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Sécurité : les Français face à leurs contradictions

J'ai relevé ici à plusieurs reprises le décalage entre les déclarations du gouvernement et ses actes en matière de sécurité, mais, malheureusement, ce n'est pas l'apanage de l'État. Les Français, eux-mêmes, sont pris de schizophrénie sur les questions de sécurité. On voit plusieurs dizaines d'enseignants en grève à Vitry, et, en même temps, des syndicats enseignants expliquer que la violence à l'école est une rébellion de la jeunesse contre une société qui les oppresse. Ce matin même sur France-Info, on entendant le porte-parole d'un syndicat de chefs d'établissement tenir en substance un discours comparable en faisant valoir que la France était le seul pays dont les forces de polices choisissaient l'affrontement avec sa jeunesse.

Dans les cités et ailleurs, dès que la police intervient pour faire respecter la loi, notamment avec les véhicules volés et les conduites sans permis, une levée de boucliers se produit si une course-poursuite finit mal ou que la police se défend.

Deux affaires d'adolescents emmenés au poste et menottés ont récemment défrayé la chronique. Mais dans un premier cas, il y avait eu violences physiques, et dans le second, maintenant que j'ai le témoignage du contrôleur, il s'agit de deux petits branleurs qui se sont encore crus rois en leur royaume et ont insulté le dit contrôleur.

Pour rétablir l'ordre, sur notre territoire, il est évident qu'il va falloir tôt ou tard resserrer sérieusement les boulons. Les parents des deux garçons concernés ont hurlé au loup : ils n'ont qu'à leur apprendre à parler poliment et à payer leur titre de transport. Plein de gens le font, l'écrasante majorité, même. Pourquoi devrait-il y avoir une exception pour ceux qui gueulent plus fort que les autres et se montrent menaçants et/ou agressifs ?

En ce qui concerne les adolescentes, la garde à vue a été trop longue, mais il y a bien une affaire de bagarre à la sortie d'un établissement scolaire ; l'intervention de la police était donc justifiée, et d'ailleurs, ils ont respecté la procédure. Quant à savoir ce qu'il s'est réellement passé...L'une des jeunes filles assure avoir voulu séparer des belligérantes, pour ma part, j'attends d'avoir le témoignage de ceux qui ont appelé la police et ont peut-être porté plainte.

Tenez, en Côte d'Ivoire, on emploie les gros moyens pour moins que cela. J'aime bien les expressions imagées de l'article :-D :  Ils sont gardés au violon en attendant d'être déférés.

La violence scolaire est une émanation de cette contradiction, et je renvoie à un article qu'a écrit Brighelli sur Marianne2 (Merci à Florent de l'avoir signalé). Il faut dire que j'ai acheté et lu le numéro de Marianne auquel renvoie le billet de Brighelli, et clairement, c'est édifiant sur le niveau de violence qui émane, désormais, des établissements scolaires. Globalement, je suis à peu près d'accord sur tout ce que dit Brighelli sauf sur un point : je pense que ce serait une erreur de virer les parents des établissements scolaires. A mon avis, les établissements scolaires doivent être fermes sur leurs prérogatives et le respect qu'on leur doit, mais il faut associer les familles à la bonne marche des établissements. J'en suis, pour ma part, tout à fait convaincu.

Une chose est sûre, et je ne cesse de la rappeler ici : l'une des clefs de l'ordre retrouvé, et de la réussite des établissements scolaires, c'est d'en déloger ceux qui sont incapables d'y évoluer. Je le dis et le redis à chaque fois que j'écris un article qui touche la sécurité en milieu scolaire, mais c'est ce que Bayrou a proposé et propose encore. Et c'est le seul que j'entends tenir ce langage parmi les politiques. C'est aussi ce que propose Brighelli. Il y a certaines convergences entre les idées des deux hommes sur la question. Il faut dire aussi qu'il a tellement longtemps été interdit d'interdire au sein de l'Éducation Nationale que l'on peut comprendre certains dérapages. Il ne faut pas se faire d'illusions : les tenants de cette idéologie verrouillent absolument TOUS les postes de pouvoir au sein de l'Éducation Nationale. Il existe bien sûr des gradations dans leurs convictions, allant d'enragées à opportunistes, mais c'est bien la même clique pédagogisante qui est à l'oeuvre du dernier au premier maillon de la chaîne.

A côté de cela, les États généraux de la sécurité décrétés par Luc Châtel font rire. Encore de l'esbroufe et du bruit pour ne rien faire, in fine.

Plus largement, il y a un rapport à la jeunesse, dans notre société, totalement déliquescent. Faire jeune, être jeune, évoquer la jeunesse, parler djeuns, notre société sature de ce jeunisme fanatique qui inonde nos médias d'autant que ceux-ci s'en font l'écho complaisant. La mode rebelle a envahi tous les étages de la pensée, comme si cette particularité d'une jeunesse désoeuvrée était l'aboutissement de la pensée en action. Le moyen, la modalité, a pris le pas sur la fin : l'important, c'est d'être jeune, d'être rebelle, de défrayer la pensée unique, et au Diable le reste...

Commentaires

  • "l'une des clefs de l'ordre retrouvé, et de la réussite des établissements scolaires, c'est d'en déloger ceux qui sont incapables d'y évoluer."

