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L'Hérétique (Démocratie et hérésie économique) - Page 174

  • Internet, un bistro ?

    Dans son dernier billet, Bruno Roger-Petit s'émeut de la fermeture annoncée du blog de Jean-François Kahn et déplore la fin des bistrots que l'Internet moderne n'a jamais remplacé. Comparant l'ancienne et la nouvelle institution, il conspue les tombereaux de haine que charrie la seconde, toute de noir et de blanc. Bruno Roger-Petit fait à mon avis une première erreur : c'est le public spécifique des commentateurs de blogues politiques, littéraires ou encore économiques qu'il vise en priorité. Or, ce public-là n'est pas représentatif de la population des bistrots, ni de ceux d'aujourd'hui, ni de ceux d'hier. Il y a un expert des bistros sur la blogosphère, mais c'est un OVNI.

    La population qui peuple les fils de commentaires de la Toile, sur les blogues, la presse officielle ou ailleurs est avant tout symptomatique des intellectuels que Schumpeter décrit dans son atmosphère sociale et intellectuelle du capitalisme.

    « Les intellectuels sont effectivement des gens qui manient le verbe écrit ou parlé et qui se différencient des autres écrivains ou orateurs par le fait qu'ils n'assu ment aucune responsabilité directe en ce qui concerne les affaires pratiques. Cette dernière caractéristique en explique une autre : l'intellectuel, en général, ne possède aucune des connaissances de première main que fournit seule l'expérience. Une troisiè me caractéristique consiste dans l'attitude critique de l'intellectuel, déterminée à la fois par sa position d'observateur - et même, dans la plupart des cas, de profane (outsider) - et par le fait que sa meilleure chance de s'imposer tient aux embarras qu'il suscite ou pourrait susciter. Profession de l'individu sans profession? Dilettantisme professionnel? Gens qui parlent de tout parce qu'ils ne comprennent rien?  »

    Mais alors ? Si nombreux sur la Toile ces intellectuels ( généralement de second plan, au demeurant) ?

    Schumpeter a l'explication une fois de plus :

    La surproduction des intellectuels peut créer des incapacités de travail d'un type particulièrement déconcertant.L'homme qui a fréquenté un lycée ou une université devient facilement psychiquement inemployable dans des occupations manuelles sans être devenu pour autant employable, par exemple, dans les professions
    libérales
    . [...].
    Par ailleurs,
    tous ces bacheliers et licenciés, en chômage ou mal employés ou inemployables, sont refoulés vers les métiers dont les exigences sont moins précises ou dans lesquels comptent surtout des aptitudes et des talents d'un ordre différent. Ils gonflent les rangs des intellectuels, au strict sens du terme, c'est-à-dire ceux sans attaches professionnelles, dont le nombre, par suite, s’accroît démesurément. Ils entrent dans cette armée avec une mentalité foncièrement insatisfaite.

    Parierons-nous que ce sont eux que nous retrouvons sur la Toile ? Il faut terminer de lire le billet d'origine, et, idéalement, consulter Capitalisme, Socialisme et Démocratie (chapitre XIII, 2) pour achever le raisonnement et bien comprendre quelles relations ces individus entretiennent avec le capitalisme, au demeurant.

    Pour revenir à Bruno Roger-Petit, ne ratons toutefois pas une occasion de l'égratigner : pour quelqu'un qui se plaint de cet univers électronique bicolore, j'ai souvenir d'avoir lu une association de la ligne éditoriale de Marianne au Vichysme simplement parce que le magazine s'interrogeait sur la manière dont la France pouvait gérer son immigration et avait repris entre autres l'un de mes billets sur le permis à points et l'immigration.

    Je l'ai dit quand j'ai évoqué Jessi, Internet est une formidable caisse de résonance. Après, les échos qui se démultiplient n'ont pas forcément l'heur ni l'amabilité de le faire de manière cohérente. On ne peut pas bloguer si l'on n'est pas capable de supporter le vacarme, corrélat immédiat du succès d'estime. Le vacarme est d'autant plus fort que personne ne peut vraiment dire chut à quelqu'un qui éructe dans un commentaire ou un billet (je ne me prive d'ailleurs pas moi-même d'éructer de temps à autre...).

