En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Je me défie tout à fait des noms que j'entends pour l'Éducation nationale à l'heure actuelle. J'ai d'abord entendu parler de Corinne Lepage : je ne sais pas trop ce qu'elle viendrait faire sur un ministère qui ne lui est pas familier. L'éducation ne doit pas être un ministère où l'on recase des alliés. Si elle devait être pertinente, c'est à l'environnement pour lequel elle a des idées intéressantes.
Le nom de Laurent Bigorgne circule : c'est le directeur de l'Institut Montaigne. Dans le domaine de l'école, on peut dire que ce think tank fait partie de ce qui a été produit de plus nocif et fumeux de concert avec la pédagogolâtrie triomphante. C'est à nouveau des idéologues à la rue de Grenelle. Pire que tout et l'assurance que notre école va continuer à être démolie avec des idées et des propositions de merde.
L'institut Montaigne a hautement approuvé la réforme des rythmes scolaires (réforme de merde) et voulait également réduire les vacances scolaires d'été (idée de merde).
Enfin, Laurent Bigorgne applaudissait des deux mains la réforme (de merde) du collège (la preuve ici) jugeant toutefois qu'elle n'allait pas assez loin.
Bref un TRÈS MAUVAIS SIGNAL si c'est lui le ministre de l'Éducation Nationale.
Il n'y a pas que cela : il y aussi le travail.
Vouloir faire vite pour une nouvelle loi-travail qui passerait par ordonnances c'est l'assurance de se ramasser en beauté, et, à vrai dire, ce serait bien fait. Je me suis fermement opposé à la loi El-Khomri et à son cortège d'injustices. J'espère bien qu'Emmanuel Macron n'a pas l'intention de remettre ça en l'état. Il doit bien comprendre que les Français ne le supporteront pas et que s'il véhicule une loi injuste, son quinquennat est mort. A
Accessoirement, je suis parti pour le soutenir et lui donner une chance depuis le mois de février, mais il ne faudrait pas continuer à m'envoyer de mauvais signaux...
Le gouvernement veut continuer à recruter des enseignants parce qu'il considère l'éducation comme une priorité. Je pense qu'il fait fausse route.
Je suis convaincu que ce qui fait la qualité d'un établissement, c'est la qualité de son encadrement. Un chef d'établissement qui tient la route (pas un paranoïaque ou un carriériste), un Conseiller d'Éducation de qualité, et des assistants d'éducation en nombre et compétents, voilà à mon avis une des clefs. Difficile, parce que des chefs d'établissement vraiment habiles, il n'y en a pas beaucoup. Il faut donc faire un effort pour recruter des directeurs, des principaux et des proviseurs qui s'y entendent à faire tourner des équipes, qui savent gérer avec la bonne mesure les relations avec les parents et les élèves et connaissent bien les rouages de l'administration centrale.
Si on ajoute à ces ingrédients un suivi de qualité auprès des élèves les plus en difficulté et de la souplesse dans l'organisation interne de l'établissement, on peut considérablement améliorer les choses.
Pour peu qu'il y ait en prime une équipe d'enseignants motivés, compétents et bienveillants, on peut faire des miracles.
Pas d'idéologie, beaucoup de pragmatisme, de la compétence et de la bienveillance (ce qui n'exclut pas la fermeté, précisons-le bien, la bienveillance est aux antipodes du laxisme) et le tour est joué.
En somme, il faut investir dans la qualité de l'encadrement en priorité ; investissement intelligent car bien moins coûteux que des recrutements massifs d'enseignants et bien plus rentable au final.
Les Roms défraient souvent la chronique dans l'actualité et font l'objet assez souvent de raccourcis faciles.
Il existe depuis un bon moment déjà des fonds européens pour améliorer l'accès aux droits élémentaires (l'éducation, la santé, l'hygiène notamment) des Roms.
Mais quand ils sont utilisés, c'est toujours sur la base d'une sédentarisation. L'inconvénient, c'est que les Roms ne sont pas sédentaires mais nomades.
Pourquoi ne pas investir dans des unités de santé mobiles et des postes enseignants nomades ? On pourrait imaginer ce type de postes ou un médecin et un enseignant vivraient au contact d'une caravane de Roms, se déplaçant de campement en campement et assurant enseignement et santé ?
