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Sécurité - Page 4

  • Un lycée plus sûr ? et les collèges ?

     

    A la suite des dernières violences qui ont atteint les lycées, le Mouvement Démocrate a communiqué des propositions :

    Les derniers évènements survenus dans certains lycées ne sont que la forme la plus visible et la plus exacerbée d'une violence inacceptable qui détériore le climat de travail à l'intérieur des établissements et gangrène notre société en détériorant le fonctionnement de notre éducation nationale. 

    L'État, en charge de la sécurité aux abords et dans tous les établissements scolaires du pays, est le premier responsable de cette situation par sa politique de restriction des postes d'assistants d'éducation et de surveillants dans les établissements. 

    Les Régions qui gèrent les lycées ne peuvent pas cependant rester sans réagir face à cette dégradation de la situation et face à l'attentisme de l'Etat. L'heure est désormais à l'action.

    Les chefs de file des listes du Mouvement Démocrate pour les élections régionales proposent un «contrat lycées plus sûrs» pour financer 5 à 10 postes surveillants par lycée (selon la taille). 

    Ce plan qui représenterait un effort de 300 millions d’euros, soit 1 pour cent pour le budget des Régions est une priorité pour le Mouvement Démocrate. 

    L’État devrait, en contrepartie, transférer une part plus importante des produits de la Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers (TIPP) aux Régions
    .

    Bon, d'accord, soit. C'est toujours mieux que la gauche qui se contente de dire que la surveillance des lycées, c'est le rôle de l'État, pas de la Région, et donc, qui ne fait ni ne propose rien. Ne parlons même pas de l'UMP qui croit que ce sont des portiques ou de la vidéo qui vont rétablir la paix sociale...Quant à espérer que l'État va refiler du fric, ce n'est pas le genre de la gouvernance sarkozyste...

    Mais comme je l'ai dit il y a peu, il n'y a pas que les lycées : il y a aussi les collèges qui sont sous pression. Tôt ou tard, la Région récupérera les prérogatives des départements. Anticipons, au MoDem, et proposons de financer un centre éducatif fermé par département pour les jeunes  pré-délinquants ou élèves très perturbateurs qui paralysent l'action des collèges. Voilà une proposition qui serait en phase avec ce que veulent les Français et qui leur causent, au moins pour ceux qui ont des enfants, quotidiennement des soucis.

     

  • Sécurité : les Français face à leurs contradictions

    J'ai relevé ici à plusieurs reprises le décalage entre les déclarations du gouvernement et ses actes en matière de sécurité, mais, malheureusement, ce n'est pas l'apanage de l'État. Les Français, eux-mêmes, sont pris de schizophrénie sur les questions de sécurité. On voit plusieurs dizaines d'enseignants en grève à Vitry, et, en même temps, des syndicats enseignants expliquer que la violence à l'école est une rébellion de la jeunesse contre une société qui les oppresse. Ce matin même sur France-Info, on entendant le porte-parole d'un syndicat de chefs d'établissement tenir en substance un discours comparable en faisant valoir que la France était le seul pays dont les forces de polices choisissaient l'affrontement avec sa jeunesse.

    Dans les cités et ailleurs, dès que la police intervient pour faire respecter la loi, notamment avec les véhicules volés et les conduites sans permis, une levée de boucliers se produit si une course-poursuite finit mal ou que la police se défend.

    Deux affaires d'adolescents emmenés au poste et menottés ont récemment défrayé la chronique. Mais dans un premier cas, il y avait eu violences physiques, et dans le second, maintenant que j'ai le témoignage du contrôleur, il s'agit de deux petits branleurs qui se sont encore crus rois en leur royaume et ont insulté le dit contrôleur.

    Pour rétablir l'ordre, sur notre territoire, il est évident qu'il va falloir tôt ou tard resserrer sérieusement les boulons. Les parents des deux garçons concernés ont hurlé au loup : ils n'ont qu'à leur apprendre à parler poliment et à payer leur titre de transport. Plein de gens le font, l'écrasante majorité, même. Pourquoi devrait-il y avoir une exception pour ceux qui gueulent plus fort que les autres et se montrent menaçants et/ou agressifs ?

