Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

banque - Page 2

  • La meilleure régulation, n'est-ce pas la transparence ?

    Je suis très près de partager l'avis de Vincent Bénard qui commente les dernières décisions de l'Union européenne en matière de régulation financière. Les accords Bâle III sont censés contraindre les établissements bancaires à disposer de garanties solides avant d'engranger des titres spéculatifs et potentiellement à risque. Vincent Bénard observe que d'ores et déjà, les entreprises qui disposent d'une garantie d'État, l'État en question fût-il endetté jusqu'à la moëlle, bénéficieront d'un statut particulier quand une banque en détiendra des actions. Ce que soupçonne Vincent Bénard, c'est que le régulateur européen soit très vite tenté de protéger ses intérêts plutôt que d'assurer transparence et sécurisation des transactions.

    De son point de vue, un marché réagit de manière saine dès lors qu'on ne lui cache pas des éléments essentiels. Il croit, en somme, à l'intelligence des acteurs économiques et financiers. Le meilleur régulateur systémique, dans ces conditions, c'est le marché libre, c'est à dire un marché où les États laissent aussi couler et faire faillite les établissements qui se sont ramassés.

    Dès 2008, j'ai aussi tendu à penser que la crise financière était d'abord une crise de l'information.  Polymorphe et dissimulée dans les plis de ses propres métamorphoses, sciemment ou par ignorance, l'information est la clef des marchés, enjeu de pouvoir et de savoir.

    J'appuie et valide donc les quatre propositions de Vincent Bénard, avec toutefois une réserve que j'indiquerai ensuite.

    • En finir avec la comptabilité créative "hors bilan" (les finalités du hors bilan doivent être limitées au dévoilement des cautions et garanties à des tiers, point barre), et punir comme une escroquerie aggravée engageant la responsabilité personnelle des dirigeants sur l'intégralité de leurs biens la dissimulation aux actionnaires de risques pris par le biais de "Special Investment Vehicles" et autres joyeusetés, notamment off shore. 
    • obliger les banques à dévoiler de la façon la plus transparente les "produits primaires", actions, obligations, immobilier, contenus dans tous leurs produits dérivés ou agrégés, 
    • laisser le marché décider qui prend trop de risque, qui n'en prend pas, laisser évoluer les taux d'intérêts naturellement en fonction de ce jugement, sans donner un privilège de notation à quelques agences en position d'oligopole protégé... et de fait en grave conflit d'intérêt. 
    • et surtout, LAISSER LES MAUVAISES BANQUES FAIRE FAILLITE, selon des modalités techniques qui partagent le fardeau entre actionnaires et créanciers, déjà exposées ici.

    J'ajouterai donc une quatrième proposition, et c'est celle de François Bayrou et du MoDem de longue date :

    • séparer à nouveau banque d'affaires et banque de dépôts.

    Si une banque se casse la figure, qu'elle ne mette pas en danger les économies de petits épargnants qui n'ont rien demandé à personne et qu'on n'a jamais informé des risques encourus par leur établissement bancaire.

    J'ai un dernier désaccord avec Vincent Bénard : il commente en fait les réponses apportées par Sylvie Goulard, du MoDem, au quotidien Libération. L'Europe a une propension plus forte à imposer de la transparence que les États. Qu'il y ait donc un comité de supervision est une bonne chose. Ce qui compte, en revanche, c'est de déterminer ce que sera son rôle : et là, en effet, je préférerais qu'il s'occupe de rendre les transactions financières transparentes plutôt que de les interdire.

    Malheureusement, ce traité laisse la part belle aux États, et, ce n'est pas faute, au niveau de l'ADLE, tout du moins, d'avoir tenté de leur rogner les ailes, comme l'explique Sylvie Goulard :

    A chaque étape de la négociation, nous nous sommes heurtés aux Etats. Ainsi, nous n’avons pas réussi à faire sauter l’article qui prévoit qu’un pays peut s’opposer à une décision des autorités européennes si elle a des conséquences pour son budget, comme la nécessité de recapitaliser une banque.

  • Cool avec le stress, les banques...

