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L'Hérétique (Démocratie et hérésie économique) - Page 122

  • Minc doit apprendre à lire

    Bayrou fixe comme priorité dans son 2012 État d'urgence 100% de jeunes enfants maîtrisant la lecture à l'issue du CM2. Je propose un avenant pour les intellectuels grisonnants et pétris de morgue. J'ai lu la critique de Minc dans le dernier numéro du Point. Quel âne ! Le voilà à se lancer dans une diatribe contre Bayrou faisant valoir que ce dernier promeut un protectionnisme à l'échelle européenne.

    Quand on critique un livre, on est prié de le lire. Dans le chapitre "démondialisation", Bayrou dit très exactement l'inverse. Il dénonce l'illusion dangereuse du protectionnisme, y compris à l'échelle européenne. 

    Il y a même mieux en fait : page 40, un sous-titre intitulé "le mirage du protectionnisme européen"

    Il n'y aura pas de protectionnisme français [...]. Encore moins y-aura-t-il une protectinnisme européen.[...].Ils sentent bien que le protectionnisme national n'est pas défendable et plus de saison. Y ajouter l'adjectif «européen» c'est éluder l'accusation de connivence avec le Front National.

    Bayrou fait alors observer que c'est une duperie que de proposer un programme auquel plus d'un de nos voisins ne saurait donner son assentiment : imagine-t-on l'Allemagne, pays exportateur s'il en est, se ranger à une telle idée ? Ou encore la Grande-Bretagne, patire d'origine du libre-échangisme ? Bref, ceux qui défendent cette thèse savent qu'ils mentent et racontent n'importe quoi, à commencer par le Front National. C'est en substance ce que Bayrou relève dans le paragraphe que je cite. On ne saurait être plus explicite.

    Minc est vraiment nul. Peut-être malhonnête, même. Allez savoir pourquoi, mais j'ai la forte intuition qu'il n'a pas lu l'ouvrage. Il a du se contenter d'organes et d'articles de presse. Or, de tous les articles parus, y compris sur la Toile, je suis le seul à avoir relevé la charge de Bayrou contre le protectionnisme. Conclusion collatérale, Minc ne lit pas mon blogue...

    En tout cas, on ne pouvait pas rater ce point de vue sur lequel Bayrou insiste. Alors, Alain Minc : analphabète ou malhonnête ?

  • Etat d'urgence, la dernière séance !

    Nous vivons un thriller planétaire dont nous ne cessons de mesurer chaque jour l’ampleur. Il y pleut des cadavres. Si la première victime a été grecque, il semble bien que le peuple hellène n’aura pas le monopole de la tragédie. Ibères, Lusitaniens, habitants de la verte Erin jusqu’à ceux du Nouveau Monde, tous tombent comme les épis qui ploient sous le poids d’une faux au temps des moissons. De Trieste jusqu’aux confins de la botte, c’est l’Italie qui gémit à son tour sous le regard inquiet du génie français. Ah, la France ! Parlons en ! C’est elle, sans doute, la prochaine victime en dépit des mantras savants que se complaisent à réciter ses dirigeants.

    Il y a état d’urgence et cette cause-là vaut bien d’y consacrer un livre. François Bayrou vient de le faire.

    J’ai disposé en avant-première de l’ouvrage (privilège de blogueur centriste...).

    Nous vivons à l’heure actuelle la crise qui a été annoncée au lendemain même de celle des banques : la crise des dettes publiques. La France, avec ses records enfoncés ces dernières années y est aux premières loges.

    La dette, Bayrou en a longuement parlé en 2007. Le danger mortel qu’il annonçait s’est répandu sur les économies occidentales. Pour moi dont l’inquiétude grandit à proportion de la gangrène qui gagne notre économie, toutes les solutions viables sont bonnes à prendre. C’est donc avec le plus vif intérêt que j’ai pris connaissance des propositions du Président du MoDem.

