Je sais que Marielle de Sarnez et Marine Le pen ne se présentent pas dans la même circonscription européenne mais j'ai choisi de les comparer parce qu'elles représentent, me semble-t-il, deux figures radicalement opposées en politique.
J'ai achevé la lecture de l'Urgence européenne, et je crois que Marielle de Sarnez y énonce un principe très fort qui est aux antipodes des convictions des Le pen, père et fille. Un jour, Jean-Marie Le pen a déclaré « je préfère mon frère à mon cousin », « mon cousin à mon voisin » et « mon voisin à un étranger »… C'est la vision des Le pen. Des identités exclusives les unes des autres, ou, tout du moins, qui s'affrontent. Quelle meilleure réponse que celle de Marielle déclarant à la page 17 de son livre :
On vit dans un monde où l’on peut additionner les appartenances, les citoyennetés. Ainsi, je me sens citoyenne de ma ville, de mon pays, de l’ensemble européen mais aussi du monde.
Nous sommes avec cette déclaration au coeur même du principal affrontement de cette campagne. Le FN, ses électeurs, les Le pen, pensent que l'Europe est mauvaise, qu'elle est une nuisance pour la France parce qu'ils n'imaginent pas la France dans l'Europe. Ils se perçoivent comme Français et exclusivement Français et non comme Français au même titre qu'ils sont Européens. Et pourtant, ces deux identités existent, coexistent, même sans qu'elles soient d'une quelconque manière une menace l'une pour l'autre.
L'Europe est forte de ses nations et les nations européennes sont fortes de l'Europe.
Marine Le pen essaie de constamment maintenir les Français dans la peur de l'Europe, de nos plus proches alliés et nos plus anciens amis. Ne trouve de grâce à ses yeux que Poutine dont on voit l'exercice du sentiment démocratique tous les jours dans son propre pays...
Qui préfère vivre dans la Russie de Poutine qu'en France ?
Mais Marielle de Sarnez, c'est aussi l'anti-européisme. L'européisme, ce sont les Bolkenstein, les Barroso, les technocrates qui sont constamment dans le déni du fait national et se méfient des peuples.
A cela, Marielle de Sarnez oppose le principe le plus fondateur de la démocratie sociale à laquelle aspirent les centristes et les libéraux en général : la subsidiarité.
La subsidiarité c'est quoi ? La subsidiarité, c'est de vouloir que ce ne soit pas l'échelon supérieur qui décide systématiquement ce qui est bon pour l'échelon local. En réalité, c'est le local qui sait ce qui est bon pour lui, et c'est donc à lui que revient la première décision. Et une démocratie qui fonctionne bien donne les pouvoirs nécessaires à chacun des échelons dans son rayon d'action.
Ainsi, Marielle de Sarnez est à équidistance de deux menaces : le repli identitaire d'un côté, et son effacement de l'autre.
Ce que je dis de Marielle parce que j'ai lu son livre (et les précédents, d'ailleurs) vaut pour l'UDI-MoDem dans son ensemble. Tout le projet est imprégné de ces deux principes fondateurs.
Commentaires
Rhoo... :ppp
Je n'ai pas lu l'ouvrage, et m'en porte fort bien.
@L'héré,
Vous deviez vous en douter, n'est-ce-pas?
Je ne comprends pas votre démarche, elle me parait contre-productive...
Il me semble que votre billet repose sur une erreur somme toute assez répandue mais néanmoins fort agaçante : la confusion entre "ne pas aimer l'actuelle UE" et "ne pas aimer l'Europe".
Je me sens Français et Européen et je suis résolu à voter pour une liste dite "eurosceptique" ou, pour reprendre vos termes, "anti-Europe".
Pourquoi ? Parce que - tout comme vous d'ailleurs, je suis inquiet au-delà du dicible devant les dérives ultra-libérales des fous furieux qui entourent Barroso, que je ne leur fait pas confiance une seule seconde pour défendre mes intérêts dans l'actuelle négociation avec les USA et que je considère l'élargissement de l'UE comme une stupidité criminelle.
Et surtout, parce que je suis convaincu que le système est beaucoup trop vérolé pour être réformable.
L'élection du président de la Commission est un foutage de gueule d'amplitude cosmique, les référendums éventuels sont superbement ignorés (voir le TCE), et les commissaires sont choisis dans un même panier qui fait que de toute façon, si ce ne sont pas eux, ce sont leurs clones. La démocratie est inexistante et les peuples sont menés tambour battant et contre leur gré vers un avenir que je pressens effroyable.
Donc, la seule solution à mes yeux, c'est de foutre tout ça en l'air pour repartir sur les bases qui étaient celles de la CEE d'avant Maastricht, en essayant de tirer les leçons des erreurs commises.
Et pour autant, j'aime l'Europe. Mais pas l'actuelle UE.
Bonjour Christian
Si vous aimez l'Europe, ne votez pas pour ceux qui rêvent de la détruire.
Quant à ce constat :
«L'élection du président de la Commission est un foutage de gueule d'amplitude cosmique, les référendums éventuels sont superbement ignorés (voir le TCE), et les commissaires sont choisis dans un même panier qui fait que de toute façon, si ce ne sont pas eux, ce sont leurs clones. La démocratie est inexistante et les peuples sont menés tambour battant et contre leur gré »
Marielle de Sarnez ne dit pas autre chose. Je pense, me semble-t-il, que les eurodéputés centristes font tout de même partie de longue date de ceux qui réclament des débats publics sur l'Europe et dénoncent les passages en force.
Et pour l'écologie qui vous tient à coeur, vous avez pu constater que MoDem et EELV sont les deux partis les plus écolos par leurs votes...
J'ai l'impression de ne pas m'être fait comprendre. Je ne compte pas voter pour ceux qui "rêvent de détruire l'Europe" mais pour ceux qui rêvent de détruire l'actuelle UE, rêve que je partage.
Quant à Marielle, je ne lui fais pas plus confiance pour me représenter à Strasbourg que je ne puis lui faire confiance sur le reste depuis que je l'ai vue à l'oeuvre au MoDem. Désolé, mais chat échaudé craint l'eau froide.
Je me suis toujours méfié des révolutions de tout poil.
Je préfère de loin améliorer l'existant.
Construire demande de la patience et d'admettre la risque d'errements.
Marielle fait ce qu'elle dit et dit ce qu'elle fait.
Perso, mais je ne suis pas à la hauteur de votre éminence, je ne vois pas une grande différence de sens entre : « je préfère mon frère à mon cousin », « mon cousin à mon voisin » et « mon voisin à un étranger »… & "je me sens citoyenne de ma ville, de mon pays, de l’ensemble européen mais aussi du monde." La figure de rhétorique est la même, la formulation est peut-être plus habile.
Quant à votre souhait "Je préfère de loin améliorer l'existant", je comprend bien votre souci, mais améliorer l'existant avec les même qui l'ont construit aussi imparfait, est-ce bien raisonnable?
http://www.youtube.com/watch?v=D5wkLnpJkL8
@Michel,
Je voterai alternance, une part de moi là dedans, et si certaines choses m'ont chiffonnée quand à me positionner sur une liste ce qui m'aurait attachée et ligotée, je sais qu'elles n'ont aucune chance d'aboutir donc...
Sinon, en vérité le programme le plus aboutit de tout ce qu'il m'a été donné à lire sur le web est celui des européens.
Dans les médias papiers, il y a bien eu des résumés de programmes mais avec parti pris quand à l'extrait de l'essence.
Bonne soirée à vous