Ce ne serait pas forcément plus coûteux que les lourdes campagnes menées par les différents services de la Commission ou par les États et , qui sait, peut-être plus efficace en raison de la proximité qui s'établirait entre professionnels et Roms.
Je dis ça en lançant une idée en l'air qui m'est venue, sans doute parce que j'ai jugé "urticantes" et "(mal)odorantes" certaines réflexions récentes entendues sur le territoire français...Sans parler du "matodidacte" qui a décidé de jouer les matamores du côté de Nice...
C'est toujours distrayant de lire Brighelli dans ses oeuvres : bien qu'il fasse souvent des observations de bon sens, il a une allergie à la modernité qui ne laisse pas de bien me faire rire. Analysant le programme pour l'école de François Bayrou, il attribue globalement un satisfecit au candidat centriste mais bute sur le numérique. Manifestement, l'e-learning (mais si ça existe en français, mon cher Jean-Paul, cela s'appelle l'enseignement à distance et le CNED - Centre national d'enseignement à distance - le pratique de longue date !) lui génère une grosse éruption de boutons.
Sur le fond, que dit Brighelli : qu'il est fâcheux de donner à de jeunes élèves des ordinateurs parce qu'ils passent leur temps à jouer plutôt que d'étudier. C'est ce que j'appelle l'effet console de jeu. Sur ce point, c'est aussi mon avis. Si vraiment on décide que des collégiens utilisent des ordinateurs, il faut brider les machines et les accès à la mode de Dracon : pas de jeux, accès internet restreints à une sélection de sites jugés fréquentables et intstructifs.
Mais pour le reste, Brighelli s'en prend aux copié-collé made in Wikipedia. Parce que c'était mieux les copié-gratté made in Universalis ou Petit Robert d'antan ? Très mauvais procès fait à l'encyclopédie en ligne. Le problème, c'est la demande. Quand un enseignant veut qu'un élève fasse une recherche, il doit lui faire savoir qu'il compte l'interroger sur ce qu'il aura retenu de la recherche en question. Nul doute qu'une telle exigence poussera à la rationnalisation du dit copié-collé.
Le grand plan du numérique que veut Bayrou ne me paraît donc pas insensé. En soi, je pourrais en penser autant de celui d'Hollande si je ne connaissais pas par trop bien les Socialistes et la gauche en général. Ils confondent l'outil (donc le moyen) et son but. A gauche, le numérique est un objectif en soi (tout comme dans les diverses officines de l'UMP au demeurant) : c'est bien là où le bât blesse, et c'est, au fond, la nature même d'un tel projet qui provoque des réactions épidermiques chez des individus comme Brighelli.
Le pédagogisme a tué l'informatique comme il a flingué la pédagogie. De même qu'il a fait de la pédagogie une idéologie il fait de l'informatique le Graal universel de la très sainte pédagogie.
Mais en soi, ni la pédagogie ni l'informatique ne sont à condamner. La première est une passionnante science humaine, la seconde une technologie aux ressorts et aux apports prodigieux.
Les pédagogistes ont sans nul doute entâché ce qu'ils voulaient défendre par des comportements sectaires et malhonnêtes, mais leurs adversaires pourraient bien se tirer une balle dans le pied en s'obstinant à jeter le bébé avec l'eau du bain...
J'ai assisté au forum sur l'éducation organisé par François Bayrou et j'avoue que j'ai été subjugué. Le Bayrou de 2012 surpasse celui de 2006, celui-là même qui m'avait fait adhérer à l'UDF. Pas une proposition avec laquelle je ne sois pas d'accord. Bayrou a conclu la journée par 30 propositions : elles me conviennent toutes, mais j'ai choisi d'en sélectionner quelques unes qui me paraissent particulièrement pertinentes.
a) halte à la réformite
Au lieu d’être dans la « réformite », il faut un plan de progrès continu, inscrit dans le long terme. Pour vraiment changer les choses, il faut cesser d’aller en fausses « réformes » en fausses « réformes », qui ne changent rien sur le fond, mais déstabilisent perpétuellement l’éducation nationale et le moral, la confiance professionnelle des enseignants et des parents. C’est de la fausse monnaie.
b) les professeurs vont pouvoir respirer : enfin un candidat qui ne rêve pas de réformer leur statut
Il faut restaurer la confiance de la nation dans ses enseignants. Je ne suis pas pour qu’on remette en cause le décret des années 50 qui définit le statut des enseignants. La définition du temps de travail est légitime. Il peut être réaménagé sur la base du volontariat, on peut faciliter si on le souhaite une présence plus longue dans l’établissement, par exemple en construisant des bureaux, mais les procès doivent cesser.
