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libéralisme - Page 3

  • UDF versus MoDem

    Laurent de Boissieu a écrit, il y a quelques jours, un billet pour examiner l'évolution programmatique du MoDem, autrefois UDF. J'avais fait moi-même quelques observations il y a quelques jours. Si je salue tout à fait le travail extraordinaire réalisé par les commissions (et je dois être honnête, je ne pensais pas qu'elles seraient capables de produire un programme, et je fais donc un mea culpa), il n'en reste pas moins que plus d'un aspect du nouveau programme me chiffonne. François Bayrou, Marielle, Alain Dolium, ont beau clamer leur appartenance au Centre, ce programme n'est pas un programme centriste, désolé.

    Il y a des retraits par rapport au programme de l'UDF de 2007 qui me dérangent à plus d'un égard. Le programme du MoDem ne jure plus que par le régulation. A vrai dire, la régulation, qui est dans toutes les bouches, elle me sort par les trous de yeux, pour tout dire, et le dire brutalement. Moi, je ne demande pas aux États de réguler, mais de s'assurer de l'équité des procédures. Ainsi, le programme du MoDem, s'il salue la dimension créative de l'entrepreneur, le réduit en même temps à une dimension philosophique sinon sociale, et son entreprise avec. Finalement, la manière de dire les choses, les mots ont un sens, est plus que tout révélatrice du fil conducteur d'un programme. J'aurais préféré que l'on écrive dans notre programme que le MoDem souhaitait et voulait que chaque individu puisse entreprendre sans devoir affronter des ententes illicites (oligopoles, collusions entre l'État et certaines entreprises). J'aime mieux l'État protecteur des libertés économiques que le chasseur de koulaks déterminé à taxer jusqu'à la moëlle et à poursuivre ces râclures de banquiers capitalistes...

    A côté de cela, il y avait dans le programme de Bayrou quelque chose qui me plaisait, en 2007  : une référence explicite au mérite à et à l'excellence. L'UDF faisait alors valoir clairement qu'elle tenait à ce que figure dans tous les établissements scolaires de France une voie de l'excellence au même titre que celle de la remédiation. Il n'en reste plus rien dans le programme éducatif du MoDem. On y évoque vaguement des parcours diversifiés au collège, et c'est tout. En somme, tout ce qui renvoie à la responsabilité et au mérite personnel a disparu.

    J'ose espérer que le programme du MoDem n'est pas un programme fermé et qu'il aura la possibilité de s'amender d'ici les présidentielles de 2012. Pour ma part, je n'ai pas rejoint un jour l'UDF pour finir dans un PRG bis. Des proches de François Bayrou lui enjoignent de prendre garde à ce centre-droit, qui existe et qu'il néglige. Il y a des voix, au sein du MoDem, pour défendre un libéralisme modéré, comme celles de Gilles Artigues ou Sylvie Goulard.

    Le projet du MoDem annonce en introduction haut et fort sa méthode : le réformisme. Je suis désolé, mais le réformisme, c'est une référence de gauche politiquement. Or, finalement, le projet du MoDem, c'est finalement un honnête projet social-démocrate plus ou moins édulcoré pour lui donner une tonalité centriste. En règle générale, je m'intéresse aux réformistes, et j'ai une certaine proximité avec, mais ce n'est pas mon courant politique. Je suis un peu plus proche des sociaux-libéraux, bien que plus à droite. Je pense, d'ailleurs, que le programme du MoDem peut convenir sans difficulté aux sociaux-libéraux, et on retrouve un grand nombre d'idées de ce courant politique dans le programme du MoDem. Mais, à certains égards, je me demande si l'on peut encore compter les sociaux-libéraux au sein de la famille libérale.

    In fine, il n'y a désormais, en France, plus aucun parti qui défende un tant soi peu l'idéal libéral. L'UDF aura été le dernier, le MoDem lui tourne définitivement le dos.

     

  • Le libéralisme face à la social-bourgeoisie

    C'est marrant, aujourd'hui, en France, si vous voulez afficher un énorme chiffon rouge, brandissez l'étendard du libéralisme : vous êtes à peu près certains d'être chargé par une horde de bovidés enragés.

    C'est qu'en effet, l'on accuse le libéralisme de tous les maux. Curieux. Moi, je ne vois pas de libéralisme nulle part, mais au contraire, une mainmise grandissante des États sur la vie économique, les libertés et les existences de chaque individu.

    A travers la fiscalité, les États démocratiques nous taxent jusqu'à la moëlle, tandis que les régimes autoritaires limitent autant qu'ils le peuvent les libertés individuelles. Pour la fiscalité, vu l'endettement record des États, ils n'ont pas fini de nous taxer : ils devront rembourser tôt ou tard, et, à ce moment-là, ils chercheront de l'argent partout où ils pourront en trouver. Et je n'évoque pas non plus les libertés publiques qui en prennent un coup, depuis quelques temps, dans nos états démocratiques, à commencer par la France...

    Je crois que le pire des maux qui assaillent notre civilisation démocratique, c'est le copinage généralisé au plus haut sommet des états mais aussi des très grandes entreprises. A coups d'entente et d'accords privilégiés, ces réseaux anéantissent petit à petit les libertés, à commencer par les libertés économiques ! Cette nouvelle forme de pouvoir n'a été analysée que par peu d'individus : par Jean François Kahn, d'abord, qui a le grand mérite de comprendre qu'il ne s'agit pas là du libéralisme que l'on dénonce habituellement, mais aussi par certains blogueurs libéraux particulièrement incisifs. Je renvoie ainsi à l'excellente définition de la social-bourgeoisie par Vincent Bénard sur son blog, objectif liberté :

    Pourquoi "Social Bourgeoisie" ? , car cette doctrine politique est très interventionniste, elle est donc apparentée au socialisme. Cette forme particulière d'interventionnisme public très fort dans l'économie consiste à se montrer aussi dépensier que ne le seraient des socialistes purs et durs, et parfois plus que des socialistes réformateurs étrangers. "Bourgeoise", parce que les clientèles principales de ces interventions ne sont plus des familles modestes ou "ouvrières", comme aux débuts de l'essor du socialisme de masse, mais les milieux d'affaires les mieux connectés au pouvoir, c'est à dire les grandes entreprises, et surtout les banques et compagnies d'assurances, alliées indispensables des états qui creusent chaque année un peu plus le trou de leur dette publique. Ceci, afin, nous dit-on, de "favoriser l'économie et l'emploi".