    En ce qui concerne les adolescentes, la garde à vue a été trop longue, mais il y a bien une affaire de bagarre à la sortie d'un établissement scolaire ; l'intervention de la police était donc justifiée, et d'ailleurs, ils ont respecté la procédure. Quant à savoir ce qu'il s'est réellement passé...L'une des jeunes filles assure avoir voulu séparer des belligérantes, pour ma part, j'attends d'avoir le témoignage de ceux qui ont appelé la police et ont peut-être porté plainte.

    Tenez, en Côte d'Ivoire, on emploie les gros moyens pour moins que cela. J'aime bien les expressions imagées de l'article :-D :  Ils sont gardés au violon en attendant d'être déférés.

    La violence scolaire est une émanation de cette contradiction, et je renvoie à un article qu'a écrit Brighelli sur Marianne2 (Merci à Florent de l'avoir signalé). Il faut dire que j'ai acheté et lu le numéro de Marianne auquel renvoie le billet de Brighelli, et clairement, c'est édifiant sur le niveau de violence qui émane, désormais, des établissements scolaires. Globalement, je suis à peu près d'accord sur tout ce que dit Brighelli sauf sur un point : je pense que ce serait une erreur de virer les parents des établissements scolaires. A mon avis, les établissements scolaires doivent être fermes sur leurs prérogatives et le respect qu'on leur doit, mais il faut associer les familles à la bonne marche des établissements. J'en suis, pour ma part, tout à fait convaincu.

    Une chose est sûre, et je ne cesse de la rappeler ici : l'une des clefs de l'ordre retrouvé, et de la réussite des établissements scolaires, c'est d'en déloger ceux qui sont incapables d'y évoluer. Je le dis et le redis à chaque fois que j'écris un article qui touche la sécurité en milieu scolaire, mais c'est ce que Bayrou a proposé et propose encore. Et c'est le seul que j'entends tenir ce langage parmi les politiques. C'est aussi ce que propose Brighelli. Il y a certaines convergences entre les idées des deux hommes sur la question. Il faut dire aussi qu'il a tellement longtemps été interdit d'interdire au sein de l'Éducation Nationale que l'on peut comprendre certains dérapages. Il ne faut pas se faire d'illusions : les tenants de cette idéologie verrouillent absolument TOUS les postes de pouvoir au sein de l'Éducation Nationale. Il existe bien sûr des gradations dans leurs convictions, allant d'enragées à opportunistes, mais c'est bien la même clique pédagogisante qui est à l'oeuvre du dernier au premier maillon de la chaîne.

    A côté de cela, les États généraux de la sécurité décrétés par Luc Châtel font rire. Encore de l'esbroufe et du bruit pour ne rien faire, in fine.

    Plus largement, il y a un rapport à la jeunesse, dans notre société, totalement déliquescent. Faire jeune, être jeune, évoquer la jeunesse, parler djeuns, notre société sature de ce jeunisme fanatique qui inonde nos médias d'autant que ceux-ci s'en font l'écho complaisant. La mode rebelle a envahi tous les étages de la pensée, comme si cette particularité d'une jeunesse désoeuvrée était l'aboutissement de la pensée en action. Le moyen, la modalité, a pris le pas sur la fin : l'important, c'est d'être jeune, d'être rebelle, de défrayer la pensée unique, et au Diable le reste...

  • Trois questions au Président Sarkozy

    TF1 reçoit ce soir le Président Sarkozy pour une séance de questions réponses. Dix citoyens (pris au hasard ?) poseront des questions au Président et il devra leur répondre. Le genre d'exercice auquel il m'aurait plû de participer. Mais...je ne suis pas invité :-)

    Il n'en reste pas moins que je vais lui poser trois questions qui me chagrinent, au Président :

    1. Monsieur le Président, vous avez repris à votre compte, en cours de campagne présidentielle le thème de la dette publique popularisé par François Bayrou : je suis très inquiet, Monsieur le Président ; je vois nos comptes publics se dégrader tous les jours et la charge de la dette s'accroître. Or, je sais tout de même un peu compter, en dépit de mon passage par l'école républicaine, et, comme je sais que le budget de l'État n'est pas extensible à l'infini, le poids des remboursements prend de plus en plus de place dans sa répartition. Monsieur le Président, comment comptez-vous redresser les comptes publics ? Ne pensez-vous pas qu'il faudrait remettre tout à plat, fiscalité, gratuités, ristournes diverses, mais aussi protection sociale afin de déterminer ce que nous devons payer, ce à quoi nous renonçons et quelles priorités nous nous donnons ?

