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santé - Page 2

  • La bombe démographique sera mondiale

    La population mondiale continue de croître, mais en dehors de certaines zones de l'Afrique, de l'Afghanistan et du Pakistan, et de quelques pays très pauvres, cette croissance n'est que l'effet de l'allongement de la durée de vie. Partout, le taux de fécondité s'est stabilisé, approchant 2 enfants par femme. En Chine, on en est même à songer à inverser la politique de fécondité du régime. En Inde, le taux est de 2.7, mais avec de fortes disparités : 3 et plus au nord, moins de 2 au sud. La Tunisie dont la jeunesse fait connaître bruyamment son mécontentement est à 1.85. Ce n'est pas mieux dans les autres pays du Maghreb.

    Les problèmes démographiques et les thématiques qui leur sont associées (montant des retraites, temps de travail) ne seront donc bientôt plus l'apanage des seuls pays développés. 

    A horizon 2050 ou 2060, avec l'élévation générale du niveau de vie de la planète (même si par ailleurs les inégalités de creusent) et l'amélioration de l'éducation des femmes (puisque dans les pays économiquement peu avancés, le fort taux de fécondité est avant tout l'expression d'une société patriarcale), la population mondiale devrait commencer à stagner, voire décroître.

    Il s'agira alors de bien considérer ce que doivent être les rapports entre les générations, et de reconsidérer le concept-même de génération.

    Il y a un défi absolument urgent pour la médecine : la médecine ne peut pas se contenter de gérer la vieillesse. Elle doit désormais reculer non pas l'âge de la mort, mais l'âge de la vieillesse. Pour qu'une société dont la durée de vie s'allonge soit viable, il convient qu'à 60 ans, on soit encore un jeune homme si l'on doit devenir centenaire.

    Aucune mesure d'allongement du temps de travail n'est tenable sans des recherches (et des résultats !!!) très poussés dans ce champ de la médecine. La gériatrie, la gérontologie, doivent changer de nom : l'athanatologie, néologisme que je forme en écrivant, d'ἄθανατος en grec, qui signifie "immortel" doit prendre leur relais. Comme l'écrit Christian Doré dans le Figaro, il faudra reprogrammer la vie.

    Les enjeux, en plus d'être sociaux et sociétaux, sont économiques : et ils sont mastodontesques. La santé et la jeunesse devenant un enjeu social majeur pour les équilibres des sociétés développées, ce sont des milliers de milliards d'euros qui pourront s'écouler dans le marché de la vie : des opportunités économiques qu'on peine à se représenter.

    Alors ? La vieillesse, une maladie comme les autres, finalement ? Question aux implications éthiques, voire métaphysiques,  lourdes et profondes, mais question qui mérite d'être posée désormais.

  • Pas de vague à l'AME !

    Les associations cherchent à nous faire pleurer avec la limitation de l'AME, mais pour ma part, je n'ai aucun remords de quelque sorte que ce soit. Les Français voient leur couverture médicale s'affaisser progressivement ; je ne vois pas pourquoi la France devrait consacrer une part non négligeable de son budget de santé à dispenser des soins à des étrangers issus de pays avec lesquels nous n'avons aucune convention.

    Dès lors que l'état de santé d'étrangers en situation irrégulière pose un problème de santé publique (maladies contagieuses, par exemple) évidemment, la gratuité des soins va de soi. 

    Dans les autres cas, hors de question. 30 euros par an pour bénéficier de cette aide, c'est une somme ridicule, ou presque. Nous ne sommes pas allés assez loin. Je suis d'ailleurs sidéré d'apprendre que jusqu'alors, les ascendants et les collatéraux étaient considérés comme des ayant-droit.

    Il y a des abus, c'est très clair, et certains viennent se faire soigner en France sur le dos des impôts des Français.

    J'ai trouvé l'argumentation de Marisol Touraine d'une démagogie aussi pitoyable qu'affligeante. 634X12, cela donne un peu plus de 7500 euros par an. 30 euros, ce n'est même pas 1% du revenu consacré à la santé. Cela représente en fait 0.5% pour des traitements qui coûtent parfois des dizaines de milliers d'euros. Il me paraît bien naturel d'exiger des étrangers en situation irrégulière de contribuer aux frais de santé, et, plus généralement, à tout étranger, sauf lorsque des conventions existent avec leurs pays d'origine.

