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L'Hérétique (Démocratie et hérésie économique) - Page 35

  • Chouette, un pote de gauche qui vote UDI-MoDem !

    Savoureuse discussion, ce midi, avec un collègue de travail. Il entreprend d'évoquer les européennes de ce dimanche et ses intentions de vote et me dit tout de go :

    «Tiens, je vais te dire quelque chose qui va te faire plaisir : je vais voter UDI-MoDem à ces élections. Ce sont les seuls qui ont une ligne européenne claire».

    Hop, une voix de plus pour Marielle et les Européens :-)

    C'est intéressant parce qu'on a discuté des postures des différentes listes mais surtout du gouvernement. Comme moi, ce collègue est exaspéré par les doubles discours (qu'il reprochait déjà à Sarkozy et à l'UMP) sur l'Europe, et tout particulièrement l'anecdote que je relevais dans un précédent billet : rien de plus hypocrite et misérable que Moscovici, Ayrault ou Hollande expliquant que le précédent gouvernement allait négocier son déficit à Bruxelles.

    Ça me chauffe quand j'entends ça. Bordel, les commissaires de Bruxelles sont nommés par les États ! Alors pas la peine de venir pleurnicher après alors que l'État ne fait en réalité qu'appliquer ses propres décisions.

    Et d'un.

    Bordel de m...On ne réduit pas notre déficit pour faire plaisir à Bruxelles mais bien plus prosaïquement parce que c'est une obligation économique. Vivre en empruntant indéfiniment et dépenser toujours plus, ça s'appelle du surendettement. Tous les particuliers qui l'ont vécu savent très bien comment cela finit : par une catastrophe personnelle. L'État a beau avoir les épaules plus solides que le particulier, qui peut imaginer un instant qu'il en ira autrement pour lui ? Foutage de gueule.

    Et de deux.

    J'ai vu le Front de Gauche qui distribuait des tracts. On est au moins d'accord sur le premier point, c'est écrit noir sur blanc chez eux : le gouvernement se moque du monde en accusant Bruxelles puisque Bruxelles est une émanation du gouvernement. Content qu'on se retrouve au moins sur ça.

    Ça s'arrête là, toutefois, le copinage avec le Front de Gauche. Il propose de voler tous ceux qui ont prêté de l'argent à la France de deux manières : en ne remboursant plus, purement et simplement, ou alors, plus subtil, en dévaluant tellement l'euro qu'il ne vaudra plus que des clopinettes pour ceux qui ont prêté de l'argent aux États européens. Cet aspect, malheureusement pour le Front de Gauche ne vaut que pour ceux qui ont prêté de l'argent en dollars à la France. Pas de chance, l'essentiel de nos prêteurs sont européens. En somme, le Front de Gauche nous invite à être malhonnête avec tous ceux qui ont été sympas avec nous. J'ajoute qu'une dévaluation aurait comme qui dirait un "léger" impact sur toutes les importations hors zone euro, et il y en a un paquet. Les ménages français se serreraient la ceinture, au sens propre, pas au sens figuré...

    Enfin, le Front de Gauche reste un parti qui propose tout de même un programme européen. Rien de tel avec le FN qui a juré d'avoir la peau de l'euro. Petit problème : 26% des Français y sont favorables contre près de 60% qui sont contre...De toutes façons, le problème n'est pas l'euro mais ce qu'on en fait. Le FN se plante complètement d'analyse (rien de nouveau sous le soleil, d'ailleurs).

  • Marielle de Sarnez, une eurodéputée influente

    Instructif le classement réalisé par une professeur de l'ESSEC avec le Groupe des Belles Feuilles. Il s'agissait d'établir un classement d'eurodéputés en prenant en compte non seulement l'assiduité et les interventions mais aussi l'influence.

    Je ne suis pas surpris de retrouver Marielle de Sarnez et Sylvie Goulard aux 4ème et 5ème places de ce classement. L'une a publié en 2009 un abécédaire de l'Europe puis tout récemment, début 2014, un livre d'entretiens intitulé l'Urgence européenne. Elle informe également tous les curieux de l'actualité parlementaire européenne avec sa lettre mensuelle.

