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Consommation et consumérisme - Page 3

  • Révolutionnaire, le friXion...

    A chaque rentrée scolaire, il s'agit de faire le tour des librairies, papeteries et grandes ou moyennes surfaces afin de faire le plein de matériel pour nos petits quand ils vont à l'école.

    Je surveille attentivement l'état des cahiers de ma descendance et j'avoue que je ne suis convaincu ni par la saleté de blanco, typex et compagnie, et pas davantage par le système des effaceurs de stylo-plumes : autant de procédés qui contribuent à cochonner les cahiers au-delà du raisonnable.

    stylo-pilot-frixion-ball-violet.jpgMais voilà, en septembre dernier, j'ai découvert la "friXion" :-) 

    Génial ce truc : l'encre s'efface, sans la moindre trace sauf à forcer comme une brute par frottement. Radical pour éviter ratures et autres saletés sur les cahiers. 

    Il y a en revanche un inconvénient non-négligeable : l'objet coûte entre deux et quatre euros pièce, et il faut le recharger assez souvent. La recharge est elle-même fort chère (4 à 8 euros les trois recharges).

    Quand on a un fiston qui passe son temps à égarer son matériel d'école (ça a le don de m'exaspérer...), le budget devient vite astronomique.

    Pilot Pen a fait l'objet d'une attention particulière en Amérique pour avoir mis au point un stylo entièrement conçu en plastique recyclable : il a reçu le prix du Good Housekeeping aux USA, le 17 mai dernier, une récompense très convoitée par les inventeurs.

    Ben moi, je lui décerne le prix de l'hérétique-écoliers pour son génialissime stylo à friction.

    En plus, ils ont le sens de l'humour, les concepteurs de la FriXion (voir les défis)...

  • Drôlement rusée 1664...

    Très drôle de voir comment une pub pour alcool se dissimule derrière un innocent concours. Bon, il ne s'agit que d'une innocente bière.

    Regaardez bien la page de cette innocente promotion intitulée les Terrases bleues qui figure sur les bas-côtés de Facebook, et notamment la vidéo

    Deux questions : allez, un petit effort, comptez le nombre d'invités, et ensuite, observez le logo de "l'art de vivre à la française".

    Regardez bien les jolies photos, particulièrement celle-là. Ouah, les belles bières ! Oh, ça alors, c'est de la 1664, vous savez la bière qui vient de lancer une campagne "le goût à la française". On reconnaît la forme caractéristique du verre...Belles couleurs bleues, non, sur les images. Pas subliminale pour un sou, en fait la campagne...

  • Le Diable se planque dans la télévision ?

    Je suis assez impatient de lire le livre de Michel Desmurget, TV Lobotomie. Je l'écoutais vendredi midi sur France info, à l'en croire, la télévision est le cinquième cavalier de l'Apocalypse, ou presque...

    Un livre à peu près similaire était paru en juin dernier, le Téléviathan. A vrai dire, les intérêts économiques qui se trouvent derrière la télévision sont tellement puissants que j'imagine bien qu'ils n'ont aucun intérêt à voir les effets de la télévision remis en question.

    Un étude constatait récemment que les adolescents désertaient les écrans de télévision ... pour mieux se retrouver derrière ceux des ordinateurs, sur des jeux ou sur Internet.

    A titre personnel, je n'ai pas une très bonne opinion de la télévision, particulièrement des séries qui y sont programmées et des animateurs plus vulgaires, grossiers et orduriers les uns que les autres.

    Fondamentalement, le problème n'est pas tant la télévision que le contenu qu'on y met, et force est de constater qu'à l'heure actuelle, c'est la déchetterie à ciel ouvert.

    L'inconvénient, c'est que l'intérêt bien compris a horreur du vide : admettons que l'on légifère pour interdire les débordements télévisuels incessants, on peut être à peu près certain que la m... que l'on nous sert trouvera un débouché ailleurs : sur internet, par exemple.

    La seule issue, c'est la responsabilité des parents, mais elle est un peu illusoire. Et puis on se doute bien que les chaînes télévisées se garderont bien de faire de la publicité à ceux qui dénoncent leurs méfaits. 

    Pourtant, des chaînes de qualité, c'est possible : la Cinquième, Arte, entre autres, le prouvent largement, et à plus d'un égard.

    Mais la télévision, au final, ne fait jamais que refléter l'état de notre société : un univers en apparence doucereux, en réalité impitoyable. Jusque dans les émissions de variétés, la Télévision sanctifie l'apparence, la force, la loi de la jungle, les apitoiements compassionnels en lieu et place de la pensée, bref, toute la saloperie qui déferle sur notre conscience collective.

