J'ai suivi les événements d'Ukraine avec beaucoup d'intérêt mais aussi de prudence. Il y a une chose qui me gêne depuis le début de la crise politique qui s'y déroule, c'est que je n'identifie pas clairement quels courants animent l'opposition. S'il me semble clair qu'elle comprend des libéraux, et plus généralement des pro-européens, il y aussi une frange, dont il a été parfois question entre deux lignes dans les médias, qui se rattache à la sphère nationaliste. Ceux-là, je ne comprends pas exactement ce qu'ils veulent et je ne vois pas quel intérêt ils ont dans cette histoire.
Je ne sais pas quoi penser de Ioulia Timochenko. J'ai cru comprendre que c'était une oligarque de longue date et qu'elle était tout de même compromise dans des histoires d'argent avec des sommes très importantes à la clef et même des détournements de fond.
Ioukanovitch est une brute sans scrupules. L'Ukraine a-t-elle pour autant gagné au change avec une femme qui ressemble fort à une intrigante ? Elle apparaît également dans une curieuse affaire de concurrence entre sa société gazière et celle d'un concurrent, finalement assassiné dans des circonstances plus que douteuses.
Il y a trois composantes dans l'opposition actuelle : Svoboda, qui a réuni 10.5% des suffrages aux dernières élections, une formation nationaliste qui s'est même appelée parti national-socialiste d'Ukraine il n'y a encore pas si longtemps. Svoboda signifie liberté en russe ou en ukrainien. Le nom ne doit pas cacher les origines très douteuses de cette formation (parfois considérée comme l'héritière de la collaboration ukrainienne avec les nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale). Timochenko dirige Notre Patrie, une force soutenue par d'anciens oligarques, et enfin, Oudar, le troisième bloc, représente les libéraux, avec à leur tête le boxeur Vitali Klitchko. Les seuls qui m'inspirent confiance dans ce panier de crabes.
Marielle de Sarnez et Nathalie Griesbeck ont rencontré le jeune Mykola Katerynchuk, leader du Parti Européen d'Ukraine. Ce mouvement se réclame du social-libéralisme et de ses principes généraux. Toutefois, dans l'immédiat, c'est à l'ombre de Notre Patrie qu'il prospère. Que pèse-t-il tout seul ? Il serait bien difficile de le déterminer. Il est devenu en mai 2013 un membre à part entière de l'Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l'Europe (ADLE).
Une partie non négligeable de l'Ukraine, à l'Est, du côté de la Crimée au sud et de Dniepr au nord, se sent assurément plus proche de Moscou que de Bruxelles. L'opposition qui vient de parvenir au pouvoir a commencé par faire une bêtise monumentale en supprimant le russe comme seconde langue officielle du pays. Décision tout à fait de nature à inquiéter ses minorités russophones.
Enfin, je doute tout à fait que le Parti des Régions de Ioukanovitch se soit soudainement volatilisé alors que c'était le plus puissant jusque là. Il en restera forcément un reliquat électoral pas négligeable.
Quant à l'Europe, on nous dit que l'Ukraine (au moins de l'Ouest) tourne les yeux vers elle. Mais l'Ukraine qui dépend entièrement de Moscou pour son gaz sait-elle que l'Europe n'a pas le premier sou des milliards de dollars dont elle a actuellement besoin pour équilibrer ses comptes et que l'une des premières mesures que lui suggéreront les commissaires de Bruxelles, au cas où elle ferait connaître son appétence pour une adhésion, sera de restructurer son industrie et son agriculture avec des centaines de milliers de pertes d'emploi à la clef...
L'Europe marche sur des oeufs en Ukraine et elle ferait bien d'être précautionneuse. L'opinion publique ukrainienne pourrait se retourner très vite. Marielle de Sarnez qui s'est rendue à plusieurs reprises sur la place Maïdan, au coeur de la révolte, conclut l'un de ses communiqués avec beaucoup de prudence, évoquant plusieurs cercles lorsqu'elle s'interroge sur la place de l'Ukraine en Europe.
