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Démocratie

  • RIC, risques et démocratie

    Dans les revendications des Gilets jaunes, on trouve le RIC ou Référendum d'Initiative Citoyenne. L'idée est de rendre possible à un groupe de citoyens suffisamment nombreux d'entamer une procédure référendaire.
    A l'époque des fake news galopant, une telle possibilité ouvre évidemment la voie à de très inquiétantes déviations, sans compter les forces politiques et les démagogues de tout poil à l'affût pour récupérer la chose et l'instrumentaliser.
    Cela dit, même si cela ne m'arrange pas par les temps qui courent, car je soutiens le gouvernement et sa politique, je dois reconnaître que j'aurais été très heureux qu'un tel instrument au service du peuple et des minorités qui le constituent existât à l'époque des quinquennats Sarkozy et Hollande.
    Depuis trop longtemps, la politique est affaire de spécialistes, c'est à dire forcément une minorité, même si elle n'est pas forcément armée de mauvaises intentions.
    Par ailleurs, il ne faut pas s'illusionner : la vraie majorité des majorités politiques, ce sont les électeurs qui votent pour leur parti et leur candidat à la présidentielle au premier tour. Le second tour est un moyen d'éliminer le plus détestable des deux candidats, pas un acte de soutien, pour ceux qui n'ont pas choisi la majorité politique.
    Donc, ce qu'on voit, c'est qu'une majorité politique, dans nos démocraties représentatives, est encore une fois une minorité. Certes, elle est importante, mais cela ne l'autorise pas à prendre toutes les décisions sans contre-pouvoirs aucun.
     
    C'est vrai, il y a des risques, et des gros. Mais on ne cesse de prendre des décisions qui vont à rebours de ce que veulent les peuples depuis trop longtemps et je pense que cela mine nos démocraties libérales.
     
    Le RIC ne sera pas l'outil d'une vraie majorité démocratique car il sera porteur la plupart du temps d'intérêts catégoriels, de minorités de toutes sortes, légitimes ou non. Ne rêvons donc pas. Mais, à défaut, il permettra d'équilibrer les pouvoirs entre les minorités qui constituent le corps démocratique et ça, je crois que c'est nécessaire.
    Par ailleurs, certains craignent que des lois soient ainsi défaites. D'accord, et alors ? Est-ce qu'une loi a vocation à être gravée dans le marbre pour l'éternité ? Si elle n'est pas fondamentale, je ne le crois pas. Des lois seront défaites puis refaites et ce sera ainsi, un reflet de la vie démocratique et des opinions qui se sont et se défont au fil du temps et des évolutions.
     

  • Haro sur le baudet Morano

    Je suis toujours stupéfié par l'effet de meute du landernau médiatique chaque fois que se profile une bonne occasion de s'indigner chez les gens d'entre-soi. Le problème c'est que tous ces individus ne perçoivent pas à quel point l'opinion se contrefiche, au fond, de leurs ridicules polémiques.

    Contrairement à ce que dit Bruno Roger-Petit Nadine Morano évoquait le Général de Gaulle pour faire valoir à peu près la même opinion que ce dernier.

    Il est évidemment absurde d'évoquer une race alors que les biologistes ont désormais établi qu'il n'en reste plus qu'une dans l'espèce humaine, c'est un point incontestable.

    En revanche, ce que voulait poser Nadine Morano sur la table avec sa maladresse coutumière, c'est la question de la composition de la France et de son identité.

    Dans de nombreux pays la présence de communautés très différentes aboutit à de fortes tensions ou même des guerres civiles sauf quand ces communautés ont construit ensemble et volontairement leur nation comme c'est le cas des USA.

    Compte-tenu de la structure de nos soldes migratoires il est donc pertinent de s'interroger sur l'origine culturelle, religieuse, sociale et géographique de ceux qui veulent s'établir chez nous.

    Si l'accueil de réfugiés ne souffre pas de distinction (nous avons signé une convention sur les réfugiés politiques), d'autant que NKM a très brillamment démontré que c'étaient ceux qui s'intégraient le mieux, il n'est pas anodin de s'interroger sur les autres et le faire en amont me semble essentiel. Ce n'est pas à la première génération mais souvent à la deuxième ou la troisième que ceux qui sont issus des migrations se posent la question de leurs origines.

    Nous sommes un pays judéo-chrétien, c'est vrai, Nadine Morano a raison, et j'ajouterai que le socialisme avec ses rêves d'égalité  est l'avatar laïc le plus direct du christianisme. Nous sommes de culture européenne, et, plus largement occidentale et démocratique, encore un fait évident.

