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L'Hérétique (Démocratie et hérésie économique) - Page 36

  • L'Alternative refusera le traité transatlantique

    Marielle de Sarnez, euro-députée MoDem, met en garde depuis de nombreux mois contre les conditions dans lesquelles se déroulent les négociations du traité transatlantique, un accord commercial entre l'Amérique et l'Europe.

    Elle dénonce l'opacité des négociations et exige leur mise à plat publique. Elle récuse tout abaissement des normes européennes au nom de ce traité.

    De son côté, Jean Arthuis, candidat de l'Alternative en Bretagne-Pays de Loire, Poitou-Charentes a publié une tribune pour s'opposer à ce traité. Je ne vais pas reprendre en détail cette dernière mais je rappelle que les centristes défendent depuis longtemps l'établissement d'appellations communes en Europe. Bayrou a porté le flambeau du Made in France et les eurodéputés centristes sont favorables à l'extension des IGP à d'autres produits que le textile et l'agro-alimentaire voire à la mention du pays d'origine, plus simplement. On ne les imagine pas un seul instant accepter de voir piétiner par Washington ce qu'ils promeuvent à Bruxelles.

    Il y a une bonne nouvelle, toutefois, dans l'histoire de ces négociations : à la fin, ce seront les gouvernements et le Parlement européen qui seront souverains. La Commission mène les négociations, mais elle n'a pas mandat pour prendre des décisions. D'où l'importance de voter aux prochaines élections européennes.

    Jean Arthuis a très bien fait de porter le débat sur la place publique. Je suis très étonné du silence de l'UMP et du PS sur un sujet d'une telle importance. Je sais tout de même que le PPE (dont est membre l'UMP) y est favorable et que les écologistes sont eux vent debout contre ce traité depuis le début.

    Je mets en garde contre les rodomontades du FN et de Marine Le pen. Je rappelle que son père et elle sont absents une fois sur deux lors des votes, y compris quand ils sont cruciaux.

    C'est facile de faire de l'esbroufe et de cracher sur l'Europe, mais quand il faut défendre la France et que l'on se montre aux abonnés absents, c'est le silence-radio à l'extrême-droite.

    Marielle de Sarnez est membre du comité stratégique sur l’accord de partenariat transatlantique entre l’Europe et les États-Unis mis en place par la ministre du commerce extérieur, Nicole Bricq. On peut, je le pense, compter sur elle pour se montrer très vigilante.

    La page du Ministère du Commerce Extérieur reprend les étapes de la négociation de ce traité.

    Les indispensables Décodeurs essaient de leur côté d'en décrypter les arcanes. Contre la cour, autre blog de qualité, assure une revue de presse mensuelle sur le sujet. Évidemment, ces deux blogs ont un point de vue parfois orienté sur le sujet, mais ils sont très bien informés et leurs décryptages sont précieux.

    Comprenons-nous : négocier pour demander l'ouverture de leurs marchés à nos partenaires n'est pas en soi une mauvaise chose. Ce qui est une mauvaise chose, c'est d'être les dindons de la farce et de nous retrouve ensuite inondés de poulets aux OGM ou de biberons au bisphénol A au nom de ce traité. Ou encore que les entreprises pollueuses ne soient plus comptables de leurs méfaits.

    On peut négocier mais à condition de ne rien lâcher sur nos normes. Je cite Marielle de Sarnez à cet effet :

    la question des normes, sur lesquelles beaucoup de questions se posent est essentielle. Il y a pourtant deux principes essentiels à rappeler.  Le premier est que nous, Européens, ne pouvons en aucun cas accepter un abaissement de nos propres normes. Le second est que les produits qui arrivent dans l’UE doivent respecter les normes européennes.

    Enfin, les différentes méthodes envisagées par les négociateurs : coopération, harmonisation, convergence, reconnaissance mutuelle posent question. Si on arrivait un jour, dans un monde idéal, à une seule norme mondiale,  cela serait aussi de nature à poser des difficultés. Je demande donc qu’on réfléchisse ensemble à ce problème.

