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marquage d'origine

  • Made in France, l'idée de Bayrou a fait son chemin jusqu'à la Commission

    Dans le marasme ambiant, les occasions de se réjouir sont rares. En voilà une néanmoins : François Bayrou et Robert Rochefort plaident depuis un moment déjà pour introduire le marquage d'origine des produits sur le territoire français à commencer par le made in france. J'avais eu vent que quelques autres parlements s'étaient saisis sinon de l'idée au moins du débat : en Grèce, en Italie notamment. Le Parlement avait émis un premier voeu dont la Commission ne s'était pas vraiment saisie mais, sentant peut-être le vent tourner, la voilà qui se réveille d'un coup et propose de rendre obligatoire le marquage d'origine sur la totalité du territoire de l'UE. De quoi réjouir Robert Rochefort qui oeuvre en ce sens depuis le début de son mandat.

    Pour ne rien cacher, c'était une proposition qui était en cours d'élaboration dans le programme du MoDem pour les européennes de 2014, mais, évidemment, si on nous la sert sur un plateau, on ne va pas s'en plaindre et passer à plus ambitieux.

    Bon début. Mais cela ne reste qu'une proposition. Amusant la changement de ton de la Commission. En janvier dernier, cette mesure plébiscitée par le Parlement européen, ne pouvait obtenir l'aval ni des États ni de l'OMC.

    La Commission a apparemment renoncé à se coucher devant l'OMC. Quant aux États, encore une occasion de montrer leur formidable degré de duplicité. Le Conseil Européen, c'est l'espèce de consortium inter-gouvernemental qui prend les décisions pour des centaines de millions d'Européens, presque toujours à leur insu et qui, bien sûr, s'essuie tranquillement les pieds sur les votes du Parlement (sauf quand ça l'arrange).

    Je subodore que les gouvernements dans chacun des pays européens marchent au moins autant sur les pieds de leurs propres parlements nationaux puisque si l'on considère la France, par exemple, on voit qu'en février 2012, son Assemblée Nationale avait voté une résolution sur le marquage du Made in France en demandant aux institutions européennes de prendre une décision à ce sujet.

    Je note aussi que le commissaire européen estimait que le marquage d'origine heurtait les règles du marché intérieur. Ah. Cela ne les heurte plus ?

    J'ai toujours dit que nos traités européens ne sont pas mauvais en soi : c'est une question d'interprétation. La fameuse concurrence libre et on faussée, par exemple, elle peut s'entendre en plein de sens. Mais maintenant qu'on s'aperçoit que la traçabilité est un élément constitutif d'une concurrence honnête, eh bien on change son fusil d'épaule...

    Je serais curieux de savoir si c'est le même commissaire qu'en janvier dernier qui fait cette proposition.

    Montebourg, nouveau converti au made in france (il n'en parlait pas avant Bayrou) a l'air content. Il assure vouloir convaincre ses homologues européens. Moi j'aimerais bien qu'il porte son amour du Made in France jusqu'à la transparence totale, qu'on sache QUI exactement est pour et QUI est contre. Et à quels niveaux, bien sûr. Melclalex saura bien nous tenir au courant des avancées de son poulain sur ce sujet.

    On en a tout de même une première idée en farfouillant un peu sur la Toile : les Tories britanniques, potes de nos eurosceptiques sont vent debout contre cette mention. Ils ne sont pas les seuls : les Allemands toutes tendances confondues ont la trouille qu'une règle claire fasse voler en éclats leur made in Germany. Eh oui : ils sous-traitent comme des brutes, nos camarades d'outre-Rhin...

    De ce que je comprends, en somme, pour :  toute la classe politique française ou presque, les Italiens et les Espagnols, contre : les Suédois, les Anglais et les Allemands (même les Verts Allemands qui cherchent à temporiser !) . Ils font ch...

    Il y en a une qu'il faut suivre pour avoir le fin mot de l'histoire, c'est Christel Schaldemose, une euro-députée danoise : c'est elle qui est à l'origine de la proposition et aussi elle qui va avoir mandat de la commission marché intérieur pour discuter avec le Conseil Européen. Ben bonne chance, ma belle, parce que c'est pas gagné.

    Une dernière remarque : le commissaire européen disait en février dernier que l'OMC bloquerait le projet. Ah oui ? Les Etats-Unis, la Chine, le Japon, le Canada, le Brésil, la Corée du Sud, l’Argentine et l’Australie l'imposent ce marquage et ce sont les principaux membres de l'OMC. Je n'imagine pas un seul instant qu'ils fassent un pli si on exige la réciprocité. Conclusion des courses, suivez mon regard, l'ennemi ne vient pas de là mais bien des pays européens que j'ai cités...Bref, foutage de gueule du Commissaire.

    Comme quoi, si on veut vraiment négocier à bâtons rompus, mieux vaut ne pas cacher, sans populisme, au demeurant, qu'il existe de vrais désaccords économiques entre pays de la zone euro. C'est un aspect des choses qui mérite réflexion. Il ne faut pas être toutefois uniquement négatif : sur la libre-circulation des travailleurs et le droit du travail, les Allemands et nous sommes globalement d'accord. Halte au dumping social. Bon, les Anglais, en revanche, laissez-faire, laissez-aller, as usual...

    Hop, une fiche pas inutile : l'observatoire législatif du projet et puis tant que j'y suis, un journal qui m'a l'air très informé : Contexte.