    A tous ceux qui font leur fond de commerce de hurler au loup et parlent de stigmatisation des étrangers (n'est-ce pas, messieurs et mesdames les socialistes ?), je rappelle que la France est le pays le plus généreux du monde avec les étrangers, y compris irréguliers, pour ce qui concerne la santé, comme l'observait très justement la députée marseillaise UMP Valérie Boyer.

    Tiens, comme le dit la vieille sagesse populaire française que j'aime à invoquer de temps à autre, «bon, mais pas c..»...

  • Petits hôpitaux et idées noires...

    Dans le programme politique du MoDem, la santé figure comme l'un des trois principaux biens supérieurs qui doivent être à tout prix préservés.  Or, je vois que Roselyne Bachelot, suivant évidemment le plan du gouvernement, prévoit la fermeture de plus de 50 blocs opératoires dans les petits hôpitaux.

    Cela me fait penser à une planche humoristique et morbide du dessinateur Franquin. On y voit un ministre guilleret s'extasiant de ses derniers achats d'armes. Tout à sa joie, il traverse la rue sans regarder et se fait renverser par une automobile. Hélas pour lui, les budgets des hôpitaux ont été sacrifiés et faute de bloc de réanimation, il décède.

    Je ne partage pas l'antimilitarisme souvent facile de Franquin, en revanche, le jour où un ministre se fera renverser dans une petite ville et qu'il n'y aura plus de bloc opératoire pour l'opérer d'urgence, il sera trop tard pour le regretter.

    Alors il y a certes un répit, puisque Roselyne Bachelot a pour l'instant reporté ces fermetures, mais l'objectif demeure, avec une démarche perverse : Nicolas Sarkozy a subtilement expliqué qu'on ne fermait pas les hôpitaux mais des services. Urgences pédiatriques de Saint-Vincent de Paul, à Paris, par exemple (c'est fait depuis avant-hier soir...). Oh, pour rendre compte des fermetures annoncées, c'est assez simple : tapez donc "fermeture hôpitaux" sur google blogs, c'est édifiant ! Les blogues de province, petits ou grands s'en font un écho saisissant. Mais, à votre avis, que se produit-il quand on a fermé le dernier service d'un hôpital ? Eh bien il ferme. A part cela, bien sûr, on ne ferme pas les hôpitaux...

    Les fanatiques de l'IFRAP s'en réjouissent ; avec des arguments pour le moins fallacieux, mais repris par le gouvernement, évidemment : il paraîtrait que le geste des chirurgiens serait moins sûr quand ils opèrent peu. Ah. Vive les rythmes stakhanovistes pour les chirurgiens, alors. C'est sûr qu'en multipliant les actes opératoires à des rythmes infernaux la sécurité des services de chirurgie va s'améliorer, c'est évident. Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre... L'autre argument, c'est de dire que les petits blocs ne peuvent suivre le progrès et deviennent dangereux. Ah. a) mieux vaut quelque chose que rien b) pour des actes "ordinaires" de chirurgie, le bloc laser ou l'IRM n'est peut-être pas non plus nécessaire...

    L'IFRAP analyse l'efficacité des politiques publiques depuis 1985, mais qui a songé à analyser l'efficacité de l'IFRAP, qui vit, au demeurant, pour une large part, du crédit d'impôts accordé par l'État, comme c'est le cas de toute association reconnue d'utilité publique ?...

    Un débat qui ne devrait pas manquer d'intéresser le blogueur Voguehaleine, que je sais très impliqué dans la préservation des services de santé.

  • Médecins, nos biens les plus précieux

    Quand j'ai participé comme de nombreux militants du Modem à l'élaboration du programme politique de mon parti pour l'Europe, l'idée novatrice en politique de Biens supérieurs a été mis en avant par les commissions. Le Bien supérieur, c'est l'idée qu'il existe pour nos sociétés européennes des biens, qui ne se réduisent pas à la consommation et qu'il nous faut sauvegarder tant ils sont précieux. Le Mouvement Démocrate avait alors mis en avant l'éducation, la culture et la santé. Difficile, dans ces conditions, de ne pas s'émouvoir du sort fait à la médecine de ville. Il faut bien comprendre que les études de médecine, c'est minimum 8 années d'études. Il faut pouvoir les financer, et après, se payer de tant de temps consacré à l'apprentissage de cet art.