    Plus que jamais François Bayrou ne voit d’autres solutions que d’équilibrer nos budgets pour sortir de la nasse. Notre déficit primaire (hors charge de la dette) s’établit à 5,5% de notre PIB. En somme si nous ne pouvions plus emprunter, nous ne pourrions plus payer nos fonctionnaires.
    Pour retrouver l’équilibre il faut que l’addition de nos économies et de nos ressources dégage 100 milliards d’euros. Bayrou établit ses comptes de la manière suivante :
    - récupération d’un quart des niches fiscales (Bayrou juge démagogique la proposition socialiste qui table sur sur 50 des des 80 milliards des niches : elles recouvrent des réalités très (trop!) diverses ! Certes le bouclier fiscal mais aussi le crédit impôt-recherche, l’avantage fiscal pour aide à personne et tant d’autres encore). 20 milliards, donc.
    - 2 points de TVA supplémentaires doivent pouvoir fournir les 20 milliards suivants. 40 milliards.
    - En augmentant l’Impôt sur le Revenu (Tranches supplémentaires) et en revoyant la taxation des successions, on peut espérer 5 milliards. 45 milliards.
    - Assurances-maladie, retraites et plus généralement budgets sociaux doivent être optimisés afin de dégager les 15 milliards suivants. 60 milliards.
    - L’Etat doit continuer à diminuer ses interventions et baisser son train de vie. Les collectivités locales doivent être responsabilisées et gérer plus directement leur fiscalité afin de limiter les transferts avec l’Etat. 20 milliards à trouver dans tout cela, cela donne 80 milliards. Il en manque encore 20...

    Bayrou estime que ce sont là les maxima que l’on puisse puiser. Promettre la lune comme on le fait à gauche (taxer les riches) ou à droite (dégraisser l’Etat) ne correspond à rien de sérieux. Les vingt milliards manquant ne peuvent être trouvés que dans un accroissement de la richesse nationale. C’est cet accroissement-là qui est l’objet principal du livre de Bayrou (l’éducation ne vient qu’en second), ce que Bayrou appelle le “produire en France”.

    Très pédagogiquement, il débarrasse ses lecteurs d’une illusion dangereuse : la démondialisation.

    Plutôt que d’espérer pouvoir s’enfermer dans nos frontières, Bayrou préfère voir la France se battre pour ériger des règles justes, une mondialisation loyale. Le protectionnisme, s’accrût-il jusqu’aux contours de l’Europe, est un leurre dangereux.  Même si notre balance commerciale est mise à mal nous demeurons un pays exportateur. Le doter de barrières douanières unilatérales aurait un effet dévastateur sur notre économie car  nos partenaires commerciaux ne manqueraient pas d’agir de même. Ni l’URSS n’a gagné la guerre froide ni la Corée du Nord n’est un état riche ou puissant (NDLR : témoignage édifiant à lire dans le Géo de ce mois d’août 2011 sur ce dernier pays) et pourtant, voilà des états qui ont été ou sont encore protectionnistes à l’excès. Le problème n’est pas la concurrence mais la concurrence déloyale.
    Par exemple, les  normes européennes ne doivent pas valoir pour les producteurs européens mais pour tous les produits vendus sur le marché européen. Voilà qui empêcherait de très grosses entreprises de contourner contraintes environnementales ou sociales en produisant dans des pays où elles n’existent pas puis en revendant après coup sur le territoire européen.
    De même, un pays ne devrait pas pouvoir décréter unilatéralement la valeur relative de sa monnaie dès lors qu’il utilise les règles du commerce international pour vendre ses productions.
    C’est au niveau de grandes organisations internationales comme l’OMC qu’il faut lutter pour promouvoir une concurrence juste (NDLR : comme le fait Marielle de Sarnez au Parlement européen, par exemple).

    Depuis une dizaine d’années nos déficits commerciaux suivent le chemin de nos déficits budgétaires : ils dérapent toujours plus, privant notre pays de précieuses ressources. C’est donc sur notre sol qu’il s’agit de relancer nos productions. Il n’existe certes pas de solutions miracle mais il nous reste des leviers qu’il demeure possible d’activer.

    a) L’automatisation des productions permet ainsi  de contourner les écarts de coûts salariaux comme critères déterminants de rentabilité. Elle facilite donc l’implantation de la production sur le sol français.

    b) C’est l’offre plutôt que la demande qu’il faut soutenir à l’heure actuelle : dans une économie ouverte comme la nôtre, et en l’état de notre appareil productif, une relance par la demande reviendrait à stimuler les productions allemande ou chinoise, tant nos importations en biens de consommation sont importantes.
    Une économie administrée n’est pas la solution pour Bayrou : ce n’est  ni le rôle ni la compétence d’un Etat de ses mêler des grands équilibres de la production. Il se défie du dirigisme mais croit l’Etat dans son rôle quand il incite ou facilite.
    c) Sans définir une stratégie nationale l’Etat pourrait permettre aux différents acteurs économiques d’en dresser les contours ; une sorte de Commissariat au Plan qui les réunirait et les informerait (sur certaines OPA hostiles dont le seul but est de capter le carnet de commandes d’un concurrent puis de l’éliminer une fois la prédation accomplie, par exemple).
    Le fonds stratégique mis en place par Sarkozy et le gouvernement Fillon va à cet égard dans le bon sens mais doit être élargi et servir à bon escient : pas à soutenir les copains ou les très grosses entreprises mais être orienté vers les PME, particulièrement les jeunes pousses.

