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  • Subprimes : on savait...

    Ce qui est tout de même sidérant avec cette histoire de subprimes, c'est que l'on savait depuis un moment que cela allait "péter", que les lecteurs de ce blog me pardonnent l'expression. J'ai été un lecteur assidu du site www.ruedelimmobilier.com et les les usagers des news de ce site n'ont cessé de publier des informations à ce sujet depuis plus d'un an et demi. Je me souviens même d'avoir lu une analyse d'Exane-BNP Paribas invitant à se défier du marché américain et explicitant les paris fous des ménages américains afin de pouvoir se surdendetter toujours plus. bref, la presse financière a évoqué les subprimes dès 2006, et on savait depuis plus longtemps encore que nombre de ménages américains modestes risquaient d'être mis à la rue et en défaut de paiement en cas de retournement de la conjoncture, ce qui n'a pas manqué de se produire.

    Par exemple, Global Europe Anticipation avait dès mars 2006 imaginé le scénario de la contagion. 

    Le fait est que la BNP n'est a priori pas tombée dans le panneau : c'est l'une des rares banques françaises à ne pas annoncer de pertes en raison des subprimes. En revanche, elle va tout de même payer quelques pots cassés par les autres : comme la méfiance s'est installée et qu'elle a tout de même besoin de se financer, les banques étant très méfiantes, désormais, elle va devoir emprunter sur les marchés au prix fort... Consolation, elle ne sera pas la seule, et au moins son crédit n'aura-t-il pas été entamé.

  • Ecole autrichienne (3) : problématique de la monnaie et des marchés

    Thierry Aimar sans les apports de l'école autrichienne d'économie, après la praxéologie, aborde la genèse de la monnaie et la problématique de la formation des marchés.

    Thierry Aimar aborde tout d'abord l'échange bilatéral direct, c'est à dire la situation de troc. On a vu que l'ignorance des acteurs économiques était une conséquence du modèle praxéologique, puisqu'il est impossible, dans ce modèle, de connaître quoi que ce soit du futur, donc d'anticiper.

    La situation d'échange bilatéral réduit cette ignorance puisqu'elle permet aux acteurs de déterminer approximativement l'appréciation que chacun se fait de la quantité de biens échangés, tout du moins, au moment de la transaction.

    L'inconvénient, c'est que l'acteur n'a aucun moyen d'évaluer la préférence et la valeur que d'autres acteurs vont ensuite accorder à des biens par la suite. Il y a donc un phénomène de dispersion du savoir.

    Toutefois, en multipliant les transactions, en marchandant et en négociant, les interlocuteurs, par un processus d'essais et d'erreurs peuvent petit à petit cartographier les intérêts de l'un et de l'autre. Dans une économie de troc, et pour une zone limitée, il est donc envisageable que se forme un marché par tatônnements réciproques.

    Les choses se compliquent avec l'apparition de la monnaie, qui est un bien intermédiaire pour échanger, dont la particularité, fort pratique, est d'être bien plus liquide que le bien ordinaire moyen. Ce bien permet de rationnaliser et de relier les différentes cartographies issues des échanges bilatéraux et favorise donc l'émergence d'un marché défini comme l'ensemble des échanges inter-personnels directs. 

    Mises distingue la praxéologie dont le champ est l'économie au sens large, et la catallaxie qui analyse les actions uniquement sur la base de calculs en monnaie.

    La catallaxie n'est nullement le fruit d'un contrat entre individus, et pas davantage l'émanation d'un pouvoir supérieur, mais simplement l'expression de la coopération entre individus. Le marché naît donc de l'inter-action des stratégies individuelles.

    Toute la problématique d'un économiste comme Hayek, c'est justement de reconstituer le processus par lequel un ensemble d'actions humaines peut produire un ensemble cohérent et des structures durables. La médiation de la monnaie est à cet égard révélatrice : elle est le produit naturel de de l'économie humaine. Ce que Mengler appelle une institution organique, c'est à dire nullement planifiée, mais au contraire, se révélant à elle-même par le jeu de l'échange. Chaque agent cherchant à à élarrgir son horizon finit par sélectionner une catégorie de biens acceptables par quiconque dans l'échange.

