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Modem - Page 76

  • Sénateurs centristes, UDF,MoDem, calmons le jeu

    C'est impressionnant de voir à quel point les esprits sont prompts à s'échauffer sur la blogosphère. Il suffit qu'UN, et UN SEUL sénateur centriste déclare quitter le MoDem pour que cela se transforme en TOUS les sénateurs centristes.

    Au passage, même si je ne suis pas d'accord avec la stratégie de Michel Mercier, a-t-il écrit qu'il comptait quitter le MoDem ? En aucun cas. Il s'est au contraire présenté comme trésorier de l'UDF ET du MoDem.

    Aucun autre sénateur ne s'est exprimé pour l'instant. Tout juste François Zochetto a-t-il dit qu'il penchait du côté d'Arthuis. Et même ainsi, Jean Arthuis, Thierry Benoît ou François Zcohetto demeurent tout de même des centristes très proches du MoDem ! Alors gare à l'hystérie.

    Pour ce qui est de Michel Mercier, c'est un vieux renard de la politique, parfaitement capable de rouler dans la farine aussi bien Nicolas Sarkozy que son homme de paille (bon jeu de mot, non ?) Dominique Paillé. Attention aux apparences. Michel Mercier négocie le positionnement des sénateurs pour les prochaines sénatoriales. Est-ce anormal ? Pour ma part, je suis choqué quand il y a des discussions avec le MPF, et c'est cela que j'ai reproché à Mercier, à cause du positionnement de Perben à Lyon. Mais qu'il y ait des discussions avec l'UMP, cela n'est pas choquant, tant que nous conservons notre indépendance d'esprit.

    Bien sûr, si certains ne se reconnaissent pas dans la démarche du MoDem, ils doivent être libres de partir, mais cela n'est pas un crime, d'autant que les sénateurs ont souvent été élus avec des voix de l'UMP par le passé.

    Par ailleurs, le Sénat est un lieu où les débats sont souvent de qualité et dépassionnés. Donc qu'on y soit davantage sensible à la critique positive qu'à l'Assemblée Nationale n'est pas en soi un mal. Cela n'empêche pas nombre de sénateurs centristes au sein de l'UDF-MoDem d'avoir des positions intéressantes et utiles (je pense en revanche que ceux qui ont voté le texte sur les OGM se sont plantés).

    Bref, attention à ne pas étouffer le débat au sein du MoDem. Il y a des désaccords avec la stratégie de François Bayrou, c'est normal que l'on puisse le dire et en discuter, dès lors que cela demeure courtois. 

    Au final, je conseille à certains de se calmer avec LES sénateurs centristes, qui sont sans doute DES sénateurs centristes, et pour l'instant UN sénateur centriste.

    Par ailleurs, pour moi qui ai fait la double adhésion MoDem ET UDF, croyez bien que je ne laisserai personne s'asseoir sur ma décision de militant UDF àla veille de Villepinte. Bien qu'attaché à l'UDF, j'ai choisi de faire confiance à François Bayrou lorsqu'il a organisé la mue de l'UDF en MoDem, et je ne reviendrai sur mon vote de militant que seulement si Bayrou décide de faire marche arrière sur ce sujet.

    Jean Arthuis n'est pas propriétaire de l'UDF ni de ma voix, ni de celle des autres militants UDF. L'UDF, c'est à nous, anciens militants UDF, qu'elle appartient.

     

  • Moyens pour l'Education, ce que voulait Bayrou...

    L'action du gouvernement Fillon me sidère. Les lycéens défilent, et les enseignants sont furieux parce qu'on supprime des postes à tour de bras dans l'Education Nationale. Mais furieux, il y a de quoi l'être, et je me fais mienne cette réflexion toute récente de François Bayrou, dimanche dernier sur TV5 : 

    « ce qu'on va mettre en année pleine pour arranger les affaires des grandes chaînes privées (...) ça va coûter au pays 1,2 milliard, c'est-à-dire six fois plus que les postes qu'on va détruire à l'Education nationale»

    C'est ce genre de priorités, dans le gouvernement Fillon, qui ont le don de me faire enrager. Alors pour les chaînes privées, il y a de l'argent, mais pour l'Education, il n'y en a pas.

