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  • Au secours ! Delanoë se prend pour Cheops !

    256037_5_150x113.JPGDelanoë a pour projet de faire bâtir une tour pyramidale de 200 mètres de hauteur à la Porte de Versailles. C'est marrant, mais en regardant ce projet, je me suis dit que cela ressemblait à un concentré-mélange d'Arche de la Défense, de Tour Effeil et de Pyramide du Louvre.

    Le problème, si j'ai bien compris, c'est que l'idée finale n'est pas d'en faire une mais six ! Cet homme-là a décidément la folie des grandeurs. Le voilà qui se prend pour un Cheops des temps modernes. Personnellement, je ne suis pas radicalement contre le projet, du moins, pas avant d'avoir pris connaissance du projet exact. Esthétiquement, cela n'a pas l'air trop moche, il faut le reconnaître, et l'idée de la pyramide s'inscrit plutôt bien dans une certaine forme de tradition "égyptienne" à Paris. Il ne reste plus qu'à momifier Delanoë et à le flanquer là-dedans :-D

    cheops.jpgBon, moi, je trouve que la vraie a tout de même plus de gueule que l'espèce de triangle (au fait, il sera rectangle, équilatéral, isocèle ou quelconque ?) de Herzog. Qu'il puisse au moins servir aux écoliers et aux professeurs de mathématiques du coin ! Au niveau écologie, cela a l'air pas mal, mais je demande à voir ce que cela donne au final. Marielle de Sarnez n'avait d'ailleurs pas radicalement exclu les "tours" du programme du MoDem, estimant qu'elle jugerait sur pièces, et en fonction du projet et de son utilisation. J'ai vu que la douce et charmante Christelle est très remontée contre ce projet. Tout en m'accordant avec ses fines observations sur le montage médiatique du projet (là-desus, Delanoë sait faire, comme par hasard, l'annonce tombe à pic et la fin des travaux va coïncider avec les élections présidentielles...), je crois qu'il ne faut pas exclure a priori l'idée. Et je crois ne pas être soupçonnable de Delanoïsme aigü, mes lecteurs ne l'ignorent pas.

  • Le Bonheur des peuples

    Trop tentant, je relève cette saillie mordante de François Bayrou à propos de Nicolas Sarkozy...

    « Si le bohneur des peuples se mesurait à la somme des promesses qu'on leur fait, qu'est-ce que les peuples seraient heureux!»

    Parce que bon, la réalité, la voilà, telle qu'il l'expose :

    « faute de marge de manoeuvre, toutes ces promesses déboucheront sur des désillusions. [...]Le discours qu'on appelle volontariste se heurtera naturellement aux réalités.[...] La vérité que tout le monde découvrira, c'est que depuis 18 mois, au lieu de constituer des marges de manoeuvre, on a laissé filer le déficit qui est aujourd'hui supérieur de 25% à ce qui avait été prévu.»

  • L'Europe face à la mondialisation

    J'ai découvert un rapport très intéressant à parcourir sur le site Euromonde 2015. Il a été réalisée à la demande de Christine Lagarde et Xavier Bertrand. Son objet est d'interroger la pertinence de la Stratégie de Lisbonne au regard de l'évolution de la mondialisation, tout particulièrement économique.

    Laurent Cohen-Tanugi, l'auteur du rapport, rappelle que la Stratégie de Lisbonne avait été initiée en réponse au défi de la mondialisation de l'économie. Elle visait à faire de l'Europe l'économie de la connaissance la plus performante du monde. Les résultats sont de son point de vue en demi-teintes. Il  observe que si cette politique commune fait désormais consensus en Europe, ses résultats sont mitigés , particulièrement pour les grosses économies européennes (Italie, France, Allemagne, par exemple) et que même quand les résultats économiques sont bons, ils ne sont pas imputables directement à cette stratégie.

    Laurent Cohen-Tanugi voit comme cause de cette inefficience relative les modalités du processus de mise en oeuvre, très peu contraignantes.

    Il observe que les prescriptions de Lisbonne demeurent fondées, particulièrement pour la France, mais qu'elles ne sont plus suffisantes pour affronter les nouveaux défis de la globalisation, et qu'il faut, désormais, un "Lisbonne plus" face à la montée des puissances asiatiques et à la vitalité des entreprises américaines. De plus, « l’Union européenne est  confrontée à de nouveaux défis, dans son environnement extérieur tout comme en son sein même, dont l’existence ou du moins l’ampleur n’étaient pas perçues en 2000, ni même en 2005 : la concurrence du monde
    émergent, la problématique énergie/climat, les effets de l’élargissement à 27, la crise financière internationale, la géopolitisation de la mondialisation.»