    2. Monsieur le Président, vous avez souvent évoqué, au cours de votre campagne la sécurité des citoyens. La marque Kärcher vous doit un surcroît de notoriété. Pourtant, Monsieur le Président, la délinquance n'est pas jugulée, en dépit de nouvelles lois promulguées, et vous supprimez de nombreux postes dans la gendarmerie et la police. Par ailleurs, Monsieur le Président, je ne comprends pas que la police prenne du temps pour verbaliser et rudoyer un piéton qui a traversé quand le petit bonhomme était rouge, alors qu'au pied même de son appartement, des individus agressifs fument, boivent de l'alcool sans réactions des forces de l'ordre. Certaines lignes de banlieue sont des coup-gorge, Monsieur le Président, et je ne parle même pas des cités où se produisent régulièrement des mini-émeutes communautaires : que comptez-vous faire pour remédier à cet état de fait ?

    3. Ma troisième question, Monsieur le Président, concerne l'industrie. Je vous sais sincère sur le sujet, et très en colère quand des usines sont fermées et que de grandes entreprises choisissent de délocaliser leur production en dépit des promesses et des aides. Néanmoins, ce sont des pans entiers de notre industrie qui déménagent ainsi et des êtres humains qui restent gros Jean comme devant quand leur outil de travail n'est plus qu'une friche. Je ne vous cache pas, Monsieur le Président, que j'appartiens à un mouvement politique, le MoDem, qui a fait de la réindustrialisation de la France le coeur de son programme économique. Que comptez-vous faire, Monsieur le Président, pour remédier sur du long terme à ce désastreux état des choses ?

  • Sécurité, la droite guimauve...

    Bon billet que celui d'Echo politique à propos de la sécurité. Sarkozy et sa droite prétendûment décomplexée se foutent de notre gueule. On a en effet le sentiment que l'ordre public est le dernier de leurs soucis. En réalité, Sarkozy ne brandit la sécurité qu'à des fins électorales. Une fois le soufflet retombé, il réduit les effectifs de police et fait voter des lois qu'on sait par avance inapplicables faute des moyens nécessaires pour les mettre en oeuvre. L'affaire mailorama est exemplaire : la racaille peut désormais se pavaner en plein coeur de Paris et massacrer des victimes innocentes au nez et à la barbe des CRS pourtant présents. A Marseille, on saccage tout parce que le match a été annulé ou que l'équipe de football d'Algérie a été caillassée en Égypte. La gauche dégoûlinante trouve cela normal, et la droite se cantonne aux discours convenus sur le sujet. Bientôt, on va faire une grande chaîne de l'amitié et défiler dans les rues avec la flamme d'un briquet allumée pour protester contre la délinquance.

    Contre la délinquance, la réponse principale, c'est le coup de matraque, aussi fort que possible, la prison, aussi longtemps que nécessaire, et les mesures éducatives quand elles peuvent s'appliquer avec les moyens ad hoc.

    Les hochements de menton de Nicolas Sarkozy ont fait long feu. Le sentiment d'impunité est général. Je le pressens, la colère grondera à nouveau, parmi les petites gens, et les incantations des belles âmes ne sauront plus les calmer.

    J'avais trouvé intéressantes les propositions de Bayrou en 2007. Voici ce qu'il disait alors, et, à mon avis, cela demeure à peu près valable :

    «  Aux grands maux, les grands remèdes ! La sécurité est le premier devoir de l’État à l’égard des citoyens. L’échec à assurer la sécurité des Français est l’échec majeur de la période récente.»

    On a appris que les policiers avaient pour consigne de ne pas entrer dans la cité des Tarterêts ! On est loin de la ‘tolérance zéro’ ! Il faut inverser notre politique : réimplanter l’Etat au cœur de ces quartiers, pour y incarner la sécurité et le service public. Pas seulement la police de proximité, mais aussi l'Etat de proximité, l'Etat qui protège et qui aide.