    Un exemple à ce propos : celui des constructeurs automobiles. Il est vrai qu’il serait plus simple pour les fabricants de concevoir une voiture qui puisse se vendre à la fois en Europe et aux États-Unis. Mais il faut aussi penser aux consommateurs. Les consommateurs américains et européens ne veulent pas forcement rouler dans les mêmes voitures.»

    Voilà. Pas mieux pour moi, bien évidemment.J'en profite pour faire observer que l'opinion publique américaine est elle-même très attentive et défiante sur ce traité.

  • Sous-SMIC, la pire des mesures

    Je vois que Gattaz emboîte le pas au nuisible dont j'évoquais les délires il y a deux semaines. L'idée de Lamy de vouloir paupériser davantage les travailleurs en baissant leurs revenus conduira inéluctablement à une explosion. Bien sûr, les Gattaz, Lamy et compagnie font valoir que cela ne concernera que les jeunes afin de les aider à entrer dans l'emploi. Dans la réalité (pas le monde rêvé de ces sinistres individus) une concurrence sauvage s'établira et conduira à reverser d'autres franges de la population dans la précarité. 

    Ce qui me sidère c'est de constater à quel point ces individus n'ont même pas honte de proposer l'inacceptable. On cherche à construire un SMIC européen et pendant ce temps, eux aspirent à nous réduire à l'état de travailleur-prisonnier de camps nord-coréens.

    Les petits boulots mal payés vont évidemment remplacer ceux qui sont mieux payés et nullement créer des emplois. Il y aura des effets de transvasement et aucune création d'emplois à la clef, je suis prêt à en tenir la pari, sauf si les smicards d'aujourd'hui acceptent de perdre du pouvoir d'achat.

    On peut jouer sur les coûts salariaux pour regagner de la compétitivité, mais pas de cette manière. Le levier, ce sont les charges salariales et ce qu'elles financent. Les dépenses qui leur sont associées sont à reconsidérer. Il faut donc réfléchir du côté de la dépense publique (missions de l'État, protection sociale).

    Lamy et Gattaz ont tout faux.

  • Centristes, ne versez surtout pas dans l'eurobéatitude !

    Je suis très inquiet du début de campagne de l'Alternative. Non seulement ses premiers meetings ont été inaudibles, mais, bien plus inquiétant, le message délivré pourrait nous conduire droit à une gifle retentissante si nous persévérons dans l'erreur.

    Il ne faudrait surtout pas se contenter de clamer haut et fort son amour de l'Europe en guise de campagne tant il me paraît évident qu'un tel message va agacer au plus haut point une très forte majorité de nos concitoyens. Bien plus maladroit et mal réfléchi encore serait de renvoyer l'actuelle détestation de l'Europe à de l'europhobie. Le terme est d'ailleurs ridicule. En réalité, dans cette élection, ce sont des visions de l'Europe qui s'affrontent. Mélenchon ou Marine Le pen et son Front National en ont une aussi. Ce ne sont pas les mêmes, et elles sont l'une et l'autre très éloignées de la nôtre.

    Le débat n'oppose donc pas des gentils pro-européens d'un côté et des très méchants anti-européens de l'autre mais des visions. Par exemple, on l'ignore souvent, mais Mélenchon est favorable à l'euro. Face à lui, la question  n'est donc pas l'euro ni l'Europe (il y est favorable aussi) mais ce qu'il veut en faire. Et comme il veut faire de l'Europe un super-État qui se fiche de ses dettes comme d'une guigne et où l'économie est hyper-administrée et hyper-fiscalisée, on se doute bien qu'il ne saurait avoir la moindre convergence avec les centristes.

