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Afghanistan - Page 2

  • Viol légalisé ? Ouste, Karzaï !

    L'information a fait à peu près le tour de la Toile : en Afghanistan, on légalise le viol conjugal et la pédophilie institutionnelle. En effet, Hamid Karzaï, par démagogie et par couardise électorale, s'apprête à faire passer dans les textes une loi Hazâra qui interdit à une épouse de se refuser à son mari et qui permet à un père ou un grand-père de marier une fillette de 9 ans à un homme mûr.

    Quand je découvre ce genre d'informations, à vrai dire, je plonge dans un certain désarroi. Nous pouvons, sur nos blogs, toujours tempêter et faire du bruit, en réalité, l'impact sur le gouvernement afghan est à peu près nul. Là-bas, on est à 100 000 lieues d'Internet. Quant à nos gouvernements européens et occidentaux, je pense bien sûr qu'ils sont scandalisés et on ne peut les soupçonner de demeurer sans réactions.

    En réalité, je pense qu'il suffit, et que nous n'avons plus à soutenir ce pantin de Karzaï. Ma déception est à la mesure de l'immense espoir qu'il avait fait naître dans le monde. Je le voyais en homme intelligent et avisé, il était parvenu à convoquer une loyya Jirgâ, et puis finalement, je le découvre un politicien de la pire espèce. Son gouvernement est corrompu jusqu'à la moëlle et son autorité ne s'étend pas au-delà de Kaboul.

    Les Afghanes, les Afghans, nous-mêmes, je crois que nous n'en aurons jamais fini de pleurer la mort de Massoud. Quel homme, quel chef remarquable eût eu alors l'Afghanistan !

    Le pire, c'est que je ne vois pas quelle solution de remplacement à Karzaï en Afghanistan. L'avenir de ce pays est trouble.

    Je voudrais, à défaut, établir un parallèle. Si une loi semblable existe chez les Hazaras, c'est qu'on y considère les femmes comme moins que rien, des esclaves justes bonnes à satisfaire les pulsions sexuelles des mâles. Cela ne vous rappelle pas quelque chose ? Sale pute en Hazara, je crois que cela se dit "o-rel-san" ou quelque chose dans le genre...La liberté est un bien précieux, plus encore pour les femmes que les hommes, tant partout on la menace de l'en priver. L'Afghanistan, c'est le règne des "o-rel-san" qui ont crû et se sont multipliés. Voilà pourquoi il faut leur mener une lutte sans merci. Ce pauvre type serait sans doute très à son aise là-bas.

    Les Hazaras, en tant que chiites sont régulièrement en proie aux attaques des Talibans qui les considèrent comme des cibles prioritaires. Ce qui est fâcheux, c'est qu'au Pakistan (ils y sont aussi) les Hazaras ont généralement un bon niveau d'éducation. Il me semble, sur cette loi criminelle qu'il faudrait obtenir l'intervention d'un religieux ayant une autorité reconnue. Autre solution, demander une médiation de l'Iran.

    Aux dernières nouvelles, la loi semblait prendre le chemin d'amendements mélioratifs puisque l'âge du mariage avait été repoussé à 16 ans et que la femme pouvait donner des excuses légitimes pour refuser une relation sexuelle à son mari. Mais tout ce qui a été obtenu l'a été sous la pression des gouvernements occidentaux et de l'ONU. Karzaï n'y est pour rien. Ni son assemblée qui a voté ces saloperies sans sourciller.

    Karzaï est vraiment un minable : il achète la paix sociale aux Hazaras avec des concessions de m.... Il ferait mieux d'inscrire dans la loi la fin des discriminations envers les Hazaras (elles durent depuis près de 10 siècles). Bref, pour l'instant, ce type ne fait pas mieux que les Talibans. C'est à pleurer.

  • Afghanistan, il faut manger d'abord !