    Je me suis demandé ce que comportaient comme hypothèses basses le coup de stress que se sont infligées récemment 91 banques européennes. J'en sais désormais un peu plus grâce à l'excellent Cercle des Échos. Primo, le scénario ne prévoyait pas que comme en 2008, les banques ne se fissent plus confiance au point d'engendrer une grave crise de liquidités. Deuxio, aucune hypothèse de défaillance d'une dette souveraine ; non que les testeurs se soient dit qu'un état européen pouvait faillir, mais plutôt qu'ils se sont imaginés que le FMI ou la BCE y pourvoiraient d'une manière ou une autre, ce qui n'a rien d'une évidence. Tertio, les hypothèses de récession sont résolument "optimistes.

    Quelques autres nouvelles quelque peu inquiétantes figurent dans l'article de Mory Doré. Les accords de Bâle prévoyaient de resserrer la réglementation pour les banques. Or, j'apprends que les banques n'auront pas à tenir compte de la solvabilité de leurs filiales pour pour calculer leurs propres ratios...

    Bref, je comprends mieux que les marchés, généralement mieux informés que le citoyen ordinaire, soient demeurés de marbre...

    Le mieux, in fine, c'est encore de lire l'article, technique, il est vrai, du blogue que je cite en référence...

  • Les produits dérivés entre spéculation et liquidité

    Le nec plus ultra de la nouvelle bien-pensance, à l'heure actuelle, c'est de tirer à boulets rouges sur les banques, et, en particulier sur leurs activités financières, avec comme cible numéro 1 les produits dérivés. Parmi les produits dérivés, ce sont les CDS (Credit Default Swap) qui font l'actualité. C'est quoi un Credit Default Swap ? Pour être très simple, c'est le droit de revendre à un prix fixé par contrat une créance. Par exemple, un ami grec veut m'emprunter 10 000 euros ; moi, je veux bien lui prêter les 10 000, mais je veux être sûr de pouvoir recouvrer ma mise. Alors du coup, j'achète un CDS auprès d'une banque pour avoir la certitude d'être payé au terme du prêt. Cette garantie n'est pas nominative : elle vaut pour dix mille euros empruntés par mon ami grec. A la limite, je pourrais juste acheter la garantie et puis la revendre à un moment où tous les créanciers de mon pote grec flippent, parce qu'ils voient qu'il passe en commission de surendettement. Je pourrais même tabler là-dessus et spéculer sur un gros risque pour faire banco le moment venu.

    Comme j'ai des admirateurs gauchistes, s'ils apprennent ça, ils vont me traiter de gros enculé de capitaliste droitier ultra-libéral et exploiteur du peuple, sans se douter, au demeurant, que je vais en rosir d'aise.

    Le problème, en France, à l'heure actuelle, c'est que de l'extrême-gauche à l'extrême-droite, tout le monde fait son gauchiste. En fait, personne ne considère avant toutes choses la notion de marché, et particulièrement celle de liquidité sur un marché. Imaginons un capitalisme vertueux où l'on ne trouverait des CDS qu'au seul usage de la couverture de risques, que se produirait-il ? eh bien ce serait très simple : le marché se gripperait ! en effet, quand on a pour seul objectif de se couvrir contre un risque, on ne va pas revendre le précieux sésame à tous les vents. Mais voilà, s'il n'y a pas d'offres, il n'y a plus de marché ! Si ceux qui veulent couvrir leurs risques n'ont plus d'opportunités de couverture, ils ne voudront plus prendre de risques, avec évidemment un possible assèchement du crédit à la clef, avec toutes les conséquences que cela induit sur une économie. Ainsi, le petit patron de TPE ou le fonctionnaire gauchiste qui hurlent à la mort contre ces salauds de banquiers qui ne veulent pas leur faire crédit tout en réclamant sur un piquet la tête des spéculateurs ignorent qu'ils préparent leur propre mort...

    Eh oui, nous vivons dans une économie de marché...

    Mais à côté de ce scénario bien rôdé, il va de soi que le marché peut aussi s'emballer : quand on un revend un produit financier qui couvre un risque, on a aussi intérêt à ce que les créanciers de l'emprunteur flippent au maximum ! Plus ils stressent, plus ils vont payer cher la couverture du risque ! A la limite, ça peut devenir intéressant pour le gros salaud enculé de capitaliste exploiteur du peuple ploutocrate que je suis devenu que les nouvelles annoncées soient mauvaises, et même, à la limite, que cela se passe mal chez mon emprunteur...

