Il faudra démonter point par point tout leur projet de démantèlement de l'Europe sans pour autant verser dans un européisme béat en mode Coué. Un exercice périlleux qui exigera d'avoir pensé et pesé tout ce que nous dirons et proposerons en ayant bien à l'esprit que l'Europe a vocation à être l'Europe de tous. L'Europe de tous, cela suppose des réponses pour tous.

     

  • L'Europe pourrait imposer des normes anti-pollution au reste du monde

    On se rend compte avec les derniers pics de pollution que le trafic automobile intra-muros à Paris n'est qu'un petit aspect du problème. Il est bien plus global. 70% de la pollution atmosphérique nous parvient de l'extérieur et même de l'étranger.

    Il suffit de considérer les émissions chinoises au Japon ou encore celles qui nous viennent d'une partie de l'Europe orientale pour avoir une vision claire du phénomène.

     En ce sens, ce qui serait cohérent de la part de l'Europe, ce serait d'exiger que tous les produits vendus en Europe soient conformes à une norme environnementale non seulement dans leur conception, mais aussi dans leur production.

    Tout produit dont des composants contribueraient à la pollution globale mondiale, et particulièrement à celle qui sévit en Europe se verrait interdit de vente sur notre territoire. Facile de produire à bas coût quand on fait payer à autrui les conséquences sanitaires et environnementales de sa production.

    Bayrou, dès 2008, et il l'a encore rappelé en 2012, faisait observer que trop de règles et de normes européennes s'appliquaient aux entreprises européennes ; il exigeait alors que la règle européenne soit la loi commune pour la totalité des produits vendus en Europe, conçus ou non en Europe.

    Je crois qu'il faut faire de cet aspect un élément essentiel de la campagne centriste en juin prochain. Les Européens se demandent ce que l'Europe leur apporte. Il est grand temps de voter des mesures qui protègent nos emplois et notre environnement.

    Bien sûr, l'application de ces mesures ne se fera pas simplement et tout devra aussi être négocié au niveau de l'OMC. Marielle de Sarnez fait souvent remarquer que c'est l'un des premiers lieux où doivent s'exercer diplomatie et pressions. Et elle a raison. Elle exigeait d'ailleurs en septembre 2012 une refonte des règles de l'OMC et une réciprocité totale dans les accords commerciaux. Nous sommes assez loin du compte et ce, pour une raison qu'il faudra aussi évoquer : plusieurs pays européens se comportent en cheval de Troie d'autres nations extérieures à l'Europe. La France n'en fait justement pas partie.

    Comme le disait très justement le 04 février dernier au Parlement Européen Marielle de Sarnez,

    Au fond, je ne vois pas pourquoi, au nom de quelle idéologie, au nom de quel dogme, l'Europe devrait être ouverte à tous les dumpings. L'Europe, elle doit évidemment agir en faveur de ses entreprises, en faveur de sa production. Nous ne pouvons pas nous permettre, dans le monde d'aujourd'hui, d'être naïfs et de moins bien défendre nos intérêts que d'autres le font. Je pense en particulier aux États-Unis. Nous devons avoir une vraie stratégie commerciale, qui nous mette à l'abri des pratiques déloyales.

    Pour la campagne européenne, il est donc vital que notre programme ne soit pas national mais européen.

    C'est pour cela que j'accorde une telle importance à une plate-forme programmatique PDE-ADLE lors des prochaines échéances électorales.

  • L'Ukraine pourrait vite déchanter

    J'ai suivi les événements d'Ukraine avec beaucoup d'intérêt mais aussi de prudence. Il y a une chose qui me gêne depuis le début de la crise politique qui s'y déroule, c'est que je n'identifie pas clairement quels courants animent l'opposition. S'il me semble clair qu'elle comprend des libéraux, et plus généralement des pro-européens, il y aussi une frange, dont il a été parfois question entre deux lignes dans les médias, qui se rattache à la sphère nationaliste. Ceux-là, je ne comprends pas exactement ce qu'ils veulent et je ne vois pas quel intérêt ils ont dans cette histoire.

    Je ne sais pas quoi penser de Ioulia Timochenko. J'ai cru comprendre que c'était une oligarque de longue date et qu'elle était tout de même compromise dans des histoires d'argent avec des sommes très importantes à la clef et même des détournements de fond. 