    La difficulté théorique qu'engendre le modèle praxéologique, ce n'est pas dans l'échange qu'on la trouve, mais dans la représentation du marché : par quelle procédure les acteurs d'un échange connaissent-ils la demande exprimée par un tiers si aucun échange direct ne s'est produit avec ce dernier ?

    Et comment les agents peuvent-ils disposer d'une information dispersée et évolutive qui ne peut être acquise par l'introspection (catégories logiques de la praxéologie) ni par l'apprentissage issu de l'échange direct ? Mises suppute que la raison prélude aux processus sociaux, et que dans cette optique, l'association et la division du travail sont consubstantiel ou quasiment à la formation de la société humaine.Mais la connaissance des stocks de biens à écouler devrait préexister à la division du travail. Or, les individus sont bien trop hétérogènes pour pouvoir déterminer praxéologiquement (ou empiriquement)  leurs préférences et leurs connaissances. 

    Subséquemment, comment les prix de marché peuvent-ils se former, puisque pour que cela soit possible, l'information incorporée dans les prix de marché devrait être accessible à tous. Or, s'il existe bien une somme totale de la connaissance du marché, elle n'existe jamais autrement que sous forme dispersée et parfois contradictoire.  

    Ces interrogations sans réponses amènent Hayek à mettre en avant que des hypothèses extérieures, mais non contradictoires doivent être ajoutées à la logique pure des choix, telle que l'édicte la praxéologie. Ni plus ni moins, cela revient à réintroduire des données empiriques dans l'analyse : or, si l'étude de l'échange marchand ne relève pas uniquement de catégories a priori, quelle va être la légitimité d'hypothèses auxiliaires ?

    Hayek (peut-être inspiré par Popper) réintroduit la démarche empirique mais uniquement aux fins de vérifier la falsifiabilité ou non d'une théorie. Il doit exister une référence empirique permettant non de fonder, mais de tester les conclusions d'une théorie. La question étant bien  sûr de déterminer les référents empiriques.

    A ce stade de ma lecture, je suis encore dans la genèse de la pensée, mais j'imagine avec un intérêt émoustillé comment tout cela peut s'appliquer à la connaissance d'un marché financier. J'avoue que je vais me précipiter sur le cahpitre suivant intitulé "la catallaxie, une réponse à l'ignorance". Pour mes lecteurs qui prennent en cours ces billets de synthèse, il faut absolument qu'il se rapporte au billet n°2 sur la praxéologie, faute de quoi la problématique de la connaissance des marchés et de la circulation de l'information ne peut leur apparaître. Un petit détail encore : la position de Mises imaginant une division du travail et une loi d'association organique le rattache, à sa manière aux classiques traditionnels : la main invisible d'Adam Smith se trouverait explicitée ainsi. Cela ne règle pas le problème de la formation du premier prix, mais je me faisais simplement cette réflexion pour établir la filiation entre libéraux et néo-libéraux.

    Je me faisais encore une réflexion supplémentaire : pensant au projet financier de Marielle de Sarnez et du MoDem à Paris, je me disais intérieurement que nous aurions le plus grand intérêt, au MoDem, à ne pas négliger ce questionnement, surtout à considérer les mouvements de panique réguliers qui animent les marchés financiers, et, ce-faisant, la manière dont les acteurs font circuler l'information, pour autant qu'elle circule, l'anticipe, et se la représente.

     

  • Une pensée pour Nicolas Sarkozy : les trois ordres de Pascal

    • Tout l’éclat des grandeurs n’a point de lustre pour les gens qui sont dans les recherches de l’esprit.
    • La grandeur des gens d’esprit est invisible aux rois, aux riches, aux capitaines, à tous ces grands de chair.
    • La grandeur de la sagesse, qui n’est nulle sinon de Dieu, est invisible aux charnels et aux gens d’esprit. Ce sont   trois   ordres différents de genre.
    Pascal, Pensées L 308 S 339