    d) Appeler les consommateurs à la rescousse
    Un véritable effort implique la nation toute entière. Convenablement informés, les Français consommateurs peuvent devenir les soutiens actifs des Français producteurs. Mais pour cela, il faut créer un label “Produit en France” indiquant précisément en pourcentage la production issue de notre sol. Aux associations de consommateurs, professionnels et salariés d’en contrôler la fiabilité. Il ne s’agit pas pour autant de mener le combat contre les composants importés : ils sont une chance pour les pays qui les produisent et une opportunité de baisses de coûts pour nos entreprises. Il en va tout autrement de la délocalisation d’un produit.

    e) Simplification fiscale et juridique
    Les cadres juridiques qui régissent l’activité entrepreneuriale sont d’authentiques labyrhintes : Thésée y perdrait son fil d’Ariane. Niches fiscales et sociales, normes complexes et changeantes, tout contribue à favoriser les très grosses entreprises disposant de cabinets juridiques tandis que les PME sont conduites à errer dans leur dédale. Une iniquité de plus qu’il convient de corriger par une nuit du 4 août des privilèges indus et des formulaires surnuméraires.

    f) Basculement des charges sociales
    Il y a une injustice dans notre pays : tous les Français bénéficient de la même protection mais seuls les salariés et les entreprises la paient. Si l’avantage profite à toute la nation, c’est également à elle de le financer. Tous les revenus sans exception doivent contribuer : salaires, entreprises, revenus du capital, assurances, retraites... Un impôt comme la CSG qui touche tout le monde et tous les revenus pourrait pourvoir à ce financement. De ce fait, les marges plus importantes, particulièrement dans l’industrie, favoriseraient l’investissement dans la recherche et le développement (NDLR : Jean Peyrelevade observait dans son livre l’erreur historique de Nicolas Sarkozy que l’industrie française avait les marges les plus faibles d’Europe).

    In fine toutes ces idées ne prétendent pas à la vérité universelle, et à vrai dire, ma relation est loin d’être exhaustive (il faut lire le livre de Bayrou en entier), mais elles méritent une discussion et des débats et ouvrent la voie à une politique de reconquête. En France l’on s’accorde aisément sur l’abstraction mais dès qu’il s’agit de la réalité, de la matière qui fait la vie, il n’y a plus personne.

    Pourtant, l’important, c’est de vouloir...

  • Ben alors ? Le MoDem est si proche....

    J'avoue mon étonnement quand je considère les vues exprimées par nombre de proches, d'amis ou de simples connaissances qui votent socialistes: sur la plupart des questions économiques le programme et les déclarations du MoDem ne dépareillent pas... Je me demande parfois s'ils savent bien pour quoi ils votent exactement...
    A vrai dire nous sommes assez rarement d'accord sur pas mal de points (sécurité,justice,armée) mais cela n'est guère étonnant : le MoDem est au centre-gauche et moi au centre-droit...
    Si l'on ne votait que sur la base des idées et des programmes, le MoDem réaliserait certainement aux alentours de 15-20% des suffrages, cela correspond à son étiage idéologique qui mord largement sur la gauche et sur le centre.

  • Brunerie, l'accueillir ou pas ?

    Les médias ont fait état de la volonté de Maxime Brunerie, auteur d'une tentative d'assassinat manqué contre Jacques Chirac, d'adhérer au MoDem et de soutenir Bayrou.

    Juste après l'épisode norvégien, ça ne donne pas vraiment envie. Maxime Brunerie a tout de même assidûment fréquenté le MNR de Mégret, les groupes néo-nazis et j'en passe.

    Certes, je crois, jusqu'à un certain degré, à la rédemption, mais tout de même...

