Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

L'Hérétique (Démocratie et hérésie économique) - Page 274

  • Anticorps médiatiques, les blogs...

    François Bayrou réserve une place de choix à internet et particulièrement aux blogs dans son Abus de pouvoir. Il achève son chapitre après avoir observé que l'information est désormais verrouillée en France, tout du moins, dans les médias traditionnels. Il reste toutefois un espoir...

    Mais internet, par essais et par erreurs, constitue dès aujourd’hui un réseau d’informations, réactif, souple, non limité par la longueur des “papiers”, non domesticable, capable d’opposer à la prise de contrôle et au rideau de fumée une réponse appropriée. C’est naturel : toute agression inédite sur un corps vivant, fait naitre des anticorps, un système immunitaire, des résistances nouvelles.

    Bayrou compare souvent les peuples à des organismes complexes, dotés d'un psychisme propre, et disposant de défenses immunitaires quasi-calquées sur la biologie humaine. J'avais été intéressé, dans une première note, par l'application des avancées de la psychanalyse à l'inconscient collectif d'un peuple quand sa mémoire est blessée. Et je retrouve l'esprit de cette métaphore dans cette nouvelle comparaison. Plus encore, l'idée qu'internet est une réaction immunitaire à la désinformation et au conformisme médiatique ambiants me plaît bien.

    Bref, on le “tient” moins, et pas du tout s’agissant des blogs, des mille contributeurs qui relaient et relaient l’information non conforme ou dissidente.

    Il y a en effet, une spécificité des blogs, au milieu d'Internet, et une spécificité française, de surcroît, puisque la France est le pays d'Europe où est ouvert le plus grand nombre de blogs. La blogosphère est suffisamment organisée pour pouvoir communiquer, se constituant parfois en réseaux, certains très ouverts comme CoZop, d'autres plus politiques ou idéologogiques. Et en même temps, les liens sont suffisamment distendus entre eux pour en rendre impossible le moindre contrôle.

    asterix2.jpgQuand je me représente les blogs, j'ai deux références qui me viennent à l'esprit : en premier lieu, historiquement, le Saint-Empire Germanique, c'est à dire une myriade de principautés et de royaumes suffisamment liés entre eux pour élire un chef (classement wikio ?) et passer des traités défensifs, et en même temps, suffisamment rivaux pour être en conflits permanents les uns avec les autres. Mais je reprends simplement la tentative de définition de wikipedia ; remplacez Saint-Empire par Blogosphère, et vous allez bien rigoler...

    L'Empire ne peut être compris ni comme un État fédéral ni comme une confédération. Il n'est ni une simple aristocratie ni une oligarchie. Toutefois, l'Empire présente des caractéristiques de toutes ces formes étatiques. L'histoire du Saint-Empire est marquée par la lutte quant à sa nature. Tout comme il n'est jamais parvenu à briser les entêtements régionaux des territoires, l'Empire s'est morcelé dans une confédération informe...

    Et en second lieu, c'est à une bande dessinée que je pense : Astérix et les Goths de Gosciny et Uderzo. On a l'explication personnelle de Gosciny sur l'incapacité des Goths à se constituer en nation jusqu'à fort tard, après le passage d'Astérix et d'Obélix.

    Bref, tu m'étonnes, François, que la blogosphère, c'est pas demain la veille que quelqu'un va parvenir à la contrôler. J'ajoute que le MoDem en sait quelque chose avec ses propres réseaux, puisque c'est de l'intérieur du flux MoDem, informel, il est vrai,  d'Antonin Moulart (non d'un Bayrou, il a choisi le jour où je parle de lui pour flanquer Demos web en maintenance ....##$!!&) que les critiques les plus dures (parfois fort injustes, au demeurant) envers Bayrou et le MoDem sont venues.

  • La Démocratie parfaite est d'abord une affaire de culture

    J'avais mis au défi Fred, de Démocrate sans frontière, de me dire ce qu'il pensait du classement des démocraties par l'EUI. Il l'a fait. Je rebondis sur son étonnement, le 4ème critère de The Economist, la culture démocratique.