    C'est la théorie du complot qu'adorent nous servir en boucle pas mal de responsables politiques et de journalistes de tout acabit. Sans aller jusqu'au complot mondial, il y a là un travers de la totale liberté d'échange qui existe sur ces marchés-là.

    Toute la difficulté, c'est de trouver des normes qui permettent de réguler sans rigidifier. Il existe par exemple des normes comptables pour les banques. On pourrait imaginer que des normes s'appliquent aussi à la proportion de produits dérivés en valeur up to market (au jour le jour) que peut détenir une banque à son actif.

    Je crois que le Parlement Européen y réfléchit depuis un moment. J'ai lu notamment, une relation récente des enjeux en cours sur le blogue d'un euro-député d'Europe-écologie, Pascal Canfin. A l'heure actuelle, les CDS s'échangent de gré à gré, c'est à dire bilatéralement, sans que des règles prudentielles communes ne vaillent pour les acteurs de l'échange. L'idée est donc d'établir une règle commune au moins pour la zone euro pour commencer, et notamment une chambre de compensation unique (ou des chambres de compensation avec des règles communes) pour garantir les engagements sur CDS. Europe-écologie s'est apparemment ralliée à cette proposition.

    Ce qui est intéressant, c'est de constater que les produits dérivés, particulièrement ceux qui couvrent le risque (CDS, futures, ...) sont des créations récentes. Nous vivons dans un monde instable et changeant, et, à l'évidence, des temps de grande défiance. Comment en sommes-nous arrivés là ? Si les acteurs des marchés financiers ont cherché à couvrir leurs risques contre les défauts de paiements, c'est aussi que de plus en plus d'emprunteurs étaient susceptibles de ne pas rembourser leurs emprunts, ou, du moins, paraissaient comme tels à leurs créanciers...

    Il y a là un phénomène qui mériterait une analyse certainement plus poussée que celles que je suis capable de produire. Voilà qui touche ce que l'on appelle la finance comportementale. J'ai un ami qui travaille dans ce méconnu secteur d'activités et passe de temps à autre sur mon blogue. Je pense qu'il se reconnaîtra à la lecture de l'article, si jamais il se trouve qu'il le lit. Oh, je ne crois pas qu'il fasse partie de ces alter-économistes qui déduisent des anomalies qui secouent les marchés leur inefficience et appellent donc à la régulation par les États. Parce que les États, question efficience, franchement, on ne peut pas dire qu'ils aient montré des vertus cardinales...Non, je crois au contraire que l'analyse comportementale l'intéresse surtout pour examiner les anomalies de marché afin de mieux apprécier les risques et donc...les gains potentiels ! Au fond, plus personne ne pense qu'il existe une efficience des marchés auto-induites. Les penseurs de l'école autrichienne d'économie ont mis un coup de pied dans la fourmilière classique depuis un moment à ce sujet. Sur la finance comportementale, on peut trouver des écrits assez intéressants d'un ex-usager du forum fr.soc.economie. Je l'y ai souvent croisé, il y a de cela plusieurs années, au temps où je hantais les forums d'économie et de finance de la hiérarchie Usenet-fr...

  • Il a le courage (et l'honnêteté) de défendre les banques françaises !

    1249609797.jpgJe n'ai absolument rien à redire au discours prononcé par Jean-Jacques Jégou, sénateur de la Marne, au Sénat avant hier par Jean-Jacques Jégou, trésorier du MoDem. Je me félicite d'avoir trouvé (enfin !!!) un homme politique qui ne verse pas dans la démagogie à propos des banques. Et je me réjouis encore plus qu'il appartienne à mon parti. Bravo, Monsieur Jégou !