    Quant à Sylvie Goulard, j'entame avec gourmandise son Europe pour les Nuls .

    Nous avons besoin d'eurodéputés qui sont investis et connaissent leurs dossiers. Marielle de Sarnez et Sylvie Goulard sont de ce bois-là.

    Marielle de Sarnez relevait dans son dernier ouvrage, l'Urgence européenne, que les peuples n'en pouvaient plus, ne supportaient plus de voir tout se négocier à leur insu. Ainsi, bien que les centristes se soient montrés favorables à l'ouverture de négociations commerciales avec les USA (ça ne mange pas de pain, après tout) dès qu'ils ont constaté les premiers dérapages et l'absence de débat public, ils ont rétropédalé sur le champ, d'abord en s'abstenant lors du second vote au parlement sur ce sujet, puis, à partir du mois de septembre 2013, en dénonçant vigoureusement l'opacité totale des négociations. Enfin, ces deux derniers mois, constatant l'absence d'avancées démocratiques sur un sujet d'une telle importance, ils se sont résolus à s'opposer frontalement au traité avec entre autres une tribune retentissante de Jean Arthuis sur la question.

    Marielle de Sarnez, l'une des premières à tirer la sonnette d'alarme, est d'autant plus légitime à le faire qu'elle fait partie de la commission commerce international de l'ADLE depuis 2009. On peut dire qu'elle maîtrise son sujet et sait de quoi elle parle quand elle l'aborde.

  • Marielle de Sarnez, l'anti Marine Le pen

    Je sais que Marielle de Sarnez et Marine Le pen ne se présentent pas dans la même circonscription européenne mais j'ai choisi de les comparer parce qu'elles représentent, me semble-t-il, deux figures radicalement opposées en politique. 

    J'ai achevé la lecture de l'Urgence européenne, et je crois que Marielle de Sarnez y énonce un principe très fort qui est aux antipodes des convictions des Le pen, père et fille. Un jour, Jean-Marie Le pen a déclaré « je préfère mon frère à mon cousin », « mon cousin à mon voisin » et « mon voisin à un étranger »… C'est la vision des Le pen. Des identités exclusives les unes des autres, ou, tout du moins, qui s'affrontent. Quelle meilleure réponse que celle de Marielle déclarant à la page 17 de son livre :

    On vit dans un monde où l’on peut additionner les appartenances, les citoyennetés. Ainsi, je me sens citoyenne de ma ville, de mon pays, de l’ensemble européen mais aussi du monde.

    Nous sommes avec cette déclaration au coeur même du principal affrontement de cette campagne. Le FN, ses électeurs, les Le pen, pensent que l'Europe est mauvaise, qu'elle est une nuisance pour la France parce qu'ils n'imaginent pas la France dans l'Europe. Ils se perçoivent comme Français et exclusivement Français et non comme Français au même titre qu'ils sont Européens. Et pourtant, ces deux identités existent, coexistent, même sans qu'elles soient d'une quelconque manière une menace l'une pour l'autre. 

    L'Europe est forte de ses nations et les nations européennes sont fortes de l'Europe.

    Marine Le pen essaie de constamment maintenir les Français dans la peur de l'Europe, de nos plus proches alliés et nos plus anciens amis. Ne trouve de grâce à ses yeux que Poutine dont on voit l'exercice du sentiment démocratique tous les jours dans son propre pays...

    Qui préfère vivre dans la Russie de Poutine qu'en France ?

    Mais Marielle de Sarnez, c'est aussi l'anti-européisme. L'européisme, ce sont les Bolkenstein, les Barroso, les technocrates qui sont constamment dans le déni du fait national et se méfient des peuples.

    A cela, Marielle de Sarnez oppose le principe le plus fondateur de la démocratie sociale à laquelle aspirent les centristes et les libéraux en général : la subsidiarité.