    Le discours de Dijon, du président du MoDem, le 20 février 2007, avait été explicite sur l'importance qu'il accordait à l'Education Nationale et sur la garantie qu'il escomptait lui donner en termes de moyens. C'est avec d'autant plus d'amertume que je considère le choix d'une majorité de Français qui se sont laissés abuser par les belles paroles de Nicolas Sarkozy.

    « Ces défis sont tels, faire diminuer et j'espère un jour supprimer l'illettrisme en France, faire que les établissements soient des établissements d'égalité des chances, faire que le calme et la discipline reviennent dans nos établissements, faire que l'enfant motivé ou avec des talents particuliers ait exactement les mêmes chances d'accéder au sommet, quel que soit l'établissement qu'il est obligé de fréquenter en raison de l'adresse de sa famille, faire que le lycée soit une préparation à l'université, faire qu'à l'université on invente une orientation, faire que l'on baptise une formation professionnelle après les diplômes universitaires, faire que la gouvernance des universités soit reprise, faire que l'école accepte d'intégrer les enseignements artistiques et qu'elle améliore par exemple ce qui est aussi du domaine sportif, faire tout cela, c'est un immense effort pour la nation, un immense effort dont j'ai dit qu'il demandait des moyens garantis et nous garantirons ces moyens sur plusieurs années ...»

    Ces propositions, qui ont fait la force de François Bayrou, le MoDem les a faites siennes et les a intégrées dans son programme. Elles correspondent, désormais, à la ligne du MoDem. Côté Nouveau centre, qui se revendique du même programme, c'est le silence radio le plus complet...Là, clairement, le gouvernement garantit des restrictions de budget et des supressions de postes sur plusieurs années...Comparez... 

  • Lendemain de beuverie au MoDem

    Je publie ce commentaire d'une des lectrices de mon blog, Fotini Sidéris, parce que je la trouve fort pertinente. Elle fait l'état des lieux des départs récents et analyse leurs causes...

    « Je crois que nous devons vraiment distinguer les adhérents & sympathisants des personnalités politiquement reconnues et installées. Le positionnement des uns et des autres n'est pas le même, les contraintes et la nature de leur impatience ou mécontentement ne sont pas les mêmes non plus.

    Je veux revenir à deux constats prosaïques :

    1) nous n'existons que depuis un an et nous avons la rude tâche de faire émerger une culture commune qui pour l'instant a été essentiellement le fait d'un enthousiasme collectif pour les uns. Pour les autres ce qui a prévalu est l'attentisme, pour le cas où ce cheval s'avèrerait tout de même gagnant ou par envie sincère de préserver leurs repères malgré tout. Or l'enthousiasme collectif est par nature éphémère une fois la geste des élections présidentielles passée. L'émotion une fois partie, ce qui reste c'est la raison. Le problème est que lors de lendemains de beuverie, elle n'est pas toujours très claire et qu'il faut reprendre pied dans le réel pour retrouver ses esprits. Nous sommes dans cette phase intermédiaire après les legislatives et les municipales où nous avons été portés par l'enthousiasme et l'hostilité de nos adversaires. Là nous nous retrouvons enfin face à nous-mêmes. De plus, transformer cet enthousiasme en quelque chose de constructif est d'autant pus difficile que l'origine des gens, leurs attentes, leur conception des objectifs sont très variés. On ne construit pas ce genre de culture en un an seulement. Sans parler plus généralement de la crise de représentattivité que traversent tous les partis actuellement. Certains la vivent mieux car ils sont malgré tout bien ancrés dans une histoire, ont un bon maillage du territoire et des réseaux puissants, d'autres, naissants, comme le MoDem, ne peuvent s'en prévaloir.