    Il suffit de lire le programme du FN pour réaliser qu'il ne souhaite pas abolir les traités mais tous les renégocier (c'est écrit noir sur blanc) selon des paramètres différents de ce qu'ils sont actuellement. Fin de l'euro, rétablissement des frontières, contrôle de la circulation des capitaux et des biens, États forts. Le FN évoque une association libre d'États européens, mais j'avoue que je n'ai jamais trop compris ce que voulait le FN exactement dans ce domaine et comment il se l'imagine. Et comme personne ne lui pose la question, il ne développe pas cet aspect de son programme. C'est bien d'ailleurs le travers général du FN : ce parti dénonce beaucoup de choses mais n'évoque guère ce qu'il compte faire et comment il se représente "l'après-Europe" puisqu'il veut la démanteler.

    Ce dont souffrent les Français (et c'est quelque chose qu'ils détestent par-dessus tout) c'est d'avoir le sentiment d'être dirigés d'en haut. Le parisianisme insupporte la province et la technocratie bruxelloise tout autant. Pourtant, il n'est pas une décision prise à Bruxelles qui n'ait été préalablement validée à Bercy et à l'Élysée. La classe politique est donc insupportable d'hypocrisie quand elle arbore une mine contrite pour aller négocier auprès de la Commission, comme si elle-même n'avait pas pris les décisions qu'elle impute à l'Europe.

    C'est à l'aune de ces deux observations que plusieurs points centraux de l'eurodéputée Marielle de Sarnez et plus généralement du MoDem prennent tout leur sens :

    - tout devrait commencer de l'échelon local et il est une aberration que les décisions qui concernent cet échelon ne soit pas en priorité prise par ce dernier. C'est ce qu'on appelle le principe de subsidiarité. C'est la mairie qui décide ce qui est bon pour elle ou non, et pas Paris. Et c'est la France qui édicte ses principales lois, pas Bruxelles (à condition qu'elles n'entrent pas en contradiction avec les accords qu'elle signe, cela va de soi ; mais cela est vrai de tout ce que nous signons avec les pays étrangers, Europe ou pas.).

    - exiger un fonctionnement démocratique et de la transparence paraît sans doute théorique, mais c'est tout de même bien là où le bât blesse et Marielle de Sarnez n'a de cesse que de les réclamer 

    L'Europe enfin, est forte de ses différences mais aussi de sa solidarité. On peut rire au nez de la France (encore que...) mais certainement pas de l'Europe toute entière. Je pense en particulier aux multinationales. Total et Microsoft qui se sont pris des torgnoles magistrales de la part de la Commission (de 300 millions à un milliard d'euros d'amende) en gardent un souvenir cuisant. Et quand on lorgne sur le marché européen, on ne peut pas risquer de fâcher l'Europe toute entière. Il est très difficile de fonctionner avec des diplomaties parallèles, elles se ruinent les unes les autres. Si nous parvenions pourtant à avoir un représentant des affaires étrangères européennes crédible (pas la pitoyable Catherine Ashton mais quelqu'un du calibre d'Hilary Clinton ou de Condolezza Rice), avec des pouvoirs étendus et garantis, il est plus qu'évident que la voix de l'Europe serait écoutée et crainte dans le monde entier. Et si notre solidarité parvenait à garantir chacun des pays européens, le monde entier saurait que s'en prendre à un seul état européen, c'est s'en prendre à l'Europe toute entière. Nul doute alors que nos adversaires, mais aussi nos partenaires, y regarderaient à deux fois avant de prendre des décisions qui nous seraient hostiles.

    Il reste à lancer la campagne, et c'est un défi majeur. 61% des Français qui escomptent s'abstenir, c'est l'assurance d'un déni de démocratie chaque fois que les eurodéputés s'exprimeront pour faire connaître la voix de la France. 

    Je sais que c'est difficile, mais il faut lancer le débat. Yves Jégo a raison de vouloir prendre à partie le Front National, puisqu'on annonce qu'il sera le premier parti à l'issue de cette élection. Mais il faut agir intelligemment et prendre langue avec ce parti afin que ce soient des idées et des visions qui s'opposent, pas des slogans et des imprécations. Et ce qui vaut pour le FN vaut pour le Front de Gauche auquel les sondages prêtent un score qui est loin d'être négligeable. 