    Partout des médecins généralistes partent à la retraite sans trouver repreneurs de leur cabinet. Un rapport de Commission des comptes de la sécurité sociale datant de 2007 est édifiant. De 1980 à 2004, les honoraires des médecins n'évoluent que de 1.4% par an en euros constants. En termes de pouvoir d'achat, si l'on tient compte des évolutions de salaire, un montant misérable.

    Ne nous y trompons pas ; en ville, les frais d'installation d'un médecin et ses charges sont considérables. Il peut sembler gagner beaucoup, mais, une fois tous les frais payés, le compte n'y est pas franchement au regard de la somme d'efforts exigés.

    On croit que les médecins ne disparaissent qu'en milieu rural. On se trompe ! les villes aussi sont touchées, à commencer par Paris, qui ne compte certaines années, aucune installation en dépit de ses deux millions d'habitants !

    Il y a à vrai dire une quadrature du cercle hermétique : la moindre revalorisation accroît les déficits de l'assurance-maladie. Par exemple, passer simplement de 22 à 23 euros,  c'est 250 millions de trou supplémentaire par an. Une solution serait que l'euro d'augmentation soit franc. C'est à dire non-remboursé par la sécurité sociale.

    Il n'y a à mon avis pas 36 solutions : il faut autoriser aux généralistes ce que l'on permet aux spécialistes. Ou alors interdire aux spécialistes ce que l'on interdit aux généralistes.

    D'après l'Express, un économiste aurait calculé que, transposé aux années 2000, un généraliste du début des années 70 gagnerait 50 euros par consultation aujourd'hui. Si ce calcul est juste, alors il en dit long sur la désaffection croissante qui touche ce métier. Avec un pouvoir d'achat divisé par deux, elle s'éclaire d'un jour nouveau.

    Une fois encore, notre société devra s'adapter et comprendre que la consultation médicale est plus importante que l'écran plat, le téléphone portable ou le dernier i-pad...

  • Zadig super star des régimes et de la diette

    Eh, oh, je parle de Zadig le héros de Voltaire. Pas de Zadig et Voltaire la marque de prêt à porter. Aujourd'hui, c'est la journée européenne de l'obésité, j'en ai parlé hier. Les motivations des êtres humains seront toujours des énigmes à plus d'un égard. Dans le conte fameux de Voltaire, Zadig, le héros du même nom, au cours de ses pérégrinations, croise un jour des femmes à la recherche d'un animal mythique, le basilic. Il s'enquiert alors des motivations de leur recherche et apprend qu'il s'agit là d'un remède pour leur maître Ogul, le seigneur de la contrée. Pour obtenir la libération de la femme qu'il aime, Astarté, il se présente alors comme médecin à la cour d'Ogul, et lui propose un rite particulier pour s'assurer de l'efficacité du basilic.

    Seigneur, on ne mange point mon basilic, toute sa vertu doit entrer chez vous par les pores. Je l’ai mis dans une petite outre bien enflée et couverte d’une peau fine: il faut que vous poussiez cette outre de toute votre force, et que je vous la renvoie à plusieurs reprises; et en peu de jours de régime vous verrez ce que peut mon art. Ogul dès le premier jour fut tout essoufflé, et crut qu’il mourrait de fatigue. Le second il fut moins fatigué, et dormit mieux. En huit jours il recouvra toute la force, la santé, la légèreté, et la gaieté de ses plus brillantes années.

    Par les temps qui courent, les laboratoires font assaut de pilules "miracle", quasiment de la magie, censées assurer le bien-être, la santé, la jeunesse et un amaigrissement accéléré moyennant achat en monnaie sonnante et trébuchante du dit miracle. C'est le médecin d'Ogul qui lui prescrit une décoction de basilic cuit à l'eau de rose. Une sorte de laboratoire miracle de l'époque, en somme. Mais la conclusion de Zadig est édifiante :

    Vous avez joué au ballon, et vous avez été sobre, lui dit Zadig: apprenez qu’il n’y a point de basilic dans la nature, qu’on se porte toujours bien avec de la sobriété et de l’exercice, et que l’art de faire subsister ensemble l’intempérance et la santé est un art aussi chimérique que la pierre philosophale, l’astrologie judiciaire, et la théologie des mages.