    2) quelle autre alternative avons-nous que de persévérer ? Retourner pour les uns au bercail à l'UMP, PS etc... (et dans ce cas là on accepterait volontiers leurs travers alors qu'on les trouve repoussants au MoDem ??!) ou pour les autres retourner nulle part et subir la majorité par défaut ? C'est clair que c'est plus confortable de se dire qu'on n'y peut rien, que c'est comme ça et de râler de temps en temps pour se dire qu'on a quand même sa petite conscience pour soi...»

     Voilà, je trouve cette réponse magnifique, et elle résume, pour ma part, très bien ma pensée. En tout cas, je suis heureux d'avoir des lecteurs de qualité sur ce blog, et je crois que Fotini va prendre désormais place aux côtés de Bertrand parmi les lecteurs publiés ici...

  • Paquet fiscal versus logement social, je bous !

    Encore un point qui m'exaspère dans le plan d'économie de Nicolas Sarkozy : ce dernier désire réduire l'accès aux HLM de 60 à 70%, pour faire des économies. C'est insupportable : les crédits d'impôts pour ceux qui ont les moyens de se payer des villas immenses coûtent des centaines de millions d'euros. Et pour financer ces crédits d'impôts, on va entre autres réduire l'accès aux HLM de familles souvent modestes.

    Je sens que je vais exploser. Voilà la société équitable que nous propose Nicolas Sarkozy !

    Cela ne signifie pas que le logement HLM ne nécessite pas d'être revisité, et notamment de bien considérer les plafonds de ressource, mais, dans ce cas, je prèfère de loin la solution de François Bayrou : 

    En janvier 2006, il évoquait justement cette question et proposait alors :

    Je voudrais évoquer comme cinquième principe l’idée de la modulation des loyers dans le parc HLM. Tout le monde ici a souligné les difficultés créées par le maintien dans des appartements de personnes dont le statut avait changé. Elles correspondaient aux standards d’entrée à l’époque où elles ont pris leur logement HLM. Elles y ont vécu. Leur situation s’est améliorée. Leur mode de vie a changé. Elles sont toujours dans le même logement et certains s’en émeuvent, considèrent que ce n’est pas bien, que c’est un scandale. D’autres disent que « vous ne pouvez pas virer des gens de leur logement ». Il nous semble après y avoir réfléchi que la modulation des loyers est une réponse à cette importante question. La modulation des loyers en fonction de la situation avec un supplément de loyer de solidarité. Le surloyer d’aujourd’hui étant extrêmement faible, on peut moduler les loyers en fonction de la situation dans ces logements là. 

    Moduler les loyers dans le parc HLM, en fonction de la situation des personnes, est une nécessité de justice et d’efficacité.

    C'est une évidence. Mais en tout cas, ce qui n'est nu juste ni efficace, c'est de faire payer les tributaires de logement HLM pour les heureux bénéficiaires du Paquet Fiscal. Cette injustice sera au coeur des revendications du MoDem.

     

  • TF1 va s'occuper des cerveaux à la place de l'école

    Morceaux choisis : j'ai pris un extrait de l'intervention de François Bayrou hier sur TV5...

    François Bayrou a contesté en particulier la suppression annoncée de la publicité sur les chaînes publiques. "Cette année, simplement parce que Nicolas Sarkozy a prononcé une phrase mal réfléchie, mal pensée, dont il n'a pas vu les perspectives, ça va nous coûter 150 millions d'euros, cette plaisanterie", a-t-il accusé. Et "en année pleine, ça va coûter un milliard ou 1,2 milliard d'euros".

    Ainsi, ce "qu'on va mettre en année pleine pour arranger les affaires des grandes chaînes privées (...) ça va coûter au pays 1,2 milliard, c'est-à-dire six fois plus que les postes qu'on va détruire à l'Education nationale".