    Évidemment, un bistro, c'est bien pratique : on peut jouer à l'anthropologue et quitter les lieux très content de soi, avec le sentiment de plénitude que donne la certitude d'être christiquement descendu parmi le populo. Sur Internet, il en va autrement : on est aux prises avec son semblable, et il n'existe rien tant de plus insupportable pour un intellectuel qu'un autre intellectuel...

    In fine, ce n'est pas la France que révèle Internet, contrairement à ce que titre Bruno Roger-Petit, mais son lumpen-intellectuariat ! En outre, je ne crois pas que «finissent par s'imposer, comme dans la vie publique, les «dynamiteurs, pollueurs, obsédés et allumés».

    Regardons les divers classements de blogues çà et là, si je veux bien admettre qu'il y a quelques excités, mais dans l'ensemble, ce sont surtout des gens raisonnables et pondérés qui battent le haut du pavé.

  • Paradis fiscaux : les îles Caymans battues par la France ?

    Passionnant l'entretien qu'Éric Desmorieux, avocat fiscaliste du cabinet Aurélia, a donné au magazine l'Expansion.

    Quand le grand public a pris connaissance du montant réel des impôts payés par Lilianne Bettencourt, au regard de sa fortune, on a entendu un haro généralisé contre le Bouclier fiscal. Tu parles Charles...ça vaut tripette ce bouclier, en fait.

    Liliane Bettencourt paie peu d'impôts non en raison du bouclier fiscal mais parce qu'elle a placé ses sous dans une holding. Très pratique, la holding : détenez 51% d'une holding qui détient 51% d'une société et vous la contrôlez avec 26% de son capital au total. Fort, non ? Bien évidemment, je ne rentre pas dans les calculs astucieux qui mèneraient à détenir 51% d'une holding qui contrôle 51% d'une autre holding qui contrôle elle-même 51% d'une autre holding...la mise en abyme, vous connaissez ?

    Ce n'est pas tout : ces petites bêtes-là ont une écologie fiscale des plus frugales ! En France, c'est l'argent qu'on retire de la holding qui est considéré comme un revenu imposable. De manière générale, en Europe, les holdings bénéficient depuis fort longtemps d'une fiscalité spécifique et avantageuse (depuis 1924, par exemple, en France). Tenez, par exemple, le taux d'impôt sur les sociétés de 33.3% ne s'applique qu'à 5% des dividendes seulement. Taux final d'après Éric Desmorieux, 1.66%. Qui dit mieux ?

    Gauchistes qui lisez ce billet (libéraux, ne vous étranglez pas non plus, vous qui croyez que la France est le pays de la taxe par excellence), munissez-vous d'un défibrillateur pour éviter l'infarctus mortel, car voici ce que conclut Éric Desmorieux à propos de la fiscalité de la France :

    Quand on gagne énormément d'argent, et quand on a les moyens de s'offrir un spécialiste de l'optimisation, la France peut avoir des allures de paradis fiscal.

    Et Nicolas qui s'interroge sur la destination préférée des entreprises étrangères...

    Bon, nuançons tout de même le propos : l'argent de la holding n'est pas (ou peu) imposé...tant qu'il demeure dans la holding ! Le problème, c'est trouver quoi faire de la holding par la suite. Parce que le jour où il faudra liquider les droits de succession, là, en revanche, ça va faire mal. A moins d'avoir trouvé une solution entre temps. En terme d'impôts, on est donc plutôt dans le cadre d'un impôt différé que d'une authentique optimisation.

    Rassurez-vous, Gauchistes qui allez pouvoir hurler au loup, et Libéraux qui reprendrez votre souffle, l'optimisation fiscale n'a pas dit son dernier mot :

    La holding patrimoniale est votre totem ! Créez une holding pour vos enfants en répartissant astucieusement ses parts. Vendez les titres de votre société à la holding qui pourra au passage emprunter pour les acheter et paiera les échéances avec les dividendes des titres achetés. Vous avez compris ? Si vous n'avez pas compris le raisonnement, vous êtes des lumpen-gauchistes ou des libéraux ratés, tas d'andouilles : rien ne se transmet directement entre vous et vos héritiers, donc pas de droit de mutation. Hurlez, gauchistes qui allez pouvoir promettre la corde au Gross Kapital, réjouissez-vous, libéraux, le tour est joué ! Eh oui, tout cela se passe en France...