    Ioukanovitch est une brute sans scrupules. L'Ukraine a-t-elle pour autant gagné au change avec une femme qui ressemble fort à une intrigante ? Elle apparaît également dans une curieuse affaire de concurrence entre sa société gazière et celle d'un concurrent, finalement assassiné dans des circonstances plus que douteuses.

    Il y a trois composantes dans l'opposition actuelle : Svoboda, qui a réuni 10.5% des suffrages aux dernières élections, une formation nationaliste qui s'est même appelée parti national-socialiste d'Ukraine il n'y a encore pas si longtemps. Svoboda signifie liberté en russe ou en ukrainien. Le nom ne doit pas cacher les origines très douteuses de cette formation (parfois considérée comme l'héritière de la collaboration ukrainienne avec les nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale). Timochenko dirige Notre Patrie, une force soutenue par d'anciens oligarques, et enfin, Oudar, le troisième bloc, représente les libéraux, avec à leur tête le boxeur Vitali Klitchko. Les seuls qui m'inspirent confiance dans ce panier de crabes.

    Marielle de Sarnez et Nathalie Griesbeck ont rencontré le jeune Mykola Katerynchuk, leader du Parti Européen d'Ukraine. Ce mouvement se réclame du social-libéralisme et de ses principes généraux. Toutefois, dans l'immédiat, c'est à l'ombre de Notre Patrie qu'il prospère. Que pèse-t-il tout seul ? Il serait bien difficile de le déterminer. Il est devenu en mai 2013  un membre à part entière de l'Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l'Europe (ADLE). 

    Une partie non négligeable de l'Ukraine, à l'Est, du côté de la Crimée au sud et de Dniepr au nord, se sent assurément plus proche de Moscou que de Bruxelles. L'opposition qui vient de parvenir au pouvoir a commencé par faire une bêtise monumentale en supprimant le russe comme seconde langue officielle du pays. Décision tout à fait de nature à inquiéter ses minorités russophones.

    Enfin, je doute tout à fait que le Parti des Régions de Ioukanovitch se soit soudainement volatilisé alors que c'était le plus puissant jusque là. Il en restera forcément un reliquat électoral pas négligeable.

    Quant à l'Europe, on nous dit que l'Ukraine (au moins de l'Ouest) tourne les yeux vers elle. Mais l'Ukraine qui dépend entièrement de Moscou pour son gaz sait-elle que l'Europe n'a pas le premier sou des milliards de dollars dont elle a actuellement besoin pour équilibrer ses comptes et que l'une des premières mesures que lui suggéreront les commissaires de Bruxelles, au cas où elle ferait connaître son appétence pour une adhésion, sera de restructurer son industrie et son agriculture avec des centaines de milliers de pertes d'emploi à la clef...

    L'Europe marche sur des oeufs en Ukraine et elle ferait bien d'être précautionneuse. L'opinion publique ukrainienne pourrait se retourner très vite. Marielle de Sarnez qui s'est rendue à plusieurs reprises sur la place Maïdan, au coeur de la révolte, conclut l'un de ses communiqués avec beaucoup de prudence, évoquant plusieurs cercles lorsqu'elle s'interroge sur la place de l'Ukraine en Europe.

  • D'où vient le succès des Salafistes...

    Je pense depuis longtemps que le djihadisme prospère sur le terreau de nos carences et je crois l'avoir même déjà écrit. J'ai eu plaisir à lire un entretien avec Samir Amghar, spécialiste du salafisme, car ce qu'il dit confirme très exactement ce que je pense.

    Il analyse avec une pertinence impressionnante le principal ressort du succès salafiste non seulement en Afrique ou en Asie mais aussi en Europe :

    Ce succès salafi correspond aussi à une demande de normes très strictes. L’individualité, clé de voûte de notre société moderne, est dure à supporter. Devenir salafi, c’est faire porter le poids de la vie par l’islam : les journées sont alors rythmées par les prières quotidiennes, les faits et gestes normés par un « code salafi ». C’est en quelque sorte une réponse à une crise de l’individualisme de la personne. Celle-ci devient salafie en s’affiliant à des groupes religieux intensifs forts, capables d’offrir des codes de sens et une sécurité apaisante. Ce sont des structures refuges, qui pensent dispenser la vérité, loin de toute forme d’incertitude qui peut paraître angoissante. Cette appartenance est aussi vécue comme un défi manifeste à l’opinion majoritaire. Les salafis pensent incarner un groupe dangereux ou redoutable pour les classes moyennes et supérieures, celles-là même qui, selon eux, maintiennent les musulmans dans un statut de dominés. Rejeté par les nantis, le salafisme fascine ceux qui ont un différend avec l’ordre social. En adhérant à l’islam de ces mouvements, les jeunes pensent s’opposer à la société des « puissants ».

