Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

prostitution

  • Une loi sur la prostitution mal calibrée

    Au fil des mois qui se sont écoulés, je vois que la loi contre la prostitution dont l'objet était de pénaliser les clients des prostituées aboutit à des résultats inverses des objectifs voulus.

    Je serais tenté de dire qu'il faut dans ce domaine raisonner comme je le fais pour les femmes voilées. Quel devrait être l'objectif ? Protéger les femmes. Cela suppose d'attaquer en priorité les réseaux qui les menacent et les brutalisent. En empêchant les prostituées de trouver des clients, par un très fâcheux résultat de la loi de l'offre et de la demande, on renforce le pouvoir des clients qui demeurent sur le marché.

    Du coup, les prostituées se retrouvent précarisées, à devoir accepter des pratiques et des situations dangereuses. Je le redis, l'objectif principal ne devrait pas être de faire disparaître la prostitution (c'est une affaire de moeurs) mais de protéger les femmes. Il vaut mieux donc leur offrir un cadre légal qui leur permette d'exercer leur activité et surtout, qui les garde des réseaux d'exploitation et d'esclavage. Et, toujours dans ce cadre légal, on doit prévoir que toute brutalité d'un client peut faire l'objet d'une plainte et être sévèrement punie, sans circonstance atténuante aucune.

    Protégées économiquement et socialement par la loi, les prostituées gagneraient en sécurité. Je ne sais pas si cela ferait régresser la prostitution, mais la misère et l'exploitation de ces femmes fragilisées, je le pense.

    Il faut juste avoir le courage politique d'admettre que l'on s'est trompé et de tout reprendre à zéro.

  • Prostitution : synthèse pro/anti pénalisation du client

    J'ai bien réfléchi sur la question de l'abolition de la prostitution et la pénalisation du client et je pense avoir trouvé une synthèse intéressante.

    - quand un client s'implique dans la prostitution illégale, c'est lui qui est sanctionné si on l'attrape, ce qui n'empêche pas de donner la priorité à la lutte contre le proxénétisme.

    - mais à côté de cela, on autorise une prostitution légale en profession indépendante avec des lieux clairement identifiés, des normes précises, et une protection juridique et sociale pour les travailleurs du sexe.

    En outre, en édictant des normes de conduite (répression des violences, des insultes, des menaces et cetera...), on peut espérer permettre plus facilement aux prostituées de porter plainte en cas de violences ou de comportements injurieux. Il faut mettre en place un système dans lequel le bénéfice du doute profite toujours aux prostituées. Si le client sait qu'on la croira préférentiellement, il saura qu'il a tout intérêt à se montrer le plus respectueux possible.

    Je ne dis pas que cela me satisfait, mais ça a le mérite de concentrer l'effort de protection vers les femmes les plus vulnérables et de toutes façons, c'est tout ce que j'ai trouvé pour l'instant.

  • Abolir la prostitution ?

    J'avoue être très tenté par la proposition d'abolir la prostitution : à vrai dire, le seul fait d'imaginer les 343 connards les menottes au mains et embarqués dans une fourgonnette de police me met en soi en joie.

    Mais, d'un autre côté, il y a quelque chose qui me chiffonne dans cette proposition : tout d'abord, il me semble que la lutte contre le proxénétisme devrait être la priorité en matière de lutte et je ne pense pas que la bonne intention de faire disparaître la prostitution officielle en viendra à bout. Ensuite, ce qui me choque plus que tout dans la prostitution c'est la situation de violence que subit une femme, situation que j'associe à l'esclavage et au viol. Rien ne me choque plus que le mot "pute" qui m'insupporte et le mépris avec lequel il est employé pour désigner des femmes qui se prostituent. Il n'y a qu'à voir l'usage que font les 343 connards du déterminant possessif accolé à ce mot pour comprendre qu'ils considèrent ces femmes comme un bien que l'on peut traiter comme on l'entend dès lors qu'on paie, et encore. Ils font hypocritement semblant de croire qu'il ne s'agit que d'une relation contractuelle librement consentie.

    Mais justement, c'est un peu là où le bât blesse pour moi : je veux l'abolition de la prostitution parce que la plupart du temps, c'est une situation de violence, pas parce qu'il y a paiement en échange d'une relation sexuelle. Non que j'approuve d'une quelconque manière un tel "échange commercial" mais plutôt que je juge qu'il est difficile de le rendre répréhensible moralement.