    Il nous faut de nouveaux Zagig de nos jours. Non pour leurs sages paroles, car notre société déborde de ces conseils raisonnables, mais pour leur art à circonvenir ceux qui les écoutent. Plutôt que de vendre le remède, il suffirait, sur le mode d'emploi, de préciser que leur absorption dans le sang doit être facilitée par une marche quotidienne après le repas d'une demie-heure, de la pratique d'exercices répétées (brasses dans une piscine afin d'assurer la circulation des énergies internes et autres flux astraux dans tout le corps) et le succès en serait assuré. Les publicitaires n'ont pas besoin de relire Zadig, mais les professionnels de la santé devraient s'y replonger pour leurs campagnes de prévention...

  • Les antibiotiques toujours moins performants !

    Réveil à pas d'heure, cette nuit, et un peu en catastrophe. Ma petite dernière pleurait et semblait très rouge. Prise de température : 41°

    Gros coup de flip comme vous ne l'imaginez pas. Bain avec un degré de moins, doliprane, déshabillage et trois quatre heures plus tard, advil.

    Le problème, c'est qu'elle était sous Orelox depuis le début de la semaine contre une otite. J'ai déjà observé avec mon aîné que certains antibiotiques ne fonctionnaient plus. Mon médecin m'en parlait déjà quand j'avais 20 ans en me disant que c'était ce qui nous menaçait au 21ème siècle.

    Mon actuelle généraliste m'a dit que la seule solution connue, quand vraiment plus rien ne fonctionne, c'est l'injection massive avec hospitalisation. Mais les germes deviennent toujours plus résistants, et, à ma connaissance, la recherche médicale a déserté complètement ce champ...

    Un rapport récent de l'OMS indiquait que nous sommes en train de perdre la bataille contre les bactéries :

    1 - En Estonie, en Lettonie et dans certains parties de la Fédération de Russie et de la Chine par exemple, plus de 10 % des malades de la tuberculose présentent des souches résistantes aux antibiotiques les plus puissants,
    2 - En Thaïlande, les trois antipaludéens les plus courants ne sont plus efficaces. Chez 30 % environ des malades prenant de la lamivudine contre l'hépatite B, la résistance s’installe après un an de traitement,
    3 - En Inde, 60 % des cas de leishmaniose viscérale (infection parasitaire grave liée aux chiens et aux rongeurs et transmise à l’homme par la piqûre de certaines mouches) ne réagissent plus aux médicaments de première intention. Dans les cas d'infection à VIH, on observe déjà une résistance primaire à l'AZT,
    4 - Aux Etats-Unis, quelque 14 000 des malades hospitalisés sont infectés et meurent chaque année à cause de germes pharmacorésistants d'origine nosocomiale. 
    Dans le monde, jusqu'à 60 % des infections nosocomiales sont provoquées par des bactéries chimiorésistantes (résistantes au antibiotiques)
    .

    La France, quant à elle, avec sa consommation massive de médicaments comporte le plus de souches résistantes. Si nous ne parvenons pas à éradiquer et détruire ces souches, nous allons au devant d'un grand danger.

  • Rythmes scolaires et chronobiologie

    Je constate que l'opinion, après avoir ignoré les compte-rendus des journées de l'Éducation organisées conjointement par le courant socialiste Espoir à gauche et le MoDem, se réveille et s'empare subitement de la question des rythmes à l'école. Le sujet est sensible et mérite une discussion de fond, et certainement pas les élucubrations d'iédologues ou d'individus qui ont une revanche à prendre envers l'école et les enseignants, généralement pour des raisons très diverses.

