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bayrou - Page 24

  • Euro, europe : réclamons un débat Bayrou-Le pen

    Marine Le Pen ne cesse de clamer haut et fort que l'euro est un poison pour l'économie française, et elle réclame la sortie immédiate de l'euro de la part de la France.

    François Bayrou, au contraire, assure qu'une sortie de l'euro ruinerait la France.

    Il s'est déclaré prêt à débattre avec Marine Le Pen à ce sujet. Quel média relèvera le gant ? Il y aurait là un affrontement d'envergure entre les deux porteurs de deux projets de société foncièrement antagoniste. 

    Le MoDem est le plus européen des partis politiques français, on peut même dire que l'Europe rentre dans on ADN alors que le FN est foncièrement hostile à tout projet européen.

    On entend tout et n'importe quoi sur l'euro, aussi bien de nonistes décérébrés que de ouistes fanatisés.

    Sur l'Europe, Bayrou a toujours tenu un langage de vérité sans jamais verser dans le double-langage ni dans un européisme béat, mais en défendant avec force et conviction l'idée européenne, idée qu'il enracine dans la civilisation européenne et ses nations, bien en amont des pères fondateurs que furent Schuman et Monnet.

    Très loin de privilégier l'Europe, le FN et Marine Le Pen rêvent d'un grand axe stratégique Paris-Moscou-Pékin et d'une résurgence des nations telles qu'elles vécurent aux XIXème et XXème siècle.

    Mon propre blogue a déjà été le lieu d'affrontements sur ces thèmes, puisque de temps à autre, des sympathisants ou militants du Front National passent me rendre visite. Bien évidemment, l'Européen convaincu que je suis, préparerait et relaierait avec grand plaisir un tel choc.

    Espérons qu'une chaîne télévisée organisera la confrontation, la France le mérite.

  • Bayrou 2012, l'économie

    Bayrou doit mener une campagne différente de celle de 2007 à l'évidence. Il y a une configuration très différente à l'heure actuelle avec une bousculade générale au centre et aux extrêmes.

    Les héros de 2007 sont lessivés : Royal, Bayrou et Sarkozy, à eux trois, ne recueillent plus que 45% des suffrages alors qu'ils avaient réalisé une performance historique il y cinq ans.

    Bayrou et son parti doivent annoncer clairement et sans fioritures ce qu'ils comptent faire si Bayrou accède au pouvoir. Après avoir disposé de compte-rendu de réunions, j'en ai une idée encore assez peu précise.

    Il y a une ligne directrice claire, c'est que Bayrou et le MoDem feront du budget dévolu à l'Éducation Nationale un sanctuaire. En fait, la preuve que le MoDem ne ment pas sur ce sujet, c'est qu'il ne s'engage sur quasiment rien d'autre, contrairement aux autres partis.

    Ils savent que les finances de la France sont dans un état désastreux. Ils prévoient donc hausses d'impôts et baisse des dépenses. Comme dans le même temps, il devient un impératif majeur d'améliorer la compétitivité des entreprises, les hausses ne porteront pas sur les bénéfices de ces dernières (des marges larges permettent d'investir et donc d'innover), ou, tout du moins, pas pour celles qui réinvestissent en France et/ou n'ont pas profité d'aides publiques.

    Comme le MoDem et Bayrou ne veulent pas non plus risquer de casser la consommation, ils vont, plutôt qu'une grande mesure qui serait censée rapporter des dizaines de milliards, proposer l'addition de plusieurs mesures fiscales.

    Une augmentation de la TVA, c'est à peu près assuré ; je crois savoir que les experts de la commission économique du MoDem hésitent entre 1 et 2%.

    Créations de tranches d'impôts sur le revenu à 50 et 55%, suppression du bouclier fiscal, maintien de l'ISF mais allégé afin que cet impôt ne soit pas confiscatoire, augmentation des taxes sur l'épargne, les successions et les donations, voilà les pistes sur lesquelles discute le MoDem à l'heure actuelle.