    Le MoDem de Boulogne-Billancourt a rendu compte d'une conférence fort intéressante sur l'Afghanistan organisée par l'ADLE (Alliance des Démocrates et des Libéraux en Europe). Il y avait là de nombreux invités, dont le Général Morillon, mais, j'ai retenu en particulier ce qu'ont dit les représentants d'un think tank basé à Kaboul, que je cite :

    Hekmat KARZAÏ, président du Centre for Conflict and Peace Studies (CAPS), un think tank basé à Kaboul, a déploré que "L'UE, comme beaucoup d'autres donateurs, ne se concentre pas sur l'aide économique, notamment l'agriculture. Ainsi on construit beaucoup d'écoles chez nous. Cela part d'un bon sentiment, mais nonobstant le fait que cela créé des tensions dans les villages avec les Talibans, nous n'avons de toute manière pas d'argent pour payer des instituteurs! Mieux vaut nous laissez décider comment utiliser l'argent et apprendre de nos propres erreurs".

    C'est très intéressant, parce que cette réflexion montre bien comment l'Enfer peut être pavé de bonnes intentions. Pour nous autres Européens, qui vivont dans l'abondance, le plus important, c'est l'Éducation. Nous lui donnons la primauté, et, en Afghanistan, nous poursuivons ainsi un objectif politique et philosophique qui est de lutter contre la fanatisme.

    Mais pour les Afghans qui vivent dans la misère, le bien le plus précieux, c'est la nourriture. Et le secteur qui organise et produit la nourriture c'est l'agriculture. Accessoirement, là où ne sont pas cultivés des produits alimentaires, on trouve du pavot en masse pour fournir les besoins de paradis artificiels d'un Occident trop repu.

    Dans l'histoire économique et industrielle des différents pays de la planète, il est très rarement arrivé qu'un décollage économique se produise sans commencer par une réforme agraire (incluant généralement une distribution des terres, puis, au fil du temps, une concentration en unités de production plus rentables).

    Nous serions très bien inspirés d'écouter Hekmat Karzaï. En Europe, les biens supérieurs, ce sont l'Éducation, la santé, la culture, mais en Afghanistan, c'est l'agriculture, la nourriture. C'est à mon avis à cette aune que nous devrions repenser notre aide. Un ventre repu est plus à son aise pour écouter des conseils qu'un estomac qui crie famine.

    Épicure estimait que l'âme ne pouvait trouver la paix qu'en mettant fin à toutes les agitations et les torsions qui pouvaient la troubler. Ainsi, il distinguait l'apaisement de la faim de la recherche de mets raffinés et lourds, qui, au contraire, maintenait le corps et donc l'âme dans une dynamique de désirs insatisfaits. En ce sens, il s'inscrivait dans la droite ligne de la philosophie atomiste qui postulait que tout ce qui est doit exister dans la plénitude de son être à condition que rien ne vienne la perturber; si rien ne fait défaut au corps, qu'il a tout ce qui lui est nécessaire, il peut alors profiter d'un plaisir stable, (ce que les philosophes atomistes appellent plaisir catastèmatique, c'est à dire l'expression de l'équilibre des atomes qui  composent le corps).

  • Iran, les lettres persanes d'un député

    Il y a en ce moment sur la Toile un document exceptionnel qui se trouve chez Backchich : le récit du député Jean Glavany en mission parlementaire dans la région de l'Afghanistan. C'est passionnant. Il a visité bien sûr l'Afghanistan mais aussi les pays frontaliers, notamment  le Pakistan et l'Iran. Quand je parle de visite, je n'entends pas une visite touristique, mais une véritable enquête. Il a pu interroger Iraniens,  Pakistanais et Afghans ce qui permet d'échapper aux idées convenues et aux a priori qui caractérisent nos opinions sur ces pays.

    Extraits...

    L'Iran

    En Iran, toutes les femmes, sont voilées. Même les européennes. C’est la loi et ça n’est pas gai. Mais, à l’inverse de l’Afghanistan ou du Pakistan, on n’y voit aucune Burqa. Aucune. On voit même beaucoup de voiles cantonnés sur l’arrière de la tête, découvrant largement les chevelures… et portés avec des Jeans et des nike, image inattendue et amusante de la mondialisation… L’alcool est interdit partout – un séjour en Iran est tout indiqué pour perdre du poids ! - … mais il coule à flot dans les soirées privées. Les muezzin sont discrets, très discrets. Et quand on se surprend à en entendre un, on ne constate aucune conséquence sur la population dans la rue. Aucune. En Iran, les mosquées sont vides ou presque et le régime des Mollahs semble ne pas s’en offusquer. Il faut dire qu’ils sont au pouvoir… C’est une des premiers paradoxes iraniens.