    C'est à juste titre que François Bayrou , dans un entretien au Figaro, a opposé la conception pascalienne de la religion au discours de Nicolas Sarkozy au Vatican. Pour rafraîchir la mémoire de notre omni-président, nous nous proposons de lui faire la copie (partielle) et le commentaire de la pensée de Pascal à laquelle François Bayrou songe probablement. Un petit commentaire préalable : l'objet de Pascal, c'est de démontrer que la "bassesse" de la condition sociale de Jésus Christ n'est pas un obstacle à sa majesté (tiens, tiens, au fait, qui pense très fort, actuellement, que l'argent est l'un des principaux critères de la réussite ?). Mais Pascal, qui est aussi un scientifique, ne s'arrête pas au milieu du gué, et s'attache aussi à montrer que juger Jésus de Nazareth du point de vue de la science n'est pas plus pertinent que de le faire d'un point de vue politique et moral. Il met en évidence donc trois ordres distincts les uns des autres et non-miscibles, même s'il arrive qu'un même être participe de ces trois ordres (un scientifique renommé qui serait dirigeant politique, par exemple). Et Pascal proclame que celui qui mélange  ces trois ordres n'a rien compris à la nature des choses. Or, ce que propose Nicolas Sarkozy, ni plus ni moins, comme l'a relevé l'homme de lettres et de réflexion qu'est François Bayrou, c'est d'attribuer à l'ordre du religieux un rôle politique. Dans une relatiojn bijective, rien ne s'opposerait donc à ce que l'on juge Jésus de Nazareth d'un point de vue politique et social, puisque la relation est bijective. A la fois comme chrétien, mais aussi comme homme politique, François Bayrou a bien raison de s'opposer à une telle dénaturation de l'ordre politique, puisqu'au nom de la bijectivité, on pourrait aussi juger le politique à l'aune du religieux, cette fois.

    • Il eût été inutile à Archimède de faire le prince dans ses livres de géométrie, quoiqu’il le fût.
    • Il eût été inutile à Notre Seigneur Jésus-Christ, pour éclater dans son règne de sainteté, de venir en roi. Mais il y est bien venu avec l’éclat de son ordre.
    • Il est bien ridicule de se scandaliser de la bassesse de Jésus-Christ, comme si cette bassesse était du même ordre duquel est la grandeur qu’il venait faire paraître

    Pascal ajoute plus loin :

    « Mais il y en a qui ne peuvent admirer que les grandeurs charnelles, comme s’il n’y en avait pas de spirituelles. Et d’autres qui n’admirent que les spirituelles, comme s’il n’y en avait pas d’infiniment plus hautes dans la sagesse.»

    Qui a bien suivi a bien compris que c'est la contradiction que relève François Bayrou, en assimilant Nicolas Sarkozy à un admirateur des choses charnelles (c'est à dire matérielles). Pour ceux qui veulent approfondir, la référence du texte est Pensées, L 308, S 339

    Et pour ma part, je vais y aller aussi de ma petite pensée de Pascal personnelle à l'intention de l'hyper-président et de ses zélateurs :

    « L' homme n'est ni ange ni bête, mais le malheur fait que qui veut faire l'ange, fait la bête...»

     

  • Amiens défigurée !

    9477944adf2be4775f8a0fd7f8d7e26b.gifSi l'on en croit le Parisien de ce jour, il est bien dans l'intention de Gilles de Robien de défigurer le paysage d'Amiens en faisant construire une horreur sur le parvis d'une des plus belles cathédrales de France.

    Avec un argument spécieux au possible : Gilles de Robien explique ne pas vouloir d'une ville-musée et explique que c'est rendre hommage à la plus belle cathédrale du monde que de densifier la ville autour.

    Gilles de Robien fait aussi valoir que le parvis est désormais dégagé à cause des bombardements de la seconde guerre mondiale. De l'art de prendre les amiénois pour des andouilles : il n'ignore tout de même pas, notre bon Gilles, que la hauteur des bâtiments d'alors n'a aucune commune mesure avec celle des constructions qu'il envisage

    Hé ho, les jeunes MoDem de la Somme, vous attendez quoi pour aller lui sonner les cloches au Père Robien ?! 

  • Nicolas, tu n'auras pas Marielle !

