Je crois que le rapport que je viens de lire est le pire de tous ceux que j'ai lus sur le baccalauréat.
Je résume : le sénateur Legendre propose en fait de donner le baccalauréat au maximum de personnes possibles et d'anéantir les filières. On va enfin avoir la médiocrité pour tous, et surtout, un bac et un lycée qui ne coûtent pas cher, avec quelques matières principales et une ou deux spécialités.
Mais il se f... de notre g.... ou quoi ?
La seule proposition qui me paraît acceptable, c'est d'étaler le bac sur deux ans. Le reste n'a pour objectif que de créer un bac light, qui n'aura évidemment, à terme, plus aucune valeur pour rentrer dans les universités.
Au passage, je suis plus que déçu de constater que Madame Morin-Desailly, que je croyais une femme de culture, co-signe une telle foutaise.
Donc, le rapport reprend l'objectif démagogique de 80% d'une classe d'âge au bac. C'est ça qui est "bien", pour l'Education aujourd'hui, c'est que l'on n'arrive plus à distinguer la gauche de la droite...Mêmes slogans, même blabla infâme, mêmes hypocrisies.
Dans les propositions à la c..., il y a la 9, par exemple :
- Supprimer les coefficients pour les épreuves de tronc commun et les options facultatives.
Chapeau : cela signifie que l'on envoie ch.. tous les candidats qui ont fait l'effort de poursuivre une option pendant des années et qu'en même temps, on ne fait plus de différences entre les mathématiques et la natation pour quelqu'un qui aspire à poursuivre des études d'ingénieur. Question pour un champion : et comment les Universités , et a fortiori les classes préparatoires vont recruter leurs étudiants ? On aura un système encore plus hypocrite, soit d'accès sur concours (et je peux vous garantir qu'il sera coefficienté, celui-là) soit de sélection sur dossier avec des disciplines qui se verront à nouveau attribuer des coefficients.
Du flan, une fois de plus. J'ai dit que l'on se payait de mots en France. On comprend donc très bien que les voeux pieux resteront pieux, et que, ce qui compte, c'est la modification de la structure du bac, donc du lycée, qui permettra de faire des économies massives sur le dos de l'Education Nationale. Ben oui : moins d'options, moins de matières, moins de postes d'enseignants. Et ce n'est pas grave si l'on forme des boeufs et des ânes, au point où l'on en est...
Et l'idée de créer une seconde de détermination, c'est un tour de passe-passe pour faire passer de 3 ans d'études à une séquence trimestrielle, comme le dit le rapport, les matières qui auront été supprimées.
Tenez, je vous le donne dans le mille, l'étape suivante, ce sera le rétablissement de concours d'entrée dans les Universités. Et là, il vaudra mieux être passé par de coûteuses écoles préparatoires que par la m...e que sera devenu le lycée public.
Ce rapport est un torchon, et il faut lutter contre de toutes nos forces de démocrates. Je dénonce ce miroir aux alouettes et invite tous ceux qui sont attachés à la culture et à l'Education à ne pas se laisser avoir par les bonimenteurs.
Ce rapport devrait renommé et intitulé beaucoup plus exactement : entreprise de destruction du lycée et du bac.
Ce n'est pas demain la veille que l'on va la voir partout, la filière d'excellence dont nous avions rêvé avec Bayrou...je rappelle ses propos lors du colloque de l'UDF du 11 mars 2006 sur l'éducation (c'est ce colloque-là qui m'a fait adhérer à l'UDF !!!)
Notre vision, la même que celle qui est défendue par Patrick Weil, est toute différente. Si sélection il doit y avoir, vers des filières d’excellence, assumons la. Et donnons égal accès à tous les établissements à ces filières d’excellence. Si par hypothèse, ce sont dix pour cent des élèves que l’on accepte de sélectionner, alors offrons dix pour cent du nombre de ses élèves à chaque établissement. Et si l’on veut être tout à fait juste, conservons un volant de places offertes à un concours national ou académique pour ne pas pénaliser à rebours les bons élèves concentrés.
Et quand je pense que Bayrou, dans le même colloque, voulait faire de la Terminale la classe d'entrée à l'Université :
Et je voudrais rapprocher la réflexion sur la terminale de la réflexion sur l’entrée à l’université et les quelque quarante pour cent d’échecs très lourds que cette entrée à l’université comporte.
Vous vous souviendrez sans doute que la réforme de l’université intervenue en 1996 créait un semestre d’orientation à l’entrée de l’université.
Je pense qu’il faut aller au-delà et penser la terminale non pas comme la fin des études secondaires, mais comme le début des études supérieures, comme une propédeutique, une classe préparatoire à l’enseignement supérieur.
Pauvre Bayrou ! et pauvres de nous ! Heureusement qu'il a refusé toutes les offres de Sarkozy et de l'UMP, parce qu'on n'aurait pas assez de vinaigrette pour accompagner tous les chapeaux qu'il faudrait manger, à l'heure actuelle...
Post Sciptum (comprendra-t-on encore un jour cette locution latine, le jour où le bac light sera en place ?) : les syndicats sont manifestement tout prêts à se faire entuber, si l'on en juge le texte commun qu'ils ont signé avec Xavier Darcos...
Il vont y parvenir, Sarkozy et Fillon : oui, ils vont réussir à dégommer notre système éducatif, et notamment le bac, que Fillon voulait déjà suppruimer quand il était Minsitre de l'Education Nationale...