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Société - Page 17

  • Oh happy men, oh happy day !

    Qui ne connaît pas le célébrissime gospel oh happy day ? Je changerais bien quelques paroles juste pour saluer la très heureuse initiative de managers masculins d'entreprise : un véritable engagement pour faciliter parité et égalité de traitement entre hommes et femmes dans l'entreprise. Ils s'appellent eux-mêmes les happy men.

    C'est tellement rare et inattendu, un telle initiative, qu'il ne faut pas manquer de la signaler quand elle voit le jour. Le collectif publie une liste de 33 engagements possibles, mais je subodore qu'elle n'est pas fermée, et invite ceux qui veulent les rejoindre à en signer un et à le publier sur leur Mur des Engagements.

    Ce qui est astucieux c'est que ce collectif a bien compris qu'il y a un lien intime et indissoluble entre ce que chacun fait de sa vie privée, notamment familiale, et le progrès de l'égalité professionnelle.

    On trouve par exemple l'engagement de prendre pour une année son mercredi après-midi pour s'occuper de sa fille ou encore celle de refuser d'organiser des réunions après 17h00.

    Les pères divorcés sont invités à parler de leurs contraintes familiales à leur manager ou encore, en réunion, les responsables veilleront que les femmes puissent s'exprimer autant que les hommes.

    Bref, le site fourmille de très bonnes idées et je les appuie totalement. Je crois que ce sont des projets de ce type qui font avancer les choses plus que toute autre manière de procéder. 

    Si le collectif vise les hommes, les femmes y sont bien sûr les bienvenues et elles peuvent devenir des «Happy men girls friends».

    Enfin, on peut impliquer des entreprises : j'ai pris bonne note des partenaires s'associant ouvertement à cette belle initiative : Orange, Crédit Agricole, Accenture, BETC, Companeros, GDF-Suez. Bon début, on attend évidemment les autres...

    On a parlé beaucoup en mal de France Telecom (donc Orange) ces dernières années pour son management, mais, cette fois, saluons-là d'avoir été désignée meilleur employeur pour les femmes par Challenges en 2012 et l'objectif fixé par Stéphane Richard, son PDG, d'atteindre le seuil de 35% de femmes dirigeantes à relativement court-terme.

    Dernier point, je conseille également la lecture de la FAQ du collectif : par un jeu de questions-réponses, elle précise la philosophie générale des happy men et ses convergences ou divergences avec d'autres formes d'engagement pour les femmes.

  • Choses minables lues à propos de Leonarda

    D'une certaine manière l'affaire Leonarda a un effet cathartique inversé : elle permet d'ouvrir les fosses septiques partout où elles étaient fermées.

    Que la famille de Leonarda soit devenue difficilement défendable, c'est un fait et je l'ai écrit. Cela ne justifie en aucun cas le tombereau d'ordures qui tombe sur la jeune fille. Ok, elle était absentéiste dans son collège, ok elle a du mendier deux ou trois fois (sans doute sur l'inspiration de son père ou de sa mère) mais cela n'en fait pas une criminelle pour autant.

    Je continue à lire l'Didier (faut toujours se tenir au courant de ce qu'écrit la réacosphère) : il aurait mieux fait de laisser sa plume de côté ce jour-là. Pourquoi ? Parce qu'en arriver à écrire  «de toute façon, elle ne doit pas être une meilleure mère que le père n'est un bon père, sinon il y a beau temps qu'ils auraient mis leur boudin au régime et lui aurait payé une séance d'épilation des sourcils avec l'argent de la mendicité rapporté par les plus petits» c'est quand même tomber particulièrement bas.

    Bordel, faut se calmer l'Didier (et les autres qui approuvent), c'est une adolescente de 15 ans, rien d'autre. Une cible un peu facile, non ? Même pas honte, en plus, je parie.

    Jusqu'à nouvel ordre, on peut encore espérer que cela ne soit pas la perfection physique qui devienne un critère d'éligibilité à la nationalité française faute de quoi une quantité conséquente de réacs risquent de jarreter en même temps que notre jeune Rom. 

    Bon, je me doute que le monde merveilleux (oserais-je dire le grand lebensraum sans me prendre une volée de points Godwin ?) de mes tovaritchi reacovitchi est un gigantesque défilé de mode, mais jusqu'à nouvel ordre, notre société n'en est pas encore là (encore que...suffit de considérer le jeunisme ambiant et les invitations consuméristes à se faire plantureuse et anorexique pour se dire qu'on en est pas si loin...).