    Le Pakistan

    Depuis plusieurs jours, nous sommes intéressés par un phénomène inquiétant et manifestement au cœur de la problématique afghane et pakistanaise : l’explosion du nombre de madrassas, c’est-à-dire de ces écoles coraniques qui fleurissent dans l’ensemble du Pakistan et en particulier dans la zone frontière du nord-ouest pakistanais avec l’Afghanistan. : elles étaient 145 en 1947, elles sont plus de 20 000 aujourd’hui, de toute taille. Depuis la plus petite, dans un petit village, regroupant quelques enfants, jusqu’aux plus grosses – regroupant des centaines voire des milliers d’enfants dans des villes comme Peshawar. Ces écoles ne sont pas toutes des « fabriques à terroristes ». Mais elle sont assurément des lieux de bourrage de crâne pour les enfants de la région par des intégristes musulmans sans vergogne. Et ce sont dans ces madrassas que le fondamentalisme se répand de manière fulgurante.

    L'Afghanistan

    D’un point de vue civil, les objectifs sont plus compliqués : nous voulons aider l’Afghanistan sur le terrain du développement, de l’État de droit, et de la démocratie. Très bien. Mais jusqu’où voulons-nous aller vite ? Car la réalité sociologique de la société afghane c’est qu’elle en est au XIIème ou XIIIème siècle selon le point de vue où l’on se place et même peut-être plus en retard encore. Voulons-nous lui faire franchir en quelques mois ou quelques années, ces six ou sept siècles de retard ? Je crois sincèrement qu’il faut nous garder d’aborder le problème afghan avec nos standards occidentaux ou européens et être raisonnables : l’ambassadeur du Canada à Kaboul a dit « Just give them a chance », en français « donnez leur juste une chance » et je pense que c’est une formule pertinente. L’important est de mettre l’Afghanistan sur la voie de la démocratie, du développement et de l’État de droit. Cela prendra le temps qu’il faudra mais si nous voulons brûler les étapes nous risquons de tout déstabiliser et de tout imposer maladroitement.

    Et puis ce qui me frappe, en outre, c’est que la communauté internationale déverse sur l’Afghanistan des sommes considérables, sans doute plus de 10 milliards de dollars par an. Et quand on voit l’état dans lequel se trouve la société afghane au plan économique et social, on se demande où va cette aide. Sûrement pas là où elle serait la plus nécessaire, c’est-à-dire dans le Tryptique développement rural – infrastructures – et formation. Mais, comme toujours dans des situations de ce type, dans le financement des organisations internationales elles-mêmes, dans les consultants… bref dans ces gouffres financiers de l’aide internationale qui ne vont pas aux populations elles-mêmes.

  • Que faire en Afghanistan ?

    Très intéressant billet sur le blog du Gaulois à propos de l'Afghanistan. Il observe avec justesse, à partir d'un article du Washington Post, que le changement de pouvoir en Amérique va entraîner un vide stratégique pendant 6 bon mois au moins. Dans ces conditions, il n'était guère pertinent d'annoncer l'envoi de troupes supplémentaires là-bas alors que nous ne savons pas ce que nous allons y faire. Il suggère donc la mise en place d'un conseil stratégique inter-alliés pour définir les lignes directrices des actions à suivre.

    Pour ma part, si j'ai constaté que les députés avaient fini par se remuer à propos de l'Afghanistan, je continue à déplorer l'absence d'un vrai débat de fond sur nos objectifs stratégiques en Afghanistan.

    Une fois encore, je redirige vers l'excellent site, souvent précurseur, de Quindi, puisqu'il a analysé en janvier 2008 le programme de Barack Obama pour la politique étrangère.

    Je constate, une fois encore, que les seules pistes de débat ouvertes sur ce conflit sont également chez lui, il avait écrit une note à ce sujet le 05 avril dernier. J'avais d'ailleurs essayé de traiter quelques aspects de son très approfondi billet. Pour moi, je persiste à penser que l'on me vole le débat parlementaire auquel j'aurais droit. Seulement, la faute n'en est pas seulement au gouvernement, mais aussi à l'Opposition, qui n'a cherché, sur ce sujet, qu'à adopter des postures plutôt que de lancer le débat...

