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Pensées

  • Une pensée pour Nicolas Sarkozy : les trois ordres de Pascal

    • Tout l’éclat des grandeurs n’a point de lustre pour les gens qui sont dans les recherches de l’esprit.
    • La grandeur des gens d’esprit est invisible aux rois, aux riches, aux capitaines, à tous ces grands de chair.
    • La grandeur de la sagesse, qui n’est nulle sinon de Dieu, est invisible aux charnels et aux gens d’esprit. Ce sont   trois   ordres différents de genre.
    Pascal, Pensées L 308 S 339

    C'est à juste titre que François Bayrou , dans un entretien au Figaro, a opposé la conception pascalienne de la religion au discours de Nicolas Sarkozy au Vatican. Pour rafraîchir la mémoire de notre omni-président, nous nous proposons de lui faire la copie (partielle) et le commentaire de la pensée de Pascal à laquelle François Bayrou songe probablement. Un petit commentaire préalable : l'objet de Pascal, c'est de démontrer que la "bassesse" de la condition sociale de Jésus Christ n'est pas un obstacle à sa majesté (tiens, tiens, au fait, qui pense très fort, actuellement, que l'argent est l'un des principaux critères de la réussite ?). Mais Pascal, qui est aussi un scientifique, ne s'arrête pas au milieu du gué, et s'attache aussi à montrer que juger Jésus de Nazareth du point de vue de la science n'est pas plus pertinent que de le faire d'un point de vue politique et moral. Il met en évidence donc trois ordres distincts les uns des autres et non-miscibles, même s'il arrive qu'un même être participe de ces trois ordres (un scientifique renommé qui serait dirigeant politique, par exemple). Et Pascal proclame que celui qui mélange  ces trois ordres n'a rien compris à la nature des choses. Or, ce que propose Nicolas Sarkozy, ni plus ni moins, comme l'a relevé l'homme de lettres et de réflexion qu'est François Bayrou, c'est d'attribuer à l'ordre du religieux un rôle politique. Dans une relatiojn bijective, rien ne s'opposerait donc à ce que l'on juge Jésus de Nazareth d'un point de vue politique et social, puisque la relation est bijective. A la fois comme chrétien, mais aussi comme homme politique, François Bayrou a bien raison de s'opposer à une telle dénaturation de l'ordre politique, puisqu'au nom de la bijectivité, on pourrait aussi juger le politique à l'aune du religieux, cette fois.

    • Il eût été inutile à Archimède de faire le prince dans ses livres de géométrie, quoiqu’il le fût.
    • Il eût été inutile à Notre Seigneur Jésus-Christ, pour éclater dans son règne de sainteté, de venir en roi. Mais il y est bien venu avec l’éclat de son ordre.
    • Il est bien ridicule de se scandaliser de la bassesse de Jésus-Christ, comme si cette bassesse était du même ordre duquel est la grandeur qu’il venait faire paraître

    Pascal ajoute plus loin :

    « Mais il y en a qui ne peuvent admirer que les grandeurs charnelles, comme s’il n’y en avait pas de spirituelles. Et d’autres qui n’admirent que les spirituelles, comme s’il n’y en avait pas d’infiniment plus hautes dans la sagesse.»

    Qui a bien suivi a bien compris que c'est la contradiction que relève François Bayrou, en assimilant Nicolas Sarkozy à un admirateur des choses charnelles (c'est à dire matérielles). Pour ceux qui veulent approfondir, la référence du texte est Pensées, L 308, S 339

    Et pour ma part, je vais y aller aussi de ma petite pensée de Pascal personnelle à l'intention de l'hyper-président et de ses zélateurs :

    « L' homme n'est ni ange ni bête, mais le malheur fait que qui veut faire l'ange, fait la bête...»