    NDLR : caramba ! A chaque billet je me dis que je vais passer à autre chose mais je lis une nouvelle crétinerie qui m'oblige à réagir.

  • Leonarda et sa famille ne sont plus défendables

    Après le rapport d'inspection, difficile de donner tort à Valls dans l'affaire Leonarda.

    Je viens de récupérer le dossier de l'Inspection Générale de l'Administration dans l'affaire Leonarda. Après ce que je viens de lire, très difficile de donner tort désormais à la préfecture ou à Valls.

    Cela n'enlève rien à ce que j'ai dit, toutefois, et je n'en juge pas moins inquiétant que Leonarda ait été condamnée par autant de gens en l'absence des éléments dont je dispose, désormais. En voici un extrait vraiment significatif :

    2.2. CONCERNANT LE REFUS D’ADMETTRE EXCEPTIONNELLEMENT AU SEJOUR DE M. RESAT DIBRANI :

    Le préfet du Doubs a refusé la demande d’admission exceptionnelle au séjour de M. DIBRANI et lui a signifié une obligation de quitter le territoire le 19 juin 2013. La durée de résidence en France de M. DIBRANI, entré irrégulièrement sur le territoire le 26 janvier 2009, ainsi que la durée de scolarisation des enfants auraient pu conduire le préfet à accorder, à titre dérogatoire, une autorisation provisoire de séjour.

    Il ne l’a pas fait, considérant que le comportement général de l’intéressé ne dénotait pas « une réelle volonté de s’intégrer à la société française ». Il s’appuyait notamment, pour l’affirmer, sur les faits suivants :

    - au sein de l’établissement qui l’héberge, un refus de rencontrer l’interprète, un mauvais entretien de l’appartement que la famille occupe, le stationnement devant l’immeuble de plusieurs véhicules hors d’usage lui appartenant, des insultes adressées à l’encontre de la directrice et des personnels sociaux ;

    - des absences répétées des enfants au sein des écoles et collèges qu’ils fréquentent ;

    - une absence de recherche sérieuse d’emploi alors que l’offre est, dans l’arrondissement de Pontarlier, réelle.

    La mission rappelle pour sa part que la demande de M. DIBRANI de se voir reconnaître le statut de réfugié a été rejetée par trois fois dont une en appel, qu’il n’a pas respecté les mesures administratives prises à son encontre (2 obligations de quitter le territoire et une obligation de pointage), que tous ses recours devant les juridictions ont été rejetés.

    Par ailleurs, selon les témoignages d’élus et de personnes qui l’ont accompagné depuis son arrivée à Levier :

    - M. DIBRANI n’a jamais donné suite aux propositions d’embauche qui lui étaient faites, et il ne cachait pas attendre le versement des prestations familiales qui suivraient sa régularisation pour assurer un revenu à sa famille ;

    - il n’a jamais présenté de permis de conduire alors qu’il se prétendait chauffeur de poids lourd ;

    - il a donné trois versions différentes des raisons pour lesquelles il ne pouvait pas produire de pièce d’identité.

    L’un des élus, conseiller général, qui a suivi 5 familles de déboutés du droit d’asile, dont deux kosovares, a signalé que la famille DIBRANI était la seule qui ne s’était pas engagée dans un processus d’intégration, que l’ensemble des efforts fournis pour lui venir en aide avaient en définitive échoué. Il a également souligné l’absentéisme de certains enfants.

    Selon les données recueillies par la mission, les absences de Léonarda au collège sont de 66 demi-journées en 6e, 31 en 5e, 78 en 4e et 21 ½ depuis le début de l’année scolaire actuelle.

    L’un des professeurs de Léonarda rencontré par la mission a en revanche souligné sa volonté d’intégration et ses progrès.

    Plusieurs témoignages, dont celui de la directrice du centre d’accueil où la famille résidait, ont fait état du défaut d’entretien du logement mis à disposition de la famille et des problèmes de voisinage qui en ont résulté. La famille a d’ailleurs laissé ce logement dans un état de dégradation avancée. D’importants travaux seront nécessaires avant que ce logement puisse de nouveau accueillir une famille de demandeurs d’asile ; les photos produite à la mission ne laissent pas de doute à ce sujet. Une procédure a en outre été établie auprès de la gendarmerie le 26 août 2013 pour différend de voisinage.