    En revanche, en ce qui concerne l'impôt sur les sociétés, il ne faut pas oublier que les sociétés dont la holding détient des parts l'ont payé, elles ! Je n'évoque pas non plus l'ISF qui vient s'ajouter à tout cela. S'il faut calculer in fine le taux vraiment acquitté, je pense qu'on est à largement plus de 1.66...

    Ce n'est pas grave : il doit y avoir d'autres astuces, mais je ne suis pas fiscaliste, alors je me contente de choses simples...

    Cela dit, si Liliane veut déshériter sa fille (elle a brandi l'arme atomique), je suis certain qu'il y a des techniques. Personnellement, je penche pour la création d'une Fondation (radical pour régler ses comptes avec sa famille), mais je crois qu'une militante MoDem a quelques suggestions à faire de son côté...

  • Jessi, dun goofed up, Jessi, tu t'es fait griller...

    On ne devrait pas laisser de jeunes enfants faire les malins sur internet. Une gamine américaine de 11 ans, Jessi Slaughter, et sa famille l'apprennent actuellement à leurs dépens. Elle a pris l'habitude de se présenter avec sa webcam à n'importe qui, tout en déclarant n'importe quoi à n'importe quel interlocuteur.

    Et puis quand ça a mal tourné, et qu'elle est devenue objet de la risée générale, elle a voulu se rebiffer et faire sa grande en insultant ses correspondants, leur proposant de les flinguer d'une balle dans la tête et leur souhaitant le sida.

    Cela a bien fait rigoler les internautes américains du forum 4Chan.org qui s'en sont donnés à coeur joie avec des fake et des simili-video. Mais le meilleur était à venir : le père (la famille avait été jusque là remarquablement absente) s'en est mêlé et a enregistré une vidéo menaçant les auteurs des fake de représailles policières.

    Explosion générale de rire et franche rigolade sur la Toile. Je ne compte pas les versions pirates et délirantes et remaniées de la vidéo qui ont circulé.

    Voilà, l'histoire pourrait s'arrêter là. Sauf qu'elle n'est pas drôle du tout...Pas drôle parce que la gamine a 11 ans et ne se rend pas compte de ce qu'elle fait, qu'elle a reçu des menaces de mort, qu'elle a du être mise sous protection policière et que l'assistance sociale américaine s'intéresse à la famille, se demandant si l'enfant bénéficie d'une éducation sans carences graves, puisqu'elle a pu ainsi se mettre en danger.

    Pas drôle parce qu'il y a là une famille complètement dépassée, assez symptomatique des rapports que les parents des jeunes générations entretiennent avec l'Internet, et prise pour cible par des railleurs à la moquerie facile.

    Le phénomène buzze sur la Toile américaine et commence à toucher les autres pays. Notre rapport à Internet ne laisse de nous interroger, en ce début de 21ème siècle.

    la Toile est un gigantesque théâtre grec dans lequel tout le monde, y compris à son insu et contre son gré, peut devenir acteur d'un drame en trois actes. Les erreurs s'y propagent plus vite que les analyses éclairées et sont répliquées jusqu'à l'écoeurement par nombre de sites dont la vérification des sources est le cadet des soucis.

    Une fois qu'un site est considéré comme un site de référence, il peut raconter n'importe quelle connerie, tout le monde reprend son information et le cite.

    Dans les écoles françaises on entonne à grand renfort de trompettes et de chartes républicaines la complainte du béni-oui-oui pour "éduquer" les jeunes âmes à l'utilisation d'Internet. On ferait mieux d'y multiplier l'étude de cas concrets au point de devenir des cas d'école.