     

  • Valls, pas si mal mais attendons la suite

    J'ai suivi la déclaration de politique générale de Valls. Difficile d'en dire grand chose. Sur les grandes orientations, cela m'a l'air pas mal, mais, chat échaudé craint l'eau froide, attendons de voir ce qui va vraiment être fait.

    Valls veut faire passer deux projets de loi sur l'immigration et le droit d'asile : comme je ne sais pas en quoi ils consisteront, il est bien difficile de donner un avis.

    Il veut aussi assouplir la loi sur les rythmes scolaires de manière à tenir compte des remontées des élus de terrain. Très bien. Et donc ?...

    Réduire les régions, bof, je n'ai pas d'avis là-dessus. Ce sont surtout les départements qu'il faut supprimer. Cela tombe bien, Valls veut les faire disparaître d'ici 2021. Mais comment, mystère... Sur ce point, je lui suggérerais bien la méthode Bayrou, la plus pertinente dans cette optique : fusionner les conseils généraux et régionaux en augmentant le nombre d'élus des régions. Ce n'est pas ce que coûtent les élus qui représentent les frais, mais tous les doublons et les frais de fonctionnement. Et puis les conseils généraux sont tellement opaques...J'ajoute que ces réformes ont un sens si les élus des régions le sont à la proportionnelle, faute de quoi se reconstitueront des fiefs propices à toutes les dérives mafieuses. Et le président de région doit être élu au suffrage universel direct.

    En ce qui concerne les économies et les baisses de charge et d'impôts, j'attends toujours de voir quelles mesures concrètes vont les permettre. Ce que je pense, c'est que le saupoudrage est une mauvaise méthode. Ce sont des missions superfétatoires et onéreuses qu'il faut reconsidérer et faire purement et simplement disparaître.Je dis ça pour le fonctionnement de l'État.

    Mais il n'y a pas que cela.

    Il y a les retraites, la sécurité sociale et le chômage. Pour les retraites, je pense que le compte notionnel est la meilleure solution. L'équilibre est assurée de cette manière, et, ce qui est intelligent, c'est que plus on travaille tard, plus le montant de la retraite augmente. Toutefois, il n'est pas envisageable d'allonger la durée du travail sans aménagement de ses conditions pour les seniors. On parle tout le temps de l'allongement de la durée de vie, mais on oublie sans cesse que l'espérance de vie en bonne santé n'a pas augmenté, elle. Au contraire, elle a même légèrement reculé ces dix dernières années.

    Du côté de la santé, une franchise de 200 euros par an, c'est énorme. Il ne faut pas procéder ainsi parce que cela pourrait affecter singulièrement la santé publique. Mieux vaut une petite franchise de un à deux euros à chaque consultation. Ensuite, je pense qu'on pourrait envisager un système mixte, quitte à réformer un peu la formation des pharmaciens, dans lequel ces derniers pourraient avoir des pouvoirs de prescription sur des choses simples. Cela pourrait inclure des certificats médicaux de base. Il y a peut-être des causes sur lesquelles il faut agir, mais si l'on regarde la répartition des dépenses, on voit bien que le 3ème âge et la dépendance absorbent une grande part des dépenses. Ainsi, l'Institut Montaigne observait dans une étude en 2008 que  les personnes âgées représentent une part croissante des dépenses de santé. Compte tenu de l’allongement de l’espérance de vie et de la déformation de la pyramide des âges, les retraités représentent une part croissante de la population et des dépenses d’assurance maladie. Ainsi, la moyenne d’âge des patients en affection de longue durée (qui représentent 14% des assurés mais près de 60% des dépenses du fait d’une prise en charge à 100% des soins liés à leur affection) est supérieure à 61 ans. Une personne âgée de plus de 75 ans sur deux bénéficie de ce statut d’ALD et donc d’un financement intégral de sa pathologie par l’assurance maladie obligatoire. L'institut jugeait alors inéluctable un accroissement de la contribution des retraités à l'assurance-maladie. Pas sûr que ce soit une solution géniale. J'aimerais que l'on travaille davantage sur les causes des coûts et sur la manière dont on pourrait standardiser et simplifier certains actes plutôt que sur l'hypothèse d'une réduction supplémentaire du pouvoir d'achat des retraités. En tout cas, la gérontologie est une science d'avenir...

