Morceaux choisis : j'ai pris un extrait de l'intervention de François Bayrou hier sur TV5...
François Bayrou a contesté en particulier la suppression annoncée de la publicité sur les chaînes publiques. "Cette année, simplement parce que Nicolas Sarkozy a prononcé une phrase mal réfléchie, mal pensée, dont il n'a pas vu les perspectives, ça va nous coûter 150 millions d'euros, cette plaisanterie", a-t-il accusé. Et "en année pleine, ça va coûter un milliard ou 1,2 milliard d'euros".
Ainsi, ce "qu'on va mettre en année pleine pour arranger les affaires des grandes chaînes privées (...) ça va coûter au pays 1,2 milliard, c'est-à-dire six fois plus que les postes qu'on va détruire à l'Education nationale".
"C'est déraisonnable. C'est gaspiller de l'argent", a estimé le président du MoDem. "On gaspille l'argent pour arranger les affaires de quelques-uns".
J'espère que tout le monde se rappelle de ce que Le Lay, l'ex PDG de TF1 écrivait en 2004 dans un livre Les dirigeants face au changement (Editions du Huitième jour) :
" Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective ”business”, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit (...).Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible (...).
Rien n’est plus difficile que d’obtenir cette disponibilité. C’est là que se trouve le changement permanent. Il faut chercher en permanence les programmes qui marchent, suivre les modes, surfer sur les tendances, dans un contexte où l’information s’accélère, se multiplie et se banalise. "
Voilà, on y arrive, et sans coup férir, en plus... Je suis écoeuré... Pour le MoDem qui a mis l'éducation au coeur de son programme politique, cela a du mal à passer...
Commentaires
et bien ... contrairement à Luc Mandret, et d'autres bien sûr, je n'avais pas perçu la gravité de cette histoire de réforme de la télé publique ... je commence à ouvrir les yeux et vraiment, oui c'est un scandale. Merci de le mettre en lumière.
De nationalité grecque, j'ai vu les ravages que la dérive commerciale de la télé a faits en Grèce en l'espace de quelques années depuis la libéralisation de l'espace audiovisuel fin des années 80 : de l'apparition de chaînes libres et critiques envers le pouvoir on est vite passés à cette conception débilitante de la télé façon Le Lay, insufflée par la main-mise de grands groupes audiovisuels sur le paysage médiatique.
Aujourd'hui à quelques choses près, seules les chaînes d'Etat offrent des programmes éducatifs et culturels, des films d'art, avec des programmes non coupés de pub tous les quart d'heure (et pour 15 minutes de pub) comme sur les autres chaînes.
Partout ailleurs les émissions (essentiellement des talk-shows et des soap operas) sont sponsorisées par de grandes entreprises locales ou étrangères. La réglementation audiovisuelle n'est pas aussi stricte qu'en France.
Le système scolaire est en complète déliquescence, avec un système parallèle foisonnant de cours du soir dans des officines privées (pour les classes moyennes qui ne peuvent s'offrir le privé mais tentent quand même d'oeuvrer pour la réussite de leurs enfants en se saignant des 4 veines), et des élites qui vont étudier à l'étranger et souvent finissent par y rester.
Est-ce ces dérives qu'on veut pour la France ?
@ MIP
Hélas, toute cette opération cumule des intérêts bien compris. Sous couvert de plaire à ceux qui décrient la publicité, elle arrange bien ceux qui la font. Et puis c'est ridicule une telle opération en période de vaches maigres. Ce n'est vraiment pas le moment.
@L'hérétique
Pour ceux qui ne comprendraient pas ta phrase " Sous couvert de plaire à ceux qui décrient la publicité, elle arrange bien ceux qui la font",
Je rappelle les faits suivants :
"Au cours de sa conférence de presse du 8 janvier 2008, Nicolas Sarkozy a déclaré qu’il fallait « réfléchir à la suppression totale de la publicité sur les chaînes publiques ». Ces chaînes a-t-il ajouté, « pourraient être financées par une taxe sur les recettes publicitaires accrue des chaînes privées et une taxe infinitésimale sur les chiffres d’affaires des nouveaux moyens de communication comme l’accès à Internet ou la téléphonie mobile. »
Il me semble pertinent de rappeler cet article paru sur le site de Marianne en Octobre dernier.
http://www.marianne2.fr/France-televisions-le-rapport-secret-de-Carolis-confie-au-cabinet-de-Cope_a78900.html
La dette et les conflits d'intérêts au sommet de l'État, sans doute les deux urgences de notre pays.
La suppression totale de la pub n'est pas un mal en soit, qui ne rêverait pas de pouvoir regarder sa télévision sans pub?!
Mais la suppression totale de la pub du jour au lendemain, c'est le suicide avec un bouchon de stylo (pour dire à quel point ça fait mal) des chaines publiques!
La suppression de la pub oui, mais en contrepartie il faut compenser les recettes. Et pas des recettes à la mort moi l'nœud comme nous proposé notre aimé président, qui ne couvrirait à peine un tier du manque à gagner. Et pas non plus un financement de l'état, ce qui enlèverait tout indépendance à ces chaines, et donc tout intérêt (si tant est que la télé puisse avoir de l'intérêt ces temps-ci).
Le mieux serait une suppression partiel de la pub, compensé par des revenus qu'il reste à trouvé (je suis contre une augmentation de la redevance).
Mais bon, tout cet imbroglio à cause d'une personne, qui un jour s'est dit qu'il avait envie de faire plaisir à ses amis, sans réfléchir ni au comment, ni au pourquoi, et qui essaie de trouver un plan en carton, enfin bref, quelque chose d'absolument pas préparé, un peu comme une élection municipale au MoDem ^^.
Le programme (façon Lelay), et comme l'indique Fotini pour la Grèce, est bien rodé (l'argumentation de la réduction de la pub n'est qu'un voile grossier qui a pour but de diviser ceux qui souhaitent un service public digne de ce nom), il a déjà été appliqué ailleurs en Europe, en Italie, puis en Espagne...
Dans les deux cas, il s'agissait de personnalités politiques partageant la conception sarkozyste des services publics (ou est-ce l'inverse?): Berlusconi, Aznar.
En France, ce sera une télévision publique, qui faute de moyens, se fera progressivement oublier des téléspectateurs. Ce combat est primordial pour l'avenir culturel et politique en France (c'est de cette manière que les idées de Berlusconi restent en permanence populaires en Italie, quels que soient ses actes).