    Sanctionner tôt, dès le premier délit, serait bien souvent la meilleure prévention (il est absurde de séparer prévention et sanction) : face à la délinquance juvénile, la sanction doit être ultrarapide et éducative. La prison est une impasse, un pourrissoir, on en sort caïd : je suis pour des sanctions qui remettront le jeune au contact de l'autorité : rigoureuses et éducatives. Les travaux d'intérêt général surveillés deviendront une obligation, avec l'encadrement correspondant.
    On rendra systématique un principe de réparation du tort causé à autrui ou à la collectivité. Une loi sera votée pour la protection des victimes contre les représailles.
    Je proposerai que le maire ou le président de l’intercommunalité - seul responsable accessible et identifiable par le citoyen - ait autorité sur la police de proximité.
    La prévention commence par la famille : quand j'ai donné cette claque à Strasbourg, j'ai reçu des milliers de lettres, dont beaucoup de parents immigrés. Ils me disaient : ‘Vous avez bien fait, mais si nous donnons une claque, c'est l'assistante sociale’. Il y a un immense effort à conduire pour l'éducation des parents ! Quand il y a abandon de toute responsabilité, les allocations familiales doivent pouvoir être mises sous tutelle.
    L’école est la clé. Victor Hugo le disait : ‘Ouvrez une école, vous fermerez une prison’. Si l'école donne de l'espoir, le quartier est sauvé. Au collège, il faut enseigner la loi. On doit sortir du collège les jeunes qui déstabilisent leur classe : il faut des structures scolaires de recours, de petite taille, avec une pédagogie adaptée et une surveillance renforcée.

    La loi doit être la même pour tous. Il faut donner l’exemple, au plus haut : je suis contre le principe d’amnistie lié à l’élection présidentielle. »

    Le problème, c'est qu'avec Sarkozy, on est très loin d'un tel programme, à même de rétablir la sécurité. J'ajouterai que face à la racaille, il doit être un principe établi qu'il ne faut pas mollir : quand je vois que des bandes viennent jusque dans les palais de Justice pour beugler et menacer les magistrats, j'estime que les lois contre les délits de complicité et bandes maffieuses sont bien trop douces.

    On attend toujours l'homme énergique qui ne cèdera plus un seul pouce de terrain à la racaille, mais la matera définitivement.

  • Il faut cesser d'entretenir la confusion entre jeunesse et racaille

    J'en ai ras-le-bol de lire dans les journaux, chaque fois que la racaille se déchaîne, des titres du genre "dix jeunes ont été interpelés après un viol collectif".  Ceci entretient la confusion entre la jeunesse et la racaille. J'ai lu, à propos de cette affaire de viol collectif dans un train aux Mureaux le 18 avril dernier, que la racaille n'éprouvait en plus aucun remords. Aucun remord ? 20 ans de prison avec le nombre de coups de matraque suffisants pour leur faire rentrer les remords dans la gueule. Voilà ce qu'il faut à la racaille. Surtout, aucune faiblesse : ils ne doivent pas avoir de jeunesse. Ce n'est pas un écart, ce n'est pas une connerie, c'est un crime répugnant et lâche qu'il faut réprimer le plus brutalement possible.

    Et il faut cesser de parler de jeunes. On s'en fout qu'ils soient jeunes. On s'en tape. La seule chose qui m'importe, c'est qu'on les colle en prison, et pour longtemps. Qu'on ne leur fasse aucun cadeau. Je me fous de leur histoire et de leurs problèmes sociaux et familiaux, à ces ordures-là. Je m'en contre-fous. Je veux juste de la matraque et du gnouf, et des juges qui cessent de se prendre pour des assistantes sociales. Il ne doit pas y avoir de pitié pour le reste de la bande dont la complicité passive n'est pas moins grave à mes yeux. Dès lors qu'ils représentaient une menace, ils doivent être réprimés avec une sévérité exemplaire.