    A vrai dire, elles ne sont pas vraiment originales, et pour cause : il n'y a pas 36 solutions différentes. L'originalité, dans cette campagne, ce sera de dire une nouvelle fois la vérité et de ne pas faire de projets délirants du type les nouveaux emploi-jeunes de Martine Aubry ou le revenu universel de Dominique de Villepin.

    Dans le même temps, le MoDem oeuvre à des politiques coordonnées : c'est tout le sens des réunions de travail qui ont actuellement lieu au sein du PDE (Parti Démocrate Européen).

    En termes de budget, il y a deux lignes qui me semblent animer le projet démocrate à l'échelle européenne : ni dette ni emprunt pour autre chose que de l'investissement, et quand emprunt il y a, garantie à l'échelle européenne, avec des eurobonds.

    De ce point de vue, si Bayrou et le MoDem prenait le pouvoir, on pourrait tabler sur une politique économique résolument tournée vers l'Europe, non pas faite de fatalisme et de soumission aux diverses commissions, mais avec un axe directeur clair et fort. 

  • Bayrou c'est sûr, le reste...

    LomiG qui semble avoir perdu la tête vote Aubry en 2012. Une chose est certaine, je voterai, pour ma part, Bayrou quoi qu'il advienne au premier tour. Je voterai également contre Marine Le Pen si elle devait arriver au second tour, quel que soit son adversaire, sauf si c'est un candidat du NPA ou de LO (encore plus dangereux et nocif que le FN à mes yeux).

    Si Bayrou ne se présente pas, j'avoue que je serai ennuyé. Par défaut, je pense que je soutiendrai probablement Borloo si celui-ci va jusqu'au bout, mais je demande à voir son programme et ses soutiens avant toutes choses (le copinage avec Tapie et Sarkozy n'est pas vraiment pour me plaire...).

    Si ni l'un ni l'autre ne sont là, je pourrais me rapprocher sensiblement du bulletin blanc au premier tour, sauf s'il y a une autre candidature centriste (pas n'importe laquelle : Arthuis, Lamassoure, Bourlanges, pas exemple) ou si l'UMP présente Alain Juppé.

    Au second tour, je voterai pour n'importe quel candidat socialiste plutôt que de récupérer Nicolas Sarkozy 5 années de plus. 

    Même si j'ai une certaine estime pour Fillon, je ne me vois pas le soutenir ni à un premier ni à un second tour : c'est tout de même lui qui a mis en oeuvre la politique menée ces 5 dernières années.

    Les choses vont se compliquer au moment des législatives. A l'heure actuelle, aucun parti ne me séduit. Le programme dont je serais le plus proche, mais il est trop peu élaboré pour l'instant, ce pourrait être celui de l'Alliance Centriste (mais je demande à voir les développements). A défaut, celui du MoDem, mais j'avoue que je ne suis vraiment pas emballé par les propositions actuelles de ce parti.

    Voyons voyons, qu'en pensent Rubin, h16, Isabelle, mon conducteur de bovins favori et le Faucon ?

  • Haine verte...

    Tiens, on rigole bien chez les Verts en ce moment. Comme ils se sont jurés de niquer TF1, ils ont un peu la haine contre ce pauvre Hulot qui ne me paraît pourtant pas bien méchant.

    Du coup, ils se sont rangés comme un seul homme derrière la Norvégienne. C'est d'un comique consommé. Je n'arrive toujours pas à comprendre que l'on considère Éva Joly comme une candidate centriste, alors qu'elle adopte constamment une phraséologie montagnarde qui la fait certainement plus proche des Amis du peuple et autres Marat, Saint-Just et Robespierre que de Condorcet et des Girondins (encore moins des Orléanistes).

    Bref, Éva Joly, c'est pas le centre. Nicolas Hulot, en revanche, c'est quelqu'un avec lequel on peut converger, même si j'ai quelques petits différends avec lui à titre individuel.

