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  • La cible, c'est le proxénétisme, pas la prostitution

    Chaque fois que la sphère politique tente de légiférer sur la prostitution, elle rate immanquablement sa cible. Je n'aime pas trop porter de jugements moraux sur les prostituées. Je pense que leur vie n'est déjà pas simple, alors n'en rajoutons pas. Pas envie non plus de juger leurs clients.

    Ce qui devrait être prioritaire, c'est de lutter contre le proxénétisme et toute forme d'esclavage de ce type en autorisant des lois d'exceptions contre les proxénètes. Puisque par exemple ils tiennent sous leur coupe des filles étrangères et dans l'irrégularité, on pourrait promettre la nationalité française et la réinsertion à celles qui le désirent pour chaque dénonciation de proxénète. 

    Et pour les proxénètes qui se constituent en réseau, menacent, mutilent et assassinent des prostituées sans défense, la prison à vie sans espoir de recours. A crimes d'exception répression d'exception.

    Malheureusement, les pouvoirs publics sont loin de faire de cette lutte la priorité qu'elle devrait être. Une chose me paraît en tout cas certaine : on ne peut pas lutter à la fois contre les prostituées et les proxénètes, car pour venir à bout des seconds, les premières doivent devenir les alliées de la force publique. 

  • L'Express et la Démocratie : il n'y a de grotesque que Barbier !

    S'il y en a bien un que j'ai du mal à piffrer, c'est bien le prétentieux Christophe Barbier. Barbier se pique d'expertise démocratique et se permet de décréter quelle candidature est utile ou non. Et l'individu récidive chaque semaine. Il y a peu il invitait Éva Joly à se retirer ou conspuait Dominique de Villepin. Le voilà maintenant à cracher sur tous les petits candidats. On ne sait par quel miracle, Bayrou trouve soudainement grâce à ses yeux. Voyons voyons que disait Sarko, déjà, à un importun ? Casse-toi pauv'con, un truc comme ça, je crois...

    Il y a de la part de Barbier un insupportable mépris pour les opinions minoritaires. Barbier ne supporte pas les candidats qui font quelques pour-cent. Barbier devrait réfléchir que sur un un corps électoral de 20 millions d'individus, par exemple (et c'est plus en France), 1% représente tout de même 200 000 personnes, soit infiniment plus que tous les suffrages que pourrait un jour réunir sur sa tête Christophe Barbier.

    Avec Bayrou et d'autres amis centristes, libéraux et démocrates, nous nous sommes suffisamment battus pour faire valoir des idées et des visions de notre pays différentes de ce que nous sert régulièrement la soupe prétendûment majoritaire pour suivre le sieur Barbier dans ses éructations et glaviots colorés. Puissent les glaviots lui revenir dans la g... au demeurant.

    Morin, Boutin, Éva Joly ou encore Chevènement ont toute leur place dans cette campagne. Dans son grand mépris, je suppose que Barbier s'est imaginé que ce serait trop d'honneur que de citer aussi Nicolas Dupont-Aignan, Corine Lepage, Nathalie Arthaud ou encore Philippe Poutou.

    Faut-il être crétin pour qualifier Christine Boutin et Éva Joly de Vestales ! Abruti. Sans doute n'a-t-il retenu des Vestales que ce qu'en disent les peplums, c'est à dire des sortes de vierges effarouchées mais affriolantes. En réalité, dans l'Antiquité Romaine, les Vestales étaient  les personnalités les plus respectées de la société romaine, au point que les consuls eux-mêmes leur cédaient le passage. Le veto d'un tribun de la plèbe, pourtant sacro-saint, ne pouvait s'oppose aux déplacements d'une vestale. Voilà qui passe au-dessus du Normalien Barbier, à l'évidence...

    Figurez-vous que ce nuisible appelle les maires à refuser de parrainer ces petits candidats qu'il qualifie de grotesques. Moi, je n'ai vu qu'un grotesque, c'est Barbier, juste bon à cirer les pompes des puissants, exercice dans lequel il excelle.

  • Acheter français ou Made in France c'est mal ?

    Depuis que Bayrou a amené dans la campagne présidentielle le Made in France, on se déchaîne à gauche et à droite. 

    Il est devenu de bon ton d'accuser Bayrou de nationalisme, et mon camarade de Lyonnitudes, tout comme l'équipe d'Éva Joly et même François Hollande n'ont pas manqué de marcher dedans.