    Il est vrai, toutefois, que Maxime Brunerie, en 2001, cherchait, paraît-il, une mort glorieuse, espérant finir sous les balles des services de sécurité présidentiels. Je conçois que l'on puisse verser dans de dangereuses formes de mal-être, mais les choix politiques, dans des circonstances et un état semblables, traduisent tout de même quelque chose d'inquiétant sur le fond.

    J'ai notamment lu son entretien sur Atlantico : j'aimerais savoir ce qui l'attire exactement au MoDem...Brunerie dit être attaché avant toutes choses à la Nation et à la Tradition, le tout avec une majuscule à chaque mot. Le MoDem a bien des attachements, mais je ne crois pas que ces deux-là lui soient une priorité.

    Je n'ai pas lu son livre et ne le connais que par les extraits qui figurent sur la Toile et ce qu'en disent différents médias. Ce que je comprends, c'est qu'il a fait une partie du chemin, mais pas encore l'autre. Par exemple, il en semble pas conscient de tout ce qu'il doit au maire de Courcouronnes, qui a tout fait pour sa réinsertion. Il a en revanche vu de près ce qu'était l'infâme univers carcéral dans lequel la France mélange allègrement violeurs, pédophiles, braqueurs, voleurs et cetera, comme s'il n'y avait pas de différences de nature entre les différents crimes et délits qui les ont amené en prison.

    Au passage, j'en profite pour faire une parenthèse : j'entends souvent que les criminels où les mineurs que l'on envoie en prison en ressortent plus durs. De ce fait, les bonnes âmes en concluent qu'il ne faut pas envoyer les mineurs délinquants en prison. La conclusion logique à laquelle j'arrive, moi, ce n'est pas qu'il faut supprimer la prison, mais la réformer. Une prison à visage humain, qui trie clairement les criminels et les délinquants tout en prévoyant les moyens de réinsertion des moins endurcis dans le mal est la condition sine qua non d'une politique de répression réussie. Tout comme la prévention, la répression nécessite des moyens importants. C'est le genre de chose qu'un Guéant, un Hortefeux, un Sarkozy, ou encore tous les trublions de la droite populaire (sans parler du FN) ne semblent vraiment pas avoir compris...

    Revenons à Brunerie : il ne me semble pas mûr pour l'action politique. Je regrette l'impulsivité (une fois de plus, c'en est agaçant...) de Bayrou qui aurait du se garder de décréter qu'il n'y avait pas de place pour les déséquilibrés au MoDem. Franchement, si je cherche, je vais en trouver d'autres, moi au MoDem, même s'il y en a certainement moins qu'il y a deux ans. Soyons honnête : c'est une marque de fabrique du militantisme et de la politique que de fourbir les partis en déséquilibrés plus ou moins prononcés. Il y en a dans tous les partis...Ça n'était pas très chrétien, en somme, d'accueillir ainsi la demande de Brunerie.

    Je pense que nous devrions lui faire une réponse circonstanciée et ne pas lui refuser un entretien, de manière à ce qu'il réalise qu'il est encore bien loin de la ligne politique du MoDem, à l'heure actuelle.

  • Ridicules...

    J'ai du mal à comprendre l'obstination d'un Jean-Louis Borloo ou d'un Hervé Morin à vouloir à tout prix charger Nicolas Sarkozy. Il me semble que c'est "daté", et surtout, un peu tard après avoir gouverné la France quatre années avec lui.

    C'est d'autant plus inutile que les idées de Borloo ou de Morin ne sont pas inintéressantes. Je l'ai déjà dit, si Bayrou n'était pas candidat, ce serait certainement à l'un des deux que ma voix irait, de préférence à Hervé Morin, d'ailleurs, bien réfléchi. La droite de sensibilité centriste a le droit de présenter plusieurs candidats, mais, si l'on considère leurs histoires politiques, Hervé Morin a montré plus d'indépendance que Borloo et son programme est très proche de celui de l'UDF en 2007, ce qui me convient parfaitement.

    Le concours de critiques sur Sarkozy, c'est fini, les amis, il faut passer à autre chose ! On s'étonnait du silence de François Bayrou dans les coulisses politiques de RMC lundi dernier. On y soupçonnait même quelques secrets accords. Ridicule. C'est bien plus simple que cela, et d'ailleurs Bayrou avait annoncé ce tournant il y a plusieurs mois : l'heure n'est plus à la critique systématique mais aux propositions. Bayrou travaille donc sur un programme pour la France.