    C'est pour moi un aspect essentiel d'autant qu'il conditionne la participation politique, et surtout, ce que le peuple est près à accepter ou non. Notamment, les leaders sans partage du pouvoir, la théocratie et les régimes militaires. Pour qu'une démocratie fonctionne, elle doit faire consensus. C'est une condition sine qua non, et c'est bien pour cela qu'elle échoue partout où ce n'est pas le cas. Si la démocratie a repris avec une telle vitalité et une telle facilité en Tchécoslovaquie, au lendemain de la Révolution de velours, c'est que 40 années de communisme et sept années de nazisme n'avaient pu mettre sous l'éteignoir la culture démocratique de ce pays, considérablement développée dans l'entre-deux guerres. Partout où elle avait été moins solidement implantée en Europe orientale, elle s'est imposée avec moins de facilité. Il en va des peuples comme des caractères et des vertus d'Aristote dans son éthique à Nicomaque. Même si la disposition y est moindre, en pratiquant, on peut acquérir les moeurs démocratiques. Mais c'est plus long et cela demande plus d'efforts.

    Mais, in fine, je m'accorde surtout avec l'idée que François Bayrou développe dans son Abus de pouvoir sur les peuples et l'histoire des peuples : les peuples, comme les individus, ont une mémoire, les souvenirs fussent-ils logés dans leur inconscient collectif. Cette mémoire n'est pas seulement politique : qui se souvient que la Pologne était plus développée économiquement que l'Espagne en 1939 ? ou, pour reprendre l'exemple de la Tchécoslovaquie, que ce pays avait une industrie florissante (armements, automobiles, chaussures, pour citer quelques fleurons emblématiques) ? Rien d'étonnant à ce que Polonais et Tchèques se soient assez vite retrouvés à l'aise dans une économie moderne. Je pourrais multiplier ainsi les exemples. Bref, quand la démocratie s'est implantée dans la culture collective d'un peuple, assurément, la solidité d'un régime démocratique y est plus assûrée. The economist a donc bien raison de donner une telle importance à ce critère.

    Et puis Fred conclut son billet ainsi :

    Moralité ? Ce classement est l'occasion de mettre en perspective nos pratiques politiques. Il me laisse pourtant insatisfait.

    Qu'est-ce qu'une démocratie qui ignorerait le droit des générations futures à une planète vivable ?

    Qu'est-ce qu'une démocratie qui ignorerait la responsabilité des personnes, dont l'objectif ne serait pas de maximiser la contribution de chaque personne au bien commun ?

    Qu'est-ce qu'une démocratie nationale qui verrait dans les droits de l'homme hors de chez elle, une "contradiction permanente" avec sa "politique étrangère" ?

    ces critères ne sont pas, sauf erreur de ma part, dans le champ de réflexion de The Economist. Il y a encore à construire, non seulement la démocratie, mais la conscience de la démocratie.

    Je comprends bien le souci de Fred, mais les critère qu'il cite entrent dans le champ d'exercice de la démocratie non dans son champ de définition. Et pour le bien commun, je le renvoie à ce qu'en dit Schumpeter (ça va fumer, non d'un hérétique !)

  • Du rififi à Noisy ? Un blogueur peut-il tout dire ?

    J'essaie de m'informer sur l'histoire du blogueur de Noisy-le-sec attaqué en justice  par la majorité PC-Verts-PS et condamné par un tribunal à une assez forte amende. On invoque souvent la solidarité entre blogueurs pour couvrir leurs dicsours. Est-ce nécessairement pertinent ? J'ai constaté à l'expérience que pas mal de blogueurs sont prompts à déraper, voire à diffamer, y compris entre eux, d'ailleurs...

    J'ai trouvé un reportage sur le Post qui interwieve les parties en présence. Il y a certes une disproportion des moyens employés de part et d'autre, mais, il ne faudrait pas tomber dans le travers de défendre un blogueur non pour son bon droit mais parce qu'il doit faire face à une collectivité. Je récuse cette équation, car elle est la porte ouverte à tous les dérapages.