    Comme le dit Bayrou, le MoDem pourrait travailler aisément avec lui. Avec Éva Joly, je ne suis pas sûr de suivre François, en revanche, qui dit avoir des contacts avec plusieurs écologistes. Il faudrait qu'elle cesse de se prendre pour une procureure néo-révolutionnaire, ça nous ferait des vacances...

    Tiens au fait, puisqu'elle s'en prend au capitalisme triomphant et à l'injuste répartition des profits, elle pourrait aller s'intéresser de près aux placements des fonds souverains norvégiens : pas sûr qu'on y trouve plus de morale que dans notre belle société latine et libérale...

  • Bayrou écrase Borloo au centre...

    J'ai trouvé assez mordante de rire l'analyse du Journal du Dimanche sur le centre et la représentativité des individus qui déclarent en émaner ou le représenter.

    Évidemment, on y lit que Borloo devance Bayrou au centre dans l'opinion des Français. 

    Seulement voilà : si l'on considère les électeurs qui ont vraiment voté au centre en 2007, c'est à dire les 19% de Bayrou, eh bien ils sont 53% contre 27% à citer Bayrou en premier au lieu de Borloo. Et même à gauche, ils sont encore 40% contre 33%.

    En ce qui concerne le centrisme de Borloo, il est vrai qu'il adopte souvent des positions modérées et que l'individu m'a paru souvent sympathique, mais, j'ai tout de même un motif de défiance et deux de griefs.

    Le motif de défiance, c'est qu'il a toujours choisi Sarkozy : en 2007, où il l'a soutenu au moment où le centre pouvait espérer remporter une victoire historique à la présidentielle, puis par la suite, où il a avalé toutes les mesures sarkozystes, et ce d'autant qu'il était encore près à être son premier ministre il y a quatre mois. A comparer avec les choix de Bayrou.

    Les deux griefs, c'est, primo d'avoir constamment soutenu Tapie dont il est le pote et avocat, et, secondo et surtout, d'avoir déclaré en 1993 qu'un accord avec le FN ne le dérangeait pas à condition que toute la droite s'y range.

    Des gens de droite comme Juppé ou Villepin ont toujours affirmé haut et fort leur hostilté au FN au nom du gaullisme. Il ne faut pas oublier que le FN, c'est avant tout l'hériter des Vichystes, certains fussent-ils ralliés à de Gaulle en 1942 à cause de l'occupation de la zone sud par les nazis.

  • 4000 questions pour Bayrou en une heure sur twitter

    François Bayrou vient de faire l'expérience de la réactivité de twitter en organisant le premier tweetinterview en France. Il a reçu sur son compte près de 4 000 questions en moins d'une heure, tentant d'y répondre aussi largement que possible. Il a testé les réponses en 140 caractères à des questions parfois complexes et n'a pu donner que 75 réponses au final (ce qui n'est pas si mal, car cela signifie qu'il a donne une réponse toutes les 50 secondes en moyenne !!!).

    L'équipe du compte MoDem sur twitter s'est engagée à tenter de répondre aux questions restantes sur son propre compte.

    Il a évidemment essayé d' s'exprimer sur les thèmes qui lui étaient proposés par les internautes.

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    En ce qui me concerne, je lui ai demandé ce qu'il pensait de la mise en place de l'évaluation par compétences dans les écoles et les collèges. Il m'a répondu qu'il n'était pas contre de grandes compétences générales et bien faites, car cela permettait de valoriser les élèves. Bon. On n'est pas franchement sur la même longueur d'ondes sur ce sujet.

    On lui a demandé ce qu'il pensait de l'obligation de devoir voter aux échéances électorales. Il a répliqué qu'il défendait l'objection de conscience dans ce domaine.

    Il a rappelé quelques uns des thèmes qui lui sont chers, l'interdiction des déficits en période de croissance, l'indépendance de la justice ce qui commence par supposer de donner aux juges les moyens de fonctionner, son soutien à la fonction de juge d'instruction, son engagement d'abroger le principe de la nomination par l'exécutif dans l'audiovisuel public, une proportion modérée de suffrage universel aux élections (25% par exemple), sa foi en l'isolation énergétique à grande échelle pour réduire nos dépenses et notre consommation dans ce domaine ; il a également rappelé son attachement aux langues et cultures régionales.