    Dans toutes les affaires de viol dont j'ai eu connaissance, ce qui me frappe, c'est la légèreté des peines. Parfois, trois années de prison à peine. C'est se moquer des victimes. Et je ne parle même pas des menaces qui pèsent sur ces mêmes victimes ensuite. Quand on a passé entre dix et vingt ans en prison, je crois qu'on a beaucoup moins envie de faire le malin, surtout si la moindre incartade vous renvoie à la case départ.

    Les agresseurs étaient des récidivistes : ils étaient connus pour de multiples agressions. Eussent-ils été punis comme ils le convenaient, peut-être se seraient-ils abstenus. Je n'imagine pas que la sécurité ne revienne pas, tôt ou tard, comme un boomerang à la tête des politiques, par les temps qui courent. Il sera alors inutile de faire de l'angélisme (gauche dans son ensemble) ni de se payer de mots (droite)...

    Ras-le-bol des paroles, on veut des actes.

  • Il faut rallumer les lumières de l'école

    Communiqué de la Commission Éducation Nationale du MoDem en avant-première chez l'hérétique...


    Après la cagnotte à 10 000 € pour récompenser l’assiduité des élèves, c’est maintenant le thème de la sécurité qui devient prétexte à une mesure choc.
    La Commission Nationale Education et le Mouvement Démocrate dénoncent cette nouvelle dérive qu’on inflige aux valeurs de l’école de la république.
    En instaurant des brigades d’intervention dites « équipe mobile de sécurité » ou en envisageant le développement de la vidéosurveillance, c’est une vision sécuritaire de l’école qui domine.
    Le problème de la violence à l’école ne se résoudra pas en ajoutant des vigiles.
    Quelle société promet-on à nos jeunes quand la violence et ses attributs prennent le dessus ?
    La violence et la délinquance, prétextes malsains aux mesures gouvernementales, doivent être exclues de l’enceinte scolaire.
    Mais la solution présentée est tout autant porteuse de violence : démonstration en uniforme, externe à l’équipe éducative, elle valorise une agressivité institutionnalisée qui ne saurait résoudre les problèmes.
    Ce n’est pas la bonne façon de parler aux jeunes. Ce n’est pas le bon niveau de réponse.
    S’il est un espace à préserver c’est l’enceinte scolaire, lieu d’apprentissage des savoirs et compétences autant que du vivre ensemble.
    L’école a besoin d’enseignants, d’éducateurs, d’assistants d’éducation et d’aides à la gestion des conflits au cœur des équipes éducatives. Le surveillant de vie scolaire remplissait ce rôle avec une relation aux élèves bien meilleure que celle qu'on nous propose. L’embauche de 500 personnes devant constituer des brigades d’intervention mobiles allant de collèges en lycées, est un gadget ; pire une illusion sécuritaire néfaste pour nos écoles ; voire une provocation : quand les enseignants dénoncent les suppressions de poste et l’affaiblissement des moyens éducatifs, on peut s’étonner et dénoncer un projet répressif plus qu’éducatif.
    Hormis les problèmes de délinquance qui sont du ressort de la police et pour lesquels les chefs d’établissement connaissent les procédures à suivre, l’expérience montre que la solution aux problèmes de violence à l’école (comme l’amélioration des relations enseignants/élèves) se construit au sein des établissements, en équipe, avec la communauté éducative, avec les parents, par l’instauration d’un climat propice aux apprentissages. Celui-ci dépend de l’offre éducative et culturelle et des moyens que notre institution met en place pour soutenir la seule autorité qui vaille: celle des professeurs et du personnel de direction.
    Brigades, vidéosurveillance, portiques de sécurité,…, sont autant de façon de "regarder ailleurs" : une vraie politique de sécurité s'attaque à la source de la violence et aux conditions de vie dans les quartiers. Ghettoïsation, manque de lien social, sentiment de non-reconnaissance, politique d'urbanisme… sont les vrais défis. Plutôt que se refermer sur elle-même, l'école doit pouvoir rayonner et diffuser du savoir et de la culture ; gagner la jeunesse !
    C’est aussi par les signes qu’une société et ses décideurs donnent à ses jeunes, qu’on valorise ou non un espace qui leur est dédié et dans lequel on souhaite les voir s’épanouir.
    Il n’est pas bon de brouiller le message de la mission de l’école par de telles solutions qui désaxent le propos de l’éducation nationale et de ses établissements.