    La subsidiarité c'est quoi ? La subsidiarité, c'est de vouloir que ce ne soit pas l'échelon supérieur qui décide systématiquement ce qui est bon pour l'échelon local. En réalité, c'est le local qui sait ce qui est bon pour lui, et c'est donc à lui que revient la première décision. Et une démocratie qui fonctionne bien donne les pouvoirs nécessaires à chacun des échelons dans son rayon d'action.

    Ainsi, Marielle de Sarnez est à équidistance de deux menaces : le repli identitaire d'un côté, et son effacement de l'autre.

    Ce que je dis de Marielle parce que j'ai lu son livre (et les précédents, d'ailleurs) vaut pour l'UDI-MoDem dans son ensemble. Tout le projet est imprégné de ces deux principes fondateurs.

  • Bayrou, lui au moins, demande l'avis des enfants

    Puisse Bayrou inspirer les maires et les idéologues qui sévissent dans les officines gouvernementales. Je l'avais relevé il y a près de deux semaines, c'est le seul à avoir eu le bon sens de consulter les écoliers de Pau sur les rythmes scolaires.

    Cela me frappe depuis le début, dans cette histoire, les enfants sont les seuls dont personne ne demande l'avis. Académie de médecine, chronobiologistes, associations de parents d'élève (FCPE), inspecteurs et recteurs zélés, conseillers occultes de la rue de Grenelle, journalistes autoproclamés experts, tous décrètent que l'enfant est fatigué par tel ou tel horaire, n'hésitant pas à se contredire avec un bel ensemble la plupart du temps.

    La réaction des associations locales de parents a été tout à fait édifiante : la FCPE estime que la réforme est pliée et qu'il ne faut pas revenir dessus, la PEEP botte en touche en déclarant qu'il est trop tard pour réajuster les horaires de la rentrée prochaine.

    Bref, on a compris, il ne faut pas consulter les enfants, en somme.

    Ce qui est drôle, d'ailleurs, quand on lit les commentaires en général sur ce thème, c'est que cette idée simple et évidente ne traverse jamais l'esprit d'aucun commentateur. Chacun défend avec morgue et arrogance sa position sans jamais se soucier de ce que ressentent les enfants. Il est plus simple de parler en leur nom...

    Je ne sais pas ce que Bayrou retiendra de sa consultation, mais j'espère qu'il saura en faire son miel, et je le félicite, dans tous les cas de figure, d'avoir simplement pensé à la faire.

  • FN et protectionnisme : le prix à payer

    C'est triste mais c'est un fait établi, il ne suffit pas de clamer la vérité pour obtenir l'attention et l'assentiment des Français.

    Le sentiment européen est dans un sale état en France, en dépit de la défense courageuse à laquelle se livrent les seuls partis européens dignes de ce nom en France, l'UDI et le MoDem.

    Que dire ? Comment veut-on que l'Europe puisse avoir bonne presse quand on a vu ramper ou rouler du tambour de guerre les gouvernements successifs de Nicolas Sarkozy et de François Hollande ? Quand Moscovici et Hollande à l'automne dernier assurent qu'ils vont aller "négocier", comme ils disent, le report de leurs obligations à Bruxelles, ils se moquent du monde dans les grandes largeurs. 

    Les traités, on les a signés. Les pouvoirs, c'est nous qui les donnons à la Commission. Et si elle finit par jouer le gendarme, c'est bien parce que nous, Français (mais aussi d'autres pays européens) la chargeons du mauvais rôle faute d'avoir l'honnêteté et le courage d'endosser les conséquences de nos mauvaises décisions.

    La Commission n'est pas toute blanche non plus : les Commissaires arrogants qui la composent ont pris la grosse tête et se croient (à tort, au demeurant) tout puissants, se permettant de porter un oeil sévère sur les États. En réalité, ce ne sont que des fonctionnaires et ils n'ont vocation qu'à éclairer les États d'éventuels conseils et avis mais c'est tout.

    En face, il y a l'extraordinaire mauvaise foi des populistes à commencer par Marine Le pen. Si nous devions retourner à l'euro et frapper nos importations de taxes suffisantes pour les rendre non-concurrentielles face à la production française, il va de soi que leur prix augmenterait significativement. Mais si nous dévaluions notre monnaie en même temps, le coup de bambou serait violent.