Commentaires
L'Ukraine, ce n'est pas uniquement Kiev! La majorité des ukrainiens ne semble pas être pour cette opposition qui ne respecte aucun des accords qu'elle a elle même signés avec la bienveillance de l'UE. On risque de voir l'effet totalement inverse de ce qu'espère l'UE.
@Madher
Tant que l'on n'aura pas eu de nouvelles élections, on n'y verra pas clair.
La situation est probablement plus partagée qu'il n'y paraît.
Merci de relayer le communiqué de M. de Sarnez du 27 février. Dommage qu'elle n'ait pas été aussi prudente dans celui du 21.
Est-ce qu'on pourrait essayer de répondre à deux questions toutes bêtesque je n'ai encore entenduesposer par personne :
1) la majorité du peuple ukrainien a-t-elle envie de s'arrimer à l'Europe ? (pour ma part, je suis convaincu du contraire) ;
2) dans l'état actuel de son économie, de saculture démocratique et de sa protection sociale, les peuples européens ont-ils intérêt à voir l'Ukraine débarquerparmi eux ? (je dis bien : les peuples européens, et pas le ramassis de branques qui ne rêve que d'élargir l'UE jusqu'à la Nouvelle-Zélande sans même savoir pourquoi).
Pour l'instant, j'ai surtout entendu de grandes déclarations de principes et de grandsdélires lyriques. Le plus drôle, c'était celui où la délicieuse Marielle de Sarnez (40 ans de vie politicienne cette année : elle a démarré en 74 avec Giscard) en appelait pour l'Ukraine à un "changement de génération politique". Tu l'as dit, Mamie !
Poutine a perdu des points dans la population lors des différentes élections intérieures pour cause de magouilles, de non liberté d'expression,etc...il en a conscience...
Sa popularité renaît grâce au développement d'une fierté nationale(nationaliste?) afin de rendre a la Russie son influence d'antan.
Poutine a eu ses jeux olympiques a coup de milliards, il n'a pas pu peser sur le dossier Libyen, mais il est celui qui détient les clés du dossier Syrien, d'ou le merdier...
Poutine comme beaucoup de Russes n'a toujours pas digéré l'éclatement du pacte de Varsovie. Il a la haine du développement du bouclier anti-missile dans les pays de l'est....
Depuis les années 90 le Russie tente de faire émerger la Communauté économique eurasiatique dont ne fait pas partie la Moldavie et l'Ukraine pour l'instant, elles sont justes observatrices .
Poutine exerce une pression énorme( joue en particulier sur l'énergie) pour que ces deux pays intègrent la Communauté économique eurasiatique....c'est le nouveau crédo de Poutine, il en fait sa priorité...donc il ne lâchera rien sur le dossier Ukrainien...il a la puissance militaire, il sait que les occidentaux ne bougeront pas....
L'ukraine est l'ancien grenier a blé de la Russie...Les russes ont laissé péricliter ce pan de l'économie, des industriels européens tentent de le remettre en route, cela plait aux Ukrainiens qui ont faim et qui veulent du travail..
De plus l'UE voit dans l'Ukraine de l'emploi bon marché, emploi que veut une partie des Ukrainiens pro-européen....
l'Ukraine est gangrénée par la corruption des pro-Russe et les pro-européen veulent que cela cesse....
de toute façon a quoi cela sert-il de "blablater" sur le sujet car on sait qui va gagner...Poutine a la puissance militaire, il est près a ce qu'il y ait de la casse et il tient tout le monde par les couilles car son arme principale est le gaz dont les européens ont grandement besoin....
Si vous vous arretez l'héré à observer ce qui se déroule là-bas sous le seul angle des partis politiques ou de leurs représentants, vous n'etes pas près de comprendre, enfin bon bref! Pour moi, une poudrière bien supérieure à celle que fut la Géorgie :p Plutot dans le registre "Balkans" Voyez?
Allez hop! Un lien pour réviser:
http://www.universalis.fr/encyclopedie/ukraine/
Et voui, de grandes chances que l'Ukraine implose^^^.
Un autre pour un point de vue différent du blabla policé que nous avons pu entendre ces derniers jours, histoire de recentrer les propos
http://www.lavoixdunord.fr/france-monde/vladimir-fedorovski-cette-crise-ukrainienne-de-trois-ia0b0n1940322