    Pour moi, la sphère de la prostitution est plus large que la définition qu'on lui reconnaît : le mannequinat avec les porcs de photographes qui tentent de monnayer des recommandations contre des faveurs sexuelles, et dans la même veine les échelons du star-system pour les femmes sont au fond de même nature que la prostitution traditionnelle. Je pense que cet univers interlope n'est pas réglementé ni contrôlé et il devrait l'être. Mais du coup, où commencent et où s'arrêtent les limites ?

    Je voudrais être certain de légiférer sur une base saine : je ne lutte pas contre les pratiques sexuelles déviantes ou non mais bien contre l'esclavage des femmes. Il ne serait pas honnête d'occulter que des jeunes femmes choisissent parfois de se prostituer, je ne parle évidemment pas de celles que l'on trouve dans les réseaux, parce qu'une passe avec un homme riche rapportera le salaire d'une caissière en une nuit. Bien que je désapprouve formellement de telles relations, je ne suis pas certain que ce soit le rôle de la loi de légiférer à ce sujet, dès lors que ces jeunes femmes sont protégées.

    En même temps, si on encadre ces pratiques, il est évident que le jeu de la libre concurrence amènera assez vite sur le "marché" des prostituées à bas coût. Tout cela est fort sordide, au final mais pas simple à définir.

    On en revient quand même finalement à la place de la sexualité dans nos sociétés. Les relations sexuelles ont un statut particulier dans nos lois, que nous le voulions ou pas, car dans le cas contraire, vendre la force de ses bras et louer l'usage de son sexe reviendraient l'un comme l'autre à louer son corps. Pour décréter l'un mauvais, il faudrait en faire autant pour l'autre.

    Une violence faite à une femme, ce n'est pas seulement une relation sexuelle non consentie : c'est aussi une douleur qui lui est infligée lors d'un rapport sexuel, et de ce fait, cela va bien au-delà de la seule prostitution. Les premiers rapports sexuels entre jeunes gens rentrent aussi dans cette catégorie et, pour moi, le jeune mâle imbécile qui fait mal à sa compagne la première fois n'est guère plus estimable que le client de la prostituée...

    Bref, je m'aventure dans des méandres dont je ne connais pas l'issue.

    C'est un débat difficile et je ne puis conclure. Je comprends la position de Libre affichage  mais il y a quelque chose qui continue pourtant de me heurter. J'ai lu aussi l'article de la tovaritcha spartakiste Rosaelle sur le sujet : Je ne suis pas sûr de la suivre. Je lis chez elle ces lignes : 

    Ok. On va dire que c'est comme ça. C'est vrai que des prostituées sont violentées par des clients, voire pire. On va laisser volontairement de côté la question des réseaux et de la traite des femmes. Oui mais... Si je suis ce raisonnement, et on n'est pas loin de la réalité, dans l'échangisme, il arrive que des femmes soient forcées par leur compagnon (j'ai lu des histoires à ce propos), et qu'elles soient violentées, allant contre leur volonté, on s'en sert comme jouet sexuel. Donc faudrait interdire l'échangisme? De la même manière, faut interdire aussi la pornographie, puisque les femmes qui y bossent sont soumises aux fantasmes des réalisateurs et on sait pas si elles sont pas forcées, d'ailleurs, et si elles aiment faire ça. Interdisons la pornographie!

    Peut-être. Peut-être faudrait-il interdire en effet tout cela. Pourquoi considérer comme une évidence que les films pornographiques auraient une légitimité ? On est tout à fait dans la problématique de la violence faite aux femmes en tout cas.

     Il faut aussi interdire le sado-masochisme, ça tombe sous le sens.

    Ça en revanche, non : on n'est pas dans le cadre d'une violence faite aux femmes, en tout cas, pas telle que je l'ai définie. Je rappelle qu'il y a une contrainte dans la violence qui ne se trouve pas dans le sado-masochisme envers et contre toutes les apparences puisqu'il s'agit de relations qui apportent du plaisir aux deux partenaires. Or, par essence, le plaisir et la contrainte sont antagonistes.

    Faut arrêter le bordel: le sexe n'est pas un instrument de domination machiste de la société patriarcale. C'est surtout un acte entre deux personnes consentantes, quel que soit le lieu ou les circonstances. Si ça n'en est pas, ce sont des violences.