    M.DIBRANI n’a pas hésité à user de menaces afin d’éviter d’être expulsé de cet appartement. Il a indiqué qu’il ferait exploser une bouteille de gaz devant l’ancien maire de Levier et un membre du réseau de défense des sans-papiers. Aux agents de l’office français d’immigration et d’intégration, qui lui proposaient une aide au retour (8500 €, la première fois ; 10 000 € une deuxième), il a annoncé qu’il tuerait sa famille s’il était expulsé.

    M.DIBRANI a également été placé en garde à vue pour un cambriolage par la communauté de brigade de Saint-Vit le 14 octobre 2010. Il a aussi été mis en cause comme auteur dans un vol commis dans une déchetterie à Levier (communauté de brigade de Pontarlier).

    Enfin, les filles aînées de M. et Mme DIBRANI ont été prises en charge par les services sociaux du conseil général après avoir fait état de violences exercées par leur père (placement en garde à vue pour violences sur mineur par ascendant à la communauté de brigade de Pontarlier le 15 janvier 2013), mais elles se sont ensuite rétractées. Selon l’avis d’un conseiller général, rester dans le foyer où elles avaient alors été placées aurait favorisé leur intégration, elles n’ont pas saisi cette chance.

    Je ne voulais pas épiloguer mais ce cas n'est pas défendable. Quant à Leonarda, quand on prétend vouloir faire des études en France, on le prouve en étant au moins présente en cours. Et je m'abstiens de commenter son arrivée au Kosovo car elle a menti en affirmant devoir dormir sur un banc. En réalité, les autorités kosovares ont donné tout de suite une allocation à sa famille et un logement. Je l'ai appris également ensuite.

    L'offre de François Hollande à cette jeune fille pas très sérieuse me paraît particulièrement généreuse compte-tenu que toute cette famille a bien cherché ce qu'il lui est arrivé.

  • Leonarda, épilogue

    J'ai eu confirmation de ce que je craignais un petit peu dès le début : comme je le disais dans mon premier billet j'ai globalement confiance en l'humanité de Valls ou de Hollande et plus généralement de la gauche dans le domaine de l'immigration. Je me doutais en mon for intérieur que la famille de Léonarda n'avait pas été expulsée par hasard, surtout quand la préfecture a laissé entendre qu'elle ne présentait pas de perspectives d'intégration économique et sociale.

    La vérité est tombée aujourd'hui.

    Le père a été condamné pour plusieurs vols, qualifiés pudiquement de larcins, et, semble-t-il, on le soupçonnait de violences sur sa femme et sur ses filles. Pour le reste, toute la famille vivait de l'aide sociale. Je l'ai écrit dans mon précédent billet, ce sont les enfants, au final, qui paient les pots cassés. Le père est un sacré connard. Malhonnête, violent et paresseux, c'est lui qui méritait et de loin l'expulsion. Il faut être sacrément sans gêne pour voler les habitants du pays auxquels on demande l'asile. Menaçant de faire exploser le foyer où il était logé s'il était expulsé, l'individu ne mérite aucune compassion d'aucune sorte.

    Je n'ai pas d'avis sur son épouse, je n'ai pas d'informations à son sujet. Je note simplement que j'ai connu des immigrés en situation disons, non-régularisée, qui faisaient des pieds et des mains pour travailler. Cela n'avait pas l'air d'être son cas. Mais les enfants, eux, n'y sont pour rien. Je me suis douté dès le début que les parents avaient laissé à dessein leur fille participer à sa sortie scolaire : ils savaient qu'ils étaient convoqués ce jour-là pour un départ immédiat. C'eût été de bonne guerre s'ils n'avaient rien eu à se reprocher.

    Je dis la famille, mais je pense au père. Un individu qui n'a jamais pris la peine de travailler à ce que je comprends. 

    Mais justement : puisqu'il est à peu près établi qu'il battait ses enfants, je peux savoir pourquoi on tient ces derniers pour comptables d'avoir été battus et pourquoi on les renvoie avec un individu aussi paresseux que brutal et sans vergogne ? La logique eût été de les mettre à l'abri sur notre sol, pas de les laisser à sa merci en un endroit où la protection de l'enfance est quasi-inexistante...

  • Leonarda : overdose compassionnelle ?