    [...] il faut rappeler plusieurs vérités. Tout d’abord, ce ne sont pas les banques françaises qui sont à l’origine de la faillite du système financier mondial, mais bien le système bancaire anglo-saxon. Il ne faudrait pas pénaliser les banques françaises parce que le système de contrôle et de régulation international a été défaillant. Ce serait totalement contre-productif alors même que les établissements bancaires de nos partenaires économiques ne seront pas taxés ou les seront beaucoup moins. Nous déciderions d’affaiblir un secteur économique performant et important par les emplois qu’il représente, par l’activité qu’il génère en France et par la contribution qu’il apporte aux entreprises. Le secteur bancaire représente en effet 400 000 emplois directs et 300 000 indirects, un des rares secteurs à recruter encore massivement avec 30 000 à 40 000 embauches chaque année, des investissements considérables, et une très forte valeur ajoutée dans un contexte hyperconcurrentiel. Le risque est donc bien de fragiliser ce secteur par des mesures répressives, au moment où nous avons besoin de refinancer notre économie. 

    Ensuite, on ne peut pas comparer la situation française avec la situation britannique et américaine. Dois-je rappeler que les banques françaises, qui vont déjà financer le coût du dispositif de supervision bancaire que nous avons voté en décembre dernier, ont versé au budget de l’Etat 2,3 milliards d’euros ? Le contribuable n’a pas eu à payer pour que notre pays sorte de cette situation difficile. Le contexte français n’est là encore pas comparable avec ceux de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis, où les contribuables ont du supporter des pertes de l’ordre de 90 milliards pour les américains et plusieurs dizaines pour les anglais. 

    Enfin, il faut rappeler que notre pays est le premier et le seul à avoir adopté une réglementation très restrictive en matière d’attribution des bonus conformément aux décisions prises lors du G20. En effet, l’arrêté du 03 novembre 2009 interdit déjà les bonus garantis, diffère les bonus sur plusieurs années et encadre leurs modalités d’attribution, en prévoyant notamment une attribution sous forme d’actions. 

    Nous ne pouvons pas alourdir excessivement et dans notre seul pays la fiscalité des banques
    .

    Chapeau bas. Pas un mot à ajouter. 200% en accord avec l'analyse.

  • Paradis fiscaux, le bouc-émissaire pratique

    Je vais encore pousser un coup de gueule à rebours de la doxa ambiante, mais il y a des facilités qui m'exaspèrent vraiment trop ; la classe politique mondiale a trouvé le moyen idéal de détourner des regards les véritables causes de la crise financière : les paradis fiscaux sont des bouc-émissaires idéaux. On les accuse de tous les maux. Dans le même temps, on se préoccupe des bonus des uns et des autres, alors que les véritables questions de fond, ce sont les normes comptables et la régulation des fonds propres des banques. Mais évidemment, comme c'est abscons et que cela ne parle pas à l'électeur, nul n'en dit mot à part quelques esprits lucides.

    Or, dans ce domaine, le G20 n'a strictement rien apporté : aucune avancée, et d'ailleurs, les USA n'en veulent pas. Pointer les petits pays que sont le Luxembourg ou les îles Caymans, c'est très pratique ; cela évite d'avoir à faire le ménage chez soi.

    La volonté de faire payer une taxe aux banques est idiote et montre bien l'inanité et la bêtise (l'ignorance ?) crasse de la classe politique. Le terme même de "taxe" est démagogique et renvoie à la vulgate socialiste. Il eût été bien plus censé de réclamer aux banques françaises de payer des assurances en fonction du niveau de risque pris : la prime de l'assurance augmenterait alors selon le niveau du risque. Évidemment, cela suppose un organisme de contrôle indépendant (pourquoi pas la Banque Centrale Européenne ?) et que les États acceptent de lui déléguer certaines prérogatives (ça, c'est pas demain la veille).

    A vrai dire, pendant qu'on jase sur les vilains banquiers, on en oublie les effets kisscool du Grand Emprunt, en France. Mais il se trouve (attention, je vais prononcer un très très gros mot) que quelques libéraux veillent au grain, et au bon : il n'a pas échappé à l'ami hashtable ce qui pend au nez de nos finances. On le sait, Sarkozy a voulu donner un caractère "populaire" à son grand emprunt : ce caractère à un coût, les taux d'intérêt vont en être nettement plus élevés, contribuant à dégrader significativement notre endettement et notre capacité à faire face à la charge de la dette. Or, cela commence à inquiéter sérieusement les agences qui nous attribuent notre note de confiance. Jusqu'ici, la France était l'un des quatre seuls pays à disposer d'une note AAA, assurant ainsi de bénéficier de liquidités sur les marchés aux taux les plus intéressants. Or, compte-tenu de la dérive vertigineuse de nos finances publiques, il est fortement question, chez quelques unes des agences de notation, de dégrader notre note de solvabilité. Dans un tel cas de figure, nos emprunts deviendraient bien plus coûteux, car les taux demandés seraient bien plus élevés. Pour emprunter la même somme, il faudrait alors payer plus sur le budget de l'État, donc, par suite, réduire les autres postes budgétaires.