    Quand nous absorbons des populations, nous avons tout intérêt à avoir présentes à l'esprit ces données au lieu de chercher à les occulter comme le fait actuellement la gauche et une très large partie de l'intelligentsia, sous prétexte que les valeurs démocratiques et laïques s'imposeraient par génération spontanée (donc sans histoire) et comme une évidence culturelle et morale.

     

  • La Charia dans tous ses états

    J'ai lu en grande partie une enquête très approndie sur la perception de l'Islam par les Musulmans eux-mêmes, comprenant des questions sur les valeurs, l'influence des leaders religieux, l'application de la charia, le rapport au monde occidental, le terrorisme, le statut de la femme (polygamie, crimes d'honneur, voile, liberté des femmes) et la démocratie.

    Certains pays me paraissent vraiment foutus pour nos valeurs : l'Afghanistan, le Pakistan, l'Égypte, le Nigeria, l'Irak et les Territoires palestiniens portent aux nues la charia, le voile, les crimes d'honneur, les attentats suicide pour une large part de leurs citoyens quand ce n'est pas leur totalité.

    A l'inverse, certaines idées reçues tombent à la lecture du rapport. Les Albanais, les Bosniaques à plus d'un égard, ont une pratique de la religion à peu près similaire à la nôtre, considérant, pour l'essentiel, qu'elle relève de la sphère privée et récusant son influence dans la sphère publique. Ils se distinguent très nettement de tous les autres pays musulmans du monde par leur très grande ouverture d'esprit. Par exemple, plus de 75% d'entre eux ne verraient pas d'inconvénient à ce que leur fils se marie avec une chrétienne ; même résultat si c'est leur fille ! Seule la Guinée-Bissau obient des résultats de niveau comparable à cet item. De même les Albanais, comme les Bosniaques ou les Kosovars sont une nette majorité à juger que l'épouse n'a pas de devoir d'obéissance envers son époux. 59 contre 12 en Albanie et 80 contre 15 en Bosnie s'opposent à ce que la Charia devienne la loi officielle de leur pays. 91% des Bosniaques s'opposent à ce que des juges religieux se mêlent de leurs affaires ; ils sont 79% chez les Albanais et 82% chez les Turcs.

    Plus surprenant, les pays d'Asie centrale, Azerbaïdjan, Kzakhstan tout particulièrement, ont une pratique plutôt tolérante et libérale de l'Islam (pas sur tous les sujets, toutfois). Il y a dans ces pays une forte tradition de modération qui emporte l'adhésion de l'essentiel des populations musulmanes. Ils rejettent très massivement les crimes d'honneur en cas d'adultère ou de relations hors et avant le mariage (rejet catégorique en toutes circonstances à plus de 85%). Les Azeris sont 81 contre 8 et les Kazakhs 79 contre 10 à ne pas vouloir que la Charia s'impose comme loi officielle chez eux (77 contre 12 en Turquie). Les Tadjiks sont 58%, à estimer qu'il est moralement acceptable de limiter les naissances (favorables à la contraception, en somme) un score très supérieur à celui de tous les autres pays musulmans même si les Kazakhs et les Bosniaques sont à 49.

    La lecture des résultats de la Turquie est très intéressante. 90% des Turcs jugent que c'est à la femme de décider si elle veut porter ou non le voile. Ils sont également une majorité relative à estimer qu'ils n'ont pas un devoir de conversion envers les autres. Ils sont 85% à juger que les femmes ont le droit de divorcer de leur mari (84% en Albanie, 94% en Bosnie, 80% chez les Azeris et les Kazakhs). Massivement, Turcs, Azeris, Albanais et Bosniaques rejettent la polygamie ( de 75 à 85%). 

    91% des Albanais, 93 des Bosniaques, 93 des Azeris, 96 des Kazakhs (1% seulement à penser le contraire chez ces deux derniers peuples) et 89 des Turcs s'opposent à ce que l'on applique la peine de mort aux apostats. A titre de comparaison, en Égypte, ils sont 88% à penser que les apostats doivent être exécutés (83 en Jordanie, 79 chez les Afghans, 62 chez les Palestiniens). Très fort rejet chez les pays qui refusent de criminaliser l'apostasie des mutilations corporelles en cas de vol. Les Kazakhs rejettent la lapidation en cas d'adultère à 91%, les Turcs à 88, les Bosniaques à 89 et les Albanais à 85. A l'inverse, les Territoires Palestiniens la jugent justifié à 81% (Afghanistan 84, Pakistan 86).