    Reste le chômage. Je trouve le principe de droits rechargeables bon. Ensuite, j'imagine qu'il faut l'ajuster pour qu'il ne vire pas à l'usine à gaz. On verra de toutes façons ce qu'il produira à la pratique. Si tout va bien, il devrait inciter au retour à l'emploi. Encore faut-il qu'il y en ait, de l'emploi...

    La France est le pays au monde qui consacre la plus importante part de son PIB à la protection sociale : 32.1% ! Cela interpelle tout de même et appelle certaines révisions que d'aucuns pourront qualifier de déchirantes mais clairement nécessaires.

    C'est bien pour cela que les responsables politiques qui font assaut pour proposer de nouveaux droits et avantages sociaux sont des irresponsables démagogues et dangereux, car nous croulons sous les déficits sociaux.

  • Des voix fortes pour l'Europe, même sans Borloo !

    On ne peut pas dire que l'annonce de Jean-Louis Borloo tombe au bon moment : il renonce à la plupart de ses mandats et fonctions politiques. A vrai dire, depuis sa pneumonie, je n'étais guère optimiste. Il ne s'agit pas d'une maladie bénigne et s'en remettre prend beaucoup de temps et d'énergie. Incompatible avec une activité politique intense.

    Le malheur, c'est que cela se produit au moment où le centre est un peu en berne pour les élections européennes à venir. Nous sommes peu audibles et devons évoluer en terrain miné, avec une population fâchée contre l'Europe. 

    Nous avons besoin de voix fortes pour faire valoir nos propositions et dénoncer les mensonges éhontés de plusieurs de nos adversaires. 

    Borloo et Bayrou auraient dû être les fers de lance de cette campagne. Le premier est hors combat et le second, replié sur son Béarn.

    C'est vraiment dommage quand on observe que les sondages d'opinion renvoient une très bonne image des deux leaders centristes, désormais (2ème et 3ème chez Opinion Way, par exemple).

    Nous avons des leaders populaires, deux partis, l'UDI et le MoDem pas trop mal considérés, mais il nous manque un message lisible et nous devons évoluer en territoire hostile.

    Voilà une équation difficile. Nous avons choisi d'être Les Européens, ne passons surtout pas pour des eurobéats. Il ne faut en aucun cas défendre l'Europe telle qu'elle fonctionne et ne pas renvoyer les arguments de nos adversaires à de l'europhobie mais bien démonter qu'il y a tromperie sur la marchandise depuis longtemps et que cela, l'Europe n'en est pas comptable. Voilà pourquoi nous voulons une Europe dans laquelle les démagogues et les menteurs n'aient plus le loisir de tromper les peuples ni de berner les Européens dans leur ensemble.

    Je souhaite une campagne offensive, qui ne fasse pas de cadeaux à nos adversaires et qui montre que l'Europe peut bien plus pour les peuples qu'on ne le pense à condition qu'on la libère des chaînes dans lesquelles elle est entravée depuis trop longtemps.

     Je me souviens avec émotion de la plus belle image de ces dernières années en politique : c'est celle de François Bayrou évoquant le Théâtre d'Épidaure pour signifier la place des militants dans le parti politique qu'il venait de créer.

    Il y a là-bas une dalle qui propage le son avec une perfection irréelle vraisemblablement parce que l'édifice a été construit selon les proportions du mythique Nombre d'Or. Trouvons la nôtre et envoyons alors un message d'espoir à tous les Français.

  • Les abrutis béats de la mondialisation heureuse

    C'est toujours drôle d'écouter les faux béats vanter les mérites de la mondialisation avec des trémolos dans la voix. Leur slogan favori c'est d'assurer que la mondialisation est une chance.