  • Conducteur du RER B agressé, l'art de faisander l'information

    On a appris par la presse que le 04 juillet dernier un conducteur de RER (RER B) en île de France, avait été victime d'une agression, ce qui avait entraîné une grève spontanée sur cette ligne.

    Puis, retournement généralisé, la presse titre partout depuis hier que l'homme est en fait l'agresseur. Ce qui me sidère, dans cette histoire, c'est la manière honteuse dont la presse minimise les circonstances. Que s'est-il passé ? Deux abrutis qui étaient ivres ont tenté de faire un croche-pied dans un escalator à ce pauvre gars qui rentrait tranquillement chez lui. Il a vu rouge, et il s'est fait justice lui-même. Je sais que dans notre république déliquescente, il est normal de fermer sa gueule et de dérouler un tapis rouge à la racaille, mais tout de même.

    Soyons clair : il y a bien eu agression ! la racaille qui passait dans le coin a cru pouvoir faire la loi, comme elle y est habituée dans les zones de non-droit, notamment les gares RER, mais pour une fois la victime s'est révoltée.

    L'explication de France-info est un modèle du genre (extrait) :

    On apprend aujourd’hui que c’est le conducteur qui était l’agresseur... Ce sont les images des caméras de surveillance de la Gare du Nord qui trahissent le conducteur. Il est presque 6 heures et demie, le 4 juillet dernier. L’homme d’une quarantaine d’années, qui finit son service, sort de sa cabine de RER et rejoint un escalator. Arrivé au niveau de cet escalator, il croise deux jeunes hommes, entre 20 et 25 ans selon la police ; ils ont visiblement un peu bu et l’un d’eux tente un croche-pied sur le conducteur. Un geste qui n’a aucune conséquence : le conducteur ne tombe pas, à peine est-il touché. Mais il ne continue pas son chemin, au contraire : il suit, interpelle, cherche les deux jeunes, raconte la police... et au bout de quelques minutes, il frappe l’un d’eux.
    S’ensuit un bref échange de coups, toujours enregistré par les caméras de surveillance. Le conducteur racontera ensuite qu’il s’est fait agresser. Un gros mensonge qui entraîne une grève de plusieurs heures (lire notre article) .
    L’affabulateur était convoqué ce matin par la Police Régionale des Transports. Il ne s’y est pas rendu. C’est la deuxième fois qu’il fait faux bond aux enquêteurs
    .

    Vous avez lu comme moi : le geste qui n'a aucune conséquence, deux jeunes hommes qui ont un peu bu, à peine touché...En revanche, le conducteur, lui, est un affabulateur, auteur d'un gros mensonge.

    Selon Anne Lamotte, si j'ai bien compris, être agressé c'est normal et se défendre, c'est être un agresseur. Ce qui me console, c'est que dans l'ensemble, et pour l'instant, du moins, la blogosphère n'est pas tombée dans le panneau. Je n'ai lu quasiment aucun blog renchérissant sur le landernau médiatique bien-pensant.

    De tout ce que j'ai lu et écouté sur la presse, il n'y a eu que France-info pour en rajouter dans l'exégèse, accablant le conducteur. Minable. Anne Lamotte doit faire partie de ces journaleux ordinaires qui vivent à l'abri de la délinquance dans un beau quartier, toujours prête à voir le fantasme et l'agressivité chez la victime. Ça dégoûline de bonne conscience à France-info...

    Pas chance, il y a des relais dégoûlinant chez les magistrats aussi,  puisque c'est l'un d'eux qui aurait confié à RTL que les coups de poing échangés par le conducteur étaient dignes d'un boxeur. Faut-il en conclure en plus, puisque l'État ne fait pas ce qu'il faut avec la racaille, que l'on n'a plus le droit d'apprendre à se défendre ?

    J'espère en tout cas que ce gars-là va être soutenu par les syndicats de la RATP, mais je pense qu'on peut leur faire confiance sur une affaire comme celle-là.

  • Un A310 s'abîme : la malédiction !