    Tous les pays musulmans rejettent la consommation d'alcool, à des degrés divers toutefois, et tous condamnent fermement l'euthanasie. Idem pour le suicide et l'avortement. Même rejet de l'homosexualité.

    J'ai trouvé ce sondage passionnant. J'en conclus que deux Islam s'opposent : celui d'Europe et d'Asie mineure globalement tolérant, proche des valeurs de la démocratie libérale, et celui d'Asie et de la sphère arabo-persique souvent réactionnaire et violent (mais pas toujours, il y a d'heureuses surprises et, parfois, dans des pays où on ne les attendrait pas).

    Le goût pour la démocratie se distribue en revanche de manière étonnante : ce sont les pays d'Afrique sub-saharienne qui semblent la goûter le plus (souvent à plus de 70%), et, étonnamment, le Bangladesh (70%). Nos amis Tunisiens sont 75% à la préférer à un régime fort. Les Albanais 69%, les Turcs 67 % mais une très courte majorité en Asie centrale et curieusement, une minorité en Bosnie ! 

    Il y a cependant au final une majorité nette, voire même très nette de Musulmans pour préférer de loin la démocratie aux régimes autoritaires (pas le Pakistan qui la rejette largement). Comme quoi, tout espoir n'est pas perdu, même là où nombre d'indicateurs démocratiques sont inquiétants.

    Palme d'or à la belle tradition démocratique au Liban : 81% des Libanais la préfèrent à toute autre forme de régime.

  • Au nom de la démocratie

    S'il y a une chose que je supporte de moins en moins dans l'Europe que nous formons avec d'autres nations, c'est qu'une commission obscure décide pour mon pays et pour moi ce que contient ou pas mon assiette ainsi que les informations auxquelles j'ai droit ou non quand j'achète les aliments de la dite assiette.

    Il y a une verticalité dans le fonctionnement de l'Union européenne qui devient insupportable.

    Ce devraient être les euro-députés qui fixent les règles qui régissent nos échanges, après qu'il y eût un débat que les opinions en soient saisies.

    Ce n'est nullement le cas. Le ramassis de crétins que sont les commissaires, pour reprendre l'expression fleurie d'un de mes commentateurs (il se retrouvera), se comportent en valets idiots mais utiles des oligarchies et groupes d'intérêt de tout calibre.

    Dans Mouvement Démocrate, il y a démocrate. J'aimerais que mon parti, par ailleurs profondément européen, prenne la tête d'une fronde sans concessions. Bayrou invitait à étiqueter nos produits alimentaires sans prendre l'avis de Bruxelles, tout récemment ; je suggère de ne plus demander son avis à cette commission quand il y va de notre santé et de notre bien-être.

    Il n'existe aucune forme de transparence dans les directives aussi obscures que technocratiques qui redescendent de l'indigeste ventre mou administratif qui sert d'organe central à notre Europe. Pas de transparence, pas de vote, pas de démocratie. Pourquoi devrions-nous lui obéir ?

    Je propose pour ma part que nous nous engagions désormais à ne respecter que les décisions qui émanent directement d'un vote du Parlement européen, seule autorité légitime pour décider de notre destin commun, nous autres Européens.

    Cet engagement révolutionnaire, véritable coup de force démocratique, pourrait figurer dans le programme du MoDem pour 2014. 

    Je pense profondément qu'on n'obtiendra rien sans véritable épreuve de force avec les technostructures nationales et européennes. La transparence a un prix et ce prix sera l'objet d'une lutte sans merci.

  • Le FN est-il soluble dans la démocratie ?

    La mutation que Marine Le pen a imposé à son parti mérite, me semble-t-il, de me poser une question qui ne m'avait jamais traversé l'esprit tant que Jean-Marie Le pen dirigeait ce parti.

    Jean-Marie Le pen, de mon point de vue, est profondément rattaché à l'extrême-droite de l'après-guerre ; celle-là même qui avait collaboré, soutenu le vichysme et dont une partie ne s'était ralliée au Général de Gaulle qu'en 1943 et 1944 voire après-guerre.

    Je n'ai jamais eu confiance dans cet homme-là et j'ai toujours été persuadé qu'une fois au pouvoir il aurait au mieux limité au pire supprimé les institutions démocratiques. En aucune circonstance, quel que soit son adversaire il n'eût été envisageable de voter pour lui, même avec un représentant de Lutte Ouvrière ou quelque chose de ce genre en face.