    Je suis donc très réservé, dans cette histoire, même si à première vue, ce blog me fait plutôt bien rire ( mais il a peut-être été modifié entre temps).

     

     

  • Skipper du Tanit : tué par une balle française !

    Aïe. Ça, ça craint drôlement, en revanche. Apparemment, ce serait une balle française (vraisemblablement perdue) qui aurait provoqué la mort de Florent Lemaçon, le skipper du voilier détourné par des pirates somaliens, le 10 avril dernier. A vrai dire, quand j'avais entendu Hervé Morin éluder les causes de la mort de cet homme en déclarant ne pas exclure que les tirs soient venus des assaillants (c'est à dire des Français), j'avais pressenti que les autorités le savaient déjà. On ne peut pas jeter la pierre à des militaires qui risquent leur vie, mais, cela pose tout de même la question des procédures et règles d'engagement quand il y a prise d'otages.

    Cela dit, je trouve anormal de l'apprendre d'une radio publique, Europe 1, et non du Ministre de la Défense, Hervé Morin, qui doit assumer la responsabilité de cet échec.

    Le drame, si j'ai bien compris, c'est que les commandos français avaient bien identifié la position des otages, et avaient aussi recommandé, par haut-parleurs, en français, aux otages de ne surtout pas bouger. J'imagine que ce genre d'opérations est millimétré. Mais apparemment, Florent Lemaçon, par réflexe, lors de l'assaut, se serait placé devant sa femme et son fils pour les protéger.

    Je suppose que les Français avaient tablé sur une fixité des prisonniers pour calculer leur opération, angles de tir compris. Pas facile, car cette situation supposait une confiance totale en l'efficience des forces armées françaises.

    A ce que j'ai compris, les forces françaises n'avaient pas non plus le temps de tergiverser, car les pirates, devenus plus agressifs et impatients, parlaient de faire un exemple. Il fallait donc agir. Cette très triste issue devrait amener nos forces d'intervention spéciales à approfondir sans doute la gestion psychologique des signaux à adresser aux otages dans les situations d'urgence.

    Cela dit, ce qui me dérange, dans cette affaire, c'est la réaction d'Hervé Morin, j'y reviens. Son silence et ses tergiversations ont été tout à fait idiotes, dans cette histoire. Il savait très rapidement ce qu'il s'était passé. Il a laissé planer une rumeur, mais pour quoi faire ? Du coup, on a soupçonné les forces françaises, alors qu'elles ont vraiment fait de leur mieux, dans cette histoire. Quel était le but de ce demi-silence ? Ne pas impliquer Nicolas Sarkozy qui aura vraisemblablement donné l'ordre final de l'assaut (connaissant son tempérament, on l'imagine encore moins capable de déléguer en temps de crise) ? C'était stupide : compte-tenu des circonstances, personne de sensé ne l'aurait reproché à Nicolas Sarkozy. Apparemment, tout avait été tenté au préalable.

    Cette sale manie du secret, dans ce genre de choses, est surtout propice aux théories du complot et aux suppositions les plus folles. Si le but était de protéger l'image du Président, c'est vraiment minable.

    Il y a un dernier point qui m'interpelle : même si je ne remets pas en cause la compétence de nos nageurs de combat, pourquoi ne pas avoir confié la responsabilité d'une opération aussi délicate au GIGN, bien plus habitué à ce genre de situations très délicates ?

  • Abus de pouvoir, le sens de l'histoire

    J'ai entamé la lecture du livre de François Bayrou, Abus de pouvoir. Une première remarque, tout d'abord : je le trouve bien mieux écrit que tous ses livres précédents, et de loin. Contrairement à Projet d'espoir qui avait été écrit dans l'urgence et en 2 mois (le style s'en était fortement ressenti) ce livre-là, François Bayrou le mûrit depuis des mois.