    J'ai lu successivement les réactions de Sarkofrance, blogue de gauche modérée et du Parisien Libéral, blogue de centre-droit après l'expulsion de la jeune rom kosovar Leonarda et de toute sa famille en Albanie (au fait, ils sont Albanais ou Kosovars ???).

    Si je ne retire pas un mot de ce que j'ai écrit hier, je crois que l'un et l'autre ont raison, jusqu'à un certain point dans leurs analyses. Juan est touché par ce qui vient de se passer mais il admet qu'on ne peut pas régulariser tout le monde. Et le Parisien Libéral dit à juste titre que notre protection sociale contribue à créer un fort appel d'air de l'étranger.

    Ce qui m'attriste, c'est qu'au moins sur la Toile (mais je crains les sondages qui sortiront sur le sujet), il y a une écrasante majorité de Français pour estimer légitime l'expulsion de Leonarda. Nous en sommes arrivés à un point d'empathie zéro ou presque, c'est bien pour cela que j'écris en titre "overdose compassionnelle".

    Interviewer la jeune fille, la montrer désespérée, laisser voir qu'elle s'exprime parfaitement en français laissent de glace les Français. La sphère médiatique, le tout bien-pensant, souvent parisianiste, sont victimes des méthodes qu'ils appliquent sans discernement depuis des années. La réserve de compassion des Français étant largement vide, le sentiment qu'on se fout souvent de leur gueule et qu'on leur ment font le reste. A cela s'ajoute une campagne haineuse contre les Roms depuis plusieurs mois.

    Pour ma part, comme libéral, je pense toujours aux destins individuels brisés dans ce genre d'histoire. Que va faire cette jeune fille qui n'a connu que le français ou l'italien comme langue ? Que vont faire ses frères et soeurs ? Tout le monde s'en fout. Ils peuvent bien crever la bouche ouverte, en somme.

    Si nous n'avions pas accueilli à tour de bras 200 000 immigrés en moyenne pendant des années, certainement resterait-il des réserves d'émotion pour cette enfant. Et dans le même temps, je m'étonne de son expulsion alors que j'ai connaissance tous les jours de délinquants mineurs ou non d'origine étrangère que l'on naturalise ou que l'on autorise à rester en France.

    J'avoue ma perplexité. Quitte à établir des priorités pour l'accueil d'étrangers on pourrait déjà commencer par considérer les troubles à l'ordre public. Bref, il y a des gens qui n'ont rien à faire chez nous qui y restent et d'autres qui me paraissent paisibles que l'on chasse. Allez comprendre la logique.

    Puisqu'enquête administrative il y aura, et que l'opinion s'est saisie de cette affaire, il paraît légitime qu'elle soit informée des suites. J'aimerais par exemple savoir pourquoi la préfecture a jugé que cette famille ne présentait pas de perspectives d'intégration sociale et économique.

    Mais je voudrais ajouter encore une chose : nous ne choisissons ni nos parents ni nos frères et soeurs. Il se peut que les parents, le père ou la mère, soient restés à attendre les minimas sociaux et aient vécu de cette manière. Je n'en sais rien. Il n'en reste pas moins que ce sont les enfants qui paient les pots cassés, dans cette histoire. Qui faut-il accuser ? Je ne le sais pas, mais je me mets à la place de cette jeune fille désormais déracinée et de tous ceux qui l'ont connue.

  • Leonarda : dura lex sed lex ?

    L'expulsion de la jeune Léonarda et de sa famille n'a à mon avis pas fini de faire des vagues. J'avoue avoir été interpelé par la méthode utilisée. Si je comprends la nécessité d'appliquer une loi j'ai du mal à admettre que l'on alpague une jeune fille de 15 ans  au beau milieu d'une sortie scolaire avec sa classe.

    J'ai un a priori plutôt favorable envers les Socialistes sur le respect des procédures en matière d'immigration et je ne pense pas que des gens comme Hollande ou Ayrault donnent leur accord à la légère dans ce domaine.

    Le problème avec les lois c'est que par nature elles finissent toujours par télescoper frontalement le réel. 

    Dans le principe, je suis le premier à dire qu'il faut en finir avec une immigration excessive, mais dans la pratique, si j'avais été l'enseignante de cette jeune fille, ayant tissé des liens affectifs avec elle, je ne promets pas que je n'aurais pas cherché à la cacher voire à prévenir la famille d'un rixe d'expulsion.