    Moi, j'appelle Bayrou à ne pas se laisser intimider. Non, ce n'est pas du nationalisme que d'appeler à acheter la production française ou même de la marque française. J'avoue que c'est très surprenant des Verts qui prônent le localisme que d'attaquer Bayrou parce qu'il fait valoir l'intérêt économique d'acheter ce qui se produit sur notre sol : il me semble que cela se combine très bien avec le concept qu'il développe, l'écologie positive, et puis, Hervé Torchet le démontre clairement dans son dernier billet, il est évident que cela réduit considérablement le bilan carbone du bien produit. Hervé fait au passage une observation de bon sens avec ses AOC qui sont des certificats indiscutables de localisme.

    Il y a plus : Robert Rochefort, ancien président du CREDOC et expert économique du MoDem a fait un calcul très simple dont je rends compte ici : 

    Tous les mois les français dépensent 36 milliards d'euros dans l'achat de produits industriels de consommation. Cela fait un peu plus de 400 milliards d'euros par an. Si l'on change uniquement 10 pour cent de notre consommation, c'est a dire 10 pour cent des produits que l'on achète qui viennent d'ailleurs que l'on transforme en produit que l'on achète en France, cela permettra de réduire de moitié le déficit de notre commerce extérieur, qui s'élèvera cette année à 75 milliards d'euros . Ces 40 milliards de plus vont permettre la relance pour l'activité économique de notre pays sans 1 euro d'impôt en plus.

    L'idée tombe très bien car elle rencontre la volonté du peuple : les Français sont justement prêts à acheter made in France et même à payer 10% plus cher si le produit est certifié production locale.

    Pour répondre au Parisien Libéral, la proposition de Bayrou ne concerne pas la seule indsutrie même s'il faut rappeler que c'est elle qui a la plus forte valeur ajoutée mais toute l'économie dématérialisée, cela va de soi.

    Laurent de Boissieu a judicieusement mis en garde contre une confusion entre acheter français et acheter Made in France. Je pense que Bayrou est clair sur le sujet. Il s'agit bien de Made in France dont il veut parler. Toutefois, le fait d'acheter français ne ferait pas pour autant de lui un nationaliste comme je l'ai entendu, et ensuite, évidemment, le fait d'acheter des marques françaises contribue aussi à l'enrichissement de notre pays. C'est je pense ce que fait observer le Parisien Libéral. Nous sommes d'accord, il s'agit de jouer sur les deux tableaux, mais certainement pas avec des mesures protectionnistes comme veut le faire le Front National.

    A droite, on dénonce un mesurette, mais on s'empresse d'embrayer sur le même discours. Tous ces gens-là, au fond, ne me semblent pas partager une conviction profonde de Bayrou qui est une donnée fondamentale dans sa manière de raisonner. Bayrou, et plus généralement toute la tradition libérale et centriste depuis Montesquieu, a toujours fait de l'individu le centre de toute action. Or, Bayrou croit profondément dans le pouvoir du citoyen-acteur. Le citoyen n'est pas de son point de vue un être passif qu'il faut mener à la shlague ou au contraire qu'il faut couver façons Care à la Martine Aubry. C'est d'abord un individu libre, capable d'agir sur son environnement. Acheter Made in France, c'est agir sur l'environnement économique. Il y a une efficience naturelle du citoyen-acteur en laquelle François Bayrou place une profonde confiance. Il a observé la manière dont l'intelligence collective, quand on ne la recouvrait pas d'une chappe de plomb, se montrait capable de réaliser les productions les plus efficaces et les plus inventives. Wikipedia, par exemple, qui fascine Bayrou. Bayrou est un humaniste car il croit en l'être humain. C'est cela la marque de fabrique de l'humanisme. Il ne suffit pas de le dire pour être un humaniste. Il faut en prendre acte dans son mode opératoire de pensée. 

    Libérer les énergies, les initiatives, c'est l'idée de départ du programme du MoDem, le parti de François Bayrou. C'est aussi pour cette raison que l'État bayrouiste n'a pas pour vocation d'écraser l'individu, ni de se déinstéresser de son sort, pas davantage de prendre des décisions à sa place mais, au contraire, de lui faciliter ses choix, car c'est la liberté de l'individu qui est l'objet principal de cet État-là. Et il y a un lien consanguin, à n'en pas douter, entre la liberté et le bonheur.

    Il est indigne de chercher à culpabiliser les adeptes du Made in France, comme cherchent à le faire ignominieusement la gauche et quelques autres beaux esprits ; il faut au contraire en faciliter le choix par le citoyen en lui garantissant une information fiable, le label à étoiles de Bayrou autrement dit.