    Entendons-nous : je ne fais pas partie des complotistes paranoïdes de toutes sortes qui font de la mondialisation le cheval de Troie pêle-mêle d'Israël, des USA, du libéralisme (néo ou non, d'ailleurs) et cetera. Mais je n'en pense pas pour autant que la mondialisation est un grand bonheur. C'est une compétition féroce et elle fera des dégâts sociaux au sein des peuples tant que les nations ne seront pas parvenues à des niveaux de vie à peu près comparables.

    Le chemin est long et il faudrait le baliser en préservant, me semble-t-il, quelques secteurs qui auraient vocation à être protégés : l'agriculture et la culture me semblent les plus importants pour les pays les plus faibles.

    Au lieu de cela, des nuisibles à la Lamy bien à l'abri dans leur bunker de privilèges poussent à la dérégulation pour placer en concurrence l'Éthiopien crève-la-faim et le Français heureux bénéficiaire d'une protection sociale longtemps performante.

    On peut s'accorder sur ce qui peut entrer en concurrence ou non, et je pense que l'OMC est exactement là pour cela. Mais le rôle que veulent lui faire jouer les Lamy et consorts n'est pas du tout celui d'un organisme d'échanges, de négociations et de coopération mais d'une officine au service d'intérêts particuliers.

    Face à des Lamy, il me semble que l'Europe, en dépit de ses travers, représente encore une autre conception des rapports entre pays. Tout du moins, c'est celle que l'ADLE et tout particulièrement le MoDem en France essaient de promouvoir.

    Marielle de Sarnez, parmi les centristes, a particulièrement bien vu tout l'enjeu que représente l'OMC puisque c'est le gendarme qui finit par dicter ses conditions aux États, au bout du compte, non sans que ces derniers aient toutefois avalisé toutes les décisions qui s'y prennent. Ne nous méprenons pas : comme le fait très régulièrement et très justement valoir Marielle, il n'est de choix qui soit effectué au sein de l'Union Européenne ou de l'OMC qui n'ait été préalablement validé par les pouvoirs nationaux.

    Voilà pourquoi il ne faut pas croire leurs mensonges quand ils se défaussent sur ces institutions des mesures qu'ils ont acceptées voire décidées.

    Mieux vaut, comme le font généralement les centristes, mais aussi quelques voix honnêtes de droite ou de gauche, porter sur la place publique les enjeux qui se nouent et se dénouent là-bas. 

    Pour cela, il convient aussi de ne pas verser dans les théories hallucinées des nationalistes (genre FN) ou néo-marxistes (façon Mélenchon) qui affirment très malhonnêtement qu'en mettant fin à nos accords internationaux, du jour au lendemain, la France deviendra un paradis.

    Bayrou le disait avec justesse dans son État d'urgence : la France est un pays exportateur. Si nous résilions unilatéralement nombre des conventions commerciales qui nous lient avec nos partenaires, il ne fait pas de doute qu'ils en feront autant et nous en paierons un prix que FN et Mélenchonistes se gardent bien d'évoquer.

    Je trouve que les centristes et notamment le MoDem ont cette vertu très unique en France et souvent en Europe : de dire la vérité sans verser dans la béatitude et d'établir clairement les règles du jeu. Ce n'est qu'une fois que l'on a fait ce chemin que l'on peut commencer à discuter.

    C'est ce que Bayrou a fait dans ses programmes, ses livres, c'est aussi ce à quoi s'essaient des eurodéputés comme Robert Rochefort ou Marielle de Sarnez (je pense à sa lettre mensuelle).

    Comme Marielle de Sarnez, je pense que l'Europe peut devenir un puissant point d'appui dans nos négociations au sein de l'OMC avec nos partenaires commerciaux ; à l'inverse, Lamy et ses amis, comptant sur le silence honteux mais consentant de ses amis de gauche, complice de ceux de droite, proposent de faire de l'Europe le cheval de Troie d'une compétition aussi féroce que mortifère.

    Deux représentations de l'Europe que tout oppose. J'ai choisi mon camp en préférant la première.

  • Pascal Lamy : le nuisible.