    Je continue à me défier grandement du Front National parce que nombre de ses cadres ont accompagné sans états d'âme les dérives infâmantes de cet homme-là.

    En revanche, je crois Marine Le pen démocrate sincère, contrairement à son père, et certainement plus droite qu'elle. Oh, bien  sûr, ce n'est à l'évidence pas la même démocratie que la mienne (que penser d'une démocratie dont les principaux alliés seraient la Russie de Poutine et la Chine au parti unique despotique, comme cela figure dans le programme du FN ?) mais une démocratie tout de même. Sans doute avec une très forte composante populiste, évidemment.

    Contrairement à son père, Marine Le pen n'est pas obnubilée par l'antisémitisme ou par une quelconque forme de racisme. Je ne le crois pas. Ceci ne l'empêche pas d'appuyer une bonne partie de ses thèses sur un sentiment xénophobe et de chercher ainsi à diviser le pays.

    Le souverainisme et le protectionnisme (tout relatif, au demeurant) que prône MLP sont bien sûr aux antipodes du libéralisme centriste que je défends.

    Cela dit, si je considère l'opinion que j'ai de MLP, elle est relativement neutre. Je ne me reconnais pas dans la diabolisation infiniment maladroite à laquelle se livre la sphère médiatique à son encontre. Cette diabolisation n'a pas d'objet, n'a pas lieu d'être parce que le projet politique du FN est rentré dans la sphère démocratique et qu'il faut désormais le combattre comme un projet politique et pas autrement.

    Je l'ai dit, jamais par le passé, même en pensée, je ne me serais imaginé accorder ma voix à JMLP et ce, dans toutes les circonstances possibles et imaginables. Mais aujourd'hui, si je me pose la même question pour MLP, ma réponse n'est pas négative dans toutes les configurations. Dans tous les duels qui l'opposeraient à un représentant de la sphère modérée de l'espace politique (PS, Verts, MoDem, UDI, UMP et même sans doute PC qui est devenu un parti de gouvernement au fil du temps) elle serait perdante mais, face aux forces qui se situent sur les bords extrêmes, je crois par exemple que je voterais pour MLP plutôt que de laisser passer un représentant du NPA (a fortiori de LO) et tous ses discours haineux contre les "riches" (on est toujours le riche de quelqu'un...).

    Si je considère les 60 dernières années, j'observe qu'aucun pays où les communistes ont pris le pouvoir n'est devenu une démocratie mais qu'au contraire la tyrannie s'y est exercée parfois avec une brutalité inouïe comme en Corée du Nord ou au Cambodge. Mais si l'on considère les extrême-droite là où elles ont eu le pouvoir, principalement en Amérique du Sud, le sadisme inconcevable avec lequel leurs polices politiques ont traité leurs opposants est à faire gerber.

    Depuis la chute du mur de Berlin, en Europe, les choses ont toutefois évolué : dans plusieurs pays d'Europe occidentale les anciens communistes ont repris le pouvoir, je pense en particulier à la Pologne. Mais ils n'avaient gardé de communistes que le nom et s'étaient mués en partis socialistes ou sociaux-démocrates traditionnels. Il s'est produit à peu près la même chose en Amérique du Sud ou Lula s'est montré un dirigeant social-démocrate exemplaire, de même que Correa, l'actuel dirigeant de l'Équateur, et même Chavez dont j'ai gardé en mémoire la tentative de putsch a, pour sa politique intérieure, globalement respecté son opposition sans user de ses forces intérieures pour la museler.

    Pour l'extrême-droite, il y a eu Jorg Haider en Autriche, mais, recadré par l'Europe : il a dû se résoudre à respecter toutes les formes démocratiques. Les frères Kaczynski en Pologne me sont toujours apparus faire partie de cette droite extrême qui s'accomode très facilement des nationalistes et des forces d'extrême-droite en général. En dépit de leurs tentatives, ils ont aussi dû se résoudre à évoluer dans des cadres démocratiques.

    Si j'exclus radicalement le NPA c'est que j'ai lu dans leur programme qu'une épuration politique est prévue dans les médias de même qu'un programme d'expropriation. Il y a des choses similaires dans celui du Front de Gauche. Rien de tel dans celui du FN. Voilà pourquoi ces deux partis me paraissent, au moins sur leur base programmatique, bien plus dangereux que le FN. Quant à LO, pour moi, ce sont des Khmers rouges. Les plus idéologues et dangereux, capables de créer des camps de concentration en France. Les pires.