    Chez les Grecs, on éduquait les enfants encore jeunes avec des légendes et des mythes. L'âge et le maturité venant, on passait aux exercices rhétoriques. Cette habitude sensée demeure relativement vivace en Europe puisque fables et contes tiennent encore une relativement bonne place dans les programmes de l'école primaire et du début du collège, même si l'on n'en tire guère la substantifique moëlle désormais.

    L'histoire de Jessi mérite d'entrer dans la légende et de figurer au nombre des contes modernes. Une sorte de Chaperon rouge de Perrault pour usagers électroniques : l'héroïne, la plus jolie petite fille du village, commet l'erreur fatale de donner au grand méchant loup les coordonnées complètes de sa grand-mère. Le loup file chez la vieille et la dévore. Quand la petite arrive chez son aïeule, c'est le loup qu'elle trouve. Déguisé en grand-mère, il l'invite à prendre place dans son lit : personne, dans le conte de Perrault ne retrouvera l'enfant vivante...

    Cette histoire bien ancienne, puisqu'elle appartient à la tradition orale médiévale résonne d'un bruissement particulier sur nos fils électroniques, et il n'y a pas, cette fois, de frères Grimm qui traîneraient sur la Toile pour inventer une fin heureuse. A méditer...

  • Le libéralisme, c'est le bien.

    Pas moyen de parcourir un billet politique, voire économique, sans entendre pis que pendre du libéralisme.

    Il est frappant de voir à quel point les diatribes enflammées des uns et des autres contre le libéralisme ne parviennent pas à masquer l'inanité de leurs propositions (et encore, quand il y en a !).

    Il n'y a pas moyen, dans notre société intellectuelle, de mener une réflexion contre les abus sans finir par un "gros mot" en -isme.

    Le libéralisme est ainsi devenu le bouc-émissaire commode de tous nos maux. Les abus ne sont nullement une conséquence du libéralisme mais de l'absence de transparence, de concurrence et du mépris des divers réseaux de pouvoir pour les individus.

    S'il y a bien une pensée toute empreinte de pragmatisme et de modération, c'est justement cette pensée-là. Partout où il y a de la misère dans le monde, ce n'est pas le fait du libéralisme, mais au contraire de la corruption des élites et de la collusion entre les cercles du pouvoir politique et ceux du pouvoir économique. Le libéralisme qui se plaît à favoriser les corps intermédiaires en contrepoids à l'État, qui défend les libertés et le droit d'association, est donc aux premières loges pour lutter contre les tyrannies et les dictatures de toute sorte.

    Comme le libéralisme fait de l'individu le coeur de l'action politique, il défend d'autant plus le droit des minorités et ne prospère que dans un état de droit, condition sine qua non de l'exercice des libertés individuelles.

    Il existe bien sûr plusieurs traditions au sein du libéralisme, et très souvent, le vulgus pecum electronicum assimile à tort libéralisme classique et école autrichienne (qui inspire entre autres les libertariens). Il est d'ailleurs fort amusant de considérer que Frédéric Bastiat, égérie de nos libertariens français, siégea sur les bancs de la gauche. Pétri d'individualisme, on lui doit quelques saillies fortes :

    « Il y a trop de grands hommes dans le monde; il y a trop de législateurs, organisateurs, instituteurs de sociétés, conducteurs de peuples, pères des nations, etc. Trop de gens se placent au-dessus de l'humanité pour la régenter, trop de gens font métier de s'occuper d'elle »

    J'aime beaucoup. Mais j'apprécie encore plus sa pétition des fabricants de chandelles réclamant d'être protégé contre un concurrent étranger bien moins onéreux qu'eux : le soleil ! Et nos fabricants d'exiger de l'État un décret pour faire clore toutes les lucarnes et fenêtres...

    Farouchement individualiste, l'homme s'opposait à toute forme de mutualisation sous contrôle de l'État (par exemple, il aurait conchié notre sécurité sociale...). Mais dans le même temps il a combattu la peine de mort, l'esclavage et farouchement défendu le droit syndical.