    Là, d'accord, mais le problème demeure entier ; il est où le curseur des violences ? Je ne sais pas s'il est vain de débattre. Je sais que Platon a écrit nombre de dialogues qualifiés d'aporétiques, c'est à dire sans issue apparente. Ils ont pourtant fait progresser la pensée philosophique.

    Je ne sais pas s'il y a une issue, mais la violence faite aux femmes mérite en tout cas bien qu'on en débatte quand bien même nous aboutissons à une aporie.

  • Interdire la prostitution ?

    L'interdiction de la prostitution est un vieux serpent de mer qui réémerge à intervalles réguliers. Najat Belkacem veut s'en prendre au client pour noyer le poisson faute de débouchés. Je ne suis pas convaincu par la méthode et en outre, j'ai un certain nombre d'objections sur le fond :

    En soi, ce n'est pas tant la prostitution qui me dérange (encore que...) que le sort des femmes qui s'y livrent. La plupart du temps, la prostitution procède d'un esclavage moderne infâme. Plutôt que de l'interdire, au risque de la renvoyer dans les caves et les zones de non-droit de toutes sortes, mieux vaudrait protéger les prostituées à commencer par celles qui sont les plus vulnérables, les étrangères en situation irrégulière.

    A l'origine des réseaux de prostitution on trouve des proxénètes tarés et sadiques n'hésitant pas à recourir aux sévices les plus infects pour contraindre leurs esclaves à leur ramener de l'argent. 

    Je propose donc au gouvernement socialiste de mettre en place une loi d'exception pour punir les proxénètes à la hauteur de leurs crimes : prison systématique à vie pour tous ceux qui se sont rendus coupables de violences sur des jeunes femmes pour les amener à la prostitution, de 10 à 30 de prison pour tous ceux qui participent de près ou de loin à leurs réseaux.

    La promesse d'une naturalisation et de pouvoir vivre sous une autre indentité une autre vie à l'abri des menaces à toutes les prostituées qui seraient à l'origine, par leurs révélations, de la destruction complète d'un réseau.

    Il faut, au fond, taper, très fort à la source.

    Ensuite, une loi pour protéger les prostituées de leurs clients dans l'exercice de leur pratique, punissant violences et insultes, ceci pour amener ces derniers à montrer des marques de respect à ces femmes.

    Cela suppose par exemple de laminer la racaille qui descend en bandes le soir ou le week-end, généralement venue des cités, pour s'en prendre à ces femmes souvent victimes avec une brutalité inouïe.

    Les Socialistes qui ne jurent souvent que par les préventions sauront-ils se remettre en question et admettre qu'une politique de répression très dure peut venir à bout des maltraitances dont sont victimes les prostituées, car au fond, c'est bien cela le problème principal ?

  • La cible, c'est le proxénétisme, pas la prostitution

    Chaque fois que la sphère politique tente de légiférer sur la prostitution, elle rate immanquablement sa cible. Je n'aime pas trop porter de jugements moraux sur les prostituées. Je pense que leur vie n'est déjà pas simple, alors n'en rajoutons pas. Pas envie non plus de juger leurs clients.

    Ce qui devrait être prioritaire, c'est de lutter contre le proxénétisme et toute forme d'esclavage de ce type en autorisant des lois d'exceptions contre les proxénètes. Puisque par exemple ils tiennent sous leur coupe des filles étrangères et dans l'irrégularité, on pourrait promettre la nationalité française et la réinsertion à celles qui le désirent pour chaque dénonciation de proxénète. 

    Et pour les proxénètes qui se constituent en réseau, menacent, mutilent et assassinent des prostituées sans défense, la prison à vie sans espoir de recours. A crimes d'exception répression d'exception.

    Malheureusement, les pouvoirs publics sont loin de faire de cette lutte la priorité qu'elle devrait être. Une chose me paraît en tout cas certaine : on ne peut pas lutter à la fois contre les prostituées et les proxénètes, car pour venir à bout des seconds, les premières doivent devenir les alliées de la force publique. 

  • Que faire de la prostitution ?

    Les députés français envisagent d'imiter Suède pour éradiquer la prostitution en pénalisant le client.

    Cela me semble une bonne chose, mais, il faut examiner de près l'exemple suédois. Pendant les deux premières années, les pouvoirs publics suédois n'ont pas obtenu de résultats sensibles. Ce n'est que lorsqu'ils ont mis en place une politique de réinsertion des ex-prostituées et de formation des forces de police et des institutions judiciaires pour sensibiliser ces dernières au sort des prostituées que les effets de la loi ont enfin commencé à se faire sentir.

