Je méditais tout récemment, contemplant le monceau de jouets qui s'était accumulé dans mon salon et me demandant où j'allais bien pouvoir caser tout cela...Méditant et songeant paresseusement à l'effort à venir, j'en suis venu à quelques réflexions d'ordre moral, philosophique et économique.
Les jouets, finalement, c'est le syndrôme de notre société de consommation. L'avez-vous remarqué ? Il n'existe pas de "qualité" de jouets, ou presque pas. Bien sûr, certains coûtent plus cher que d'autres, mais dans l'ensemble, il y a une sorte de qualité unique qui fait que les 4/5ème d'entre eux finissent tôt ou tard à la poubelle brisés. En fait, notre système économique se fiche bien de la qualité des jouets. Ce qui coompte, c'est la masse, et, secondairement, la diversité.
Parallèlement, je suis frappé de voir comme des enfants peuvent s'amuser, quand ils se promènent dans la nature, avec deux bouts de bois et trois cailloux. Je me souviens d'une promenade avec l'un des miens, où nous avions ramassés des silex. J'avais montré alors à l'aîné comment, en frappant deux silex l'un contre l'autre, on obtient une à plusieurs étincelles, et, in fine, du feu.
Il était enchanté, et il s'est mis, rapidement imité par le cadet, à ramasser une collection singulière et significative des silex les plus divers, qu'il a par la suite précieusement entreposé dans un tiroir.
Et voilà ce que j'en tire : nous achetons et achetons encore des jouets à nos enfants pour les payer du temps que nous ne leur consacrons pas. En réalité, un enfant à besoin de jouer, et non de jouets. Pour peu que l'on s'intéresse à eux et qu'on leur consacre du temps, ils sont ravis. Nous n'avons jamais eu autant de jouets dans les magasins, parce que nous ne savons plus comment occuper nos enfants. Avant, il est vrai, je veux dire, il y a longtemps, ils travaillaient, souvent à la ferme, puisque les pays européens étaient encore ruraux, mais aujourd'hui, les enfants ne travaillent plus. Ils étudient, à la place, mais dans des proportions bien moindres que ce que représentaient les travaux de la ferme. Et ils s'ennuient. Alors, pour les occuper, nous leur offrons des jouets. Et nous-mêmes, au bout d'un moment, nous nous occupons à chercher une solution pour caser tous ces jouets.
Ainsi va notre monde et son consumérisme...