    L'humanisme de Bayrou se retrouve à nouveau à travers sa conception du rapport de l'homme à la nature : ce qu'il appelle l'écologie positive. C'est autour des liens que l'homme tisse avec la nature que l'écologie doit s'avancer. Ainsi les abeilles dont les écologistes ne parlent plus assurent 50% de notre alimentation. Pourquoi se concentrer exclusivement sur le nucléaire ? Yan Werhling faisait observer fin novembre que le vrai problème, ce n'est pas tant le nucléaire que les énergies fossiles en général qui nous mèneront immanquablement vers une crise similaire aux crises financières que nous vivons. Bref, notre écologie doit être empreinte d'un pragmatisme certain et dégagé de toutes formes d'idéologie et de jugements moraux en soi. J'aurai l'occasion d'y revenir dans un prochain billet.

  • Les brebis égarées reviendraient-elles vers Bayrou ?

    Jean-Christophe Lagarde, numéro deux du Nouveau Centre et ancien bédouin déjeune très prochainement avec François Bayrou. Pour la première fois depuis bien longtemps, il aborde l'éventualité de soutenir François Bayrou au premier tour de la présidentielle.

    Bayrou a enclenché depuis le mois d'août un vaste rassemblement qui prend de plus en plus d'ampleur d'autant que ses propositions sont validées par les sondages :

    - son Made in France a fait un tabac non seulement dans la presse, mais surtout, et c'est là l'essentiel, dans l'opinion. Moi-même, quand je fais mes petites courses, j'entends les gens en parler dans les maisons de presse ou même dans la rue !

    - un sondage CSA indique que 55% des Français sont favorables à un gouvernement d'union nationale, ce pour quoi plaide Franois Bayrou depuis un moment.

    Espérons que Jean-Christophe Lagarde ne sera pas le seul à se rapprocher de François Bayrou. A vrai dire, tout le centre-droit escompte qu'il se rapproche de Nicolas Sarkozy pour un second tour, arguant de l'insoutenabilité du programme de François Hollande.

    A vrai dire, les candidats sont très prudents : Hollande lui-même a admis que le programme du PS ne pourrait être appliqué sans une conjoncture favorable et l'UMP a fait savoir que son programme pourrait alimenter celui du candidat Sarkozy mais ne l'engagerait pas. A vrai dire, on comprend cette précaution : l'UMP assure vouloir investir 20 milliards d'euros dans l'éducation. Jean-François Copé peut me rappeler de quelle majorité est l'actuel gouvernement qui supprime à tours de bras des postes dans l'Éducation Nationalen, réduit l'offre d'enseignement et fait disparaître des dispositifs d'aide et de soutien (comme le RASED, par exemple) ? Le vieux proverbe le dit : les promesses n'engagent que ceux qui y croient. En somme, le seul qui s'engage sur des choses précises, c'est Bayrou.

    Pour ma part, évidemment, comme tout bayrouiste qui se respecte, j'espère que François Bayrou atteindra le second tour. Dans l'hypothèse où cela ne se produira pas, une chose me paraît certaine : Bayrou ne soutiendra ni un programme irréalisable ni un programme contraire à ses valeurs. Il faudrait donc, dans ce cas de figure, que chaque candidat mette sérieusement de l'eau dans son vin pour espérer le voir prendre position.

    En attendant, j'espère que le plus grand nombre possible de néo-centristes vont rejoindre leur vraie famille, aux côtés de Bayrou, et non dans la majorité de Nicolas Sarkozy. Accessoirement, quel espoir ont-ils d'exister et de peser sans Bayrou ? 

  • Les Français sont des veaux mais pas à ce point-là...!

    Le tovaritch gauche de combat n'a pas manqué de relever la dernière et riche idée qui a traversé l'esprit d'une élue socialiste : l'adjointe du maire de Dijon, Françoise Tenenbaum, suggère ni plus ni moins que des vétérinaires remplacent les médecins dans les zones rurales désertées par la médecine "traditionnelle".

    Je n'ai jamais rien entendu de plus drôle. Mais ce qui me paraît tout de même inquiétant c'est que l'Agence Régionale de Santé de la Bourgogne et l'Ordre des Médecins envisagent d'étudier sérieusement la chose. C'est en tout cas ce qu'affirme Patrick Pelloux le président de l'Association des Médecins Urgentistes de France dans le communiqué que cite le Tovaritch Gauche de Combat.