    Laurent Cohen-Tanugi propose de recentrer la stratégie de Lisbonne sur ses axes prioritaires, afin d'éviter d'en faire un label pour tout et n'importe quoi en Europe : la compétitivité et l'innovation.

    « Lisbonne Plus articulera les dimensions économique, sociale et environnementale d’une économie et d’une société fondée sur le savoir et
    l’innovation, sans pour autant accaparer l’ensemble des problématiques économiques, sociales et environnementales nationales et européennes, qui doivent conserver leur autonomie.
    Sur le terrain social, l’éducation, la formation, la mobilité, les politiques d’ajustement à la mondialisation, les politiques d’intégration, la lutte contre le vieillissement, la relance du dialogue social doivent être au coeur de Lisbonne Plus.»

    L'auteur note au passage que l'Europe compte dans le monde essentiellement dans les domaines où elle applique une politique commune renforcée (agriculture, monnaie, par exemple).

    Les prochaines politiques externes qui doivent faire l'objet d'un projet et d'une application communs sont les suivants : diplomatie énergétique et environnementale, politique d’immigration et de co-développement, surveillance communautaire des prises de contrôleextra-européennes dans les secteurs sensibles.

    Ce que je trouve, pour ma part très inquiétant, c'est l'exposé des faits suivants, alors que la connaissance et l'innovation étaient au coeur de la Stratégie de Lisbonne :

    «La Stratégie de Lisbonne a consacré un objectif global de 3% du PIB pour l’investissement dans la R & D. Or les dépenses publiques européennes demeurent très loin de cet objectif, à 1.8% du PIB, et apparaissent même en régression depuis 2000.
    De manière plus fine, l’analyse de l’évolution des dépenses nationales de R & D permet de constater que :
    - seules la Finlande et la Suède dépassaient en 2006 l’objectif de 3 % du PIB, 4 pays (Danemark, Allemagne, Autriche et France) se situaient entre 2 et 2,5%, tandis que 11 autres pays affichaient un niveau de dépenses inférieur à 1% ;
    - sur la période 2000-2006, 17 pays ont affiché une progression de leur dépense intérieure de R & D, tandis que 10 autres (dont la France et le Royaume-Uni) ont vu baisser ou stagner leur niveau de dépenses

    Il y a là des pistes de réflexion nombreuses. Nul doute que le MoDem doit s'emparer de ces problématiques en vue de son programme européen. J'aurai l'occasion d'en reparler dans un prochain billet.

  • Un statut européen pour les blogs ? Moi je suis pour !

    Je viens de lire le projet de résolution de Marianne Mikko, eurodéputée socialiste européenne . J'ai vu pas mal de réactions à vif sur la blogosphère à ce sujet. Par exemple, celle de Marc Vasseur ou encore de la délicieuse et charmante Trublyonne. Je crois qu'il ne faut pas s'enflammer excessivement. Le projet qui a été voté à la quasi-unanimité de la commission culture et éducation du Parlement Européen a, avant toutes choses, la volonté de garantir le pluralisme des médias, et d'ailleurs, cet objectif est réaffirmé à maintes reprises dans l'exposé des motifs.

    Je crois que ce qui provoque l'ire de mes amis gauchistes, ce sont les propositions suivantes :

    7. propose l'introduction de redevances adaptées à la valeur commerciale du contenu généré par des utilisateurs ainsi que de codes d'éthique et de règles d'utilisation pour les contenus générés par les utilisateurs dans les publications commerciales;

    8. suggère – que ce soit par le biais d'une législation ou autrement – de clarifier le statut des blogs et encourage leur labellisation en fonction des responsabilités professionnelles et financières et des intérêts de leurs auteurs et éditeurs;

    Ben oui, cela me paraît limpide, cette histoire, et je ne vois pas ce que cela a de choquant : dès lors que le blog génère sciemment une valeur commerciale, cela ne me paraît pas criminel d'envisager des taxes. Notons que le projet parle des contenus générés dans les publications commerciales. Ni Trublyonne, ni Marc Vasseur ne seraient, je pense concernés par cet aspect. Et puis voyons, amis gauchistes et pré ou post-marxiste, c'est quoi cette posture nouvelle de social-trâitre mâtiné de libéralisme que de ne pas vouloir taxer les activités commerciales ? Parce que l'énoncé du texte ne dit pas autre chose...