    Je ne suis pas certain de savoir ce que je ferais exactement si c'était Mélenchon qui se trouvait en face. Depuis que j'ai lu dans le détail le programme du Front de Gauche, et, après avoir écouté les interventions de Mélenchon (notamment sur Cuba) ces dernières années, je me défie de plus en plus de l'individu.

    Bref, qu'un centriste déclare cela, c'est dire la mutation opérée par MLP dans le paysage politique.

    De parti à parti, c'est plus difficile : j'ai vraiment une très mauvaise opinion du FN, même face à un candidat NPA. Si le cas de figure se produisait, ce serait à considérer au cas par cas de mon point de vue, et, en principe, face à un candidat front de gauche, il y aurait de bonnes chances que je choisisse le second à condition de ne pas avoir affaire à un chasseur de koulaks (je m'appuierais alors sur ses écrits, ses déclarations et ses prises de distance ou non par rapport au programme de son parti comme a pu le faire par exemple Onfray).

    Je pense que le choix se ferait sur la base suivante : tout individu issu de la mouvance skinheads, PFN, négationniste, soralienne, nouvelle droite, grèce et cetera se verrait à peu près assuré d'avoir mon vote contre lui. Mais si en face il devait y avoir des islamo-gauchistes ou des révolutionnaires antisionistes et compagnie, même chose. Bref, ce serait au cas par cas avec une forte probabilité de bulletin blanc compte-tenu du parcours ordinaire des gens qui se trouvent sur ces deux bords.

  • Démocratie libérale versus démocratie socialiste

    J'entends souvent une réponse qui me frappe quand je marque mon désaccord avec une opinion ou une mesure qui se veut majoritaire : parce qu'elle est majoritaire elle serait la vérité révélée ou encore elle justifierait d'opprimer l'individu en lui imposant l'ordre de la majorité.

    J'avoue que cet argument ne laisse pas de me faire bondir. Je crois qu'il y a là la principale ligne de fracture entre la démocratie libérale et la démocratie socialiste. La démocratie libérale a comme principal souci de défendre avant tout chose les droits naturels imprescriptibles de chaque individu, pas de représenter la moitié du corps social plus une personne.

    Il existe bien sûr des biens supérieurs non parce qu'ils servent les desseins de l'État mais parce qu'ils profitent à chaque individu : la liberté, la sécurité, par exemple.

    Mais pour le reste, je demeure sceptique. Même la solidarité que l'on brandit dans tous les discours, souvent synonyme d'impôts nouveaux devrait au fond relever de l'éthique personnelle.

    Quand l'État me prend mon argent pour le redistribuer il m'impose de donner le fruit de mon travail à des gens que je ne connais pas et parmi lesquels je pourrais bien compter nombre d'individus auxquels je ne souhaite faire grâce de rien.

    J'aimerais choisir qui j'aide, quelles causes je soutiens, pas que ce soit un État et a fortiori une "majorité" qui me l'impose au nom de la "solidarité.

    Si au moins on pouvait choisir, sur sa feuille d'impôts ne seraient-ce que les secteurs que l'on souhaite favoriser il y aurait un (très) léger progrès dans le sens du respect de chaque choix individuel mais à l'heure actuelle nous sommes dans des fers fiscaux qui ne respectent rien de nos choix personnels.

    Parmi les biens supérieurs, certains paraissent évidents, d'autres moins :  la démographie d'un État est une condition sine qua non de sa survie comme peuple. On peut donc comprendre qu'il fasse l'objet d'une politique fiscale générale. Bien sûr, de tels choix empiètent sur le choix de vie de chacun, mais si une nation s'éteint faute de citoyens, tous en paieront les conséquences sans exception.

    Mon grand-père, libéral qui s'ignorait, me disait souvent que je me coucherais dans le lit que j'aurais laissé au petit matin, après le lever. Froissé si je n'avais pris le temps de le refaire, bordé et lisse si j'en avais fait l'effort.

    Renvoyer la générosité aux choix individuels c'est en finir avec l'hypocrisie d'une morale d'État qui ne procède que par contraintes.

    Ceci ne signifie pas qu'il soit interdit à l'État de mettre en place des dispositifs (vois, cher lecteur, comme je diffère des libéraux sur ce point), mais il ne devrait pas se donner le droit de contraindre les individus à s'en servir, fût-ce au nom du choix d'une majorité.