    Je renvoie simplement en réponse au constat du même Patrick Pelloux quand il a été invité à l'Université de rentrée du MoDem en septembre 2009 :

    On n'a jamais eu autant de médecins. Ils n'ont jamais été aussi mal répartis. Qui plus est, notre métier a beaucoup changé. Dans les années 74 le médecin était celui qui était auprès du malade, au pied du lit du malade. Les années 80 ont vu la naissance d’une nouvelle sorte de médecin, celui qui doit publier en anglais, oubliant qu’il aurait fallu promouvoir la littérature scientifique francophone. Depuis le début des années 2000 : un bon médecin est en réunion parce que celui qui n'y est pas, il travaille et, finalement, ce n'est pas important. Pourtant la médecine c'est être près du malade. Les gens ont besoin de nous. Ce devrait être notre réalité, notre métier, en partenariat avec tous les métiers d'accompagnement, les sages- femmes, les infirmières. Dans le cadre du système qui nous protège : la Sécurité sociale. Ce système ne nous appartient pas. Ce système, à mon sens, on doit le porter pour qu'il soit non pas en déficit chronique, mais meilleur, plus performant, en n'oubliant personne, ni les générations actuelles ni les générations à venir. C’est un gage de sécurité, le nom même de Sécurité sociale. Voilà les éléments fondamentaux sur la santé en France. 

    Quand je pense que Bayrou fait de la Santé, avec la Culture et l'Éducation, l'un des trois biens premiers qui doivent être par-dessus tout sauvegardés...Mon Dieu...!

    A défaut, le président de l'ordre des vétérinaires bouguignons a tout de même accueilli la nouvelle un peu plus fraîchement : 

    «Je pensais qu'il s'agissait d'une plaisanterie. [...] lorsque le diagnostic est complexe, sans connaissance de l'anatomie humaine, on va droit dans le mur. Ce n'est pas la même chose de soigner une vache qu'un homme, il en va de notre niveau de responsabilités»

    Qu'on en soit, au Parti Socialiste, à envisager de remplacer des médecins par des vétérinaires, et qu'une instance aussi importante qu'une Agence Régionale de Santé considère cette option sérieusement me paraît tout de même inquiétant. Mais le pire, c'est que ces andouilles, à l'Express, posent sérieusement la question à leurs lecteurs avec sondage à la clef !!! J'hallucine ! Et attendez, le Figaro juge l'idée judicieuse pour la médecine d'urgence ! Mais ils sont tous frappadingos ! Patrick Pelloux dénonçait le choix de fermer les services d'urgence les uns après les autres, mais on commence à comprendre. Ils vont faire quoi, maintenant ? Augmenter le numerus clausus des vétérinaires ? 

    Moi, je dis, un bon remède de cheval à tous et voilà ! Faut se soigner.

  • Magnifique Électre !

    Aaaaah : un peu de littérature dans ce monde de brutes, c'est raffraîchissant :-) On m'a offert récemment une tablette ArchoS orientée liseuse, et, du coup, je suis à la recherche d'ebooks gratuits en attendant de trouver les payants que je cherche. J'ai donc trouvé http://www.ebooksgratuits.com/ qui recèle une grande quantité de livres électroniques gratuits dans des formats variés, à commencer par Epub, celui que ma tablette met le mieux en forme.

    Je lis toutes sortes de choses, mais ceux qui me connaissent savent aussi que j'ai un goût particulier pour les humanités classiques et notamment les auteurs grecs antiques. C'est là où le bât blesse. Peu de droits s'avérant libres, me voilà condamné à me coltiner les traductions du XIXème siècle. Lourdes, précieuses au possible façon romantisme, c'est quelque peu indigeste. On s'extasie devant les traductions de Leconte de Lisle, eh bien pas moi. Son Odyssée et son Iliade sont d'un ennui mortel. A vrai dire, beaucoup de traductions modernes ne m'apparaissent guère supérieures. Heureusement pour moi, j'ai eu la chance de découvrir l'Iliade très jeune dans la traduction de Mario Meunier. C'est resté un ouvrage de référence pour moi depuis.

    Lire Électre (et pourtant j'apprécie Sophocle) a été plus difficile. J'ai toujours aimé la mythologie, mais à vouloir être si proche du texte, les traducteurs de Sophocle m'ont souvent paru ennuyeux.

    Et puis il y a quelques années, j'ai fait une découverte extraordinaire. Un helléniste adepte du web et des forums de langues anciennes s'était lancé dans la traduction d'Électre en vers. Cet homme-là était une bénédiction pour les lettres : il était talentueux.