    Je suis déçu également du peu de réactions des dirigeants officiels du MoDem sur ce thème, et plus généralement d'absence de réflexions sur la géostratégie. Je sais que l'on ne peut être partout en même temps, mais à l'heure prochaine des élections européennes, nous n'éviterons pas de devoir nous poser un certain nombre de questions sur notre doctrine.

  • Femmes afghanes

    J'évoquais il y a peu la situation en Afghanistan et notamment la nécessité d'une révision de stratégie : la possibilité d'une négociation avec les moins extrémistes des Talibans me semble une option de plus en plus envisageable. Si tel est le cas, il y aura, espérons-le, des compromis de part et d'autre. Or, il y a un enjeu que nous devrions préserver à tout prix : les droits des femmes. Quand j'entends Emmanuel Todd, archétype du landernau intellectuel, expliquer tranquillement que les Talibans ont juste des coutumes différentes, j'ai une forte envie de lui cracher un gros glaviot aussi jaunâtre que verdâtre à la gueule. Ben oui, moi aussi j'ai des coutumes...

    Je crois qu'il ne faut pas abandonner le droit au droit coutumier, et encore moins au relativisme culturel à la c..., dont on sait  à quel point la gôôôôche adore faire l'apologie.

    Partout où les femmes ont accès à l'Education, et où elles sont à peu près respectées, on trouve des pays avancés ou en grand développement. le respect des femmes est un aspect indissociable de la modernité sous tous ses aspects, y compris économiques. L'Europe pourrait utiliser son soft power, si elle en a l'occasion, pour mettre en avant cette priorité.

    Observons, d'ailleurs, que dans cette région du monde, avec le Pakistan d'un côté, l'Iran de l'autre, et, même en Inde, l'Etat du Rajastan (il n'y pas que l'Islam qui bafoue la dignité féminine, puisque là-bas on y pratique abondamment la crémation des veuves vivantes), les femmes sont particulièrement exposées, puisqu'on leur dénie l'essentiel de leurs droits humains.

    Enfoncer le début d'un coin dans la souche pourrait représenter une avancée non négligeable, dont le monde entier finira par toucher tôt ou tard les dividendes.

  • Afghanistan année zéro

    Je crains bien que l'Afghanistan soit revenu à la situation qui prévalait au tout début des années 90. Un pouvoir central faible et corrompu, des seigneurs de la guerre ou, du moins, des chefs tribaux, qui établissent leurs lois là où ils sont, et des Talibans de plus en plus puissants et populaires. L'Europe, en Afghanistan, est confrontée à une impossible équation, tout comme l'Amérique, d'ailleurs. Soit USA et Européens quittent l'Afghanistan, mais ils courent alors le risque que cet état devienne le foyer du terrorisme mondial. Soit ils restent, mais sont considérés comme des armées d'occupation, et renforcent alors la popularité de leurs opposants, c'est à dire les Talibans principalement, et Heykmatar secondairement.

    Nous ne pouvons pas imposer la démocratie aux Afghans, parce que la démocratie ne s'impose pas : elle se désire. Ceci ne signifie pas que les Afghans ne désirent pas la démocratie, mais plutôt qu'ils ne sont pas en état de la désirer : la misère, la faim, la corruption, la guerre les préoccupent tout autrement.

    Et, même ainsi, je me retrouve dans l'analyse de Montesquieu, dans l'Esprit des Lois, pour dire que le régime de type républicain, dont la démocratie est la forme la plus accomplie, est le régime qui repose le plus sur les moeurs des peuples. Une démocratie ne peut pas s'établir si les moeurs ne sont pas préalablement de nature démocratique. Or, le système qui prévaut en Afghanistan est de nature féodale, et pour l'instant, personne, là-bas, ne semble vouloir le contester. Hamid Karzaï avait eu une idée de génie en convoquant une Loyia Jirga, mais il a échoué. Le Canard enchaîné le révèle ce matin, plusieurs ambassadeurs de plusieurs pays sont d'avis de retirer les troupes présentes, et d'espérer la venue d'un pouvoir fort.