    Le point 8, encourager et suggérer, cela n'a rien d'impératif. La labellisation, cela peut être intéressant pour nous autres bloggueurs : par exemple, si cela devait nous permettre d'obtenir une carte de presse, pourquoi pas. Enfin moi, je ne vois vraiment pas de quoi fouetter un choix dans cette histoire. Le document réaffirme à plusieurs reprises l'impérieuse nécessité « d'assurer l'indépendance des journalistes et des éditeurs par des garanties spécifiques juridiques et sociales appropriées, ainsi que le respect des meilleures pratiques par les propriétaires des médias dans chaque marché où ils opèrent »

    Dans l'exposé des motifs, on trouvait cela :

    «Dans ce contexte, le rapport souligne que le statut indéterminé et non signalé des auteurs et diffuseurs de blogs entraîne des incertitudes en matière d'impartialité, de fiabilité, de protection des sources, d'application des codes d'éthique et de détermination desresponsabilités en cas de poursuites en justice

    Ben oui, c'est un peu la jungle actuellement, et je ne suis pas sûr que ce soit à notre avantage.

    Je pense que Marielle de Sarnez, qui siège dans cette commission, a approuvé ce projet, et, pour ce qui me concerne, j'approuve cette résolution également. La 1ère proposition du projet, c'est tout de même celle-ci, je le rappelle :

    [le projet] «demande instamment à la Commission et aux États membres de préserver le pluralisme des médias, d'assurer que tous les citoyens de l'UE peuvent avoir accès à des médias libres et diversifiés dans tous les États membres, et de recommander des améliorations là où elles sont nécessaires;»

    Ben écoutez, si on n'avait déjà ça dans notre constitution, eh bien j'en serais bien content. Malheureusement, en France, on est encore assez loin du compte...Tiens, je ne résiste pas à l'envie de publier le point 11 :

    « encourage la divulgation de la propriété des médias afin de contribuer à la compréhension des objectifs et de l'identité du diffuseur;»

    Ben oui, voyons : y'a des fois, mois, j'aimerais bien savoir qui sont les actionnaires de tel ou tel média...parce qu'on ne le sait pas toujours. D'autant que le texte de la commissiojn ne parle pas de l'identité de l'auteur (blogophiles, dormez tranquille) mais bien de celle du diffuseur.

    Bon, en tout cas, j'espère me faire à nouveau plein de nouveaux petits copains (et petites copines) sur la blogosphère avec ce nouvel article à contre-courant du bêlement commun...

     

     

     

  • Alain Lambert candidat au Sénat !

    Je ne m'y attendais pas, mais peut-être est-ce aussi la conséquence de l'échec de Raffarin lors des primaires UMP : Alain Lambert se présente finalement à la présidence du Sénat. C'est à mon avis le moment propice pour les sociaux démocrates et sociaux-libéraux, les centristes et les démocrates, et, à droite, les libéraux de propulser une personnalité originale et indépendante à la tête du Sénat, d'autant qu'il est prêt à définir un programme d'action commun. Nos sénateurs démocrates pourraient, en la circonstance, proposer de participer à certaines commissions et obtenir la vice-présidence ou la présidence de certaines d'entre-elles, notamment sur les thèmes qui leur tiennent à coeur. Dans tous les cas de figure, il va falloir se décider très vite. Si une majorité nouvelle se dessinait au Sénat,  ponctuelle, mais ferme sur les sujets les plus importants, ce serait très encourageant pour la politique française.

  • La Poste, lien social contre concurrence

    Il y avait hier une grève à La Poste.J'ai écouté avec intérêt les réflexions de Jean-Marie Vanlerenberghe, sénateur MoDem, sur ce sujet. Il observe, en effet, que la Poste assure un lien social dans le pays tout entier, par les nombreuses ramifications qui la constituent. S'il existe une directive européenne qui exige l'ouverture à la concurrence des services postaux, cette directive n'en précise pas pour autant les statuts que devrait adopter un service postal public. Il se montre attaché à un service égalitaire pour les Français, et s'il ne se prononce pas sur l'ouverture du capital, il lui paraît très clair que cette dernière ne doit pas être une priorité par rapport à la mission première de la Poste, notamment sa présence sur tout le territoire français.

  • Et l'Etat donne 400 millions d'euros comme ça ?

    Auditionnée par la commission des Finances, la ministre Christine Lagarde a confirmé qu'elle avait décidé elle-même de recommander la procédure d'arbitrage, sans instructions de l'Elysée. François Bayrou interrogé dans les couloirs de l'Assemblée nationale dans l'après-midi donne son point de vue:

    «C'est une décision politique qui a été prise pour éviter que la justice se prononce sur le fond. Si vraiment quand l'enjeu est de 400 millions d'euros, et que tout dépend d'une décision du gouvernement, la ministre des Finances n'en parle pas au président de la République alors je m'inquiète pour l'avenir de la République. Dans une République où on ne peut pas bouger un trombone sans que l'Elysée soit informé, où le président de la République dit tous les jours qu'il faut qu'il s'occupe de tout, quand c'est une décision qui emporte 400 millions d'euros, une somme absolument astronomique, si on n'en parle pas entre le ministre des Finances et le président, c'est que la République est bien mal gérée. Ca ne résiste pas une seconde à l'examen».