    Vincent Bénard achève avec intelligence son analyse, observant que des interventions sectorielles d'un état sont aux antipodes des thèses libérales traditionnelles, d'une part, et qu'ensuite, si on les confond avec le libéralisme, c'est qu'elles se font souvent au détriment d'acquis sociaux et syndicaux, en faveur de la très petite minorité de très grandes entreprises et de grandes banques qui en bénéficient. Il y a, en fait, des interventions incessantes des états depuis de nombreuses années, à commencer par les USA, mais elles se font en faveur de quelques acteurs et au détriment des autres.

    Pour ma part, je le dis et je le redis : le coeur du libéralisme, dans le domaine économique, c'est la concurrence libre et non faussée. Ce libéralisme économique doit s'appuyer sur un libéralisme politique : pas de concurrence libre et non faussée sans transparence, pas de transparence sans libertés publiques (dont la liberté de commercer, d'acheter ou de consommer sans devoir faire face à des entendesz illégales appuyées par des états, par exemple).

    Voilà pourquoi les libéraux ne peuvent absolument pas se reconnaître dans le nouvel ordre mondial, et encore moins dans le bonapartisme de Nicolas Sarkozy. Non au capitalisme de connivence, car il détruit petit à petit tous les acquis que le capitalisme avait pu amener grâce à l'incroyable accumulation de richesses qu'il avait permis !

    L'état, au lieu d'intervenir à tout va, ferait bien de s'occuper de remplir convenablement sa première fonction : contrôler l'équité des échanges, de l'information, assurer le transparence, prévoir des lois qui permettent aux petits entrepreneurs et aux consommateurs de se défendre. Récemment, les class actions n'ont pas été retenues dans la Loi de Modernisation de l'économie. Pourquoi, parce que cela gênait les plus grosses entreprises. Il y a donc bien eu collusion entre l'état et ses copains...En définitive, c'est une élite qui truste toutes les places du pouvoir et empêche toute saine émulation grâce à ces réseaux. C'est aussi ce que dénonce, je le crois, François Bayrou dans son Abus de pouvoir, et c'est à cela qu'il faut mettre fin si l'on veut retrouver, au moins en France, aux blocages de toute sorte à tous les niveaux de l'économie et de l'état...

     

  • Que s'est-il dit chez les Gracques ?

    Il y avait, samedi dernier, un débat sur les relations entre État et marché, organisé par les Gracques. Malheureusement, pas grand chose n'en a filtré. Marielle de Sarnez s'est exprimé sur les retraites, un sujet qui la préoccupe en avertissant que l'on ne pourrait pas promettre n'importe quoi. J'ai lu un compte-rendu chez Stimulus, le seul que j'ai trouvé de cette journée. J'ai apprécié le second tenant de l'alternative qu'il propose en conclusion : à défaut de trouver un nouveau logiciel idéologoque pour la social-démocratie, il faudra que la politique se niche dans les détails, se fasse humble et précise. Cela coïncide tout à fait avec le pragmatisme que je revendique, et que, de mon côté, je souhaite voir attaché au libéralisme. A mon avis, l'un des rôles principaux de l'État, c'est de s'assurer que l'information circule correctement et qu'elle n'est pas faussée ou tronquée intentionnellement, et ce, afin de garantir une concurrence sur les marchés non faussée. Ensuite, il doit préserver les biens supérieurs qui ne sauraient résister aux tempêtes qui traversent les marchés, parce qu'ils ne procèdent pas de la même logique. Enfin, il doit être impérativement le garant des équilibres budgétaires et se contraindre à une obligation de transparence et de vérité dans ce domaine.

    En somme, un mélange de solutions authentiquement libérales et de pragmatisme. Des solutions authentiquement libérales, ce n'est pas tout privatiser pour moi : le première mission d'un libéral devrait être d'assurer les conditions de la transparence, sans laquelle, les mécanismes de marché ne peuvent fonctionner correctement. Il y a ensuite un devoir de solidarité, dès lors qu'il ne se transforme pas en assistanat. Et pour moi, la limite est très claire : la solidarité doit s'arrêter là où la responsabilité personnelle est engagée.

  • Mon libéralisme expliqué à la gauche

    Il y avait un Kremlin des blogs, hier à la Comète, bar fameux du Kremlin-Bicêtre du côté de la porte d'Italie à Paris. Étaient présents à peu près la liste de blogueurs dressée par Olympe mardi dernier. J'ai donc pu rencontrer Olympe herself, en compagnie de Polluxe et Lucial Mel et nous avons évoqué la parité hommes-femmes dans les Conseil d'Administration des entreprises. Il y a actuellement un rapport sur le sujet, écrit par une Inspectrice Générale des Affaires Sociales. Nous aurons certainement l'occasion d'y revenir dans les prochains jours.

    Dagrouik (intox2007) et Vogelsong (piratages) (qui est venu à l'improviste) ont attaqué fort : comme je me suis proclamé libéral, ils voulaient à tout prix me faire endosser la dictature de Pinochet au Chili et les expériences économiques des Chicago Boys. Soyons clair : une dictature ne peut en aucun cas se réclamer du libéralisme, y compris économique. Il n'y a pas de libéralisme économique sans libéralisme politique. Et pour cause : le libéralisme économique a besoin de transparence, condition sine qua non d'une concurrence libre et non faussée. Comment lutter contre des oligopoles ou des monopoles dans une dictature ? Y imagine-t-on un seul instant une procédure de type class-actions (déjà qu'on a du mal à les faire appliquer dans une démocratie...?