    Il s'agit également de ne pas faire de la chronobiologie le nouvel eldorado pédagogique qui ouvrirait la voie au champ des possibles. Par-delà les rythmes de l'enfant, que l'on met aujourd'hui en exergue, la principale variable de la réussite scolaire, c'est d'abord et avant tout l'éducation que les parents donnent à leurs enfants. Ceci une fois posé et établi, on peut commencer à discuter.

    Si je n'ai pas lu dans le détail les études du Professeur Montagner, j'ai néanmoins pris connaissance de ses travaux par des pages de vulgarisation scientifique. Le Professeur Montagner est le directeur de recherche à l'INSERM, spécialiste de la psychophysiologie et de la psychopathologie du développement. De la même manière, je me suis rendu directement sur le site de l'Académie de Médecine afin de prendre connaissance des termes exacts du rapport et nnon exclusivement des extraits relevés dans la presse.

    Je donne ici copie des conclusions de l'étude :

    Si on met l’enfant au centre de la réflexion sur le temps scolaire il faut prendre en considération l’apport des rythmes biologiques en attirant l’attention sur les éléments suivants :

    - le sommeil : de sa durée et de sa qualité dépendent le comportement à l'école, le niveau de vigilance et de performances. Il serait à cet égard important de retarder l'entrée des enfants en classe en créant une période intermédiaire d’activités calmes en début de matinée, car l’enfant arrive fatigué à l’école, surtout lorsque son temps de sommeil n’est pas respecté. De plus, un coucher tardif n’est pas totalement compensé par un lever tardif.
    - les variations quotidiennes de l'activité intellectuelle et de la vigilance : elles progressent du début jusqu'à la fin de la matinée, s'abaissent après le déjeuner puis progressent à nouveau au cours de l'après-midi. Deux débuts sont difficiles pour l'enfant : début de matinée et début d'après-midi. A cet égard la semaine de 4 jours(lundi, mardi, jeudi, vendredi) s'accompagne d'une désynchronisation avec diminution de la vigilance de l'enfant les lundi et mardi
    - les variations annuelles de la résistance à l'environnement : les périodes difficiles pour l’enfant sont l’automne, la période de la Toussaint (dont les vacances devraient être étendues à 2 semaines), et l’hiver vers fin février ou début mars.
    - le bruit :les grandes salles des cantines très bruyantes devraient être transforméesen plusieurs petites unités pour amortir le bruit.
    - la vie à l’école : il faudrait tenter dediminuer le stress de l'enfant et le surmenage scolaire par des programmes adaptés et non pléthoriques ; éviter le transport de cartables lourds grâce, par exemple, à l’utilisation de casiers à l’école ; instituer une heure d’étude surveillée en fin d’enseignement.

    On voit donc bien que les conclusions générales de la commission ne sont pas ce que la presse a mis en avant, à l'exception du retour de la semaine de quatre jours à quatre jours et demi ou cinq jours.

    Je note également que les recommandations de l'Académie de Médecine comportaient deux points principaux : le premier pour les décideurs, le second pour les parents. Le second semble être passé à la trappe dans les médias. Le voilà :

    2- Recommandations destinées aux parents
    ·        Informer sur le rôle fondamental du sommeil pour la bonne santé de l’enfant et veiller à une quantité de sommeil suffisante et à des horaires de lever et de coucher réguliers.
    ·        Restreindre le temps passé par les enfants devant un écran à moins de 2 heures par jour (recommandation de l'Association américaine de pédiatrie) et éviter la télévision avant le coucher.
    ·        Supprimer télévision et consoles de jeu de la chambre de l’enfant.
    ·        Aménager le temps périscolaire et favoriser les activités structurées sportives et culturelles.

    Marielle de Sarnez s'est exprimée récemment sur l'école primaire, jugeant que, compte-tenu des moyens limités de l'État, c'est là, et particulièrement sur les deux premières années , qu'il convenait de mettre le paquet.