    Ce qu'apporte le salafisme à la jeunesse en déshérence, nous autres Européens sommes incapables de l'apporter aussi, que ce soit sur nos territoires ou que ce soit via notre diplomatie. 

    Quand l'Europe utilise son soft power, c'est toujours via de lourds programmes chargés de bonnes intentions. Dans les faits, même quand on fait de l'humanitaire, on n'est pas efficace sans alliés. Il faut des relais. Les djihadistes le savent et comprennent bien que l'action humanitaire occidentale est sa rivale directe dans le domaine de la solidarité avec les plus précaires.

    Nous n'arrivons pas à nous constituer en réseaux de solidarité avec objectif politique pour contrer les salafistes qui eux, savent très bien associer l'un et l'autre.

    Il faudrait créer un renseignement européen pour identifier les acteurs locaux sur lesquels s'appuyer. Même s'ils ne sont généralement pas très puissants ou influents et que souvent, ils ont bonne presse seulement dans les milieux aisés, les partis libéraux et sociaux-démocrates devraient être nos partenaires privilégiés partout où le salafisme est puissant. Non seulement l'Europe a un intérêt direct à les aider financièrement, mais elle devrait les aider à mettre en place, eux aussi, de puissants réseaux de solidarité. Après tout, si les Communistes ont su le faire, pourquoi les libéraux et les démocrates n'y parviendraient-ils pas ?

    Être solidaires, redonner une dignité à ceux qui n'en ont plus, nourrir, aider à s'enrichir, voilà quelles devraient être nos priorités.

    Déboulonner le salafisme, cela suppose une diplomatie très fine : il faut trouver des alliés acquis aux idéaux démocratiques, experts en leur pays, pas des théoriciens de salons parisiens, londoniens ou genevois. 

    Il y a une particularité de l'Islam : le monde arabe ne représente pas même 10% des Musulmans et pourtant, il rayonne si fortement qu'il influence à lui seul un milliard de fidèles. C'est dire son impact considérable. On pourrait me répliquer que l'Iran chiite représente un pouvoir politique régional majeur. C'est vrai. Mais son impact sociétal sur l'Islam, a fortiori en Europe, est minimal au regard de la force ce frappe salafiste. Les immigrés musulmans d'Europe ignorent généralement tout des chiites et il existe fort peu de mosquées chiites sur notre continent. Dans tous les cas de figure, il n'existe plus de figures charismatiques capables de rayonner, comme le fut l'Ayatollah Khomeiny.

    Au fond, ce qui devient comique, avec l'Europe, c'est que pendant que nous négocions avec les dirigeants des pays arabes et versons des sommes considérables parfois, les Salafistes, appuyés par certains de ces pays, usent chez nous de leur propre soft power !!! Et il est autrement plus efficace que le nôtre si l'on en compare les effets dans chacune des deux sphères.

    Il y a à mon avis toute une branche du renseignement et de la diplomatie à créer ou à recréer. Ce sont des liens directs avec les peuples arabes qu'il nous faut créer, et ce n'est pas simple. En Europe, la France et l'Angleterre ont certainement un rôle à jouer car ce sont ces deux nations qui connaissent le mieux les nations arabes et qui ont le plus d'interconnexions avec leurs peuples. Il faut toutefois une révolution dans les mentalités de nos dirigeants et nos services diplomatiques pour pouvoir en tirer quelque chose d'intéressant.

  • Chypre à la croisée de l'Europe et de la Russie

    Les choix que Chypre s'apprête à opérer illustre pleinement les limites de cette Europe qui finit toujours par échouer à la marge des peuples qui la composent.

    La Russie a fait à Chypre une demande qui aurait été impensable du temps de l'URSS : des facilités pour sa marine de guerre dans un des ports de l'île hellène. En somme, l'ouverture d'une base militaire contre monnaie sonnante et trébuchante.

    Il y a un an la Russie avait convenu avec Chypre de pouvoir utiliser un aérodrome pour ses avions de chasse.

    Comprenons les Chypriotes :

    - primo, il y a traditionnellement une forte présence russe dans l'île

    - secundo, on peut dire que c'est l'argent russe (y compris l'argent sale) qui a plus ou moins sauvé la peau de l'île favorite de la déesse Aphrodite.