    Mieux : enlever l'obligation de scolarité, purement et simplement. Immédiatement, comme l'éducation ne sera plus un dû ni un droit mais le privilège de ceux qui ne foutent pas le boxon, le nombre de petits cons dans les établissements va chuter.

    Et immédiatement aussi, les parents responsables sauront rapidement ce qu'il en coûte (pour eux et leurs enfants) de leur laisser la bride.

    Quant aux parents totalement irresponsables , ils forment déjà des générations d'enfants perdus. Peut-être est-il temps de s'occuper de ceux qui ne le sont pas encore ?

  • "Associer les familles..."
    Oui, c'est une solution, pour éviter certains débordements: une charte à l'usage des parents membres des associations de parents d'élèves.
    Cela fonctionne ;)
    Pour le reste je nuancerai en fonction de la gravité des "délits", certains enfants sont récupérables et parfois un seul changement d'établissement suffit à faire "rentrer dans le rang".
    Un règlement affiché pour le primaire dans la cour BIEN VISIBLE, deux colonnes: J'ai le droit de... ET son opposé établi collectivement lors des "vies de classe", par exemple.
    Un règlement intérieur de l'établissement signé à la fois par l'élève et ses parents, "un homme averti en vaut deux".
    @+

  • @h16
    Ce que tu proposes comporte plus d'inconvénients que d'avantages. Que faire des adolescents laissés à eux-mêmes ? Il n'est pas souhaitable que tous suivent la même voie, mais il faut proposer des solutions à tout le monde. En revanche, ceux qui foutent le bordell, il me semble normal et de bonne gestion de coller les allocations qui leur sont attribuées sous tutelle.

  • En accord moi aussi avec tes idées, c'est à dire laisser les parents d'élèves participer à la vie scolaire. En leur absence, certaines dérives d'enseignants risqueraient aussi de passer inaperçues.

    Par contre, ce que dit Martine concernant la signature d'une charte par les parents, devrait aussi se faire sous forme d'un engagement de chaque élève vis à vis de l'établissement, même et surtout s'il n'est pas majeur. Ce serait vraiment une bonne manière de le responsabiliser un peu plus. Cela se fait peut-être déjà d'ailleurs ?!
    Personnellement, je proposerais de faire des audits organisationnels dès le collège, carrément des écoutes organisées des élèves, anonymes bien sûr, mais avec l'accord des parents. De manière à leur montrer que leurs attentes sont prises en considération. Cela fait s'approprier par le jeune le projet d'éducation dont il a choisi les options.

  • Tu devrais me relire Francoise...

  • De mon temps (il n'y a pas si longtemps), on signait déjà le règlement intérieur

    De là à dire qu'on le lisait ...

  • Bah Vincent, ce n'est pas bien, il faut toujours lire ce que l'on signe, cela peut éviter bien des déconvenues. :)

  • Mea culpa ! Première lecture incomplète en effet Martine au sujet de "ta charte".;-)

    Mais un audit des jeunes me semblerait une action super adaptée pour diminuer l'agressivité de certains.

  • Un audit, mais pour quoi faire? Un établissement scolaire n'est pas une entreprise, il faudrait cesser de jeter l'argent par les fenètres à tort à travers.
    Ensuite chaque établissement a ses particularités, alors les grandes consultations...

  • Tout le monde sait qu'un audit organisationnel n'a strictement rien à voir avec un audit financier bien sûr...
    Et qui a dit que ce serait forcément payant ?!!!

    Et si ce l'était, comment peux-tu dire avec un tel aplomb, Martine, que les décisions prises après une écoute organisée comme celle-ci ne seront pas bénéfiques à une structure dont le fonctionnement regroupe justement plusieurs corps de métiers ?!

    Un collège ou un lycée doivent au contraire être considérés comme des entreprises : direction, comptables, secrétaires, personnel enseignant ou personnel d'entretien ne seraient ici que des fournisseurs... au service d'une noble cause ! Leur "clientèle privilégiée" ne serait-elle pas justement l'ensemble des enfants et des jeunes ?! Chacun ayant des droits et des devoirs.
    Sans élève, il n'y a pas de prof je crois.

    Et pour qu'un enfant, comme tout adulte, se sente considéré, il faut lui montrer d'abord qu'on l'a écouté et ensuite lui demander de respecter les engagements pris en commun accord.

    Ce n'est pas de la permissivité ou du laxisme que d'écouter un enfant, c'est juste l'aimer. Mais ça tu le sais bien je crois. Par contre après, une fois les décisions prises, il faut rester ferme dans les choix. Un enfant n'a besoin que de repères et d'affection.

  • @Francoise,
    Te suggère d'intervenir dans les établissements scolaires directement, ensuite pourrons nous parler. :)))

  • Ah, petite précision: il ne s'agit pas d'étaler les "souvenirs de guerre", n'est-ce pas? Mais un suivi récent.
    Ensuite, tu es intervenue à propos de la dette, ici meme...
    Chaque établissement est différent, donc audit pour chacun, à défaut cela n'a aucun sens!
    Simple cohérence.

  • Un excellent article, dont je ne changerais pas la moindre virgule.

  • Tiens, je m'étais fait la même réflexion en lisant l'article de Marianne : il faut absolument augmenter la coopération entre l'établissement et les parents, c'est mêmes une des clés de la réussite.

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