    C'est marrant, ça : je suis un citoyen lambda, et je me suis fait exactement la même réflexion que François Bayrou. J'ai en tout cas appris avec plaisir que Charles de Courson (Nouveau Centre) avait déposé un recours devant le Conseil d'Etat. Comme il le dit fort justement, c'est une  « oeuvre de salubrité pour l'avenir».

  • Al Qaeda peut-il prendre le contrôle du Pakistan ?

    Les nouvelles ne me paraissent pas rassurantes au Pakistan : ce pays a longtemps joué avec le feu en encourageant en sous-main les Talibans en Afghanistan, persuadé que l'Amérique finirait par lâcher prise un jour là-bas. Seulement voilà, prisonnier de leur double-jeu, dans les zones tribales pachtounes, de nouveaux chefs sont apparus, cette fois liés directement à Al Qaeda et aux Talibans. Ces nouveaux chefs sont à la tête de groupes que l'ISI, les services secrets pakistanais, ne contrôlent plus. Ce sont eux qui ont mandaté l'assassinat de Benazir Bhutto. C'est eux contre lesquels se battent désormais les troupes pakistanaises. Ils ont probablement commandité l'attentat terroriste du Marriott hôtel à Islamabad. Si jamais ils devaient progresser au point de devenir la force majoritaire au Pakistan, l'inéluctable question du contrôle de l'armement nucléaire se poserait. On ne peut laisser à des fous aussi sanguinaires que dangereux le doit sur la détente de l'arme nucléaire. Dans un tel cas de figure, il n'y aurait plus d'autres solutions qu'une intervention militaire massive de la communauté internationale, quel qu'en soit le coût.

    Les deux tenants de l'alternative, vis-à-vis des Talibans est claire, et c'est Arnaud Hoyois (Quindi) qui l'a exposé dans une réponse à Edwy Plenel, sur MediaPart :

    C'est aussi le cas de votre différenciation des forces à vocation stabilisatrice de celles à vocation offensive (au sein de l'ISAF et non d'"Enduring Freedom"). L'une n'est pas possible sans l'autre, les talibans ne resteront pas cloitrés sur une partie du territoire s'ils ne sont pas contrés militairement (avec les pertes que cela représente). Ou alors, nous parlons d'un règlement institutionnel nouveau, d'un mandat de stabilisation nouveau, intégrant les talibans dans un cadre plus large, il faut le préciser, et pas éviter cette question pourtant essentielle pour l'avenir de l'Afghanistan. Des négociations ont d'ailleurs lieu avec les Talibans (et non Al Qaïda) sur le terrain avec les services de renseignement européens, les responsables de la PESD et l'ONU.

    Dans la suite de l'article, il détaille toutes les conséquences très lourdes qu'entraînerait le fait de laisser la main à des éléments incontrôlés et incontrôlables en Afghanistan. Et il y cite notamment la déstabilisation du Pakistan. Cet article a été écrit le 09 septembre 2008, et les faits semblent bien lui avoir donné raison...

  • L'art de ne pas trouver un emploi

    Stressés, nerveux, déprimés, ce matin ? Je vous offre une franche tranche de rire signalée par le sympathique et pittoresque blog Oui et Non : cela se passe ici, et même très précisément, . Il s'agit d'un jeune artiste quelque peu original, Julien Prévieux. Il a cherché pendant pas mal de temps un emploi en vain. Alors il a eu une idée excellentissime (même si très peu efficace pour trouver un emploi) : au lieu de répondre aux annonces par des lettres de motivation, il a envoyé des lettres de non-motivation ! Pour donner un avant-goût du genre, la première annonce est celle d'un Intermarché qui recherche un responsable de secteur alimentaire ; commentaires de Julien Prévieux dans sa réponse : il signale une coquille dans l'annonce initiale, informant l'auteur de l'annonce qu'il doit y avoir une coquille. En effet, il ne comprend pas le rapport de cause à effet entre l'envie de réussir et un salaire à 65% du SMIC durant 6 à 9 mois. Et il suggère à l'auteur d'éviter à l'avenir ce genre de bévues. Hilarant, surtout quand on lit, juste à côté, la réponse de la directrice adjointe de la grande surface. Plus loin, à une annonce d'agent administratif, il répond qu'il ne dispose pas d'assez de temps libre pour assumer la fonction. Pour un métier de coupeur de verre, il renvoie une lettre indignée invitant l'entreprise à se moderniser et énumérant tous les métiers disparus, au nombre desquels il estime que le coupeur de verre devrait figurer. Tout est de ce tonneau, et ceux qui vont lire le recueil vont bien rigoler. Le recueil est publié aux éditions de la découverte. Il ne coûte que 9.90 euros seulement. J'ai été tellement enthousiasmé que je viens de le commander à l'instant à mon libraire. Je pense que j'aurai l'occasion de parler à nouveau de ce livre dans la catégorie "lectures" de ce blog très prochainement :-D

