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Chypre à la croisée de l'Europe et de la Russie

Les choix que Chypre s'apprête à opérer illustre pleinement les limites de cette Europe qui finit toujours par échouer à la marge des peuples qui la composent.

La Russie a fait à Chypre une demande qui aurait été impensable du temps de l'URSS : des facilités pour sa marine de guerre dans un des ports de l'île hellène. En somme, l'ouverture d'une base militaire contre monnaie sonnante et trébuchante.

Il y a un an la Russie avait convenu avec Chypre de pouvoir utiliser un aérodrome pour ses avions de chasse.

Comprenons les Chypriotes :

- primo, il y a traditionnellement une forte présence russe dans l'île

- secundo, on peut dire que c'est l'argent russe (y compris l'argent sale) qui a plus ou moins sauvé la peau de l'île favorite de la déesse Aphrodite.

- tertio, l'aide européenne, et le rôle de la Troïka, fût-elle réelle, est perçue avant tout comme une succession de diktats.

De toutes façons, c'est simple : les Russes sont pétés de fric et les Européens, de dettes. Les premiers peuvent donc  jouer à la corne d'abondance avec les pays à terre pendant que les autres sont contraints de passer pour des grippe-sou égoïstes et rapiats.

On est juste mal barrés, une fois de plus (nous les Européens) : une base russe au nez et à la barbe de l'OTAN, c'est trop fort. Je ne parle même d'une Europe de la Défense qui est un voeu pieux et le restera pendant longtemps.

L'Europe, c'est surtout une zone de libre-échange,  au fond. Pas assez d'unité pour espérer être autre chose. Une zone de libre-échange mandatée par ses chefs d'État pour passer des accords (pas franchement avantageux pour ses peuples) avec d'autres grandes zones de libre-échange. Voilà. Rien d'autre.

Ce n'est pas que je sois contre le libre-échange en soi, mais c'est que j'aimerais qu'on soit autre chose que ça en Europe. 

Il faut malheureusement se rendre à l'évidence, et cela me saute de plus en plus aux yeux : on parle souvent d'un modèle européen, mais, désolé, il n'existe pas. Entre pays européens, la vérité, c'est que nous ne voulons pas les mêmes choses, et, à force de compromis bancals, on en arrive à jouer contre notre camp. 

En tout cas, ce que je vois, c'est que l'attractivité de l'Europe est clairement en chute libre : ceux qui toquent à la porte veulent bien de la zone de libre-échange, mais le modèle européen, ils s'en tapent. 

Et sans vouloir dériver du sujet initial, la France était seule au Mali, elle l'est toujours en Centrafrique. Les autres Européens ? Ils viendront quand on pourra faire du commerce et ouvrir une nouvelle zone de "libre-échange", je suppose...

A ce jeu-là, les pays émergents, avec leur main d'oeuvre à bas coût et leurs ressources naturelles risquent très vite d'être bien plus performants que nous (nous, l'Europe, si cela a encore un sens que je m'exprime ainsi)...

Commentaires

  • J'extrais deux points très intéressants de votre billet :

    1) "l'Europe, c'est surtout une zonr de libre-échange"

    2) qui passe des accords "pas franchement avantageux pour ses peuples".

    Dès lors, on peut légitimement se poser trois questions:
    1) pour qui ces accords sont-ils avantageux ?
    2) s'ils ne sont pas avantageux pour les mandants, qu'est-ce qui fait que les mandataires les souscrivent ?
    3) les mandants (les peuples, donc) n'auraient-ils pas intérêt à reprendre très, très vite la main, quitte à faire exploser tout le système ?

  • La clairvoyance de Ch Romain fait mal!
    Et comme les réponses vont de soi, enfin il me semble, on ne peut que répondre par l'affirmative à la dernière question. Mais, c'est là ou le bât blesse, cette démocratie n'en est pas une puisqu'elle ne donne pas aux citoyens les moyens d'interpeller les élus autrement que par les mouvements de masse.
    Il se trouve que pour des raison "d'histoire personnelle" j'observe de très près ce qui se passe en république tchèque or, ce peuple qui à vécu une histoire douloureuse et qui ne s'en est sorti que très récemment est beaucoup plus vigilent que nous et ses réactions sont immédiates aux écarts de leurs hommes politiques, je crois que "nos" trente glorieuses nous ont installé dans un confort proche de l'endormissement et que les politiques et les "affairistes" ont bien compris tous les avantages qu'ils pouvaient en tirer...

  • @Christian
    Les peuples peuvent aussi envoyer d'autres représentants que ceux qu'ils ont gouverner l'Europe...
    @Michel
    Je pense, hélas, que vous ne vous trompez pas.

  • @ L'Héré

    Ce n'est pas le problème : le Parlement est structurellement eunuque (obligation de voter la constitution de la commission en bloc, par exemple). Donc, y envoyer Pierre, Paul ou Jacques n'y changera rien. C'est l'organisation générale du bouzin qu'il faut réformer. Et pas dans le sens du TCE !

  • Plus les jours passent et plus l'Europe pour moi n'a plus aucun avenir, il suffit de voir le boulevard que les eurosceptiques ont devant eux aux prochaines élections et le silence de l'actuel gouvernement qui sent la tempête arriver.
    Les partis français quelque soit leur côté de l’échiquier doivent commencer à envisager la probable chute de cette union politique et économique qui n'a d'ailleurs jamais réellement existé puisque avant de la réaliser politiquement, nos chers dirigeants ont préféré la faire économiquement et quel résultat pour les peuples.
    J'ai enfin compris ce qu'est un "néolibéral" tant décrié par certains, c'est tout simplement un personnage qui n'est libéral que quand ça l’arrange économiquement (pas tout le temps il n'aime la concurrence que pour les autres mas pas pour lui), pour le reste: la liberté des peuples, la liberté de s'exprimer, la liberté d'innover et tant d'autres ne l'intéresse pas, une seule compte: la liberté de s'enrichir de pouvoir et d'argent.

    Sur ceux je vais me prendre un bon livre et un chocolat chaud ça me donnera un peu de gaieté dans ce petit monde d'illuminé.

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