    Intéressante lecture que celle du Canard Enchaîné de ce matin. On y trouve vérifié ce qui bruissait depuis quelques temps. Si Christian Saint-Etienne a quitté Bayrou, c'est bien le fruit d'une tactique de débauchage systématique de Nicolas Sarkozy. Mais ce que l'on apprend dans ce numéro du 26 décembre 2007, c'est que Nicolas Sarkozy rêverait de débaucher Marielle de Sarnez, qui est, on le sait, le bras droit de François Bayrou. Il serait même prêt à lui offrir un ministère de taille.

    8d51ea8667f0a0fd3baf56924cb29ff2.jpgNicolas Sarkozy va, pour une fois, se heurter à une réalité qu'il a rarement à affronter dans son entourage. Marielle de Sarnez n'échangera jamais ses valeurs et ses convictions contre de l'argent ou du pouvoir. Alors, ne te fatigue pas, Nicolas, c'est peine perdue. Occupe-toi plutôt de la France, qui en a bien besoin.

    Pour le reste, nous appelons, sur notre blog, Démocratie et hérésie économique, tous les Démocrates à faire bloc autour de Marielle de Sarnez, et nous nous adressons tout particulièrement aux Parisiens afin qu'ils adressent un message fort à Nicolas Sarkozy en particulier et à l'UMP en général contre ces pratiques peu reluisantes. 

  • L'entreprise dans l'environnement capitaliste

    Je n'adhère pas à tout ce que dit Jean Peyrelevade, et notamment à un discours un peu trop convenu à mon goût sur les actionnaires. Mais, sur le fond, je me retrouve tout à fait dans ce qu'il dit de l'entreprise, et trouve plutôt sympathique la définition d'une entreprise privée comme un bien public, non au sens où il s'agit de la taxer, mais au sens où l'entreprise privée produit du "bien" public. A comparer avec la définition que Schumpeter donne et du capitalisme, et de l'entrepreneur. Il y a certes des différences, mais je pense que les deux économistes se rejoignent en partie sur l'entreprise.

    Dans un long entretien, Jean Peyrelevade aborde franchement les transformations du capitalisme. Il met notamment en exergue le caractère insoutenable du modèle capitaliste actuel : insoutenable du point de vue du développement durable, insoutenable du point de vue des inégalités.

    Est-ce que l’on doit ou est-ce que l’on peut parler de crise du capitalisme ?

    Pas pour l’instant. Nous avons une machine qui est assez efficace, qui fabrique quand même un niveau de croissance mondiale qui jusqu’à présent n’a jamais été atteint. Avoir pratiquement 5% de croissance mondiale sur plusieurs années, c’est une exception historique. La crise actuelle des subprimes américains est une crise liée simplement à l’immobilier, et aux modes de financement de l’immobilier des ménages modestes aux Etats-Unis, c’est une crise de régulation banquière et financière. Elle ne met pas en cause le fonctionnement de l’ensemble de la machine, du moins je ne le crois pas. Simplement, le mode de développement actuel de cette machine globale, parfaitement efficace, qui une fois de plus, n’est pas encore en crise, est insoutenable à long terme pour deux raisons. L’une, fondamentale, est que ce développement est incompatible avec les ressources naturelles de la planète. On parle beaucoup de développement durable mais pour l’instant, le développement, tel qu’il continue à se faire n’est pas durable, de ce point de vue. Deuxièmement, c’est effectivement un développement qui fabrique, à l’intérieur de chaque pays-et c’est vrai aussi dans les pays développés, ce qui est nouveau-une inégalité croissante entre la couche, peu nombreuse mais extrêmement influente et importante en pouvoir des gens qui sont « aux commandes de la machine »,-ce sont des gens qui s’enrichissent énormément et très rapidemment. Et ce phénomène d’inégalité croissante au profit d’une « classe », parce qu’il faut l’appeler comme ça, une classe sociale nouvelle, réduite en nombre mais extrêmement riche et extrêmement puissante, se produit, dans tous les pays, pas seulement dans les pays émergents, dans les pays en développement où c’est un phénomène très classique au moment du décollage économique … mais de la même manière, aux Etats-Unis, en Grande Bretagne et en France. Et donc cela, je pense, politiquement et socialement, n’est pas tenable à terme. Et de ce point de vue là, je trouve que Nicolas Sarkozy a été, à lui seul, un symbole éclatant de la constitution de cette nouvelle classe sociale, entre la soirée au Fouquet’s, le soir de son élection, et les vacances sur le yacht de Vincent Bolloré … D’une certaine manière, notre nouveau Président de la République veut montrer qu’il appartient à cette classe sociale.