    Pour l'instant, il faut choisir entre la peste et le choléra, j'en ai bien l'impression, ou alors, proposer une trêve aux Talibans, et les convier à la Loyia Jirga. Ceci suppose une révision de stratégie déchirante, mais nécessaire. Il faudrait alors espérer que les Talibans les plus modérés acceptent la proposition. Il est évident, si le compromis aboutit, qu'il n'en ressortira ni un régime progressiste, ni une démocratie, mais, cela peut contribuer à limiter la casse.

  • Bayrou demande plus de moyens pour l'armée en Afghanistan

    François Bayrou a déclaré hier à la presse qu'il voterait en faveur de la poursuite de l'intervention française en Afghanistan, le 22 septembre à l'Assemblée nationale. "La décision qui a été prise de maintenir notre participation à l'action internationale (en Afghanistan), oui je la voterai", a-t-il déclaré lors du Grand Rendez-Vous Europe 1/Le Parisien-Aujourd'hui en France. "J'ai, à l'époque, approuvé la décision qu'avait prise conjointement Jospin et Chirac de se joindre à cette opération et la France, je le pense, doit tenir ses engagements, à condition qu'elle donne à ses soldats les moyens de leur sécurité", a-t-il ajouté. Un débat suivi d'un vote aura lieu le 22 septembre en séance plénière à l'Assemblée nationale et au Sénat, sur la prolongation de la présence militaire française Afghanistan. François Bayrou a par ailleurs évoqué des "zones d'ombre" concernant l'embuscade qui a coûté la vie à 10 soldats français le 18 août en Afghanistan. "Il m'étonnerait que le gouvernement ignore tous les détails", a-t-il ajouté, réclamant plus de "moyens matériels" pour les forces françaises engagées sur place.

  • Les militaires français étaient-ils suffisamment protégés en Afghanistan ?

    Dix soldats français sont morts en Afghanistan. 21 sont blessés. J'aimerais en savoir plus sur les circonstances d'un drame d'une telle ampleur. Je m'interroge de longue date sur la structuration du budget de la Défense et rappelle les mises en garde de Philipppe Nogrix, sénateur UDF-MoDem, à ce sujet. Chaque année des économies supplémentaires sont faites au détriment de la Défense alors que l'on donne toujours plus de missions à l'armée. Je me souviens d'avoir lu dans le Canard Enchaîné que les troupes françaises en Afghanistan manquaient de matériel de protection et de détection. Les combats, on le sait, ont duré toute la nuit, si bien que je comprends de ce qu'il s'est passé, que nous avons eu affaire à un quasi-épisode de guerre conventionnelle (pour laquelle les Talibans étaient lourdement armés, apparemment).

    Cela fait des mois et des mois que je réclame un débat parlementaire sur nos objectifs en Afghanistan. J'aimerais bien qu'il survienne une bonne fois pour toutes. Plus généralement, il serait grand temps de définir nos priorités au lieu de disperser nos forces aux quatre coins du monde, avec un matériel souvent vétuste ou inadapté et surtout insuffisamment rénové.

     

    EDIT : une information que j'ignorais :

    François Bayrou (MoDem), a déclaré : « Devant des pertes aussi lourdes (...) la question des moyens, des matériels à mettre en oeuvre pour assurer la sécurité des soldats engagés dans des actions de guerre devra être posée. »

  • Afghanistan, Philippe Nogrix exprime ses doutes

    1592235994.jpgPour mémoire, Philippe Nogrix, sénateur UDF-MoDem, est un membre de la commission des affaires étrangères du Sénat. Il a exprimé le 03 avril dernier dans une tribune ses interrogations sur l'engagement français en Afghanistan.

    Comme quoi, Quindi et moi ne sommes pas les seuls à nous interroger au MoDem à ce sujet... Je constate qu'il observe, comme Quindi, que c'est le Soft power qui a le plus de chances de produire quelque chose en Afghanistan, et notamment la recostruction.

     

    La France va renforcer sa présence en Afghanistan.

    Le Président de la République vient de l'annoncer. On peut regretter que le Parlement ait été placé devant le fait accompli. D'autant plus que cette décision n'est pas anodine.