    Nos élections ont vocation à nous donner des représentants pas à donner à certains tous pouvoirs popur faire faire à plusieurs d'entre nous ce que nous ne voulons pas faire...

    Bref, la démocratie, ce n'est pas la guerre inexpiable d'une majorité contre sa minorité...

     

  • La France, démocratie imparfaite ?

    The Economist a rendu son verdict annuel en publiant le classement 2012 des indices de démocratie dans le monde.

    La France glisse dans une couche du classement aussi navrante que honteuse pour elle en étant ravalée au rang de démocratie imparfaite. Je me suis moi-même déjà appuyé sur ce classement pour étayer analyses et raisonnements sur la démocratie en France par le passé.

    Ce classement est globalement fiable, mais il pèche par un très gros travers à mes yeux : il s'inspire davantage du caractère théorique de la démocratie dans chaque pays que de la manière dont elle s'y pratique au quotidien.

    Ainsi, l'Afrique du Sud, par exemple, serait selon The Economist d'une nature plus démocratique que la France. Un pays où près de 50% des femmes sont violées, où la criminalité prend un tour endémique, ou le Président a trempé lui-même dans une affaire de viol jamais clairement élucidée, où la corruption gangrène les politiques publiques, ce pays-là serait plus démocratique que le nôtre ? Les journalistes de The Economist ont-ils essayé de se rendre dans un commissariat sud-africain un jour, histoire de faire la différence avec les nôtres ?

    Oh, certes, la constitution sud-africaine garantit toute une série de libertés mais dans les faits tout cela ne reste que du papier. 

    On devrait juger de l'indice de démocratie d'un pays d'abord par sa capacité à faire appliquer les règles démocratiques qui sont censées le régir.

    On dit l'Inde la plus grande démocratie du monde alors que des pratiques féodales et cruelles continuent de régir plusieurs régions de ce grand pays dans l'indifférence du pouvoir central. La voir devancer des pays comme la Hongrie ou la Pologne ne laisse pas de m'étonner aussi.

    The Economist a réservé un encart au cas de la France :

    France—full democracy to flawed democracy Various negative political trends in France in recent years have resulted in the country being downgraded to the flawed democracy category. Public confidence in political parties and the government is extremely low. Surveys also show that citizens’ engagement with politics has declined. The degree of popular support for democracy is among the lowest in the developed world. One in seven do not agree that democracy is better than any other form of government. The chasm between the country’s citizens and its political elites has widened. Outbreaks of violent rioting in recent years are another symptom of the country’s political malaise. Under the French political system, the president wields huge power. The autocratic and domineering style of the current president, Nicolas Sarkozy, threatens to undermine democratic traditions. There has been increasing anti-Muslim sentiment and emphasis on the country’s Christian roots during the Sarkozy presidency. Pressure on journalists and the electronic media have led to a decline in media freedoms.

    En somme, la très faible popularité des partis politiques et corollairement le non moins faible engagement des citoyens dans la sphère politique, la perte de confiance envers la supériorité du régime démocratique (1 personne sur 7 en France juge que la démocratie n'est pas la meilleure forme de régime politique !!! L'un des taux les plus bas des pays développés !) , le fossé grandissant entre le peuple et les élites, la concentration des pouvoirs dans la France sarkozyste, les pressions contre les médias et la mise à l'index de l'Islam ont concourru à faire de notre pays, aux yeux des Anglo-saxons, une république à la dérive.

    De manière plus générale dans le monde, la crise financière internationale a sérieusement dégradé le prestige de la démocratie non seumement au sein des régimes démocratiques mais aussi parmi les pays émergents qui ont considéré des régimes capitalistes autoritaires tels que la Chine comme une alternative viable.

  • Responsables...et coupables !

    Je regardais les chiffres d'affluence associées à la nouvelle équipe du PSG, entièrement composées de stars acquises à des prix stratosphériques et je ne pouvais m'empêcher de faire le lien avec l'imposteur déchu du cyclisme Lance Armstrong.

    Très souvent j'entends les journalistes, les intellectuels, les supporters, plus simplement, critiquer l'afflux de l'argent-roi dans la sphère sportive. Or, les mêmes qui crachent sur le fric sale sont les premiers à venir assister aux épreuves où les rois du fric viennent se pavaner.

    Au fond, et je l'ai toujours pensé, nous construisons très largement le monde dans lequel nous vivons. J'avais écrit ici il y a quelques années, et cela m'avait valu une volée de bois vert, qu'un dictateur ne pouvait exercer son pouvoir sans l'assentiment de ceux qu'il mettait en sujétion.

