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Synesthésie

Je lisais un article du Figaro sur une nouvelle molécule prometteuse pour l'autisme : elle permettrait d'améliorer les facultés de communication des autistes. Ce-faisant, je suis passé à la page wikipedia qui concerne le Syndrome d'Asperger, que l'on intègre dans la sphère autistique, puis sur celle de Daniel Tammet, un savant britannique autiste de haut niveau. Ce-faisant, je me suis intéressé à son témoignage, et notamment à sa faculté extraordinaire pour effectuer des opérations mathématiques : il explique qu'il ne voit pas les résultats sous forme de chiffres, mais sous celle d'un paysage. Peut-être des positions dans l'espace, mais comme il n'a pas développé sa réponse, je n'en sais pas plus.

On appelle ce phénomène synesthésie. C'est très étrange. Des poètes comme Rimbaud (Une Saison en Enfer, Voyelles) ou Baudelaire (Correspondances) se sont risqués à cet exercice poétique. Je me représente aisément le pianocktail de Boris Vian, dans l'Écume des jours, et je me dis que ceux qui pourraient boire une flûte enchantée sont des gens chanceux. L'université d'Edimbourg en Écosse étudie de près le phénomène. Intéressant : si j'ai bien compris, la réification (c'est à dire le fait de rendre perceptible et concret, en simplifiant) d'abstractions paraît un biais psychologique prometteur pour accéder à des mécanismes complexes. Or, il semblerait que cette faculté soit très développée chez les savants. Toutes proportions gardées, cela me fait penser un peu à la méthode Montessori en mathématiques, avec son boulier.

Il y a des témoignages très intéressants sur la visualisation spatiale du temps, chez certains synesthètes.

Du coup, je me demande s'il existe un moyen de travailler cette faculté, et si elle est native ou non en tout être humain. En principe, le phénomène est  d'origine biologique et semble même avoir un caractère héréditaire.

 

Commentaires

  • Il semble en effet que les calculateurs prodiges ont en commun cette façon de "visualiser" les chiffres. Le plus brillant d'entre eux, Paul Lidoreau, expliquait exactement la même chose. Et j'ai vu récemment à la TV l'interview d'un calculateur prodige qui expliquait que pour lui chaque nombre (y compris les plus énormes) avait une couleur et une forme particulières.

    Cela étant, méfions-nous : il ne faut pas forcément prendre ces descriptions au pied de la lettre. Il peut s'agir d'une façon de décrire un processus intellectuel suffisamment étranger à celui-là même qui le vit pour que les mots soient insuffisants à le peindre.

    Par ailleurs, les capacités de calcul phénoménales ne vont pas toujours de pair avec les capacités d'abstraction nécessaires pour faire un scientifique de très haut niveau. Si le mathématicien indien Ramanujan ou le physicien français Ampère étaient aussi des calculateurs prodiges, Einstein avait (paraît-il) certaines réticences à calculer. Et à l'inverse, des calculateurs prodiges comme Lidoreau ou Inaudi n'ont jamais brillé dans les disciplines scientifiques.

  • Billet très intéressant, surtout pour une maman concernée.
    Justement notre petit Wolfgang avec son Asperger a une mémoire prodigieuse, la bosse des maths (après cette semaine de vacances, il passe d'ailleurs dans la classe d'un an supérieure pour le cours de mathématiques, car même avec un programme individuel plus avancé, c'est encore trop facile pour lui, puis il doit absolument améliorer ses relations sociales : ce sera une plongée dans une classe ordinaire pour lui, avec des enfants plus âgés sans le soutien de l'orthopédagogue).

    Ce que tu m'apprends là sur la synesthésie m'interpelle, car en ce moment il étudie les 5 sens à l'école et parfois je trouvais ses propos s'y rapportant un peu ésotériques.
    J'étais un peu perplexe, mais comme il souffre d'hyperacousie et a souffert d'une phobie de la nourriture solide, je pensais que cela pouvait être lié.
    Mais toutes les pistes sont à explorer, et je garde cet article dans mes favoris.
    Merci beaucoup,
    Isabelle

  • Bonjour Isabelle
    A vrai dire, j'ai pensé à toi en rédigeant cet article. Qui sait ? Tu es peut-être la mère d'un futur savant brillantissime. En tout cas, au niveau de ses représentations, ce serait intéressant de discuter avec lui pour comprendre comment il perçoit les choses. C'est un pouvoir formidable que d'avoir la capacité de réifier les concepts et les abstractions.
    Pour les relations sociales, je n'ai pas de données en dehors de l'article du Figaro que je cite.

  • @Luciole,
    Vraiment, ton fils porte un très joli prénom, j'aime beaucoup. :)

  • Merci César,

    Evidemment, ce qui nous importe le plus, c'est que notre enfant soit heureux, mais je dois dire que ton article m'ouvre une nouvelle perspective pour mieux le comprendre.

    J'aborderai cette question avec lui, bien sûr, mais aussi avec ses instituteurs.

    En ce qui concerne les relations sociales et l'autonomie, c'est le point sur lequel nous devons le plus porter nos efforts avec Wolfgang, mais cela se fait avec une excellente coordination entre l'école et les parents, sans laquelle les résultats sont bien moindres, quelle que soit la problématique, et c'est aussi pour cela que je rejoignais ton avis dans ton autre article sur M. Brighelli.

    Bonne soirée,
    Isabelle

  • @Martine : merci, nous habitions alors en Flandres, qui est plus d'influence germanique, mon mari désirait ce prénom, puis il s'était rendu compte que "Wolf" tout court était plus répandu en Flandres, mais j'ai vraiment insisté pour revenir au 1er choix.
    Ses 2 autres prénoms sont Adrien et Avenant, pour le 3e mon mari a bien dû l'épeler au guichet de l'état-civil.

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