    C'est tendance de cracher sur la concurrence, mais quelques petits calculs devraient remettre les pendules à l'heure. Nous croyons avoir perdu en pouvoir d'achat, vivre moins bien que nos parents mais examinons de quoi sont constituées nos possessions à l'intérieur de nos foyers. Un exemple simple : début 1990 un ordinateur coûtait 10 000 francs (je pense à un Mac LC, par exemple) soit 1500 euros d'aujourd'hui en valeur courante (bien plus en valeur constante). Un Smic, à l'époque, c'était environ 6000 francs nets par mois. Aujourd'hui, on trouve aisément des ordinateurs tout neufs et performants à 300 euros. Notre SMIC est à environ 1300 euros nets. En somme, le prix des ordinateurs a été divisés par 4. Je n'ai plus en tête le tarif des écrans plats ou des lecteurs de DVD, mais c'est encore plus frappant. L'écran plat au début des années 90 était un luxe de riche, il est devenu accessible à tous aujourd'hui. C'est parce qu'il existe des coûts de production bas dans les pays émergents et bien sûr, d'importants progrès technologiques, que de tels achats sont devenus possibles.

    Ce que je dis pour l'équipement électronique s'applique à un certain nombre d'aliments. Il y a 25 ans, les patates douces, l'igname, la mangue, la grenade et bien d'autres fruits coûtaient cher. Aujourd'hui, la patate douce est à peine plus cher qu'une pomme de terre. C'est un légume que je me souviens avoir payé près de 50 francs le kilo au milieu des années 90. Il n'est qu'à 2 à 3 euros le kilos soit l'équivalent de 18 francs en monnaie courante (mais plutôt 5 à 6 francs en monnaie constante).

    Un système de barrières douanières comme le prône Marine Le pen aurait vite fait de nous revenir en pleine face comme un boomerang. 

    La réalité c'est que nos accords commerciaux particulièrement avec nos alliés européens nous ont permis un enrichissement considérable. Les problèmes que nous vivons (le chômage, le coût de l'immobilier et le santé, les déficits de nos caisses de mutualité) ne sont pas le fait de l'Europe mais de fautes stratégiques graves et de mensonges de toutes sortes.

    C'est un sport national de faire porter le chapeau à l'Europe depuis des années, mais qu'on se le dise, à ce jeu-là, Marine Le pen sera plus forte que le PS et l'UMP. Ce que ne comprennent pas ces deux partis, c'est qu'il est incohérent au possible d'appeler un grand vote en faveur de l'Europe après avoir passé son temps à la dénigrer quand ils étaient au pouvoir tour à tour.

    Il y a des choses à améliorer en Europe, mais je crois l'UDI et le MoDem beaucoup plus fiables que tous les autres partis dans ce domaine. Qu'on consulte leur excellent programme pour s'en convaincre.

  • Programme de l'Alternative pour l'Europe : profonde satisfaction !

    Quelques uns de mes lecteurs le savaient, tous ces mois derniers, j'ai travaillé secrètement sur le programme du MoDem pour les européennes. Hélas, je ne suis pas parvenu à rendre quelque chose de complet, et j'en étais mortifié. Heureusement, je n'ai pas été le seul à oeuvrer et je viens de découvrir avec ravissement les propositions de l'Alternative.

    C'est le programme parfait. Europhile sans eurobéatitude, il est parfaitement calibré. Ni trop, ni pas assez. Exactement ce qu'il faut. Convergences sociales, projet d'un droit du travail européen, fiscalité européenne convergente, refus des abus associés au statut de travailleur détaché (fini le dumping social), conventions collectives européennes, que du bon, en somme.

    Sur les normes, je suis très content aussi, c'est un peu mon dada, comme plusieurs des habitués du blog auront pu le remarquer. Souhait que les normes européennes s'appliquent à tous les produits importés y compris dans le domaine environnemental (création d'une taxe carbone de compensation pour les produits extérieurs à l'Union). Normes sanitaires européennes prioritaires dans toutes les négociations, très bien, et traçabilité des produits avec marquage d'origine y compris pour les fabrications industrielles. Je suis extatique, là :-)

    Mise en avant de l'économie circulaire avec promotion du recyclage, objectif d'auto-suffisance alimentaire dans le domaine agricole, très bien également.