  • Noël en Tunisie ?

    Il m'arrive parfois de partir à l'étranger en vacances. Mais quand je fais ce choix, j'exclus quasi-systématiquement les pays qui ne sont pas des démocraties. Et même parmi celles-ci, je me défie foncièrement des nations gangrenées par la corruption ou encore dont le système judiciaire comporte d'importantes failles. J'ai présent à l'esprit le sort d'une Florence Cassez au Mexique ou encore Clotilde Reiss en Iran, sans parler de bi-nationaux dans divers régimes despotiques du monde dont le sort n'a rien d'enviable.

    Même les USA ne présentent pas de véritables garanties à mes yeux : on ne sait jamais, là-bas, on serait très vite à la merci d'un shérif local ivrogne et corrompu ou d'un juge incompétent et maniaque de la chaise électrique.

    Un tel choix excluait durablement les pays arabes, évidemment, faute de démocratie. Mais si jamais un régime démocratique s'installe en Tunisie, je me vois bien aller prendre le chaud là-bas, du côté de l'antique Carthage, aux heures les plus froides de l'hiver français. 

    La démocratie est un gage de qualité et de sécurité au même titre que le professionnalisme, de mon point de vue. 

    Attendons, la Tunisie a peut-être gagné un  nouveau client...

  • J'ai failli me la garder...

    lordson-lord.jpgÇa faisait un moment que je devais un cadeau à mon frérot cadeau. Je lui avais acheté il y a quelques mois une chemise Arthur en lin, mais trop grande pour lui. Du coup, je l'ai récupérée pour mon compte. Mais il lui fallait bien une compensation.

    Comme je l'ai dit récemment, je suis déterminé à acheter français aussi souvent que cela me sera possible.

    J'ai fait la découverte d'un fabriquant de chemises extra : bon, ça coûte bonbon, mais franchement, magnifique les chemises.

    Comme je ne refuse rien à mon frérot, je me suis dit que j'allais lui offrir un super-cadeau. Et paf, j'ai investi la somme nécessaire dans l'achat de cette chemise de Lord anglais, un travail spécifique à Lordson. Élégante, racée et stylée, non ?

    Bon, ça a été dur : je suis resté à baver devant la chemise pendant un bon 1/4 d'heure, pesant si je donnerais comme adresse de livraison plutôt mon adresse ou celle de mon frérot. Le sens du devoir l'a emporté.

    Outre le plaisir d'offrir un chouette cadeau à mon frérot, il y a aussi le plaisir savouré de savoir que l'argent investi ira dans la poche d'ouvriers du textile français. Comme mon frérot ignore l'existence de mon blog, je peux bien m'épancher ici, il ne risque pas de tomber là-dessus sauf improbable coup du hasard. Onze emplois qui vont se partager le magot. On achète tellement de c****ries, que franchement, ça vaut bien le coup de se faire plaisir, de faire plaisir, et de faire circuler la monnaie sonnante et trébuchante en Gaule !

    Bref, dès que j'aurais suffisamment thésaurisé (l'ignoble capitaliste exploiteur du peuple que je suis, réactionnaire et pré-fasciste nationaliste a un raisonnement parfois anti-économique au possible), je sens que je vais m'en payer une pour aller parader me pavaner dans ma basse-cour.

    Tiens, en visitant l'espace presse de Lordson, j'ai découvert qu'il existait un portail des enseignes vestimentaires de la mode française ! Lordson y figure, évidemment. Attention, je ne suis pas sûr que les marques qui y figurent soit forcément du made in France. Mieux vaut se fier à Hexaconso ou à la Fabrique hexagonale pour acheter en terrain sûr (et gaulois).

    Bien le bonjour à Saint-Marcel dans l'Indre, bon travail, les gars et les filles !

  • Tous sur ebay, les gars (et les filles) !

     Oui, tous sur ebay, hein ? Parce que le Père Noël est passé, et donc, d'un côté, il y a plein de vendeurs déterminés à se débarrasser de leurs cadeaux, et de l'autre, quelques acheteurs non moins déterminés à profiter de l'opportunité. Du cadeau flambant neuf à peine déballé, parfois pas ouvert ! Que de la bonne came, quoi. Allez, faites péter les enchères, et que le meilleur gagne. Et...au fait, mis à part ces petits détails, joyeux  noël et bonne fête, hein ?