    Il faut procéder, dans ce domaine, avec la plus grande prudence, le mieux étant souvent l'ennemi du bien. J'ai pour ma part toujours considéré comme une erreur la semaine de quatre jours, et il me semble que la première mesure à prendre serait de revenir à une semaine de quatre jours et demi. Toutefois, comme le souligne le rapport rendu par l'Académie de Médecine, ce n'est pas seulement la journée scolaire qui est en cause, mais tout ce qui suit avec. Quand bien même l'école finirait deux heures plus tôt, si les enfants poursuivent leur journée via des ateliers divers et variés, de la pratique sportive et des études, le nombre d'heures actives n'est pas diminué. Il y a à cet égard une contradiction entre la recommandation finale de l'Académie et ce qu''écrivent les deux membres de la commission, puisqu'ils engagent justement les parents à se défier du surcroît d'activités après l'école.

    La lecture de ce rapport met aussi le doigt sur un problème qui va être difficilement soluble : la fatigue et les rythmes des enfants à l'école primaire et au collège ne suivent pas les mêmes sinuosités. Au sein même du collège, l'enfant de 6ème et l'adolescent de 3ème ne sont pas comparables non plus. Réorganiser l'école autour de la chronobiologie des enfants suppose donc un bouleversement général difficile à mettre en place : des heures et des périodes de vacances différentes selon les âges, des débuts de cours également différents, et, des aménagements au sein même des établissements scolaires. Ainsi, ce n'est pas parce que l''école ou le collège feront débuter des cours à 9h00 ou 9h30 que les enfants pourront se lever plus tard : généralement, les parents accompagnent les enfants à l'école au moment où ils se rendent vers leur lieu de travail, et il faudra donc bien un endroit pour accueillir ces enfants, sauf à les laisser patienter dehors...Même s'ils sont accueillis, les permanences bondées et très bruyantes des collèges augureront certainement mal de la suite de la journée en termes de fatigue.

    Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que des préconisations ne sont que des préconisations ; le yaka faukon, et les lois ad hoc, cela fait un moment qu'on le pratique, en France, et je n'ai pas le sentiment que les choses soient allées ainsi en s'améliorant. Il s'agit donc de réformer non en considérant de vaseux idéaux mais bien le champ du possible, et même plus, celui du faisable. Cette manière de considérer l'action politique m'avait attiré spécifiquement vers l'UDF, dont c'était la marque de fabrique.

    Le MoDem formule ainsi dans son livret orange, au chapitre 2.1, qui concerne l'éducation, les remarques suivantes :

    La société française doit résoudre le problème des rythmes scolaire. L'année scolaire en France n'est plus que de 144 jours alors que la moyenne européenne est de 185 jours. La journée des écoliers français est la plus longue du monde, mais nos écoles sont fermées la moitié de l’année. Il faut alléger la journée de travail scolaire par un réaménagement de la semaine et de la durée des congés.

    On s'en fout de la moyenne européenne. On s'en fout du nombre de jours de fermeture de l'école. On s'en fout aussi que la journée des écoliers français soit la plus longue du monde et que les écoles soient fermées la moitié de l'année. Et on s'en fout enfin d'alléger la journée de travail scolaire. Ce qui compte, à mes yeux, c'est que nos enfants sont fatigués, qu'il y a une diversité de rythmes liés tant à la génétique qu'à l'âge ou à l'environnement. Ce qui compte, c'est de considérer comment l'école peut gagner en efficience de manière à permettre aux enfants un développement et un vigilance les plus optimaux possible. La formulation du MoDem ne prononce même pas le mot "enfant". Non, on comprend que le souci principal, c'est d'ouvrir plus les écoles. C'est tout ce que l'on retient du paragraphe concerné. Or, ouvrir plus les écoles, ce n'est pas un but en soi. Il eût mieux valu poser clairement le problème de la fatigue pour les enfants et envisager alors des solutions faisables à court-terme. Quitte à engager une réflexion sur le reste ensuite. D'autant que le MoDem dans son programme s'est bien gardé de poser la question qui fâche (Mais Marielle a mis les deux pieds dans le plat plus tard chez Peillon) qui est celle du temps de travail des enseignants. On trouve évidemment de nombreux esprits chagrins et maladifs pour proposer de faire une réforme contre les enseignants. Léser les seconds pour aider les premiers est évidemment à rebours-même de la manière dont il convient de procéder. C'est pourtant d'autant plus stupide d'agir ainsi, que contrairement à une idée reçue, les syndicats enseignants ne sont nullement hostiles à une recomposition du temps d'étude des élèves sur l'année (Position du SNES, du SGEN).