Allez, pour rigoler : militant socialiste qui serait enseignant, essaie de demander à Vincent Peillon ou François Hollande s'ils comptent toucher à ton statut : courage, et reviens-me voir si tu as une réponse, c'est à dire sans doute dans très longtemps, ou, quand ton statut aura été réformé si jamais le ciel t'est tombé sur la tête et que la candidat UMP ou celui du PS est élu...
La notation pédagogique des enseignants doit être assurée par des évaluateurs (corps d’inspection ou autres) expérimentés, de la même qualification au moins, de la même discipline et non par le chef d’établissement étranger à la discipline enseignée. Au demeurant, il n’y a rien à changer. Le chef d’établissement évalue déjà les capacités et les qualités des enseignants, individuellement, et son évaluation représente 40% de la note attribuée. J’ajoute que plus on trouvera d’éléments objectifs pour assurer l’évaluation, et plus j’approuverai.
c) tiens, un bon coup de torchon dans la paperasse et la technostructure administrative
Arrêter avec les surcharges administratives, la multiplication de réunions, l’avalanche des livrets de compétences. À l’école, comme dans tous les autres secteurs d’activité, la surcharge paperassière étouffe, asphyxie, et ne sert à rien. Idem avec les circulaires de toute nature !
d) Exit le mariage monstrueux de la pédagogie et de l'idéologie
La question des méthodes pédagogiques doit être tranchée non pas par l’idéologie, mais par l’évaluation des résultats. Ne croyez pas que comme tous les parents et tous les enseignants, je n’ai pas une opinion que je crois solide et nourrie par l’expérience. Par exemple, je pense que la question des méthodes de lecture devrait être tranchée depuis longtemps : en effet le clavier, avec lequel désormais toute personne vit, le clavier ce n’est pas global, c’est lettre par lettre. Et donc du son à la lettre, de la lettre à la syllabe, de la syllabe au mot, cela me paraît devoir être la démarche désormais indiscutable. C’est une opinion personnelle, je la trouve pertinente. Mais ce n’est ni au gouvernement ni au président de la République de trancher des méthodes d’apprentissage. C’est à la classe, aux résultats effectifs, à condition qu’aucune méthode ne se voie exclue pour raisons idéologiques.
e) Alliance des sciences et des humanités
Contre la double pénurie de scientifiques et de littéraires, réfléchir à l’organisation des baccalauréats, notamment la réflexion sur un baccalauréat d’excellence générale, à la fois littéraire et scientifique.
Si Bayrou devient président, c'est le bac vers lequel, pour ma part, j'essaierai d'orienter mes propres enfants.
f) en finir avec la violence à l'école
Refaire de l’école un lieu d’où la violence est exclue et où le respect est la règle.
Toutes les propositions de Bayrou, une nouvelle fois, m'ont séduit. J'invite d'ailleurs les enseignants qui me lisent à en prendre connaissance. Il n'est pas possible, s'ils sont objectifs, qu'ils n'apportent pas leur suffrage à Bayrou, après en avoir pris connaissance. Pour ce que je connais du monde enseignant, il est vraiment le seul à vraiment épouser leurs inquiétudes et y répondre de manière franche et claire.
J'ajoute qu'il a été beaucoup question du handicap dans les tables rondes et que Bayrou en a parlé à plusieurs reprises. le handicap fera toutefois l'objet d'un forum spécifique.