    Dans le domaine de l'immigration, quotas par pays et par métiers. Pas mieux, mais j'en exclurais les étudiants (je veux dire par là que cela ne me paraît ni nécessaire ni souhaitable de leur imposer des quotas). Police européenne des frontières. Bien.

    Côté transparence des institutions, un président européen élu au suffrage universel direct, je suis à fond pour et plus de pouvoirs pour le Parlement européen notamment dans le domaine législatif. La transparence des décisions prises par les Chefs d'État dans les Conseils européens est à mon avis un voeu pieux, mais, il faut le conserver comme ligne d'horizon.

    Dans le domaine culturel, maintien du soutien à la création (l'exception culturelle, mais ça, je crois que les partis français sont tous d'accord sur ce point).

    Je suis très content de ce programme. Il est excellent, il représente vraiment l'idée que je me fais de l'Europe, et encore, je n'ai pas tout dit. Le MoDem et l'UDI ont bien bossé, ce programme sera facile à porter.

  • UDI/MoDem comment capitaliser sur leur popularité ?

    Les cotes de popularité du MoDem et de l'UDI affichent une forme insolente dans le dernier sondage BVA du mois d'avril. 51% de bonnes opinions pour l'UDI, 48 pour le MoDem. L'UMP est loin derrière à 39% et toutes les autres formations en-dessous de 29%. De surcroît, les deux partis centristes ont une cote positive, c'est à dire moins de mauvaises opinions que de bonnes : 51 contre 43 pour l'UDI, 48 contre 47 pour le MoDem. Depuis leur association, leurs deux courbes sont devenues jumelles, se suivant à la trace. Et ce n'est pas tout : les deux principales têtes centristes, Bayrou et Borloo, caracolent aux premiers rangs des courbes d'influence et d'avenir.

    De ce côté-là, les indicateurs sont au beau fixe. 

    La difficulté est de parvenir à capitaliser toutes ces bonnes opinions aux élections européennes. Les centristes souffrent d'un handicap : si les Français connaissent tous Bayrou et Borloo, ils peinent à mettre un nom sur la plupart des autres figures centristes. A cela s'ajoute le cap traditionnel des centristes, toujours en faveur de l'Europe au moment où cette dernière n'a pas vraiment bonne presse, c'est le moins que l'on puisse dire.

    Le camp centriste a le mérite de toujours avoir proposé comme candidats des européens sincères, des bosseurs souvent experts, intéressés par les questions européennes. A côté de cela, UMP et PS recasent sans vergogne les défaits et les inaptes de leur propre camp à quelques exceptions près.

    La foi européenne des centristes parviendra-t-elle à bousculer des montagnes ? Je l'espère. Une chose dont je suis certain, et que je partage avec mes amis centristes, c'est que la France a tout à perdre, compte-tenu de son état, à affronter seule la mondialisation qui affecte toutes les économies du monde. Il est très difficile d'imposer ses règles tout seul, pour un pays moyen, mais à plusieurs on le peut. Et s'il se trouve que les partenaires que l'on choisit partagent à peu près vos préoccupations (n'est-ce pas le cas des autres Européens plus que tout autre ?) c'est plus facile.

    Analysons la situation de la France : de quels maux serait responsable l'Europe ? En réalité, aucun. Tout ce dont nous souffrons vient de chez nous.

    L'Alternative, c'est à dire le MoDem et l'UDI, porte l'idée européenne plus que tout autre. Il faudra lui donner les moyens de peser en votant pour elle afin de réformer l'institution européenne qui a bien besoin d'efficacité, de solidarité et de transparence.

  • Mutualiser les dettes : une arnaque ?

    Même si officiellement, l'idées d'eurobonds a le vent en poupe au sein de l'Alternative, ou, au moins du MoDem, je me montre de plus en plus sceptique.