    Quel objectif réaliste face à cette double limite du capitalisme ?


    Je pense que l’échelle des richesses doit être définie pays par pays, ce ne peut être un objectif mondial. Chaque pays est responsable de sa solidarité nationale et de son modèle de redistribution. En tout cas, il me semble qu’en France, il est de notre responsabilité politique de faire en sorte que il n’y ait aucune couche sociale, aussi réduite soit elle, qui par fonction, creuse de manière extraordinaire, une inégalité de revenu et de patrimoine avec la moyenne de la population. Le phénomène qui est en train de se passer met en cause notre manière de « vivre ensemble ».

    Est-ce cette inégalité qui a créé le désamour des Français pour la mondialisation ?

    C’est un des aspects mais ce n’est pas l’aspect dominant dans la méfiance des Français envers la mondialisation. Je pense que ce qu’ils voient d’abord, c’est la redistribution des cartes à l’échelle mondiale qui fait qu’il y a une respécialisation de chaque pays, y compris le nôtre, sur un certain nombre de créneaux, et donc il y a des emplois supprimés, des secteurs qui souffrent du fait de la mondialisation. Je crois que la population voit surtout les emplois supprimés, du fait de cette redistribution des cartes. Elle voit aussi qu’il y a des gens qui en bénéficient. Quand ce sont les cadres, les ouvriers ou les employés d’Airbus ou d’Alstom, c’est très bien. Mais quand les gens qui en profitent font la une des magazines people, s’affichent avec tout leur luxe, en même temps que les vedettes du showbiz ou du sport, dans un mode de vie qui est clairement différent de celui de la moyenne de la population, cela provoque des réactions plus mitigées. Compte tenu de la culture, de l’histoire et de la mentalité française, cette apparition d’une caste, d’une classe supérieure privilégiée, est une circonstance qui aggrave le dépit de la mondialisation, j’en suis convaincu.

    Quelles pistes, quelles lignes pour construire un modèle de développement économique qui réduise ces inégalités que vous avez définies ?

    Il y a une piste qui me paraît extrêmement importante : lever la confusion qui règne en France entre l’entreprise, partie d’un système productif, et les intérêts des individus. Les entreprises sont des biens collectifs même quand elles sontde droit privé, l’entreprise est un être en soi, avec ses actifs, son appareil industriel et l’on doit tout faire, dans la compétition mondiale, dans le mouvement de mondialisation, pour les renforcer. Mais on a tendance en France a confondre, c’est très clair dans la politique actuelle de Nicolas Sarkozy, c’est malheureusement aussi très clair dans les prises de position du patronat, du MEDEF ou de la CGPME, c’est malheureusement aussi assez apparent dans le discours convenu en faveur des PME, il y a une confusion dont je ne saurais dire si elle est volontaire ou inconsciente, entre le patrimoine de l’entreprise et les intérêts matériels de ses propriétaires, de ses actionnaires, des gens qui la gèrent. Autant l’entreprise mérite un soin particulier, autant je ne vois aucune raison, absolument aucune pour que les revenus du capital ou les revenus du travail aient un traitement en matière de prélèvement fiscal et de cotisations sociales qui serait différent. Or, c’est le cas aujourd’hui, si l’on parle des stocks options, de l’exonération des droits de succession jusqu’à un niveau très élevé, de bouclier fiscal, de la diminution de la fiscalité sur les dividendes, on voit bien que, quelles que soient les justifications particulières de chacune de ces mesures, on est en train de favoriser de manière extrême les propriétaires, les actionnaires de l’entreprise ou ses grands managers et non pas l’entreprise elle-même.

    C’est cette logique qui est à l’œuvre dans le cadre de la fiscalité des dividendes ?