    Sa traduction vaut son pesant d'or, c'est elle que j'ai récupérée sur ma tablette, et je ne me lasse pas de la lire et la relire tant elle l'emporte en fluidité sur toutes les autres. Il a eu également le temps de traduire les Choéphores d'Eschyle (qui vont atterrir sur ma tablette aussi).

    Mais ce qui est très triste, c'est qu'il est décédé brutalement il y a trois ans. C'est une perte. Et il y a près d'un an, celui qui hébergeait ses textes et a tant fait pour les lettres grecques et latines, Philippe Remacle, l'a à son tour suivi chez Hadès. Je ne doute pas qu'ils se soient retrouvés sur l'île des Bienheureux là où les âmes des héros et des justes étaient envoyées par les juges des enfers.

    Ils ont disparu mais le meilleur d'eux est resté, et moi, quand je lis son Électre, je suis bouleversé. Et elle est d'actualité, Électre. Ni elle ni Chrysotémis, sa soeur, n'ont d'estime pour Égisthe, l'usurpateur, qui s'est installé sur le trône de Mycènes après avoir assassiné leur père Agamemnon. Mais l'une a choisi de résister quand l'autre a décidé de plier car elle pense qu'il faut s'effacer devant les puissants et prendre acte de leur pouvoir.

    CHRYSOTHÉMIS

    Amies, si son esprit n'était pas défaillant,

    Elle aurait révélé un peu plus de raison

    Avant que de parler : cela n'a pas eu lieu.

    Mais que t'arrive-il pour avoir tant d'audace,

    Et m'enrôler dans ton projet ? Regarde-toi,

    Tu es femme, voyons, pas homme ! Et donc ton bras

    N'est pas assez puissant contre nos ennemis.

    Tous deux sont aujourd'hui comblés par la fortune ;

    Nous allons à vau-l'eau, au-devant du désastre.

    Et comment vaincrons-nous un homme tel qu'Égisthe,

    Sans subir par la suite, et malheurs et trépas ?

    Oui, certes, nous menons une vie lamentable ;

    Qu'on entende tes plans et nos maux seraient pires

    En fait, quel avantage à être renommées,

    Si c'est pour nous livrer à une mort honteuse.

    Aussi, je t'en supplie, avant que nous soyons

    Anéanties, réprime au plus vite ta rage.

    Quant aux propos tenus par toi à cet instant,

    Je jure de les taire ; ils resteront secrets.

    Sois raisonnable enfin, aie cette intelligence

    De céder aux puissants, sache te résigner.  


    LE CORYPHÉE (à Électre)

    Écoute-la. Prudence et raison sont aux hommes

    Les trésors les plus beaux, les plus nobles qui soient.

     

    ÉLECTRE

    Une telle réponse est loin d'être étonnante.

    D'avance, je savais que tu rejetterais

    Mes propositions. eh bien, il va falloir

    Que je fasse tout de ma propre initiative,

    Seule, et pas question de rester sans rien faire !

  • A vouloir flinguer Bayrou, Barthès s'est pris les pieds dans le tapis.

    Barthès aime bien faire le malin : il a voulu démontrer que Bayrou faisait l'inverse de ce qu'il prônait parce qu'il est monté dans une audi noire après un meeting. Sauf qu'à trop vouloir en faire, on finit par raconter des conneries, et ce n'est pas la première fois au Petit Journal : l'audi en question était celle d'un conseiller municipal de Pau, pas celle de Bayrou qui est...une renault twingo ! La twingo I a été produite en France et en Espagne. La twingo II est produite en Slovénie. Dans tous les cas de figure, Renault est censée être une marque française.

    Par ailleurs, depuis 2011 la voiture familiale de Bayrou est une peugeot  3008 fabriquée en France à 100% !

    J'ajoute que sur la situation qu'a voulu exploiter Barthès, Bayrou a du monter dans l'audi parce que son épouse était repartie avec la peugeot 3008 , tout simplement.

    Les prédicateurs de vertu, fussent-ils des humoristes, m'ont toujours agacé. Venant d'un mec qui touche 150 000 euros brut par mois, ça énerve passablement. Barthès a surtout montré sa profonde méconnaissance de l'industrie automobile. Beaucoup de véhicules sont aujourd'hui des assemblages et ce ne sont pas forcément des marques françaises qui produisent en France.

