On n'évitera pas d'appeler un chat par son nom dans ces élections : la défiance que manifestent beaucoup d'Européens envers l'Europe provient de ce qu'ils jugent qu'elle ne les protège pas et que de surcroît, à la place, elle lui impose une flopée de règlements plus tatillons les uns que les autres.
L'actuel débat sur le traité transatlantique ou TTIP traduit au fond la divergence entre les préoccupations des euro-députés et celles des Européens. Les enquêtes d'opinion le montrent clairement, les Européens sont favorables à un resserrement général de leur commerce sur leur propre territoire.
Quand les eurodéputés ont lancé il y a quelques années un débat sur les IGP, et la nécessité de protéger les "made in" ils se sont trouvés en phase avec leurs concitoyens.
Les Français au même titre que le reste des Européens aspirent à ce qu'on ne leur force pas la main, à ce qu'on les informe et à ce qu'on ne les mette pas devant le fait accompli.
La concurrence sur le marché du travail avec les pays émergents low-cost ou même certains pays nouvellement élargis de l'Union européenne est une préoccupation importante de nos concitoyens.
Dans tous ces domaines, les Français souhaitent la mise en place de barrières parce qu'ils s'estiment victimes de règles injustes.
En négociant des traités qui les lèvent, qu'il soit fondé ou non de le faire, les gouvernements et les eurodéputés vont exactement à rebours des opinions publiques d'un bon nombre de pays européens.
Même au sein des électorats FN et Front de gauche on trouve en France une majorité favorable à la construction européenne. C'est la disjonction entre les représentants du peuple et les élus qui provoque ces votes-refuge protestataires.
Ce serait encore une erreur de faire tourner le débat autour de la pertinence ou non des barrières douanières. On n'en est plus là, désormais, mais plutôt à se demander lesquelles on met en place.
Bref, un nouveau passage en force provoquera une explosion de colère, fût-elle froide, au sein de la population.
Nous devons cesser de parler de l'ouverture de nos frontières en permanence (et dans tous les domaines, d'ailleurs, pas seulement celui du commerce) mais commencer à évoquer au contraire leur fermeture et à quelle échelle.
Ce ne sera qu'une fois des règles équitables et acceptées comme telles par les opinions publiques qu'on pourra avancer à nouveau et envisager des réouvertures acceptées par tous.
Commentaires
Une bonne et juste analyse... les euro-députés sont pour beaucoup déconnectés de la réalité (il y a aussi les euro-députés qui n'ont rien à faire de leurs concitoyens et qui ont été élus pour leur confort personnel hélas !).
Sans doute faut-il se préparer à une abstention record aux prochaines élections !
Je ne suis en aucun cas favorable au protectionnisme......a chaque fois que les nations veulent faire du protectionnisme ça se retourne contre elles...cf la réponse a la crise de 1929....
de façon empirique on s'aperçoit que lorsque lorsque l'on fait du protectionnisme, les autres font la même chose et ça ne fait pas avancer l'économie réelle...
la notion de protectionnisme est associée au repli sur soi, au souverainisme, etc... est-ce que ces notions ont déjà fait avancer les choses?...NON bien évidemment.....
IL y a des choses que l'ont sait faire , que l'on peut faire en fonction de certains éléments...puis d'autres que l'on ne peut faire...d'ou il faut savoir commercer intelligemment sans se mettre de barrières...
le low cost des pays émergents permet a de nombreuses familles européennes de survivre, il ne faut pas l'oublier...
Ce n'est pas à l'opinion publique qui est souvent mal informée de gouverner, c'est aux politiques de savoir gouverner contre l'opinion publique dans le cas de graves crises économiques..... les politiques ne sont pas la pour se faire aimer et caresser l'opinion publique par des mesures démagogiques....
" Quand les eurodéputés ont lancé il y a quelques années un débat sur les IGP, et la nécessité de protéger les "made in" ils se sont trouvés en phase avec leurs concitoyens."
Je me souviens...Me souviens aussi que l'idée initiale regroupait ainsi une politique industrielle couplée à un volet social mais aussi écologique. Que l'on a retrouvé dans le programme de 2012 de F Bayrou. ;)
Très joli billet l'héré :)
Ce ne sont pas des barrières qui sont nécessaires mais des écluses afin de maitriser les flux de toutes sortes et éviter le siphonage économique d'un pays vers l'autre...
Le protectionnisme absolu est certainement pas une bonne solution (comme le fait remarqué Europium), mais une réglementation des échanges peut être intéressante surtout vis à vis de l’extérieur de l'U.E..
L'U.E lie intimement les pays qui l'a compose, il n'y a donc pas lieu de limiter les échanges.
Et vis à vis du reste du monde les pays européens ne peuvent pas imposer, seuls, une vision économique à leur partenaires. Mais ensemble l'Europe peut tout, et c'est bien là un des intérêt de l'Union.
Tout comme vous j'essaie de partager l'idée que l'Europe est une chance qu'il faut saisir (malgré ses imperfections) et non l'origine de tout nos maux.
http://certaines-idees.blogspot.fr/
@L' héré,
Jean A a récidivé avec sa TVA dite" sociale" alors à mon tour de replonger, quand on cherche à copier un modèle dans un but d'harmonisation, il faudrait veiller à s'assurer que les configurations soient à l'identique, or ce n'est pas le cas...
- courbe démographique non identique, bien au contraire
- elle a engendré un passage de retraite par répartition à celui par capitalisation, avec de nombreuses grèves.
- Le cout du travail en RFA et France sans TVA sociale est sensiblement équivalent.
- Les entreprises à l'instar des salariés bénéficient déjà d'exonérations fiscales sur les sommes versées dans des fonds retraites.
Bien sûr, le protectionnisme est une chose affreuse qui bloque l'économie réelle et que les pays sérieux ne pratiquent absolument pas. D'ailleurs, quand l'US Air Force a décidé de choisir Dassault pour un contrat de je ne sais plus combien de centaines de millions de dollars, le gouvernement US a pris ça avec beaucoup de fair-play et n'a absolument pas imposé à l'US Air Force de revoir sa copie et d'attribuer le contrat à Boeing ou à Lockheed...
Beurk ! Caca, le protectionnisme !