Sur la suggestion d'Isabelle, je viens de regarder l'émission d'Ardisson, le Boucan du Jour. Ardison a choisi de s'entretenir avec une jeune fille, Anne-Claire, et sa mère, Nicole. Anne-Claire a comme particularité d'avoir développé le syndrôme d'Asperger, une des nombreuses et multiformes manifestations de l'autisme. Anne-Claire a pourtant surmonté ce handicap d'origine et a su le sublimer pour en faire l'un des éléments les plus marquants et les plus charmants de sa personnalité. Elle est devenue en effet une belle jeune fille au langage aussi châtié que précis et aux pensées profondes.
La présentation d'Ardisson m'est toutefois déplaisante à plus d'un égard. Pourquoi sous-titrer à l'écran, Syndrome d'Asperger, rencontre du troisième type ? Cela signifie-t-il qu'il faut considérer que les autistes sont des extra-terrestres, puisque je suppose qu'il s'agit là d'une allusion au film fameux de Spielberg ?
J'observe que la plupart du temps, dans son entretien, Ardisson s'adresse surtout à la mère d'Anne-Claire, ne semblant pas relever les réponses de la jeune fille quand il l'interroge. A vrai dire, j'ai un soupçon quant à cette absence de réponse : ce qu'exprime Anne-Claire dénote une pensée philosophique, dans un langage riche et souvent complexe, avec, enfin, des références littéraires précises et peu communes. J'ai eu à plusieurs reprises l'impression qu'Ardisson ne comprenait pas Anne-Claire, faute de culture et même de vocabulaire, parfois...
Il y a une sorte de condescendance des présentateurs vis à vis des handicapés qui commence à me chauffer. Tenez, par exemple, cet abruti crétinoïde d'Hondelatte, qui vient pleurnicher à la suite de sa réception par Natacha Polony chez Ruquier et exige des excuses, ce qui ne l'empêche pas d'insulter tous les handicapés de France.
Je me suis intéressé de très près aux témoignages respectifs de Nicole et d'Anne-Claire quant à la vie d'Anne-Claire à l'école.
Je me demande ce que peut penser une mère, un père lorsque la maternelle finie, on leur fait savoir avec une brutalité inouïe que leur enfant ne peut pas, ne doit pas, passer dans une école primaire, mais aller "ailleurs". Oui : ailleurs. Ailleurs, quoi...
Si la France tarde à se montrer capable de prendre en charge des enfants différents, pour ma part, j'ai au moins observé qu'à l'école primaire, ce n'est pas faute de bonne volonté et de compétence des institutrices et des psychologues scolaires, qui accomplissent souvent un travail extraordinaire (il y a aussi des brebis galeuses, toutefois).
Il en va tout autrement au collège. Levée de boucliers de bien des enseignants qui seraient trop contents d'envoyer paître ailleurs ces éléments dérangeants, malhonnêteté et hypocrisie des administrations, des inspections, mais surtout du Gouvernement, qui se vante d'accueillir davantage d'enfants handicapés, mais en réalité, les déverse dans les collèges quasiment sans accompagnement, et enfin, pour couronner le tout, cruauté et méchanceté des congénères de ces enfants, qui rappelons-le, formeront le gros des troupes de l'humanité adulte quelques années après.
J'ai été très frappé des paroles d'Anne-Claire citant Jean Raspail et comparant les agressions, les humiliations, les obscénités subies à une veillée d'armes.
Ce dernier point relève d'une autre de mes antiennes : tenons pour responsables la racaille et les petits salopards de tout âge pour comptables de leurs actes. Je crois qu'au collège, passé 12 ans, on peut en effet commencer à leur faire sentir le poids des sanctions judicaires, même s'il serait bplus judicieux de commencer par appliquer strictement le règlement des établissements scolaires.
En particulier, l'école devrait se montrer impitoyable avec tout ce qu'il s'apparente à de la persécution et ne pas se contenter non plus de punir sévèrement les meneurs. Il faut taper, et fort, sur tout le groupe, quand un groupe de persécuteurs est identifié.*
J'en viens à quelque chose de plus positif : pour ceux qui s'intéressent au handicap en général et suivent ce qu'il se passe sur la Toile, ils ne devraient pas ignorer l'existence du blog d'Isabelle et des solutions qu'elle propose.
Au passage, je tire mon chapeau à Martine Aubry qui a pris la peine de répondre directement à la lettre que lui a adressé Isabelle à ce sujet.