    "C'est déraisonnable. C'est gaspiller de l'argent", a estimé le président du MoDem. "On gaspille l'argent pour arranger les affaires de quelques-uns".

    J'espère que tout le monde se rappelle de ce que Le Lay, l'ex PDG de TF1 écrivait en 2004 dans un livre Les dirigeants face au changement (Editions du Huitième jour) :

    " Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective ”business”, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit (...).

    Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible (...).

    Rien n’est plus difficile que d’obtenir cette disponibilité. C’est là que se trouve le changement permanent. Il faut chercher en permanence les programmes qui marchent, suivre les modes, surfer sur les tendances, dans un contexte où l’information s’accélère, se multiplie et se banalise. "

    Voilà, on y arrive, et sans coup férir, en plus... Je suis écoeuré... Pour le MoDem qui a mis l'éducation au coeur de son programme politique, cela a du mal à passer...

     

     

     

  • Gandrange : le plan de sauvetage d'un adhérent MoDem

    En parcourant les derniers articles des internautes publiés sur le site du Mouvement Démocrate, je suis tombé sur une intéressante solution pour l'usine de Gandrange. Malheureusement, l'auteur n'a pas laissé son nom. J'en donne copie intégrale ici. Je trouve sa solution astucieuse. Reste à voir si elle est faisable, et notamment si Gandrange ne s'insère pas dans un dispositif global au sein d'Arcelor. Est-ce que, autrement dit, cette unité peut fonctionner de manière autonome.

    Soit l’Etat intervient et ce sera"évidemment" pour engager à perte des fonds publics, soit on laisse faire les lois du marché et se sera "évidemment" l’exploitation des individus. Non ! Le Modem pourrait faire une proposition qui évite ces deux écueils et montre clairement sa spécificité : que l'Etat aide les employés à monter leur projet de reprise en contrepartie d'une obligation de remboursement et de résultat.

    Quant on voit l’affaire de   Gandrange on se sent révolté. Comment ? Les syndicats proposent un plan qu’ils assurent sérieux et chiffré pour sauver les emplois et la direction ne l’a même pas examiné ? La décision de Mittal est sans doute prise depuis longtemps et ses motivations ne sont pas seulement celles de viabilité d’un site. Sinon bien sûr que la proposition aurait été je ne dis pas acceptée mais, ne serait-ce qu’examinée. Mittal n’est pas là pour faire vivre les employés, pas même pour faire tourner l’usine….

    D’un autre côté le président Sarkozy a fait des propositions. Il n’est sûrement pas question de mettre sur la table le problème de sa sincérité. Mais le fond du problème est celui du rôle de l’Etat. Pourquoi l’Etat aiderait-il une entreprise qui, comme il a été dit « n’a pas fait les investissements nécessaires » ? D’ailleurs l’interdiction de Bruxelles est quasi certaine. Quant à un rachat du site par l’Etat, on n’ose l’envisager ; question d’un autre temps.

    Tout semble bloqué et surtout tout semble inévitable. L’Etat impuissant, les employés condamnés tel ces héros d’Eschyle soumis au destin décidé par les dieux. Mais voilà c’est sans doute une tragédie mais certainement pas une pièce de théâtre, nous ne sommes pas antiques et il s’agit d’un problème politique. Toujours le même actuellement. Que peuvent l’Etat et les citoyens face à ce nouveau destin, la loi du marché, et face à ses nouvelles divinités : les multinationales et les fonds de pension.

    Posons mieux le problème :

    • ·         Mittal ne veut pas conserver ce site car le but était sans doute d’éliminer la concurrence ou de montrer patte blanche en Europe.
    • ·         L’Etat ne peut financer les investissements ce qui serait non seulement immoral (pourquoi aider un groupe qui fait des bénéfices gigantesques) mais inefficace et couteux.
    • ·         Les employés ont un projet mais n’ont pas les moyens d’empêcher à terme la fermeture du site, ni juridiquement, ni financièrement en le rachetant.
     