    Tiens en parlant de noël, un truc m'intrigue : les linguistes assurent que le mot provient de natalis dies, jour de naissance du Christ dans la religion catholique. Pourtant, no'il (noio + hel en gaulois) en breton, néo helios en grec ancien signifient  nouveau soleil. Les linguistes récusent pourtant cette étymologie. Ça m'a toujours étonné, tant cela me semble naturel. Je ne m'y connais guère en phonétique historique, mais j'ai du mal à voir la transition natalis dies -> noël, alors que le no'il me paraît tout à fait pertinent et historiquement logique. natalis se serait contracté pour donner naël puis noël. Allez savoir. En tout cas, l'origine celtico-gauloise, elle me branche bien, parce qu'en effet, le solstice d'hiver coïncide à peu près avec la date.

    Et au fait, le savez-vous ? ebay, fut fondé en 1995 par un Américain d'origine française, Pierre Omidyar. Tiens, voilà la lettre du fondateur : 

    J'ai créé eBay en 1995, le jour de la fête du Travail. Depuis, ce site a acquis une immense popularité et j'ai réalisé qu'il s'agissait vraiment d'une expérience formidable dans le domaine du commerce sur Internet. En créant un marché ouvert, favorisant des transactions honnêtes, je souhaite faciliter les échanges commerciaux entre les internautes du monde entier. La plupart des gens sont honnêtes et pleins de bonnes intentions. De nombreuses personnes font de leur mieux pour que tout se passe bien. On m'a rapporté de formidables histoires sur l'honnêteté de certains membres. Malheureusement, il y a aussi des gens malhonnêtes ou de mauvaise foi. Il y en a ici, dans les forums, les annonces classées et dans notre entourage. La vie est ainsi faite. Mais dans notre communauté, ces personnes ne peuvent pas se cacher. Nous les écartons pour protéger les personnes honnêtes. Et nous ne pouvons le faire qu'avec votre participation active. Inscrivez-vous et utilisez notre fonction Évaluations. N'hésitez pas à être élogieux envers les membres qui le méritent et à vous plaindre lorsque cela est justifié. Au cours des six derniers mois, j'ai mis au point ce système tout seul, pendant mes loisirs. J'ai reçu des plaintes de la part de certains membres. Heureusement, ces plaintes sont peu nombreuses. Depuis notre lancement, quelque 10 000 objets ont été vendus sur eBay, et nous n'avons reçu que quelques dizaines de plaintes.

    Nous avons à présent ouvert un forum. N'hésitez pas à l'utiliser. Formulez vos plaintes sur la place publique. Mieux encore, profitez de l'occasion pour faire vos éloges. Dites à l'ensemble de la communauté le plaisir que vous avez eu à effectuer une transaction avec tel ou tel membre. Par-dessus tout, adoptez un comportement professionnel. Comportez-vous avec les autres membres comme vous aimeriez qu'ils se comportent envers vous. Et n'oubliez pas : vous êtes généralement en relation avec des personnes comme vous. Nul n'est à l'abri d'une erreur. Des personnes bien intentionnées peuvent parfois se tromper. C'est humain. À nous de l'accepter. À nous de nous y faire. À nous de continuer à faire des affaires. Merci de votre participation. Bonne chance dans vos transactions!

    Allez, enjoy, tout le monde, et bonnes transactions capitalistico-libérales ! La loi de l'offre et de la demande, quoi, la main invisible et tout ça et tout ça...

  • Actions de groupes, les consommateurs l'ont dans le baba...

    Je l'avais annoncé il y a quelque temps déjà, mais en voici la confirmation : les géants de l'agro-alimentaire, de a confection, de la distribution et cetera pourront continuer à nous entuber en toute légalité et il sera toujours aussi difficile de se défendre pour les consommateurs, a fortiori avec une justice qui ferait passer un escargot pour un pur-sang...Parole d'un expert : 

    Robert Rochefort, député européen et responsable de l'Économie au sein du Shadow Cabinet, estime que "le gouvernement renonce à mettre en place les actions de groupes en faveur de la défense des consommateurs", dans un entretien accordé au journal La Tribune.

    Est-ce la fin du projet de "class action" à la française ? Selon Robert Rochefort, député européen, vice président du MoDem en charge des questions économiques, "le gouvernement renonce à mettre en place les actions de groupes en faveur de la défense des consommateurs en France. 