    Quoi de plus nocif que le nuisible Pascal Lamy ? Il est plus que n'importe qui d'autre emblématique de cette élite mondialiste qui n'a plus de patrie. Il se dit encore socialiste, mais au fond, je crois que Lamy a si peu de fond et de convictions qu'on ne peut plus le classer dans le spectre politique. C'est simplement un chaud partisan de cette "élite" internationale qui est toujours "-crate" de quelque chose dans une institution qui entend régenter les pays et les peuples.

    L'individu qui exigeait une hausse de son salaire d'un tiers il y a cinq ans préconise aujourd'hui d'agrandir la grande famille des travailleurs précaires et sous-payés en passant en-dessous du SMIC.

    Quelle ordure ! Les précaires dont le revenu est bien inférieur à un SMIC, ils sont déjà légion en France. Lamy propose de faire basculer dans la pauvreté toute la frange de la population qui n'y est pas encore plongée jusqu'au cou.

    C'est le même salopard du temps où il était commissaire qui crachait sur la France et les Français jugeant conservateur et réactionnaire notre pays parce que la classe politique (que cela lui soit rendue) a globalement toujours essayé de défendre sa langue et sa culture dans les traités et les institutions internationales. Un pourri qui ne se proposait pas de renforcer le poids de la France et de l'Europe au sein de l'OMC mais très exactement l'inverse  car voici ce qu'il affirmait il y a 15 ans devant le Parlement Européen : 

    « L’OMC doit élargir ses attributions pour englober les questions de société telles que l’environnement la culture, la santé et la nourriture, qui, à l’instar de la concurrence et de l’investissement, ne peuvent plus être tenues à l’écart du commerce. »

    Je ne sais pas quand la France s'éveillera  mais j'ai hâte que Lamy se rendorme. Au panier le bon toutou à ses maîtres.

    En fait, avec un Pascal Lamy, on se prend à rêver d'une Révolution Culturelle à la Chinoise : moi, je me vois bien en garde rouge exhortant le Lamy à aller travailler aux champs à coups de baguettes de bambou sur le dos. Un bol de riz en guise de repas, lever à l'aube, pause inutile et coucher en même temps que le soleil.

    NDLR : dédicace spéciale à Christian Romain qui porte dans son coeur Lamy encore moins que moi, je crois...

  • Faudrait que l'UMP remanie aussi...

    Je me disais, quand même : il fait fort le Copé. Il réussit, comme secrétaire du principal parti d'opposition à être encore moins populaire que Hollande et Ayrault.

    L'UMP ne manque pas de talents. Ne serait-il pas tant de virer ce bouffon et de se doter d'une personnalité consistante et charismatique pour parler au nom de l'UMP, désormais ?

  • Je le trouvais pas mal, moi, Ayrault

    Je me doute bien que Hollande est contraint de créer un électro-choc dans l'opinion et que dans cette optique, Valls est sa meilleure option, même s'il est déjà un peu démonétisée. Mais en face de cela, je trouve qu'Ayrault est tout de même victime de circonstances et de décisions qui lui ont échappé.

    J'ai trouvé que l'individu était loyal et rigoureux. Pas le genre à faire des vagues et du glamour, mais sérieux et concentré sur ses objectifs. Peut-être le seul qui était professionnel, finalement, dans ce gouvernement en dépit des erreurs dans la gouvernance économique et sociale du pays.

    Valls a des qualités et il a montré dans l'affaire Dieudonné qu'il ne se laissait pas marcher sur les pieds. Sa politique à l'intérieur ne me paraît pas non plus mauvaise. Mais c'est un ambitieux, parfois brutal, affecté d'une Trierweiler bis avec sa seconde épouse, une arrogante qui se permettait de mépriser Madame Ayrault parce qu'elle était professeur d'allemand dans la banlieue de Nantes.

    Perso, je me sens plus d'affinités avec une prof de banlieue qu'avec une violoniste prétentieuse qui fait sauter ses PVs grâce à son mari et se complaît dans le star-system.

    Je les aimais bien, moi, les Ayrault. 

     On jugera sur pièces, finalement.