    Une solution est –elle envisageable dans ce ménage à trois pour sortir de ces rigidités ? Une solution qui exclut l’engagement à perte de l’Etat et pourtant son soutien ? Une solution qui tienne compte des objectifs de Mittal et ne cherche pas à lui imposer des contraintes économiques illusoires ? Une solution qui donne des moyens d’action aux employés mais conserve leur responsabilité en évitant l’assistanat que leur dignité tout autant que l'impératif de rentabilité refuse?

    Proposition : pourquoi l’Etat ne prêterait-ils pas aux employés, constitués en société, l’argent nécessaire pour reprendre l’usine et effectuer les investissements indispensables ? Mittal a tout loisir de fermer le site. L’usine lui fut cédée pour un franc symbolique. Face au constat de son échec que l’Etat contraigne Mittal à remettre en vente. Une fois le site mis en vente, et selon les règles du marché, l’Etat nomme un « commissaire » chargé d’acheter l’usine au nom des employés. Il dispose d’une somme plafond, évidemment inconnu du marché, et entre en concurrence avec les autres acheteurs.

    Si le « commissaire » nommé par l’Etat emporte l’achat, l’usine est remise au collectif des employés, ainsi que le capital estimé nécessaire aux investissements. Le total des sommes engagées par l’Etat devra être intégralement remboursé. La responsabilité des employés, mainteant associés, doit donc être clairement engagée. La mise en œuvre de ce processus est impérativement conditionnée par l’élaboration d’un projet solide.

    Je ne dis pas que cette proposition est la bonne solution (c’est une proposition justement), je ne dis pas qu’elle ne pose pas de nombreuses difficultés dans le détail de ses modalités. Mais retenons le principe. L’Etat permet aux employés de racheter l’usine mais respecte les lois du marché à tout les niveaux. Dans cette compétition mondiale dont on nous rabat les oreilles pourquoi l’Etat ne soutiendrait pas ses ressortissants ? Qu’est-ce qu’un libéralisme bien compris si ce n’est la responsabilité et l'initiative privée ? Et que permet ce principe sinon de responsabiliser les employés et de premettre aux initiatives de se lancer ?

    Que M. Bayrou mette en demeure M. Sarkozy de reprendre ce principe sans attendre, à charge pour le gouvernement d’en définir les modalités juridiques et financières. On ne peut se satisfaire d’un prétendu destin économique mal compris. Ce qui existe ce sont les mécanismes du marché. Par leur utilisation ni leurs interférences avec le politique.

     

  • Temple du Mod...euh du Soleil

    Selon Jean Arthuis, il paraîtrait que le MoDem serait dirigé comme le Temple Solaire...

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  • Philippe Morillon, mémoire de Massoud

    En ces temps où l'on parle beaucoup de l'Afghanistan, je porte à la connaissance de mes lecteurs l'évocation de Massoud par le Général Philippe Morillon, députée européen UDF-MoDem :

    7 juin 2000. Premiers pas sur le sol Afghan. Je réponds à l'appel du Commandant Ahmad Shah Massoud qui, depuis la Vallée du Panshir, où il dirige la résistance au régime barbare et fondamentaliste des talibans, nous a demandé de nous rendre auprès de lui pour y être informé des conditions qui règnent dans son pays et des perspectives de solution du conflit qui s'y déroule.

    Cette invitation est adressée au député européen que je suis, mais aussi au général français dont il n'avait pas oublié les prises de position à Sarajevo - alors que lui-même se trouvait confronté au drame de la guerre civile dans Kaboul.

    Elle s'accompagne d'une invitation semblable destinée à des représentants de l'Assemblée Nationale française et du Sénat belge.

    J'en suis touché à double titre. D'abord par la découverte que l'Europe, attendue par l'ensemble du continent africain et des pays en voie de développement, rayonne aussi dans cette Asie Centrale destinée à prendre sur la scène mondiale une place de plus en plus importante. Ensuite, par le constat que Massoud, légende vivante, puisse avoir retenu quelque chose de mon histoire personnelle.