Cela dit : ce que propose Martine Aubry ne me satisfait pas. Pour ma part, je suis résolument favorable au modèle d'école inclusive que prône Isabelle et notamment à son projet de classe à deux enseignants pour des enfants touchés par un handicap. Évidemment , il faudra convaincre les enseignants, sachant que pas mal d'entre eux poussent des cris d'orfraie à l'idée qu'un simple AVS mette les pieds dans leur salle de classe. Isabelle a d'ailleurs intelligemment calculé, et ce à plusieurs reprises, que l'école inclusive en sus d'être bien plus humaine et efficace que ce qui existe actuellement, coûte bien moins cher que l'hôpital de jour, dont on use et on abuse avec les enfants dont on ne sait pas quoi faire.
Bayrou avait, en 2007, des propositions intéressantes, qui rejoignent assez fortement celles d'Isabelle. J'ai apprécié, notamment, à cette époque, le refus de Bayrou de scincer le monde en deux, et je fais miens ses propos d'alors :
Je refuse de découper le monde en deux : les valides d’un côté, les handicapés de l’autre. Il faut en quelque sorte désincarcérer le handicap et proposer à la société un modèle qui soit simplement ouvert et universel. Je suis en forte rébellion contre le glissement vers une société pour les forts, où la loi de la jungle règne.
Ministre de l'Éducation Nationale, Bayrou avait ouvert beaucoup de classes d'intégration en école primaire, mais de mon point de vue, il demeure encore au milieu du gué : il faut aller plus loin et supprimer la classe d'intégration pour favoriser l'intégration. Une classe d'accueil d'enfants handicapés ne devrait plus être une classe d'intégration, mais une classe ordinaire avec un deuxième enseignant et un AVS si nécessaire.
Bayrou a parler juste en refusant une scission qu'il juge bien à raison dangereuse et artificielle. Mais il doit, pour 2012, accomplir sa pensée en allant jusqu'au bout de sa prescription. S'il le fait, il doit logiquement aboutir au projet qu'Isabelle défend...
Les déclarations de Hollande, c'est symptomatiquement le genre de promesses qui éveillent en moi la plus grande méfiance.
Déclarer qu'on va rétablir 75 000 postes dans l'Éducation Nationale, c'est aborder la problématique à l'envers en terme de projet politique.
La question de fond, ce n'est pas de déterminer ab ante les effectifs dont a besoin notre école, mais d'avoir un projet et seulement ensuite de se demander combien il nécessite de postes.
Par exemple, comparons avec Bayrou. Quelles seraient les mesures phare que Bayrou mettrait en place s'il accédait au pouvoir suprême ? Eh bien à mon avis, il ferait deux choses de bon sens : il accentuerait les moyens dans le primaire en ciblant le calcul et la lecture, et il créerait certainement des dispositifs de remédiation (probablement des classes) pour assurer des remises à niveau complète, sans limites dans le temps, au collège. La troisième chose, je pense qu'il ferait, ce serait de rétablir les enseignements rares, notamment les langues, y compris anciennes et régionales, là où ils ont été supprimés.
Je ne crois pas qu'il chercherait à créer des divisions en créant artificiellement des classes sous prétexte qu'il est plus facile d'enseigner à 25 qu'à 29 (je ne crois guère à ces effets de seuil). En revanche, comme il l'a maintes fois fait valoir, il retirerait des établissements les adolescents qui en empêchent le fonctionnement.
En somme, il y aurait en primaire sans doute une assistance individualisée pour les enfants en difficulté lourde, y compris auprès des parents, en collège, des classes de remise à niveau, et, hors les murs, des centres éducatifs pour adolescents pré-délinquants et/ou désocialisés.
En lycée, je sais qu'il veut faire de la Terminale une préparation à l'Université, mais j'avoue que je ne vois pas clairement comment concrètement il compterait s'y prendre.