    Quand la police a compris que le milieu de la prostitution était un agent infectieux en termes de criminalité et que sa disparition permettait à ses services de se concentrer sur les autres aspects de la criminalité, elle est alors devenue coopérative. Il en a été de même pour la justice.

    En France, le chemin sera long : l'imbécile loi qui punit le raccolage n'a toujours pas été abolie (même si elle n'a plus longtemps à vivre en raison d'une directive européenne qui établit clairement qui est la victime dans la prostitution) et il n'y a aucun projet particulier de réinsertion ni de sensibilisation en dehors du secteur associatif.

    J'en profite pour battre en brèche une idée tordue qui a fait longtemps son chemin : la prostitution empêcherait certains violeurs potentiels de passer à l'acte. C'est parfaitement faux. Au contraire, l'idée que l'on peut traiter comme moins que rien et traîner dans la boue une femme contribue à faciliter le passage à l'acte.

    Bien loin de protéger les prostituées, partout où elles ont été légalisées, leur sort a empiré et la prostitution a explosé.

    Il reste à régler le cas de la pornographie : lutter contre la prostitution, c'est affirmer que le corps d'une femme (ou d'un homme) ne peut être rétribué en échange de faveurs sexuelles. Évidemment, la pornographie, ce ne sont pas des faveurs mais, il n'en reste pas moins que femmes et hommes vendent bien leurs corps pour les simuler.

    Je ne crois pas qu'il faille viser une société aseptisée. Trop peser sur le balancier finit par produire l'effet inverse de l'effet voulu, et, comme dit le proverbe, qui trop embrasse mal étreint, d'autant que la frontière avec l'érotisme n'est pas toujours nette. A terme, oui, ce pourrait être un but, mais la contre-partie, c'est sans doute une société libérée d'un certain nombre de tabous en matière de sexualité et de nudité, c'est à dire quelque chose encore d'assez lointain.

  • Zahia D., un si jeune artifice

    J'en sais un peu plus sur la jeune marocaine dont quelques joueurs de l'Équipe de France de Football ont eu les faveurs moyennant finance. Il y a au moins un aspect qui m'étonne : j'ai vu quelques photos Zahia D. (il m'a fait rigoler, Allain Jules, avec ses commentaires), et très clairement, la poitrine qu'elle arbore est le fruit de la chirurgie esthétique ; de même ses longs cheveux sont une création entièrement artificielle. Comment, mineure, sans l'aval de sa famille, elle a pu obtenir d'un chirurgien de procéder à une opération majeure de ce type ? Dans ce genre d'histoires, c'est toujours les questions que je tends à me poser en premier : comment vit-elle cette gamine, mineure quand elle a commencé à se prostituer ? Où est sa famille ? de quoi est-elle au courant ? L'a-t-elle encouragée ? J'imagine qu'à 20 000 euros par mois, quand on a à peine 18 ans, on s'étourdit aisément...Car elle a eu 18 ans au mois de mars dernier ; donc, tout ce que l'on entend sur son train de vie et ce que l'on voit d'elle provient d'une époque où elle était encore mineure. Par exemple, si elle a parcouru l'Europe comme elle l'affirme, comment a-t-elle procédé sans autorisation de sortie du territoire signée par ses parents ? J'ai cru comprendre qu'elle avait abandonné l'école en fin de troisième, tenté de percer vainement dans le monde de "l'art", comme on dit par euphémisme (le star-system, quoi...) puis s'était finalement livrée à la prostitution sous l'égide de proxénètes patentés.

    Dans la manière dont le phénomène Zahia.D traverse la Toile, il y a à la source une indélicatesse, voire même une faute, regrettable du quotidien Le Monde. C'est ce journal qui a révélé l'existence de la jeune fille, et très précisément son prénom et l'initiale de son nom. Pas de nom modifié pour protéger la jeune personne. Pas fameux. Bien évidemment, avec facebook, il a été assez rapidement possible par la fonction recherche de trouver de qui il s'agissait et de s'emparer de plein de détails sur la vie privée et/ou professionnelle de la jeune fille.

    D'une certaine manière, elle a désormais une notoriété assurée ; mineure il y a moins de deux mois, elle risque très peu (sa famille beaucoup plus, en revanche) et pourrait tirer un profit maximal de ses révélations en entrant de plein pied dans le star-system si elle sait négocier le virage de manière habile.