    Dès notre première rencontre, Massoud se révèle bien différent du chef de guerre que de nombreux "faiseurs d'opinion" ont si injustement qualifié de "seigneur de la guerre". Massoud rayonne. Par son charisme. Par son intelligence. Par la beauté de son âme. De fait, il suffit de le voir au contact de ses hommes : aucun doute, c'est un chef aimé et respecté. Je découvre un homme profondément attaché à ses racines, à son peuple, à son pays pour lequel il se bat afin d'y rétablir la paix, la liberté et la démocratie. Massoud est un homme de paix.

    Le message de Massoud est clair. Il ne peut y avoir de solution militaire au conflit qui déchire son pays. Il ne peut y avoir qu'une solution politique.

    Le régime des Talibans tient grâce au soutien du Pakistan qui, animé par des ambitions panislamistes, a installé les talibans au pouvoir et a infiltré le pays. L'Afghanistan, où réside Ben Laden, est devenu la base d'Al Quaida et le terrorisme islamiste représente une menace réelle pour l'Occident. Le peuple afghan, acculé sous les souffrances qui lui sont infligées par le régime moyenâgeux et fondamentaliste dirigé par le Mollah Omar, n'aspire qu'à la liberté.

    Il suffirait que la Communauté internationale, et l'Europe en particulier, face pression sur le Pakistan afin qu'il cesse son ingérence en Afghanistan pour que le régime des talibans, dépourvu de soutien populaire, tombe.

    Convaincu, je reviens au Parlement européen, décidé à y délivrer le message de Massoud et à faire "bouger" l'Europe.

    Articles de presse, nombreuses résolutions et interventions en plénière, venue officielle de Massoud au Parlement européen en avril 2001. J'ai le soutien de la majorité du Parlement européen derrière moi.

    Malheureusement l'Europe politique n'existe pas. Bien sûr, le Parlement peut soulever des urgences en plénière, rédiger des rapports d'initiatives, déposer des questions écrites ou orales, mais les affaires étrangères appartiennent au domaine intergouvernemental. Cela signifie que pour pouvoir agir en tant que telle sur la scène internationale l'Europe doit préalablement obtenir l'accord unanime des Etats. Or à cette époque, hélas, la majeure partie des gouvernements européens, partisans de la realpolitik, estiment que "Massoud et Talibans, c'est blanc bonnet et bonnet blanc".

    Le 3 septembre 2001 Massoud est assassiné. Le 11 septembre des avions civils pris en otage par des terroristes fondamentalistes s'abattent sur le World Trade Center et sur le Pentagone.

    Vous connaissez la suite : sursaut de la communauté internationale, intervention militaire et renversement du régime des talibans.

    L'Afghanistan, aujourd'hui dirigée par le Président Karzaï, a fait le choix de la réconciliation, de la paix, de la stabilité et de l'Etat de droit. Il est plus que jamais du devoir et de l'intérêt de l'Union européenne d'aider le peuple afghan à progresser sur cette voie, de l'aider à chasser les démons du passé et à se tourner vers l'avenir en s'arrimant à la démocratie.

    Dans cette entreprise, l'Afghanistan a besoin du soutien plein et entier de la Communauté internationale et de l'Europe. Député européen, je suis déterminé à poursuivre, sans relâche, mon action et mon soutien en faveur du peuple afghan, en mémoire de Massoud et pour que le projet qu'il avait pour son pays ne tombe pas dans l'oubli.

    C'est dans cet esprit que j'ai publié le Testament de Massoud, aux presses de la Renaissance, dont les droits d'auteurs sont entièrement versés à la Fondation Massoud.

    C'est pourquoi je continue aussi à me rendre régulièrement sur place. La dernière fois que je m'y suis rendu c'était en septembre 2005, en tant qu'observateur pour les élections législatives, posté au Panshir. C'était mon cinquième déplacement dans ce pays. Ce ne sera pas le dernier.