    Il s'est permis, enfin, le luxe de répondre à certaines provocations comme celle d'intox2007 : hautement comique ! Ce reliquat de la grande période royaliste, sur la foi d'une vidéo particulièrement bêtasse et démago, lui reprochait d'avoir approuvé des lois de sécurité intérieure et de maîtrise de l'immigration entre 2002 et 2007. Ouf, heureusement il les a votées ! On n'est pas non plus des gauchistes au MoDem qui considérerions que tout le monde il est beau il est gentil et qu'il y a plein de méchants policiers qui cherchent qu'à taper sur les gentils délinquants pas compris de la société. Eh, oh, mai 68 et les "il est interdit d'interdire", c'est fini, mon gars, faut se réveiller...

    En fait, merci d'avoir donné ce lien : il montre que Bayrou, contrairement à la majeure partie de la gauche, n'est pas laxiste, lui, au moins...

    Bon, Bayrou a été sympa, il lui a répondu. Bien bon, même, vu le niveau de la question. Il lui a répondu qu'il avait voté en conscience, ce en quoi il a parfaitement raison.

    Un transcript du tweetinterview devrait figurer d'ici peu sur le site du Mouvement Démocrate.

  • Cantonales 2008-2011 et scores du MoDem

    Je suis assez surpris, bien réfléchi, par le traitement des scores du MoDem par la presse. On y lit çà et là un effondrement de ce parti.

    En 2008, à l'échelle nationale, le MoDem a obtenu 1,31% des suffrages ; en 2011, 1,21% environ. Donc, certes, je conçois qu'on dise qu'il vivote, mais qu'il s'effondre, pas plus que cela. Ce n'est pas la troisième force, à l'évidence, c'est un petit parti, mais il subsiste quasiment sans alliance sauf dans les Pyrénées-Atlantiques, avec peu de moyens et des candidats souvent jeunes et nouveaux.

    Ramemé au nombre de candidats qu'il a présenté, il ne s'en sort d'ailleurs pas si mal.

    Mais bon, j'ai observé que les médias fonctionnaient selon une logique qui leur est propre, c'est à dire par "séquences médiatiques". Il y a eu l'heure de Mélenchon, aujourd'hui, c'est celle de Marine Le pen, on peut donc espérer qu'un jour Bayrou et son parti y refasse surface ; je pronostique toutefois une séquence à venir sur Hollande d'ici relativement peu de temps...

  • Prix du gaz, Bayrou dénonce l'arnaque

    Pour répondre à mon nouveau compère de l'Échiquier, Xerbias, oui, on peut avoir l'impression d'un silence-radio du côté du MoDem et Bayrou, mais cela ne signifie pas pour autant que l'on ne s'active pas.

    Je suis très étonné, par exemple, que la presse n'ait pas relevé l'observation de François Bayrou, lors de l'émisssion A vous de juger du 03 mars dernier.

    Bayrou s'étonnait de ce que les prix du gaz, sur les marchés mondiaux, se soient divisés par trois, mais qu'en France, en revanche, ils aient augmenté d'un cinquième...

    Que l'on ne me parle pas d'inflation par les coûts des matières premières dans ces conditions, ce serait se moquer du monde.

    Il paraît qu'il y a une formule complexe censée traduire l'évolution du coût des importations du gaz.

    Je l'ai retrouvée !

    Prix du gaz/3 X Gros Mensonge² puissance 10 X facteur de bonne opportunité de la centrale de Fukushima X mythe de la croissance exponentielle du prix du pétrole appliqué au gaz = coût final pour l'utilisateur.