    Depuis 2001, la France participe à l'opération menée en Afghanistan, par l'OTAN sur mandat de l'ONU, contre Al Qaïda et les talibans. Cependant, sa participation est bien moindre que celle de nos voisins anglais ou allemands. Aujourd'hui, 1700 soldats français sont déployés en Afghanistan, sur un total de 60 000 hommes.

    Ce seront 700 soldats français supplémentaires qui y seront envoyés. Autrement dit, la France va augmenter sa présence de plus de 40 %.

    C'est une inflexion lourde de conséquences. 
          Des conséquences humaines d'abord. En Afghanistan, les troupes sont confrontées à une véritable guerre. La vie des hommes est en jeu. 
          Des enjeux budgétaires ensuite : cet envoi pourrait faire exploser le budget des " opérations extérieures ". 
          Enfin, l'enjeu est géostratégique : une inflexion majeure des positions françaises sur la scène internationale semble se dessiner par-delà la seule question afghane.

    Au regard de ces trois enjeux, les tenants et les aboutissants du renforcement de la présence française en Afghanistan n'apparaissent absolument pas clairement. Là est le problème. 
        Pourquoi envoyer 700 hommes supplémentaires ? Cette décision ne correspond pas à une demande de nos alliés. La France agit de manière unilatérale.
         Alors quel est l'objectif ? 
         Pacifier le pays et lutter contre le terrorisme, dit-on. Oui, mais alors, les spectres du Vietnam ou de l'Irak ressurgissent : depuis 7 ans que nous sommes là-bas, les choses se sont-elles améliorées ? Non. Le conflit paraît s'enliser. Le seul moyen pour réussir la transition de la guerre à la paix réside dans le développement et la reconstruction. Mais, la France jouera-t-elle cette carte ? Pas sûr du tout. Si son contingent d'hommes augmente, en revanche, ce ne semble pas être le cas de son aide financière.

    Etait-il opportun, dans ces conditions, d'envoyer ces 700 hommes supplémentaires ? Ce ne paraît pas être le cas pour plusieurs raisons. 
         Premièrement, des raisons logistiques. Où trouver les soldats requis ?
         Deuxièmement, cette décision pourrait compromettre les autres engagements que nous avons pris auprès de nos alliés de pouvoir déployer des troupes en cas de crise urgente. 
         Troisièmement, la raison budgétaire : 700 hommes de plus, ce pourrait être 50 millions d'euros supplémentaires sur un poste " opérations extérieures " qui a déjà explosé. Où sera trouvée cette somme ?

    Une seule raison paraît vraiment justifier la décision présidentielle : elle entre dans le cadre d'une inflexion majeure de notre positionnement géostratégique. La France se serait engagée dans un profond " glissement atlantiste ". Pour preuve : les 700 soldats français supplémentaires seront déployés dans l'Est de l'Afghanistan où a lieu la guerre contre les positions frontalières d'Al Qaïda, auprès des troupes US.

    Ainsi, toutes les interrogations que nous avons évoquées aboutissent à des questions plus fondamentales : jusqu'où ira le glissement atlantiste de la France ? Qu'en penseront nos partenaires européens ? N'était-ce pas le moment de reparler d'engagement concerté ? Autant de questions qui restent sans réponses.

     

     

  • Philippe Morillon, mémoire de Massoud

    En ces temps où l'on parle beaucoup de l'Afghanistan, je porte à la connaissance de mes lecteurs l'évocation de Massoud par le Général Philippe Morillon, députée européen UDF-MoDem :

    7 juin 2000. Premiers pas sur le sol Afghan. Je réponds à l'appel du Commandant Ahmad Shah Massoud qui, depuis la Vallée du Panshir, où il dirige la résistance au régime barbare et fondamentaliste des talibans, nous a demandé de nous rendre auprès de lui pour y être informé des conditions qui règnent dans son pays et des perspectives de solution du conflit qui s'y déroule.

    Cette invitation est adressée au député européen que je suis, mais aussi au général français dont il n'avait pas oublié les prises de position à Sarajevo - alors que lui-même se trouvait confronté au drame de la guerre civile dans Kaboul.

    Elle s'accompagne d'une invitation semblable destinée à des représentants de l'Assemblée Nationale française et du Sénat belge.