    De produites en France (à peu près intégralement) il resterait à l'heure actuelle les citroën DS3, DS4 DS5, C6 et C8, les peugeots 807, 3008 et 5008, les  renault laguna III,III Estate, III coupé, Clio III et IV sport, la Mégane III cabriolet, la Scénic III, la toyota yaris, et, enfin, les trois marques françaises produisent leurs utilitaires en France.

    D'autres modèles peuvent être produits en France, mais pas seulement, si bien que l'on ne sait exactement ce que l'on achète.

    Comme quoi, ce n'est pas si simple, Monsieur Barthès...Alors avant de faire le malin...

  • Made in France by François Bayrou

    Le Made in France façon Bayrou suscite manifestement des adhésions nombreuses mais également des interrogations. A vrai dire, j'ai fait comme François Bayrou : j'ai consulté avec la plus grande attention le rapport d'Yves Jégo sur le Made in France. Évidemment, Yves Jégo rit un peu jaune : ce n'est pas dans son camp (celui de Nicolas Sarkozy) mais en face, dans l'opposition, qu'on lit ses rapports. Bayrou s'intéresse depuis un bon moment à cette piste : en fait, il suit avec beaucoup d'attention les études qui paraissent et enquête lui-même depuis la fin 2008.

    Le Made in France côté acheteur n'est évidemment qu'un aspect de la stratégie globale de François Bayrou pour stimuler la production française, mais je vais m'y intéresser en particulier. 

    J'entends beaucoup de commentateurs assurer qu'il s'agit là de la reprise d'une vieille idée ; c'est bien possible, mais Bayrou y ajoute une dimension typiquement de notre époque : l'information. Il ne suffit pas de dire qu'il faut acheter français, il faut s'assurer que l'information donnée sur l'origine du produit ne soit pas biaisée et trouver un moyen de centraliser les données.

    Et on est là au coeur du problème. Tenez, chez moi, mon lave-vaisselle est à l'agonie et rend l'âme. Du coup, j'escompte hâter ses funérailles et le remplacer, cette fois, par un lave-vaisselle français. Je me suis rendu sur hexaconso puis la fabrique hexagonale mais pas d'informations sur l'électro-ménager français là-bas. Nada également sur le site Made in France. J'avais par chance entendu parler de l'association Pro-France, dont Yves Jégo est le président : ouf, j'ai trouvé là-bas un lien qui renvoyait au site Veritas, organisme de certification : une fois sur le site Veritas, j'ai fini par repérer la liste des produits labellisés Made in France. J'ai compté le nombre de clics, sans parler des lectures de page nécessaires : plus d'une douzaine. Ça va, je suis persévérant... Bon, dans la liste, on trouve les lave-vaisselles Fagor-Brand-Sauter-De Dietrich, ouf ! Après, évidemment, il restait à savoir si de gros distributeurs assuraient la vente des marques concernées. Ouf une deuxième fois : c'est le cas chez Darty ! IL ne me reste plus qu'à devenir moyennant un prix très raisonnable l'heureux possesseur d'un lave-vaisselle français. Cela devrait venir pour Noël. Au passage, les peix pratiqués par Fagor tordent le cou à l'idée que le produit français serait plus cher que les autres ; au contraire, chez Darty, les lave-vaisselle fagor font partie des moins coûteux.

    Inversement, quand je me rends sur des sites de fabricants français, notamment dans le textile, je vois qu'ils ne sont pas distribués dans les chaînes de textile. Je m'extasiais récemment d'avoir trouvé des chaussettes françaises chez Arthur, mais en fait, bleuforêt, archiduchesse en produisent depuis longtemps. D'une certaine manière, je me demande si ce n'est pas le commerce électronique qui pourrait sauver ces petits fabricants, puisque les gros ne les distribuent pas ; mais même sur internet, il est préférable de s'organiser en centrales. 

    En fait, il manque une très grosse centrale de l'envergure d'un priceminister ou quelque chose de ce genre pour lancer en grandes pompes le Made in France. Cela reste à inventer, puisqu'actuellement, ce sont des volontaires (Hexaconso, la fabrique hexagonale,Made in France, Pro France) qui font à leur manière le job. 

    J'ai lu et entendu dans la presse cette semaine que Bayrou faisait du neuf avec du vieux puisque l'idée était ancienne. Je pourrais répondre avec humour qu'il entre en force dans l'économie du recyclage, technologie particulièrement novatrice à l'heure actuelle. Mais au fond, ce sont ses contradicteurs qui n'ont pas perçu l'étendue exacte de son idée. 