    J'ai trouvé l'UMP à l'exception de ce fanfaron de Copé étonnamment prudente et sage sur les plateaux, hier soir. Très loin du triomphalisme auquel je me serais attendu, comme si, pour une fois, l'opposition avait compris que les jeux politiciens n'amusaient plus personne et que la France attendait désormais des propositions sérieuses. Une mutation à saluer à condition qu'elle débouche sur quelque chose de concret réfléchi et sérieux.

    Reste le centre qui souffre d'un sérieux problème de leadership : Bayrou s'est complètement replié sur Pau et Borloo se remet très lentement de sa pneumonie. Résultat des courses, il n'y a quasiment plus personne sur le pont. L'un des deux au moins doit revenir pour livrer la bataille des Européennes, car il faudra des voix fortes pour porter notre message.

  • Et maintenant, l'Europe !

    Municipales terminées. Les Parisiens ont choisi de payer encore plus d'impôts, de vivre dans une ville toujours plus congestionnée, d'emprunter des transports en commun toujours aussi sales, peu efficaces, lents et en proie à l'insécurité sur plusieurs portions, c'est leur choix. Je pense qu'ils n'ont pas encore assez bavé. L'alliance des minorités et des bobos finira bien par éclater tôt ou tard parce qu'au fond, leurs valeurs et leurs aspirations sont antagonistes. Mais bon, passons à autre chose, désormais : l'Europe.

    Là, on va avoir du boulot : l'information est passé inaperçue mais sur France 2, en début de soirée, il y a eu une estimation et une première petite passe d'armes.  Nous sommes, MoDem et UDI réunis, à 8% d'intentions de vote dans un sondage Ipsos.

    Marielle de Sarnez était sur le plateau ce soir et elle a réagi au sondage et aux propos des journalistes et personnalités politiques présents : il n'y a pas une mesure à l'échelle européenne qui ne soit validée par l'autorité nationale. Ainsi, tous les politiques qui accusent l'Europe mentent comme des arracheurs de dents.

    Ce qui n'est pas satisfaisant, en revanche, c'est ce que les chefs d'État européens laissent négocier par la Commission Européenne avec d'autres institutions, telles que l'OMC, par exemple.

    De même, les accords et règles qui régissent les relations des pays européens entre eux sont à reconsidérer à plus d'un égard.

    Nous, Européens, devons en faire une liste claire et prendre des engagements transparents quant à ce que nous attendons de l'Europe.

    Ce serait une erreur de s'engager dans la campagne européenne en sautant comme des cabris au son du tocsin Europe ! Europe ! Une erreur monumentale qui nous vaudrait de prendre une claque du même acabit.

    Nous devons dire avec la plus grande clarté quelle Europe nous attendons et quelles réformes nous engagerons ou nous essaierons de promouvoir. Nous devons dire aussi ce que nous refuserons catégoriquement, au risque de briser l'accord qui lie tous les pays européens entre eux.

    Nous allons avoir les adversaires suivants :

    L'UMP et le PS qui mentent et font voter d'une main ce qu'ils dénigrent de l'autre. Leurs discours sont creux et ils portent des propositions dont ils savent qu'elles ne peuvent aboutir.

    Le Front de Gauche et les Verts qui sont encore pires car bien qu'ils soient  incapables de dire comment ils financeraient leurs projets, ils sont convaincus de leur pertinence et nous engageraient dans une voie sans retour. Un petit bémol, cependant, du côté des Verts, avec lesquels nous pouvons avoir des convergences sur la démocratie et sur l'écologie.

    Le Front National, plus redoutable encore que les autres car il va puiser sa matière dans leurs mensonges. Il faudra démonter point par point tout leur projet de démantèlement de l'Europe sans pour autant verser dans un européisme béat en mode Coué. Un exercice périlleux qui exigera d'avoir pensé et pesé tout ce que nous dirons et proposerons en ayant bien à l'esprit que l'Europe a vocation à être l'Europe de tous. L'Europe de tous, cela suppose des réponses pour tous.