    On va me dire que je suis dur avec mon parti, mais le fait est qu'il m'énerve pas mal depuis un moment, et que je n'aime pas trop le virage qu'il a pris depuis quelque temps au niveau des idées. J'aimerais qu'on en revienne aux fondamentaux et que l'on mette en avant dialogue et pragmatisme. Heureusement, comme l'a indiqué Robert Rochefort, le programme actuel du MoDem est une ébauche, et les contributions pour l'améliorer sont les bienvenues. In fine, j'apprécie que le MoDem ou Marielle de Sarnez se soient penchés sur la question des rythmes scolaires, en avance, d'ailleurs, sur l'opinion médiatique, mais j'attends, dans la démarche, une autre méthode.

  • Chippendales, un objet de...thérapie ?

    Je tombe sur cette insolite note du Post qui donne à réfléchir : il s'agit d'une jeune Canadienne en dépression depuis un an (et donc en arrêt de travail) qui s'est fait couper toutes ses allocations du jour au lendemain. Pourquoi ? parce qu'on l'a apperçue souriante en galante compagnie (avec des chippendales, apparemment) sur une photo de son profil facebook.

    La décision relève du manque de psychologie le plus élémentaire : déprimés, ne souriez plus, on vous croira heureux et on vous coupera toutes vos aides si vous en savez besoin. Voilà quelle pourrait être une première morale de l'histoire. Mais, au fond, ce qui est le plus idiot, c'est que le sourire ne garantit pas le bonheur. Combien d'individus se suicident du jour au lendemain sans que l'enourage ait rien soupçonné ? Peut-être que cette Canadienne a essayé de se sortir de la nasse noirâtre dans laquelle elle était plongée depuis plusieurs mois pour tenter de retrouver le goût de vivre ? Peut-être, aussi, est-ce une arnaque en bonne et due forme et avons-nous affaire à une authentique fainéante. Mais dans ce second cas, un minimum d'enquête est nécessaire. La seule consultation du profil facebook, ça me paraît un tantinet léger.

     

  • Liberté de soins en Europe, l'ADLE réussit son pari !

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    Vous vous en souvenez ? Je signalais, le 14 avril dernier, que l'ADLE menait campagne afin que les citoyens européens puissent se faire soigner n'importe où en Europe tout en ayant la garantie d'être remboursés par leurs systèmes et leurs mutuelles de santé.  Campagne réussie !

    Le Parlement européen, réuni en session plénière à Strasbourg, a approuvé vendredi dernier la première étape vers un Espace européen de santé en adoptant un rapport sur le droit des patients aux soins de santé transfrontaliers. Les personnes souffrant de maladies rares pourront recevoir des soins médicaux dans toute l'UE.

    Il faut dire que la gauche a tenté de faire obstruction à ce projet, les Verts, notamment, le groupe de Monsieur Cohen-Bendit, mais aussi l'extrême-gauche (GUE). Je rappelle que LO et la LCR sont membres associés de ce groupe. Super, le NPA, non ? Quant aux Socialistes, ils se sont abstenus...

    Coordinateur de l'ADLE pour les questions de santé, Jules MAATEN (VVD, Pays Bas) a déclaré: Le vote d'aujourd'hui représente une victoire pour tous les Européens qui souffrent de maladies rares et d'autres maladies sévères. Ils pourront recevoir les soins médicaux à l'étranger sans devoir s'inquiéter des coûts, de la sûreté et de la qualité. A l'heure actuelle, des règles complexes et  une incertitude juridique peuvent constituer une barrière pour des personnes sans moyens financiers afin d'accéder à des soins de santé privés. Cette directive assurera l'égalité d'accès pour tous les patients aux services de santé transfrontaliers. Il a conclu : Aujourd'hui les intérêts des patients l'ont emporté sur les intérêts de la bureaucratie nationale des soins de santé.