    Une seconde remarque, ensuite : comme d'habitude, la presse se jette sur quelques passages qu'elle défigure et qu'elle se renvoie en échos sans prendre la peine d'effectuer une lecture complète de l'ouvrage. Par exemple, le terme fameux d'enfant barbare dont il affuble Sarkozy, il s'en explique, mais qui a pris la peine d'en lire les précisions ? Barbare, chez Bayrou, ne renvoie pas à une acception morale du terme, comme on pet l'entendre quand on parle du Gang de Barbares et de son taré de chef, Youssouf Fofana, mais à l'acception qu'en font les Gréco-Romains. Nicolas Sarkozy est barbare non parce qu'il serait inhumain ou cruel, mais en ce qu'il méprise et ignore les fondations culturelles et morales de la France. En tentant de lui imposer un modèle qui lui est fondamentalement étranger, il fait oeuvre de barbarie civilisationnelle. Voilà ce qu'entend par là François Bayrou. Et rien d'autre. Ce n'est pas une insulte ni une attaque personnelle, comme l'ont voulu une large part des commentateurs.

    Mais ce qui m'a particulièrement intéressé, au point où j'en suis, du moins, c'est le savant mélange de religiosité, de science historique et de psychologie qui caractérise la pensée de Bayrou dès qu'il évoque la France. Il observe ainsi que la blessure ignorée d'une génération atteint méchamment les générations suivantes. Que le père ou la mère soient blessés d'un grand secret, et les enfants ou même les descendants, ne pourront se délivrer du mal qui les empoisonnent qu'en le dévoilant par leur propre analyse.

    J'aime beaucoup cette idée, parce que je crois profondément qu'elle est la pierre angulaire qui permet de comprendre les peuples. Comme le dit Bayrou citant dans la foulée de sa pensée le prophète Ézéchiel, les parents mangeront des raisins verts et les dents des enfants en seront agacés.

    Paradoxalement, la Bible dit par la suite exactement le contraire avec Jérémie citant Ézéchiel : les parents mangeront des raisins verts et les dents des enfants en seront agacés. Mais chacun paiera pour ses fautes. Tout homme qui mangera des raisins verts, ses dents, à lui, seront agacées. Et c'est sans doute l'erreur de ceux qui imaginent que Sarkozy n'est et ne sera jamais qu'un épiphénomène. Tout comme l'esprit d'un individu, la conscience d'un peuple se souvient, et de même que chez l'individu, le souvenir inconscient prend des formes étranges, parfois terribles, les méandres de l'inconscient collectif d'un peuple peuvent être parfois inquiétants.

    Je ne suis pas étonné que Bayrou ait été si sensible à la question de la dette pendant la campagne présidentielle. Son inquiétude principale, c'était de ne pas laisser aux générations futures un fardeau impossible à porter. On retrouve Ézéchiel. Et les apports de la psychanalyse. Que l'on ne s'y trompe pas : il y a là une véritable conception de l'histoire. Même si l'on s'abstient de dire ce que l'on fait, et c'est bien ce que Bayrou reproche à Sarkozy, les choses se perpétuent malgré tout via l'inconscient collectif.

    Plus simplement, c'est la méthode historique de Thucydide qui transparaît aussi en filigrane, derrière le propos de Bayrou : « Si l'on veut voir clair dans les événements passés et dans ceux qui, à l'avenir, en vertu du caractère humain qui est le leur, présenteront des similitudes ou des analogies, qu'alors, on les juge utiles, et cela suffira : ils constituent un trésor pour toujours (κτῆμα ἐς αἰει), plutôt qu'une production d'apparat pour un auditoire du moment » (I, XXII, 4).

    On comprend mieux l'indignation de Bayrou quand il évoque le projet de Sarkozy de créer un musée de l'Histoire de France. Pour Bayrou, l'histoire de France, c'est la France ! pas une chose que l'on peut muséifier ! pas, comme le dit Thucydide, en somme, une production d'apparat pour un auditoire du moment...

    Je pourrais développer longuement encore mon propos, mais, ce que je vise à conclure, et que la critique ne comprend pas, c'est que ce livre n'est pas un brûlot politique : il va bien au-delà.