    S'il existe une loi des séries, malheureusement, il faut constater qu'elle s'applique aussi aux catastrophes aériennes. Le vol 626 de la compagnie Yemenia Airlines (compagnie détenue à 51% par l'État du Yemen et à 49% par l'Arabie Saoudite), un Airbus A310, a disparu des écrans en phase d'aterrissage. Plusieurs facteurs pourraient être à l'origine du crash : d'une part, une météo très défavorable, d'autre part, une erreur lors d'une remise de gaz. Il y avait 153 personnes à bord.

    Yemenia Airlines ne figurait pas sur la liste noire des compagnies peu sûres dressée par l'Europe. Elle venait, d'ailleurs, en 2007, de commander 6 à 10 nouveaux aéronefs. Toutefois, le baromètre de securvol ne classe Yemenia Airlines que dans la catégorie C (sous réserve) sur cinq catégories possibles. J'observe d'ailleurs qu'Air France ne figure pas en catégorie A, mais en catégorie B seulement. Ce baromètre est un bon indicateur de la sécurité des compagnies aériennes et s'appuie sur une méthodologie solide, celle de l'Observatoire de la Sécrutié Aérienne et du Tourisme (Attention, site payant).

  • Le gnouf et la matraque pour les bandes violentes, oui mais...

    J'ai suivi avec attention la proposition de loi du Motodidacte sur la délinquance en bandes. Je ne peux pas être contre alors que je considère depuis longtemps que la délinquance se nourrit largement de l'impunité des seconds couteaux. Tant que l'on ne punira pas avec sévérité les complices, même passifs, on favorisera l'omerta.

    La question que je me pose, c'est de déterminer s'il n'existe pas déjà des dispositions dans nos lois actuelles permettant tout cela. Et puis surtout, on peut voter toutes les lois du monde, si on ne se donne pas les moyens de les faire appliquer, elles ne servent pas à grand chose.

    Je rappelle les principales dispositions du texte :

    Article 1er
    Création d'une nouvelle incrimination (punie de 3 ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende) réprimant de façon spécifique la participation à une bande ayant l'intention de commettre des violences.

    Article 2
    Extension du délit de participation délictueuse à un attroupement en étant porteur d'une arme (3 à 5 ans de prison et 45 000 à 75 000 euros d'amende) à la personne qui, sans être elle-même porteuse d'une arme, participe volontairement à un attroupement où une ou plusieurs personnes portent des armes de manière apparente.

    Article 3
    Instauration d'une circonstance aggravante nouvelle lorsque certaines violences sont commises par des personnes dissimulant volontairement leur visage (par exemple à l'aide de cagoules) afin d'éviter d'être identifiées.

    Article 4
    Modalités selon lesquelles les arrestations lors des opérations de maintien de l'ordre peuvent faire l'objet d'un enregistrement audiovisuel par les services de police judiciaire. La diffusion de ces enregistrements fait l'objet d'une nouvelle incrimination (1 an de prison et 15 000 euros d'amende).

    Article 5
    Instauration d'une circonstance aggravante lorsque des atteintes aux personnes sont commises  en raison de leurs fonctions  sur les enseignants ou les personnels travaillant dans les établissements d'enseignement scolaire. Protection spécifique de leurs proches.

    Article 6
    Instauration d'une circonstance aggravante lorsque des vols et des extorsions sont commis dans les écoles ou à proximité.

    Article 7
    Création d'une nouvelle incrimination réprimant de façon spécifique les intrusions dans un établissement scolaire (1 an de prison et 7 500 euros d'amende). Aggravation de la peine lorsque le délit est commis en réunion (3 ans de prison et 45 000 euros d'amende), par une personne porteuse d'une arme (5 ans de prison et 75 000 euros d'amende) et ou par plusieurs personnes dont l'une au moins est porteuse d'une arme (7 ans de prison et 100 000 euros d'amende). Instauration de peines complémentaires (travail d'intérêt général, interdiction des droits civiques, confiscation et interdiction de port d'arme, interdiction de séjour ou du territoire français).