    La diminution de la fiscalité des dividendes n’apporte rien aux entreprises, n’augmente en rien la marge des entreprises, n’améliore en rien la compétitivité des entreprises. Pour le même effort fiscal, il eût mieux valu baisser d’autant l’impôt sur les sociétés, ce qui d’ailleurs, au bout de la course, aurait fini par procurer le même avantage économique aux actionnaires. Mais au moins, au passage, on aurait renforcé la marge et la compétitivité des entreprises. Ce qui montre bien qu’en France, la droite et en tout cas la droite sarkozienne et une large partie du patronat considèrent que lorsque l’on favorise les actionnaires, les mandataires sociaux, on a aidé et favorisé l’entreprise. C’est est un raisonnement complètement faux. Il faut soigneusement distinguer ce qui relève du patrimoine collectif, c’est-à-dire l’entreprise en tant que partie de l’appareil productif et les individus qui n’ont aucune raison, absolument aucune d’être traités fiscalement de manière plus favorable que l’ouvrier ou l’employé de base.

    C’est aussi par ce chemin que passe la réconciliation des Français avec l’entreprise ?

    Absolument. Les entreprises sont impopulaires ? Parce que les Français ont très bien compris que c’est le lieu où se forment des fortunes individuelles qu’ils considèrent, à tort où à raison, comme illégitimes. On ne réconciliera pas les Français avec l’entreprise tant que la distribution des fruits produits par l’entreprise ne sera pas plus républicaine.

  • Noël, Hélios et nos impôts...

    Eh bien puisque je le disais hier, Noël est la fête du Nouveau Soleil, je choisis ce morceau d'un tableau de Jan Brueghel (l'inconvénient, c'est qu'avec tous les Jan Brueghel, je ne me souviens plus lequel exactement, et de surcroît, pas davantage du nom du tableau). Bon, allez, je me lance, je crois tout de même que c'est le I, c'est à dire Brueghel l'Ancien dit de Velours, mais c'est incertain. Pire, cela pourrait être Pierre, son frère aîné !

    5c2a679e4e28eaf5353d0eb6ff8fdad6.jpg Le comble, c'est que ce que l'on voit ici, sur ce blog, c'est une toute petite partie de la peinture qui se situe en bas à droite du tableau. Mais cette minuscule partie, je la trouve fascinante, et je trouve qu'elle évoque très bien pour moi la venue d'un soleil nouveau.

    En principe, dans ce tableau, il parcourt l'Océan, donc la nuit, et se dirige vers l'Orient, préparant l'avènement d'un nouveau jour. 

    Bon, si un oeil expert pour ne pas dire érudit peut me retrouver l'oeuvre exacte...

    Cela mis à part, j'espère que mes lecteurs ont réveillonné à souhait. 

    Dans la mythologie grecque, Hélios  est le dieu du soleil. Son rôle principal est de dévoiler tout ce qui se passe sur terre.

    Cela me fait bien rigoler, parce qu'il y a un autre Hélios, mais celui-là, il va peut-être moins plaire aux lecteurs : figurez-vous, chers lecteurs, que Bercy nous a concocté un magnifique programme informatique : en fait, ce n'est pas si nouveau, mais il termine son échelonnement pour 2008. C'est un programme qui vise à refondre les applications informatiques de la gestion du secteur public local en une application unique.

     

    A votre, avis, pourquoi ils l'ont appelé Hélios ? Je vous laisse chercher , chers ecteurs, je vous ai mis sur la piste... Tenez, si vous voulez tout savoir sur Hélios, rendez-vous sur cette page du Ministère de l'économie et des finances...

  • Jean-Claude Trichet à l'honneur au Financial Times

    Jean-Claude Trichet est élu homme de l'année par le Financial Times. J'avoue que je trouve cela mérité. L'homme est discret, mais, sur les subprimes, il a su sortir de l'orthodoxie monétaire pour réagir vite et bien, et injecter suffisammment de liquidités pour rassurer les banques, d'autant plus que les marchés ont senti que la BCE était prête à rééditer l'opération.

    De surcroît, mener une opération concertée avec les autres banques centrales, c'était bien vu.