    De même quand j'entends les cris d'orfraie autour de moi autour des délocalisations des mêmes qui ensuite glapissent au nationalisme quand on évoque le Made in France et la nécessité pour nos emplois d'acheter local, je ne peux à nouveau m'empêcher de faire un lien évident.

    Beaucoup d'eau coulera encore sous les ponts avant que chaque individu devienne acteur de ses propres choix. 

    C'est, me semble-t-il, la démarche de Bayrou que d'engager chaque citoyen à devenir acteur du monde dans lequel il vit et c'est entre autres pour cela que je l'ai toujours soutenu.

    Mais je vois que cela demeure un voeu pieux et un effort de conviction de longue haleine.

    Le cyclisme est dans la tourmente : on parie qu'il va y avoir des millions et des millions de Français pour continuer à en suivre les péripéties au prochain Tour de France alors que cette épreuve ne mériterait qu'un boycottage massif pour en réduire la rentabilité à zéro. Ainsi paieraient les tricheurs et les sponsors qui ferment les yeux sur leurs tricheries depuis trop longtemps. Mais pour cela, encore faudrait-il que les usagers eux-mêmes ouvrent les leurs et fassent acte de volonté : ils savent très bien, eux aussi ce qu'il se passe ; ils savent très bien ce qu'ils pourraient faire pour que cela cesse ; et pourtant, ils ne font rien...

  • La volonté des peuples

    Il y a des manières d'agir qui sont vraiment minables. Papandréou s'est bien moqué de son peuple ! Il a utilisé la "menace" d'un référendum comme moyen de pression pour conserver un soutien au parlement grec. Il y a eu comme un lâche soupir de soulagement après l'annonce de l'annulation du projet de référendum. Bon sang, quand un peuple doit affronter une échéance majeure, c'est bien le moins de le consulter.

    C'est marrant, toute cette classe politique qui a constamment peur d'affronter le verdict des urnes, considérant le peuple comme nécessairement demeuré et inculte. Enfin, marrant...non, moi, ça ne me fait pas marrer, en fait.

    J'aime bien Bayrou parce que, parmi les pro-Européens, c'est le seul qui n'a pas peur d'y aller et de demander aux gens leur avis. Il était favorable à un référendum pour le Traité de Lisbonne et l'a conseillé en vain à Sarkozy.

    C'est tout à fait à raison qu'il juge, cette fois que c'est une erreur de construire l'avenir d'un pays contre son peuple.

    Je ne dis pas que je regrette le référendum, je dis qu’à l’égard des peuples il y a là pour le moins une maladresse. Pour un peuple, ça veut dire que c’est de l’extérieur que viennent les pressions qui vont réduire à une situation de plus en plus difficile […]. Sur le fond, considérer que c’est une victoire d’avoir interdit à un peuple de s’exprimer me paraît quelque chose de dangereux.

    Pas mieux.

    On a l'impression qu'une partie importante de la classe politique a peur de dire la vérité aux électeurs. Là, il fallait y aller, mais en revanche, franco : il fallait avoir le courage de dire aux Grecs, à la Démosthène, tiens, mesdames et messieurs, soit on refuse le plan européen mais on se démerde tout seul, soit on l'accepte mais il y a telle et telle condition à respecter. Faites votre choix.

    Quand on a foi en la démocratie, on en admet les aléas. Tiens, cela me fait penser à la Tunisie. Eh oui, là-bas, ce sont les Islamistes qui ont remporté le jackpot. Eh bien c'est comme cela, et personne n'y peut rien. On ne peut pas aller contre la volonté des peuples. Près de 80% des Tunisiens ont voté et c'est clair, il y en a presqu'une moitié qui souhaite un retour du spirituel dans le temporel. Évidemment, l'autre moitié n'a sans doute pas le même avis sur la chose. Mais bon, c'est le jeu de la démocratie, il faut le respecter.

    L'Algérie se serait certainement évité bien des malheurs si elle avait laissé à la fin des années 80 le FIS gouverner, l'armée se tenant à prudente distance des décisions des Islamistes. Le pays aurait sans doute passé une décennie sous le joug islamiste, après quoi, sa population se serait probablement lassée.

    Bref, la démocratie comporte bien des ingrédients, et c'est une recette assurément compliquée, une sauce longue à prendre. Mais à son départ, il y a le Démos et Δῆμος  en grec, cela signifie le peuple. CQFD.

