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Afghanistan : la situation

Là, je suis tout simplement époustouflé par la note admirable que Quindi, militant MoDem, a réalisé sur son blog. Elle vaut largement celles que je peux lire dans des revues spécialisées d'experts du Quai d'Orsay.

Pour ma part, j'ai retenu un moment fort, après analyse, dans ce que suggère Quindi :

C'est ce qui permet d'avancer que ces forces extrémistes doivent, comme dans d'autres sociétés, pouvoir accéder au pouvoir politique local, dans un système confédéral qui leur empêche d'obtenir, compte tenu du marquage territorial de ces forces au sud du pays, une majorité nationale, afin de démontrer les limites de leurs politiques, lorsqu'elles peuvent être comparées au développement humain que peuvent fournir des forces plus modérées (qui ne seraient pas corrompues, ou n'auraient pas des désavantages comparatifs en termes de ressources naturelles).

C'est ce que je pense aussi. Dans la mesure du possible, et en dépit des risques que cela comporte, seule, en effet, la réintégration des mouvements radicaux dans le jeu politique peut les amener à plus de modération. Par ailleurs, il est très bien pensé de créer, dans un cadre confédéral, une situation où les habitants des différents états puissent comparer leurs niveaux de vie après un certain temps... 

Au passage, au cours de son analyse, Quindi observe avec beaucoup de justesse que si l'on avait aidé MASSIVEMENT, le commandant Massoud en 1997, et son alliance, on eût pu alors se diriger vers une confédération, sur le modèle suisse. Massoud n'est plus là, hélas, en dépit de ses avertissements, et à cause de l'inertie de nos dirigeants ; alors il faut essayer de s'inspirer du passé pour ne refaire les mêmes erreurs. 

Quindi conclut en réalisant un tour d'horizon des positions exprimées au sein de la communauté internationale :

Finalement, au sein des sociétés démocratiques internationales, quatre tendances politiques majeures semblent se dessiner au sujet de l'intervention en Afghanistan:

  • des pressions exercées par les oppositions de gauche radicale (Italie, France, Allemagne, Espagne), de gauche sociale démocrate (France), des libéraux et démocrates (Japon) cherchant à se désengager du conflit afghan (sans pour autant y apporter une solution réelle) afin de répondre au pacifisme de leurs militants;
  • des appels pour une meilleure gestion du conflit avec une stratégie, à long terme, de soutien aux forces internationales et de stabilisation mieux réfléchie de la part de certaines oppositions démocrates et libérales (LibDems au Royaume Uni, MoDem en France, Democrats aux Etats-Unis); notamment en ce qui concerne une meilleure répartition des ressources entre l'Irak et l'Afghanistan pour les américains et britanniques, ainsi que les conservateurs réalistes américains (et gaullistes en France?);
  • une gestion de la situation par le biais d'une plus grande coopération au sein de l'OTAN, de l'UE et de l'ONU, d'un renfort des troupes, et de l'élimination des limitations émises pour l'utilisation des soldats de chaque contingent national. C'est la position de toutes les forces gouvernementales sociaux-démocrates (Royaume Uni, Australie, Espagne, Italie, SPD allemands), démocrates chrétiennes (CDU / CSU allemande, centre droite français) et des conservateurs (France, Etats Unis, Canada, Turquie), bien qu'on commence à entendre un début de réorientation des options stratégiques, de manière officielle, vers  une plus grande négociation avec les Talibans et réduction des pressions sur les troupes internationales d'un conflit anti-guérilla.
  • une guerre à outrance contre les Talibans, assimilés à une organisation terroriste, avec laquelle il ne peut y avoir de discussion, même informelle; c'est une position défendue par les composantes néo-conservatrices de certains partis conservateurs (Espagne, Italie, Etats-Unis) ou les branches extrémistes de droite (tous pays, ou presque). 

 Moi je trouve que c'est fantastique, ce qu'écrit Quindi : mais comment fait-il ? Quelle qualité d'écriture, d'analyse et de recherche. Si un jour le MoDem met sur pied un shadow cabinet, il a à l'évidence une place toute trouvée au Ministère des Affaires étrangères.

J'ajoute que la proposition de constituer une confédération afghane pourrait être le fer de lance des propositions du MoDem pour l'Afghanistan, et comme cette solution me semble très bien pensée et très bien raisonnée, j'invite les militants du MoDem à lire la note de Quindi, à réfléchir sur le sujet, et à relayer cette suggestion. 