    Je ne me retrouve pas dans les thèses de Bastiat, trop radicales à mon goût, mais j'aime bien l'homme. Il incarne, à mon sens, dans les différentes écoles libérales, le travers que Tocqueville dénonce dans l'exercice de la démocratie : dès lors que les individus ne s'occupent plus que d'eux, de leur bien-être domestique et de leurs intérêts privés, le sentiment démocratique se dissout car il est consanguin de la solidité du tissu social. Un individualisme forcené mène donc tôt ou tard à la dissolution du corps social.

    J'ajouterai pour conclure que le début de la pensée libérale, c'est le refus de toute forme d'assujettissement de l'individu quelle que soit son origine. Une politique libérale digne de ce nom aura pour objet d'émanciper les individus, non de substituer une dépendance à une autre. Cela demande beaucoup de finesse et de sens de l'anticipation. Deux qualités rares dans notre classe politique aujourd'hui...

  • Frédéric Lefebvre, taisez-vous !!!

    Évoquer un viol collectif pour qualifier le travail de la presse sur l'affaire Woerth, il fallait l'imaginer. Je me suis demandé quel abruti pouvait avoir balancé une telle idiotie. Je vous le donne en mille, l'un des porte-flingues de l'UMP, le sinistre individu dénommé Frédéric Lefbvre. Ce même individu, comme le relevait récemment Olympe, contestait la qualification de viol pour les faits commis à l'encontre d'une mineure par Roman Polanski dans l'affaire qui a défrayé la chronique.

    Ce type me débecte. La jeune fille violée par Polanski lui a dit dix-sept fois non. Les viols collectifs sont l'un des pires crimes qui puissent être commis. L'un de deux qui pourraient me faire douter de mon engagement contre la peine de mort.

    Ce sinistre individu parle et pense à tort et à travers. L'inversion des valeurs est le signe d'une société déliquescente. J'ai déjà observé par le passé que nos médias glorifiaient les truands et les pires criminels, mais que dire quand un homme politique verse dans une telle confusion du langage.

    Le Macbeth de Shakespeare s'ouvre sur cette inversion : "fair is foul and foul is fair". Le chant des sorcières annonce la descente aux Abysses de Macbeth, traître et impitoyable assassin à venir de tous ses anciens amis.

    Vaclav Havel, devant le Bundestag allemand, a expliqué un jour pourquoi il convenait de lutter pour redonner aux mots leur sens : la marque de fabrique du régime communiste, c'était justement d'en détourner la valeur exacte et de promouvoir une confusion générale des termes propice aux dérives politiques de toute sorte. Le Faucon s'inquiète pour la droite. J'espère bien que la droite n'est pas comptable (ni solidaire !) de ces déclarations scandaleuses.

    En tout cas, je m'inquiète quant à l'éthique et au sens moral d'un individu qui entretient de telles confusions.

  • L'horreur de Nankin

    Je n'irai pas voir City of Life and Death le film de Lu Chuan. Non que j'ai un a priori défavorable, bien au contraire, mais plutôt que de tels films me remuent trop, quand bien même le film demeurerait sobre en dépit de la tache que le réalisateur s'est assigné.

    Le massacre de Nankin vaut bien la Shoah à de nombreux égards. C'est un crime sans nom. Un crime sadique et collectif, mais un crime toujours pas reconnu au Japon. Il faut bien comprendre qu'on en dit plus sur l'horreur de Nankin dans les manuels d'histoire français que dans leurs homologues nippons !

    Quand on considère le mal que le Japon a fait à la Chine pendant plus d'un demi-siècle, les crimes que cette nation a commis au sein de l'Empire du Milieu, on comprend mieux la méfiance instinctive des Chinois vis à vis des Japonais désormais.

    L'invraisemblable, c'est que Yasuhiko Asaka, le commanditaire du massacre de Nankin n'a jamais été puni, simplement parce qu'il était membre de la famille impériale.

    Il eût fallu pourtant le pendre haut et court sous les yeux de la population japonaise pour l'exemple. Non moins invraisemblable, il y a encore des politiciens japonais de premier rang pour nier les atroces exactions qui furent commises à Nankin.