    Si j'étais le père d'un des enfants qui étaient dans le bus, je pense même que j'aurais été furieux de cette reconduite forcée et que j'aurais signé toutes les pétitions possibles et imaginables, même d'organisations ou d'associations que je ne goûte guère habituellement, pour obtenir son retour. Je n'imagine même pas ce qu'il en aurait été si elle avait été la petite amie de mon fils. Je crois que là encore, je l'aurais cachée moi-même.

    Évidemment, j'attends d'en savoir plus d'autant que la préfecture assure que cette famille ne présentait pas des garanties valables d'intégration sociale et économique.

    Valls a été sage, dès sa prise de fonctions, de bien se garder de fixer un objectif chiffré pour les reconduites à la frontière. Traiter au cas par cas ces situations, c'est la position de Bayrou de longue date et je la trouve bonne. Alors bien sûr, l'emballement médiatique empêche souvent d'examiner sereinement des faits et peut-être que la préfecture a de très bonnes raisons de faire partir cette famille. Nous le saurons sans doute un peu plus tard, une fois que le ballon aura dégonflé et, sur ce point, Hollande s'est montré prudent et réfléchi, annonçant qu'il ne se prononcerait qu'une fois qu'il en saurait plus.

    Je n'en crois pas moins que notre pays s'honorerait à se montrer capable d'entorses au droit qu'il fixe quand il s'agit d'humanité ordinaire.

    Polynice n'aurait jamais eu de sépulture si Antigone n'avait pas invoqué la légitimité de l'amour fraternel face aux lois de Thèbes et de Créon.

    Dans tous les cas de figure, il est sain, dans ce pays, qu'il reste des personnes et des responsables politiques pour exiger des explications quand il y a une prise de décision qui ressemble tout de même fortement à un dérapage. Daniel Schnedeirman qui a l'intelligence chez Rue89 de comparer la version des faits de la famille et celle de Valls conclut à raison, me semble-t-il par ces mots : 

    «ce pouvoir, comme le précédent, n’est pas à l’abri d’une nouvelle affaire Ivan. On frémit en tout cas à l’idée que la version Valls aurait pu être la seule (ou même la première) disponible.»

  • Interdire les concours de mini-miss, c'est du constructivisme ???

    J'ai été un peu scié par la charge de Baptiste Créteur sur Contrepoints, dénonçant l'excellente initiative de Chantal Jouanno et le vote du Sénat qui s'est ensuivi.

    Je crois l'avoir déjà écrit ici, les enfants ne sont pas la propriété exclusive des familles. On ne peut pas les ramener à la propriété individuelle. Pas plus que leur éducation. Les inscrire ou non dans un concours de beauté ne relève donc pas d'une expression de la liberté. Non, cela relève plutôt d'une merchandisation précoce des corps dont on peut discuter quand il s'agit d'adultes mais en aucun cas pour les enfants.

    Quoi qu'en pense Baptiste Créteur, il existe une morale publique et les individus n'en sont pas les seuls garants. Parce que sinon, on peut aussi décréter qu'il relève de la responsabilité des familles de décréter que leurs enfants intègreront des mouvements sectaires ou deviendront les jouets sexuels d'adultes libidineux (bon, ok, j'ai mérité un point Godwin).

    Personnellement, je reçois très bien les observations de Chantal Jouanno qui juge qu'il ne faut pas laisser croire à nos très jeunes filles que l'apparence est le seul critère de leur valeur en société. Je pense que c'est psychologiquement dévastateur. Mais c'est en même temps le cheval de Troie de la critique qu'adresse astucieusement Baptiste Créteur en renvoyant la loi à une tentative de régir la morale privée.

    Je pense qu'il n'existe pas de morale entièrement privée ou entièrement publique. Les sociétés se constituent autour de valeurs communes qui leur permettent de vivre harmonieusement. La protection des enfants appartient à ces valeurs fondatrices.

    L'enjeu du débat juridique est donc de démontrer que les concours des mini-miss vont bien contre l'intérêt des enfants, pas de dire que d'accorder ou non de l'importance à la beauté est immoral ou non.

    Ce qui est immoral, c'est de se servir de sentiments chez les enfants pour en faire commerce, dans un monde d'adultes de surcroît.

    Je me demande d'ailleurs ce qu'il peut bien y avoir dans la tête de gens qui classent des petites filles selon leurs courbes (naissantes ou non), leur taille et l'aspect de leur visage. Au mieux, une incroyable absence de scrupules, au pire, des choses tellement sales que le seul fait de les évoquer me répugne.