    A plusieurs reprises déjà, Bercy avait reporté l’instauration dans notre pays du système des « class-actions », tout en affirmant avec une grande hypocrisie qu’il en soutenait le principe. Mais en installant hier la Commission de médiation de la consommation, Hervé Novelli a tombé les masques et clairement pris le parti du Medef farouche opposant depuis toujours aux actions de groupe." 

    Robert Rochefort, également spécialiste des questions de consommation, estime que "la médiation, en ce qu’elle évite des procédures judiciaires est souvent une formule excellente mais elle ne peut en aucun cas régler tous les litiges collectifs or elle devient un contre-feu dressé contre la mise en place des actions de groupe. 

    Lorsque ce sont des centaines de consommateurs – voire plus – qui sont lésés pour une somme significative mais de montant modéré, seule leur mobilisation collective, en disposant d’un instrument adéquat, peux leur permettre d’obtenir réparation. C’est à la fois un droit et un moyen précieux de dissuasion à l’égard des abus, dont se sont dotés de nombreux pays. 

    Les médiateurs chargés de traiter les désaccords entre les entreprises et les consommateurs font souvent un travail très utile mais il leur arrive aussi de ne pas jouir de l’indépendance absolue nécessaire par rapport aux producteurs et aux distributeurs qui les rémunèrent. De plus, ils ont fréquemment des réflexes « pro-entreprises », car ils sont souvent des anciens collaborateurs ou des retraités de ces entreprises, ce qui en conséquence ne devrait jamais être le cas. 

    Dès lors, on comprend que l’UFC-Que choisir et la CLCV, les deux plus importantes associations de consommateurs aient décidé de boycotter cette commission la rendant du coup encore moins crédible. Le droit aux actions de groupe reste donc à conquérir. Le mouvement démocrate sera aux côté des consommateurs dans ce combat, notamment à l’occasion de la prochaine élection présidentielle."

     

     

  • Dissection du cadavre d'un camembert normand

    Je m'apprêtais à bâfrer ma dernière bouchée de Lanquetot, délicatement tartinée sur une tranche de baguette elle-même enduite de beurre de baratte, quand il m'a pris l'envie de jeter un oeil aux commentaires de mon blog. Je consulte alors les quelques échanges que j'ai eus avec Christèle, nouvelle commentatrice chez moi, à propos des produits made in France. Ah, tiens, justement, elle m'informe de l'existence d'un site consacré aux productions hexagonales, achetons-français.net. Je m'empresse d'en faire la visite, car généralement, je suis curieux des informations que me fournissent les commentateurs du blog, dès lors qu'elles ne s'apparentent ni à de la propagande, ni à de la monomanie. J'ai l'oeil alors attiré par un titre : faux produits du terroir. Horresco referens : en observant la liste des produits concernés, j'apprends que mon très cher camembert de Normandie est insidieusement falsifié. D'après ce blogue, mais il n'est pas le seul, j'ai trouvé l'information ailleurs, en plus de ne pas comporter de lait cru, nombre de camemberts seraient réalisés avec du lait issu des quatre coins du monde, et notamment du lait chinois ! Oui, oui, ce fameux lait à la mélamine qui a empoisonné des milliers de bébés ! 

    Je manque alors de gerber ma bouchée, et, pris d'une impulsion vérificatrice, je me rue vers le Monoprix local. Enfer et damnation : les camemberts indiquent tous "Camembert fabriqué en Normandie" et non "Camembert de Normandie", à la notable exception d'un camembert Monoprix Gourmet.

    Bon, à propos de mon Lanquetot, j'avais noté qu'il baissait, ces deux dernières années : j'ai compris pourquoi grâce à un débat sur sujet chez Linternaute. On y trouve tout de même des commentaires de l'année 2005 à 2010. Dans un classement Que Choisir, il s'était pourtant classé plus qu'honorablement.

    J'ai voulu en savoir plus et je me suis rendu sur le site de l'Appellation. Et là, horreur et terreur, perds coeur et ardeur, lecteur (joli alexandrin, n'est-il pas, en dépit de son rythme un peu particulier ?), la plupart des marques fameuses, à commencer par mon Lanquetot, ne figurent pas dans la liste des camemberts dignes de ce nom. C'est étonnant, alors même que la fromagerie  des établissements Lanquetot est un  atelier laitier signalé par le site, en AOP (l'équivalent terminologique de l'AOC à l'échelon européen), on trouve du livarot, du pont-l'évêque et quelques autres fromages, mais pas de camembert. Faut dire qu'à remplacer le lait cru par du lait thermisé, il est probable qu'il n'était plus possible de maintenir l'appellation.