    Oui, parce qu'avec le séisme au Japon et la fusion partielle du coeur d'au moins un réacteur de la centrale, le prix du gaz a grimpé de 15%. Alors évidemment, EDF-GDF et consorts vont bien pouvoir affirmer que le prix de la matière grimpe : ce n'est vrai que depuis 15 jours. La vérité est que l'occasion est trop bonne pour ne pas tenter de traire le consommateur jusqu'à tarissement des mamelles...

  • Foutez la paix à l'Islam, à la fin !

    La dernière trouvaille de Copé, c'est d'envisager de légiférer sur la langue que les imams doivent utiliser dans les mosquées. Mais on marche sur la tête en France. N'importe quoi.

    C'est pas un peu fini les débats biaisés avec l'Islam, là, en France ? Enfin, ce n'est pas compliqué : il y a des lois, en France. Quand quelqu'un les enfreint, il est sanctionné. La responsabilité des politiques, c'est évidemment de faire appliquer les lois (comme avec les prières de rue dans le 18ème arrondissement parisien qui sont parfaitement illégales).Qu'il soit musulman, athée ou chrétien ou tout ce que vous voudrez, on s'en f...

    Il y a également des lois contre les sectes. Si l'on s'aperçoit qu'une mouvance, fût-elle religieuse, opprime des individus et procède à d'authentiques lavages de cerveau, il y aussi des lois et même une mission chargé de dresser une liste : la miviludes, je crois.

    Voilà, ce n'est pas plus compliqué que cela. Je crois que Bayrou a très exactement visé dans le mille quand il observe que Marine Le pen est parvenue à faire de la laïcité, principe de tolérance, une arme anti-islam.

    J'aime beaucoup l'image utilisée par Bayrou : c'est un poison mortel pour la France que de dresser les gens les uns contre les autres. Bien d'accord. C'est une spécialité des extrêmes de toute sorte et pas seulement. 

    Plus à droite il va y avoir des responsables politiques pour faire les malins et penser doubler le FN par la droite, plus le FN va grossir.

  • Bayrou, l'Islam, la laïcité et le voile

    En 2003, Bernard Stasi a auditionné François Bayrou comme ancien ministre de l'Éducation Nationale sur la question du voile et de la laïcité. François Bayrou a répondu longuement, par un discours magnifique. C'est à mon avis le chemin le plus juste à emprunter quand on évoque en France l'Islam, le voile et la laïcité. Quand on parle de la laïcité d'une telle manière, aussi éclairante, là, j'aime bien la laïcité.

    Monsieur le Président, 
    Mesdames et Messieurs,

    Je vous suis très reconnaissant de m’entendre devant votre Commission chargée de réfléchir à l’application du principe de laïcité dans la République.

    Je m’exprimerai, bien entendu, en tant que Président d’une formation politique qui a placé, pendant tout le XXè siècle, la réflexion sur la laïcité au centre de son projet.

    C’est vrai de ses membres qui sont agnostiques ou incroyants, comme de ceux d’entre eux qui sont croyants. Je me souviens en particulier que lors des débats qui marquèrent, le 3 septembre 1946 à l’Assemblée Constituante, l’inscription du mot " laïque " dans la Constitution, Maurice Schumann, au nom du MRP, rappelait que son groupe parlementaire comptait simultanément dans ses rangs, un prêtre catholique (c’était l’Abbé Pierre), une personnalité protestante et un membre éminent de l’union rationaliste.

    Je m’exprimerai aussi comme ancien Ministre de l’Education nationale, ayant eu à connaître des problèmes liés au voile islamique en particulier, et aux problèmes de la laïcité en général auxquels j’ai consacré un livre en 1996 intitulé Le Droit au Sens. Il n’est peut-être pas anecdotique que j’ajoute que j’ai aussi consacré plusieurs livres aux guerres de religion, à Henri IV et à l’édit de Nantes.

    Dans cette introduction, avant de répondre à vos questions, je voudrais d’abord observer le besoin de laïcité aujourd’hui, un siècle après les grandes lois laïques de 1905, et dans un temps qui paraissait davantage marqué, pour la majorité de nos contemporains, européens et français, par la décrue du sentiment religieux que par sa montée.