    Aux présidentielles, évidemment, Bayrou ira pour gagner et faire valoir son projet politique, économique, social et culturel pour la France. Il se rapprochera du candidat qui sera le plus proche de ses vues s'il n'est pas au second tour.

  • Mon pauvre Nicolas...

    Quand je dis mon pauvre Nicolas, je ne parle pas de lui, ni même de lui, mais de ce malheureux Hulot. IL avait cru devenir membre d'un parti d'écologistes, il est tombé dans un traquenard d'extrême-gauche, le vrai fonds de commerce des Verts en France.

    Il faut dire qu'on aura une bonne idée de l'ambiance de la campagne, quelque peu saumâtre, quand on aura appris que Nicolas Hulot s'est pris une assiette de déchets sur la tête lors d'un meeting en interne avec les militants verts. Et pour mieux cerner le Robespierre norvégien en jupon qui va les représenter, il faut savoir qu'elle a formellement refusé de condamner cette agression.

    Bref, Hulot s'épanche, et on le comprend...

  • Visionnaires...

    Je viens de prendre connaissance chez Marianne des dernières notes sur l'école de Brighelli et de Bah? ; Brighelli renvoie à un écrit de l'association Sauvez les Lettres de 2003.

    Rien à dire. Ils ont été visionnaires (Sauvez les lettres, je veux dire). Ce qui impressionne quand on considère la chose, c'est qu'on croit régulièrement avoir touché le fond puis on se rend compte que non, on n'a pas fini de repousser les limites.

    Il y a trois axes qui devraient guider toute perspective pour l'Éducation Nationale.

    a) s'appuyer sur deux piliers : l'excellence et la remédiation. 

    Les pédagogols et les adeptes du benchmarking, de la compétence et autres conneries ont réussi à flinguer la remédiation en proposant toujours plus de merde et de ludique aux "apprenants". Mais maintenant, ils rêvent de dégommer aussi l'excellence. 

    J'ai été stupéfié après la publication des enquêtes PISA qu'il n'y ait personne dans la presse spécialisée pour observer que le niveau de nos meilleurs élèves baissait aussi. Si la France n'était déjà plus capable d'offrir de vraies perspectives aux plus faibles, au moins avait-elle conservé cette qualité d'être capable de former des élites. On aurait pu au moins s'en réjouir, mais cela gêne les pédagogols, tout imprégnés de marxisme qu'ils sont, et les libéraux en peau de lapin parce que tout ce qui n'a pas une utilité immédiate doit être écarté. Or, il se trouve que l'excellence ne se bâtit pas sur l'utile mais au contraire sur le "superflu". C'est même là sa marque de fabrique. Il me semblait pourtant qu'il y avait dans le libéralisme un idéal de développement personnel, or, quand on examine de près le programme éducatif des libéraux français, c'est à pleurer : du pédagogol dans le texte. La seule chose, c'est qu'ils veulent introduire la concurrence entre les écoles et même dans le recrutement des profs (pas forcément une mauvaise idée, d'ailleurs, ce dernier point : les choses se passeraient bien mieux dans les écoles, collèges et lycées si chefs d'établissement et enseignants se choisissaient les uns les autres). Je lis donc chez eux les mêmes conneries qu'ailleurs.

    b) assurer des conditions d'enseignement et d'instruction optimales pour le plus grand nombre.

    Ceci suppose un recrutement de qualité pas les contrats à la c... de Châtel et encore moins la masterisation qui est une vaste fumisterie, mais aussi un environnement favorable. L'environnement favorable, c'est dégager des établissements scolaires les éléments qui en empêchent le fonctionnement normal. Il faudra évidemment trouver un parcours adapté pour les dits éléments, allant du centre éducatif à la prison pour mineurs en bonne et due forme avec suivi judiciaire si nécessaire.

    c) permettre la diversité et l'innovation sans étranglement par les moyens

    Jusqu'à un certain point, les établissements devraient être libres de définir leur pédagogie et même de personnaliser l'enseignement des discplines selon les profils d'élève. Il faudrait d'ailleurs sortir du "tout école". L'école ne valorise que certaines qualités seulement et abrase tout le reste. Le collège "unique" ne doit donc plus être le lieu exclusif de l'instruction. Les centres d'apprentis les plus performants doivent devenir des labels de qualité, ce qui suppose d'avoir aussi un oeil sur les formateurs. On ne devrait pas pouvoir s'improviser formateur dans un CFA et un tel statut devrait faire l'objet d'un concours spécifique.