    Sur le fond, nul doute que les banques centrales devront évoluer dans notre monde moderne qui n'est plus le temps de leur création. Aujoud'hui, il ne s'agit pas seulement de gérer les risques de dérapage inflationniste, ce sont les crises financières de toute sorte auxquelles il faut faire face. Et c'est une tout autre mission qui exige une redéfinition du rôle des banques centrales partout dans le monde. 

  • L'origine de Noël

    9a27ada99ad898825c91e6340956dce2.jpgLe saviez-vous ? Noël que l'on assimime généralement à la naissance de Jésus de Nazareth n'a en fait absolument aucun rapport avec cet évènement. En réalité, Noël vient du breton, no'il ; no'il signifie le nouveau soleil en breton. J'ai longtemps cru que le mot venait directement du grec ancien car on y trouve les deux mots néo (νέος), contracté souvent en no et helios (ἥλιος) dans lesquels on reconnaît bien no et el.

    En fait, le breton et le grec ancien étant deux langues indo-européennes, leur source est commune, d'où une parenté si apparente. 

    J'imagine bien la terreur des primitifs quand il constatait que petit à petit, le soleil se faisait de moins en moins présent : peut-être s'imaginaient-ils que le soleil allait disparaître à jamais, alors ils se carraient tous au coin d'un feu, bien serrés les uns contre les autres, rêvant de jours meilleurs. Et puis, un jour, paf, ils s'apercevaient que le soleil les avait accompagnés plus longuement, et un espoir renaissait. C'était un nouveau soleil qui ressuscitait de ses cendres encore incandescentes.  Alors ils faisaient la fête, parce qu'avec le temps, ils cesseraient de crever de froid, et les plantes se remettraient à pousser, même si cela allait prendre du temps. Et voilà. On fête ça encore de nos jours...

    Magnifique, ce soleil incandescent, non ? Sa belle couleur orange ne vous rappelle-t-elle pas quelque chose, à ce sujet :-) Allez, je vous donne un indice : il y a un rapport avec la politique...

  • Capitalisme, Socialisme et Démocratie (8) : entrepreneur, espèce menacée...

    Je poursuis ma lecture de Capitalisme, Socialisme et Démocratie,et, sans surprise, je m'intérsse cette fois aux menaces qui pèsent sur la fonction d'entrepreneur. Il faut bien comprendre que pour Schumpeter, la pierre angulaire, quasi-unique du capitalisme, c'est l'entreprise, dans toute sa polysémie, c'est à dire et en tant qu'institution, et en tant qu'action. Par suite, tout ce qui tend à réduire la liberté d'entreprendre tend à effacer l'essence-même du capitalisme.

    «Nous avons vu que le rôle de l'entrepreneur consiste à réformer ou à révolutionner la routine de production en exploitant une invention ou, plus généralement, une possibilité technique inédite (production d'une marchandise nouvelle, ou nouvelle méthode de production d'une marchandise ancienne, ou exploitation d'une nouvelle source de matières premières ou d'un nouveau débouché, ou réorganisation d'une branche industrielle, et ainsi de suite)»

    Au chapitre 12, il met notamment en évidence les facteurs d'effondrement qui minent l'entreprise et l'entrepreneur. Avec une très grande claivoyance, il observe que la dé-responsabilisation au sein de l'entreprise anihile progressivement le rôle de l'entrepreneur.

    En cause, l'automotasion de la RD, les unités de production industrielle géantes ( qui anéantissent les petites entreprises), l'actionnariat irresponsable (que l'on songe, à ce sujet, aujourd'hui, aux désordres financiers), la bureaucratisation des gros systèmes.

    - «L'unité industrielle géante parfaitement bureaucratisée n'élimine pas seulement, en « expropriant » leurs possesseurs, les firmes de taille petite ou moyenne, mais, en fin de compte, elle élimine également l'entrepreneur et exproprie la bourgeoisie en tant que classe appelée à perdre, de par ce processus, non seulement son revenu, mais encore, ce qui est infiniment plus grave, sa raison d'être» 

    Il faut dire que les mouvements de concentration actuels ne viennent pas infirmer les déclarations de Schumpeter.  De là à éliminer la bourgeoisie, c'est  à discuter : il serait plus juste de dire que ce mouvement entraîne une mutation. En revanche, oui, certainement, ces grosses unités tendent à détruire l'esprit d'entreprise, et, en ce sens, l'entrepreneur bourgeois, pour autant que l'on considère que le bourgeois est nécessairement un entrepreneur. Il est vrai que Schumpeter, dans le chapitre précédent, la Civilisation du Capitalisme, a estimé qu'entreprise et bourgeoisie étaient consubstanstielles.