    J'ai eu une discussion fort intéressante avec les concepteurs de pealtrees, deux blogueurs, Cratyle et Wallen. Je connaissais déjà le premier, et j'ai pu du coup lui demander pourquoi il avait choisi Cratyle comme nom de son blog ; pour mémoire, Cratyle est le titre d'un dialogue de Platon où le personnage du même nom soutient que derrière chaque mot il y a une essence. S'appuyant sur la doctrine de Protagoras, il fait valoir que ce qui est faux n'est pas et qu'il est impossible de dire ce qui n'est pas ; le discours rend donc forcément compte de ce qui est. CQFD... Si Cratyle le blogueur rejette les essences, il considère en revanche bien que les mots construisent la réalité et même, l'organisent. Position constructiviste classique, in fine. Pearl trees, sa création, répond à une logique similaire avec la volonté d'organiser les contenus sur la Toile en leur donnant du sens.

    Wallen, quant à lui, m'a communiqué des informations fort intéressantes sur un produit financier dont j'avais entendu parler mais dont j'ignorais le mécanisme : les futures. Il s'agit d'un produit qui se vend sur les marchés dérivés : c'est un contrat à terme  par lequel on s'engage à acheter des matières premières à un prix fixé au moment de sa conclusion. J'y reviendrai prochainement dans une note.

    Interpelé par Piratages et Intox2007 sur mes préférences entre Peyrelevade et Corinne Lepage, j'ai repris en la simplifiant une note que j'avais déjà écrite : je m'accorde avec Peyrelevade pour penser que la ré-industrialisation de la France est une nécessité absolue et qu'il faut absolument que l'industrie puisse dégager des marges importantes pour investir. Mais je pense que les vieilles industries ne peuvent servir de support à cette ré-industrialisation : ce sont les énergies renouvelables, l'industrie verte de demain qui emporteront l'ancien monde industriel dans l'ouragan capitaliste qu'a parfaitement décrit Schumpeter. Si les glogueurs de gauche ont donc pu constater certaines convergences avec l'aile droite du MoDem, que je représente, il y a eu aussi quelques couacs. Notre protection sociale demeure à financer : c'est inévitable, et si ce n'est pas l'entreprise qui le fait, ce sera forcément les salariés...

    Il y avait deux autres représentants de la sphère démocrate à la Comète : GroDem qui a fermé son blog il y a quelques temps, mais dont l'entité matérielle et physique existe encore et un lecteur de blogs répondant au nom d'Arnaud, manifestement attiré par les sirènes de Terre Démocrate. Nemo était là, bien sûr, avec son style britannique tout en rondeurs ; il a fait sa propre relation de l'évènement. Il n'est pas le seul : l'organisateur avec lequel j'ai échangé quelques mots a fait de même. Il a du boire : il croit que j'étais un jeune mec cordial. Pas du tout : moi, j'étais le moustachu propre sur lui, proche de la soixantaine qui tenait le Figaro sous un bras, et la revue de l'Institut Montaigne sous l'autre et qui venait juste de garer sa BMW en double-file sans warning devant la Comète.

    Entre autres agréables découvertes, j'ai enfin fait la rencontre de la charmante Elsa, qui a quelque chose à dire sur son blog...Son fiston de six ans et demi peut se gratter pour espérer avoir un jour un téléphone portable, en tout cas, à ce que j'ai compris...

    Nous avons tous convenus, en fin de soirée, qu'il était bien triste de voir la droite gouvernementale déserter complètement la blogosphère, à la notable exception d'Authueil et de Koz. Et encore, ils ne revendiquent pas une étiquette politique militante : Nicolas semblait envisager un plan d'action pour faire monter un blog UMP au classement wikio. Encore faudrait-il en trouver un...à suivre, donc...

  • Moi, de gauche ? Mooouuuaaaaaaaâârrrfff !

    Tiens, Polluxe  réagit à une chaîne qui tenait en haleine la left blogosphère depuis quelques jours, la semaine dernière : il s'agissait de déterminer, pour un blogueur, s'il était de gauche ou non. Et Polluxe veut connaître mon avis...A vrai dire, j'avais déjà réagi dans les commentaires chez Nicolas. Nous n'étions pas prêts, lui et moi, de bâtir un programme commun...

    Non, sérieusement, j'accorde bien trop d'importance à l'initiative individuelle, à la propriété privée et à l'esprit d'entreprise pour pouvoir être de gauche.

    C'est paradoxal, parce que jusqu'à  l'avènement de la Nouvelle UDF, j'ai voté constamment à gauche sans me rendre compte que sur le fond, j'étais un mec de droite. Je sentais bien qu'il y avait un truc qui clochait, et je ne comprenais pas pourquoi.

    Même au MoDem, parfois, j'ai comme une sensation, disons, pas de malaise, mais pas loin, parfois. J'apprécie beaucoup Bayrou et Marielle, j'aime bien les idées de Corinne Lepage, mais aussi les positions politiques de Gilles Artigues et Sylvie Goulard, mais, pour avoir participé à un congrès du Nouveau Centre une fois, et en quelques occasions à des réunions du MoDem, y'a pas photo, je me sens bien plus à mon aise avec les militants néo-centristes, que je trouve davantage les pieds sur terre, plus humbles et plus chaleureux.

    Très franchement, si le Nouveau Centre avait su peser sur la majorité, conserver une certaine indépendance ainsi que des liens amicaux avec le MoDem et Bayrou, aujourd'hui, selon je serais certainement chez eux. Leurs militants sont sympas, j'aime bien les idées qui sont brassées là-bas, mais comme politiquement, ils sont encore plus mal en point que le MoDem, en dépit de leurs élus, ce n'est pas demain la veille que je vais m'y retrouver.