Pour les facultés, il laisserait, je le pense, se poursuivre le processus d'autonomisation engagé à l'heure actuelle, mais ferait en sorte d'interdire la concentration des pouvoirs autour d'une seule personne dans les universités. Vraisemblablement, comme dans les universités anglo-saxonnes, il ferait en sorte de séparer la gestion financière et la gestion pédagogique et admnistrative et de faire du Conseil d'Administration un organe plus ouvert et décisionnaire. En ce qui concerne le mouvement vers l'autonomie, je crois que toutefois que Bayrou tient à ce qu'il demeure une unité finale au sein de l'Université française, qui fasse qu'un diplôme dans l'une soit valable dans une autre.
Ce que je voulais simplement dire, c'est qu'avant de parler de chiffres sur les postes dans l'Éducation Nationale, il vaut mieux avoir un programme et le chiffrer.
L'Éducation, cela ne se réduit pas à une seule question de moyens : ce n'est pas parce que l'on arrosera notre école de fonds que l'on obtiendra des résultats meilleurs. Il faut bien considérer quels sont nos objectifs et ce que nous voulons, et seulement après, fixer quels moyens sont nécessaires et quels sont ceux qu'il est en notre pouvoir d'apporter.
La nécessité fut longue à prendre le chemin des esprits, mais je pense qu'il commence à s'établir clairement que nous n'avons plus le choix : nous devons proposer des budgets à l'équilibre. Les Socialistes ont intégré cette nécessité mais ils comptent y faire face en chargeant la mule au maximum, c'est à dire en accroissant significativement l'impôt. L'actuel gouvernement, quant à lui, cherche à faire des économies, tout en envisageant de nouvelles taxes.
Dans la période critique que nous vivons, il serait, je le crois, catastrophique de réagir par panique plutôt que par raison. Il ne s'agit pas de trouver à tout prix des gisements d'économies à faire sans plus se soucier de leur origine. C'est une erreur grave, et j'ai le sentiment que pas mal afficionados de la dette tombent dans ce travers.
Il faut à mon avis d'abord définir ce qui est important, prioritaire et ne pas pour autant verser dans un utilitarisme étroit. Sur ce point, il me semble que le MoDem a engagé une véritable réflexion depuis un temps certain, même s'il n'a pour l'instant pas fourni de chiffres, seul engagement qui permette de se faire une idée précise de la sauce à laquelle nous serons mangés...
La grande difficulté, c'est de réussir à faire des économies sans casser la croissance, sans anéantir les indispensables tremplins de secours qui seront nécessaires pour enrayer la chute à venir des futurs déclassés.
Je ne pense pas qu'il faille faire des économies à tout prix partout. En revanche, là où il n'y a pas priorité, aucune hésitation à sabrer.
J'ai deux exemples en tête :
Les associations reçoivent des subventions conséquentes de l'État et des collectivités : directement et indirectement via le crédit d'impôt. Est-ce le rôle d'un État de prendre en charge les dépenses d'une association ? Je ne le crois vraiment pas et je préfère le modèle du Charity Business à l'anglo-saxonne. Je ne sais pas combien coûtent exactement toutes les associations à l'État et aux collectivités locales, mais à mon avis, cher.
Un exemple avec SOS-racisme qui vient d'organiser un concert sur le champ de mars le 14 juillet normal : d'après le Journal Officiel, 64% des sommes que perçoit cette association proviennent de financements publics. J'imagine qu'elle n'est pas la seule dans le cas. Sans considérer l'utilité ou non de cette association, je ne trouve pas normal ni acceptable qu'elle ne vive que de subsides publics.
La fonction publique bénéficie de l'action d'organismes de formation continue. En temps de crise, pour des fonctionnaires dont l'emploi est assuré, à moins que ces derniers envisagent clairement une reconversion, est-ce une nécessité absolue de dépenser des sommes importantes dans de la formation continue ? Je ne le crois pas. Je pense particulièrement à l'enseignement, où, véritable usine à gaz, elle ne sert quasiment à rien si ce n'est à alimenter des officines qui vivent sur le dos de la bête ou encore à ne pas placer d'élèves devant certains enseignants.
Et quitte à évoquer la formation, je demande à voir la pertinence des sommes dépensées pour la formation initiale des agents de l'État : on sait, que dans l'Éducation Nationale, elles financent essentiellement les délires d'idéologues de tout poil dont raffolent les diverses bureaucraties du Mammouth.