  • A quand l'industrie verte ?

    Je vais bientôt acheter le livre de Jean Peyrelevade sur l'échec historique de Nicolas Sarkozy. D'après ce que j'en entends, il y a un aspect qui va fort m'intéresser. A ce que j'ai cru comprendre, et contre l'avis dominant qui ne s'attache qu'aux activités de service, il propose de miser sur une réindustrialisation de la France.

    Nous ne pouvons pas rivaliser avec les pays émergents sur des biens industriels à faible technologie et faible valeur ajoutée. Mais, sur des technologies innovantes, nous pouvons encore rattraper le train de la modernité.

    Au MoDem, nous avons une véritable chance : nous avons avec nous les militants les plus intelligents de la mouvance écologique, avec à leur tête la brillantissime Corine Lepage. Je parle de Cap21, bien sûr. Ce sont les seuls, à ma connaissance, à raisonner en termes de stratégie industrielle pour l'écologie. Car pour ce qui est des Verts...Mis à part demander la régularisation massive des sans-papiers, emmerder les automobilistes dans les grandes villes et prôner la décroissance, on peut dire que leur bilan est proche du néant alors même qu'un boulevard s'ouvrait pour eux au début des années 90 et qu'ils ont eu une ministre sous le gouvernement de gauche de Lionel Jospin. En Allemagne, le bilan des Grungen n'a pas l'air fameux non plus, tout du moins, dans les domaines économique et industriel. Les mouvements écologiques alternatifs se sont montrés généralement plus pressés d'avancer leur gauchitude que de faire avancer la cause écologiste par des mesures concrètes et réalistes.

    Le malheur, c'est qu'en France, nous aurions les technologies pour lancer un audacieux programme industriel, mais qu'aucune volonté politique n'appuie une telle possibilité. Nous nous endormons sur nos lauriers, nous satisfaisant en matière de haute technologie du pis-aller que représente le nucléaire.

    Symptômatique, l'automobile. Aujourd'hui, Honda commence à commercialiser des véhicules à hydrogène. Ils ne sont toutefois pas aussi propres qu'il y paraît puisqu'il faut du méthane pour produire l'hydrogène consommé par ces véhicules, or, cette ressource est fossile. A côté de cela, dès 2002, peugeot avait réalisé un bijou technologique : le concept car h2O, véhicule convertissant de l'eau en hydrogène via du borohydrure de sodium, une sorte de sel.

    Nous n'avons certes plus d'argent, et nos déficits plombent nos moyens d'action, mais, nous aurions pu, à l'époque, via la commande publique en équipement favoriser le production en série d'un tel véhicule en passant une commande massive. Au lieu de cela, le concept car h2o est demeuré un beau jouet technologique. Notre système juridique ne prévoit même pas d'homologuer autre chose que de l'essence ou du diesel sur les cartes grises, à la rigueur du GPL. Actuellement, on ne pourrait pas vendre des automobiles à hydrogène à cause de cela.

    Quand Schumpeter décrit l'ouragan capitaliste, chaque fois qu'une révolution industrielle se produit, il est clair : adieu, entreprises qui n'ont su s'adapter. Sommes-nous condamnés à devenir une nation en voie avancée de désindustrialisation ?

    La nouvelle révolution industrielle est là, et elle est verte. Si nous ne nous positionnons pas très vite sur ces nouveaux créneaux très porteurs, par une politique volontariste et massive, il ne nous restera pas même le wagon à bestiaux pour monter dans le train de l'innovation.

    Ce que j'attends du MoDem, désormais, c'est un programme politique bien plus engagé en ce sens, afin de rompre définitivement avec les énergies d'antan et un modèle économique d'exploitation des ressources complètement périmé, car non-viable à terme. Soyons les premiers à partir pour ne pas être les derniers à arriver, voire pire, ne jamais franchir la ligne d'arrivée...