  • L'éco-système de la démocratie

    C'est l'un des derniers billets de Ruminance sur l'actuel potentat de la Tchtéchénie qui m'amène àquestionner non pas ce qu'est une démocratie, mais plutôt les conditions de son émergence.

    Au fond, une démocratie, c'est un peu comme le biotope de nombre de nos régions : elle nécessite une sorte d'éco-système et des pré-requis, sachant que les pré-requis ne sont pas une assurance de réussite.

    Parce que nos démocraties libérales et commerçantes nous ont amené à un haut niveau de vie, nous avons souvent, dans nos démocraties occidentales, hypostasié le principe démocratique sans songer que la démocratie n'est pas le meilleur des systèmes parce que son arrière-monde serait irréprochable, mais tout simplement parce qu'il garantit à un grand nombre d'individus la protection de leurs intérêts.

    Partout où nous avons essayé d'amener la démocratie "de force" ces trente dernières années, nous avons échoué. Je ne m'aventurerais toutefois pas à énoncer qu'une démocratie imposée est fatalement un échec, le Japon et l'Allemagne en sont la contre-démonstration éclatante, si l'on se réfère à leur sort au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale.

    Les régimes qui sévissent dans le Caucase et autour de l'Oural sont ou des despotismes, ou des oligarchies. L'oligarchie, je n'aurais pas imaginé que ce fût un régime politique qui refît surface un jour. A vrai dire, il n'existe aucune oligarchie déclarée : elles se dissimulent presque toujours derrière des oripeaux qui n'ont de démocratiques que l'aspect.

    On retrouve finalement un peu les mêmes problématiques partout où la démocratie affronte d'autres systèmes politiques : sans développement économique, sans sécurité, la démocratie ne peut s'installer. Il faut d'abord assurer l'un et l'autre, puis garantir les libertés et le droit afin que les individus et les entreprises puissent contracter en toute sécurité.

    Pourquoi les Talibans reprennent-ils le dessus en Afghanistan ? Parce qu'ils amènent l'ordre et que l'Amérique et ses alliés ont fait l'erreur majeure de ne pas écarter immédiatement les Seigneurs de la guerre à leur arrivée. Or, ces deniers ont toujours prospéré au coeur de l'anarchie, de la corruption et du crime crapuleux. Si les lois afghanes étaient appliquées convenablement et avec justice, Dostom et ses sbires auraient dû être pendus de longue date, par exemple.

    En Tchétchénie, la population, pour une large part, se moque bien de la liberté de la presse et des assassinats politiques, parce que pour le commun des gens, c'est la vie ordinaire qui a longtemps été difficile.

    Ce n'est pas d'une démocratie à grands principes dont les peuples émergents ont besoin, mais d'une démocratie pragmatique et adaptable, proche d'eux et de leurs besoins.

    C'est compliqué l'éco-système de la démocratie, parce qu'en même temps, un tel régime ne peut se contenter de satisfactions alimentaires. Alors c'est quoi la recette ?

    Mon sentiment, c'est que les principes philosophiques ne constituent pas le corps de la démocratie, mais, ils lui sont ce que le levain est à la pâte du pain : il lui permet de lever.

    Au fond, la liberté est l'épice indispensable qui donne sa saveur au plat : qu'on l'oublie, et il est raté. Qu'on l'asperge et l'on n'atteint pas son but.  Quoi ? Un excès de liberté serait néfaste ?

    Non, il n'y pas d'excès de liberté, en revanche, il y a des perversions de la liberté avec des effets plus ou moins néfastes. Aristote a étudié les dérives auxquelles donnent lieu les différents régimes politiques, et l'on sait que pour la démocratie, ses deux bacilles les plus mortels sont l'anarchie et la démagogie.

    Enfin, il ne faut pas se voiler la face, l'avènement de la démocratie est aussi une affaire d'opportunité. Quand les conditions de cette opportunité ne sont pas réunies, elle ne peut pas naître.

    Si, à l'heure actuelle, dans plusieurs pays arabes (mais pas forcément tous) les ferments de la révolte semblent propices à l'éclosion du germe démocratique, dans d'autres parties du monde, au Pakistan, en Afghanistan, en Tchétchénie, en Russie, il est patent que nous sommes loin du compte.

    Il faut alors s'armer de patience et se tenir à l'affût du moment opportun, parce qu'in fine, comme l'observait Schumpeter à la fin de son Capitalisme, Socialisme et Démocratie, ce sont les peuples qui décident, au fond de leur sort.