    Les projets d'établissement sont de la fumisterie en l'état, mais si on laissait une vraie liberté aux établissements, ils pourraient devenir le fer de lance de cette diversité. Cela suppose évidemment de ne pas étrangler les collèges et les lycées en leur retirant des moyens puis de venir la bouche en coeur expliquer à leurs équipes qu'elles sont libres.

    La diversité, c'est aussi le maintien d'une grande diversité d'enseignements, à commencer, comme l'observait Sauver les lettres, par l'allemand, le latin et le grec, qui sont les lieux traditionnels de la rigueur de et l'excellence.

    J'avais au départ un 4ème axe en tête, mais pas moyen de m'en rappeler. Tant pis, ce sera pour un autre billet. Et puis de toutes façons, je radote largement, je dis à peu près toujours les mêmes choses ici...

  • Ils ont passé le mur du çon...

    Ami lecteur, tu dois bien connaître, j'espère, le fameux et hilarant hebdomadaire le Canard Enchaîné ; en règle générale, en première page, mon palmipède favori consacre toujours un petit entrefilet à la plus grosse c....erie de la semaine, proférée généralement par de doctes et dignes représentants de notre classe politique.

    En vil plagiaire que je suis, je vais prolonger ce petit rituel sur mon blogue. Voilà, toute la presse s'en est fait l'écho, un cas lourd pour la psychiatrie a pété un câble et massacré 93 jeunes gens. 

    Mais voilà, la presse voulait à tout prix politiser la chose, alors on s'est empressé aussi bien en Norvège qu'en France, et, je le présume, dans toute l'Europe, de bien préciser qu'il s'agissait d'un Norvégien " de souche". Mon Dieu mon Dieu, on aurait pu penser tout de suite à un immigré islamiste. Soyons honnête, c'est la première chose qui m'est venue à l'esprit, et je ne suis pas le seul,  car dans l'attente, quelques médias ont rappelé que la Norvège participait à certaines opérations militaires mal vues des djihadistes de tout poil.

    Le caractère méticuleux et narcissique de la préparation du taré dénote un esprit maniaque et illuminé. Le camarade CSP s'est empressé d'éructer sur les droites populistes, nationales et extrêmes qui sévissent sous nos latitudes. Le camarade CSP n'a rien compris. Et il n'est pas le seul, pour une fois, EGEA n'est guère perspicace. Y'a pas d'embrigadement dans cette histoire. Le gars, un peu (beaucoup) illuminé, s'est monté la tête tout seul. CSP n'a rien compris : on ne devient pas malade à force de fréquenter l'extrême-droite ! c'est parce qu'on est malade qu'on commence à la fréquenter !

    Mais bon, y'en a un autre qui a fait fort, c'est l'Didier. Imaginez : le crime provient de ce que la Norvège serait féminolâtre. Oh, j'ai déjà lu de belles conneries à la gauche de la gauche, mais là, l'Didier les a tous battus d'un seul coup à plat de couture. Et puis il en ajoute une couche, en plus, après : la Scandinavie a sur une carte l'aspect d'une bite molle ce qui explique le carnage qui s'est produit près d'Oslo. L'Didier devrait postuler à l'Université Paris-V Descartes pour une chaire de socio ou de psycho. Ou alors peut-être à l'IRIS. A moins que nous ne soyons à l'orée d'une nouvelle science humaine. Révolutionnaire, je vous dis.

    Sérieusement, moi, ce n'est pas le modèle Scandinave qui m'indispose, mais les bêlements de mouton de toute obédience qui nous en vantent les mérites et veulent nous l'imposer, en nous expliquant que là-bas c'est mieux (ben ils n'ont qu'à y rester, tiens...). Chacun son modèle, nous c'est le modèle Latin, point à a ligne. 

    Bref, on ne va pas gloser indéfiniment sur l'individu : c'est un fou. S'il n'avait pas agi au nom des thèses réactionnaires de la droite populiste, il l'aurait fait au nom d'une secte millénariste ou toute autre connerie dans le genre.

    Fondamentaliste chrétien, c'est l'épithète ridicule qu'on lui a accolé, alors même que le type s'apprêtait à basculer du protestantisme vers le catholicisme (il ne savait plus où il en était, en somme). Tu parles d'un fondamentaliste. Ah, on les sentait dans la presse bien-pensante : ouf ! Ils avaient trouvé enfin l'incident qui allait remettre les pendules à l'heure face à l'islamisme radical. Enfin un attentat chrétien ! Le bonheur ! Quel tas d'abrutis crétinoïdes...