    Il y a un problème de fond : nous demandons aux autres peuples européens d'être solidaires des excès des plus dépensiers, et ce alors qu'ils continuent à emprunter pour dépenser toujours plus. Et quand je dis ça, je compte la France dans le lot.

    L'euro, c'est bien sympa, mais il finira par succomber à l'inconséquence des paniers percés. Il faut remettre les choses à leur place : c'est assez insupportable de voir accusés les pays du nord ou l'Allemagne de manquer de solidarité simplement parce qu'ils ont une gestion plus rigoureuse que l'Espagne, la Grèce, l'Italie ou la France.

    Ces pays ont fait déjà beaucoup d'efforts pour des problèmes qui ne sont pas les leurs. Trop facile de dépenser et de demander ensuite la couverture de pays plus sérieux pour pouvoir continuer à dépenser plus que ce que l'on gagne.

    Que l'on réfléchisse un peu : que se passerait-il à votre avis, dans une famille, si un cousin ou même un frère ou une soeur se comportait ainsi ? Cela se passerait mal et même les parents les plus proches finiraient par cesser de prêter au plus prodigue, d'autant plus généreux que l'argent ne serait pas le sien.

    Les eurobonds, c'est se donner une nouvelle facilité pour continuer à dépenser encore plus l'argent que l'on n'a pas. Si on ne veut pas avoir de soucis avec les taux d'emprunt, c'est très simple, il suffit de présenter un budget en équilibre et le problème est réglé.

    C'est à chaque pays de réfléchir à ses dépenses. Le principe général qui consiste à faire toujours payer à certains les dépenses des autres commence à bien faire, et ce que je dis pour les États vaut aussi pour les individus et les impôts.

    Tenez, par exemple : il paraît que la fonction publique territoriale a trouvé moyen d'embaucher 31 000 fonctionnaires supplémentaires ces dernières années. Nous en avons les moyens ? Ou même seulement la nécessité ?

    J'ai une idée simple : finie la redistribution via l'État. Que chaque commune finance ses dépenses avec ses seuls revenus, c'est à dire les impôts qu'elle perçoit et, tant qu'à faire, l'interdiction de contracter la moindre dette. Plus de dotation de l'État. L'impôt au plus proche, rien de mieux que la proximité.

    Je suis certain que nombre d'édiles commenceraient à y réfléchir à deux fois avant de préparer de nouvelles et somptuaires dépenses.

  • Le protectionnisme est l'enjeu principal des Européennes

    On n'évitera pas d'appeler un chat par son nom dans ces élections : la défiance que manifestent beaucoup d'Européens envers l'Europe provient de ce qu'ils jugent qu'elle ne les protège pas et que de surcroît, à la place, elle lui impose une flopée de règlements plus tatillons les uns que les autres.

    L'actuel débat sur le traité transatlantique ou TTIP traduit au fond la divergence entre les préoccupations des euro-députés et celles des Européens. Les enquêtes d'opinion le montrent clairement, les Européens sont favorables à un resserrement général de leur commerce sur leur propre territoire.

     Quand les eurodéputés ont lancé il y a quelques années un débat sur les IGP, et la nécessité de protéger les "made in" ils se sont trouvés en phase avec leurs concitoyens.

    Les Français au même titre que le reste des Européens aspirent à ce qu'on ne leur force pas la main, à ce qu'on les informe et à ce qu'on ne les mette pas devant le fait accompli.

    La concurrence sur le marché du travail avec les pays émergents low-cost ou même certains pays nouvellement élargis de l'Union européenne est une préoccupation importante de nos concitoyens.

    Dans tous ces domaines, les Français souhaitent la mise en place de barrières parce qu'ils s'estiment victimes de règles injustes.

    En négociant des traités qui les lèvent, qu'il soit fondé ou non de le faire, les gouvernements et les eurodéputés vont exactement à rebours des opinions publiques d'un bon nombre de pays européens.

    Même au sein des électorats FN et Front de gauche on trouve en France une majorité favorable à la construction européenne. C'est la disjonction entre les représentants du peuple et les élus qui provoque ces votes-refuge protestataires.