    Plus généralement, c'est avec les libéraux du MoDem et ce qu'il reste de centre-droit que j'ai le plus d'affinités politiques. Sans surprise, on trouve dans le tas mon crapouillot, Nemo, et un centriste ex-néocentriste, Bob. Il faut ajouter dans le tas Vincent (Démocratie Durable), Humeurs de vache et jusqu'à un certain degré, Ataraxosphère. Si je devais en adjoindre encore deux autres à la liste, ce seraient Polluxe herself et Rubin. C'est ma marre de proximité à moi, comme dirait le Crapaud. D'ailleurs, faudrait que je refasse ma blog-roll, un de ces jours, histoire de rendre compte de ces affinités-là. Ah, j'ai une pensée émue pour Hashtable : il est bien plus libéral que moi (et au demeurant plus à droite) mais on a en commun tous les deux de bien aimer se faire mal avec l'actualité...

  • Libéralisme contre néo-libéralisme

    Avec ce billet, j'ai à peu près l'assurance de voir rappliquer LOmiG et Criticus : ces derniers temps, nous nous sommes heurtés à plusieurs reprises sur la définition du libéralisme et surtout, sur la pertinence du néologisme néo-libéralisme. Je viens d'achever, tout récemment, après une très longue lecture, les apports de l'école autrichienne d'économie de Thierry Aimar. Objectivement, j'en ai sué, parce que j'ai eu du mal à bien comprendre le modèle praxéologique, dans un premier temps, le principe catallactique ensuite, et puis pour finir, j'ai abandonné avec la théorie de la monnaie de Hayek. Le dernier chapitre est passionnant, parce que les Autrichiens s'essaient à tenter de définir une économie du bien-être, et ils butent sur le modèle praxéologique qui récuse toute forme de subjectivisme. En récusant la validité du modèle expérimental appliqué à l'humain, les Autrichiens ont de facto effacé la possibilité d'une morale collective, et, par là, d'une définition du bien commun. Conséquemment, il ne leur est plus possible de circonscrire une économie du bien-être sans devoir se départir de l'impartialité propre au modèle praxéologique.

    Ce qu'on appelle communément néo-libéralisme prend en réalité sa source dans les ultimes avatars hayekiens de l'école autrichienne. Pour LOmiG ou Criticus, le libéralisme est avant toutes choses contractuel, et c'est le contrat et la liberté de contracter qui le définit en premier lieu. Donc, le plus important, pour une société, à leurs yeux, c'est de garantir la liberté du contrat et...son exécution ! Cette liberté de contracter est celle de l'individu, je ne parle pas, ici, du contrat social, celui de Jean-Jacques Rousseau. Dans ces conditions, l'éthique est un choix personnel dont la seule limite est de ne pas gêner le voisin dans le cadre de la société. Pas de morale collective, mais un accord général pour admettre certaines règles de vie commune, voilà la substance de ce libéralisme là pour les aspects civils et éthiques. Est-ce un hasard, d'ailleurs, si Criticus invoquait, en décembre dernier, la survie pour justifier son libéralisme ? C'est exactement l'argument qu'Hayek tente désespérément d'invoquer pour tenter de sauvegarder une morale dans le processus catallactique : le marché serait l'expression de l'instinct de survie des individus puisqu'ils y viennent pour satisfaire leurs besoins et y réaliser des transactions avantageuses pour eux (voir dernier chapitre du livre de Thierry Aimar). Qu'il en soit conscient ou non, c'est bien dans cette tradition-là que Criticus s'inscrit.

    Pour ma part, j'ai eu souvent l'occasion de le faire valoir, mon principal totem libéral, c'est Montesquieu. Or, chez Montesquieu, la liberté n'est pas première, comme chez les Autrichiens. La liberté est la conséquence d'un choix moral qui est de pratiquer la vertu. Montesquieu constate que seule la liberté permet véritablement l'expression de cette vertu. Et, le type de régime républicain, et tout particulièrement la démocratie, est l'expression politique qui garantit le plus sûrement cette liberté. Et donc la vertu...

    Nous sommes donc bien face à deux conceptions du libéralisme, qui partagent évidemment certaines vues, qui s'opposent parfois frontalement, et qui, au final, divergent sensiblement à plus d'un égard.

    Avec un billet comme celui-là, il ne me reste plus qu'à attendre des réactions de la sphère libérale...

  • Je quitte à mon tour LHC

    C'est regrettable, mais je me vois contraint, tout comme Rubin, de quitter à mon tour LHC. Pas exactement pour les mêmes raisons, mais pas loin. Contrairement à Rubin, je n'ai pas jugé le projet Renovatio Occidentalis comme un projet d'extrême-droite. En revanche, j'ai averti très tôt Criticus du danger, avec un titre pareil, de voir rappliquer les identitaires, qu'ils soient masqués ou non. Cela n'a pas manqué : parmi les blogs qui viennent de rejoindre Renovatio, trois sont d'extrême-droite, pointant clairement vers la Nouvelle Droite Républicaine, une émanation du Front National. Son président militait en son temps pour un rapprochement entre le MNR et le FN. Il milite pour un rapprochement avec les USA et Israël au nom des valeurs occidentales, mais ceci n'est que de la poudre aux yeux. En réalité, à l'extrême-droite, on aime bien (et encore, dans certaines chapelles seulement) les Juifs seulement quand ils sont en Israël et qu'ils tapent sur les Arabes (autre ethnie honnie là-bas). Mais quand ils sont dans d'autres pays, on considère qu'il s'agit de lobbies.

    Criticus et LOmiG sont membres du comité directeur de LHC. Le libéralisme et l'humanisme sont à mes yeux radicalement étrangers à toute forme de nationalisme, a fortiori de nationalisme identitaire.

    Criticus et LOmiG, en acceptant la présence de blogs d'extrême-droite chez Renovatio, sont devenus de facto des passerelles entre un réseau de libéraux et des blogs d'extrême-droite.

    Je veux, là encore, faire une distinction : j'ai moi-même un flux, l'Échiquier, sur lequel j'accepte les blogs d'extrême-droite et d'extrême-gauche (aucun ne s'est toutefois porté candidat). Mais ce flux ne porte aucune philosophie : il se contente d'être un espace de débats et de confrontations représentatif de tout l'échiquier politique et édicte des règles simples : pas d'attaques ad hominem (respect de la vie privée si elle n'est pas publique) et respect de la loi française.