    Tout cela est bien beau, in fine, mais j'ai du mal à m'ôter de la tête qu'il y a là avant toutes choses une opération de com davantage qu'une véritable volonté de se doter des moyens nécessaires pour lutter contre la délinquance. La véritable nouveauté, évidemment, c'est l'appartenance à la bande, mais il faut comprendre aussi qu'aujourd'hui, il y a un croisement dangereux entre la bande ordinaire et la bande délinquante. J'entends pas là, et c'est un fait reconnu par les sociologues, que la bande ordinaire franchit occasionnellement la ligne rouge qui la sépare de la bande délinquante. Ce fait est relativement récent. Jusqu'alors on pouvait distinguer clairement la bande de jeunes, de copains, et la bande de délinquants. Aujourd'hui, la séparation n'est plus aussi nette, particulièrement dans les quartiers difficiles.

    Il y a un dernier point, enfin, qui me laisse sceptique : en 7 ans, on en est à la douzième loi sur la sécurité (ou treizième, je ne suis plus sûr de mon chiffre) et ce que je constate, c'est qu'elles n'ont manifestement pas été efficaces... Il y a donc un problème de fond que l'on traîne et qui n'est toujours pas réglé de loi en loi. Il va bien falloir tôt ou tard se pencher dessus...

  • Pourquoi les compagnies aériennes attendent-elles les morts ?

    L'enquête sur le crash de l'Airbus A 330-200 en provenance de Rio de Janeiro a désormais progressé à grands pas. Je n'en reviens pas de l'inconscience et de la légèreté incroyables des compagnies aériennes. Il est désormais fort vraisemblable que ce soit un équipement défectueux qui ait, par une réaction en chaîne, provoqué le crash mortel de l'avion. Ce qui est odieux, c'est qu'Airbus avait prévenu depuis près de 10 mois de la nécessité de remplacer la pièce concerné (des sondes qui calculent la vitesse de l'appareil). Certes, Air France avait commencé à opérer leur remplacement, mais fort lentement. Et que dire d'US Airways ou encore Swiss Air qui ne commence à le faire que maintenant seulement en dépit des mises en garde d'Airbus ! Elles datent de septembre 2007 ! Certes, pas sur les A 330 et A 340, mais enfin, quand on sait qu'un matériel de même type est défectueux sur un modèle, il n'y a pas de raisons de ne pas supposer qu'il soit sur un autre !

    Des problèmes sur les A330 et A340 étaient apparus dès mai 2008. A la décharge d'Air France, elle avait demandé des solutions à Airbus qui lui a répondu que les sondes modifiées pour les Airbus A 320 n'étaient pas opérationnelles pour les A 330 et A 340.

    J'avoue que je suis inquiet et que désormais, je me demande s'il ne faut pas vérifier si l'avion que l'on va prendre est un A-340 ou un A-330.

    L'inconséquence des compagnies aériennes après l'avertissement de l'avionneur (Airbus n'est pas du tout en cause, au contraire, le constructeur européen a réagi vite et bien) est inqualifiable.

    Je comprends aux dernières informations qu'Air-France avait commencé à changer ces fameuses sondes, mais pour les autres compagnies (et à mon avis la liste va s'allonger), elles ne s'en préoccupent que maintenant alors que le problème est connu.

    Il existe des normes de sécurité dans le transport aérien. La question, c'est de savoir si elles ont été respectées. Il y a eu 240 morts. Il vaudrait mieux ne pas avoir à apprendre que ces morts auraient pu être évitées...

    [EDIT] J'en apprends beaucoup plus grâce à M, un commentateur de mon billet qui le signale ce très très intéressant lien, chez le rocrocodilekinepeuthe ! Apparemment, les tubes pitots (pas les sondes) qui sont défaillants : ils servent à calculer la vitesse des vents et à permettre au pilote d'adapter sa vitesse relative. Q'ils soient recouverts ou obstrués, par exemple par du givre, et ils peuvent alors fournir des informations erronées au pilote. Or, ces tubes équipent les aéronefs depuis longtemps, et à ce que je lis sur le blog cité et dans l'article de wikipedia, leur obstruction a déjà provoqué des accidents mortels en 1996 et 1997. Il y avait donc déjà eu des morts...

    Il est invraisemblable qu'en 12 années, cette faille n'ait toujours pas été résolue... [EDIT]