    La question de la laïcité se pose parce que notre société, ses habitudes, les principes qui la fondent se trouvent inquiétés et se sentent menacés par la multiplication d’attitudes et de signes qui obéissent à une autre logique que sa logique historique et philosophique.

    C’est un curieux retour des choses que celui de l’irruption du religieux et du symbolique dans une société qui se comporte, sur bien des sujets, comme matérialiste.

    C’est aussi un fruit de l’Histoire. Les sociétés anglo-saxonnes, par exemple, sont moins sensibles à ces sujets que nous ne le sommes. C’est qu’elles ont dès l’origine intégré le communautarisme pluriel dans leur représentation d’elles-mêmes.

    La France, au contraire, s’est construite au travers des siècles comme unitaire, et toute atteinte à cette unité lui est profondément douloureuse.

    C’est la nature profonde de la France et de sa société qui sont en cause dans les débats sur la laïcité.

    Je résumerai en un mot, en disant que la laïcité à la française, est ce qui nous permet de garantir symboliquement, aussi bien que légalement, l’unité dans la diversité.

    Nous vérifions ainsi que notre société n’est pas un ensemble vide. En particulier nous vérifions que ce n’est pas parce que nous avons décrété que le " fait religieux " était relégué dans la sphère privée, que pour autant le symbolique est retiré de la sphère publique.

    Je voudrais, pour entrer dans le vif du sujet aborder en quelques mots la question du voile islamique.

    Pourquoi tant de mouvements sismiques autour du voile islamique ?

    La première raison est dans la montée, à l’intérieur de nos frontières, comme sur toute la surface de la planète, d’un Islam qui revendique sa radicalité, sa distance avec le monde contemporain. Je me souviens, lorsque j’écrivais le Droit au sens, avoir travaillé sur des études de la fin des années 80, qui indiquaient que la pratique de l’islam n’était guère supérieure à la pratique dans la religion catholique et l’auteur ( ?) indiquait que le chiffre de 10% de pratique et d’observation du ramadan lui paraissait une approche convaincante. À peine quinze ans après, les choses ont profondément changé. Durant la campagne présidentielle, j’ai consacré des journées entières à discuter avec des jeunes aussi bien que les animateurs de quartiers à forte proportion musulmane. Lorsque j’interrogeais des adultes ou ces jeunes sur la pratique, notamment en matière de ramadan, la réponse était unanime, 100 % ! Il y a un regain de pratique de l’Islam et d’identification par l’Islam dans notre société. Ce regain est notamment porté par les garçons, et même à l’intérieur des établissements scolaires, parfois même par la discussion virulente des cours ou des programmes.

    Le port du voile par les jeunes filles est une manifestation très visible de ce mouvement de revendication de l’Islam.

    Ce signe, le voile, porte en lui trois significations fortes qui sont de nature à inquiéter fortement l’architecture de valeurs autour desquelles se sont construites la République et son école.

    Première signification : le port du voile affirme, surtout lorsqu’il est l’objet d’un conflit, que la loi de Dieu est supérieure à la loi des hommes. Pour notre société au contraire, la loi, dans l’espace public, a un caractère éminemment séculier.

    Deuxièmement, dans cette loi, le statut de la femme est au moins distinct de celui de l’homme et, à bien des égards, inférieur.

    Troisièmement, le voile a une signification dans l’ordre du désir. Il dit qu’il revient à la femme de ne pas provoquer la seule vue du corps, la seule vue de la chevelure, est une provocation. Le voile dit que ce n’est pas à l’homme d’éduquer et de gouverner son désir. D’une certaine manière, le voile justifie l’homme dans l’abandon à son instinct immaîtrisable. C’est à la femme de répondre du désir, sinon à ses risques et périls. Et ainsi, comme le disent les jeunes filles des cités, le seul choix réside entre " pute " et " soumise ".