    Il y a, en tout cas, un autre aspect de l'histoire qui ne me fait pas rire du tout : les joueurs de football qui évoluent dans des clubs français reçoivent des sommes mirifiques quand ils opèrent dans le top des clubs de ligue 1 ; or, les clubs français sont très fortement subventionnés par les municipalités. Que l'argent que nous payons en impôts locaux divers mais toujours en hausse serve entre autres à financer de genre "d'amusements", cela m'énerve pas mal, entre autres pitreries de nos municipalités, surtout quand on peine, parfois, à joindre les deux bouts. Pour le compte, il y a là quelque chose d'indécent à tout point de vue.

  • Péripatéticienne ou prostituée...

    Je suis effaré de lire ou d'entendre les individus çà et là parler des femmes se livrant à la prostitution en parlant de "putes". J'abhorre ce mot détestable. Je trouve que cela marque une absence de respect, un mépris, pour ces femmes, qui a le don de me hérisser. Comme si cela n'était pas déjà suffisant de se retrouver dans une grande misère affective, sociale, souvent matérielle, voilà qu'il faut encore qu'elles soient objets d'opprobre des bien-pensants de tout acabit, à droite comme à gauche. Oh, on le dit sans y penser, mais cela traduit bien la pensée profonde de ceux qui usent du terme...

  • Les deux poids et deux mesures du scandale

    Deux sportifs français viennent d'être auditionnés dans une affaire de prostitution, impliquant notamment une mineure. Ce qui me frappe, c'est la très grande prudence (c'est un doux euphémisme) avec laquelle la presse traite la chose. Et pas que la presse, la justice aussi ! Se fût-il agi d'un citoyen ordinaire, il était déjà au trou en garde à vue, et on l'aurait conchié sur tous les tons. Mais là, c'est du people, Mesdames et Messieurs, du sportif et du bon, alors respect. D'après Le Point, généralement bien informé, Ribéry aurait entretenu une relation suivie avec une prostituée mineure : il l'ignorait, paraît-il. C'est bien possible. Il n'en reste pas moins que selon qu'on soit riche, puissant, adulé et célèbre, on est traité ou non avec égard, y compris dans la presse.

  • Le mauvais procès fait à Frédéric Mitterrand

    Je n'ai aucune forme de sympathie pour Frédéric Mitterrand, et son soutien imbécile et déshonorant à Polanski m'a par exemple révulsé. En revanche, il ne faut pas faire de faux procès pour autant à ce dernier. Son livre est très clair : ce qu'il appelle "garçons", ce sont de jeunes hommes, pas de jeunes garçons. Il évoque d'ailleurs les maquereaux qui tentent de l'aiguiller vers de jeunes garçons et qui se heurtent à un refus systématique de sa part. Il ne fait pas davantage l'apologie du tourisme sexuel, contrairement à ce qu'on a pu lire sur la Toile, mais soulage plutôt sa conscience de tous les vices qui l'ont souillée. La vérité tient en ces quelques mots :

    Je m'arrange avec une bonne dose de lâcheté ordinaire, je casse le marché pour étouffer mes scrupules, je me fais des romans, je mets du sentiment partout, je n'arrête pas d'y penser mais cela ne m'empêche pas d'y retourner. Tous ces rituels de foire aux éphèbes, de marché aux esclaves m'excitent énormément.

    Ce n'est certes pas glorieux, mais pas plus qu'un homme qui fréquenterait des prostituées de nos lattitudes. Bref, je n'aime pas les procès en sorcellerie quand ils ne sont pas justifiés. Et là, très clairement, il y en a un. Voilà, pas de quoi casser trois pattes à un canard. J'ai vu et lu des choses bien pires chez des auteurs qui légitimaient des choses bien plus graves. Marine Le pen qui était sans doute à l'affût d'un "coup médiatique" serait bien inspirée de lire ce dont elle parle avant de balancer des insinuations tordues.

    Ce que l'on peut dire, en revanche, c'est qu'il est difficile d'avoir nommé au Ministère de la Culture un homme qui s'est essayé au tourisme sexuel en Thaïlande alors que la France est censée lutter au plus haut niveau contre ce fléau. Rien, néanmoins, ne laisse penser dans le roman de Mitterrand qu'il approuve le tourisme sexuel. Il expose simplement ce qu'il a ressenti. C'est un témoignage cru des vices d'un people. Voilà ce que je retiens de son ouvrage. Je ne dis pas que cela ne me choque pas, mais de là à en faire un pataquès...