    Il en va tout autrement de LHC dont j'avais tant aimé la charte. C'est donc avec une grande tristesse que je me vois contraint de la quitter. Je regrette aussi de ne plus afficher ce flux car j'avais souvent plaisir à lire des billets intéressants. Criticus et LOmiG vont ruiner leur crédibilité et leur réputation. C'est dommage, car je ne les crois ni racistes ni extrémistes. Mais l'Enfer, on le sait de longue date, est pavé de bonnes intentions. LOmiG et Criticus vont détruire LHC, parce que je pense que je ne suis pas le dernier à partir. D'autres libéraux ne voudront pas cautionner un rapprochement entre nationalisme et libéralisme.

    Je vais laisser le flux LHC sur mon blog encore une semaine (mais j'en enlève d'ores et déjà le logo) afin de discuter avec les libéraux qui récusent de tels rapprochements, et d'essayer de voir quelle autre solution nous pourrions trouver pour créer un autre flux.

    Je tiens aussi à dire que Criticus a eu l'honnêteté de me proposer de devenir membre du comité directeur de LHC. Cela ne change rien à ma décision. La question n'est pas là. Seul un authentique ménage au sein de Renovatio Occidentalis pourrait me faire changer d'avis, mais j'ai bien peur que Criticus et LOmiG ne préfèrent s'enferrer dans leurs errements... En tout cas, pour moi, ce projet (auquel de toutes façons je n'aurais jamais adhéré) est mort-né. Il est phagocyté par l'extrême-droite à sa genèse. Il suffit de regarder vers quoi pointent au moins trois à quatre blogs qui en sont d'ores et déjà membres. Ils ont ainsi trouvé à  bon compte une tribune qui leur fait une caisse de résonance inespérée. Un Club de l'Horloge bis, très peu pour moi, sans façons...

  • L'occidentalisme n'est pas un humanisme

    Criticus vient de créer un nouveau réseau qui porte le doux nom de Renovatio Occidentalis. Si je n'ai pas l'intention de lui tomber à bras raccourcis comme une partie de la blogosphère, je n'en pas moins été troublé par la charte  et par le fait que trois des membres fondateurs de LHC sur cinqs y participent, comme Rubin. Je m'interroge, du coup, sur la pertinence du réseau LHC puisque l'Occidentalisme s'oppose radicalement, à mes yeux, et au libéralisme, et à l'humanisme. Il ne reste que l'esprit critique...

    Je pense, en revanche, qu'il est imprudent d'associer la charte de ce réseau à une pense d'extrême-droite. Le seul, me semble-t-il, à avoir produit une analyse très juste de la nature et des contradictions de ce nouveau réseau, c'est  Torédaor.

    En particulier, je pense que Criticus passe complètement à côté de son sujet avec sa crise des valeurs. Facile à démontrer :

    Crise de l'éducation ? Il n'y a jamais eu autant d'individus instruits en Europe et en Amérique ! Crise familiale ? Non, Criticus : c'est le modèle familial traditionnel qui connaît une mutation avec notamment la libération des moeurs (les hommes et les femmes ne sont plus contraints de vivre ensemble) et l'effondrement du poids moral des religions. Crise de la culture ? Jamais autant d'individus n'y ont eu accès. Jamais autant d'individus ne se sont rendus dans les musées. Jamais dans l'histoire de l'humanité autant de livres n'ont été imprimés. Et jamais encore les canons de la littérature classique de l'Europe et de l'Amérique n'ont été à ce point accessibles et lus. Le développement de l'obésité ? C'est un problème alimentaire et surtout, de mémoire génétique : jamais dans l'histoire de l'humanité, dans nos régions, on avait à ce point mangé à notre faim. Les obèses d'aujourd'hui sont les survivors du temps des cavernes : en ces temps-là, on ne savait pas de quoi demain serait fait, alors on stockait...Le corps n'a pas encore perdu cette habitude. La bombance générale est tellement récente qu'il n'a pas eu encore le temps de s'adapter...Perte des valeurs morales ? 60 ans de paix quasi-ininterrompue en Europe ! Plus de disccussions sur le droit qu'il n'y en a jamais eu. Jamais, en France, par exemple, les faibles n'avaient à ce point disposé d'un semblable système de protection et de solidarité.

    Il y a des turbulences, dans notre société, sans nul doute du consumérisme (mais c'est le propre des sociétés marchandes que moi je salue comme les plus avancées) et certainement des difficultés d'ajustement entre nos aspirations morales et le système économique dans lequel nous vivons (c'est bien le sens du modèle humaniste Bayrou) mais certainement pas une crise des valeurs. La crise des valeurs, on l'a connu dans les années 30 au XIXème siècle, et on a vu ce que cela donnait avec l'émergence des totalistarismes. Pour l'instant, je trouve que l'Europe s'en sort bien. Elle est même parvenue à museler une majorité d'extrême-droite en Autriche et à la contraindre à respecter à peu près les standards démocratiques de l'Europe. Pas mal, non ? Ce que je concèderai à Criticus, en revanche, c'est que la France ne va pas super bien : 15 à 20% pour l'extrême-gauche et la gauche extrême, 10 à 15% pour la droite extrême et l'extrême-droite, oui, ça, c'est de la mauvaise santé et sans doute une crise de la démocratie.