    J'en suis touché à double titre. D'abord par la découverte que l'Europe, attendue par l'ensemble du continent africain et des pays en voie de développement, rayonne aussi dans cette Asie Centrale destinée à prendre sur la scène mondiale une place de plus en plus importante. Ensuite, par le constat que Massoud, légende vivante, puisse avoir retenu quelque chose de mon histoire personnelle.

    Dès notre première rencontre, Massoud se révèle bien différent du chef de guerre que de nombreux "faiseurs d'opinion" ont si injustement qualifié de "seigneur de la guerre". Massoud rayonne. Par son charisme. Par son intelligence. Par la beauté de son âme. De fait, il suffit de le voir au contact de ses hommes : aucun doute, c'est un chef aimé et respecté. Je découvre un homme profondément attaché à ses racines, à son peuple, à son pays pour lequel il se bat afin d'y rétablir la paix, la liberté et la démocratie. Massoud est un homme de paix.

    Le message de Massoud est clair. Il ne peut y avoir de solution militaire au conflit qui déchire son pays. Il ne peut y avoir qu'une solution politique.

    Le régime des Talibans tient grâce au soutien du Pakistan qui, animé par des ambitions panislamistes, a installé les talibans au pouvoir et a infiltré le pays. L'Afghanistan, où réside Ben Laden, est devenu la base d'Al Quaida et le terrorisme islamiste représente une menace réelle pour l'Occident. Le peuple afghan, acculé sous les souffrances qui lui sont infligées par le régime moyenâgeux et fondamentaliste dirigé par le Mollah Omar, n'aspire qu'à la liberté.

    Il suffirait que la Communauté internationale, et l'Europe en particulier, face pression sur le Pakistan afin qu'il cesse son ingérence en Afghanistan pour que le régime des talibans, dépourvu de soutien populaire, tombe.

    Convaincu, je reviens au Parlement européen, décidé à y délivrer le message de Massoud et à faire "bouger" l'Europe.

    Articles de presse, nombreuses résolutions et interventions en plénière, venue officielle de Massoud au Parlement européen en avril 2001. J'ai le soutien de la majorité du Parlement européen derrière moi.

    Malheureusement l'Europe politique n'existe pas. Bien sûr, le Parlement peut soulever des urgences en plénière, rédiger des rapports d'initiatives, déposer des questions écrites ou orales, mais les affaires étrangères appartiennent au domaine intergouvernemental. Cela signifie que pour pouvoir agir en tant que telle sur la scène internationale l'Europe doit préalablement obtenir l'accord unanime des Etats. Or à cette époque, hélas, la majeure partie des gouvernements européens, partisans de la realpolitik, estiment que "Massoud et Talibans, c'est blanc bonnet et bonnet blanc".

    Le 3 septembre 2001 Massoud est assassiné. Le 11 septembre des avions civils pris en otage par des terroristes fondamentalistes s'abattent sur le World Trade Center et sur le Pentagone.

    Vous connaissez la suite : sursaut de la communauté internationale, intervention militaire et renversement du régime des talibans.

    L'Afghanistan, aujourd'hui dirigée par le Président Karzaï, a fait le choix de la réconciliation, de la paix, de la stabilité et de l'Etat de droit. Il est plus que jamais du devoir et de l'intérêt de l'Union européenne d'aider le peuple afghan à progresser sur cette voie, de l'aider à chasser les démons du passé et à se tourner vers l'avenir en s'arrimant à la démocratie.

    Dans cette entreprise, l'Afghanistan a besoin du soutien plein et entier de la Communauté internationale et de l'Europe. Député européen, je suis déterminé à poursuivre, sans relâche, mon action et mon soutien en faveur du peuple afghan, en mémoire de Massoud et pour que le projet qu'il avait pour son pays ne tombe pas dans l'oubli.

    C'est dans cet esprit que j'ai publié le Testament de Massoud, aux presses de la Renaissance, dont les droits d'auteurs sont entièrement versés à la Fondation Massoud.

    C'est pourquoi je continue aussi à me rendre régulièrement sur place. La dernière fois que je m'y suis rendu c'était en septembre 2005, en tant qu'observateur pour les élections législatives, posté au Panshir. C'était mon cinquième déplacement dans ce pays. Ce ne sera pas le dernier.