    Il ne peut y avoir aucune réconciliation sino-japonaise solide sans reconnaissance de l'horreur absolue que fut le sac de cette cité. Il eût fallu liquider physiquement et publiquement toute la chaîne de commandement qui avait permis une telle barbarie. Mais pour contenir le communisme, les Américains et au premier chef Mac Arthur, ont préféré fermer les yeux.

    Kotohito Kan'in, autre prince compromis dans ces meurtres horribles reçut des funérailles nationales après sa mort survenue le 21 mai 1945. Le Japon avait pourtant capitulé...

    Un homme aurait le pouvoir de rouvrir le dossier et de rendre enfin justice aux victimes : l'empereur Akihito. Il a fait quelques efforts en ce sens, mais c'est dans sa propre famille qu'ont germé les fruits les plus pourris et empoisonnés du Japon militarisé et fanatisé.

    Les tabloïds, c'est une chose, la responsabilité politique et humaine, c'en est une autre : aura-t-il ce courage ?

  • Armes non-létales et sécurité

    Dans les diverses affaires représailles contre la police, il y a souvent à l'origine des course-poursuites, des accidents et parfois des tirs de la police. Il ne s'agit pas pour moi de nier la légitimité des policiers, mais je m'étonne de qu'une réflexion ne soit pas davantage menée sur l'usage d'armes non-létales. A vrai dire, la réflexion ne suffit pas : la recherche est sans doute insuffisante dans ce domaine.

    A courte portée, il existe le Taser, dont on a beaucoup entendu parler. Jusqu'ici, je pensais que rien ne se faisait sur les portées longues, or, je me suis apparemment trompé. Les Américains ont testé en 2007 une arme qui dirige un rayon brûlant jusqu'à un demi-kilomètre de distance. La brûlure infligée est de 55° (le seuil de la douleur est de 52°, si je ne m'abuse) soit, en principe, une température suffisante pour faire lâcher une arme, mais insuffisante pour provoquer de vrais dommages sauf exposition vraiment prolongée. Bon, l'inconvénient, c'est que cela ne ressemble pas vraiment à une arme de poing...

    En France, le Quadri-France, le T-Rad, le fusil X-Rep, le Taser X-3 (capable de neutraliser plusieurs adversaires en même temps !) paraissent des armes dont on pourrait envisager de doter les forces de police et qui pourraient avantageusement remplacer les actuels pistolets dont la balle signifie souvent la mort.

    Évidemment, l'usage de telles armes ne doit en aucun cas être banalisé : non-létal n'est pas synonyme d'inoffensif...! Une formation ad hoc serait donc nécessaire avant toute prise en main.

    Ensuite, sans que la police s'empêche d'intervenir, la confrontation directe n'est pas forcément la bonne solution ; quand il y a délit, ce qui compte, c'est qu'il y ait interpellation et sanction, et que l'auteur du délit ait l'assurance de la sanction, que l'interpellation soit immédiate ou non.

    Christian Lambert, le préfet de Seine Saint-Denis a la réputation d'être un très bon dans son domaine. Je ne le connais pas encore et on jugera sur pièces, mais ses premières décisions montrent que l'homme est intelligent et réfléchi. Plutôt que d'interpeler sur le fait avec risque de course-poursuite les conducteurs de mini-moto, il a ordonné à ses forces de police de récupérer simplement les numéros de plaques des engins et de procéder ensuite, après identification, à une interpellation ultérieure.

    Ce qui compte, dans cet exemple, c'est que l'usager de ces véhicules sache qu'il suffit qu'il soit identifié pour faire l'objet d'une sanction. Appliquée réellement et systématiquement suivie d'effets, cette politique aura à coup sûrs des résultats. Limiter intelligemment les confrontations, à condition de ne pas abandonner l'objectif de protection des citoyens, cela me semble acceptable.

  • Sécurité, le PS fidèle à lui-même...

    On aurait pu penser qu'après 8 années d'opposition le PS aurait évolué sur les questions de sécurité. Raté, caramba. Je m'étonnais aussi du silence des caciques socialistes. Jean-Jacques Urvoas, Secrétaire National du PS à la sécurité a donc pris la parole. La parole pour...nous resservir du socialisme jospinien pu sucre.