    Graham WATSON président de l'ADLE considère que les Verts, la GUE et les socialistes devront répondre de leur vote devant leurs citoyens lors des prochaines campagnes électorales: Je ne comprends pas que des gens qui prêchent pour une Europe sociale refusent de donner aux patients le droit d'obtenir le traitement dont ils ont besoin. Est-il social de voter contre la législation qui avantage le citoyen européen d'une manière concrète ? Il ne s'agit pas de libéralisation des services de soins de santé, mais de la libre circulation des patients. La directive n'interférera pas dans la manière dont les systèmes de santé nationaux sont organisés. Ils se livrent à un manège politique sur les dos des patients européens.

    Bien dit, Graham !

    581821186.2.jpg Marielle de Sarnez, dont je poursuis la lecture du petit dictionnaire pour aimer l'Europe, évoque justement la question du droits des patients à la lettre D (eh oui, je suis arrivé jusque là !!!). Elle y consacre un article spécifique et  écrit que ce sera le prochain parlement européen qui donnera ou non aux Européens la possibilité de choisir l'endroit où ils seront soignés. Mais elle a été prise de vitesse par l'efficacité de la campagne de l'ADLE (dont est membre le MoDem, je le rappelle) :-). Voilà ce que permet la directive : elle donne aux patients le droit aux soins ambulatoires dans d'autres Etats membres dans la mesure où ils sont couverts dans leur propre Etat membre. Ils n'ont pas besoin d'autorisation préalable et seront remboursés par leur propre système de sécurité sociale. Les patients peuvent également bénéficier de soins hospitaliers dans un autre Etat membre et obtenir le remboursement des frais, mais dans ce cas les Etats membres peuvent exiger une autorisation préalable. La directive assure la libre circulation des patients et une meilleure information pour eux. En outre, elle augmentera la coopération entre les systèmes de santé en partageant l'expertise, l'innovation et l'information. Pas mal, non ? Marielle met en garde, toutefois, dans son article, contre deux dangers :

    1) le tourisme médical. Il ne faudrait pas que ce droit-là soit détourné de son objectif initial, et que l'on trouve désormais dans des dépliants touristiques des formules de voyage avec intervention chirurgicale incluse.

    2) le dumping des remboursements : les assurances et les mutuelles pourraient exiger que des patients aillent se faire soigner à l'étranger parce que certains actes y sont moins élevés en prix que dans le pays d'origine.

    Il y aura de toutes façons un médiateur européen pour les droits des patients, l'ADLE l'a obtenu. Selon Karin RIIS-JORGENSEN (Venstre, Danemark, ADLE) un Médiateur européen définira les droits des patients sur des sujets comme l'autorisation préalable, la qualité et le remboursement du traitement à l'étranger. Il garantira les droits des patients et s'assurera que les plaintes soient traitées à temps et avec sérieux.

    Bravo l'ADLE, bravo le MoDem, bravo Graham Watson, bravo Marielle, je vous tire à tous mon chapeau !

  • Médecins libéraux, affichez vos tarifs !

    Dans la plupart des commerces et services, les prix sont affichés : commerces de détail, artisans (du moins une partie, l'autre devrait en faire autant !) hôpitaux, banques, écoles privées, et cetera.

    Mais les médecins libéraux , spécialistes inclus, s'exonèrent quasiment tous de cette obligation. Je trouve très désagréable de devoir demander à chaque médecin quand on appelle ses tarifs et ne pas pouvoir faire autrement, sinon, que de tenter à l'aveugle.

    Dans certains quartiers, les dépassements de tarifs atteignent des montants faramineux : 60 à 100 euros pour certains pédiatres, autant pour des ORL, 40 à 50 euros pour des généralistes, 150 euros pour un SOS pédiatre un dimanche dans les 7ème et   16ème arrondissement de Paris, par exemple. Pour 5 à 10 minutes de consultation la plupart du temps !

    Dans les quartiers misérables, il ne reste presque plus de professions médicales, soit en raison de l'insécurité prégnante, soit en raison de la multiplicité des CMU, mais dans les quartiers riches, il existe aussi des foyers très modestes qui sont assommés littéralement par les tarifs monstrueux des médecins des beaux quartiers.

    Ce serait une opération de salubrité publique pour les porte-feuilles de mettre en place une règle contraignant les champions du dépassement d'honoraires à afficher leurs tarifs, et sur leur porte, et sur internet via un site centralisant leurs coordonnées professionnelles.