     

  • Grippe porcine : une conspiration capitaliste ?

    Radio-ragots s'est intéressé à son tour à l'origine de la grippe porcine. Plus incisif que l'hérétique sur ce sujet, il a trouvé le fin de mot de l'histoire grâce à l'abnégation d'un de ses reporters les plus avisés.

    La grippe porcine proviendrait (Radio-ragots cite un témoignage exceptionnel) d'un virus génétiquement modifié en laboratoire par les multinationales pharmaceutiques pour vendre au monde entier leurs médicaments. La mondialisation des virus, aboutissement de la mondialisation capitaliste, a été décidée par une officine secrète pour se débarrasser des pauvres. Nous, à Radio-ragots, nous l'avons dit de longue date,e t nous l'avions annoncé : la catastrophe mondiale devait tôt ou tard se produire. La planète se venge des mauvais traitements infligés par l'homme ! Remercions Gaïa d'envoyer un salutaire châtiment permettant la dépopulation humaine et une salutaire relocalisation préhistorique. Imaginons tous ensemble un monde meilleur aux couleurs chatoyantes.

    Ah, la sale multinationale capitaliste ! elle ne perd rien pour attendre. Quant aux experts qui disent que la sale multinationale capitaliste n'y est pour rien dans l'apparition du virus, envoyons-les au goulag, en pleine nature sibérienne, histoire de les rééduquer, ces sales menteurs !

    Cela dit, trêve d'idéologie, nous, à radio-ragots, avec le simple bon sens populaire, on se dit tout simplement que le seul fait de respecter des règles d'hyginène élémentaire, par exemple  ne pas laisser des carcasses de porc pourrir à ciel ouvert ou encore ne pas déverser 5 tonnes de merde de cochon dans la rivière, ça doit contribuer à enrayer la propagation des épidémies  en général...

  • Grippe porcine : l'immunothérapie passive efficace ?

    Dans le Canard enchaîné du mercredi 29 avril, un article en dernière page passe succinctement en revue les remèdes que l'on peut tenter d'apporter à la grippe porcine. Or, le Canard conclut en signalant qu'un réseau de chercheurs et de médecins préconisent une solution innovante : l'immunothérapie passive. Un traitement fondé sur l'administration de sérum d'animaux infectés et convalescents et qui a fait ses preuves face à la grippe.

    J'ai essayé de trouver plus d'informations sur la Toile à ce sujet, mais j'ai surtout trouvé des reprises de l'article du Canard. Il faut dire que cette solution peu coûteuse et peut-être efficace pourrait court-circuiter les laboratoires traditionnelles, observait le Canard. Du coup, pas de relais ni dans la sphère politique, ni dans la sphère médiatique.

    J'ai donc insisté, et fini par trouver un extrait d'un article de Wikipedia sur les plans de crise en cas de Pandémie qui précise la chose :

    L’immunothérapie passive des malades, par des anticorps monoclonaux est une des solutions envisagées par les chercheurs qui en 2007 testaient déjà son efficacité sur l'animal[3], avec des résultats laissant penser que des anticorps monoclonaux d'origine humaine pourraient être produits à partir du sang de patients ayant guéri d'une grippe à H5N1 (ou de convalescents le cas échéants) et contribuer à enrayer une épidémie et à limiter le nombre de morts (en prophylaxie unique, ou comme traitement complémentaire).

    Il se trouve qu'en farfouillant davantage, je suis tombé sur la thèse de doctorat d'une étudiante, datant de 2005 (et donc de l'époque de la grippe aviaire !!!), Vanessa Guillaume, qui évoque justement ce type d'immunothérapie contre les maladies infectieuses. Elle écrit notamment :

    L’immunothérapie passive par l’administration d’anticorps ou de cellules effectrices représente une approche alternative susceptible d’être utilisée comme traitement préventif ou thérapeutique lors des infections virales . L’immunothérapie passive peut être efficace sans l’activation du système immunitaire des patients traités et présente ainsi un avantage constitutif majeur pour la prévention et le traitement des personnes immunodéprimées.