    Bref, pour la crise que dénonce Criticus, je la réfute en bloc. Quant à son association de nations occidentales, rien ne tient ou presque, et Toréador en a très bien observé les contradictions. J'en relève quelques unes supplémentaires sous forme de scoop, puisque j'ai eu l'occasion de discuter avec Criticus sur son projet :

    Sur le fond, c'est surtout les nations catholiques (y compris les anglicans) , protestantes et juives dont il souhaite l'union. Il estime que les orthodoxes n'ont pas la même culture. Ceci exclut de son alliance non seulement une large part des pays d'Europe orientale mais également la Grèce elle-même ! Comment se réclamer dans ces condtions de l'héritage gréco-latin ? Criticus s'est toujours réclamé du néo-conservatisme. Je crois qu'il a achevé le bout de chemin qui lui restait à parcourir. Toréador a très bien fait le lien : en fait, le projet de Criticus n'est ni plus ni moins l'importation d'une idéologie venue du néo-conservatisme américain mais appliquée à l'Europe. En somme, quelque chose qui n'existe pas. Comme si on créait un réseau de faucons Républicains en Europe. On reconnaît en effet leur idéologie. Effectivement pas raciste, mais culturaliste et différentialiste.

    Il n'y a rien, là-dedans, qui s'approche ni de près ni de loin de l'humanisme. La vocation universelle de l'humanisme est aux antipodes exacts d'une telle vision. Il n'y a pas non plus grand chose, là-dedans, qui ait un rapport avec le libéralisme. A vrai dire, lors d'une discussion à la suite de mon billet, la liberté est une femme, Criticus déclarait qu'au 18 Brumaire, il se serait engagé derrière Napoléon Bonaparte et non du côté des libéraux comme Madame de Staël qui récusait la personnalisation grandissante du pouvoir, l'absolutisme et la régression des libertés. Criticus n'est donc ni un libéral, ni un humaniste. Je suis surpris de retrouver LOmiG dans ce réseau. Je l'ai vu comme un libéral pur de dur, mais à la réflexion, c'est plutôt un libéral conservateur. Peut-être est-il aussi pollué par le choc des civilisations qui sous-tend sa réflexion sur l'Islam. Ce choc-là n'a rien ni de libéral, ni d'humaniste.

    Il ne suffit pas de se réclamer de la démocratie et du libre-échange marachand pour faire d'un individu un libéral. Je reprends la très bonne introduction de Wikipedia et la cite :

    Le libéralisme est un courant de pensée de philosophie politique, né d'une opposition à l'absolutisme et au droit divin dans l’Europe des Lumières (XVIIIe siècle), qui affirme la primauté des principes de liberté et de responsabilité individuelles sur le pouvoir du souverain. Il repose sur l’idée que chaque être humain possède des droits fondamentaux qu'aucun pouvoir ne peut violer. En conséquence, les libéraux veulent limiter les obligations imposées à la société par le pouvoir politique, au profit du libre choix de chaque individu.

    Le libéralisme repose sur un précepte moral qui s'oppose à l'assujettissement de l'individu, d'où découlent une philosophie et une organisation de la vie en société permettant à chaque individu de jouir d'un maximum de liberté, notamment en matière économique. Pour la plupart des libéraux, la dichotomie entre « libéralisme économique » et « libéralisme politique » n'existe donc pas, puisqu'il s'agit de l'application d’une même doctrine philosophique dans des domaines différents.

    Au sens large, le libéralisme prône une société fondée sur la liberté d'expression des individus dans le respect du droit et du libre échange des idées. Elle doit joindre d'une part dans le domaine économique, l'initiative privée, la libre concurrence et son corollaire l'économie de marché, d'autre part, des pouvoirs politique et économique bien encadrés par la loi et les contre-pouvoirs. Cela suppose idéalement un État centré sur ses fonctions régaliennes, élu par le peuple et responsable devant lui, transparent et soumis à une constitution garantissant les droits des minorités
    .

    Les convergences entre l'Occidentalisme et cette définition-là sont assez limitées...Pour ma part, je crois en l'homme et j'ai déjà eu l'occasion de faire de l'Antigone de Sophocle l'étendard de cette conviction. Je reprendrai à nouveau simplement ce que disent les vieillards de Thèbes :

    Premier demi-choeur

    Beaucoup de choses sont admirables, mais rien n’est plus admirable que l’homme. Il est porté par le Notos orageux à travers la sombre mer, au milieu de flots qui grondent autour de lui ; il dompte, d’année en année, sous les socs tranchants, la plus puissante des Déesses, Gaia, immortelle et infatigable, et il la retourne à l’aide du cheval.

    Second demi-choeur

    L’homme, plein d’adresse, enveloppe, dans ses filets faits de cordes, la race des légers oiseaux et les bêtes sauvages et la génération marine de la mer ; et il asservit par ses ruses la bête farouche des montagnes ; et il met sous le joug le cheval chevelu et l’infatigable taureau montagnard, et il les contraint de courber le cou.

    Premier demi-choeur

    Il s’est donné la parole et la pensée rapide et les lois des cités, et il a mis ses demeures à l’abri des gelées et des pluies fâcheuses. Ingénieux en tout, il ne manque jamais de prévoyance en ce qui concerne l’avenir. Il n’y a que le Hadès auquel il ne puisse échapper, mais il a trouvé des remèdes aux maladies dangereuses.

    Second demi-choeur

    Plus intelligent en inventions diverses qu’on ne peut l’espérer, il fait tantôt le bien, tantôt le mal, violant les lois de la patrie et le droit sacré des Dieux. Celui qui excelle dans la Ville mérite d’en être rejeté, quand, par audace, il agit honteusement. Que je n’aie ni le même toit, ni les mêmes pensées que celui qui agit ainsi ! Par un prodige incroyable, ce ne peut être Antigonè, bien que ce soit elle que je vois. Ô malheureuse fille du malheureux Oedipe, qu’y a-t-il ? Ceux-ci t’amènent-ils pour avoir méprisé la loi royale et avoir osé une action insensée ?