    Mon camarade libéral mérite bien son point godwin lui aussi en associant le refus de ces concours à un jugement de valeur sur la pornographie (mais, au fait...il admet donc qu'il y a une relation ?...) et en proposant la réécriture des contes qui évoquent des princes charmants.

    Je ne vais pas me lancer dans une longue démonstration, mais je crois clair pour à peu près tout le monde dès que l'on use de son sens commun, que l'attrait pour les contes des enfants n'a strictement rien à voir avec le goût douteux d'individus peu scrupuleux pour ces concours de très jeunes filles. Et j'ajoute que chez l'enfant lui-même, les deux moteurs n'ont rien de comparables : quand une petite fille  lit un conte, ce sont ses représentations qui la construisent, pas les désirs malsains de ceux qui la regardent.

  • Le dimanche, Dieu aussi se reposa...

    C'est un serpent de mer, le travail du dimanche. On le voit réapparaître régulièrement. Les choses me paraissent pourtant très claires et suffisantes avec la loi actuelle. Une telle possibilité devrait être réservée aux commerces de proximité, ne pas pouvoir être imposée aux salariés et faire l'objet d'un salaire horaire nettement supérieur au salaire de la semaine (de +50% à +100%).

    Je me méfie des grandes enseignes qui affirment que leurs salariés veulent travailler le dimanche. Je vois venir très vite les pressions qui vont s'ensuivre. Restons-en à la loi actuelle. Je suis d'avis de faire payer à Castorama et Leroy-Merlin l'astreinte que la loi prévoit jusqu'à que l'un et l'autre renoncent à leur projet. Sans surprise, les blogueurs de gauche partagent le même avis que moi sur la question.

    Je ne me polarise pas sur le dimanche, du moins quand les salariés n'ont pas d'enfants, mais le principe d'un jour de repos par semaine doit être incontournable.

    En semaine, en revanche, on doit pouvoir travailler comme on le veut, comme l'observe avec justesse Bayrou. Mais, je précise que le "on" doit d'abord être celui des salariés, et, que là encore, le travail du soir doit faire l'objet de rémunérations supplémentaires.

    Chez mes camarades libéraux, c'est un autre son de cloche, évidemment, mais on ne répond jamais à la question qui fâche : moi, je suis d'accord que les gens fassent comme ils le veulent, mais, le dimanche, ce sont les gens ou les patrons qui le veulent ?

    Je me définis souvent comme libéral, mais au fond, je me demande si je ne suis pas plutôt démocrate-chrétien. Il y a évidemment quelques convergences entre libéralisme et démocratie-chrétienne, mais aussi de sacrée divergences : par exemple, le refus, pour nous autres, démocrate-chrétiens, de tout mesurer à l'aune de la merchandisation. C'est une tendance lourde du libéralisme et c'est un tantinet agaçant.

    Je ne peux en aucun cas faire mienne la conclusion de Vincent qui écrit chez Contrepoints

    Le seul moyen efficace de lutter contre les inévitables "patrons abusifs" qui n'ont pas beaucoup de respect pour leurs salariés est de rendre facile, pour un employé mal traité, de changer d'emploi. Pour cela, il faut une économie dynamique, où des opportunités d'affaires se créent constamment, où le chômage est bas et de courte durée, "frictionnel". Or, l’ouverture nocturne ou dominicale des commerces participe de cette dynamique. Ce n'est pas en tuant toute possibilité de faire du commerce au-delà d'une norme étroite établie par la CGT que l'on créera cette société d'opportunités. Au contraire, dans une économie où la peur du chômage est forte, le "petit chef" autoritaire et anxiogène est roi. Les syndicalistes qui réduisent l’enveloppe globale de travail ne rendent absolument pas service aux salariés dont ils prétendent pourtant défendre la condition.

    Alors, il va y avoir une main invisible qui va amener le plein emploi parce qu'on aura ouvert le dimanche ? Je n'en crois rien. Bayrou a fort justement démonté ce raisonnement : ce que les gens achèteront le dimanche, ils ne l'achèteront pas en semaine. Il n'y aura donc pas de surcroît de croissance mais une concurrence impitoyable entre grandes enseignes et des conditions de travail dégradées. Je n'ai pas le sentiment que c'est en détériorant l'environnement de travail que la France progressera. Ce raisonnement est donc nul et non-avenu. 

    Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu'en ce jour il se reposa de toute son oeuvre qu'il avait créée en la faisant. (Genèse II,4)

  • Les germes de la haine étoufferont la France

    C'est le coeur lourd et empli d'affliction que j'assiste au spectacle aussi désolant qu'inquiétant que donne notre pays avec les Roms. Les propos que l'on entend dans notre pays renvoient à une période très noire de l'Europe. Chacun s'obstine à évoquer les Roms en général, amalgamant toute une ethnie et des problèmes de circulation et de sécurité dont ils ne sont pas directement comptables.

    Je n'aime plus le mot "stigmatiser" parce que la gauche l'a tellement employé à tort et à travers qu'elle l'a vidé de tout son sens. Et pourtant, aujourd'hui, on stigmatise les Roms en général parce qu'il y a des problèmes réels d'aires d'accueil et d'occupation de propriétés privées. 

    Nous ne parvenons pas à gérer la libre-circulation des personnes en Europe : ça, c'est un problème. De nombreuses communes françaises ne mettent pas en place des aires d'accueil pour les nomades. C'est encore un autre problème. Il n'existe par ailleurs aucune association, parmi les populations nomades, qui essaie de trouver une solution privée en acquérant en commun les terrains nécessaires pour pouvoir les louer à prix coûtant à tous ses membres. C'est également un problème. Des propriétés privées sont occupées en France. Cela concerne des Roms, mais bien d'autres populations également. C'est un problème.

    Ce qui est inquiétant, c'est de dire que les Roms sont le problème. Et de le dire en usant d'un article défini, ce qui caractérise toute une ethnie. Bayrou a usé d'un mot très juste pour juger la politique menée envers les Roms en France : malsaine.

    «Il y a un très grand trouble. En axant toute sa communication sur l'expulsion à grand spectacle de quelques centaines de Roms, le gouvernement a créé un malaise profond, jusque dans sa majorité [...] les gouvernants qui méritent le soutien, et qui l'obtiennent, sont ceux qui tirent les peuples vers le haut et non vers le bas. On a tout entendu cet été: nazis, fascistes, indignité nationale... Ce que nous vivons n'est ni nazi, ni fasciste. Le mot le plus juste est: malsain!».

    Merci François Bayrou.

    Je refuse donc, comme Bayrou,  de verser dans un discours haineux. De même que je récuse que l'on évoque les Arabes, les Noirs, les Musulmans ou encore les immigrés pour établir des généralités morales. Il y a des Arabes (mais lesquels ? Quoi de commun entre un Tunisien et un Irakien ?), des Noirs (Et quel serait le trait d'union entre un Éthiopien et un Zoulou ?), des Musulmans (là encore, entre un Alaouite et un Sunnite, ou même, au sein de la Sunna, entre un Wahhabite et un Soufi, que de différences !).

    Bien peu dans la classe politique française parviennent à allier le bon sens et la dignité. Soit ils nient en bloc les situations difficiles qui existent, comme on le fait par exemple chez les Verts ou du côté de la Commission européenne avec Madame Redding (qui a même réussi à exaspérer Bartolone) soit, au contraire, ils vomissent leur haine du nomade.

    Je ne peux que rendre hommage au bon sens et à l'humanité de Marielle de Sarnez pour évoquer ces sujets. Elle l'a compris et dit avec intelligence : 

    «Oui, il y a des choses à dire à propos des Roms, notamment sur l'exploitation des enfants, les vols, les rackets. Parlons-en, mais posément et tranquillement. Je n'aime pas quand on a l'impression qu'il y a dans la politique des arrières-pensées. Je pense que l'on doit faire respecter la loi et l'ordre. Il y a des questions de sécurité. On voit des mafieux qui font venir des groupes en France, qui exploitent des enfants. Ces mêmes groupes repartent, financés par l'argent du contribuable, puis reviennent. Il faut mettre fin à cela. J'attends deux choses de la Commission européenne : d'abord, qu'elle mette la même autorité qu'envers la France pour mettre à mal la mafia. Tous ces enfants que nous voyons dans les rues, c'est de l'exploitation, c'est un système mafieux pour leur apprendre à voler, pour les rendre délinquants. Tout cela ne va pas dans le bon sens. Deuxièmement, j'aimerais que l'Europe nous dise pourquoi en Roumanie, en Bulgarie, les efforts ne sont pas faits. Pourquoi l'argent n'y est-il pas correctement dépensé pour intégrer ces populations ? Si les Roms s'en vont de leurs pays, c'est parce que là-bas ils sont plus que discriminés, ils sont traités comme des sous-hommes. Il faut le savoir ! C'est le rôle de l'Europe que d'imposer à la Roumanie, à la Bulgarie et à la Hongrie que l'intégration se fasse en faveur de ces populations. Il y a des dizaines de milliards d'euros au budget européen pour cela.»