    Et elle en fait aussi un bref aperçu historique. cette technique n'est en fait pas nouvelle, mais a été abandonnée (dommage !) :

    L’immunothérapie passive par les anticorps L’immunothérapie passive a été découverte pour la première fois en 1890 par Behring et Kitasato lorsqu’ils ont observé que l’administration de sérums d’un animal immunisé à un animal naif induit une protection contre la toxicité de la toxine diphtérie. Cette technique thérapeutique efficace a été utilisée contre de nombreux pathogènes. Malgré les preuves de son efficacité clinique, cette technique a pourtant été abandonnée lors de la découverte de la chimiothérapie antimicrobienne et notamment lors de l’utilisation des composés sulfomamides (1935) puis de la pénicilline (1942).

    La réponse immunitaire est constituée de l’immunité naturelle (innée) et de l’immunité spécifique (adaptative). De nombreux effecteurs humoraux et cellulaires sont communs aux deux immunités qui co-fonctionnent, co-existent et se complémentent. Les distinctions majeures entre ces deux immunités résident dans la spécificité de reconnaissance de l’agent pathogène et dans l’induction d’une mémoire immunologique. L’activation de l’immunité naturelle est induite immédiatement après l’infection par la reconnaissance de molécules et de signaux non spécifiques de l’agent infectieux, alors que l’activation de l’immunité adaptative dépend de la reconnaissance spécifique de l’agent infectieux et nécessite donc un temps d’induction.

    Bien que je ne sois pas spécialiste (j'invite les biologistes et les médecins à lire la thèse) je trouve ces extraits éclairants, tout du moins, pour le grand public que je suis en la matière. En tout cas, si le réseau de médecins et de chercheurs que cite le Canard lit cet article, j'aimerais bien qu'il se fasse connaître. Je me charge d'assurer la publicité de leurs propositions sur la Toile, et je suis à peu près certain de trouver au sein de la blogosphère des hommes et des femmes qui partageront volontiers cette tâche avec moi.

  • La source de la grippe porcine est une multinationale

    On ne sait plus comment l'appeler cette grippe : mexicaine ? porcine ? H1N1. Mais moi j'ai une idée : on pourrait l'appeler la grippe Smithfield. En effet, grâce à ce blog, qui a lui-même trouvé l'information ici, les coupables sont peut-être identifiés : il s'agit d'une multinationale de l'agro-alimentaire déjà condamnée plusieurs fois aux USA pour ses pratiques polluantes. Elle a apparemment récidivé au Mexique à La Granja dans l'État du Veracruz au Mexique. Depuis février dernier, un agent municipal, Bertha Crisostomo Lopez a sollicité l’appui des autorités sanitaires car des dizaines de familles souffraient subitement d’affections des voies respiratoires. Or, les habitants  luttent depuis de nombreuses années contre l’installation de l’entreprise Granjas Carroll, la filiale mexicaine de la plus grande entreprise mondiale d’élevage et de conditionnement de porc, Smithfield Foods (11,3 milliards de dollars de chiffre d’affaires).

    Je signale à tout le monde que l'une des marques de cette filiale, Aoste, est vendue en France : Campofrio Group (dont Aoste est une marque)  est le fruit de la fusion de Campofrio et du groupe Smithfield, c'est écrit en toutes lettres là. Et elle a été obligée de démanteler une usine en Roumanie en août 2007 en raison d'une épidémie de grippe porcine. Elle déversé près de cinq tonnes de matière fécale en Caroline du nord et en Virginie en 1997 et a été condamnée à une lourde amende pour cela. En septembre 2008 une forte épidémie de grippe avait comme par hasard touché l'État du VeraCruz.

    Il est grand temps de faire payer à ces géants de l'agro-alimentaire très très cher leur dumping environnemental. Pour ma part, je me propose de lancer une campagne de très grande envergure pour boycotter les produits de Smithfield Foods.