    Il n'y a en définitive aucun enseignement politique à tirer de cet évènement isolé : il n'y avait pas d'organisation ni d'embrigadement derrière les délires de ce malade, et sa mère ne l'avait pas castré au nom d'un féminisme scandinave triomphant.

    C'est hélas un fait divers tristement tragique et rien d'autre.

  • Diplomatie, culture et défense en temps de rigueur

    C'est une tentation, pour un état fortement endetté, que de ponctionner sévèrement les budgets alloués à la défense et à la diplomatie. Soyons précis : c'est une tentation surtout parmi les démocraties européennes. Pas de guerres à soutenir, pas de statut à maintenir. Ce peut être aussi le fruit d'une pensée primairement anti-militariste (que l'on songe à Éva Joly qui compare la France à la Corée du Nord parce que nous organisons le défilé de nos forces le jour de notre fête nationale...).

    Quand je considère la France, j'ai beau y réfléchir, je ne vois pas comment nous pourrions abaisser les crédits dont dispose notre armée nationale. Si nous voulions faire de grosses économies, il faudrait toucher à de gros postes budgétaires. On pense tout de suite à nos porte-avions, des gouffres financiers. L'inconvénient, c'est que se priver de porte-avions, c'est se priver de la possibilité d'amener une partie de notre aviation dans toutes les régions du monde. Je ne suis pas convaincu que des avions à longue portée (existent-ils seulement ?) puissent suppléer l'absence de porte-avion.

    Je crois qu'il faut également bien réfléchir au type d'interventions armées que nous voulons mener. La guerre en Libye coûte cher. Certes. Mais elle ne fait aucune victime civile. A ce stade-là, c'en est même miraculeux. C'est que l'aviation française (mais aussi britannique) utilise des bombes-laser d'une extrême-précision et obéit à des règles d'engagement très strictes. Ces bombes coûtent très cher ; mais elles touchent leurs cibles, pas ce qu'il y a à côté. Des guerres à zéro mort, cela a un coût, et ce coût, il pme paraît nécessaire de le supporter. La suite logique, d'ailleurs, ce sont les drones : coûts astronomiques, mais efficacité sans égale. Ils s'amérioreront toujours plus.

    Bref, il ne faut pas toucher à nos capacités opérationnelles, parce qu'elles sont au service de notre diplomatie, si maigres soient-elles au regard de nos ambitions.

    Dans le domaine diplomatique, c'est, je le pense, la culture qu'il faut promouvoir par-dessus tout. Or, les centres culturels et les écoles françaises sont les premières victimes de la rigueur, en règle général. Nous devrions à mon avis leur assigner des missions culturelles stratégiques : toucher les élites des pays où ils sont implantés, populariser la culture française, dispenser des cours de langue au plus grand nombre de personnes possible. C'est un domaine où il ne faut pas lésiner. Je pense également qu'il ne faut pas faire l'effort de se replier sur la seule francophonie. Nous avons complètement abandonné tout effort de pénétration culturelle et linguistique chez nos voisins européens. C'est pourtant là qu'il faudrait mettre le paquet, de même qu'en Amérique. Pour que le monde parle français, il faut que les décideurs et les élites pensent "en français". Il faut donc avoir une stratégie audacieuse et agressive de pénétration linguistique et culturelle au sein des élites mondialisées.

    Cela suppose de ne pas placer des ânes ignares qui méprisent la culture française comme le socialiste Pascal Lamy  qui considèrent le combat sur la francophonie comme un combat d'arrière-garde à des postes à responsabilité. Cela suppose aussi de recentrer nos aides et nos cadeaux à l'étranger vers la diffusion de notre culture (quel intérêt de financer un centre culturel au Chili, n'est-ce pas Monsieur Husson, sauf à ce qu'il bénificie d'une implantation culturelle du français sur place, mais ce n'est pas le cas...).

    Bref, il faut avoir une stratégie et nous ne l'avons pas. C'est une dimension à laquelle François Bayrou semblait sensible en 2007 que le MoDem pourrait ajouter dans son programme politique pour 2012.