    Antigone , Second stasimon vers 332 à 383 de Sophocle (Traduction : Leconte de Lisle)

    Voilà : ce magnifique passage, y compris l'arrivée d'Antigone illustre à merveille l'idée que je me fais de l'être humain. J'en profite pour jeter un pavé dans la marre, mais il est sans doute nécessaire : peut-être serait-il bon d'élargir le comité directeur du réseau LHC afin d'en assurer une représentativité meilleure. Le départ de Rubin est tout de même troublant. J'espère qu'il sera possible de le faire revenir sur sa décision. J'en profite pour inviter les néo-occidentalistes à se défier d'éventuelles candidatures à leur réseau. Comme je l'ai dit à Criticus, il y a un risque non négligeable de voir rappliquer pas mal d'authentiques fachos. Par ailleurs, il y a eu une réaction chez les Trois bills qui ne me semblait pas si stupide que cela, celle de "pas perdus" se demandant s'il ne s'agissait pas là d'une version moderne du Club de l'Horloge. Ce club existe toujours au demeurant. Rappelons qu'il avait pour vocation d'être un pont entre la droite et l'extrême-droite. On n'en est pas là, mais le risque de glisser vers quelque chose de similaire est grand, d'autant que le Club de l'Horloge proposait une synthèse entre nationalisme et libéralisme , synthèse aussi absurde qu'idiote à mes yeux, tant ces deux pensées sont irréconciliables. Cricitus a rejeté catégoriquement le nationalisme dans sa charte, mais pas pour de bonnes raisons : uniquement parce qu'ils diviseraient les nations occidentales. En somme, on peut donc voir son Occidentalisme comme une sorte de nationalisme de niveau supérieur...

  • Partageons-nous son avis ou ses âneries ?

    Nicolas s'est lancé récemment dans des considérations quelque peu inconsidérées sur le réseau LHC. Il s'est à mon avis juste trompé de blog de publication. Notamment, l'appartenance à la droite n'est pas ce qui définit le réseau LHC, même si je lui concède qu'il penche sans doute plus de ce côté-là que du côté gauche. Il n'en reste pas moins qu'on est quelques uns à avoir voté Royal au second tour, dans le tas, et même, parfois, à avoir voté socialiste aux législatives (horresco referens) et que pas mal d'autres se sont abstenus.

    Si certains sont plus libéraux que d'autres, je n'ai pas souvenir d'avoir lu quelque part la suppression de la sécurité sociale ni de l'impôt sur le revenu (aucun état au monde ne le fait d'ailleurs). Quant au code du travail, il en faut bien un pour pouvoir établir des contrats.

    Pour le reste, Nicolas décortique la charte du réseau, ignorant ostensiblement qu'il y a la lettre et l'esprit de la lettre. C'est d'ailleurs tout ce qui caractérise un esprit libre, critique et humaniste que de pouvoir établir cette nécessaire dichotomie.

    En ce qui concerne l'Islam, ce n'est pas parce que LOmiG et Criticus écrivent des billets radicalement critiques sur cette religion que tout le réseau LHC adhère forcément à cette critique (je me suis déjà assez largement exprimé à ce sujet sur mon blog).

    Quoi qu'en dise Nicolas, peut-être est-il inquiet de voir un autre réseau que les leftblogs venir concurrencer ces derniers au classement wikio ? Il est vrai qu'il se fait une opinion du réseau LHC sur la foi de ses blogs les mieux classés (Criticus, LOmiG) et pas sur ce qu'on y trouve vraiment. Mais s'il venait de temps à autre me visiter, ou encore Polluxe ou Humeurs de vache (il connaît déjà Rubin) il verrait que le libéralisme se décline sous des formes diverses dans le réseau LHC. Et au fait, si libéral cela veut dire "à droite", Nicolas estime-t-il que Delanoë au PS, qui revendique cette étiquette, est à droite ?

    Ah, et puis une hypocrisie : Nicolas se moque du comité directeur de LHC qui établit adhésions et radiations. Peut-il m'expliquer comment se fait l'adjonction d'un nouveau blog au réseau Left-Blogs ? une grande délibération collective ou...un seul individu qui prend la décision discrétionnairement ?...Paille, poutre et tout ça et tout ça...hein ?

    Allez, tends la joue droite, mon fils, pour l'autre baffe, maintenant ;-)

     

  • Ce soir-là, l'hérétique dînait chez LHC

    La soirée d'hier a été l'occasion de découvrir quelques membres les plus éminents du Réseau LHC autour d'un dîner festif. J'ai ainsi pu faire connaissance avec LOmiG, Criticus et Lolik. Une occasion de se découvrir réciproquement et d'évoquer divergences et convergences. Si un goût commun pour la liberté et les discussions enflammées nous animent tous, les divergences n'ont toutefois pas manqué.

    Pour être lapidaire, je dirais que LOmiG est un libéral pur de dur et Criticus un libéral conservateur. J'ai moins bien identifié Lolik, mais je pense qu'elle évolue dans la même zone politique que LomiG.

    Des divergences, il y en a tout de même eu :

    Les retraites, par exemple : Lomig et Criticus sont favorables à une retraite par capitalisation. Je suis complètement opposé à cette vision. On voit comment les marchés boursiers sont instables et surtout, comment les fameux fonds de pension ont une forte propension à générer de fortes instabilités boursières en raison de la nécessité de trouver des rendements élevés. Ce n'est donc pas une bonne garantie pour les retraites. A cela s'ajoute une divergence philosophique : de mon point de vue, je m'oppose à l'idée de renvoyer l'individu à sa seule responsabilité dans le domaine de la santé et de l'éducation. Nous sommes en fait d'accord sur la nécessité de payer les retraites, mais pas sur la manière de le faire. Compte-tenu de ce qui nous pend au-dessus, je ne vois pas d'autres solutions que d'augmenter la fiscalité sur les citoyens. Même chose pour les soins. En ce sens, je ne suis pas totalement libéral, car si j'estime que les individus sont responsables de leurs actes, ils ont souvent des capacités d'anticipation limitées, et, il devient nécessaire de limiter alors leur responsabilité par l'intervention d'un acteur plus stable et plus fiable : l'État.