    - « Le progrès technique devient toujours davantage l'affaire d'équi­pes de spécialistes entraînés qui travaillent sur commande et dont les méthodes leur permettent de prévoir les résultats pratiques de leurs recherches. Au romantisme des aventures commerciales d'antan succède rapidement le prosaïsme, en notre temps où il est devenu possible de soumettre à un calcul strict tant de choses qui naguère devaient être entrevues dans un éclair d'intuition générale» 

     Sur ce point, il me faut contester Schumpeter. Il n'a pas vu venir la nouvelle révolution industrielle que constituait l'informatique, et  a fortiori Internet. Il n'a eu la confiance nécessaire dans la force du capitalisme pour générer un nouveau far-west entrepreneurial. Or, dans ce nouveau champ, ce sont bien des individus et non des équipes, qui par un éclair de génie, ont construit des empires colossaux. Bill Gates avec Microsoft en est l'exemple le plus frappant, mais il n'est pas le seul. Que l'on songe au français qui avait créé Multimania dans les années 90  : quelques milliers euros d'investissement à la base et une revente pour 90 millions de dollars !

    Plus récemment, l'exemple de Second Life est édifiant. Il y a trois années, Monsieur Linden vivait péniblement de son travail avec à peine 1500 à 2000 euros de salaire par mois. Aujourd'hui, il emploie 220 personnes. Schumpeter l'a dit, la force du capitalisme, c'est sa cacpacité à se renouveler. Et je suis sûr que nous aurons des surprises également avec les énergies renouvelables. Je vois apr exemple avec un intérêt certain les particuliers commencer à produire leur électricité et à la revendre à EDF.

     - «le processus capitaliste s'attaque, au dedans des grandes entreprises, à son propre cadre institutionnel (nous continuons à considérer la « propriété » et la « liberté de contracter » comme des éléments caractéristiques de cet ensemble). Sauf dans les cas, qui continuent d'ailleurs à présenter une importance considérable, où une société est pratiquement appropriée par un seul individu ou par une seule famille, la silhouette du propriétaire et, avec elle, l'œil du maître ont disparu du tableau. Nous y trouvons des dirigeants salariés ainsi que tous les chefs et sous-chefs de service. Nous y trouvons les gros actionnaires. Et aussi les petits actionnaires. Le premier groupe tend à acquérir la mentalité de l'employé et il s'identifie rarement aux intérêts des actionnaires, même dans les cas les plus favorables, c'est-à-dire ceux dans lesquels il s'identifie aux intérêts de la société, en tant que personne morale. Le second groupe, même s'il considère ses relations avec la société comme permanentes, même s'il se comporte effectivement comme la théorie financière voudrait que les actionnaires se comportassent, n'agit pas néanmoins, ni ne réagit comme le ferait un propriétaire. Pour ce qui est du troisième groupe, les petits actionnaires ne se soucient le plus souvent guère de ce qui n'est, pour la plupart d'entre eux, qu'une faible source de revenu, et d'ailleurs, qu'ils s'en soucient ou non, ils ne se dérangeront pas pour autant, sinon dans les cas où ils cherchent à exploiter, directement ou par personnes interposées, les moyens dont ils disposent pour incommoder les administrateurs.»

     C'est tellement bien vu que je ne vois pas grand chose à ajouter. Nous sommes en plein dans une probmlématique très actuelle, et ce qui me navre, pour autant que je m'en souvienne, c'est qu'à ma connaissance, Schumpeter n'a pas proposé de solutions ni même d'issue à cette crise. J'espère simplement qu'au MoDem, nous parviendrons à solutionner cette grave faille dans le système capitaliste et l'économie de marché, car elle pèse comme une menace permanente, désormais, sur l'économie mondiale.