Je reprends ses propositions :

Pour imaginer une sortie totale de la crise afghane, il est nécessaire d'en revenir à la conception de l'Etat afghan contemporain. L'unique véritable organisation pragmatique du pays devrait s'effectuer sur le modèle de la confédération de type suisse, qu'imaginait le Commandant Ahmed Shah Massoud. Ce modèle, garantirait une représentation politique aux puissances politiques traditionnelles, les chefs tribaux afghans (pachtounes, tadjiks, hazaras, ouzbeks et autres, qu'ils soient sunnites ou chiites), et aux puissances naissantes, plus fondamentalistes, les intellectuels Talibans (littéralement les "étudiants") formés aux madrasas de Peshawar (Pakistan). Si la destruction du noyau organisationnel Taliban et d'Al Qaïda ne s'avère pas possible par des moyens militaires conventionnels, et ceux des forces spéciales, alors la réintégration politique locale des Talibans (et donc la capacité des talibans d'influencer, sur le terrain et dans la durée, les systèmes de justice, d'éducation et de culture), s'opérera avec un prix.

 et cela, qui me semble très juste...

La "bataille" s'installerait alors sur le terrain économique et culturel. L'objectif étant d'apporter un soutien financier certain, mais discret, à l'ensemble des forces démocratiquement élues qui appliqueraient une version plus ouverte et tolérante de l'Islam, en s'assurant que la gestion de ce soutien financier ne sert pas à cultiver l'opium, mais bien à développer les services public et les industries qui permettraient, à long terme, de changer la donne en Afghanistan. Il s'agirait, de manière quelque peu utopiste, en favorisant une approche très pragmatique et non idéologique, de réaliser un ensemble de micro-politiques de développement à long terme, s'assurant de la reconversion des forces combattantes, et d'une répartition équitable des fruits d'un développement (re)trouvé.

Voilà qui serait parfait comme position officielle du MoDem. En tout cas, c'est celle de l'un de ses militants, et c'est la mienne aussi. Cela fait déjà deux. 

Commentaires

  • Et de trois!

    Excellente note en effet.

    Pour ma part j'apprécie particulièrement le rappel du contexte géopolitique et géostratégique de l'Afghanistan.

    Toute la partie qui commence par:"Du point de vue géopolitique, la faiblesse historique de l'Afghanistan s'explique par le besoin des grandes puissances qui l'entourent de la vassaliser."

    Cela démultiplie l'ampleur du travail constructif qu'il faudrait accomplir dans la région, en Afghanistan comme chez ses voisins.

    Merci à l'auteur et à l'Hérétique de l'avoir relayé.

  • Même quatre ;-)

  • à Aurélien

    Oui, mais attention, l'Afghanistan est une mosaïque ethnique : cela explique aussi beaucoup de choses.

  • @L'Hérétique:

    Ça explique en effet beaucoup de choses, aussi bien en interne qu'en externe car la plupart de ces ethnies sont "transfrontalières".

  • Tout à fait, et certaines sont turcophones, d'autres persanophones...
    Au fait, j'ai placé ton blog en Terres d'évangile sur le mien, mais je ne sais pas si tu es exactement MoDem ou non...

  • @L'Hérétique:

    Oui je suis adhérent au Modem, même si je n'en ai pas encore parlé sur mon blog.

    Merci pour le lien :)

  • @ Aurélien: merci, je découvre avec grand plaisir ton blog (rajouté de suite sur ma blogroll) - super billet sur Harper, Sarkozy, l'Afghanistan et l'OTAN

    @ L'Hérétique: tante grazie signore, c'est trop d'honneur. Sur Massoud et l'Afghanistan, le MoDem a une arme secrète: le Général Philippe Morillon, responsable de la venue de Massoud au Parlement Européen en avril 2001, auteur du livre, Le Testament de Massoud en 2004; je le cite:

    "Massoud s'est beaucoup intéressé au modèle de la Confédération Helvétique. A Bruxelles, il s'est fait exposer en détail les institutions de royaume de Belgique. Il en a médité la subtilité qui permet d'assurer l'union entre les communautés wallonne et flamande. Il a toujours considéré que le peuple afghan devait être le seul à décider de son destin sur la base d'un consensus démocratique".

    Le voilà notre porte parole en affaires étrangères! Plus crédible que lui, impossible! Je pense ne pas abuser quand je dis que nous sommes tous à sa disposition pour travailler dans son "shadow cabinet" pour les affaires étrangères du MoDem.

  • Salut Arnaud

    C'est vrai qu'il avait vu juste. Mais il faudrait qu'il explicite sa position actuelle.

  • Bayrou soutient le renfort de troupes en Afghanistan:

    "Mais si j'avais été en situation de responsabilité, sur l'Afghanistan, appelé au secours par les pays qui sont sur le front face aux talibans, j'aurais probablement dit que la solidarité devait s'exercer", a ajouté le président du MoDem.

    "Il y a des moments où l'on doit la solidarité face aux talibans, au fondamentalisme et la drogue", a-t-il dit pour expliquer sa décision."

    http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-34994693@7-354,0.html

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