    Bien sûr, si les établissements Lanquetot ont des précisions à apporter, ils disposent d'un droit de réponse sur mon blogue. Je ne leur jette pas la pierre plus qu'aux autres, c'est juste que c'était mon camembert favori jusqu'ici...Je n'avais pas percuté que la marque s'était retirée de l'AOC en 2007. Pas vu non plus que depuis 1990, elle avait été rachetée par le groupe Lactalis. A tout hasard, j'ai donc examiné les zones de collecte de lait de Lactalis. Bon, y'a pas la Chine. Mais il y a tout de même un sacré paquet de pays...

    Ce serait long de faire l'enquête camembert par camembert, mais j'imagine que ce n'est pas mieux pour la plupart des autres grandes marques. Pour finir d'être édifié, on peut aussi lire ce qu'a déjà écrit Périco Legasse chez Marianne à ce sujet...

    Lisez, lecteurs, le reste de l'article, et, pleurez et tremblez, amateurs d'huile d'olive française du Midi ou encore de Moutarde de Dijon...

  • L'AOC France, label national ?

    Quand j'évoque les possibles mesures à prendre pour favoriser la production française, on me fait valoir qu'il suffit  d'agir au niveau européen. 

    C'est par exemple ce que suggérait Vincent, en commentaires :

    Promouvoir la fabrication en France ne pourra pas se faire sans agir sur ces leviers, avec un réajustement des monnaies, une taxe sociale et écologique servant à favoriser l'implantation industrielle, et une politique d'audit sérieuse dans les pays exportant en France, que ces actions soient françaises ou européennes.

    Je crois que cela n'est pas simple. Prendre une décision au niveau européen prend énormément de temps : il faut consulter le Parlement, la Commission, les États et traduire, in fine, la directive en droit national. Un sacré parcours qui ne convient ni au calendrier politique, ni à l'urgence économique.

    Ce n'est donc qu'en actionnant les leviers locaux, à différents étages, que l'on peut agir relativement vite. La principale difficulté, c'est d'établir une norme qui ne soit pas contournable et qui ne puisse pas non plus être assimilée à du protectionnisme. Si l'on décide de favoriser fiscalement la production française, nous nous exposerons à des mesures de rétorsion de nos partenaires commerciaux. C'est quelque chose qu'il est absolument nécessaire de comprendre.

    Il vaut donc mieux concevoir des normes contraignantes, qui favorisent en douce nos entreprises, mais qui en droit rendent égales les entreprises devant la loi. Observons, d'ailleurs, que c'est ce que ne manquent pas de faire les marchés les plus fermés, comme ceux de la Chine, du Japon ou encore de la Corée.

    Je ne sais pas si nous pouvons fixer un label national sans être retoqué par le droit communautaire, en revanche, je sais que les Appellations d'origine contrôlée sont parfaitement valables puisqu'ils font partie des Appellations d'Origine protégée, reconnues, elles, par le droit de l'Union. On peut donc imaginer des procédures relativement similaires pour notre production industrielle.

    Estrosi voulait mettre en place un label "made in France" en avril dernier. Éric Besson l'a remplacé et on ne sait pas ce qu'est devenue l'idée. C'est fort dommageable, parce que les études d'opinion montrent que l'indication a un poids non négligeable dans la décision d'achat.

    Je ne suis pas le seul blogueur à m'intéresser à la question (heureusement !!!). J'en profite donc pour signaler deux   billets du blog Économique et Social sur le sujet. J'attire l'attention des lecteurs sur une de ses remarques, qui me paraît fort pertinente : il y a délocalisation quand une entreprise produit à l'étranger des produits destinés aux Français ; mais implanter une unité de production à l'intention d'un marché domestique me paraît en effet de bon sens.

    Je conclus en mettant en garde contre une tendance de nos analystes en ce qui concerne le made in France : ce serait à mon sens une erreur de ne viser que la production de luxe en tablant sur le développement d'une bourgeoisie des pays émergents déterminés à acheter français pour montrer leur statut social nouvellement acquis. Je crois que nous devons aussi viser la base de la pyramide, qui représente, in fine, un très gros marché, avec simplement des produits et une distribution adaptés aux possibilités et au mode de vie de cette pyramide. 

  • Fabrication hexagonale

    J'évoquais dans deux billets précédents ce que pourraient être l'ébauche d'une économie du recyclage d'une part, puis d'autre part un code de consommation tout personnel. Je poursuis donc cette réflexion en m'appuyant sur les données qui figurent sur deux blogues : Hexaconso et la Fabrique Hexagonale.