  • Rigueur, la quadrature du cerle

    La nécessité fut longue à prendre le chemin des esprits, mais je pense qu'il commence à s'établir clairement que nous n'avons plus le choix : nous devons proposer des budgets à l'équilibre. Les Socialistes ont intégré cette nécessité mais ils comptent y faire face en chargeant la mule au maximum, c'est à dire en accroissant significativement l'impôt. L'actuel gouvernement, quant à lui, cherche à faire des économies, tout en envisageant de nouvelles taxes.

    Dans la période critique que nous vivons, il serait, je le crois, catastrophique de réagir par panique plutôt que par raison. Il ne s'agit pas de trouver à tout prix des gisements d'économies à faire sans plus se soucier de leur origine. C'est une erreur grave, et j'ai le sentiment que pas mal afficionados de la dette tombent dans ce travers.

    Il faut à mon avis d'abord définir ce qui est important, prioritaire et ne pas pour autant verser dans un utilitarisme étroit. Sur ce point, il me semble que le MoDem a engagé une véritable réflexion depuis un temps certain, même s'il n'a pour l'instant pas fourni de chiffres, seul engagement qui permette de se faire une idée précise de la sauce à laquelle nous serons mangés...

    La grande difficulté, c'est de réussir à faire des économies sans casser la croissance, sans anéantir les indispensables tremplins de secours qui seront nécessaires pour enrayer la chute à venir des futurs déclassés.

    Je ne pense pas qu'il faille faire des économies à tout prix partout. En revanche, là où il n'y a pas priorité, aucune hésitation à sabrer.

    J'ai deux exemples en tête :

    Les associations reçoivent des subventions conséquentes de l'État et des collectivités : directement et indirectement via le crédit d'impôt. Est-ce le rôle d'un État de prendre en charge les dépenses d'une association ? Je ne le crois vraiment pas et je préfère le modèle du Charity Business à l'anglo-saxonne. Je ne sais pas combien coûtent exactement toutes les associations à l'État et aux collectivités locales, mais à mon avis, cher.

    Un exemple avec SOS-racisme qui vient d'organiser un concert sur le champ de mars le 14 juillet normal : d'après le Journal Officiel, 64% des sommes que perçoit cette association proviennent de financements publics. J'imagine qu'elle n'est pas la seule dans le cas. Sans considérer l'utilité ou non de cette association, je ne trouve pas normal ni acceptable qu'elle ne vive que de subsides publics.

    La fonction publique bénéficie de l'action d'organismes de formation continue. En temps de crise, pour des fonctionnaires dont l'emploi est assuré, à moins que ces derniers envisagent clairement une reconversion, est-ce une nécessité absolue de dépenser des sommes importantes dans de la formation continue ? Je ne le crois pas. Je pense particulièrement à l'enseignement, où, véritable usine à gaz, elle ne sert quasiment à rien si ce n'est à alimenter des officines qui vivent sur le dos de la bête ou encore à ne pas placer d'élèves devant certains enseignants.

    Et quitte à évoquer la formation, je demande à voir la pertinence des sommes dépensées pour la formation initiale des agents de l'État : on sait, que dans l'Éducation Nationale, elles financent essentiellement les délires d'idéologues de tout poil dont raffolent les diverses bureaucraties  du Mammouth. 

    En matière d'éducation, à mes yeux, ce qui est important, c'est de garantir la qualité de l'enseignement (ne pas remplacer des titulaires de diplômes de concours par des contractuels à la petite semaine, par exemple), la diversité de l'offre éducative (ne pas supprimer à tout va options et langues vivantes "rares"), assurer un encadrement de qualité dans les établissements scolaires, des conditions d'études satisfaisantes (pas de violences, pas d'incivilités, du matériel et des manuels quand ils sont nécessaires) et voilà. Le reste...

    Il faudrait examiner poste par poste budgétaire l'essentiel et le superflu. Je suis convaincu qu'on doit pouvoir trouver ainsi plusieurs secteurs dans lesquels des économies radicales sont possibles, tout le temps, du moins, que nous serons déficitaires.

    Il en va très vraisemblablement de même pour les diverses niches fiscales et aides d'État : quel bilan pour le RMI ? Pour le RSA ?

    Il y a tout de même deux choses qui m'inquiètent :

    a) pour l'instant, aucun gouvernement n'est parvenu à réduire la dette de la France depuis qu'elle existe et je ne suis même pas sûr qu'il y en ait un qui ait essayé.

    b) nous entrons en période électorale majeure (législatives et présidentielles) période propice aux propositions et promesses de cadeaux aussi farfelues que coûteuses...