    Il a raison de créer un buzz énorme sur la question et les fabricants français peuvent le remercier, parce que juste avant Noël, c'est du pain bénit pour eux : on en parle partout, et, du coup, les Français vont davantage penser à acheter français. Cet homme-là n'est même pas encore élu qu'il stimule déjà la production française... :-)

    Nous vivons dans une société d'hyper-communication : une communication spécifique, quand les circonstances s'y prêtent, peuvent générer une vraie lame de fond. Comment croyez-vous qu'Apple soit sorti de l'ornière il y a dix ans ? On la voyait morte, puis l'idée géniale a fait surface, assortie d'une communication extraordinaire. Quand j'y pense : Apple est sorti du marché des ordinateurs il y a une dizaine d'années et revient aujourd'hui par la porte des tablettes avec leur i-pad, et plus généralement l'internet mobile. Or, l'informatique mobile remplace désormais les outils statiques...Qui l'eût cru ? Mais ils ont aussi une communication extraordinaire : ils réussissent à faire faire des heures de fils à une floppée de fan à chaque sortie d'un nouveau produit. Vous imaginez un peu ce que cela serait si on parvenait, en France, à orchestrer une campagne de ce niveau sur le Made in France ? On ferait exploser les compteurs et les chaînes de fabrication des producteurs français !

    Au-delà ce cet aspect, ce qui est novateur, dans l'approche de Bayrou, c'est d'avoir compris qu'il y avait une demande forte en ce sens. Les sondages convergent pour garantir un effet certain de la mesure qui consisterait à attribuer un pourcentage de label Made in France.

    Bayrou a dressé dans son État d'urgence une esquisse de sa stragégie : une prise en tenaille entre d'un côté le sentiment du consommateur, fortement favorable à son label et de l'autre un environnement favorable à l'entreprise en jouant sur la fiscalité : pour l'instant, seuls les salariés et l'entreprise financent l'essentiel de notre protection sociale. Ce n'est pas juste, car la protection sociale concerne la totalité de notre société. Comme l'observe parfois Jean Peyrelevade, les entreprises françaises sont celles qui obtiennent les marges les plus faibles d'Europe sur leur valeur ajoutée. Or, ce sont précisément ces marges qui permettent d'investir en recherche et développement. Rééquilibrer le coût de la protection sociale permettrait en passant aux entreprises de desserrer l'étau qui les étrangle. Une CSG qui taxerait TOUS les revenus (plus-value,capitaux, travail,retraites, et cetera...) favoriserait donc l'investissement sur notre sol. Plus généralement, à l'inverse de ce qui est fait depuis des années, le projet de François Bayrou est spécifiquement orienté vers l'offre et non vers les demande.

    François Bayrou a fait de la production sur le territoire national son principal cheval de bataille. Le «Made in France» est l'axe stratégique principal de son programme économique. La seule autre force politique à s'en préoccuper, même si ce n'est qu'un axe secondaire de son projet, c'est le Front National .

    Sauf que le FN propose, en fait de programme économique et industriel, de taxer moins les biens produits en France et plus ceux venus de l'étranger. Programme dangereux s'il en est : les pays touchés par ces mesures ne manqueront pas d'en faire autant et toute l'industrie d'exportation française sera frappée durement. C'est bien les risques de ce protectionnisme-là contre lesquels Bayrou met en garde dans son État d'urgence ; je pense d'ailleurs qu'il vise directement le Front National dans son livre sur ce sujet.

    Les autres forces politiques essaient d'enfourcher un cheval de bataille qu'elles ont toujours délaissé : l'UMP n'a pas cru bon de prêter aux travaux d'Yves Jégo l'attention qu'ils méritaient, quant aux autres...dans les milieux de gauche aisés, quand on prononce le mot "France" ou qu'on évoque les identités régionales, on est renvoyé au nationalisme et aux dérives identitaires. Autant dire que ce n'est pas la gauche bien-pensante qui risque d'avoir ce genre d'idées : elle traite le made in france comme elle traite la francophonie. Par le mépris.

    Ce n'est pas un hasard si c'est un agrégé de lettres classiques, pétri d'humanités françaises qui a cette idée : Bayrou s'est toujours montré en pointe dans la défense d'une certaine idée de la France. Rappelez-vous les Européennes de 2009 : on lui a reproché de parler de la France quand il s'agissait d'élections européennes. J'entends parfois, à l'inverse, certains le qualifier d'européiste.