En matière d'éducation, à mes yeux, ce qui est important, c'est de garantir la qualité de l'enseignement (ne pas remplacer des titulaires de diplômes de concours par des contractuels à la petite semaine, par exemple), la diversité de l'offre éducative (ne pas supprimer à tout va options et langues vivantes "rares"), assurer un encadrement de qualité dans les établissements scolaires, des conditions d'études satisfaisantes (pas de violences, pas d'incivilités, du matériel et des manuels quand ils sont nécessaires) et voilà. Le reste...
Il faudrait examiner poste par poste budgétaire l'essentiel et le superflu. Je suis convaincu qu'on doit pouvoir trouver ainsi plusieurs secteurs dans lesquels des économies radicales sont possibles, tout le temps, du moins, que nous serons déficitaires.
Il y a tout de même deux choses qui m'inquiètent :
a) pour l'instant, aucun gouvernement n'est parvenu à réduire la dette de la France depuis qu'elle existe et je ne suis même pas sûr qu'il y en ait un qui ait essayé.
b) nous entrons en période électorale majeure (législatives et présidentielles) période propice aux propositions et promesses de cadeaux aussi farfelues que coûteuses...
Pour finaliser mes propositions de la veille, il me reste à porter le coup de grâce. Pour ma part, je ne cherche pas une école organisée autour des adminsitrations, mais autour des hommes, des femmes et des enfants.
Le recrutement et le système de rémunération actuel sont des archaïsmes. S'il me paraît nécessaire de conserver des grilles pour assurer une protection aux enseignants, chaque chef d'établissement devrait pouvoir disposer d'une enveloppe variable d'heures supplémentaires à distribuer. Et une enveloppe conséquente.
Mais, pour éviter des effets d'aubaine et la constitution de chefferies, cette enveloppe ne devrait pas être discrétionnaire. Dans ma proposition, cette enveloppe serait assortie d'un contrôle sévère par les Conseils d'Administration, voire par les Conseils pédagogiques s'ils existent et la nature du travail que ces heures récompenseraient définie.
On devrait au sein des administrations, particulièrement des établissements scolaires, laisser davantage les individus se choisir les uns les autres. Partager des vues convergentes sur l'avenir des enfants que nous leur confions me paraît un atout au sein des équipes enseignantes. Les chefs d'établissement devraient donc pouvoir recruter jusqu'à 50% de leur équipe enseignante et administrative. Cela suppose également une certaine stabilité dans leur poste et donc qu'on cesse avec la noria des principaux et des proviseurs, puisqu'il paraît qu'on leur recommande de ne pas dépasser 6 années dans leur poste. Conseil particulièrement idiot. Si un établissement marche bien, il n'y a pas de raisons de changer une équipe gagnante. Un tel pouvoir devrait néanmoins être assorti de moyens d'en contrôler la pertinence, afin, là encore, d'éviter des effets de chefferie. Le Conseil d'Administration me paraît l' organisme décisionnaire ad hoc pour ce faire.
Il ne me restera plus qu'à traiter la question des contenus et des méthodes dans un prochain billet et quelques questions annexes dans le suivant.
Pour m'amuser, je comparerai ensuite mes propositions avec celles des partis qui ont annoncé les leur, histoire de voir ce que cela donne...A commencer par le MoDem...
Puisqu'au MoDem on ne dépasse pas le niveau de la déclaration d'intention, je me suis remémoré ce vieil adage de Benjamin Franklin «aide-toi toi-même, le ciel t'aidera», et je me suis lancé.
Voici donc quelques propositions simples et CONCRÈTES, elles, au moins pour mon propre parti.
Quand on parle d'éducation en France, on évoque toujours les moyens, comme s'ils étaient l'alpha et l'oméga de toute politique éducative. Bien sûr, les conditions d'enseignement sont l'une des clefs de la réussite scolaire, mais certainement pas la seule.
Les choix pédagogiques et didactiques, l'atmosphère dans les écoles, collèges et lycées, l'offre éducative, la part laissée aux initiatives individuelles et aux expérimentations (pas forcément innovantes) constituent à mon avis autant de facettes de la réussite.
Dans les mesures les plus simples, il me semble qu'il faudrait avant toutes choses rétablir dans l'éducation la confiance dans la capacité des individus à prendre en mains leur destin.