    Nous avons ensuite évoqué l'impôt sur le revenu et nous sommes tombés d'accord sur le fait que personne, y compris les plus pauvres, ne devrait pouvoir y échapper, même si la contribution est très modeste. L'impôt est un lien social qui manifeste l'appartenance à la société. Il ne devrait y avoir ni niches fiscales qui permettent de l'éviter enitèrement, ni situations de pauvreté qui justifient de ne rien payer. Passé cet accord, nous divergeons, en revanche sur la quantité d'impôts, puisque LomiG et Criticus, et je crois, sans doute Lolik aussi sont partisans de les limiter en renvoyant à chaque individu le soin de financer lui-même le service rendu par l'État.

    Criticus a par exemple évoqué l'éducation et proposé la mise en place d'un chèque-éducation afin que chaque famille puisse choisir ou non de passer par l'école publique. Cela me paraît assez curieux : pour qu'un tel système soit acceptable, il faudrait que les établissements privés aient les mêmes contraintes que les établissements publics en matière de population à accepter. In fine, je ne vois pas trop l'intérêt de la chose. Tout ce que cela risque de produire, ce sont des effets de seuil négatifs dans les effectifs scolaires qui engendreront alors des coûts supplémentaires puisqu'il faudra maintenir des postes pour des classes incomplètes ou embaucher des personnels non-formés pour boucher les trous. J'ajoute que cela risque de créer une fragmentation supplémentaire dans le système éducatif, et j'ai quelques doutes sur la salubrité de la chose.  Bref, pas d'accord.

    Autre divergence : Ségolène Royal. J'exagère à peine si je dis qu'ils la prennent tous pour une cruche et qu'ils estiment qu'elle incarne l'absence de crédibilité de la gauche. Je l'ai souvent dit ici : Ségolène Royal était à l'origine une réformiste. Son problème, c'est de s'être laissée phagocyter par le programme archaïque du PS, mais dire qu'elle est par exemple incompétente en économie montre surtout qu'on ne l'a pas lue. Ce qui est vrai, en revanche, c'est qu'elle a des côtés péronistes (social-populisme à la sud-américaine) et un culot certain qui ont le don d'agacer, à commencer par ses petites camarades socialistes qui ne la supportent pas. Je suis loin d'être un fan de Ségolène Royal mais il faut avoir l'honnêteté de reconnaître que c'est une femme intelligente. Je pense en outre qu'elle aurait certainement fait moins d'erreurs économiques que Sarkozy si elle avait remporté l'élection présidentielle. Sa victoire eût alors consacré l'alliance d'un pôle réformiste chez les socialistes avec le centre et les démocrates, puisqu'une telle victoire n'était pas possible sans Bayrou. C'est pour cela que j'ai voté pour elle au second tour contrairement à mes camarades LHC.

    On n'est pas non plus d'accord sur l'Islam. Criticus et LOmiG s'obstinent (à mes yeux) à considérer que le texte lui-même est à l'origine des dérives intégristes de l'Islam. Ils rejettent donc en bloc cette religion et tout ce qu'elle représente préférant à une lecture circonstanciée une critique radicale. Ce n'est pas mon raisonnement. Mais j'ai déjà eu l'occasion de le dire. Ce sont les interprétations et ce qui en est dit qui est important à mes yeux. Ce n'est donc pas l'Islam en tant que tel qui est un problème. Je peux d'ailleurs leur en faire une démonstration assez nette : certains versets du Coran présentent Allah avec des organes. Or, Allah est en principe insubstancié, et cet attribut est même absolument fondateur pour lui. Les théologiens islamiques commandent donc de se garder d'une lecture du Coran à la lettre. Il en va ainsi de tout l'ouvrage, et voilà pourquoi il n'existe aucune interprétation univoque du texte.

    En revanche, nous nous sommes à peu près tous accordés pour estimer que l'Iran n'était pas un pays dangereux. Les évolutions de l'Islam là-bas ont paru à tous intéressantes (par exemple, le fait qu'au sein du monde islamique, l'Iran soit le pays où le plus de droits sont reconnus aux femmes...).

    Nous nous sommes opposés également sur la Turquie avec des arguments divers : pour certains, la Turquie n'est pas géographiquement dans l'Europe, pour d'autres, elle ne l'est pas culturellement. La vision qui m'a paru la plus radicale est celle de Criticus : il ne s'accorde avec une Europe qu'à la condition qu'elle soit occidentaliste. Et, il n'intègre dans l'occidentalisme que les héritages catholiques et protestants. Exit donc la plus grande partie de l'Europe Orientale, sans parler de la Russie et des pays du Caucase, mais, à la limite, la Grèce aussi (qui est orthodoxe). Pour ma part, je m'inscris résolument en opposition à une telle vision. Je dois donner une précision : l'occidentalisme de Criticus est culturel, mais il ne le rapproche en aucun cas des mouvements d'extrême-droite dont il ne partage absolument aucune valeur. Je vois souvent sur les blogs des confusions à ce sujet. En revanche, revers de la médaille, il est évident que l'extrême-droite tendra certainement à être plus intéressée par l'occidentalisme que le centre, par exemple...

    J'en profite pour corriger une erreur souvent lue et entendue : les LHC sont très loin, mais alors très loin d'être sarkozystes. Ils sont avant tout libéraux. Je pense qu'actuellement, LomiG ou Criticus ne soutiennent pas plus Sarkozy que le PS. Je me demande bien d'ailleurs pour qui ils vont voter aux européennes. La logique voudrait qu'ils se dirigent par défaut vers les partis les plus proches de l'ADLE en Europe (dont le MoDem est membre, par exemple). Mais la logique sera-t-elle respectée ? C'est ce que nous verrons dans les prochains mois.

    Ce qui m'a tout de même frappé, au sein du réseau LHC, c'est d'abord le culte rendu à l'individu et au contrat (société contractuelle). En ce sens, à mes yeux, les blogs LHC sont davantage individualistes que libéraux. Mais l'individualisme est consubstantiel du libéralisme sans toutefois pour autant le circonscrire. En outre, l'exercice particulier de l'écriture sur un blog renforce ce trait.

    Je pourrais continuer à disserter longuement sur cette rencontre, mais il me semble que ce que j'ai écrit n'est déjà pas si mal...