    Le choc est profond, vous le voyez bien, parce qu’il ne relève pas seulement d’une conviction religieuse, mais par l’intermédiaire de cette conviction religieuse, une véritable anthropologie d’une conception de la femme, de la société, et de l’humanité tout entière.

    Il ne s’agit pas seulement de religion, il s’agit de la femme, il s’agit de l’homme masculin et des personnes humaines masculines et féminines qui forment ensemble l’humanité.

    Naturellement, la question du voile n’englobe pas à elle seule les questions aujourd’hui à la laïcité à la française.

    Pardonnez-moi de rappeler devant vous qui êtes si familiers de ces interrogations, d’autres problématiques qui sont aujourd’hui des problématiques laïques.

    La question de l’Islam ne se limite pas au voile. Les moyens matériels et humains mis à la disposition des musulmans pour leurs pratiques et pour leur vie de tous les jours sont aussi en cause.

    Les lieux de culte sont problématiques.

    La charge de l’animation cultuelle est confiée à des personnalités peu familières de la société française, jusqu’au point très souvent d’en ignorer la langue.

    Dans les cimetières, la mise à disposition de carrés musulmans est rare et tout aussi problématique.

    La disposition " phare " de la loi de 1905 selon laquelle la République, ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte, se heurte à ces questions.

    Dans le même temps, d’autres communautés sont elles aussi interrogées sur leurs signes distinctifs, je pense à la kippa chez les jeunes garçons juifs.

    De même que l’évolution de la loi, par exemple sur l’interruption de grossesse, a fait problème avec de nombreuses religions, et en particulier bien sûr, les Catholiques.

    Notre pays lui-même, dans son histoire, est interrogé à son tour. Par exemple par la persistance, dans son calendrier, des fêtes chrétiennes qui donnent à tous les jours fériés, dimanches et fêtes religieuses, de la religion catholique.

    L’interrogation sur la laïcité est donc une interrogation globale qui se focalise sur l’école, et qui ne se limite pas à l’école.

    Pourquoi l’école ? Parce que l’école est chargée de la transmission, et cette transmission est évidemment pas seulement la transmission du savoir, mais la transmission des principes que nous avons élaborés au travers du temps, et que nous demandons à l’école de transmettre aux générations qui viennent, pour qu’elles nous continuent.

    Pour qu’elles continuent l’œuvre lentement élaborée par l’Occident, l’Europe et la France.

    Cette œuvre de civilisation, elle a -nous le savons tous- au moins cinq grandes sources. Je nommerai ces sources sans en approfondir l’analyse par ordre chronologique.

     La première de ces sources, c’est Israël. (L’affirmation d’un Dieu unique et personnel, avec l’édification parallèle de la personne humaine).

     La deuxième source, c’est la Grèce (l’Agora d’Athènes, les philosophes, la sagesse de Socrate et le scandale d’Antigone).

     La troisième source c’est Rome (l’alliance de la force et du droit, une universalité à l’échelle du monde connu et la citoyenneté).

     La quatrième source c’est évidemment le Christianisme (la séparation de Dieu et de César, et l’universalité du salut).

     Cinquièmement et enfin, les Lumières. (Aboutissement à la Déclaration des droits de l’Homme, la liberté de conscience. Article X : " Nul ne peut être inquiété pour ses opinions même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ". Article V : " La loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société ").

    Cette histoire est vécue par ceux qui l’ont faite comme une histoire d’émancipation de la personne humaine et de l’Humanité. Affirmation de la personne humaine, de sa liberté.

    La personne humaine n’est pas asservie à une loi qui lui est extérieure, elle est placée comme une libre conscience devant le monde et regardée donc comme responsable.

    La conscience libère (conscience des aliénations, refus des dogmatismes).

    Tout ce qui semble aller à l’encontre de ce mouvement d’émancipation heurte en profondeur la logique interne de l’histoire de notre civilisation.

    Ainsi, nous sommes dans un pays unitaire, et au cœur d’une civilisation unifiée par sa logique profonde. C’est pourquoi les risques d’éclatement sont particulièrement déstabilisateurs et créent des tensions extrêmement forte.