Liberté pédagogique pour les enseignants, avec quelques grandes lignes générales pour fixer les programmes, et un engagement à se fixer des objectifs cohérents (savoir lire un texte, maîtriser la numération et les opérations simples, pouvoir écrire un texte sous la dictée, rédiger un texte simple, disposer de tels ou tels éléments de culture et cetera...).
Individualisation des parcours : un collège plus proche du lycée que de l'école primaire. Temps d'enseignement à peu près équivalent pour tout le monde, hors options (classes européennes, classes bilangues, latin et grec, langues régionales), mais avec des répartitions à la carte. Un élève en difficulté dans les matières fondamentales pourrait par exemple sur 27 heures de cours, en concentrer près de 20 en français et mathématiques. Les classes pourraient alors être constituées selon ces besoins et permettre des remises à niveau efficaces. De tels choix supposent de faire voler en éclats l'actuel collège unique et toute son organisation.
Autonomie des établissements scolaires. Autonomie, pas étranglement. S'il agit d'asphyxier financièrement chaque établissement scolaire en expliquant à son personnal qu'il a la choix d'organiser sa pénurie, évidemment, c'est se moquer foncièrement du monde.
Garantir l'atmosphère de travail : Bayrou avait estimé en 2007 qu'il y avait une quarantaine d'individus par établissements scolaires qui en pourrissaient l'atmosphère. Il faut rétablir une vraie discipline, c'est à dire autoriser autant de conseils de discipline que nécessaires et ouvrir des établissements spécialisés pour corriger la trajectoire des élèves qui posent de vrais problèmes. De tels établissements doivent mettre en place de vrais dispositifs de fermeté, avec personnels à l'appui, et avoir les moyens médicaux de pouvoir suivre de jeunes personnes dans un état psychique parfois inquiétant (cela va de suicidaire au pervers...). Les doter d'un psychiatre et d'un psychologue au moins, grassement payés, serait évidemment un préalable.
Accueillir la différence, à commencer par les enfants handicapés, en leur assurant bienveillance, assistance et protection. Une blogueuse centriste a écrit à ce sujet un projet aussi incisif que complet qu'elle a intitulé le projet Wolfgang. Le principe de base en est assez simple : il consiste à inclure dans une classe ordinaire des profils atypiques en dotant la classe d'un second enseignant spécialisé, présent en même temps que l'enseignant principal. Les écoles concernées se verraient en outre dotées d'un personnel médico-éducatif spécifique (orthophoniste, psychomotricien, psychologue). Isabelle qui n'oublie rien a aussi fait les comptes : une telle école coûte bien moins cher que les lourdes prises en charge en hôpital de jour comme cela se produit à maintes reprises actuellement en France.
Le lycée de Bayrou marchait plutôt assez bien, en dépit de quelques travers. Sarkozy, Châtel, Descoings le foutent en l'air.
Rétablir les filières actuelles dans leurs droits, prévoir la possibilité d'ouvrir toutes les options et spécialités à chaque tronc, développer les lycées professionnels en les associant aux entreprises autant que faire se peut. Créer de véritables liens entre lycées professionnels et licences professionnelles en université en organisant des échanges, et, pourquoi pas, en offrant la possibilité de valider des certificats professionnels valables pour l'université dès le lycée, particulièrement quand ils sanctionnent un savoir-faire acquis en alternance. Bref, associer étroitement lycées professionnels, universités et entreprises.
Repenser l'orientation et le lien entre filières générales au lycée et licences techniques et professionnelles en université ; l'Université souffre d'un trop plein d'étudiants généralistes. On pourrait allonger d'un an BTS et IUT pour les conformer au standard LMD et leur donner équivalence d'une licence pro ad hoc. Il faut prévoir de diriger bien plus de bacheliers issus des bacs généraux vers ces formations techniques, tout en prenant garde de ne pas marcher sur les pieds des lycées professionnels. On pourrait rétablir un distinguo subtil qui a existé longtemps dans l'enseignement français en différenciant des licences techniques et des licences professionnelles.
Pour ce premier billet, j'ai fait dans la catégorie "mange pas de pain", mais j'ai quelques autres idées à faire valoir.