    Voilà où nous en sommes, et c'est très grave. En fait, on n'aborde aucune question de fond, préférant l'écume de l'actualité nous bercer de rêves rédempteurs.

    Je me serais attendu à ce que le MoDem, François Bayrou, habitués pourtant à dévoiler la vérité derrière les apparences, tirent la sonette d'alarme. Au lieu de cela, je n'ai entendu que les platitudes et les billevisées qui sont le plat de résistance de toute la classe politique. J'avoue que cela m'agace assez fortement, parce que j'attends le courage de dire la vérité aux Français de la part du MoDem et de ses responsables politiques. Sur la dette, je leur donne quitus, mais sur les banques, ils ne gagnent à mon avis strictement rien à vouloir glapir et bêler plus fort que la gauche.

  • Vive les banques et les banquiers...français !

    S'il y a un lieu commun  qui m'énerve, par les temps qui courent, c'est l'hystérie généralisée autour des banques et des banquiers, dont on fait la cause universelle de tous les maux qui frappent les économies occidentales. J'admets que l'on mette en accusation certaines banques américaines, mais je ne vois pas ce que l'on peut reprocher aux banques françaises, dans l'ensemble.

    Comme le disait Baudouin Prot sur France Info récemment, si les banques remboursent aussi tôt leurs emprunts, c'est tout simplement qu'elles avaient des bases saines. Maintenant, bien sûr, elles ne pourront pas éviter les soubresauts sectoriels qui continueront d'agiter la finance mondiale, mais il me semble qu'elles constituent un modèle de bonne gestion à imiter dans de nombreux pays, à commencer par ceux de la sphère anglo-saxonne.

    Toutes les banques françaises ont remboursé les aides reçues, soit 12.7 milliards d'euros, avec des intérêts de 713 millions en sus : chapeau les artistes ! Cela dit, c'est le modèle d'activité universelle de la BNP qui remporte la palme : une fois encore cette banque est un modèle pour le monde entier. J'ai cru comprendre, d'ailleurs, qu'elle lorgnait discrètement à nouveau sur la Société Générale...

    Le vrai problème, et il faut le dire, c'est, une fois encore, l'attitude des USA qui refusent de tirer les conséquences de la crise financière et persévèrent dans les mêmes errements.

    Taxer les transactions financières pour constituer des réserves au cas où le système bancaire souffrirait à nouveau n'est pas inintéressant, mais ni le Canada ni les USA ne veulent en entendre parler, et DSK, directeur du FMI, au nom de cette institution, juge qu'une telle taxe est impossible à mettre en oeuvre. Les choses ne risquent pas de changer... Cela dit, le FMI étudie l'opportunité d'une taxe proportionnelle aux risques pris sciemment par les banques. L'inconvénient, c'est que j'aimerais bien savoir comment on va évaluer les risques en question, et qui va le faire. Et puis l'idée ne fait pas encore consensus, même si, du côté britannique, on a clairement évolué sur la question...

     

  • Taxes et punitions

    Excellentes remarques de l'économiste Élie Cohen chez Telos : il exprime bien plus clairement que ce que j'ai pu dire ici l'inanité de vouloir s'en prendre aux banques pour les "punir" de leurs bons résultats financiers. S'il y a bien une manière de raisonner particulièrement tordue, à mes yeux, c'est bien celle-là, en effet.

    Taxer les banques va peut-être rapporter de l'argent, mais ne va en aucun cas contribuer à la régulation des flux financiers. Si vraiment l'État français veut embrasser le problème, ce n'est pas la fiscalité nationale qu'il faut brandir, mais se tourner vers la diplomatie, notamment dans nos dicussions avec nos partenaires économiques.

    Taxer les banques n'est pas une mesure économique ni fiscale : c'est un simple coup politique pour se donner bonne conscience et envoyer un message à la population. Les banques ont le dos large, on peut donc leur casser une quantité de sucre considérable sur le dos, et actuellement, il faut admettre que c'est un sport national partagé par tout l'échiquier politique, du NPA jusqu'au FN.