    Merci Marielle.

  • Ils nous cassent les burnes avec leurs Roms...

    Voilà, c'est le sujet à la mode depuis quelques mois : les Roms. Comme si les Roms étaient l'alpha et l'oméga de nos problèmes en France. Le pompon, c'est la sortie de NKM à Paris, suivie, à vrai dire, par Hidalgo, qui, sous couvert de protester, a largement embrayé sur le sujet.

    Je ne sais pas, moi, on pourrait plutôt parler de la circulation, du coût de la vie, des pseudo-logements sociaux qu'Hidalgo assure pouvoir créer, des milliards dépensées en voirie, des millions en fêtes de toute sorte, ou encore des impôts.

    Parlons-en de la fiscalité à Paris : je rigole bien. Hidalgo a assuré ne pas vouloir augmenter les impôts. On parie ce que vous voulez que toutes les autres prestations vont voir leur prix exploser : les places de stationnement vont continuer à se réduire et nous allons payer plus cher ce dernier et plus cher les amendes, le prix des crèches va augmenter, ceux des centres d'animation et tout de cet acabit. Pour faire social, Hidalgo garantira des prix bas aux défavorisés, mais comme il n'y en a plus à Paris, cela ne coûtera pas grand chose. Il y aura une grosse redistribution forcée consistant à ponctionner les classes déjà pressurées pour continuer à assister une clientèle minoritaire mais fidélisée.

    On devrait en parler de tout ça, non ? 

    Et la santé, au fait ? Je le redis, les coûts explosent tandis que des spécialités se font la malle. Ce n'est plus aussi aisé, désormais, d'obtenir un rendez-vous avec un spécialiste et je ne parle pas des hôpitaux engorgés et mal administrés qui absorbent d'énormes crédits pas forcément à bon escient. Loin de moi de vouloir réduire leurs moyens, mais plutôt que de leur réclamer du chiffre, et si, comme le suggère avec beaucoup de bon sens Marielle de Sarnez, on leur adossait des maisons de santé ?

    Tout ça pour vous dire que j'en ai un peu rien à f..., moi des Roms, et que j'aimerais qu'on cesse de me casser les couilles avec les Roms. La dernière trouvaille, c'est la carte des Roms en France, riche idée de l'Opinion, média qui se voulait crédible. Ben ça commence mal. S'il y a bien une polémique artificielle, c'est bien celle de la présence des Roms ou non en France. 

    J'aime bien le sujet de la santé, à titre perso, parce que je ne sais pas où nous allons et je m'inquiète de l'avenir. Je ne sais pas, moi, mais je me serais attendu à ce qu'un journal sérieux et proche des gens publie la carte des pharmacies ouvertes tard le soir, par exemple, ou propose des analyses de fond sur le fonctionnement de nos hôpitaux et compare ce que disent à ce sujet les futurs candidats à la mairie de Paris.

    Ben non. On a le droit à la carte des Roms à la place. Passionnant.

    Bernard Debré assure que les Roms sont un problème à Paris même s'il se défend de vouloir stigmatiser cette communauté. Il pointe les mineurs, les mendiants, les escrocs et cetera.

    C'est un faux problème. Les Roms ne sont ni plus ni moins une menace à Paris que d'autres communautés. Il y a un problème avec l'insécurité et ce problème est global, touchant le traitement de la délinquance quelle que soit l'origine des délinquants. Il y a un problème avec les mineurs délinquants, oui. Avec la mendicité agressive, oui.

    Voilà, c'est tout : pas la peine de blablater sur les Roms, que le gouvernement fasse son boulot et la mairie le sien (par exemple, réaffecter les donneurs de PVs à la sécurité sur la voirie, par exemple...).

    Lâchez-nous avec les Roms, les amis. S'il n'y avait que les Roms comme seul problème en France, ce serait la fiesta tous les jours. Pas de pot, là, c'est plutôt la berezina...