    Ces compagnies sans scrupules n'hésitent pas à prendre le risque de générer des pandémies mondiales simplement pour leurs profits égoïstes et à court-terme, n'hésitant pas à s'asseoir sur les droits des individus les plus pauvres dans les régions pauvres en faisant jouer leurs relations pour ne pas être justement condamnées.

    Je suis à l'écoute de toute idée d'actions. Cette firme ne doit pas s'en tirer sans dommages.

  • L'Échiquier continue à s'agrandir

    Ce court billet pour souhaiter la bienvenue à Aurélien Véron et le Crapaud du Marais qui ont rejoint l'Échiquier en début de semaine dernière.

    Tant que j'y suis, j'en profite pour signaler l'ouverture d'un compte sur le Post au nom de lheretique. J'y reprendrai certains des billets que je publie ici, mais pas seulement. Par exemple, ce billet-là, les Trois Grâces, ne figure pas ici.

    Sinon, eh bien, bonne fête du travail, et bonne chance, puisqu'il est de rigueur d'offrir le muguet ad hoc.

    Koeh-045.jpg

    [EDIT] et j'ajoute la liste complète des blogs qui participent à l'échiquier, soit actuellement, 19 blogs [/EDIT]

    http://aurel.hautetfort.com/
    http://crapauddumarais.hautetfort.com/
    http://www.toreador.fr/
    http://falconhill.blogspot.com/
    http://polluxe.wordpress.com/
    http://ataraxosphere.canalblog.com/
    http://dansmabesace.blogspirit.com/
    http://www.democratiedurableblog.fr/
    http://lafrancedetoutesnosforces.hautetfort.com/
    http://heresie.hautetfort.com/
    http://rakotoarison.over-blog.com/
    http://lespagespolitiquesdemirabelle.over-blog.fr/
    http://www.quindiblog.eu/
    http://serge-briere.over-blog.com/
    http://disparitus.blogspot.com/
    http://maximemangeot.wordpress.com/
    http://skeptikos.hautetfort.com/
    http://skeptikos.dremm.net/
    http://exigencedemocratique.blogspot.com/



    Ouf, voilà, le compte y est, en principe !

  • Au début était la Finance. Elle dit, et l'économie fut.

    Au début était la Finance. Elle dit : «que l'économie soit !»  Et l'économie fut. Fiat economica et economica fuit. Tiens, faudrait que je demande à l'Amicus Curia comment ça se dit, économie en latin. Industria, ça ne ferait pas l'affaire ? En grec, c'est oïkonomikè, mais en latin, aucune idée. En tout cas, l'Amicus Curiae (l'Institut Montaigne, pas le blog démocrate du même nom) a son idée sur la genèse du monde, enfin, du monde économique. C'est une note d'Alain Lambert qui m'a alerté sur leur dernière publication. Ils évoquent la relance avec des solutions pour le moins...hérétiques (!) pour des libéraux. Dans la plupart des commentaires que j'ai lus sur la crise, j'ai observé une dénonciation de la finance, telle un rejeton rebelle et désobéissant qui s'en serait pris, mauvaise fille, à sa mère nourricière, l'économie. L'Institut Montaigne semble avoir pris acte de l'inversion du lien de subordination et propose donc des solutions à partir de la finance, parce que désormais, c'est la finance qui alimente l'économie, et non l'inverse.

    Et leurs solutions, ça décoiffe, parce que c'est tout à fait inattendu pour des libéraux. Accrochez-vous les amis ! Voici leurs propositions :

    1 - une suspension des pratiques et des règles de marché les plus déstabilisatrices aujourd’hui ;

    2 - l’organisation de la traçabilité des produits financiers ;

    3 - un programme coordonné de nationalisations bancaires temporaires dans les pays du G20, prélude à une séparation entre banques commerciales d’un côté, banques dites d’investissement de l’autre ;

    4 - la création de nouveaux instruments pour pérenniser le financement des États souverains, actuellement en danger.

    Vous avez lu le point 3 ou j'ai rêvé ? Nationalisations bancaires, oui, oui, j'ai failli avaler mon câble USB en lisant ça. Et ce n'est pas tout : séparations définitives entre banques commerciales et banques d'investissement (idée intéressante, au demeurant).