     Sa démarche marque bien, pourtant, à quel point il croit à une France forte. Forte, mais pas isolée : il ne la dissocie pas de l'Europe, mais, comme le disait le MoDem en 2009, l'Europe est forte de ses nations, et les nations européennes sont fortes de l'Europe. C'était la conclusion du groupe Identités et Valeurs du MoDem. C'est cette dialectique dans laquelle évolue Bayrou, ce qui permet à la fois de dire de lui qu'il a une posture gaullienne, et en même temps de reconnaître en lui un Européen convaincu.

     

     

  • Razan Ghazzawi ( الحرية لرزان غزاوي ) la victime de trop en Syrie ?

    Je sais qu'il est bien dérisoire sur nos pauvres blogues français d'espérer faire plier les sbires de Bachar el Assad et de son Baas, mais tout de même, cela vaut le coup d'apporter sa petite pierre, même si ce n'est qu'un gravier.

    Razan Ghazzawi est une jeune blogueuse et avocate. Elle se bat pour plus de liberté d'expression en Syrie et plus généralement dans le monde arabe. Elle ne doit évidemment pas rester dans les griffes de la police secrète d'Assad tant on sait à quel point elle est capable de commettre des exactions épouvantables.

    Je ne crois pas partager les opinions politiques de Razan Ghazzawi, à commencer par le commentaire qu'elle cite en tête de blogue qui compare Israël à un pays d'apartheid (si c'était là-bas qu'elle écrivait, elle ne serait pas à l'isolement en grand secret et soumise à des pressions sans doute terribles...), mais bon, la liberté d'expression n'a pas de prix et elle fait acte d'un très grand courage en agissant à visage découvert. 

    Elle pourra difficilement compter sur la blogosphère syrienne : elle observait au mois d'octobre dernier qu'elle comptait une trentaine d'individus tout au plus ! Et elle n'a absolument aucun impact sur les révoltes qui se produisent là-bas.

    Une autre chose m'intrigue : par principe, j'aime bien savoir qui je défends, et, en dépit des nombreux articles que j'ai trouvé sur elle, tout ce que j'ai pu apprendre c'est qu'elle est née aux USA. Rien d'autre sur elle si ce n'est qu'elle est avocate, blogueuse et se bat pour la liberté d'expression et la défense des droits de l'homme.

    Cela dit, ça sent le roussi en Syrie. Là-bas aussi, ce sont des jeunes emplis d'idéaux, sans doute, qui ont brandi l'étendard de la révolte, mais j'ai la sale impression que ce seront les islamistes, au final, qui ramasseront la mise. 

    Je viens par exemple d'apprendre incidemment que des djidahistes commencenr à affluer en Syrie, notamment de l'Irak voisin. Et ils ne viennent certainement pas pour y faire du tourisme.

    J'ai très modérément envie de devoir choisir entre la peste et le choléra là-bas mais à vrai dire, le comportement du régime est tellement atroce avec les enfants syriens, qu'il n'y a plus guère le choix. On ne peut plus le renvoyer dos à dos avec ses opposants, fussent-ils des islamistes...

  • Guéant, tu fais honte à la France

    En ce moment, quand je croise un étudiant étranger/une étudiante étrangère, j'ai honte, j'ai du mal à le/la regarder dans les yeux. Quand je pense que c'est mon pays, la France, qui le/la traite de cette manière, je dois déglutir un grand coup. Tiens, par exemple, à l'heure actuelle, le Canada accueille non seulement les étudiants insérés, francophones et formés qui ont étudié dans nos universités, mais en prime ses propres étudiants.

    Guéant ayant donné pour consigne de les empêcher de travailler en France et de ne plus leur délivrer de papiers, tous ces étudiants se retrouvent du jour au lendemain sans ressources et marginalisés.

    En fait, jamais un tel coup à la francophonie n'avait été porté : tous ces jeunes gens et ces jeunes filles ou jeunes femmes sont nos meilleurs ambassadeurs à l'étranger, et, même s'ils restent, portent haut l'exemple de l'intégration. De surcroît, ils ont développé des compétences utiles à notre pays.

    Guéant, mais aussi tous ceux qui appuient imbécilement cette politique, à commencer par Fillon et Sarkozy, sont une calamité pour notre soft power : ce que nous avons gagné d'une main en Lybie, et plus généralement sur la scène internationale, par une politique adaptée et courageuse, nous le perdons de l'autre par des mesures intérieures stupides et inappropriées.

    Avec cette étudiante canadienne qui va être expulsée sous peu, je me sens mal : moi qui adore le Québec, je me vois mal m'y rendre tant que la circulaire de Guéant n'aura pas été abolie. Je n'oserais pas regarder mes cousins Québecois dans les yeux...