     

  • OTAN : Bayrou inquiet des choix du président

    François Bayrou a estimé jeudi sur France Culture que la France était en train de perdre son indépendance avec le retour dans le commandement militaire intégré de l'Otan annoncé par le président Nicolas Sarkozy. "La période où la France était indocile est derrière nous". "Il y a 42 ans que le général de Gaulle a pris la décision de quitter le commandement intégré de l'Otan. La France a gagné en 42 ans une liberté de parole qui nous a permis par exemple de dire non au moment de la guerre en Irak".

    "Cette indépendance, cette liberté-là, c'est quelque chose de précieux pour notre pays qu'on est en train de perdre dans l'élan vers l'alignement que Nicolas Sarkozy incarne depuis longtemps et dont je ne crois pas qu'il soit conforme à l'histoire, au génie de notre pays, et pas non plus à la volonté des Français", a-t-il insisté.
    François Bayrou a également noté que "ce rapprochement avec l'Otan intervient dans le moment même où en Allemagne le gouvernement manifeste beaucoup
    d'indépendance. Dans le temps même où l'Allemagne se rapprochait de cette position d'indépendance de la France, nous, nous faisons le choix inverse en disant que ça va nous permettre de bâtir une défense européenne. Je ne crois pas que ce soit le juste chemin".

  • Afghanistan : la situation

    Là, je suis tout simplement époustouflé par la note admirable que Quindi, militant MoDem, a réalisé sur son blog. Elle vaut largement celles que je peux lire dans des revues spécialisées d'experts du Quai d'Orsay.

    Pour ma part, j'ai retenu un moment fort, après analyse, dans ce que suggère Quindi :

    C'est ce qui permet d'avancer que ces forces extrémistes doivent, comme dans d'autres sociétés, pouvoir accéder au pouvoir politique local, dans un système confédéral qui leur empêche d'obtenir, compte tenu du marquage territorial de ces forces au sud du pays, une majorité nationale, afin de démontrer les limites de leurs politiques, lorsqu'elles peuvent être comparées au développement humain que peuvent fournir des forces plus modérées (qui ne seraient pas corrompues, ou n'auraient pas des désavantages comparatifs en termes de ressources naturelles).

    C'est ce que je pense aussi. Dans la mesure du possible, et en dépit des risques que cela comporte, seule, en effet, la réintégration des mouvements radicaux dans le jeu politique peut les amener à plus de modération. Par ailleurs, il est très bien pensé de créer, dans un cadre confédéral, une situation où les habitants des différents états puissent comparer leurs niveaux de vie après un certain temps... 

    Au passage, au cours de son analyse, Quindi observe avec beaucoup de justesse que si l'on avait aidé MASSIVEMENT, le commandant Massoud en 1997, et son alliance, on eût pu alors se diriger vers une confédération, sur le modèle suisse. Massoud n'est plus là, hélas, en dépit de ses avertissements, et à cause de l'inertie de nos dirigeants ; alors il faut essayer de s'inspirer du passé pour ne refaire les mêmes erreurs. 

    Quindi conclut en réalisant un tour d'horizon des positions exprimées au sein de la communauté internationale :

    Finalement, au sein des sociétés démocratiques internationales, quatre tendances politiques majeures semblent se dessiner au sujet de l'intervention en Afghanistan:

    • des pressions exercées par les oppositions de gauche radicale (Italie, France, Allemagne, Espagne), de gauche sociale démocrate (France), des libéraux et démocrates (Japon) cherchant à se désengager du conflit afghan (sans pour autant y apporter une solution réelle) afin de répondre au pacifisme de leurs militants;
    • des appels pour une meilleure gestion du conflit avec une stratégie, à long terme, de soutien aux forces internationales et de stabilisation mieux réfléchie de la part de certaines oppositions démocrates et libérales (LibDems au Royaume Uni, MoDem en France, Democrats aux Etats-Unis); notamment en ce qui concerne une meilleure répartition des ressources entre l'Irak et l'Afghanistan pour les américains et britanniques, ainsi que les conservateurs réalistes américains (et gaullistes en France?);
    • une gestion de la situation par le biais d'une plus grande coopération au sein de l'OTAN, de l'UE et de l'ONU, d'un renfort des troupes, et de l'élimination des limitations émises pour l'utilisation des soldats de chaque contingent national. C'est la position de toutes les forces gouvernementales sociaux-démocrates (Royaume Uni, Australie, Espagne, Italie, SPD allemands), démocrates chrétiennes (CDU / CSU allemande, centre droite français) et des conservateurs (France, Etats Unis, Canada, Turquie), bien qu'on commence à entendre un début de réorientation des options stratégiques, de manière officielle, vers  une plus grande négociation avec les Talibans et réduction des pressions sur les troupes internationales d'un conflit anti-guérilla.
    • une guerre à outrance contre les Talibans, assimilés à une organisation terroriste, avec laquelle il ne peut y avoir de discussion, même informelle; c'est une position défendue par les composantes néo-conservatrices de certains partis conservateurs (Espagne, Italie, Etats-Unis) ou les branches extrémistes de droite (tous pays, ou presque). 

     Moi je trouve que c'est fantastique, ce qu'écrit Quindi : mais comment fait-il ? Quelle qualité d'écriture, d'analyse et de recherche. Si un jour le MoDem met sur pied un shadow cabinet, il a à l'évidence une place toute trouvée au Ministère des Affaires étrangères.

    J'ajoute que la proposition de constituer une confédération afghane pourrait être le fer de lance des propositions du MoDem pour l'Afghanistan, et comme cette solution me semble très bien pensée et très bien raisonnée, j'invite les militants du MoDem à lire la note de Quindi, à réfléchir sur le sujet, et à relayer cette suggestion. 

    Je reprends ses propositions :

    Pour imaginer une sortie totale de la crise afghane, il est nécessaire d'en revenir à la conception de l'Etat afghan contemporain. L'unique véritable organisation pragmatique du pays devrait s'effectuer sur le modèle de la confédération de type suisse, qu'imaginait le Commandant Ahmed Shah Massoud. Ce modèle, garantirait une représentation politique aux puissances politiques traditionnelles, les chefs tribaux afghans (pachtounes, tadjiks, hazaras, ouzbeks et autres, qu'ils soient sunnites ou chiites), et aux puissances naissantes, plus fondamentalistes, les intellectuels Talibans (littéralement les "étudiants") formés aux madrasas de Peshawar (Pakistan). Si la destruction du noyau organisationnel Taliban et d'Al Qaïda ne s'avère pas possible par des moyens militaires conventionnels, et ceux des forces spéciales, alors la réintégration politique locale des Talibans (et donc la capacité des talibans d'influencer, sur le terrain et dans la durée, les systèmes de justice, d'éducation et de culture), s'opérera avec un prix.

     et cela, qui me semble très juste...

    La "bataille" s'installerait alors sur le terrain économique et culturel. L'objectif étant d'apporter un soutien financier certain, mais discret, à l'ensemble des forces démocratiquement élues qui appliqueraient une version plus ouverte et tolérante de l'Islam, en s'assurant que la gestion de ce soutien financier ne sert pas à cultiver l'opium, mais bien à développer les services public et les industries qui permettraient, à long terme, de changer la donne en Afghanistan. Il s'agirait, de manière quelque peu utopiste, en favorisant une approche très pragmatique et non idéologique, de réaliser un ensemble de micro-politiques de développement à long terme, s'assurant de la reconversion des forces combattantes, et d'une répartition équitable des fruits d'un développement (re)trouvé.

    Voilà qui serait parfait comme position officielle du MoDem. En tout cas, c'est celle de l'un de ses militants, et c'est la mienne aussi. Cela fait déjà deux.