    903782708.jpgCe qu'ils appellent pratiques déstabilisatrices, c'est en gros celles qui provoquent la peur sur les marchés. Vous vous rappelez, lecteurs fidèles, certainement la note qu'ai écrite à ce sujet. Note que j'avais ensuite explicitée en évoquant les paradis fiscaux. On se retrouve, en tout cas, les libéraux et moi (enfin l'Institut Montaigne) sur l'importance de la peur dans cette histoire, et notamment la nécessité de ne pas paniquer mon troupeau de brontosaures. Première pratique à dégager à leurs yeux : le mark to market. En effet, évaluer une valeur au jour le jour, compte-tenu de l'instabilité naturelle du marché, c'est de nature à générer de nombreux désordres. Donc, exit, le mark to market. Ils proposent un autre modèle que le mark-to-market pour déterminer la valeur des entreprises, mais primo, je n'ai pas eu le temps de me pencher dessus, et secondo, je ne suis pas sûr d'avoir la compétence pour le comprendre.

    Pour les nationalisations, bon, ça reste tout de même des libéraux, faut pas trop non plus leur en demander : elles doivent être temporaires et ne pas trop fausser les règles de la concurrence, mais, quand même, ils ont prononcé, écrit et suggéré le mot ! De ces nationalisations temporaires découle d'ailleurs leur proposition suivante :

    ...pour encourager les banques à irriguer à nouveau l’économie et les détourner d’activités de marché trop risquées, susceptibles de mettre leur solvabilité en péril, nous recommandons que les reprivatisations de banques débouchent sur leur dissociation entre les banques de crédit et les banques de marché. Autrement dit séparer les banques commerciales, qui financent les entreprises, les ménages et les collectivités, des banques dites d’investissement. Cette dissociation, qui doit être coordonnée au plan mondial, et d’abord au niveau du G20, permettrait de mieux allouer un capital devenu rare vers les activités susceptibles de nourrir directement la croissance économique future. On notera par ailleurs que la suppression du Glass-Steagall act en 1999 (loi qui interdisait justement l’amalgame entre banques commerciales et banques d’investissement) a entraîné les banques américaines dans une course à la taille et dans une confusion des genres (comme les activités de « banque intégrée ») qui n’ont évité ni les collusions et conflits d’intérêts, ni les difficultés de solvabilité, comme le prouve la crise actuelle. L’industrie financière redécouvre avec cette crise que la juxtaposition des missions et des activités n’encourage ni la cohérence, ni l’efficacité de l’action économique.

    Attendez, ce n'est pas tout : ils proposent de taxer comme des brutes les activités de spéculation ! Concernant les banques finançant les activités de spéculation, nous recommandons une fiscalité renforcée, après leur « reprivatisation ». Un taux d’imposition de 60, 75 ou 80 % pourrait ainsi être envisagé. Cette politique fiscale différenciée permettra ainsi de réduire à sa portion la plus congrue des activités financières devenues trop dangereuses pour nos économies et nos sociétés. Ben m... alors, si on ne peut plus spéculer en paix. V'là encore aut' chose...

    La principale difficulté, comme le souligne l'Ami de la Curie, sera d’établir la liste précise des activités financières devant être soumises à une telle taxe. A leurs yeux,  les activités de trading sur fonds propres, de courtage, de production et de distribution de produits dérivés et structurés, de titrisation, de financement des hedge funds peuvent rentrer dans cette liste.

    In fine, je trouve que leurs propositions sont audacieuses et...inattendues ! La question, c'est de savoir quel gouvernement aura le courage de le faire, sachant, en fait, que ce n'est pas au niveau d'un gouvernement que cela peut se décider, mais du monde entier. En gros, il faut amener l'affaire devant le FMI et l'OMC. Et pour que cela ait des chances d'être considéré, le mieux serait que ce soit présenté par un partenaire majeur, comme l'Europe, par exemple...