    - tertio, l'aide européenne, et le rôle de la Troïka, fût-elle réelle, est perçue avant tout comme une succession de diktats.

    De toutes façons, c'est simple : les Russes sont pétés de fric et les Européens, de dettes. Les premiers peuvent donc  jouer à la corne d'abondance avec les pays à terre pendant que les autres sont contraints de passer pour des grippe-sou égoïstes et rapiats.

    On est juste mal barrés, une fois de plus (nous les Européens) : une base russe au nez et à la barbe de l'OTAN, c'est trop fort. Je ne parle même d'une Europe de la Défense qui est un voeu pieux et le restera pendant longtemps.

    L'Europe, c'est surtout une zone de libre-échange,  au fond. Pas assez d'unité pour espérer être autre chose. Une zone de libre-échange mandatée par ses chefs d'État pour passer des accords (pas franchement avantageux pour ses peuples) avec d'autres grandes zones de libre-échange. Voilà. Rien d'autre.

    Ce n'est pas que je sois contre le libre-échange en soi, mais c'est que j'aimerais qu'on soit autre chose que ça en Europe. 

    Il faut malheureusement se rendre à l'évidence, et cela me saute de plus en plus aux yeux : on parle souvent d'un modèle européen, mais, désolé, il n'existe pas. Entre pays européens, la vérité, c'est que nous ne voulons pas les mêmes choses, et, à force de compromis bancals, on en arrive à jouer contre notre camp. 

    En tout cas, ce que je vois, c'est que l'attractivité de l'Europe est clairement en chute libre : ceux qui toquent à la porte veulent bien de la zone de libre-échange, mais le modèle européen, ils s'en tapent. 

    Et sans vouloir dériver du sujet initial, la France était seule au Mali, elle l'est toujours en Centrafrique. Les autres Européens ? Ils viendront quand on pourra faire du commerce et ouvrir une nouvelle zone de "libre-échange", je suppose...

    A ce jeu-là, les pays émergents, avec leur main d'oeuvre à bas coût et leurs ressources naturelles risquent très vite d'être bien plus performants que nous (nous, l'Europe, si cela a encore un sens que je m'exprime ainsi)...

  • L'UDI rejoint le MoDem au PDE

    La nouvelle dont je viens de prendre connaissance ne pouvait me faire plus plaisir : l'UDI rejoint le Parti Démocrate Européen (où se trouve déjà la MoDem).

    C'est une très bonne nouvelle pour la France. Si je devais simplifier, je dirais que le PDE représente approximativement l'aile gauche de l'ADLE (Association des Démocrates et Libéraux en Europe).

    Le PDE a tenu son conseil dimanche puis a organisé un forum lundi : j'en ai suivi avec enthousiasme les conclusions.

    La refondation européenne doit être conduite de manière à répondre en même temps à deux questions démocratiques : quels sont les sujets effectifs d’action de l’Union et quelle est la place effective des citoyens dans l’Union. La subsidiarité doit être repensée car "l’Union européenne doit se centrer sur l’essentiel et non sur l’accessoire", comme l’a rappelé Marielle de Sarnez. Pour la secrétaire générale, l’essentiel, ce sont des priorités comme la protection du modèle social européen, la relance de l’économie par la production et la redéfinition de ce que doit être la concurrence, la transition vers une économie verte ou la réduction des inégalités régionales, tout en favorisant la convergence sociale, fiscale et environnementale.

    Je ne vois pas les choses autrement !

  • Marielle de Sarnez met en garde contre la viande avariée canadienne

    On va me dire que j'exagère à parler de viande avariée à propos du porc et du boeuf canadiens, mais je prends très au sérieux l'avertissement de Marielle dans sa dernière lettre.

    Je vais être lapidaire : l'Europe échange du vin et des fromages contre du porc et du boeuf. Donnant-donnant, on peut exporter là-bas, le Canada peut en faire autant chez nous. Le libre-échange, j'y suis favorable, mais avec les mêmes normes sanitaires !

    La Commission a donc négocié un accord avec les Canadiens, mais au nom de l'UE toute entière. On en revient toujours au même problème de fond : Marielle dit souvent, à juste titre, que l'on ne peut construire l'Europe sans ou contre ses peuples. Et là, on a une sorte de gouvernement out of control qui prend des décisions très importantes sans nous en aviser ni nous consulter.