    Et cela nous éclaire sur le vrai visage de la laïcité française.

    La laïcité française, terme intraduisible dans les autres langues, même européennes, qui en approchent la traduction avec beaucoup de méfiance : ils disent humanisme, ils disent sécularisation.

    La laïcité française, c’est le patrimoine commun de principes et de conviction qui fait le ciment et l’essence de notre civilisation, au-delà des dogmes différents, des religions différentes et des histoires différentes.

    La laïcité, c’est le peuple.

    La laïcité, ce n’est pas la neutralité, malgré les affirmation simples, de Renan par exemple. La laïcité, ce n’est pas un ensemble vide.

    La laïcité dit respect. " La République respecte toutes les croyances "" Tout homme a droit au respect de ses convictions, même religieuses ". Et Jules Ferry dans l’admirable lettre aux instituteurs : " demandez-vous si… "

    Mais ce respect n’est pas un respect anomique, ou indifférent. Par exemple, la République ne pourrait pas respecter des castes. La République ne pourrait pas respecter le servage, même volontaire.

    La laïcité dit égale dignité de tous. Émancipation et liberté et égalité et fraternité.

    La laïcité dit " dans tout cela, il y a du sacré ". Pour nous, Français, on n’y touche pas. Exemples : juifs, shoah, races, etc.

    La laïcité dit éducation.

    Pourquoi l’école ? L’école est le lieu de la transmission. Une société se résume dans sa transmission.

    Défense de la sanctuarisation. Policiers dans l’école. Pas la loi du plus fort. Pas la loi qui écrase ou qui secondarise, même volontairement.

     1- Le voile. La première chose à faire, c’est un bilan. Rien n’est plus facile que de connaître, à l’unité près, la situation dans les établissements. Internet et chefs d’établissement. 
     2- Ensuite, il faut donner aux équipes pédagogiques le soutien dont elles ont besoin. Chef d’établissement : " vous les responsables, au lieu de nous donner des principes souples en nous demandant d’être durs sur le terrain, vous devriez adopter l’attitude inverse. Soyez fermes sur les principes et laissez-nous éventuellement être souples sur le terrain. " 
     3- Le règlement plutôt que la loi (citation de Monique Canto-Sperber). Reprise de la circulaire du 20 septembre 1994, éventuellement avec un ajout. J’y indiquais que les signes ostentatoires étaient en eux-mêmes actes de prosélytisme. On peut ajouter que certains d’entre eux contreviennent en eux-mêmes aux principes qui fondent l’école de la République. 
     4- Nous avons besoin d’un code de la laïcité, qui reprenne sous une forme simplifiée et solennelle tous les textes qui fondent l’architecture juridique de la laïcité en France, les grands textes qui ont construit le compromis laïque. Ce sont de grands textes, ils font partie de notre histoire. Je ne suis pas favorable à leur changement, par exemple en ce qui concerne la loi de 1905. Si dans le cadre de cette législation, des adaptations doivent être trouvées, la rédaction de ce code le permettra. 
     5- Votre commission a un rôle majeur à jouer en définissant aujourd’hui le besoin de laïcité, dans le cadre de l’école, comme dans la cité. Permettez-moi, dans les derniers mots de cette introduction de vous dire ce qui est incontournable dans ce besoin de laïcité :

    • A - notre laïcité doit assumer notre histoire et notre identité. Nous sommes ce que nous sommes.
    • B- elle doit être faite de respect pour toutes les personnes et toutes les communautés.
    • C- elle doit être ouverte au spirituel.
    • D- elle doit défendre fermement, dans l’espace public et notamment à l’école, les principes de non-discrimination et de primauté de la loi.
    • E- elle doit être pratique, c’est-à-dire aisément applicable et constituer un soutien efficace pour les praticiens de terrain.
    • F- enfin elle doit montrer clairement quel idéal de vie sociale et personnelle porte, pour toute la République, la laïcité qui la fonde.