    Ça veut dire quoi la réponse sociale, urbanistique, la prévention, l'éducation, la réponse judiciaire et cetera...? Que du blabla une fois de plus. Les causes "sociologiques" de la délinquance ont décidément la vie dure...

    La seule chose que je retiens de valable de son intervention c'est d'observer que Sarkozy (qui se fout décidément de la g..... des Français) avait réduit les effectifs de gendarmerie et de police.

    Pour le reste, ils n'ont toujours rien compris les Socialistes. Ah, ça, oui, en effet, ce sera un boulet pour Sarko en 2012, mais les électeurs trahis reporteront leurs voix sur le FN, pas sur le PS !!!

    Sarkozy pourra nommer les meilleurs préfets du monde, fussent-ils des hommes de terrain d'exception, il n'obtiendra pas de résultats sans mettre le paquet en termes de moyens.

    Si Éric Le Douaron est l'homme que décrit Le Figaro, c'est en effet celui qu'il faut à Grenoble. Après, il faut tenir la distance : je lis qu'il mène des opérations coup de poing tous les jours. C'est la régularité qui compte, pas l'effet d'annonce. On jugera sur pièces. Mais même ainsi, les opérations coup de poing ne règleront pas à elles seules la question de la délinquance quotidienne. Il faudra bien tôt ou tard réimplanter des patrouilles quotidiennes. Je me fiche que Sarkosy appelle ces dernières UTEQ ou police de proximité pourvu qu'il les mette en place, et pour l'instant, le compte n'y est pas.

    Le problème, c'est que je n'ai aucune confiance en l'action du Président : il fait le coup à chaque fois, et puis ensuite, c'est le flop retentissant faute de suivi et de moyens.

    Accessoirement, je trouve aussi ahurissant que débile d'organiser une réunion sur les gens du voyage et/ou les Roms. On s'en fout. La loi est la même pour tous, gens du voyage ou pas, et tout ce qu'on veut, c'est qu'elle soit appliquée. On ne demande pas au Président de pointer du doigt une communauté, d'autant que quand bien même elle générerait plus de criminalité qu'à la normale il ne faut pas oublier ceux qui ne font rien de répréhensible. Non, on lui demande d'agir pour intercepter et punir les délinquants d'où qu'ils viennent et assurer aux citoyens tranquilles une des libertés les plus importantes : la sécurité. LOmiG n'a pas fini de la griffonner, sa carte de l'insécurité, à ce rythme. Bientôt, ce n'est plus la carte de France de l'insécurité, mais celle de la sécurité qu'il faudra dresser...

     

     

  • Atteinte aux libertés, le PS s'y met aussi...

    Nous vivons dans un pays qui ne fait pas toujours grand cas des libertés individuelles à plus d'un égard, mais le pompon, c'est l'idée idiote et liberticide du PS : interdire les micro-partis. Je veux bien qu'il y ait des abus, mais est-ce une raison pour empêcher les citoyens ordinaires de constituer leurs propres organisations politiques. Et la liberté d'association, alors ?

    Ce n'est pas seulement la liberté qui serait ainsi touché, mais aussi la diversité : même au sein des plus gros partis, si les outsiders n'ont plus les moyens de se faire entendre, ils ne résisteront pas au rouleau compresseur des ténors de leur propre mouvement.

    La question de fond, c'est le mode de financement des principaux partis, pas les micro-partis en tant que tel ; il doit tout de même être possible de légiférer sur les transferts d'une officine politique à une autre sans faire disparaître une disposition constitutionnelle fondamentale de notre constitution. Manifestement, cela n'a pas frappé plus que ça l'opposition socialiste...

  • Belle équipe, la Yougoslavie

    Jetant un oeil sur le dernier classement des équipes nationales de football par la FIFA, j'ai constaté que l'on trouvait dans les vingt premiers la Serbie, la Croatie et la Slovénie.

    Quand on pense que toutes ces nations étaient autrefois constitutives de l'ex-Yougoslavie, on comprend à quel point ce pays a pu fournir des talents aux football européen.