    Heureusement, ce n'est pas encore cuit et Marielle rappelle que non seulement le Parlement européen devra ratifier cet accord, mais également l'Assemblée Nationale.

    Et là, on a intérêt à être très vigilants : quand j'achète de la viande chez le boucher, je peux avoir des certitudes sur son origine, mais dès qu'il s'agit de conserves, il n'y a plus aucune sécurité. Je n'ai pas vraiment envie de bouffer à mon insu du veau aux hormones gavé aux OGM.

    Alors, évidemment, il est content, Peters ! Peters, c'est un conseiller de Barroso. Il trouve merveilleux notre accord de libre-échange avec le Canada. Il oublie juste de nous préciser quelques petits détails...Heureusement, il y en a pour veiller au grain (merci Marielle).

    Cela dit, sur le fond, je ne suis pas contre des accords avec le Canada : nous avons une protection sociale, des salaires et des valeurs à peu près similaires. Mais je demande à ce que l'on regarde de près ce qu'ils contiennent et que l'on rejette, au cas par cas, ce qui n'est pas acceptable pour notre santé.

    Nicole Bricq s'est engagée à obtenir des garanties sur la viande, très bien, on jugera sur pièces. Je vais juste observer ce qu'a finement remarqué Marielle de Sarnez : Si l’UE a obtenu comme garantie que la viande bovine et porcine canadienne soit exempte d’OGM, sur des volumes aussi importants cela sera presque impossible à contrôler. Eh oui. C'est bien mon avis aussi...

  • Pau, c'est très casse-gueule pour Bayrou

    Il se dit que François Bayrou hésite à prendre la tête d'une liste centriste à Pau. A sa place, je n'y irais pas. Tout du moins, pas avec une liste UMP sur sa droite et une liste PS sur sa gauche. Il faut bien comprendre que Copé mandate Éric Saubatte en commando-suicide là-bas. Il n'est pas là pour gagner, il est là pour faire perdre Bayrou, cet objectif étant plus prioritaire aux yeux de l'UMP que la mairie de Pau. Au passage, cela montre bien que l'UMP n'en a rien à foutre de Pau et préfère que cette ville tombe dans l'escarcelle socialiste plutôt que de la voir entre les mains de Bayrou.

    Bref, c'est hyper-casse-gueule parce que je pense que Bayrou ne peut pas gagner avec un tel front contre lui. 

    Ce qu'il a intérêt à faire, c'est de continuer ce qu'il a entrepris : faire le maximum pour fédérer une liste d'opposition à Pau et soutenir un candidat centriste solidement implanté. Même si cette liste ne remporte pas Pau, on n'en tiendra pas rigueur à Bayrou qui aura sincèrement cherché l'intérêt de la ville. Si jamais elle gagne (pas totalement à exclure, après tout) on en saura gré au leader du MoDem en raison de toutes ses médiations réussies. Il aura ainsi préparer l'avenir et on peut imaginer des suites intéressantes aux régionales qui suivront.

    Moi, je pense que Bayrou a intérêt à se présenter aux européennes :

    -primo, parce qu'il a un discours très clair et atypique sur l'Europe, unique en France.

    - secundo parce qu'il a de fortes chances d'être élu

    - tertio parce qu'il amènera dans le Parlement européen une voix forte et originale d'autant plus qu'il a une aura médiatique qui lui permet d'amener sur le devant de la table des sujets auxquels les médias ne s'intéressent pas spontanément.

    Comme je sais qu'il lit régulièrement mon blogue, j'espère que mon avis saura l'éclairer dans sa décision finale.

  • Made in France, l'idée de Bayrou a fait son chemin jusqu'à la Commission

    Dans le marasme ambiant, les occasions de se réjouir sont rares. En voilà une néanmoins : François Bayrou et Robert Rochefort plaident depuis un moment déjà pour introduire le marquage d'origine des produits sur le territoire français à commencer par le made in france. J'avais eu vent que quelques autres parlements s'étaient saisis sinon de l'idée au moins du débat : en Grèce, en Italie notamment. Le Parlement avait émis un premier voeu dont la Commission ne s'était pas vraiment saisie mais, sentant peut-être le vent tourner, la voilà qui se réveille d'un coup et propose de rendre obligatoire le marquage d'origine sur la totalité du territoire de l'UE. De quoi réjouir Robert Rochefort qui oeuvre en ce sens depuis le début de son mandat.