    L'un et l'autre donnent des noms d'entreprise dont la production est intégralement ou quasi-intégralement réalisée sur le sol français. Hexaconso ajoute une information fort précieuse : une fiche d'identité de chaque entreprise précise son nombre d'employés et la localisation de l'atelier ou de l'usine. On sait ainsi le nombre d'emplois en jeu en achetant français.

    En parcourant les listes élaborées par ces deux sites, je crois avoir dégagé quatre écueils au moins sur lesquels butait cette production hexagonale :

    1) un rétrécissement radical de l'offre de produits. Bien trop peu de diversité à tous points de vue.

    2) un coût souvent supérieur aux productions allogènes.

    3) parfois une absence d'innovation ou de créativité. De la qualité pas toujours au rendez-vous.

    4) une vraie difficulté à présenter une offre claire, notamment sur internet (site en construction, incomplet, sans prix indiqués, par exemple)

    Difficile d'allier toutes les qualités. Considérons le cas de Set in black,  par exemple, qui a fait de la maille noire son étendard. L'entreprise a une ligne de vêtements. Jolis. Mais un polo homme, contînt-il de la soie, ne coûte pas moins de 131 euros. Objectivement, sa coupe est magnifique, et j'aime beaucoup. Une solde est annoncée à 50%. Cela signifie donc que le prix habituel pour ce polo est de 262 euros ou alors que le site est mal conçu puisque le système de paiement indique bien 131 euros (si le solde était sur ce montant, alors la somme finale serait de 65,50 euros). Il faut le vouloir pour être prêt à débourser une somme pareille pour un polo.

    Fabriquer en France a un coût évident : sommes-nous prêts à le payer, voilà une première question qui me paraît patente. Mais corollairement, sommes-nous prêts aussi à admettre de nous retrouver un jour au chômage parce que le service que nous rendons, l'objet que nous fabriquons seront réalisés ailleurs ? Set in Black, c'est 181 emplois en France. Qu'ils cessent de vendre, et c'est le malheur qui s'abat sur 181 foyers.

    J'ai regardé une autre entreprise, spécialisée sur un seul créneau : la chemise pour homme. Lordon est installée à Châteauroux et emploie 11 personnes. J'avoue avoir eu une bonne surprise. Pour des chemises de qualité, les prix tiennent la route. Aux alentours de 80 euros pour une chemise de qualité, c'est acceptable...pour ceux qui en ont les moyens ! Les cravates à 20 euros, c'est correct aussi.

    J'ai regardé ce qu'il se faisait avec les jouets pour enfants, puisque nous approchons de noël. Du bois, encore du bois et toujours du bois. Sommes-nous encore capables de produire du plastique en France, nom d'un Gaulois ? Miracle ! Un unique fabricant de jouets réalise ses produits en plastique. Ecoffier. L'inconvénient, c'est que les retours des utilisateurs divergent : si certains sont satisfaits, d'autres dénoncent des défauts qui n'ont rien à envier à la contrefaçon chinoise du meilleur label de mauvaise qualité... Et les poupées alors ? Petit Collin semble avoir un véritable savoir-faire dans ce domaine, son site présente bien, mais, après un quart d'heure de lecture, pas moyen de trouver un prix...Ouf, une boutique qui affiche le prix d'une poupée. 30 euros. Il y en a des moins chères, mais si la qualité suit, c'est un prix acceptable.

    On a parfois quelques bonnes surprises : j'ai appris que Monoprix fabriquait en France toutes les fournitures scolaires génériques que l'enseigne propose dans ses grandes surfaces.

    Mieux, dans ce domaine, Oxford, marque française s'il en est qui fabrique tout en France, avait présenté une authentique innovation à un prix défiant toute concurrence (un peu plus d'une dizaine d'euros) en 2009 : un cahier de textes adapté au stylo numérique, capable de transférer sur un ordinateur ce qu'on y écrit.

    Une chose, en tout cas, me paraît certaine : on se ridiculise à dénoncer d'un côté les méfaits du libéralisme, de la concurrence libre et non faussée, et, de l'autre à en profiter à plein, car c'est bien là l'un des moteurs de notre société de surconsommation.

    Pour le MoDem et François Bayrou, pour lesquels la fabrication hexagonale est désormais une priorité économique, il y a dans ces modèles d'entreprises qui tentent vaille que vaille de maintenir leur production dans leur pays d'origine, les ferments d'une recomposition du paysage industriel de la France.