    Si vraiment on veut éviter que ne se reproduisent les désordres financiers qui ont secoué la planète, c'est sur les normes prudentielles qu'il faut travailler, et pas seulement les normes prudentielles applicables par beau temps, mais également celles qu'il convient de mettre au point pour résister à la tempête.

    J'ai cru comprendre que les modèles mathématiques qui avaient testé les différentes procédures de titrisation étaient opérationnels, dès lors que les produits testés n'étaient pas soumis à des conditions extrêmes : pour user d'une image plus claire, si dans le bâtiment, on utilise des matériaux et des techniques pour construire un immeuble sur une zone sismique, on les prévoit pour résister aux niveaux 5,6 et 7 sur une échelle de Richter, pas aux niveaux 8, 9 et 10, devinez ce qu'il se produit si la terre tremble au-delà des limites de résistance des matériaux ?...

    Le problème, c'est qu'un marché financier, c'est par définition une zone sismique. Il faudrait travailler à nouveau sur ces modèles mathématiques avec cette approche (je ne suis évidemment pas un spécialiste de la chose, mais c'est mon intuition).

    Enfin, une taxe sur les banques n'a de sens que si elles est générale dans le monde entier et qu'elle est indolore. C'est ce que Bayrou a proposé à maintes reprises depuis 2007. Une telle taxe ne devrait pas avoir pour objet de "punir" les koulaks banques, mais de servir une cause qui intéresse toutes les nations de la Terre (co-développement, écologie...).

  • Profits des banques ? Rien que de logique et normal !

    Voilà que je lis à nouveau sur la Toile et dans la presse des commentaires acerbes sur les profits surnuméraires que font les banques. On s'indigne çà et là, jugeant qu'ils seraient illégitimes parce que ce serait les prêts consentis par l'État qui les auraient permis.

    Ridicule ! Stupide ! Méconnaissance des mécanismes de marché les plus élémentaires. On dit que les banques ont spéculé : mais non voyons ! Elles ont simplement acheté des titres et des matières premières au plus fort de la crise. Comme les marchés mondiaux se trouvaient au creux de la vague, et, à vrai dire, à un niveau anormalement bas, quelques mois plus tard, ils ont retrouvé leurs niveaux ordinaires, logiques, et donc, tout ce qui se trouvait dans le creux s'est retrouvé à ce niveau. En 2006, les marchés étaient au contraire au sommet de la vague : quand celle-ci est retombée, tout ce qui se trouvait dessus est retombé avec, c'est tout. Simplement, comme le mouvement, au lieu de revenir à son niveau d'équilibre a plongé directement vers le creux, tous les acteurs ont craint la noyade. Finalement, plus de peur que de mal, voilà tout le monde à peu près sur sa ligne de flottaison, entre autres grâce aux bouées de sauvetage consenties par les États.

    Que les banques se soient refaites pour retrouver un niveau d'actifs décent, rien que de normal et de logique : c'est maintenant qu'elles vont pouvoir à nouveau consentir des prêts. On ne peut donc parler de spéculation, mais simplement d'un reflux qui gonfle artificiellement les résultats. J'aimerais d'ailleurs ajouter une remarque : les bénéfices d'une banque en tant que tels ne signifient pas quelque chose de déterminé, parce qu'ils ne se réduisent pas à des liquidités mais comportent aussi des titres et des valeurs diverses. Que l'on revende quelques uns de ces titres pour en tirer des bénéfices, et effectivement, on en obtient la valeur du cours, mais toute vente massive pour les convertir en liquidités en ferait baisser immanquablement le cours et dans ce cas, le bénéfice final fondrait.

    Les bénéfices annoncés ont donc tout d'un caractère très virtuel. Ils indiquent simplement que les marchés financiers se portent mieux et que les échanges ont repris, ce qui est le signe principal d'une bonne santé pour un marché.

  • Souviens-toi du Titanic !