    Pour ne rien cacher, c'était une proposition qui était en cours d'élaboration dans le programme du MoDem pour les européennes de 2014, mais, évidemment, si on nous la sert sur un plateau, on ne va pas s'en plaindre et passer à plus ambitieux.

    Bon début. Mais cela ne reste qu'une proposition. Amusant la changement de ton de la Commission. En janvier dernier, cette mesure plébiscitée par le Parlement européen, ne pouvait obtenir l'aval ni des États ni de l'OMC.

    La Commission a apparemment renoncé à se coucher devant l'OMC. Quant aux États, encore une occasion de montrer leur formidable degré de duplicité. Le Conseil Européen, c'est l'espèce de consortium inter-gouvernemental qui prend les décisions pour des centaines de millions d'Européens, presque toujours à leur insu et qui, bien sûr, s'essuie tranquillement les pieds sur les votes du Parlement (sauf quand ça l'arrange).

    Je subodore que les gouvernements dans chacun des pays européens marchent au moins autant sur les pieds de leurs propres parlements nationaux puisque si l'on considère la France, par exemple, on voit qu'en février 2012, son Assemblée Nationale avait voté une résolution sur le marquage du Made in France en demandant aux institutions européennes de prendre une décision à ce sujet.

    Je note aussi que le commissaire européen estimait que le marquage d'origine heurtait les règles du marché intérieur. Ah. Cela ne les heurte plus ?

    J'ai toujours dit que nos traités européens ne sont pas mauvais en soi : c'est une question d'interprétation. La fameuse concurrence libre et on faussée, par exemple, elle peut s'entendre en plein de sens. Mais maintenant qu'on s'aperçoit que la traçabilité est un élément constitutif d'une concurrence honnête, eh bien on change son fusil d'épaule...

    Je serais curieux de savoir si c'est le même commissaire qu'en janvier dernier qui fait cette proposition.

    Montebourg, nouveau converti au made in france (il n'en parlait pas avant Bayrou) a l'air content. Il assure vouloir convaincre ses homologues européens. Moi j'aimerais bien qu'il porte son amour du Made in France jusqu'à la transparence totale, qu'on sache QUI exactement est pour et QUI est contre. Et à quels niveaux, bien sûr. Melclalex saura bien nous tenir au courant des avancées de son poulain sur ce sujet.

    On en a tout de même une première idée en farfouillant un peu sur la Toile : les Tories britanniques, potes de nos eurosceptiques sont vent debout contre cette mention. Ils ne sont pas les seuls : les Allemands toutes tendances confondues ont la trouille qu'une règle claire fasse voler en éclats leur made in Germany. Eh oui : ils sous-traitent comme des brutes, nos camarades d'outre-Rhin...

    De ce que je comprends, en somme, pour :  toute la classe politique française ou presque, les Italiens et les Espagnols, contre : les Suédois, les Anglais et les Allemands (même les Verts Allemands qui cherchent à temporiser !) . Ils font ch...

    Il y en a une qu'il faut suivre pour avoir le fin mot de l'histoire, c'est Christel Schaldemose, une euro-députée danoise : c'est elle qui est à l'origine de la proposition et aussi elle qui va avoir mandat de la commission marché intérieur pour discuter avec le Conseil Européen. Ben bonne chance, ma belle, parce que c'est pas gagné.

    Une dernière remarque : le commissaire européen disait en février dernier que l'OMC bloquerait le projet. Ah oui ? Les Etats-Unis, la Chine, le Japon, le Canada, le Brésil, la Corée du Sud, l’Argentine et l’Australie l'imposent ce marquage et ce sont les principaux membres de l'OMC. Je n'imagine pas un seul instant qu'ils fassent un pli si on exige la réciprocité. Conclusion des courses, suivez mon regard, l'ennemi ne vient pas de là mais bien des pays européens que j'ai cités...Bref, foutage de gueule du Commissaire.

    Comme quoi, si on veut vraiment négocier à bâtons rompus, mieux vaut ne pas cacher, sans populisme, au demeurant, qu'il existe de vrais désaccords économiques entre pays de la zone euro. C'est un aspect des choses qui mérite réflexion. Il ne faut pas être toutefois uniquement négatif : sur la libre-circulation des travailleurs et le droit du travail, les Allemands et nous sommes globalement d'accord. Halte au dumping social. Bon, les Anglais, en revanche, laissez-faire, laissez-aller, as usual...

    Hop, une fiche pas inutile : l'observatoire législatif du projet et puis tant que j'y suis, un journal qui m'a l'air très informé : Contexte.