    Ce serait encore une erreur de faire tourner le débat autour de la pertinence ou non des barrières douanières. On n'en est plus là, désormais, mais plutôt à se demander lesquelles on met en place.

    Bref, un nouveau passage en force provoquera une explosion de colère, fût-elle froide, au sein de la population.

    Nous devons cesser de parler de l'ouverture de nos frontières en permanence (et dans tous les domaines, d'ailleurs, pas seulement celui du commerce) mais commencer à évoquer au contraire leur fermeture et à quelle échelle.

     Ce ne sera qu'une fois des règles équitables et acceptées comme telles par les opinions publiques qu'on pourra avancer à nouveau et envisager des réouvertures acceptées par tous.

  • Traité transatlantique : désintox

    J'ai été surpris par la réaction d'un sympathisant MoDem, tout récemment, alors qu'il prenait connaissance des votes des élus MoDem sur la mise en place de négociations commerciales entre l'Europe et les USA.

    A l'origine, il s'est posé la question de savoir si les opinions publiques devaient être consultés avant d'entamer des négociations avec l'Amérique. Les députés MoDem ne l'ont pas jugé utile et cela choqué notre ami.

    Il y a maldonne sur les rôles des uns et des autres. Avant d'émettre un avis sur quelque chose, il faut bien qu'il y ait de la substance. Le Parlement européen a donné mandat à la Commission pour discuter avec les Américains et mener les négociations avant de revenir présenter des propositions aux Européens.

    A quoi cela servirait-il de consulter les opinions publiques avant coup ? Des traités commerciaux avec d'autres pays, la France en négocie tous les jours. On ne consulte pas pour autant tous les Français à chaque fois, ou, tout du moins, pas quand on commence à discuter.

    Cela devient pertinent quand les négociations prennent un tour qui n'est pas conforme à nos intérêts. C'est à ce moment-là que l'action de parlementaires avisés prend tout son sens. La Commission est dans son rôle (un peu celui d'un gouvernement nommé) quand elle négocie, et les eurodéputés quand ils réagissent. C'est par exemple ce qu'a fait à juste titre Marielle de Sarnez dans sa lettre d'octobre 2013 sur la question des normes en mettant en garde contre de possibles dérives dans les négociations.

    FN, Front de gauche et même Verts essaient de faire passer les libéraux, les démocrates, les sociaux-démocrates et la droite pour le Diable parce que tous se sont montrés favorables à la mise en place de négociations rapides. En réalité, ces trois partis sont a priori défavorables à un traité global par simple détestation de l'Amérique, indépendamment de ce qu'il peut amener en termes de croissance et d'emplois. Une position dogmatique et sans nuance qui n'est pas à l'avantage de la France.

    Jean Arthuis, le candidat de l'Alternative dans l'Ouest aux Européennes se montre censé en récusant le traité tel qu'il se profile. Non pas le principe d'un traité, mais bien ce qu'il contient à l'heure actuelle.

    Ni le FN, ni le Front de Gauche ni les Verts ne peuvent se prévaloir d'avoir été des vigies. Ils ont voté contre à toutes les étapes et continueront à voter contre même si ce traité nous devient favorable.

    Le mandat donné à la Commission comporte quelques instructions à peu près claires : pas question de revenir sur les acquis européens et nationaux dans le domaine environnemental et sanitaire.

    Les anti-TAFTA primaires n'hésitent donc pas à mentir éhontément quand ils affirment le contraire et brandissent des épouvantails fabriqués de toutes pièces pour tenter de faire peur aux opinions publiques. Ce sont des menteurs et ils sont malhonnêtes.

    Cela n'exclut en revanche pas de demeurer vigilant à toutes les étapes de la négociation. Mais pour l'instant, je trouve que pas grand chose ne filtre de ce qui est vraiment négocié. Les inquiétudes s'expriment de toutes parts mais on peine à savoir sur quoi elles s'appuient exactement.

    J'attends pour ma part de disposer d'éléments précis avant de me prononcer.