    J'ai déjà appelé sur ce blog à bien distinguer banques de dépôts et banques d'affaires. Rien d'original, d'autres l'ont fait avant moi, et, sous l'influence de Jean Peyrelevade, c'est une position maintes fois exprimées par le MoDem, désormais. Mais  François Bayrou, qui la sens de le formule et de l'image, m'a tout récemment fait rire :

    Concernant le sommet du G20 et les volontés exprimées de moraliser le capitalisme, le député des Pyrénées-Atlantiques a affirmé : "l'essence du capitalisme est d'être amoral. Je ne dis même pas immoral : amoral". "C'est fait pour faire de l'argent pour ceux qui ont de l'argent. La morale a peu de choses à voir", pour François Bayrou. "Le combat qu'on est en train de livrer, puisqu'on parle du G20, sur les bonus des traders, est un combat largement de diversion. Le problème du capitalisme, c'est pas les traders, c'est le système qui fait que ce qui devrait être protégé --les dépôts des épargnants-- est mis dans des risques excessifs", a-t-il ajouté. "Il faut séparer les activités de banque de dépôt, de protection des épargnants, de financement de l'économie, du risque insensé de jeu, de casino", a-t-il poursuivi. "Si vous faites ça, vous avez un système de cloisons étanches", a rappelé le Président du Mouvement Démocrate, en relevant que le naufrage du Titanic était dû à la non-étanchéité de ses différentes parties.

    Tout en étant d'accord sur le principe, je demeure prudent sur l'application : les mouvements boursiers ne se limitent pas à des tours de roulette russe, et il y a une imbrication plus forte qu'on le pense entre les dépôts, pour les banques d'affaires, et leurs prises de risque. On peut le déplorer, mais ce sont aussi les confortables matelas que constituent les dépôts qui leur permettent de financer de temps à autre des activités risquées. Le tout est de définir des normes prudentielles. Une séparation radicale pourrait aboutir à une chute non moins radicale de leur activité et entraîner par ricochets successifs de fortes contractions de la croissance économique.

  • Frais bancaires indus, ça suffit !

    rochefort1.jpgMeglena Kuneva, commissaire européenne responsable de la Protection des consommateurs, présente mardi 22 septembre 2009 un rapport accablant sur les frais bancaires en Europe qui pointe du doigt certains pays dont La France. Cette présentation est réalisée alors que vient d'être publié l'indicateur semestriel de la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF qui indique que les plaintes des consommateurs contre les banques françaises sont en nette augmentation : + 15,1% ).

    Robert Rochefort, député européen du Mouvement Démocrate, s'est entretenu jeudi 17 septembre avec Meglena Kuneva la commissaire européenne en charge du droit de consommateurs. Pour Robert Rochefort : « La France figure en Europe, parmi les pays champions en matière d'opacité des frais bancaires. Non seulement, pour certaines banques, nous sommes en présence de frais couteux et incompréhensibles pour leurs clients mais cela va jusqu'à des frais cachés. » 

    « L'existence de ces frais cachés ou de structures de frais très complexes rend bien évidemment les comparaisons de prix d'une banque à l'autre très difficile pour les citoyens, ce qui explique peut-être que seuls 9% des consommateurs dans l'UE aient transféré leur compte courant vers une autre banque ces deux dernières années. »

    L’ancien directeur du CREDOC a dénoncé la « volonté manifeste pour certaines établissements de compenser une partie de leurs pertes par des hausses globales de tarification bancaire avec notamment la création de nouveaux frais comme ceux pour la mise à disposition de chéquier. Le code de conduite volontaire adopté par le secteur bancaire au niveau européen, et qui devrait entrer en application en novembre prochain, est certes un pas dans la bonne direction, mais il semble d'ores et déjà insuffisant. D'autant que les résultats de l'enquête de la Commission tendent à prouver que la situation actuelle en Europe est contraire à l'application correcte du droit des consommateurs européens, en particulier à la directive sur les pratiques commerciales déloyales. Aussi, un débat ouvert sur un renforcement des règles européennes et de leur mise en œuvre effective par les Etats membres semble plus approprié que la simple mise en place d'un code de conduite volontaire par le secteur. »

    « Les frais bancaires sont malheureusement un problème récurrent en France. Je demande au gouvernement français d’agir avec fermeté et de prendre toutes les mesures nécessaires pour inciter les banques à améliorer le traitement des détenteurs de comptes. » a ajouté Robert Rochefort.